/ 2006
1895. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Si les personnages de ses drames sont des souffrants, c’est qu’il était, aussi, le contemporain affiné de nos pessimisme* ; il a, joyeusement, créé le monde nouveau de l’émotion artistique ; et il a créé l’émotion douloureuse, parce qu’il la trouvait plus réelle, et vivait, la créant, plus joyeux.

1896. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

C’est des mouvements et des sensations musculaires, comme on sait, que l’école anglaise contemporaine, principalement Bain, Stuart Mill et Herbert Spencer, ont voulu faire dériver l’idée de l’étendue et de ses déterminations : longueur, hauteur, largeur, forme, position, direction.

1897. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

La plus admirable traduction, par le marbre et l’art statuaire, d’une humanité contemporaine des Dieux.

1898. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Cette carrière est désirable sous tous les rapports, et d’ailleurs que faire, ne voulant pas entrer dans une administration, ce que je conçois bien. » Dimanche 30 novembre Mme Michelet est venue m’apporter, aujourd’hui, — pour la collection des livres contemporains avec autographes, que je m’amuse à faire, — est venue m’apporter un devoir de Michelet, corrigé par Villemain.

1899. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Vendredi 28 mai Aujourd’hui, je reçois l’exemplaire de Germinie Lacerteux (Édition des chefs-d’œuvre du roman contemporain).

1900. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Richepin a beau viser à la profondeur philosophique, nous craignons que ses vrais titres ne soient du côté de la rhétorique, et qu’il n’ait appliqué aux grandes idées de l’évolutionnisme contemporain le même traitement que Juvénal se plaignait de voir appliqué à Annibal dans les écoles : Ut declamatio fias 248.

1901. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Avec son contemporain et ami Carlyle, qui possédait plus de véhémence, plus de culture et d’idées, il est un excellent exemplaire de cette sorte de gens qui sont en somme les grands parleurs et les grands acteurs de l’humanité, qui lui ont fourni la plupart de ses héros secondaires de Thémistocle à Garibaldi, de ses orateurs, de ses écrivains populaires, catégorie d’êtres impulsifs, généreux, entraînants, dont il faut distinguer soit les observateurs, les artistes qui ne savent que percevoir et décrire, soit les grands hommes complets, penseurs, poètes ou conducteurs de peuples, dans l’œuvre et la carrière de qui se manifestent, en leur importance et leur subordination, la connaissance, le sentiment et la conception du monde.

1902. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Nous croyons que les reflets de cet Éden et de cette lumière ont resplendi longtemps sur son âme, avec plus de lueurs d’une révélation primitive que dans des âges plus distants de son berceau ; nous croyons que cette révélation primitive date de la création, que Dieu est contemporain de l’âme qu’il créa pour l’entrevoir et pour l’adorer, et que s’il y a une plus éclatante effusion de la lumière, c’est à l’aurore du genre humain, et non dans le crépuscule de sa caducité, qu’il faut la chercher.

1903. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

de même il y a dans la famille humaine des hommes printaniers, si l’on peut se servir de cette expression, âmes à doubles fleurs et sans fruits, qui accomplissent toute leur destinée en fleurissant, en coloriant, en embaumant leur vie et celle de leurs contemporains, mais dont on fixe cependant l’éclat et le parfum dans la mémoire en volumes de vers ou de prose immortels, œuvres qu’on ne compulse pas, mais qu’on respire, qui ne nourrissent pas, mais qui enivrent !

1904. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

L’examen des témoins ; le témoin oculaire, l’historien contemporain, l’historien moderne de faits anciens, les écrivains en tout genre, les philosophes, les orateurs, les poètes, les nations, la tradition.

1905. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Le grand homme n’est plus celui qui fait vrai, c’est celui qui sait le mieux concilier le mensonge avec la vérité ; c’est son succès qui fonde chez un peuple un système dramatique qui se perpétue par quelques grands traits de nature, jusqu’à ce qu’un philosophe poëte dépèce l’hipogrife et tente de ramener ses contemporains à un meilleur goût.

1906. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Il y a dans l’histoire contemporaine peu de têtes aussi accentuées que celle de Louis-Philippe. — La fatigue et le travail y ont imprimé de belles rides, que l’artiste ne connaît pas. — Nous regrettons qu’il n’y ait pas en France un seul portrait du Roi. — Un seul homme est digne de cette œuvre : c’est M. 

