Les auteurs dramatiques du temps eurent le mérite de comprendre que le grand danger du régime nouveau était, en effet, dans la suprématie menaçante de l’argent et dans les conséquences que les méchants pouvaient tirer des doctrines positivistes et darwiniennes, qui commençaient à se répandre : et donc ils furent impitoyables aux jeux de la spéculation et nous montrèrent, à tout bout de champ, des financiers conspués, et repentants, au cinquième acte, jusqu’à la restitution… Et tout cela est très gentil, et même très honorable ; et c’est parce que presque tout cela se retrouve à la fois dans Montjoye que je suis tenté de considérer cette pièce comme un des types de la comédie « second Empire », généreuse, crédule, assez souvent conventionnelle, — et, s’il faut le dire, quelque peu « pompier ». […] Sardou expose, avec une éloquence émue, la très antique doctrine de la purification des âmes dans des existences successives, et, rattachant à cette doctrine la théorie du spiritisme, conclut à une loi de bonté, de pardon, d’aide mutuelle entre les vivants que nous sommes et ces autres vivants qu’on appelle les morts : en sorte que l’univers des âmes, — les unes attachées à des corps terrestres, les autres voltigeant autour de nous ou déjà émigrées en d’autres planètes, selon qu’elles sont plus ou moins avancées dans leur long pèlerinage expiatoire, — ressemble à une vaste « communion des saints. » Et l’apparition de Simone, quoique fausse, et trop pareille, si on y réfléchit, aux apparitions bouffonnes des Erreurs du mariage, m’a pourtant charmé par une grâce de mystère. […] Cela est pour Meilhac un grand signe, qu’il ait fait école sans y avoir jamais songé et sans avoir eu de doctrine. […] La philosophie du xviiie siècle « exalte » niaisement la nature humaine, que Molière, nullement dupe, se contentait de bien voir. « Tous les jeunes gens, toutes les femmes séduites par la nouvelle doctrine, rougissent de la nature telle qu’elle est ; ils se repaissent de chimères, de grandes passions, de grands sentiments, de mélancolie… Rien de plus plat, de plus trivial et de plus ignoble pour tous ces gens-là que Molière avec ses portraits de nos vices, de nos folies et de nos ridicules ; jamais une scène, jamais un trait n’est parti de son cœur.
Écrit dans une bonne langue, débordant de passion, d’amour du beau plus que du réel, ce livre renferme les doctrines les plus hardies émises par une âme pleine de foi et de mysticisme. […] Il y a cependant, dans le présent, des oppressions qui ne pèsent pas moins lourdement sur elle, et c’est réagir aussi que de vouloir l’en affranchir. » Et plus loin : « Mais qualifier de doctrine et présenter comme une œuvre de progrès les servitudes diverses que le parti républicain fait peser sur la conscience et l’esprit de notre temps, c’est l’une des aberrations les plus grossières que l’on puisse commettre, un recul vers la nation barbare de la morale d’État, et tous ceux qui s’y rattachent sont plus près du moyen âge que de la Révolution française. […] À l’artiste, au savant, au lettré, au protecteur éclairé de sa ville, il préférera toujours un prosélyte quelconque de ces sectes incompréhensibles qui se partagent sa clientèle, un broussiste, un allemaniste, un guesdiste, un marxiste, un blanquiste, un possibiliste, un auto-moniste, tous gens dont il ne connaît pas plus la personne qu’il n’en comprend la doctrine, mais qui flattent ses curiosités mauvaises et ses appétits de désordre, parfois même un bohème de la révolution démocratique et sociale, sans feu ni lieu, qui proteste, à sa façon, contre la propriété, en couchant sous les ponts. […] Lointainement alliée à la famille de Jean-Jacques Rousseau (M. de Corancey, son père, avait épousé la fille de Romilly, savant horloger de Genève, parent de Jean-Jacques), madame Cavaignac avait adopté toutes les doctrines de l’Émile, suivant le philosophe jusque dans les inconséquences de ses principes ; on la voit tour à tour épouser les idées révolutionnaires, philosophiques, puis faire sa première communion à vingt-six ans et vouer à Napoléon un culte admiratif sans bornes.
C’est aux environs de l’année 1820, et probablement avant son premier voyage à Rome, que dut s’opérer un changement complet dans les croyances intimes de Leopardi : il passa de la première soumission de son enfance à une incrédulité raisonnée et invincible, qui s’étendait non-seulement aux dogmes de la révélation, mais encore aux doctrines dites de la religion naturelle.
