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2062. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

L’idée opposée de sécheresse résulte d’un défaut absolu d’adhérence.

2063. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Ce trait manque dans Esope, et ce défaut rend son histoire invraisemblable.

2064. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Jamais les défauts de l’éducation première n’ont été plus vigoureusement signalés que dans ces pages.

2065. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

voilà un enfant né dans la boutique d’un artisan, le point de vue le plus étroit pour voir le monde tout entier ; car le défaut de l’artisan est précisément de ne rien voir d’ensemble, mais de tout rapporter à son seul outil, et à sa seule fonction dans la société : gagner sa vie, travailler de sa main, recevoir son salaire, se plaindre de sa condition, si rude en effet, et envier si naturellement les heureux oisifs ; Voilà un enfant qui, dégoûté de l’honnête labeur paternel avant de l’avoir même essayé, se prend à rêver au lieu de limer, s’évade de l’atelier et de la boutique de son père, va de porte en porte courir les aventures, préférant le pain du vagabond au pain de la famille et du travail ; vend son âme et sa foi avec une hypocrite légèreté au premier convertisseur qui veut l’acheter pour trois louis d’or, qu’on lui glisse dans la main, en le jetant, avec sa nouvelle religion, à la porte ; Voilà un adolescent qui se prostitue volontairement de domesticité en domesticité dans des maisons étrangères, se faisant chasser de tous ces foyers honnêtes pour des sensualités ignobles, ou pour des larcins qu’il a la lâcheté de rejeter sur une pauvre jeune fille innocente et déshonorée !

2066. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Cependant, quand on eut bien étudié le caractère de ce chef (Antonelli) qui s’aimait naturellement en lui et en ses œuvres, et qui n’applaudissait pas toujours à celles des autres, parce qu’elles blessaient son orgueil et qu’elles avaient à ses yeux le défaut de venir d’un autre et non de lui, on ne voulut pas exposer le succès de l’affaire qui aurait infailliblement avorté si le dessein ne lui eût pas été agréable.

2067. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Il a poussé à l’extrême — car il est de l’espèce des génies excessifs — toutes les qualités et tous les défauts d’une race qui, après avoir écrit le premier Faust, croit devoir écrire le second, et à qui il ne faut pas moins de trois tragédies pour mettre en scène l’histoire de Wallenstein.

2068. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Toujours ce défaut général, l’indépendance de la musique par rapport au texte parlé ; elle supprime, en réalité, la valeur de ce texte, dans ces œuvres de chant, mais, surtout dans l’Opéra.

2069. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

C’est ainsi que fréquemment, à défaut d’un vocable nombreux, il modifie par une virgule la prononciation d’un mot indifférent, contraignant à l’articuler tout en longues : « Ça et là un phallus de pierre se dressait, et de grands cerfs erraient tranquillement, poussant de leurs pieds fourchus des pommes de pin, tombées. » Joints enfin par des transitions ou malhabiles ou concises et trouvées, telles que peut les inventer un écrivain embarrassé du lien de ses idées, les paragraphes se suivent en lâches chapitres qu’agrège une composition Ou simple et droite comme dans les récits épiques, ou diffuse, et lâche comme dans les romans.

2070. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

. — Caractère artificiel de la poésie provençale ; — et qu’elle n’est qu’un jeu d’esprit ; — dont le thème invariable est l’amour « courtois » ; — mais dont la valeur d’art n’est pas moins grande pour cela : Materiam superavit opus [Cf. dans la littérature grecque les poètes de l’époque alexandrine] ; — et dont les défauts autant que les qualités expliquent la fortune aristocratique.

2071. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Ajoutez à ce défaut celui de la langue allemande de cette époque poussé à son comble, je veux dire ce caractère démesurément synthétique de la phrase allemande qui forme un contraste si frappant avec lecaractère analytique de la phrase française.