1907. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

D’autre part, à l’autre extrémité du champ qu’a parcouru l’esprit humain, dans une durée de deux mille ans, des bords de l’Asie Mineure et de l’Europe orientale à l’Italie deux fois couronnée par les arts, nous verrons s’élever cette grande physionomie du Dante, sur le tombeau duquel l’admiration des contemporains écrivit pour suprême éloge : Theologus Dantes, nullius dogmatis expers.

1908. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Il est donc utile à l’écrivain d’élever sa philosophie au-dessus des opinions passagères qui influeraient trop sur lui, s’il les envisageait trop, et de ne pas travailler seulement pour ses contemporains, mais pour la race humaine : averti par la nature, triste idée, mais inévitable ! […] Contemporain de Boileau et de l’auteur de Phèdre, il déclare que la perfection de la versification française lui paraît presque impossible : ce sont ses expressions. […] Qu’est-elle autre chose que cette sagesse de tous les siècles, de toutes les nations, contemporaine des premiers héros de la terre, compagne des Socrate, des Caton, des Malesherbes, des Bailly, victorieuse de toutes les sectes, et toujours reconnue par ce que l’homme a de plus noble et de plus libre, la conscience ? […] Simple dans ses mœurs ; sensible, puisqu’il composa ses premiers essais dans le seul espoir de se faire mieux aimer de sa maîtresse ; peu jaloux d’une autre dignité que de sa propre estime personnelle ; véritablement homme de l’antiquité parmi ses contemporains, et tout romain par sa raison solide, il exerça, dans les succès, dans les revers, dans les liens de famille, et dans ses relations publiques et privées, la plus rare et la plus difficile des vertus, la modération, signe indubitable de la force.

1909. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Il semble que le contemporain d’Hiéron et de Ptolémée, l’hôte d’Alexandrie et l’enfant de Syracuse, malgré tous ces noms qui brillent à distance, a souvent lui-même habité dans l’ingrate bourgade.

1910. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Nous avons supposé que ces deux champions du sentiment et du dogme n’étaient pas morts avec leurs contemporains du temps de Molière, et qu’ils avaient traversé tout le dix-huitième siècle pour venir jusqu’à nous.

1911. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Quoique les éléments de notre sensation soient successifs, les éléments du corps nous apparaissent comme simultanés ; en effet, ils sont, comme le corps lui-même, des pouvoirs permanents, dont la permanence, comme celle du corps lui-même, nous est attestée par le retour régulier des sensations qu’ils provoquent ; étant permanents, ils sont contemporains ; quoique nous les percevions tour à tour, ils existent ensemble, et la succession qui disjoint leurs effets ne s’applique pas à leur être.

1912. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Il feuillette jour et nuit les Kings, ces livres historiques et sacrés dont les textes mutilés ou à demi effacés avaient disparu à moitié de la mémoire des peuples, il les recouvre, il les restitue, il les commente, il les complète et il dit à ses contemporains corrompus : « Lisez et admirez, voilà l’âme, les lois, les mœurs de vos ancêtres, conformez votre âme, vos lois, vos mœurs nouvelles à leur exemple et à leurs préceptes. » Voilà toute la révélation de Confucius ; c’était celle qui convenait par excellence à une race humaine aussi exclusivement raisonneuse et aussi dépourvue de vaine imagination que le peuple chinois.

1913. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

IX Quant à la peinture, nous n’avons point d’objet de comparaison entre les anciens et les modernes ; nous ne pouvons donc rien affirmer sur la prééminence d’Athènes, de Rome ou de Paris ; seulement, comme il est certain que les arts ainsi que les idées ont ordinairement leur équilibre, et, marchant du même pas dans une même civilisation, prennent à peu près le même niveau dans les mêmes siècles, il est probable que de très grandes écoles de peinture étaient contemporaines de ces grandes écoles de sculpture à Athènes, au siècle de Périclès.

1914. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

L’auteur de ce drame de Faust, Goethe, presque notre contemporain, est incontestablement à nos yeux le plus grand génie de la race allemande.