Et, en général, le chevalier ne paraît pas s’être bien rendu compte de la portée de cette doctrine insinuante : il ne pense qu’à l’extérieur et à la façon de l’honnête homme ; La Rochefoucauld allait un peu plus avant et savait mieux le fin mot56.
Napoléon nous donne un exemple des dangers qu’il y a à s’élever à l’absolu et à tout sacrifier à l’exécution d’une idée. » Après dîner, Goethe, parlant de la théorie des couleurs, a exprimé des doutes sur la possibilité de frayer un chemin à sa doctrine si simple.
Et l’exposé des deux doctrines du socialisme est une des admirables choses de la langue française.
Nous avons les révoltées qui agitaient au-dessus de l’émeute en furie, un mouchoir brodé à leurs armes ; nous avons les énergumènes-femmes de la plume et de la parole, armées jusqu’aux dents des paradoxes les plus furieux ; nous avons eu les Mirabeau déguenillées du Club des Femmes ; la femme libre, amie et enfant de chœur de l’abbé Chatel ; nous avons eu une race à part de Saint-Simoniennes qui réclamaient la pluralité des, femmes dans la petite église d’où sont sortis, à la plus grande gloire de la doctrine, tant d’apôtres réservés aux plus hautes destinées ; nous avons eu la femme découverte par M. de Balzac, La Femme de trente ans, un saule-pleureur tout chargé des guirlandes, des lyres, des sonnets de la jeunesse et des hoquets de la suprême passion !
Quinze ans d’entretien à cœur ouvert avec lui, et son applaudissement sans réserve à des doctrines tout opposées, dont je fus l’organe en 1848, ne me laissent pas le moindre doute sur ses vraies opinions à cet égard.
James n’a pas formulée, mais qui nous paraît tout à fait conforme à l’esprit de sa doctrine.
De la pensée socratique, suivie dans deux sens contraires qui chez Socrate étaient complémentaires, sont sorties les doctrines cyrénaïque et cynique : l’une voulait qu’on demandât à la vie le plus grand nombre possible de satisfactions, l’autre qu’on apprît à s’en passer.
Mais Platon ne l’eût probablement pas avoué, car il n’est pas conforme à sa doctrine.
« Je te dirai le fin mot, à toi seul : c’est par religion que je veux absolument me marier… Il faut enfin ordonner sévèrement son inutile existence, selon les lois établies, divines ou humaines ; et, d’après ma doctrine, les humaines sont divines. […] Cette force divine immanente au monde, c’est celle qu’adoraient les stoïciens (Mens agitat molem… Spiritus intus alit), et c’est aussi quelque chose d’analogue à la force que reconnaît, par un postulat nécessaire, la doctrine de l’évolution, à ce je ne sais quoi qui, dans les minéraux, veut s’agréger ou se cristalliser ; qui, dans le règne végétal ou animal, veut vivre et croître, s’adapte aux milieux pour en tirer le plus de vie possible, assouplit et achève les types, et les transmet perfectionnés… Nul poète, nul philosophe, nul historien n’a mieux senti que Lamartine, ni plus superbement exprimé la marche évolutive de l’histoire.
Qu’on se place dans la doctrine du pur mécanisme ou dans celle de la finalité pure, dans les deux cas les créations de la vie sont prédéterminées, l’avenir pouvant se déduire du présent par un calcul ou s’y dessinant sous forme d’idée, le temps étant par conséquent sans efficace. […] Si d’ailleurs elle se scinde et évolue dans deux directions divergentes, d’un côté vers la croyance à des esprits déjà individualisés et de l’autre vers l’idée d’une essence impersonnelle, ce n’est pas pour des raisons théoriques : celles-ci appellent la controverse, admettent le doute, suscitent des doctrines qui peuvent influer sur la conduite mais qui ne se mêlent pas à tous les incidents de l’existence et ne sauraient devenir régulatrices de la vie entière.
Amiel, disciple de Hegel, et qui a constamment professé la doctrine de l’évolution ? La doctrine ne fait rien à l’affaire, la chair et la chaire ne concordent pas.