2072. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

La pièce a des défauts : qui le nie ? […] C’est que les défauts en sautent aux yeux, et que ces défauts sont de ceux que le public supporte le plus mal, — à moins qu’il ne les rencontre dans une œuvre consacrée par le temps et dont il sait d’avance qu’il doit la trouver belle. […] Vacquerie a joué de malheur : car il a mis dans son drame le genre de beautés auquel le public des premières, à la fois gouailleur et routinier, est le moins sensible, et le genre de défauts auquel il l’est le plus. […] Mais, si Pepa est bien du Marivaux pour le fond, qui est un malentendu d’amour, et aussi par la façon dont ce malentendu se complique, puis se résout, et par la finesse et la grâce des mille nuances de sentiments qui naissent de ce malentendu même, — Pepa est, comme j’ai dit, du Marivaux d’aujourd’hui, par le dessin des personnages, par la couleur, par les accessoires et les moyens dramatiques, par l’esprit, par le ton, — même par certaines particularités de composition qui peuvent paraître des défauts, mais que je m’obstine à aimer.

2073. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

De tout temps, ç’a été le travers des disciples et des imitateurs d’exalter surtout les défauts du maître. […]   Au surplus, je ne me dissimule point, entre beaucoup d’autres, le défaut essentiel de cet ouvrage. […] « Dis-moi de quoi tu ris, a dit un philosophe, et je te dirai ce que tu es. » En France surtout, où le caractère national n’est que trop enclin à abuser de la raillerie, rendre ridicule la vertu ou plaisante l’infamie, c’est caresser un fâcheux travers et flatter un défaut dangereux. […] Qui que vous soyez, si vous avez souffert ou des exigences, ou du défaut de protection de la loi ; si, à un titre quelconque, vous avez à vous plaindre de votre lot en ce monde, c’en est assez !

2074. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Le mari, le vicomte Julien de Lamare, est le type de l’égoïsme banal ; il a des défauts, mais les défauts d’une âme vulgaire ; il a des vices, mais ces vices bourgeois qui n’ont pas la grandeur de la franchise ; il trompe sa femme bestialement, pour la tromper, et noue finalement une intrigue avec une amie de sa femme, la comtesse Gilberte de Fourville. […] Malheureusement le système du grossissement des objets de premier plan, vice littéraire que nous devons peut-être aux défauts de la photographie, est passé à l’état de principe, quand il faudrait constater qu’il n’est au fond que le résultat d’une infirmité. […] Je m’explique par une citation : À cette cause se rattache un autre de mes défauts, une sorte de mollesse dans la communication verbale de ma pensée qui m’a presque annulé en certains ordres.

2075. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Si sa clairvoyance, très avertie, indique un défaut dans un chef-d’œuvre, c’est d’une touche légère, sans insistance de cuistre ni mauvaise humeur de pédant. […] Vous faites plus : quelquefois, en trouvant le défaut vous trouvez le remède. […] Il est inexact d’attribuer les dernières victoires des Prussiens à telle ou telle branche de leur système militaire, et ce serait faire injure au vainqueur que de chercher dans l’excellence même d’un système l’unique explication des événements de l’été dernier… Ce qu’il nous importe de dire et ce que nous croyons vrai, c’est que si la Prusse a pu presque instantanément mettre en ligne une armée considérable, très instruite, bien commandée, complètement pourvue et, à défaut d’expérience, animée du plus vif sentiment de l’honneur ; si elle a pu opérer à la fois sur l’Elbe, sur le Mein, dans la Thuringe, et, tout en dispersant les levées de la Confédération germanique, envahir la Bohême avec des troupes supérieures en nombre et en organisation aux légions vaillantes et aguerries que lui opposait l’Autriche, elle doit ce grand résultat aux institutions militaires qu’elle a su maintenir, coordonner, développer pendant la paix. » Et il ajoute : « Les institutions militaires ne donnent pas, ne garantissent pas la victoire ; elles donnent le moyen de combattre, de vaincre ou de supporter des revers. […] Le pire défaut du régime actuel est de coûter fort cher.