1915. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

V Cicéron, tel que nous le trouvons dans les portraits et dans les lettres de ses contemporains ou de lui-même, était de haute taille, telle qu’elle est nécessaire à un orateur qui parle devant le peuple, et qui a besoin de dominer de la tête ceux qu’il doit dominer de l’esprit.

1916. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Il était né dans cette Provence, où semble s’être réfugiée aujourd’hui, dans un patois hellénique et latin, toute la poésie qui reste en France ; il était du village d’Eyragues, voisin, presque contemporain, ami et tuteur de ce Mistral qui nous apporta un beau poème, le seul poème pastoral qui ait été comparé à Homère depuis tant de siècles, le plus grand éloge qu’on ait jamais fait d’un poème depuis trois mille ans !

1917. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Un Prince de la Bohême, Esquisse d’homme d’affaires, Envers de l’histoire contemporaine, le Curé de village.

1918. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

II Aussi, pendant que le monde contemporain voit ou lit avec admiration ce que tel ou tel grand homme a fait, a dit, ou a écrit dans sa jeunesse, le grand homme qui se voit admiré, ou qui se voit loué souvent à tort, se recueille, s’interroge, juge ses juges, et se dit tout bas : « On m’applaudit pour ce qui méritait, en réalité, d’être condamné !

1919. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Or, que l’on mette en face l’Évangile et le recueil des apophtegmes moraux des rabbins contemporains de Jésus, le Pirké Aboth, et que l’on compare l’impression morale qui résulte de ces deux livres !

1920. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Cari Armbruster va faire, au King’s Odlege, pendant l’hiver et le printemps prochains, deux cours spéciaux de dix leçons chacun, le premier sur Wagner, le second sur les principaux compositeurs contemporains.

1921. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Ernst (Revue Contemporaine) y voyait « la patrie chrétienne ».

1922. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

C’est là encore une loi dérivée que les psychologues contemporains, par exemple Bain et James Sully, ont nommée loi de contraste, pour l’opposer aux lois de stimulation et de modération.

1923. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Chaque semaine, tous les personnages de l’histoire et du roman, depuis la famille des Atrides jusqu’au monde de Rétif de La Bretonne, sont les têtes de Turc, par-dessus lesquelles il tape sur ses contemporains, et il se figure, avec une candeur qui étonne, que tout Paris, toute la France, toute l’Europe le comprend et saisit les masques.

1924. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Aujourd’hui, à propos de Mme de Sévigné, ce brutal de Charles Blanc s’emporte à froid, et proclame que la femme contemporaine de Vauban, et qui a médit des paysans dans un alinéa de ses lettres, ne peut pas avoir de talent.

1925. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Lévine et sa femme, Karénine, Anna, Wronsky, le prince Oblonsky et la princesse Dolly, la famille Cherbatky, les amis et les amies de tous ces gens, les enfants, les serviteurs et les paysans, font du roman contemporain de Tolstoï, une œuvre enchevêtrée et confuse, comble et embrouillée qui choque déjà toutes les règles d’unité et d’élaguement qui nous sont familières ; mais qu’est cette complication devant celle des trois gros volumes de La Guerre et la Paix où les vies complètes du prince André, du prince Pierre, de Nicolas Rostow, mêlées aux destins des membres de leurs familles, entourés d’une foule véritable de satellites, de connaissances, se poursuivent à travers de grandioses récits de batailles, de négociations, d’entrevues, dans lesquelles figurent tous les personnages célèbres du temps, à travers les scènes populaires, rustiques et sociales qui constituent toute l’histoire politique et intime d’un peuple ?

1926. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Les centaures, les Harpies, les lacs de bitume d’où s’élèvent en mugissant de douleur des bustes à demi consumés, des âmes liées à des arbres morts, des chiennes affamées poursuivant des esprits en fuite, des damnés transformés en buisson, des pluies de feu sur des déserts de sable et qui l’allument comme l’amadou le briquet, tous les héros de la Fable confondus avec ceux de l’histoire et du temps, des rencontres inattendues du poète avec les âmes de ses contemporains morts avant lui, et des signalements grotesques, tels que celui de Brunetto Latini, premier maître de Dante : « Ces âmes clignaient les yeux en nous regardant, comme le vieux tailleur regarde le trou de l’aiguille  » ; Des vers sublimes, tels que celui-ci du disciple au maître en le rencontrant : « Tu m’enseignais là-haut comment l’homme s’éternise ! 