Jaurès concilie avec la servitude de ses doctrines collectivistes, son respect avoué de l’individualisme, et comment, toutes ses idées s’étayant sur l’État, il peut, un jour, rêver la disparition de cet État qui est la seule base où il prétend instaurer sa société future ? […] … C’est un peu, on le voit, l’application des doctrines collectivistes, avec cette différence essentielle, pourtant, que Émile Zola donne à l’individu un rôle moins diminué, moins asservi… plus créateur, et qu’il laisse à l’être humain une plus large expansion de sa personnalité… Naturellement, cela ne va pas sans résistances, sans secousses, sans luttes… Et Travail est l’histoire de ces luttes et de ces efforts… Histoire infiniment émouvante où, peu à peu, à travers mille péripéties, l’on voit l’esprit nouveau l’emporter sur l’esprit de routine, où, devant les résultats acquis, les transformations lentes et successives, par des gradations habilement ménagées, en des scènes tour à tour terribles et délicieuses, nous assistons à ce spectacle de l’amour triomphant de la haine… jusqu’à la victoire finale, jusqu’à l’apothéose de la petite ville transformée par la joie, réconciliée dans la richesse, sans rien qui puisse, désormais, diviser les hommes, puisque tous ont le même intérêt… et qu’ils peuvent puiser, à pleines mains et à pleines bouches, aux sources de vie ! […] … Tout ce qui nous reste d’un passé charmant et joyeux… Et les choses établies, les Académies, les Écoles des Beaux-Arts, les Palais de justice et les maisons de bienfaisance… les doctrines économiques de M.
Ce qui était pauvre, ce n’est pas la langue, c’est la connaissance que les poètes en avaient ou plutôt c’est l’idée qu’ils se faisaient de la poésie ; les moyens restaient puissants, mais les doctrines étaient misérables et fausses. […] Les vers et les doctrines qui font le plus de bruit mettent ce défaut en vue et réclament pour les qualités qui le rachètent une admiration que le goût national n’est pas disposé à leur accorder. […] Cependant il s’est trouvé des poètes qui ont élevé à la dignité d’une doctrine et d’une théorie de l’art leur indifférence dédaigneuse pour tout ce qui touche les cœurs ou amuse les esprits. […] Il serait difficile de citer décemment ce qu’il y a de plus caractéristique dans ses vers ; mais en voici qui donneront une idée suffisante de ses doctrines, sinon de son style, lequel habituellement a moins de tenue : Je suis un bon vivant, très joyeux et très doux, Qui me moque du pape et de la sainte ampoule ; L’enfer ne m’a jamais donné la chair de poule, Et devant l’Amour seul j’ai ployé les genoux.
Ce qu’il exalte dans quinze ou vingt drames, c’est le triomphe de la volonté toute seule, ou tout au plus de la volonté appliquée à quelque devoir extraordinaire, inquiétant, atroce, et dans la conception duquel se retrouvent, avec la naïve et excessive estime des « grandeurs de chair » (pour parler comme Pascal), les idées de l’Astrée et de la Clélie sur la femme et les doctrines du xvie siècle, sur sa séparation de la morale politique et de l’autre morale. […] Cela est la pure doctrine chrétienne. […] Vraiment le degré de beauté morale, où pouvaient s’élever les hommes par la doctrine d’Orphée, n’a guère pu être dépassé. Et, en même temps, cette doctrine est si flexible que l’esprit s’y meut à l’aise : les récits où les âmes simples aiment à voir des réalités, les sages sont libres de les prendre pour de beaux mythes et de profonds symboles… Ce qu’une autre religion apportera, c’est le mépris de la nature, dont elle séparera l’homme violemment, c’est un plus grand et plus effectif amour de Dieu, c’est une plus grande pitié de la condition humaine, c’est un accroissement de la charité ; mais c’est aussi plus de tristesse, plus de terreur, et l’obligation morale de croire à un dogme précis, comme à la vérité absolue… Ah !
