/ 1882
1155. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

C’est è ce point de vue qu’il convient, pour être juste, de considérer l’œuvre de Ronsard et de ses principaux amis. […] Chez Ronsard, on sent du mieux ; il suit son texte plus près, il serait de force à lutter, et il l’a fait avantageusement ailleurs ; mais cette fois, tout considéré, il n’a que médiocrement réussi.

1156. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Ce son est apparu au quatorzième mois ; pendant plusieurs semaines, je ne l’ai considéré que comme un gazouillement. […] Le langage rationnel et spécialement humain est tout autre ; considérés dans leur sens primitif, les mots qui le composent évoquent non des représentations sensibles, mais des concepts généraux ; à ce titre, on l’appelle rationnel, parce que la raison est la faculté de « former et de manier ces concepts généraux ».

1157. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté     Ne se mette pas en colère,     Mais plutôt qu’elle considère Que je me vas désaltérant          Dans le courant Plus de vingt pas au-dessous d’elle, Et que par conséquent en aucune façon     Je ne puis troubler sa boisson. […] Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi ; Rois et dieux mettent quoi qu’on leur die.

1158. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

« Cinquante-trois ans se sont écoulés depuis ce jour ; ce problème agite encore la conscience du genre humain et partage l’histoire elle-même en deux partis : crime ou stoïcisme, selon le point de vue où l’on se place pour le considérer, cet acte est un parricide aux yeux des uns ; il est aux yeux des autres un acte politique qui écrivit avec le sang d’un roi les droits du peuple, qui devait rendre la royauté et la France à jamais irréconciliables, et qui, ne laissant à la France compromise d’autre alternative que de subir la vengeance des despotes ou de les vaincre, condamnait la nation à la victoire par l’énormité de l’outrage et par l’impossibilité du pardon. […] « Louis XVI, dégradé de la royauté, désarmé et prisonnier, coupable peut-être dans la lettre, était-il coupable dans l’esprit, si l’on considère la contrainte morale et physique de sa déplorable situation ?

1159. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

C’est peut-être vrai si l’on considère l’effet produit sur certains auditeurs et si l’on fait abstraction de la forme ; mais ici justement la forme est tout, presque tout, et l’on ne saurait baptiser « romantiques » les œuvres de nos classiques qui peuvent prêter à ces remarques ; car ni le degré inférieur du tragique n’équivaut au comique, ni le degré supérieur du comique n’équivaut au tragique. […] Il y a, suivant lui, une première façon, la vraie, de concevoir le romantisme (c’est de le considérer comme l’amalgame du présent et du passé), et une seconde définition qui le fait consister dans « le mélange du tragique et du comique, le retour aux sujets modernes, le joug des trois unités secoué, le vers assoupli, le lyrisme ou la familiarité du style ».

1160. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Vous ne considérez, n’est-ce pas, que la valeur musicale des mots, sans tenir compte de leur sens ? […] Verlaine ; mais d’assez grandes parties restent compréhensibles, et, puisque les ahuris du symbolisme le considèrent comme un maître et un initiateur, peut-être qu’en écoutant celles de ses chansons qui offrent encore un sens à l’esprit, nous aurons quelque soupçon de ce que prétendent faire ces adolescents ténébreux et doux.

1161. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Sans doute, Shakespeare est le plus grand génie tragique des temps modernes, et les maîtres de notre scène sont loin de l’égaler pour la création des caractères, l’invention des fables, le langage de la passion et la poésie de style ; mais il faut considérer qu’après Shakespeare, l’Angleterre n’a plus rien de vraiment grand, tandis que notre théâtre tragique a été constamment illustré, pendant deux siècles, par une succession non interrompue de poètes du premier ordre ; ce qui rend la Melpomène française bien plus imposante et bien plus complète. Il faut considérer aussi que les belles proportions et la régularité imposées à notre tragédie par les auteurs de Cinna et d’Andromaque lui donnent une physionomie à part, au milieu des littératures contemporaines.

1162. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

C’était un romantique aussi que ce Fauriel qui considérait volontiers tous les siècles de Louis XIV comme non avenus, et qui, bien loin de tous les Versailles, s’en allait chercher, dans les sentiers les plus agrestes et les plus abandonnés, des fleurs de poésie toute simple, toute populaire, mais d’une vierge et forte senteur.

1163. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Il y avait d’ailleurs analogie, en effet, avec la rentrée de ses descendants en 1814, si l’on ne considère, des deux parts, que le gros des complications et des difficultés.

1164. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

L’orateur le plus spirituel et le plus facile de nos grandes assemblées15 disait un jour de lui par une ironie légère : « Quand je considère intuitivement, comme dirait M. de Tocqueville… » Voilà pour le dehors ; mais de près, dans un cercle moindre, devant un comité, dans une Académie, il reprenait tous ses avantages, toutes ses distinctions, netteté, finesse, nuance, une expression ferme et décisive, une pensée continue, un accent ému et vibrant donnant la note de l’âme.

1165. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

» — On sait son mot à Mme Geoffrin qui, après une soirée passée entre eux deux en tête-à-tête, et où elle avait tiré de lui tout le parti possible, lui faisait compliment : « Je suis un mauvais instrument dont vous avez bien joué. » — Âgé de quatre-vingt-cinq ans et près de sa fin, il répondit à Voltaire qui lui demandait comment il considérait ce passage de la vie à la mort : « Comme un voyage à la campagne. » — Avec une suite de ces mots-là on ferait de lui un portrait agréable et un peu menteur.

1166. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Pasquier mourut, je me considérai comme obligé par reconnaissance de payer un hommage à sa mémoire ; j’attendis quelque temps jusqu’à ce qu’une occasion favorable se présentât.

1167. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Aucune idée fausse ne me blesse plus que celle qui considère le genre humain comme incapable d’avoir trouvé et fixé la vraie morale s’il n’avait eu l’Évangile.

1168. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Vers la fin du xviiie  siècle, en France, et à ne considérer que l’ensemble de la littérature régnante, l’étude de l’antiquité avait singulièrement baissé.

1169. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Johnson a écrit qu’il considérait la folie d’Hamlet comme une folie feinte pour parvenir plus sûrement à se venger.

1170. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

« Je juge le monde et le considère comme les ombres chinoises… Je pense au néant de la gloire… Je pense au néant de l’ambition. » Et la nuit descend, enveloppant le songeur ; les Tartares font rentrer leurs moutons ; une voix tombe du haut minaret : recueillant ses pensées, l’homme s’enfonce dans la nuit sur un cheval tartare611 .

1171. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Il se tua en juillet 1870 : de tout temps il avait, me dit-on, considéré le suicide comme un moyen de sortir des situations sans issue.Éditions : Du rôle de la famille dans l’éducation, 1857, in-8 ; les Anciens Partis, 1860, in-8 ; Quelques Pages d’histoire contemporaine, 4 séries. in-18, 1862-66 ; Études sur les moralistes français, 1864. in-18 ; la France nouvelle, 1868, in-18.A consulter : O.

1172. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Elle consent, par la suite, après diverses aventures, à accepter un autre époux, à la grande satisfaction de son frère Cinthio. » Cette situation que Flaminio Scala développe en trois actes, peut être considérée comme une des plus simples et des plus communes qu’offrent les pièces représentées par les Gelosi.

1173. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Et maintenant certaines personnes pensent qu’il ne nous paraît vrai que parce qu’on ne considère en mécanique que des vitesses modérées, mais qu’il cesserait de l’être pour des corps animés de vitesses comparables à celle de la lumière.

1174. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Il m’arrive souvent, aux heures indues, de la considérer du haut de mon balcon.

1175. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Tel caractère d’un écrit ou d’un discours présuppose et permet d’affirmer l’existence de telle faculté correspondante chez l’écrivain ou l’orateur, et chacune des facultés ainsi constatées peut être considérée comme une des forces productrices cherchées.

1176. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Au temps de Louis XIV, la France, à ne considérer que les hautes classes, est de sang riche ; la saignée est le grand remède des médecins ; il y a foison, à commencer par le roi, de grands mangeurs, de corps solides, de tempéraments robustes.

1177. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Lorsqu’il a été question de louer ou de blâmer, nous n’avons considéré ni la célébrité des Auteurs, ni le nombre de leurs partisans, ni celui de leurs adversaires.

1178. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

M. de Montalembert, depuis le 24 février, semble l’avoir compris, et c’est avec bonheur qu’on l’a entendu, dans ses discours sur la liberté d’enseignement, des 18 et 20 septembre 1848, consentir à prendre la religion chrétienne indépendamment du degré de foi individuelle, la considérer plus généralement au point de vue social, au point de vue politique, et accepter pour coopérateurs tous ceux qui, à l’exemple de Montesquieu, l’envisagent au même titre.

1179. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Les uns ont considéré les traités de 1815 comme un fait accompli, et, partant de là, ont abandonné la rive gauche du Rhin à l’Allemagne, ne lui demandant que son amitié ; les autres, protestant plus que jamais et avec justice, selon nous, contre 1815, ont réclamé violemment la rive gauche du Rhin et repoussé l’amitié de l’Allemagne.

1180. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Admettons que toutes les questions que nous avons signalées soient résolues, que l’on sache avec précision que la pensée correspond à un mouvement du cerveau, et de quel genre est ce mouvement, admettons même que l’on puisse suivre dans le dernier détail la correspondance des mouvements et des pensées : que saurons-nous de plus, si ce n’est qu’il y a là deux ordres de phénomènes constamment associés, qui même pourront être considérés comme réciproquement causes ou conditions les uns des autres, mais qui sont, absolument incomparables et irréductibles ?