1927. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Nous ne voyons pas comment la mémoire se logerait dans la matière ; mais nous comprenons bien, — selon le mot profond d’un philosophe contemporain, — que « la matérialité mette en nous l’oubli 92 ».

1928. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

. —  J’ai vu encore d’autres fleurs, mais pas une — qui ne t’eût pris sa couleur ou son parfum201. » Mièvreries passionnées, affectations délicieuses, dignes de Heine et des contemporains de Dante, qui trahissent de longs rêves exaltés, toujours ramenés sur un objet unique. […] On la démêlait d’abord, cette sensibilité si fine. « Mon aimable Shakspeare », « doux cygne de l’Avon », ces mots de Ben Jonson ne font que confirmer ce que répètent ses contemporains.

1929. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Les médecins philosophes du XVIIIe siècle, avec leur cartésianisme rétréci, ont été pour beaucoup dans la genèse de l’« épiphénoménisme » et du « monisme » contemporains. […] L’attraction puissante que l’évolutionnisme spencérien a exercée sur la pensée contemporaine vient de là.

1930. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Savez-vous quelle était, sur « le vrai Voltaire », et le Voltaire qui « devait rester », l’opinion non pas générale, mais universelle et unanime, des contemporains de Voltaire et des hommes de la génération suivante, jusqu’à, et y compris, Chateaubriand ? […] Ce « choix » dans les oeuvres d’un homme célèbre, ce n’est donc ni les contemporains, ni les hommes de la génération qui le suit qui le doivent faire. […] Il a, à coups redoublés, frappé l’imagination de ses contemporains et secoué, éclairé ou ébloui leur esprit. […] La grève des cinquièmes actes contemporains a remplacé l’antique sédition et le duel ancien. […] Nous sommes dans une villa près de Trouville, avec vue sur la mer, — comme dans toutes les pièces contemporaines, et cela commence à être d’une originalité un peu fastidieuse, — chez M. 

1931. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Comme Chateaubriand apportait dans sa défense esthétique du christianisme quelque chose de la frivolité avec laquelle les hommes du xviiie  siècle l’attaquaient, tout de même les philosophes contemporains de Chateaubriand ont l’esprit du xviiie  siècle dans des âmes qui voudraient s’en détacher. […] Et il est aussi, chose curieuse, qui a dû étonne ses contemporains, ses compatriotes, ses coreligionnaires, il est « Français », Français entêté et passionné. […] Il a vu cela, et s’en est réjoui, et en a fait un beau système allant de la religion à la politique et de la politique à l’éducation. — L’autre a très bien vu qu’une grande chose venait de disparaître, la tradition, et que l’homme isolé, sans souci des ancêtres, sans obligation envers ses contemporains, retranché dans son droit et sa liberté jalouse, était l’homme moderne. […] De quel œil elle a vu son temps, compris l’âme et l’esprit de ses contemporains, regardé en arrière la série des causes prochaines ou reculées, essayé de pénétrer l’avenir, si couvert alors et si caché, voilà ce que je désirerais reconnaître et définir. […] Mais songez que les contemporains en ont été comme étourdis et fascinés.

1932. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Réunis sans parti pris d’écoles, ayant un triple intérêt, historique, philosophique et documentaire, ce sera une mine inépuisable de précieux renseignements, un choix des meilleures et des plus utiles productions contemporaines. […] Chercheurs infatigables, ils semblent en effet s’être donné la tâche d’entasser des matériaux de toutes sortes, idées de romans, dénouements de pièces, observations sur la nature morte et vivante, documents historiques, artistiques, etc., pour aider tels ou tels de leurs contemporains, plus habiles constructeurs peut-être, à édifier des œuvres à succès. […] Courrière a classé parmi les écrivains de l’École naturelle dans son Histoire de la littérature contemporaine en Russie, un bon livre publié l’an dernier. […] Octave Feuillet n’est plus à juger, non plus que son grand rôle dans la littérature contemporaine, mais on peut, d’après ce seul morceau, avoir une idée de la perfection du détail, des soins de mise en scène qui accompagnent l’action principale du Journal d’une femme ; nous n’avons qu’un regret, c’est, en rendant compte de ce livre, paru chez M. 