2076. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Ce sont là des défauts dont ces deux écrivains souffrent le moins parmi les penseurs allemands, et ils en souffrent trop encore ! […] Notons qu’il arrive aussi, et ce n’est pas le moindre facteur de cette évolution, que « l’espèce supérieure » s’abandonne et finit par « faire défaut ». — « L’espèce supérieure fait défaut, c’est à savoir celle dont la fécondité et la puissance inépuisables maintiennent la croyance à l’homme. […] Nietzsche a dit que la dureté est la loi et que cependant il faut avoir la grande pitié. — Il n’a guère dit cela, et la pitié n’est pas son défaut : mais, s’il l’a dit quelque part, il a entendu certainement que la dureté qui sauve l’espèce est la véritable pitié, la pitié totale et non sottement individuelle. […] » Et, précisément, surtout, Nietzsche, a rendu au monde l’immense service d’être loyal, d’être brave, de ne s’incliner devant aucun préjugé, ni même devant aucune doctrine vénérable, de ne reculer devant aucune idée de lui, si scandaleuse qu’elle put paraître, de tout remettre en question, intrépidement, comme Descartes, plus, je crois, plus à fond que Descartes lui-même ; d’avoir eu un imperturbable courage intellectuel, qu’il pousse quelquefois jusqu’à la forfanterie ; mais c’est le défaut de la qualité, à quoi il faut toujours s’attendre et de quoi il faut toujours prendre son parti.

2077. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

D’autres fois, par suite d’une erreur qui résulte encore d’un défaut du sentiment exact de la nature du terrain vital, on apportera dans les recherches physiologiques une espèce de précision beaucoup plus spécieuse que réelle ; on appliquera le calcul mathématique à des phénomènes où la complication des données ne comporte nullement l’emploi de pareils procédés ; on tentera d’arriver à des résultats absolus dans des sujets qui n’admettent que des approximations relatives, ou dans lesquels les déterminations qualitatives sont beaucoup plus importantes que les déterminations quantitatives. […] La fonction glycogénique de cet organe n’est-elle destinée qu’à suppléer au défaut de la matière sucrée, quand les aliments n’en fournissent pas ? […] Reynoso, ayant vu que sous l’influence de l’éthérisation les urines devenaient momentanément sucrées, a cru pouvoir expliquer ce résultat par un défaut d’oxydation du sucre dans le poumon. […] Vous voyez quelle a été l’utilité de cette théorie pour me faire découvrir le fait nouveau relatif au sucre dans l’urine des fœtus ; mais vous voyez en même temps qu’en présence de ces faits la théorie dut disparaître ; car si elle paraissait confirmée dans un des cas, où l’on trouve du sucre dans l’urine, quand il n’y a pas encore de fonction respiratoire, elle ne pouvait plus s’appliquer à l’autre cas, où l’on n’en trouve plus chez les fœtus de sept ou huit mois, bien que chez ces derniers, au point de vue du défaut d’oxygène, et de la formation du sucre, les circonstances sont restées les mêmes.

2078. (1774) Correspondance générale

Ce sont les libraires qui ont traité avec nos collègues ; les manuscrits qu’ils ont acquis ne nous appartiennent pas, et ils nous appartiendraient qu’au défaut des planches, nous n’en ferions aucun usage. […] Quant à moi, qui n’ai pas la peau fort tendre, et qui serais plus honteux d’un défaut que j’aurais que de cent vices que je n’aurais pas, et qui me seraient injustement reprochés, je vous réitère que si j’avais été le censeur du Satirique, j’aurais souri à toutes ces injures, n’en aurais l’ait effacer aucune, et les aurais regardées comme des coups d’épingle plus douloureux à la longue pour l’auteur que pour moi. […] Celui qui lit un ouvrage sans y trouver un terme impropre, un tour de phrase obscur ou inusité, ou l’entend supérieurement, ou ne l’entend point du tout ; supérieurement, puisqu’il peut subitement et sans effort rectifier l’inexactitude de l’expression ; point du tout, puisque, ne sentant point ce défaut, la vue de l’auteur lui échappe. […] Que pensera donc de moi Votre Majesté Impériale, si, au défaut d’un penseur aussi rare, j’avais la témérité de lui proposer un sujet autant au-dessus de moi qu’au-dessous de l’auteur de votre bréviaire97 ?