1181. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Si l’on considère un instant dans son ensemble le mouvement poétique de ces vingt-cinq dernières années, on est frappé par le nombre considérable de discussions qui ont été provoquées par des questions de pure forme, et même, la plupart du temps, exclusivement prosodiques.

1182. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Les deux derniers vers : Quiconque en pareil cas se voit haï des cieux, Qu’il considère Hécube, il rendra grâce aux dieux ; sont excellens ; mais la moralité qu’ils enseignent est énoncée d’une manière bien plus frappante dans une fable de Sadi, fameux poète persan ; la voici : « Un pauvre entra dans une mosquée pour y faire sa prière : ses jambes et ses pieds étaient nus, tant sa misère était grande ; et il s’en plaignait au ciel avec amertume.

1183. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Mes jours ont été courts et mauvais, et ils n’ont point égalé ceux de mes pères120. » Voilà deux sortes d’antiquités bien différentes : l’une est en images, l’autre en sentiments ; l’une réveille des idées riantes, l’autre des pensées tristes ; l’une, représentant le chef d’un peuple, ne montre le vieillard que relativement à une position de la vie ; l’autre le considère individuellement et tout entier : en général, Homère fait plus réfléchir sur les hommes, et la Bible sur l’homme.

1184. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Il faut considérer toutes les classes comme une seule grande qui a ses différentes divisions, et le séjour des élèves dans chacune des divisions ne doit se régler que sur leurs progrès.

1185. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Victor Hugo ne considérait pas Stendhal comme un écrivain.

1186. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Ses Odelettes 15, le dernier de ses ouvrages, doivent être considérées comme l’expression définitive et sans progrès ultérieurement possible de sa manière.

1187. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Muni de ce passeport, le jeune homme va un soir à l’Opéra ; il fait sensation dans le monde féminin ; on se questionne, on apprend son nom, dignus est intrare, et toutes les dames, jeunes ou vieilles, l’attirent, et lui prouvent avec frénésie qu’elles le considèrent comme un gentilhomme. […] C’est assez dire que voilà un livre à lire pour tous… les fiancées exceptées, qui pourraient aller un peu loin avec ceux qu’elles ne croiraient considérer que comme de simples accordeurs. […] « Pourtant, il voulut réagir contre ce qu’il considérait comme une faiblesse, et, la voix âpre questionna : « — Tu as refusé de venir voir mon neveu, Denis Le Marrec, qui est très malade ; pourquoi ? […] Il en est de vraiment impressionnants par leur conviction et leur sincérité ; je n’affirmerai pas que le docteur Charcot ne les eût pas un peu considérés comme se rattachant à sa clientèle, mais quel est le philosophe qui n’en fait pas plus ou moins partie ? […] Daudet vient de faire paraître et qui a pour titre : les Morticoles, est considéré comme un livre à clé, et c’est à qui veut y reconnaître telle ou telle personnalité médicale de notre temps.

1188. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

On voit dans ces mêmes évènements une révélation de l’esprit du siècle, on les considère comme des phénomènes intéressants de l’histoire du jour, jusqu’à ce qu’ils disparaissent pour faire place à de nouveaux phénomènes. […] Et il ne faut pas considérer le refrain chez lui comme un simple appendice de la chanson ; il appartient à la structure intime du poème. […] Ce n’est pas pour rien que je suis ethnologue, quoique je ne croie guère aux caractères spéciaux d’une race, considérée simplement en tant que race. […] J’y étais venu sur une invitation générale du peintre, que je pouvais considérer un peu comme une invitation personnelle : et mon premier mouvement fut de m’en aller, aussitôt arrivé. […] Les anciens déjà considéraient la sobriété comme une vertu.

1189. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Son aventure sentimentale lui a semblé si extraordinaire qu’il s’est considéré comme marqué à jamais pour une destinée unique. […] Et, en effet, toutes les nuances de ce mal, et à tous ses degrés, impliquent, chez celui qui l’éprouve, la conscience de sa supériorité et le goût de se considérer comme le centre du monde. […] Chateaubriand put se considérer comme étant, avec Bonaparte, le restaurateur du culte. […] Car, dès l’origine, Chateaubriand avait considéré Napoléon comme un rival. […] Nous plaignons ce grand homme d’être, à certains égards, plus naïf et plus dupe que nous, de nous donner avantage sur lui, de nous prodiguer les occasions de le considérer avec un sourire.

1190. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Tout bien considéré, je crois que M.  […] Si l’on considère sous ce jour l’histoire de Lesurques, on comprend tout l’intérêt qu’elle a excité. […] Il y a, du reste, tout lieu de croire que son éclipse ne sera que temporaire, et qu’il ne faut la considérer que comme une satisfaction accordée à des susceptibilités dont il faut bien tenir compte, et qui se trouvent froissées aujourd’hui de tous côtés. […] Si on ne la considère qu’au point de vue des représailles, elle devient de la mansuétude. […] je suis assez naïf pour me considérer comme le débiteur de tout écrivain qui m’a charmé, et, pour l’esprit comme pour le cœur, j’ai de la peine à admettre que l’ingratitude soit de l’indépendance.

1191. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Il faut aussi considérer l’âge et le temps dans les peuples, comme dans les personnes. […] Mais ce n’est pas porter atteinte à ces sentiments que de considérer ce point de vue particulier, l’influence de la complexion sur les écrits. […] Le docteur Moreau ne manque pas de prendre au pied de la lettre cette dénomination ironique, et de considérer le génie comme une simple variété de la folie. […] « Au double point de vue affectif et intellectuel, l’excitation maniaque doit être considérée comme le développement naturel de l’état normal. […] Mais pourquoi donc considérer uniquement l’aspect morbide, pathologique ?

1192. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Ce mot désigne un état d’âme dans lequel on croit percevoir ou pressentir des rapports inconnus et inexplicables entre les phénomènes, où l’on reconnaît dans les choses des indications de mystères, et où on les considère comme des symboles par lesquels quelque puissance obscure cherche à révéler, ou du moins à faire soupçonner, toutes sortes de choses merveilleuses que l’on s’efforce de deviner, le plus souvent en vain. […] Enfin, il était conforme à la tendance de contradiction et de négation du notoire dominant toute l’intellectualité des imbéciles, qu’ils déclarassent faux justement celui des dogmes de l’histoire de l’art qu’on avait toujours considéré comme le plus incontestable. […] Nous apprenons par la strophe touchante de Villon comment le peuple du moyen âge, qui ne savait pas lire, considérait les tableaux d’église. […] Considérons donc cet art de transition comme une spirituelle niche faite au naturalisme, aussi comme un prodrome de la poésie de demain ».

1193. (1895) Hommes et livres

Il s’établit ainsi un courant perpétuel qui passe des œuvres aux esprits pour revenir des esprits aux œuvres : et comme on ne considère que la somme des influences reçues des œuvres et renvoyées dans les œuvres, il est vrai de dire qu’il y a une transmission perpétuelle de force par laquelle sont assurées et la continuité et l’évolution des genres littéraires. […] S’il m’était permis d’user d’une notation analogue à celle que l’on a récemment appliquée à la sociologie, je dirais que, pour connaître comme il faut la littérature, nous devons nous efforcer de détacher et de considérer le phénomène littéraire : tout le reste n’est qu’un appoint, un secours, ou un amusement. […] Il décida d’en faire un médecin : un bon et noble métier, bien considéré, qui n’était exercé que par des gens de familles riches et bien apparentées. […] Mais il se considère comme un créancier qui rentre dans ses fonds. […] À ses écrits antérieurs Montesquieu arrache des pages entières, des morceaux achevés, écrits, ayant leur suite, leurs liaisons, leurs dépendances nécessaires, où les choses étaient considérées d’un certain point de vue, développées dans un certain sens, selon l’idée directrice de l’ouvrage primitif.

1194. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Sans me permettre d’entrer ici dans les différences qui les caractérisent et en laissant de côté ce qu’il y a de particulier dans chacun d’eux, j’avoue pour mon compte avoir ignoré jusque-là, avant de l’avoir considéré dans leur exemple, ce que c’est que la justesse d’esprit en elle-même, cette faculté modérée, prudente, vraiment politique, qui ne devance qu’autant qu’il est nécessaire, mais toujours prête à comprendre, à accepter sagement, à aviser, et qui, après tant d’années, se retrouve sans fatigue au pas de tous les événements, si accélérés qu’ils aient pu être. […] Le parfait critique, ainsi considéré, serait, donc celui qui aurait la faculté d’être tour à tour, ne fût-ce qu’un moment, artiste dans tous les genres, et de nous offrir en lui l’amateur universel. […] L’Essai VIII, qui traite du jugement considéré à la fois comme opération et comme faculté de l’esprit, est bien technique, mais je dois dire qu’il a paru à des juges excellents un parfait modèle de la saine méthode analytique fortement appliquée.

1195. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Considérez celle de Dickens, vous y apercevrez la cause de ses défauts et de ses mérites, de sa puissance et de ses excès. […] Le premier mot qu’épela cet excellent jeune homme fut « gain. » Le second (quand il arriva aux dissyllabes) fut « argent. » Cette belle éducation avait produit par hasard deux inconvénients ; l’un, c’est qu’habitué par son père à tromper les autres, il avait pris insensiblement le goût d’attraper son père ; l’autre, c’est qu’instruit à considérer tout comme une question d’argent, il avait fini par regarder son père comme une sorte de propriété, qui serait très-bien placée dans le coffre-fort appelé bière. « Voilà mon père qui ronfle, dit M.  […] Il les a considérées comme des forces, et, jugeant que la force est belle, il les a soutenues de leurs causes, entourées de leurs circonstances, développées dans leurs effets, poussées à l’extrême, et agrandies jusqu’à en faire des monstres sublimes, plus systématiques et plus vrais que la vérité.