Ce qu’il développe tout le long de son traité d’éducation, c’est, en effet, l’antique doctrine chrétienne dans toute sa rudesse. […] Car Cornélie, mère des « Graconiens » (sic) fut si savante qu’elle fit elle-même l’éducation de ses enfants ; car « Cléobuline, fille de l’ung des sept sages, adonnée aux lettres, naquit si vertueusement qu’elle eut en horreur tous plaisirs vénériens et demoura vierge toute sa vie » ; car saint Jérôme assure « les dix Sibylles par leur grant sçavoir avoir gardé virginité » ; car Diodorus eut cinq filles illustres en pudicité et doctrine ; car l’impératrice Eudoxie…, etc. […] une conception quasi-musulmane du rôle de la femme, — comme si Vivès se ressouvenait d’être né dans un pays qui fut mauresque et qui est resté le pays des grilles, des judas, des jalousies, des voiles, des masques et des duègnes : « Aux hommes, dit fièrement notre auteur, sont nécessaires plusieurs vertus : Prudence, Eloquence, Mémoire, Justice, Force, Libéralité, Magnanimité, Art pour vivre, Astuce à gouverner le bien publicque… mais à la femme, riens n’y est désiré que pudicité, et si elle seule deffault, c’est comme si elles deffailloient toutes à l’homme, car lors la femme est réputée méchante et vicieuse, quelque autre vertu qu’elle ayt en soi … Car par pudicité le demourant est sauf, et icelle perdue toutes autres vertus sont effacées . » Sauf erreur, cela peut être chrétien par le fond de la doctrine ; mais à je ne sais quel accent, cela est plus masculin, plus espagnol et même plus mahométan que vraiment chrétien. […] C’est, comme j’ai dit, la pure doctrine chrétienne, aggravée par un peu d’orgueil masculin et par la maussaderie d’un homme qui semble avoir peu aimé les femmes, — à moins que, au contraire, il ne les eût trop aimées.
VII Nous allions entrer dans une sorte de dispute sur la doctrine du réalisme dans l’art, lorsqu’un article de la Presse, signé Alexandre Bonneau, donna ce soir-là un autre cours à nos pensées. […] Il a gardé de ce symbolisme ce qui sera éternellement frais pour l’imagination, éternellement chaud pour le cœur ; mais, fils du siècle, il n’est pas resté en arrière du progrès de la révélation et du développement de la vraie doctrine ; et, si vous y regardez bien, la conclusion du Livre du bon Dieu est la même que celle des Contemplations : … Hélas ! […] Vous verrez que, chez les poètes vraiment inspirés de ce temps-ci, la réhabilitation par l’expiation est annoncée, et que cette doctrine, sortant victorieuse de la démonstration philosophique, a trouvé dans l’art son expression éloquente et sa forme vulgarisatrice. […] À coup sûr l’absurde et l’odieux de ces doctrines catholiques n’ont point échappé à la sagacité et à la loyauté de M. de Lamartine.
C’est qu’il offrait aux Anglais la peinture de la raison anglaise ; le talent et la doctrine se trouvaient conformes aux besoins du siècle et du pays.
Il aurait laissé quelques jours peut-être sa belle villa de Neuilly, mais au bout de peu de semaines, l’armée, toujours fidèle au bon sens, serait revenue à lui, et la doctrine toujours fidèle au vent qui se lève, lui aurait restitué le trône.
Je l’ai vu plusieurs fois professer ces doctrines, même contre sa popularité.
Oui, j’en serais persuadé depuis quinze jours si je ne l’avais été déjà auparavant, la critique impersonnelle est le vrai ; et « l’application de la doctrine évolutive à l’histoire de la littérature et de l’art » est presque seule « capable de communiquer au jugement critique une valeur vraiment objective »5.
Il étudiait les œuvres plutôt qu’il ne subtilisait sur les doctrines.
Pour cette fois, je ne chercherai pas quelle doctrine peut exister sous ce mot de naturalisme : je ne m’occuperai que de la rhétorique.
Les hommes n’apportent pas aux idées de ce domaine la même foi qu’à leurs doctrines littéraires, qui sont et le credo convaincu et le produit d’un tempérament. » Ici, il s’interrompt pour jeter : « Tenez, nous sommes cinq dans ce salon, qui pensons absolument d’une manière différente, eh bien, je sais que nous nous aimons mieux, que ne m’aime Emmanuel Arago !
On peut ne pas se rendre compte entièrement de soi à soi-même, mais on aime à comprendre et à ramener à l’unité les actions ou les pensées d’un personnage représenté dans une œuvre d’art ; et de fait tous les grands types dramatiques, en dehors de quelques bizarreries voulues chez Hamlet, sont des caractères bien arrêtés, de véritables doctrines vivantes.