2079. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Il nous donnait par là tout loisir de l’observer, et souvent un peu plus qu’on ne l’aurait désiré ; j’ai retenu plus d’un trait qui achèverait de le peindre, en amenant sur les lèvres le sourire ; mais un sentiment supérieur l’emporte sur cette vérité de détail qui ne s’adresse qu’à des défauts ou des faiblesses désormais évanouies, et, puisque nous avons été reportés par ce dernier recueil aux sommets mêmes de son esprit, aux meilleures et aux plus durables parties de son talent, je m’en tiendrai, en finissant, à la réflexion la plus naturelle qui s’offre à son sujet et qui devient aussi la plus juste et la plus digne des conclusions.

2080. (1929) Dialogues critiques

Pierre Croyez-vous que l’indépendance ne s’accompagne pas aussi de quelques défauts ?

2081. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Une grande dame « salue dix personnes en se ployant une seule fois, et en donnant, de la tête et du regard, à chacun ce qui lui revient267 », c’est-à-dire la nuance d’égards appropriée à chaque variété d’état, de considération et de naissance. « C’est à des amours-propres faciles à s’irriter qu’elle a toujours affaire, en sorte que le plus léger défaut de mesure serait promptement saisi268 » ; mais jamais elle ne se trompe, ni n’hésite dans ces distinctions subtiles ; avec un tact, une dextérité, une flexibilité de ton incomparables, elle met des degrés dans son accueil.

2082. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Partant, pour que cette pierre soit, non pas la simple possibilité permanente de certaines sensations d’un sujet sentant, possibilité vaine et de nul effet si tous les êtres sentants étaient supprimés34, il faut qu’elle soit en outre une série distincte de faits ou d’événements réels ou possibles, événements qui se produiraient encore si tous les êtres sentants faisaient défaut.

2083. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

« S’il s’agit de reprendre quelqu’un de ses défauts ou de lui reprocher ses fautes, il ne fait l’un et l’autre qu’avec une extrême réserve, et s’arrête tout court quand il le voit rougir.

2084. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Après son élévation, elle mit au jour tous ses défauts et se rendit coupable de quantité de fautes.

2085. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

II La littérature allemande a toutes les qualités et tous les défauts de ce caractère national des Germains ; elle est lente et contemplative comme cette race ; elle a mis treize cents ans à se développer en littérature digne d’être étudiée, et, malgré ces treize cents ans de vieillesse, elle a encore aujourd’hui les balbutiements, la naïveté, disons le mot, la puérilité d’une première enfance.

2086. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Que ses premiers accents soient des accents de paix. » XIV Le seul défaut d’un pareil poème c’est d’être à la fois pensé, décrit et chanté.

2087. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Et si, par la persuasion, ou par les alliances, ou par l’habileté, ou même par les armes spirituelles, d’autres provinces de l’Italie romaine se rattachent à cette chaire du pontife, à défaut du trône des Césars, cette chaire deviendra un trône, ce trône recréera un autre empire, cet empire humain laissera longtemps indécis le caractère de sa domination sur l’Italie, autorité spirituelle pour les uns, autorité temporelle pour les autres, ambiguïté favorable aux deux situations.

2088. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

on avait raison, il n’était pas proportionné à notre taille, il était géant, il n’était pas homme ; ce fut son seul défaut.

2089. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Si grand que soit le nombre de mes défauts, ce n’est pas là celui qu’on rencontre habituellement dans mes autres compositions.

2090. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Son tour d’esprit est arrêté : un gentilhomme du voisinage, M. de Conzié, qui le vit souvent vers 1738 ou 1739, nous signale en lui un « goût décidé pour la solitude, … un mépris inné pour les hommes, un penchant déterminé à blâmer leurs défauts, leurs faibles, … une défiance constante en leur probité ».

2091. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Mais ne soyons pas assez fous, assez inhumains, assez anti-français, pour nous amputer brutalement du siècle qui est notre père immédiat, du siècle qui tient encore si intimement à notre chair, et qui, malgré ses défauts, que nous savons comprendre et neutraliser, est le plus proche de notre cœur !

2092. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Le défaut de la critique des supernaturalistes est en effet de juger toutes les époques de l’esprit humain sur la même mesure.

2093. (1894) Textes critiques

N’avons-nous pas le droit de considérer au nôtre la foule — qui nous dit aliénés par surabondance, par ceci que des sens exacerbés nous donnent des sensations à son avis hallucinatoires — comme un aliéné par défaut (un idiot, disent les hommes de science), dont les sens sont restés si rudimentaires qu’elle ne perçoit que des impressions immédiates ?