1196. (1925) La fin de l’art

À les considérer, les plus hardis des beaux esprits se sentent croître des oreilles d’âne, des yeux de cheval et des âmes de pompiers. […] La médecine est orientée à ne considérer que les germes vivants des maladies, mais le terrain où tombent ces germes ne saurait être indifférent. […] Et là où la vigne ne pousse pas, de tout temps aussi les hommes s’étaient créé diverses boissons alcooliques, cidre, bière, d’autres encore, et tout cela était considéré comme un bienfait quotidien.

1197. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Aussi bien une manière de voir est déjà par elle-même une théorie : les uns sont attirés presque uniquement par la lumière, les autres considèrent l’ombre dont elle est partout suivie ; leurs conceptions de la vie et du monde en sont éclairées ou assombries d’autant. […] L’idéal n’est autre chose que la nature même considérée dans ses tendances supérieures ; l’idéal est le terme auquel l’évolution elle-même tend. […] Il y a des romans dits historiques, comme Notre-Dame de Paris qui sont bien moins de l’histoire humaine que les romans non historiques de Balzac, par exemple Victor Hugo n’a aucun souci du réel dans la trame et l’enchaînement des événements ; il considère tous les petits événements de la vie, toutes les vraisemblances des événements comme des choses sans importance.

1198. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Cette idée d’ailleurs n’est nullement synonyme de fiction ou de chimère, mais le type de la réalité considérée en elle-même. […] Cette âme, cet Absolu, cette Réalité, qu’il les considère, suivant sa religion, comme Dieu personnel ou comme Conscience universelle, il s’efforce en tout cas, requis par l’Au-delà, de les imaginer, de les concevoir, de les appréhender derrière les formes illusoires de la nature visuelle. […] Un choc trop léger sur une matière explosible ne détermine aucun commencement d’explosion56. » Mais une poésie considérée dans son ensemble, en tant qu’elle constitue un tout indécomposable qui s’offre le portrait fugace d’une âme, crée une ambiance, imprime une direction, nous fait converger au point où nous devons coïncider avec l’esprit du poète.

1199. (1883) Le roman naturaliste

Il suffit qu’elle sache à peu près son compte, libre après cela d’insister plus particulièrement sur telle œuvre qui, pour sa valeur propre ou les tendances qu’elle révèle, vaudra la peine d’être considérée de plus près. […] La première : — c’est que le roman naturaliste fera son temps, et qu’avant même de l’avoir accompli, peut-être verra-t-il renaître telle forme du roman qu’il considère fort impertinemment comme à jamais condamnée. […] Le malheur, pour eux, et pour nous qui les lisons, c’est que d’un homme à l’autre, — et quoi qu’en dise une certaine école de psychologie, — la sensation peut être considérée comme à peu près identique. […] Il est curieux, et peut-être instructif, de considérer ce don d’observation à l’œuvre. […] Tulliver était un homme profondément honnête, mais il considérait que devant la loi le but de la justice ne pouvait être atteint qu’en employant un plus fort coquin pour en battre un plus faible.

1200. (1922) Gustave Flaubert

À vingt mille pieds sous soi on aperçoit les hommes, une brise olympienne emplit nos poumons géants et l’on se considère comme un colosse ayant le monde entier pour piédestal. […] il considérait le jugement de l’une comme infaillible, et cependant il trouvait l’autre irréprochable ». […] On a l’habitude de considérer Homais et Bournisien comme deux pendants, comme un bilingue de la bêtise humaine, l’un en langage religieux, l’autre en langage de la libre pensée. […] « Sénécal — qui avait un crâne à pointe — ne considérait que les systèmes. […] Il s’en occupa en même temps que de la dernière Tentation, et le rapport des deux œuvres est évident, Bouvard peut être considéré comme la parodie moderne de la Tentation.

1201. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

La comédie nous a emmenés bien loin ; il faut revenir, considérer les autres genres. […] Ce serait le traiter trop rigoureusement que de le juger toujours en regard de Shakspeare ; même à côté de Shakspeare, et avec la même matière, on peut faire une belle œuvre ; seulement, le lecteur est tenu d’oublier pour un instant le grand inventeur, le créateur inépuisable d’âmes véhémentes et originales, de considérer l’imitateur tout seul et sans lui imposer une comparaison qui l’accablerait. […] Longtemps ce travail fut considéré comme sa première gloire ; de même à Rome, sous Cicéron, dans la disette originelle de la poésie nationale, les traducteurs des pièces grecques étaient aussi loués que les inventeurs. […] Le roi pour lequel il avait écrit était détrôné et chassé ; la religion qu’il avait embrassée était méprisée et opprimée ; catholique et royaliste, il était confiné dans un parti vaincu, que la nation considérait avec ressentiment et avec défiance comme l’adversaire naturel de la liberté et de la raison.

1202. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Partout le peuple les considérait d’abord bouche béante. […] C’est pourquoi je l’ai considéré comme mon vassal depuis que je le leur ai entendu dire. » « La belle Kriemhilt reprit : « En ce cas, mal m’en serait advenu. […] « Il faudra que tu voies en ce jour que je suis de noblesse libre et que mon mari est plus considéré que le tien. […] Les yeux de maint chevalier prenaient plaisir à considérer les gracieuses dames.

1203. (1898) La cité antique

L’enfant qui naissait de là était considéré comme fils du mari, et continuait son culte. […] On considérait que, la perpétuité de cette famille étant ainsi assurée, il pouvait en sortir. […] Plus tard, la poésie aidant, le Terme fut considéré comme un dieu distinct et personnel. […] Il n’est pas inutile de rechercher lequel de ces trois mots était considéré comme le nom véritable. […] Il en était considéré comme un membre par l’adoption.

1204. (1927) Des romantiques à nous

Comme les premières, elles s’efforcent à s’élever au-dessus des débats d’écoles et de systèmes, qui, plus je vais, plus ils me paraissent trompeurs et factices dans tous les genres, pour considérer les choses de la littérature et des arts du libre et immortel point de vue du naturel et de la beauté, qui ne sauraient aller sans la grâce et la vie. […] Le grand argument de défense du critique est là, dans l’élévation, la grandeur des points de vue d’où il considère les inspirations du grand lyrisme romantique et d’où il lui adresse ses sévérités éventuelles. […] Cette aberration consiste à livrer à la seule sensibilité la souveraineté du domaine esthétique, à considérer que l’ait, tant du côté de l’artiste qui crée, que du côté du lecteur, spectateur ou auditeur qui cherche plaisir à ses ouvrages, ne doit, s’il est fidèle à son nom et à s& nature, se nourrir que d’émotion, être qu’émotion. […] C’était une base possible de paix entre le curé et l’instituteur, celui-ci s’en tenant à la notion de Dieu, considéré comme source et règle suprême de tout bien, celui-là y ajoutant les supposés particuliers de la religion touchant les actes de Dieu dans l’humanité et le salut éternel des individus. […] Mais il est également juste de considérer que, seul, un maître plein de génie eût pu comprendre cet élève et faire servir au développement du tour d’expression si nouveau qu’il portait en lui un enseignement d’école constitué en vue de résultats bien différents.

1205. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

plus on considère la politique de Mme de Longueville, et plus elle se confond avec son caprice amoureux ; mais, si l’on serre de près cet amour lui-même (et plus tard elle nous l’avouera), il semble que ce n’est plus que de l’ambition travestie, un désir de briller encore. […] Mme de Longueville considère ce renouvellement comme étant pour elle le premier pas d’une vie vraiment pénitente : « Il y avoit longtemps que je cherchois (ce me sembloit) la voie qui mène à la vie, mais je croyois toujours de n’y être pas, sans savoir pourtant précisément ce qui étoit mon obstacle ; je sentois qu’il y en avoit entre Dieu et moi, mais je ne le connoissois pas, et proprement je me sentois comme n’étant pas à ma place ; et j’avois une certaine inquiétude d’y être, sans pourtant savoir où elle étoit, ni par où il la falloit chercher.

1206. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

L’événement d’ailleurs est bien déplorable, soit que l’on considère son génie ou sa bonté. » Que peuvent répondre les accusateurs gratuits de la maison d’Este, dans cette circonstance, à une preuve aussi authentique de leur innocence, écrite sur place aux ennemis de cette maison par l’ambassadeur de ces ennemis ? […] Ajoutez-y la fertilité de ce vaste plateau, la sérénité de l’air, le calme habituel des flots endormis dans la baie, les oiseaux, les poissons, les fruits exquis qui semblent rivaliser de saveur, d’abondance et de variété pour la table de l’homme ; et, certainement, quand on considère la réunion de tant de beautés et de tant d’avantages dans un tel site, l’œil et l’esprit sont forcés de convenir que Sorrente est un vaste et miraculeux jardin, tracé par la nature avec une admirable prodigalité de soins, et perfectionné par l’art avec une diligente assiduité de travail.

1207. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Cependant les critiques devraient considérer que, puisque eux-mêmes ils n’ont pas trouvé dans les histoires générales les détails de la vie des familles du moyen âge, c’est qu’il faut sans doute les aller chercher ailleurs. […] Charles Baudelaire Quand on se figure ce qu’était la poésie française avant que Victor Hugo apparut, et quel rajeunissement elle a subi depuis qu’il est venu ; quand on s’imagine ce peu qu’elle eût été s’il n’était pas venu, combien de sentiments mystérieux et profonds, qui ont été exprimés, seraient restés muets ; combien d’intelligences il a accouchées, combien d’hommes qui ont rayonné par lui seraient restés obscurs, il est impossible de ne pas le considérer comme un de ces esprits rares et providentiels qui opèrent, dans l’ordre littéraire, le salut de tous, comme d’autres dans l’ordre politique.