Napoléon a hérité de la révolution française, Pierre le Grand de la guerre sibérienne, Luther de l’ignorance du clergé, moi de l’erreur de la doctrine de Newton. » Certes !
Mais nous avons dit que la séparation de la perception complète et de l’image-souvenir mettait l’observation clinique aux prises avec l’analyse psychologique et qu’il résultait de là, pour la doctrine de la localisation des souvenirs, une antinomie grave.
D’une main légere & badine, L’ingénieux, le séduisant Gresset, Figurait à nos yeux l’immortel Perroquet De la troupe visitandine ; Ses erreurs, sa saine doctrine, Son jargon militaire, & son dévot caquet. […] Baile, qui était-là, car dans cette assemblée il s’agissait de talens & non pas de doctrine, Baile, dis-je, qui a voulu plus souvent embarrasser qu’instruire, qui, surtout, professa la science de douter, trouva parmi nos contemporains & des doutes nouveaux & de nouvelles découvertes.
On verra, je l’espère, qu’ils se tiennent et qu’ils s’expliquent, qu’ils sont à la fois une logique et une doctrine. […] Un enseignement est forcément basé sur un corps de doctrine, qui permet de l’appliquer au plus grand nombre à la moyenne des intelligences. […] Mais où la critique peut s’exercer, c’est, comme je l’ai dit, sur l’enseignement lui-même, sur le corps de doctrine des professeurs dont le souci est, avant tout, de maintenir intactes les traditions. […] Notre répertoire classique est la seule base de la doctrine.
Ce sont des sauvages qui font de l’esprit, des brutes extrêmement subtiles, comme on en a vu beaucoup dans cet hybride xvie siècle, où les hommes, sanguins, robustes et pleins d’appétits, étaient tout ivres du renouveau des sciences et des arts, tout fumeux de la doctrine récemment acquise, mais où sans cesse la brutalité foncière reparaissait sous la culture trop neuve. […] Mais on sent toujours, sous ses indulgences, la solidité de la raison, le fond sérieux de bonne doctrine. […] les excellentes choses que la tradition, l’habitude, l’autorité, la doctrine ! […] Ce que j’exprime là, c’est la pure doctrine des stoïciens.
Elle écrit dès les premières lignes : « … Mme Aubray, ainsi faite, soulève un problème qui date de loin et qui paraît toujours nouveau dans notre monde païen, mal converti à la doctrine évangélique. […] Et le jour où chacun, sans peur des fusillades, S’armera de nouveau dans Paris endormi, Si tu te tiens, ami, devant les barricades, Moi, de ce côte-ci ; Mon fusil ajusté visera ta poitrine, Et, laissant de côté tout attachement vain, Le sentiment profond de ma sainte doctrine Affermira ma main. […] Ailleurs, à propos précisément de l’Education sentimentale, elle trouve les formules les plus justes pour exprimer sa pensée, qui enfin est devenue une doctrine, sur cette affaire. […] Toute sa doctrine sur le théâtre du dix-septième siècle est fondée sur une idée, sur une seule, mais qui est une très grande et vaste théorie générale.
Là où l’écrivain est impuissant à mettre un ordre véritable dans ses idées, à dégager clairement ses doctrines, à voir nettement lui-même l’unité du but qu’il poursuit, le lecteur est excusable de ne point saisir l’ensemble de l’œuvre. […] About appartient à cette génération normalienne qui s’empressa de brûler ce qu’on lui avait appris à adorer, et qui se débarrassant, avec la toge universitaire, de cette froideur timide, de ces airs dogmatiques et compassés propres à la plupart de ses aînés, rompit les traditions d’école et brilla par la vivacité de ses allures, l’audace de ses doctrines et la recherche hardie des succès de la mode. […] Gustave Flaubert Placer uniquement dans le monde physique le cercle des observations ; rejeter l’âme comme manquant d’actualité et étant dépourvue de relief ; voir dans toutes les créatures indistinctement, surtout chez celles où abondent les infirmités, des sujets d’étude ; rechercher avec soin les exceptions et les peindre avec amour ; substituer aux sentiments et aux passions du cœur les sensations et les instincts de la bête et aux mouvements idéals de la pensée élevée les combinaisons plastiques de la vie vulgaire ; décrire tout, ce qui est insignifiant, comme ce qui est essentiel, et décrire, non comme les anciens, en faisant sentir la vie d’un objet, mais en représentant son aspect matériel, non pour faire rêver l’âme, mais pour déployer des panoramas, non pour rendre les choses avec leurs formes adoucies, fondues, mais pour multiplier les couleurs, grossir les angles, faire saillir les aspérités ; s’abstenir de tout ce qui s’adresse au cœur pour présenter aux yeux des tableaux vivement coloriés et enluminés avec éclat ; voir dans l’exécution le moyen, la fin, le but, tout en un mot : telle est la doctrine des réalistes, et nul ne s’étonnera que nous l’ayons résumée ici, au moment de parler de leur illustre chef. […] Il ne s’est voué à aucun système, ni attaché à répandre telle ou telle doctrine ; de plus, affranchi de tous liens, il a pu varier à l’infini le plan de ses romans et les entasser les uns sur les autres, sans se répéter trop souvent.