2094. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Si l’effort est trop grand pour la faiblesse humaine De pardonner les maux qui nous viennent d’autrui, Épargne-toi du moins le tourment de la haine ; À défaut du pardon laisse venir l’oubli.

2095. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Mais, à défaut du mouvement, toute répétition d’un phénomène extérieur bien déterminé eût suggéré à la conscience le même mode de représentation.

2096. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Condensation des effets, sobriété de l’accent : vertus rares que nous admirons d’autant plus qu’elles portent ici la signature d’un sexe ayant tendance à se distinguer par les défauts contraires. […] Il n’y faut voir qu’une conséquence de cette personnalité au sujet de laquelle Fénelon observe : « Un défaut bien plus ordinaire chez les filles, c’est celui de se passionner même pour les choses les plus indifférentes.

2097. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Hugo, je vous ferai remarquer, en toute humilité, qu’on n’a pas eu de peine à ramasser ces niaiseries, vu qu’elles n’ont aucunement changé de valeur, que personne ne les a oubliées, et que ce qu’on nommait un défaut chez le poète, il y a trente ans, n’est pas, que je sache, considéré aujourd’hui comme vertu. […] La vérité a des faces si nombreuses qu’il lui restera toujours quelque chose à dire, aussi n’est-ce pas la besogne qui nous fera jamais défaut.

2098. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

À défaut d’autre, il a du moins l’esprit de se trouver là où on a besoin de lui… pour quelque service qui ne demande pas une autre activité que celle des jambes. […] Si un défaut passager de mémoire ne lui fait pas trouver à temps la citation dont il a besoin, M.  […] — Quelle bonne humeur saine et mélodieuse dans Cenerentola, et se peut-il vraiment que l’auteur de ce chef-d’œuvre consente à vivre dans Paris, — au milieu de cette ville où les rues n’ont de voix que pour fredonner le Sire de Framboisy, où les salons n’ont de pianos que pour accompagner les Deux Gendarmes. — Mademoiselle Alboni est toujours le plus merveilleux instrument que l’on connaisse, et auquel il ne manque, pour être complet, que de lui manquer quelque chose. — Un défaut rendrait peut-être la virtuose admirable, quand ce ne serait que les jours où elle essayerait de le vaincre. — On m’avait beaucoup vanté la salle du théâtre de la Reine, aussi ai-je éprouvé une déception ; — cela est grand, mais non point grandiose ; — le style décoratif en est mesquin, et rappelle celui de notre café des Aveugles, où on fait de si bonne musique pour les sourds.

2099. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Ainsi, l’unité de la pièce n’est pas même dans un défaut commun à tous les personnages, mais seulement dans ce fait qu’ils arrivent tous mal à propos. […] A défaut de son amour, sa gloire et sa puissance lui parleront de moi ! […] quand elle se croit trahie, il y a tel sentiment qu’elle voudrait tenir profondément caché, par orgueil et par pudeur… et cependant elle parle comme si elle avait un public, avec le même grossissement, le même défaut de simplicité, la même recherche de l’effet. […] Seigneur Dieu, donnez-lui, par pitié, quelque petit défaut, pour que nous puissions varier un peu les phrases par lesquelles nous célébrons sa gloire ! […] Ai-je dit que, avec tous ses défauts, la pièce de M. 