1208. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Il a fallu les exagérations des temps qui ont suivi pour intervertir les rôles et pour qu’on ait pu le considérer comme un gallican et un orléaniste. […] Saint-Sulpice m’apprit d’abord à considérer comme enfantillage tout ce que M. 

1209. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Autre est l’impression, si l’on considère les produits ou les producteurs, les machines ou les hommes, les ouvriers de fer ou les ouvriers de chair. […] Fréquemment c’est le roi qui considère comme un devoir du souverain de répandre ses grâces, sous forme de pensions ou de sinécures, sur des sujets dont les ouvrages honorent son règne.

1210. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Je ne ferai point, cependant, cette expertise utile : car j’ai trouvé, entre ces marchandises, certaines œuvres d’artistes véritables, égarés là ; et je les dois considérer respectueusement ; et je dois évoquer, devant elles, la théorie artistique de la peinture wagnérienne : condamné, par leur présence, à omettre les produits qui les avoisinent, et l’intéressante boutique où elles sont. […] Cette scène pourrait être considérée par les esprits qui goûtent le symbolisme, comme la peinture d’une de ces luttes intestines, qui déchirent les poitrines humaines, durant lesquelles l’âme s’entretient avec elle-même, divisée qu’elle est par un parallélisme de velléités, dissemblables de formes et identiques d’essence, cependant ; ceux-là, au lieu de personnages différents, croiraient écouter les contraires discours des passions, se choquant dans un dialogue emporté, dont nul ne saurait prévoir l’issue, fatale ou miraculeuse. — Tannhœuser se dégage violemment des bras qui l’enserrent, s’éloigne de la Déesse, et dans une invocation de fiévreuse infélicité, il met son salut dans la Vierge Marie !

1211. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Pour montrer à quelle hauteur Wagner a porté l’art de la musique, il est nécessaire de considérer l’état de dégradation où il est tombé dans notre théâtre moderne. […] Quand nous aurons parlé du costume, que Wagner a considéré comme il doit l’être : exact, mais ne devant avoir que sa signification propre et concourant à l’ensemble, il nous restera à étudier le geste appliqué au chant et à la parole ; mais cette étude serait incompréhensible si on ne lui joignait la musique et le chant ; nous la traiterons donc dans le chapitre suivant.

1212. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Admirablement préparé à une telle œuvre par un long commerce avec la science et par ses travaux personnels sur la métamorphose des plantes, sur l’anatomie comparée, sur l’optique, Goethe ne cessait pas de songer à ce poème, qui est resté à l’état de fragment, mais qu’Alexandre de Humboldt considérait comme devant être une des plus puissantes créations de cette pensée souveraine dans toutes les régions de l’esprit. […] L’homme ne peut lier l’homme qu’au nom de l’intérêt, et le droit social, ainsi considéré, n’est que la règle des besoins.

1213. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

En tant qu’homme, il doit se considérer comme la couronne de la création, mais n’étant qu’un homme il est le plus grand des pécheurs. […] Finalement, voici la justification de ce que les critiques modernes du christianisme considèrent comme inexplicable, de ces luttes gigantesques pour des questions théologiques insignifiantes, engendrées par un seul mot, un seul geste : il s’agissait parfois de concessions de l’étendue d’un pouce.

1214. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Considérée dans le temps, elle est le progrès continu d’un être qui vieillit sans cesse : c’est dire qu’elle ne revient jamais en arrière, et ne se répète jamais. […] Considérons les principaux procédés par lesquels on l’obtient.

1215. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Il existe d’autres forces, telles que les affinités chimiques, que jusqu’ici la science avait paru considérer comme étant sui generis, irréductibles soit aux lois de la physique, soit à plus forte raison aux lois de la mécanique. […] Or, si l’instinct proprement dit peut être considéré comme un auxiliaire de la volonté dans l’accomplissement de la loi morale, il n’a jamais compté pour un véritable principe moral.

1216. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Au milieu de tant d’études où il se plongeait sans cesser d’être sociable, aimable et doux, on a remarqué qu’il ne donna jamais « dans la curiosité des mathématiques » ; on les considérait en effet, alors, comme une curiosité.

1217. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Il a remarqué aussi que, pour l’agriculture, ce qui a été considéré politiquement comme une des conquêtes de 1789, l’extrême division des propriétés, due à la loi des successions et au partage égal entre les enfants, a eu en certaines contrées des effets funestes pour la meilleure exploitation des terres, et peut-être pour la condition des petits propriétaires eux-mêmes.

1218. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Il ne considérait plus sa bonne et sa mauvaise fortune d’autrefois que comme des rêves dont il défendait le mieux qu’il pouvait son imagination, moins attristée encore qu’attendrie.

1219. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Je suis trop poëte moi-même (quoique je le sois bien peu) pour prétendre dire aucun mal de ce qui n’est qu’une conséquence, après tout, d’une sensibilité plus prompte et plus vive, d’une ambition plus vaste et plus noble que celle que nourrissent d’ordinaire les autres hommes ; mais, encore une fois, on ne se figure pas, même quand on a pu considérer les ambitions et les vanités politiques, ce que sont de près les littéraires.

1220. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Je ne le considère que par rapport à ses talents.

1221. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Nous parlons ici des intoxications prises comme matière à description et non considérées pomme excitants propres à fouetter le cerveau.

1222. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Un très petit nombre d’hommes se vouait, chez les anciens, à cette morale stoïcienne qui réprimait tous les mouvements du cœur : la philosophie des modernes, quoiqu’elle agisse plus sur l’esprit que sur le caractère, n’est qu’une manière de considérer tous les objets de la vie.

1223. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

En parlant de l’amour de la gloire, je ne l’ai considéré que dans sa plus parfaite sublimité ; alors qu’il naît du véritable talent, et n’aspire qu’à l’éclat de la renommée.

1224. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Les nobles, par un vieil instinct de fidélité militaire, se considèrent comme sa garde, et viendront jusqu’au 10 août se faire tuer pour lui dans son escalier ; il est leur général-né.

1225. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Au défaut, je fus longtemps à considérer la porte… Sans la nuit, on n’eût jamais pu m’arracher de cet endroit. » Son attachement pour Mme de La Sablière fut si délicat, qu’en vérité il payait tous les services.

1226. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Une fois qu’on aura arrêté les proportions de l’ouvrage qu’on se propose de faire, on passera à considérer les idées dont on a fait provision, pour mettre à part et retenir définitivement celles qui conviennent le mieux.

1227. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Il faut considérer le résultat.

1228. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Disons le mot ils me considèrent comme un monsieur malveillant.

1229. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Mais il n’en serait pas de même si l’on s’était servi d’images concrètes, si l’on avait, par exemple, considéré cette fonction comme un potentiel électrique ; on aurait pu croire légitime d’affirmer que l’équilibre électrostatique peut être atteint.

1230. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Un juif évhémériste, habitué à prendre les dieux étrangers pour des hommes divinisés ou pour des démons, devait considérer toutes ces représentations figurées comme des idoles.

1231. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Ainsi le « Souffle de Dieu », dont il est souvent question dans l’Ancien Testament, est considéré comme un être à part, l’« Esprit-Saint. » De même, la « Sagesse de Dieu », la « Parole de Dieu » deviennent des personnes existantes par elles-mêmes.

1232. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Jean en particulier était considéré comme étant de ce nombre 799.

1233. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Donnez à une femme le don de plaire, un peu d’amour, un grand respect d’elle-même affermi par l’ambition d’être considérée, et voilà une impératrice de Russie et une femme légitime du plus puissant roi de l’Europe.

1234. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Cependant le maréchal, pour toute réponse, fit le parlementaire prisonnier : quelques coups de canon tirés pendant cette espèce de négociation servirent de prétexte ; et, sans considérer les masses des ennemis et le petit nombre des siens, il ordonna l’attaque.

1235. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Sans doute, si l’on ne considère que le peu d’importance de l’ouvrage et de l’auteur dont il est ici question, la mesure ministérielle qui les frappe n’est pas grand’chose.

1236. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

On cite, pour garant de la vérité de ce fait, une famille considérée dans Paris, & qui l’a révélé.

1237. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Guizot ont été à plusieurs reprises l’objet des études de la Revue, à mesure que les différents volumes paraissaient ; mais aujourd’hui que l’ouvrage peut être considéré comme complet, au moins dans sa partie philosophique39, il sera intéressant de l’étudier dans son ensemble, et il devient plus facile d’en apprécier la portée.

1238. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Aussi les passions principales que touche Homère, sont-elles conformes à la durée de son poème et à la nature de l’homme, considéré comme lecteur ; c’est la joie, la curiosité et l’admiration, passions douces, qui peuvent attacher longtemps le cœur sans le fatiguer : au lieu que la terreur, l’indignation, la haine, la compassion, et quantité d’autres dont la vivacité peut épuiser l’âme, ne sont traitées dans l’Iliade qu’en passant, et toujours avec subordination aux passions modérées qu’on y voit régner.

1239. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Ils nous montrent comment des collections d’idées se rassemblent en une seule idée en se résumant sous un seul signe, comment la langue et la pensée marchent ainsi peu à peu vers des expressions plus abrégées et plus claires, comment la série immense de nos idées n’est qu’un système de transformations analogues à celles de l’algèbre, dans lequel quelques éléments très-simples, diversement combinés, suffisent pour produire tout le reste, et où l’esprit peut se mouvoir avec une facilité et une sûreté entières, dès qu’il a pris l’habitude de considérer les jugements comme des équations, et de substituer aux termes obscurs les valeurs qu’ils doivent représenter.