Quelle suite de vérités originales et de doctrines neuves peut-on trouver et prouver, lorsque, dans un conte moral comme celui de Mélibée et de sa femme Prudence, on se croit obligé d’établir une controverse en forme, de citer Sénèque et Job pour interdire les larmes, d’alléguer Jésus qui pleure pour autoriser les larmes, de numéroter chaque preuve, d’appeler à l’aide Salomon, Cassiodore et Caton, bref d’écrire un livre d’école ?
Les principaux passages du Coran et des commentateurs de ce livre, relativement à cette désolante et impolitique doctrine, ont été soigneusement recueillis dans une dissertation historico-critique, intitulée: De fato Muha Medana, Lipsiæ, 1759, in-4º de 40 pages (L-s.)
À la vérité, plusieurs des principaux champions des « saines doctrines littéraires » lui ont fait l’honneur de lui jeter le gant, jusque dans sa profonde obscurité, à lui, simple et imperceptible spectateur de cette curieuse mêlée.
Sans doute y a-t-il loin des doctrines barrésiennes aux œuvres de M. de Régnier dont tout esprit de système est absent. […] Elles composent sa règle et sa doctrine : en écrivant de la sorte il se conforme à son idéal du beau.
Seul le christianisme, il est forcé de l’avouer, a cherché une atténuation de cette doctrine, avec sa protection du faible, du pauvre homme. […] Parce que les doctrines d’indifférence de l’Internationale, au point de vue de la nationalité, ont filtré dans les masses.
J’ai donc lû tous les livres saints, quoique Me D se plaise à croire que je les ignore : je les ai étudiés comme la science de l’unique nécessaire, comme la source divine de la doctrine et des moeurs, mais nullement comme une poëtique, aliment frivole de l’imagination des hommes. […] Je ne les ai recueillis que pour le besoin présent ; et ce n’est qu’une doctrine de passage, qui apparemment m’échapera bien-tôt.
Aimer Molière, c’est être également à l’abri et à mille lieues de cet autre fanatisme politique, froid, sec et cruel, qui ne rit pas, qui sent son sectaire, qui, sous prétexte de puritanisme, trouve moyen de pétrir et de combiner tous les fiels et d’unir dans une doctrine amère les haines, les rancunes et les jacobinismes de tous les temps. […] ___ Ci-gît cet héroïque auteur, Qui fit d’un sage un imposteur, Et des savants en médecine, Des bourreaux et gens sans doctrine.
Nous avons affaire à un homme généreux, mais plein de courage, aussi loin de la flatterie que de la cruauté, et tout rempli de cette doctrine que l’histoire et la poésie, à égale distance, se tiennent séparées l’une de l’autre. […] Au milieu de leurs écoliers agenouillés, se tenaient les frères de la doctrine chrétienne : à l’autre extrémité de l’église, et sur des bancs à dossier, sous les fleurs de lis, la fleur du printemps et de la royauté de la France, se tenaient gravement MM. les conseillers au présidial, MM. les officiers des eaux et forêts, MM. les officiers municipaux en longues robes rouges bordées de noir. […] Que nous ont appris ces clubs, ces antres, ces cavernes, ces motions, ces tambours, ces conspirations, ces accusations, ces délations, ces mensonges, les circonstances et les récits des meurtres de Paris, les fureurs de la Convention, ses héros et ses doctrines, cette monarchie égorgée à outrance, ces gémissements, ces malédictions, tant de larmes versées, tant de sang répandu dont la vapeur obscurcit le ciel irrité, toutes les tragédies et tous les drames contenus dans un seul et même drame, précipitant dans un sombre désespoir ces âmes jusque-là innocentes et paisibles ? […] Monteil, et même l’Histoire naturelle de M. de Buffon… ; de tous les livres que j’ai lus, c’est le seul dont il ne me soit rien resté. » À force de lire, il s’aperçut que c’était à peine s’il savait écrire lisiblement une page suivie, et il s’en alla demander quelques leçons d’écriture aux frères de la doctrine chrétienne. […] Vous pensez que ce jeune homme, honnête et bon, d’une famille honorable, élevé par des parents royalistes et chrétiens, pénétré des saines doctrines que le xviie siècle a léguées à la France comme son plus bel héritage, devait, lui aussi, partager à son tour l’honneur de ces proscriptions qui n’épargnaient que les bourreaux.