2100. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Cela exige de nous une assez grande tension d’esprit, et cela certes passerait pour un grave défaut sur une scène française. […] Rousseau nous dit : « Ayant à plaire au public, Molière a consulté le goût le plus général de ceux qui le composent : sur ce goût, il s’est formé un modèle, et sur ce modèle un tableau des défauts contraires, dans lequel il a pris ses caractères comiques, et dont il a distribué les divers traits dans ses pièces. […] Ainsi, voulant exposera la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l’homme aimable, de l’homme de société, après avoir joué tant d’autres ridicules, il lui restait à jouer celui que l’homme pardonne le moins, le ridicule de la vertu ; c’est ce qu’il a fait dans le Misanthrope. » Molière paraît donc condamnable à Rousseau parce qu’il a eu pour idéal, dans son théâtre, l’homme de société. […] Dans une partie du premier acte et surtout du second, le drame est sans doute plus ramassé, mais à peine plus clair que la vie, et je persiste à croire que c’est là un défaut, et qui va contre l’objet même de l’art, et enfin, c’est dans ces endroits que le drame m’a le moins contenté, — encore qu’il vaille toujours par l’imitation sincère des mouvements de la réalité, et que j’aie, au surplus, éprouvé quelque plaisir à le compléter moi-même à mesure qu’il se déroulait un peu énigmatiquement et à faire ainsi la besogne de l’auteur. […] Avec ses défauts, — que je n’ai point dissimulés, et qui sont même intéressants par l’espèce de nervosité inquiète dont ils témoignent chez l’auteur, — la comédie de M. de Porto-Riche est, à mon gré, une des plus riches de vérité humaine et une des plus originales de ces vingt dernières années.

2101. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

En outre, il est lâche ; c’est aux dépens des faibles et des petits qu’il se moque ; il excelle à ne pas se compromettre ; avec une subtilité qui lui fait défaut dans l’invention et dans la forme, il devine de qui et jusqu’où il peut faire rire le seigneur, le prêtre, le riche ; il mordille les puissants, ne les mord jamais ; son coup de gueule happe l’os espéré, se referme dessus tout de suite ; et si on lui dit : « Tu grondais ? […] Ni lui ni les meilleurs d’entre les siens n’usèrent de tels « carmes », car, à défaut hélas ! […] — ce drame, dis-je, a le défaut grave de surprendre, d’inquiéter, plutôt que d’émouvoir profondément ; et j’en crois démêler la cause dans le fait-exprès trop visible, dans l’arbitraire et non dans le nécessaire coup sur coup des situations que l’auteur, dirait-on, ne conçut pas en l’initiale genèse de son œuvre, mais invente au fur et à mesure du développement qu’il lui donne ; en réalité, elles n’éclatent pas de la rencontre des caractères tels qu’ils furent d’abord indiqués, ni du heurt des passions logiques en ces caractères, ni du propos primitif de la fable : au contraire, soudainement voulues et non antérieurement inévitables, elles obligent les caractères, les passions, à des modifications, sinon à des changes radicaux, et la fable à des détours, pour qu’elles puissent se continuer.

2102. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

La seule habileté dont je sois capable est de ne point essayer de cacher mes défauts. […] C’est là que sa philosophie me sembla en défaut. […] Saint-Cyr de Rayssac a bien des défauts : chez lui, l’expression est parfois molle et incertaine.

2103. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Ils triomphèrent sans pudeur lorsqu’Achab mourut, atteint d’une flèche au défaut de la cuirasse dans une bataille contre le roi de Damas, et lorsque le jeune roi d’Israël Ochozias tomba d’une des fenêtres de son palais après quelques mois de règne. […] Je n’ai pas été sans péché ; j’ai eu les défauts de tous les hommes ; mais, quoi qu’en disent ceux qui s’intitulent tes prêtres, je n’ai pas commis de très mauvaise action. […] Ces définitions sont fort ingénieuses, mais elles ont les défauts du genre : la brièveté et l’insuffisance. […] Mais c’est là un défaut trop rare pour que l’on puisse s’en irriter sans remords.

2104. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Au contraire, ce texte de 1849, si stupidement condamné par Louis Bouilhet et Maxime du Camp, peut avoir quelques défauts juvéniles : un peu de surabondance et d’enflure. […] Mais Duranty considère ce livre comme sec et aride, y voit une « application littéraire du calcul des probabilités » et juge qu’il est « inutile d’entrer dans le point de vue même de l’œuvre », attendu que ses défauts lui « enlèvent tout intérêt ». […] Paul Claudel n’est certes pas un auteur sans défaut ; mais il a en effet de ces inspirations splendides et saisissantes que l’on considère habituellement comme des traits de génie.