1240. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Il mettait un peu son honneur à faire respecter, considérer, aimer même en lui le poète par ceux-là qui étaient fermés à sa poésie. […] Ce que je considère ici c’est qu’elle explique et légitime l’œuvre : à l’avenir de connaître si l’œuvre la légitime et la consacre… Le goût de la mort, pour un artiste, c’est le goût des grandes lignes définitives, du passé, du révolu. […] Il fut poète comme Pascal fut homme, gardant toujours la nouveauté et l’angoisse de son état, sans se résoudre à le considérer comme une habitude et à l’exploiter comme une routine d’action. […] Il exalte en Verlaine une figure d’héroïsme : « Seul, ô plusieurs qui trouverions avec le dehors tel accommodement fastueux et avantageux, considérons que — seul, comme revient cet exemple par les siècles rarement, notre contemporain affronta, dans toute l’épouvante, l’état du chanteur et du rêveur. […] Ainsi la forme de son art il ne la considérait que comme un mouvement continuel, pas même préconçu dans une orbite, mais, sitôt sur des limites obscures une direction esquissée, passant, dans une « vertigineuse saute » d’arabesque, à une autre.

1241. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Il y avait, dans cette nouvelle manière de considérer les choses, je ne sais quoi de rêveur, comme l’espoir, et en même temps de désenchanté, comme l’expérience, qui tenait aux sentiments religieux de l’auteur et aux renversements auxquels il venait d’assister. […] Ce fut dans la profonde retraite où il se cacha, chez une bonne et sainte personne, qu’il commença l’Essai analytique, le Divorce considéré au dix-neuvième siècle, et enfin la Législation primitive qui ne fut publiée qu’en 1802. […] Le roi de Sardaigne, après une lutte de quatre ans contre la révolution, est en effet obligé de quitter ses États de terre ferme devant les Français, qui occupent Turin ; le comte de Maistre, considéré comme émigré depuis la réunion de la Savoie à la France, doit se hâter de chercher un asile. […] Pendant les cent-jours, M. de La Mennais était allé chercher un asile en Angleterre, pour ne reparaître en France qu’avec la seconde restauration, qu’il considérait comme un événement aussi heureux pour la religion que pour le pays. […] Le 4 octobre 1787, François-Pierre-Guillaume Guizot était né à Nîmes, d’un avocat distingué dans le barreau de cette ville, issu lui-même d’une famille protestante, considérée dans le pays.

1242. (1890) Dramaturges et romanciers

Il arrive vite à reconnaître que ce serait pure duperie que de prodiguer sa sensibilité ou sa générosité dans un monde qui considère ces qualités comme des qualités de luxe. […] Sibylle s’était habituée à diriger toutes ses pensées vers la religion, et à considérer toutes choses à la lumière de la foi, Alors s’était développé dans son cœur un sentiment qu’on prend quelquefois pour l’intolérance, et qui pourtant n’a rien de commun avec elle : je veux dire cette espèce de fierté défensive qui nous fait considérer, non pas nécessairement comme ennemis, mais comme étrangers, tous ceux qui ne pensent pas comme nous. […] Cherbuliez sur l’amour considéré comme principe et âme de l’art ne sont qu’une gracieuse traduction des fameuses idées de Platon sur l’amour, une application délicate de cette théorie générale à une des activités particulières du génie humain. […] Oui le cheval barbe était considéré par les Grecs comme le type accompli de la beauté chevaline, car c’est celui que sculpta Phidias et que décrivit Xénophon. […] Le charme de quelques amitiés de jeunesse aidant peut-être aussi, il se laissa enrôler dans les rangs de la coterie antiromantique, et pendant plusieurs années il fut considéré comme le lieutenant de M. 

1243. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Au milieu de ces misères morales, il s’écrie : « Ma naissance fut le premier de mes maux. » A ce compte, il dut considérer sa mort comme le premier bien qui lui échut. […] Un grand nombre des contemporains de Rousseau l’ont considéré comme leur maître. […] Toutefois elle lui a fait une place que, si petite qu’elle soit, il faut considérer. […] A ne considérer que l’intention affichée par l’auteur de René, cet écrit tendait à un but d’une haute moralité. […] Il publia aussi, en 1801, un volume intitulé : Du Sentiment, considéré dans la littérature et dans les arts.

1244. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Il nous semble donc que Shakspeare doit être considéré sous trois rapports : 1º. […] C’est sous le rapport du génie qu’il faut considérer les belles scènes isolées dans Shakspeare, et non sous le rapport de l’art dramatique. […] La seconde considère l’état ancien du ministère public en France. […] Le Père de Ligny avait donc sagement considéré son sujet, lorsqu’il s’est borné dans sa Vie de Jésus-Christ à une simple concordance des évangiles. […] Les générations qui naissent, désenchantées par l’expérience des générations qui les ont précédées, considèrent froidement leur carrière, et spéculent sans jouir.

1245. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Hanotaux, qu’il considérait comme « un jeune publiciste, plein d’avenir ». […] Leur dilettantisme, qu’ils avaient considéré d’abord comme un « état d’âme » tout à fait aristocratique, les accabla d’un insupportable malaise. […] Plus tard, il sera considéré comme un des représentants les plus illustres d’une race qui s’en va. […] Bien qu’il se flatte d’ignorer la philosophie, il pense, selon la doctrine d’Emmanuel Kant, que la personne humaine doit être considérée comme une fin, non comme un moyen. […] Doué comme il était d’une vive sensibilité, frémissant au contact de l’œuvre d’art, il considérait que cette œuvre est l’objet supérieur du critique et de l’historien.

1246. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Lazare Baïf, qu’on peut considérer comme étant un des premiers qui aient songé à faire revivre, sur la scène française, les tragédies des anciens, fut abbé, conseiller au Parlement, maître des requêtes, et enfin ambassadeur à Venise en 1538. […] Les Farces sont assez dans le goût du peuple français, ce sont elles qui, selon toute probabilité, peuvent être considérées comme ayant donné naissance au vaudeville. […] Cette troupe peut être considérée, en quelque sorte, comme formant la souche de celle de la Comédie-Française, bien que la fondation du Théâtre-Français tel qu’il est encore de nos jours, date du 21 octobre 1680, seulement sept ans après la mort de Molière. […] — Citation. — Millotet et son extravagante tragédie de Sainte-Reine (1660). — Quinault, considéré comme poëte tragique. — Notice sur cet auteur. — La Cour des Comptes. — Voltaire venge Quinault des satires de Boileau. — Nature de son talent […] A sept ans, on le fit entrer au collège de Périgueux, où il fut considéré comme un petit prodige ; et, en effet, il rimait déjà fort bien et corrigeait les vers médiocres de ses propres maîtres.

1247. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

On peut la considérer sous deux points de vûe généraux : l’une est ce genre d’étude à laquelle nous devons la restitution de la Littérature ancienne. […] Le second point de vûe de la critique, est de la considérer comme un examen éclairé & un jugement équitable des productions humaines. […] L’églogue en changeant d’objet, peut changer aussi de genre ; on ne l’a considérée jusqu’ici que comme le tableau d’une condition digne d’envie, ne pourroit-elle pas être aussi la peinture d’un état digne de pitié ? […] Considéré comme symbole, ce genre de fiction a sa justesse & sa vraissemblance ; mais il a aussi ses difficultés, & l’imagination n’y est pas affranchie des regles des proportions & de l’ensemble, toûjours prises dans la nature. […] On peut considérer les grands ou par rapport aux moeurs de la société, ou par rapport à la constitution politique.

1248. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

» je devinais bien que je ne pouvais considérer cet homme comme mon ennemi. […] La malade me considéra quelques temps ; puis elle ramena ses yeux sur sa poitrine, sur ses bras. […] Il est en relations d’amitié et d’intimité avec des gouvernements que le roi considère comme ses ennemis. […] C’est ce dédain qu’il faut lui reprocher, car chemin faisant il cause de cruelles blessures, dévoilant l’intimité de ceux qu’il considère comme l’ennemi, quand il y trouve le profit pour sa cause ou l’appoint pour compléter un argument. […] Il faut le considérer dans la rue, au cours d’une des promenades dans Paris, où il met en pratique les conseils hygiéniques de ses Préfaces.

1249. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Parce qu’il sait bien « qu’en France on ne considère que ce qui plaît », que « c’est la grande règle et même la seule » pour ainsi dire, il s’est donc bien gardé d’y manquer ! […] 2º La Seconde Époque du théâtre Français. — Qu’Alexandre Hardy peut être considéré comme un de ces « irréguliers » ou de ces « attardés » qui continuent les mœurs littéraires de l’âge précédent. — Le « comédien de campagne » au commencement du xviie  siècle [Cf.  […] III ; — Gory, Les Pensées de Pascal considérées comme apologie du christianisme, Paris, 1883 ; — Édouard Droz, Étude sur le scepticisme de Pascal, Paris, 1886 ; — Sully Prudhomme, « La philosophie de Pascal », dans la Revue des Deux Mondes, juillet et novembre 1890. […] — Considérons en ce cas qu’il nous suffit d’y croire pour être aussi bons que nous le puissions être parmi les hommes ; — que ces dogmes ont d’ailleurs été figurés par l’ancienne loi, — annoncés par les prophètes, — confirmés par les miracles ; — et qu’enfin, à défaut de notre raison, nous y pouvons toujours incliner nos volontés. […] Gory, Les Pensées de Pascal considérées comme apologie du christianisme, Paris, 1883.] — De quelques faits nouveaux dont l’apologétique doit aujourd’hui tenir compte ; — et, à ce propos, de la science des religions comparées. — D’une confirmation singulière apportée à l’apologétique de Pascal par le pessimisme de Schopenhauer ; — et par la doctrine de l’évolution [Cf. 