Nous n’essayerons pas ici d’énumérer tout ce qui se fit, dès le commencement du xviie siècle, de tentatives sévères au sein de la religion, par des communautés, des congrégations fondées, des réformes d’abbayes, et au sein de l’Université, de la Sorbonne, pour rallier la milice de Jésus-Christ, pour reconstituer la doctrine.
Tout cela s’accorde avec la doctrine physiologique.
Le reste de la presse assez ergoteuse, déclarant que ma pièce est une œuvre ordinaire, où cependant se rencontrent une certaine délicatesse, et un style sortant de l’écriture courante des drames de tout le monde… En lisant les journaux, je suis frappé par la sénilité des idées et des doctrines chez les critiques dramatiques.
Un compendium désigne le résumé d’une doctrine.
En tête de sa traduction de la Divine Comédie, Lamennais mit une étude, copieuse et un peu chaotique, sur Dante, sa vie et ses doctrines, comme philosophe et comme citoyen. […] Il jouit de ce beau renom tant qu’il écouta les saines doctrines de son vertueux précepteur.
La critique des professionnels est faite par des spécialistes, dont le métier est de lire des livres, de tirer de ces livres une certaine doctrine commune, d’établir entre les livres de tous les temps et de tous les lieux une espèce de société. […] Prenez maintenant l’abbé Dubos, Montesquieu, Diderot (qui fut, à une autre point de vue, un grand créateur en critique), prenez Marmontel, le critique officiel de l’Encyclopédie, et qui a formulé à un point remarquable la doctrine classique en matière de goût raisonné : aucun de ces brillants esprits n’a fondé, en matière de critique professionnelle, quelque chose de durable, ayant force d’institution.
La couleur, telle qu’ils l’emploient, n’a pas nécessairement un sens symbolique ; cela doit être bien entendu, pour éviter toute exagération de doctrine. […] Cette doctrine est simple et franche. […] L’imitation la plus littérale, celle à laquelle pourrait se vouer le peintre le plus inféodé aux doctrines réalistes, suppose donc déjà une certaine originalité d’esprit.
Voici donc le principe : Se faire, par l’étude des écrivains supérieurs, un corps de doctrines qui permette de juger les écrivains ordinaires.
Molière se proposait un but bien plus important, et il l’atteignit, car l’Université de Paris, frénétique champion des doctrines du philosophe de Stagyre, allait obtenir la confirmation d’un arrêt du parlement de Paris qui prononçait « peine de mort » contre ceux qui oseraient combattre le système des Pancrace et des Marphurius. […] Je ne sais s’il se fût voulu donner la peine de travailler sur les points de doctrine et sur les raisonnements philosophiques de cet auteur, qui sont si difficiles ; mais il n’y a pas grande apparence de le croire, parce qu’en cela même il lui eût fallu donner une application extraordinaire, où je ne pense pas que son loisir, ou peut-être quelque chose de plus, le lui eût pu permettre, quelque secours qu’il en eût pu avoir d’ailleurs, comme lui-même ne l’avait pas nié à ceux qui voulurent savoir de lui de quelle sorte il en avait usé pour y réussir aussi bien qu’il faisait, leur ayant dit plusieurs fois qu’il s’était servi de la version en prose dédiée à la Sérénissime Reine Christine de Suède, de laquelle quelqu’un avait parlé si avantageusement qu’il disait n’avoir rien lu de plus utile ni de plus instructif à son gré, depuis les livres sacrés des prophètes. […] La doctrine de la métempsycose rendait cette supercherie vraisemblable.