1933. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Lysippe étoit contemporain & statuaire d’Alexandre. […] Les sculpteurs, contemporains de ces grands maîtres, ne forment pas une suite aussi considérable d’excellens artistes, quoiqu’on en trouve plusieurs qui soutenoient la gloire de l’art ; ne fût-ce que Michel-Ange, génie vaste, grand peintre, meilleur sculpteur, architecte sublime. […] Il semble avoir moins écrit pour ses contemporains, que pour les siècles à venir.

1934. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Ce Mosti était un de ces vils envieux de la gloire vivante, qui ne pardonnent pas à un de leurs contemporains de rivaliser avec les grands hommes ensevelis et consacrés dans leur gloire acquise.

1935. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Tout indique et ses contemporains affirment que ses écrits, même les plus soignés, n’étaient que les notes réfléchies des discours qu’il prononçait dans son école.

1936. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Il m’a montré une quantité d’ouvrages contemporains que, par l’entremise de David, les talents les plus distingués de l’école romantique lui ont envoyés en présent.

1937. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Ses contemporains des premières dynasties divines avaient subi la même déchéance.

1938. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

J’accepte le reproche et je n’en ai nulle honte, — d’autant plus que mes indiscrétions ne sont pas des divulgations de la vie privée, mais tout bonnement, des divulgations de la pensée et des idées de mes contemporains ; — des documents pour l’histoire intellectuelle du siècle.

1939. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Je ne m’en glorifie pas, puisque les berceaux sont tirés au sort pour ceux qui viennent au monde, mais je ne m’en humilie pas non plus, puisque le premier bonheur de la vie est de naître à une bonne place au soleil et à une bonne place dans le cœur de ses contemporains.

1940. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Je ne chercherai point à avilir des motifs, qui sans avoir, si l’on veut, un fondement bien réel, sont pourtant la source de tout ce qui s’est fait de grand, d’utile et d’agréable parmi les hommes : l’estime de ses contemporains et de ses compatriotes est au moins un bien de convention, comme tant d’autres, et si généralement reconnu pour tel, qu’il serait insensé, inutile et dangereux de vouloir sur ce point détromper personne.

1941. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Beaucoup y forcèrent ; la plupart animèrent les bourreaux, forcèrent les conversions et ces étranges convertis à la participation des divins mystères, pour grossir le nombre de leurs conquêtes, dont ils envoyaient les états à la Cour pour en être d’autant plus considérés et approchés des récompenses. »‌ Tel est le tableau présenté par un contemporain.

1942. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

N’accusons pas l’indifférence des contemporains de Vico ; essayons plutôt de l’expliquer, et de montrer que La Science nouvelle n’a été si négligée pendant le dernier siècle que parce qu’elle s’adressait au nôtre.

1943. (1929) Amiel ou la part du rêve

Bernard Bouvier en tête de son édition, et son livre en suédois, qui représente aujourd’hui le tableau général le plus complet d’Amiel, — le chapitre des Nouveaux Essais de psychologie contemporaine que l’illustre doyen des études amielliennes, M.  […] Il préfère se tourner du côté très précisément inverse, le point de vue cosmique, la Gründlichkeit berlinoise, et il note : L’amour-propre aurait à gagner à constater l’ascension ; mais il obéit au préjugé nobiliaire et rougit d’une extraction modeste… Au fond, ce sont les deux conceptions du monde qui sont ici en lutte : celle du Judaïsme ou de la Gnose, et celle de la science contemporaine ; la première voyant dans la création spirituelle une décadence continue, la seconde y voyant une évolution constante ; l’une partant de la perfection hypothétique, l’autre y tendant.

1944. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

De même la peinture des mœurs contemporaines dans la comédie nouvelle, n’est qu’un élément romain, français, anglais ou allemand, qui, n’appartenant pas au fond commun de la nature humaine, ne reste pour la postérité qu’un objet de curiosité historique.

1945. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Mais les Grecs contemporains ou survivants d’Homère ne devaient pas le sentir, parce que tous ces héros étaient leurs ancêtres, tous ces dieux leurs dieux.

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