1250. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

VI Le chansonnier devenait de plus en plus un poète politique ; c’est sous ce rapport seulement que nous le considérons ici. […] Ce genre de littérature, quand on s’y livre, a l’inconvénient de ne faire considérer les choses et les hommes que du côté ridicule, et, par conséquent, de rabaisser, de ravaler, de fausser l’esprit, comme de dégrader la langue. […] Car il ne faut pas croire qu’il n’y eût un coin de scepticisme, de découragement triste, de laisser-faire et de laisser-aller dans cette belle âme, quand il considérait le monde en masse dans ses éternelles aspirations et dans ses éternelles rechutes.

1251. (1891) Esquisses contemporaines

Il considère l’ensemble des facultés de chaque écrivain comme un être organique, vivant de sa vie propre, toujours en lutte et toujours en action, se formant et se déformant sans cesse selon des lois certaines et immuables. […] Je ne considère pas même la vie personnelle de l’homme. […] Il est inévitable que le pécheur, placé sous l’influence de son péché, le sente comme absolu et irrévocable, c’est-à-dire comme péché, et il serait contradictoire qu’il put le considérer comme condition de son développement, parce qu’alors il ne le sentirait plus comme péché. […] N’est-il pas inouï d’entendre Scherer proclamer « qu’il serait contradictoire que le pécheur put considérer sa faute comme une condition de son développement », et de le voir persister néanmoins à la lui présenter comme telle ! […] Mais il importe à notre objet et au dessein apologétique que nous nous sommes proposé de considérer les effets ultérieurs de cette évolution, et de constater que les mêmes causes qui ont éloigné Scherer de la certitude chrétienne sont encore celles qui l’éloigneront de toute certitude quelconque.

1252. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Il ne pourra rien considérer sans être tenu d’en tirer une grande image, une comparaison inouïe, une idée vaste, ce qui lui sera facile. […] Il est vrai que cette facilité du roman me diminuait singulièrement nos grands hommes, et que pour conserver mon admiration à leur endroit, je me voyais forcé de ne plus asseoir leur mérite que sur des qualités de style, d’effet et de flafla que j’avais bien de la peine à ne pas considérer comme secondaires ; mais hélas ! […] Je ne m’en serais jamais douté ; et quand je considère ce sillage lumineux, cette traînée d’étincelles qu’elle a fait jaillir depuis sa première et véritable incarnation en France, depuis Villon jusqu’à Béranger, je me demande comment Marot, Régnier, La Fontaine, Molière, Parny, Voltaire et toi, Pouyadoux ! […] Fleury a employé, dans cet article, une tactique si habile, qu’elle n’est pas tout à fait aussi honnête qu’elle aurait dû l’être de la part d’un écrivain considéré jusqu’ici, à juste titre, comme un critique sérieux. […] C’était un homme avide qui a voulu tout saisir, et pouvoir dire j’ai touché à tout ; on peut considérer cela comme une faiblesse, mais que de richesses données à entrevoir aux autres !

1253. (1932) Les idées politiques de la France

Les idées politiques de gauche l’emportent assez régulièrement aux élections, mais, si l’on considère le nombre des voix, nullement de façon massive. […] Les raisons, pour la France, en paraîtront différentes, selon que l’on considérera le libéralisme dans l’un ou l’autre des trois domaines où il avait pris autrefois position : religieux, politique, économique. […] Formule anglaise, en somme, celle que l’ancien opportunisme avait toujours considérée comme souhaitable, mais qu’il n’avait pas appliquée : le programme du parti avancé réalisé, le moment opportun venu, par le parti conservateur. […] Il est exclu qu’on la considère comme une force propre de renouvellement, comme le mouvement de cette humanité qui « ne vit pas d’une idée », et qu’à ce titre, on lui confère une fonction et on lui réserve un rôle. […] Simplement, elle considère les idées politiques, les courants politiques, comme des objets, qui sont donnés dans la vie politique et par la vie politique d’un pays.

1254. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Enfin à la considérer comme pure pièce d’horlogerie, elle marquait l’heure juste et allait d’accord avec tous les cadrans officiels de la ville. […] J’y trouve peu de matières à restrictions et je le considère comme un livre fait pour rester non loin des chefs-d’œuvre de Sainte-Beuve et à côté, sinon au-dessus, des meilleurs ouvrages contemporains de cette catégorie. […] m’écriai-je alors dans un épilogue que je fus quelque temps encore à considérer comme la crème de l’esthétique. […] 9 Mais une certaine régularité, une beauté manquant peut-être un peu de variété en son langage pure et facile, pourrait, quoique bien injustement, être considérée parfois comme monotone ; je vais donc m’efforcer de justifier ma profonde conviction quant à la fausseté d’une semblable accusation. […] Nous disons « langueur », car, bien que ces mœurs aient été celles des Grecs et des Romains, elles furent toujours considérées par leurs écrivains comme une exception, nous voulons le répéter.

1255. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Toujours est-il que si, sur les lieux, on considère de près, avec quelque attention, la physionomie générale et les produits beaucoup plus multipliés qu’on ne peut croire de la littérature courante, on reconnaît combien Genève, en tout ce qui est poétique, romanesque et purement littéraire, reste au-dessous, depuis cinquante ans, de son voisin le canton de Vaud, qui, avec bien moins d’importance et d’illustration, et sous un air de rusticité, a beaucoup plus le goût de ces sortes de choses. […] On ne saurait croire, hors de Paris, combien nous sommes sensibles, au delà de tout, aux plus légers manques de distinction à l’extrême surface, et c’est aussi la seule raison (si raison il y a) qui m’empêchera d’oser considérer comme chef-d’œuvre l’Héritage, dont l’idée est très-heureuse, et l’exécution souvent fine et toujours franche.

1256. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Considéré par Philippe le Hardi, en rébellion déclarée contre Philippe le Bel, que ses mesures fiscales avaient rendu odieux à la noblesse, il se rapprocha de Louis le Hutin, et ce fut à la prière de la reine, femme de ce prince, qu’il dicta ses mémoires, étant plus que nonagénaire. […] « Je considérai, dit-il, que nulle espérance n’estoit, que aucuns faits d’armes se tissent es parties de Picardie et de Flandre, puisque paix y estoit. » Mais ne voulant pas être « oyseux », et se trouvant encore « sain de corps et de mémoire », il va trouver messire Gaston comte de Foix et de Bearn, pour savoir de lui « la vérité de lointaines besognes. » Chemin faisant, il rencontre un chevalier qui lui raconte des histoires de ce pays.

1257. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

On ne considère ici Port-Royal que comme une compagnie où, parmi les occupations de piété, on donnait du temps aux études profanes et aux lettres, et où l’on rédigeait en commun de très bons écrits. […] Vaugelas se considérait comme un simple témoin du grand travail de la langue.

1258. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

La conséquence d’une telle manière de voir, c’est que le riche n’est pas très considéré ; on estime beaucoup plus l’homme qui se consacre au bien public ou qui représente l’esprit du pays. […] celui-là est un homme considéré, bien établi dans le monde, presque un député, susceptible au moins de l’être.

1259. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Ainsi considérée, on peut voir dans chacune de ses notes le monde entier que les fakirs trouvent toujours dans la contemplation de leur nombril ; l’admiration qu’on a pour Wagner, et qu’on lui doit, ne peut pas être le monopole de quelques vieilles dames empaillées et de quelques jeunes gens aux sens déviés, minés par la névrose ; Wagner nous appartient à tous et sa gloire est indépendante des nôtres ; l’Art français doit bénéficier de ses progrès en les appropriant à son génie national, sans emprunt, sans imitations. […] Certes, je hais les Prussiens, je hais Wagner qui nous a si bêtement insultés, au milieu de nos défaites — le coup de pied de l’âne — et je considérerais toujours comme une honte la représentation sur une scène française, d’une œuvre de cet homme.

1260. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

La jalousie amoureuse que les romanciers et autres semblables psychologues, considèrent aussi inhérente à l’homme que la circulation du sang, n’est apparue dans l’humanité qu’avec la propriété collective familiale, pour se développer et s’exagérer avec la propriété privée : les femmes et les hommes des tribus communistes l’ignorent. […] Mme de Staël, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales.

1261. (1914) Boulevard et coulisses

Examinons-la sous les deux aspects qu’elle présente suivant qu’on la considère du côté du public ou du côté de l’écrivain. […] mais, socialement, ce sont de grands ingrats, car ils leur doivent, du moins en France, d’être respectés et admis, de n’être point considérés comme des vagabonds, et d’avoir parfois des militaires à leur enterrement.

1262. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

J’espére qu’on ne désappro vera point des comparaisons où j’ai considéré les talens en eux-mêmes, & indépendamment de l’usage qu’on en fait ; usage d’autant plus blâmable, lorsqu’il est mauvais, que les talens sont plus grands.” […] L’auteur de ce livre est le Pere Hyacinthe de Montargon, Augustin de la place des Victoires, Religieux considéré dans son Ordre, estimé dans le monde, Prédicateur connu, qui après avoir prêché à la Cour avec succès, n’a pas dédaigné d’écrire pour les habitans de la campagne.

1263. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Enfin le dernier mot de l’école de la sensation sur la question des rapports du physique et du moral se trouve dans l’ouvrage de Cabanis consacré à montrer surtout que le moral chez l’homme n’est encore que le physique considéré sous un certain aspect : la pensée n’est qu’une sécrétion du cerveau. […] Alexandre Bain : leçon sur la corrélation des forces considérée dans son application à la pensée, dans la Revue des Cours littéraires, n° 46, 1869.