2105. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Faire impitoyablement vrai, grouper une suite de scènes écrites d’après nature, voilà le mérite ou le défaut de M.  […] Malgré ses grands défauts, cette œuvre méritait mieux que le sort que lui fit le public, un peu étonné des audaces qu’il y trouvait. […] En ces quelques pages des caractères sont bien tracés, des choses dites. — Le talent de M. de Bonnières est de n’employer que des mots de valeur, disant non seulement ce qu’ils veulent dire, mais contenant pour lui un peu plus que ce qu’ils disent ; là est l’effort, là aussi le danger ; pour avoir voulu trop exprimer on peut devenir parfois obscur ; mais j’aime encore mieux ce défaut chez un écrivain que celui qui consiste à ne se servir que d’une phraséologie composée de mots usés, d’autant plus légers et transparents qu’ils sont vides et qui, ne renfermant aucune image, ne peuvent s’empreindre dans l’esprit qu’ils ne font qu’effleurer, et s’effacent dès qu’ils sont lus.

2106. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Le principal défaut de cette étude, dont les feuillets ne sont, à vrai dire, que des fiches cousues bout à bout, c’est que l’auteur commet, à chaque instant, des fautes de perspective. […] Mais il est certain que le défaut commun à tous ceux qui écrivent des romans historiques, c’est une tendance à mettre dans leur narration tout ce qu’ils savent. […] Il est impossible, en effet, de ne point reconnaître quelques-uns de nos défauts et quelques-unes de nos qualités dans la société lettrée, inquiète, bien-disante, spirituelle, curieuse d’art et d’éloquence, avide de sensations et de sentiments, infiniment diverse et bariolée, qui s’amusa de jolies bagatelles, s’éprit de grammaire, d’histoire et de mythologie, aima le vice et loua la vertu, accorda ses applaudissements las à des baladins et à des moralistes, se plut en des divertissements compliqués et souffrit d’une attente vague autour du Phare, de la Bibliothèque et du Musée, vers le temps de Ptolémée VII Évergète, surnommé l’Enflé, surnommé aussi le Philologue.

2107. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Mais il avait, il a ce que j’aime à nommer le sentiment consulaire, c’est-à-dire un sentiment assez conforme à cette belle époque, généreux, enthousiaste, rapide, qui conçoit les grandes choses aussi par le cœur et qui fait entrer l’idée de postérité dans les entreprises ; ce qui le porte à s’enflammer tout d’abord pour certains mots immortels, à s’éprendre pour certaines conjonctures mémorables et à souhaiter, par quelque côté, de les ressaisir ; ce qui lui faisait dire, par exemple, à M. de Rémusat, vers ce temps des nobles luttes commençantes : « Nous sommes la jeune garde23. » Cette étincelle sacrée, qui l’anime comme historien, ne lui a fait défaut en aucune autre application de sa pensée, et, tout pratique qu’il est et qu’il se pique d’être, je ne répondrais pas qu’elle ne l’ait embarrassé plus d’une fois comme politique.

2108. (1813) Réflexions sur le suicide

Les défauts des Allemands sont bien plus le résultat de leurs circonstances que de leur caractère, et ils s’en corrigeront, sans doute, s’il existe chez eux un ordre politique fait pour donner une carrière à des hommes dignes d’être citoyens.

2109. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

III Aussi bien, quoi qu’il fasse, quels que soient ses défauts, sa morgue, sa dureté de touche, sa préoccupation de la morale et du passé, ses instincts d’antiquaire et de censeur, il n’est jamais petit ni plat.

2110. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Vous n’auriez pas trouvé dans l’état-major de la république, armée ou flotte, un nom qui ne fût pas la veille dans l’état-major de la royauté ; pas un chef, pas un régiment, ne firent défaut à la patrie.

2111. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Les Français ne reverront jamais un talent égal à celui de Voltaire ; mais on peut dire que, le point de vue de Villemain se trouvant plus élevé que celui de Voltaire, Villemain peut critiquer Voltaire et juger ses qualités, et ses défauts. » On aime à voir un grand poète rendre cette éclatante justice à un grand critique ; cela efface d’avance les puériles négations de notre temps.

2112. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Chacun a ses défauts et sa charge, personne ne se suffit à soi-même et n’est assez sage pour soi ; mais il nous faut supporter les uns les autres, nous consoler, nous aider et nous avertir mutuellement. » Et puis il y a, malgré tout, même dans les maximes extrêmes du détachement ascétique, un point par où elles restent humaines.

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