1264. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il appartient, ainsi que la plupart des grammairiens philosophes de son temps, à cette école qui considérait avant tout une langue en elle-même et d’une manière absolue, comme étant et devant être l’expression logique et raisonnable d’une idée et d’un jugement ; il la dépouillait volontiers de ses autres qualités sensibles ; il ne l’envisageait pas assez comme une végétation lente, une production historique composée, résultant de mille accidents fortuits et du génie persistant d’une race, et qui a eu souvent, à travers les âges, plus d’une récolte et d’une riche saison ; il ne remontait point à la souche antique, et ne se représentait point les divers rameaux nés d’une racine plus ou moins commune.

1265. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Les Vénitiens, jaloux des Pisans, voulaient reconquérir à Constantinople une influence qui depuis quelque temps n’était plus sans partage : Henri Dandolo fut toujours considéré par les Grecs comme le plus habile instigateur de cette conquête et l’auteur de tous leurs maux.

1266. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

L’explication que lui donna Montluc, si elle se trouvait dans une histoire ancienne, serait célèbre, et nous la saurions dès l’enfance : Alors, je lui répondis (au roi) que c’était une chose que j’avais trouvée facile ; et comme je le vis affectionné à la vouloir entendre, connaissant qu’il prenait plaisir d’en ouïr conter, je lui dis que je m’en étais allé un samedi au marché, et qu’en présence de tout le monde j’avais acheté un sac et une petite corde pour lier la bouche d’icelui, ensemble un fagot, ayant pris et chargé tout cela sur le col à la vue d’un chacun ; et comme je fus à ma chambre, je demandai du feu pour allumer le fagot, et après je pris le sac, et là j’y mis dedans toute mon ambition, toute mon avarice, mes haines particulières, ma paillardise, ma gourmandise, ma paresse, ma partialité, mon envie et mes particularités, et toutes mes humeurs de Gascogne, bref tout ce que je pus penser qui me pourrait nuire, à considérer tout ce qu’il me fallait faire pour son service ; puis après je liai fort la bouche du sac avec la corde, afin que rien n’en sortît, et mis tout cela dans le feu ; et alors je me trouvai net de toutes choses qui me pouvaient empêcher en tout ce qu’il fallait que je fisse pour le service de Sa Majesté.

1267. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Nos filles ont été trop considérées, trop caressées, trop ménagées : il faut les oublier dans leurs classes, leur faire garder le règlement de la journée… Il faut encore défaire nos filles de ce tour d’esprit railleur que je leur ai donné, et que je connais présentement très opposé à la simplicité ; c’est un raffinement de l’orgueil qui dit par ce tour de raillerie ce qu’il n’oserait dire sérieusement… Et elle ajoute par un aveu vrai et qui n’a rien d’une fausse humilité : « Que vos filles ne se croient pas mal avec moi, cela ne ferait que les affliger et les décourager ; en vérité, ce n’est point elles qui ont tort. » À partir de ce moment, on entre dans un second effort plus obscur, moins attrayant, et qui même, dans le détail un peu abstrait où nous le voyons de loin, peut sembler décidément austère ; mais Mme de Maintenon, à la bien juger, y paraît de plus en plus méritante et digne de respect et d’estime.

1268. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

» s’écrie-t-il ; mais il le considère comme perdu dès le jour où il est entré à l’Académie.

1269. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il considérait, en effet, ces morceaux comme des jeux d’esprit, ou du moins des exercices de rhétorique dans lesquels le jeune auteur avait essayé de se former et de se rompre aux divers styles, et il en parlait ainsi d’un air de certitude et comme le tenant de bonne source.

1270. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

. — « Mon père, dit Adolphe parlant de certaines liaisons, les regardait comme des amusements, sinon permis, du moins excusables, et considérait le mariage seul sous un rapport sérieux. » — La note perpétuelle d’Adolphe est une note sourde, intérieure : « Je m’agitais intérieurement. — Je me débattais intérieurement.

1271. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Ballanche, y disait-on, est l’homme le plus avancé de l’Abbaye-au-Bois. » Il n’en doutait pas lui-même, et se considérait comme ayant sa destinée particulière et grandiose, toute une mission d’initiateur à remplir.

1272. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Duvergier de Hauranne (1er septembre 1856), il a du reste exposé sa méthode de composer, de considérer et d’écrire.

1273. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Son père, fort considéré en Bresse, de bonne et honnête race bourgeoise, avait abondé dans le sens du mouvement de 89 et avait été l’un des principaux rédacteurs du cahier de la ville de Pont-de-Vaux : avec cela, homme de principes religieux et bon chrétien.

1274. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

On se prend à regretter, quand on considère le terme fatal et si prochain de sa destinée, que le brillant général n’ait pas été compris dans ce glorieux exil et dérobé par là aux intrigues de l’intérieur.

1275. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

C’est beaucoup ; c’est peu pourtant, si l’on considère la diversité des génies et l’infinité des formes que peut revêtir la nature des talents.

1276. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

C’est là le plus grand malheur qui puisse arriver au talent ; mais cependant la littérature dans son ensemble y gagnera… » Le bon Eckermann avait quelque peine pourtant à se figurer comment ce qui nuisait à chaque talent, considéré en particulier, pouvait servir à la littérature en général, et il demandait des explications.

1277. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Non content d’écrire à Louvois pour réclamer des mesures de rigueur, et avant même d’avoir la réponse, Foucault s’adresse au Père de La Chaise pour lui suggérer d’autre part des moyens auxiliaires plus doux ; il propose non plus ici des cavaliers et des dragons, mais d’autoriser une conférence, par exemple, où les points controversés soient agités, disant que les ministres et les principaux religionnaires de ces contrées ne cherchaient qu’une porte honnête pour rentrer dans l’Église : « Ceux, ajoute-t-il, qui sont les plus considérés et les plus accrédités dans le parti m’ont assuré que c’était la seule voie qui pût faire réussir le grand projet des conversions ; que celles de rigueur, de privation des emplois, les pensions et les grâces seraient inutiles. » Dans un voyage qu’il fait à Paris, il en parle également au chancelier Le Tellier, lequel a d’ailleurs peu de goût pour Foucault, et qui ferme l’oreille à sa proposition : « Il la rejeta absolument, disant qu’une pareille assemblée aurait le même succès que le Colloque de Poissy ; que le pape trouverait mauvais que l’on fît une pareille conférence sans sa participation, et me défendit d’en parler au roi.

1278. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Il renouvelle à son tour ce grand effort, dans des conditions particulières, bien moins avantageuses à ne considérer que les sources, la matière et l’intérêt, et cependant avec une intention et une prétention plus marquée, plus formelle, de tout restaurer du passé.

1279. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Dire comme un de nos jeunes et spirituels critiques très au fait de l’Antiquité84 que Térence n’a que du talent tandis que Ménandre avait du génie, c’est sans doute marquer les degrés probables et faire la part de l’invention ; mais n’est-il pas juste aussi de considérer que, dans ce naufrage de l’Antiquité (j’y reviens toujours), une équité indulgente doit tenir compte à ceux qui ont survécu de ce qui a disparu à côté d’eux, derrière eux ?

1280. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Les vicissitudes de sa captivité nous mèneraient trop loin, à les raconter en détail ; il passa successivement au service de trois maîtres et se fit considérer en même temps que redouter d’eux par les tentatives réitérées et pleines de hardiesse qu’il fit pour recouvrer sa liberté et la procurer à ses compagnons de chaîne.

1281. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Les Saxons envisageaient d’un mauvais œil ce grand-duché érigé par Napoléon, et ils se montraient jaloux de tout ce que leur roi croyait devoir faire de ce côté : toute attention et faveur accordée aux Polonais était considérée comme un larcin fait à eux-mêmes.

1282. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Or on sait aujourd’hui positivement, par les papiers mêmes et les notes de Rœderer, qu’il n’en était rien, qu’il considérait M. 

1283. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

On parle toujours de corruption à propos du xviiie  siècle : cette corruption, ce semble, la voilà bien, nous la touchons ici du doigt dans un exemple qui n’a, d’ailleurs, rien de personnellement odieux et qui peut se considérer sans trop de dégoût.

1284. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

A la manière dont le corps de bataille m’apparaît rangé et comme en si bel ordre après la lutte, il est évident que je ne considère point la bataille elle-même comme perdue.

1285. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

On peut considérer même que le moment présent et propice était tout trouvé.

1286. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

La Fontaine Si l’on veut se rendre compte des restrictions que comporte la théorie des milieux, de l’effrayant inconnu que nulle détermination scientifique des œuvres littéraires ne peut réduire, il ne faut que considérer les deux plus purs poètes de notre xviie  siècle : La Fontaine et Racine.

1287. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Nous devons enfin considérer comme circonstance favorable la chute de l’empire qui, fermant brusquement la réalité aux activités inquiètes et aux ambitions énormes, les dériva vers le rêve et l’exercice de l’imagination.

1288. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Les autres, épris du geste, vont plus « de l’avant », même un peu trop, et, si l’on devait à l’instar des anciens considérer la génération contemporaine comme une École, ce schisme très réel en serait le défaut.

1289. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

. — Cette thèse éducative s’appuie sur la théorie psychologique de la volonté considérée comme étant essentiellement un pouvoir frénateur. — D’après le Dr Toulouse, le but de l’éducation serait de refréner les instincts, d’inhiber les réactions qui ne s’harmoniseraient pas avec le milieu.

1290. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

L’Église se méfie des poètes, qu’elle considère comme des insurgés.

1291. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

V Il nous reste à considérer les cas où une pluralité d’anneaux ou liens concourt à raviver quelque pensée ou état mental antérieur.

1292. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

« Madame de Richelieu a reçu des lettres du roi si excessivement tendres et obligeantes, qu’elle doit être plus que payée de tout ce qu’elle a fait. » Le roi, dont l’amour s’était ranimé par l’absence, par la contradiction et par l’ivresse d’une campagne glorieuse, était bien aise que sa maîtresse fut toujours considérée à la cour, et l’entrée en grâce près de la reine.

1293. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Elle « peut être considérée comme une fonction première de notre intelligence et signifie, en quelque sorte, notre effort même vers la généralisation abstraite, qui est le moyen et l’objet de tout savoir ».

1294. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Il en est que nous avons avilis par le préjugé le plus injuste ; il en est que nous ne considérons pas assez, et le métier de traducteur est de ce nombre.

1295. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Après que l’associationisme anglais l’eut considérée du dehors, une analyse plus serrée s’est efforcée de la pénétrer dans sa chimie intime ; la théorie la plus neuve de la psychologie de James, celle de l’émotion, est une théorie de la cristallisation psychologique ; M. 

1296. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Ni Jacques et Lélia de George Sand, ni Claude Frollo et Ruy Blas 1 de Victor Hugo, ni Franck et Rolla d’Alfred de Musset, ne peuvent être considérés comme des types. […] Ses créations, prises dans leur généralité et considérées dans leur essence, sont tout aussi exceptionnelles et tout aussi fausses que celles des grands poètes du dix-septième siècle ; seulement, l’atmosphère où elles baignent s’est épurée et élargie, le cercle où elles se meuvent s’est agrandi ; on sent qu’une grande révolution sociale a soufflé là-dessus. […] Weill attribue cette glorieuse ligne d’ascendants ; mais comme il emploie la moitié de sa brochure à faire le procès à ses confrères, les accusant d’être sortis de leur véritable voie, et qu’il se considère, lui seul, comme resté fidèle à sa mission, c’est bien à lui, en réalité, que revient tout l’honneur de cette illustre origine. […] On conçoit tout ce qu’a d’innocent et de puéril cette petite guerre faite, dans un style plus mesuré que chevaleresque, à coups de vulgaires histoires et de contes inoffensifs. — À ne considérer que cette face de son talent, M.  […] « Attendu que la loi qualifie de diffamation toute allégation ou imputation d’un fait de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne à laquelle il est imputé ; » Attendu que si, dans un article publié dans le numéro du journal le Figaro du 20 mars 1856, et dans lequel il est question de toutes les actrices de la Comédie-Française, Louis Goudall s’est exprimé sur le compte de la demoiselle Brohan d’une façon à éveiller la susceptibilité de celle-ci, cependant cet article ne contient qu’une sorte de revue, qu’une appréciation hypothétique et plus ou moins épigrammatique du genre de beauté des personnes auxquelles il s’applique, et qu’on ne saurait y voir, en ce qui touche Augustine Brohan, l’imputation d’un fait de nature à porter atteinte à son honneur ou à sa considération ; » Attendu que la forme légère et paradoxale de l’article, envisagé dans son ensemble, que la nature même du journal dans lequel il a été inséré contribuent encore, par leur peu de gravité, à enlever aux expressions dont Goudall s’est servi le caractère, la volonté et l’intention de nuire, que le législateur a voulu atteindre et punir ; » Attendu que, dans ces circonstances, l’article incriminé, bien que blâmable dans sa forme et regrettable au point de vue des convenances et du bon goût, ne peut cependant être considéré comme contenant le délit de diffamation ; » Par ces motifs, renvoie Jouvin et Goudall des fins de la plainte ; » Condamne Augustine Brohan, aux dépens. » 7.

1297. (1888) Poètes et romanciers

Tel de ces poèmes qui, considéré isolément, pouvait offrir quelques exagérations de tendance, trouve son correctif et son complément dans un autre poème. […] Avant d’aborder les idées qui sont la substance philosophique du livre, et de suivre le poète haletant à travers les abîmes et les fondrières, nous voudrions nous arrêter un instant à considérer chez M.  […] Hugo a du reste deux façons très différentes de considérer la nature. […] Il y a peu d’existences plus sobres et plus tempérantes que ne l’a été celle de Béranger, sous tous les rapports où on la considère. […] L’homme ne peut lier l’homme qu’au nom de l’intérêt, et le droit social, ainsi considéré, n’est que la règle des besoins.

1298. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

… » N’avez-vous jamais considéré avec un peu de mélancolie, dans les gares, cette bibliothèque des chemins de fer, laquelle, à l’en croire, réunit les chefs-d’œuvre de la littérature contemporaine ? […] Les uns et les autres se considèrent comme investis d’un indéfectible sacerdoce : ils sont les ordonnateurs des fêtes sacrées de la Vérité et de la juste Joie. […] Il sait ce qui lui manque et peut-être considère-t-il son œuvre magnifique ainsi que les assises de réalité de l’œuvre d’art de l’avenir, de l’œuvre de rêve ! […] Ils troublent son agonie qui voudrait s’endormir dans un chuchotement de vieilles femmes… Je considère avec étonnement la fécondité d’invectives de M.  […] Qui paye veut être considéré, obéi, servi.

1299. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

La vertu considérée dans les poètes épiques, comme le principe de leur génie. […] Sa fable, considérée abstractivement, surpasse en hauteur, en majesté, celle de l’Iliade même. […] Rien n’est plus curieux et ne prémunit davantage contre les caprices de son goût arbitraire, que de considérer toute l’éloquence qu’il déploie contre ses erreurs, après les avoir présentées comme des lois incontestables. […] Considérons avant de quelle façon Homère a manié ce merveilleux et le tour que lui donne sa vigueur originale : il a besoin de retirer Achille de son repos, et de le mener pour la première fois au combat. […] Les qualités du merveilleux chimérique étant bien examinées à l’égard des personnages agissants, considérons-le relativement aux choses inanimées, aux lieux, et aux temps.

1300. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

La chanson, avant Béranger, n’était pas considérée comme une œuvre littéraire. […] Les œuvres de Béranger, qui, depuis trente-cinq ans, enchaînent l’admiration de la multitude et forcent la critique au silence, doivent être considérées comme une protestation éloquente, une protestation victorieuse contre la dépravation du goût public. […] Sans vouloir même insister sur l’étrange mobilité des principes d’après lesquels l’auteur juge les hommes et les choses, si toutefois il est permis d’appeler principes des idées qui se dérobent à l’analyse, au nom desquelles M. de Lamartine condamne et amnistie tour à tour toutes les causes, à ne considérer que sa méthode, je me demande par quel côté ce livre appartient à l’histoire. […] Le savoir acquis par l’étude ou par la pratique de la vie étant considéré comme un capital, il faut l’exploiter comme un champ, comme une forêt, et en tirer, sinon un revenu régulier, car les champs et les forêts mêmes n’offrent pas cet avantage, du moins un revenu moyen, qui donne au savant, au poète, une vie douce et facile. […] Hugo considère le doute comme un des plus grands malheurs infligés à l’humanité ; nous partagerons volontiers son avis, pourvu toutefois qu’il consente à distinguer le doute scientifique du doute appliqué aux affections dont nous avons besoin.

1301. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Pour ne la considérer, un instant, qu’au point de vue de la conception et de la disposition dramatique, voyons ce que de la pièce d’Euripide Racine a retranché, et voyons ce qu’à la pièce d’Euripide il a ajouté. […] Que celui qui, en colère, n’a pas été idiot pendant cinquante minutes lève la main. — Nous sommes trop habitués, depuis que nos pièces de théâtre durent plusieurs jours, à considérer une pièce classique comme durant plusieurs jours. […] C’est bête, j’en conviens avec vous ; mais, tout bien considéré, cette grande précieuse est, dans sa bêtise, conséquente avec elle-même. […] Toutefois, quelque place qu’elle occupe dans la comédie et dans le cœur de l’homme aux rubans verts, ce serait une erreur, à mon sens, de considérer l’aventure de cette affection comme l’intrigue essentielle de la pièce. […] Je n’ai voulu ici que tracer la ligne de l’histoire des théâtres du Boulevard, considérés comme précurseurs du théâtre romantique et y aboutissant.

1302. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Entre plusieurs moyens qu’il y a de la décider selon les cas, il n’en est guère de plus loyal, ni de plus sûr que de considérer la nature, l’étendue, la profondeur enfin de l’influence exercée. […] Quelques-grands écrivains, j’y consens, — Voltaire ou Bourdaloue, dont nous parlions tout à l’heure, — peuvent bien être considérés comme l’expression de leur race ou de leur temps, quoique, si leur individualité n’a rien de très singulier, cependant elle soit déjà rare. […] Et qui sait, à considérer les choses d’un peu haut, si ce ne serait pas ici, précisément, la secrète raison de leur hostilité ? […] Tragique ou comique, selon l’aspect sous lequel on la considère, la vie est rarement à la fois l’un et l’autre. […] À peine la considérait-on comme un cadre qui devait diminuer et disparaître de lui-même dès que l’homme y prenait place.

1303. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Considérons, non plus une coquinerie, mais une mésaventure : une coquinerie révolte, une mésaventure peut amuser. […] Pour se divertir des passions humaines, il faut les considérer en curieux, comme des marionnettes changeantes, ou en savant, comme des rouages réglés, ou en artiste, comme des ressorts puissants. […] Nous le pouvons en ce moment ; nous venons d’étudier un esprit, Thackeray lui-même ; nous avons considéré ses facultés, leurs liaisons, leurs suites, leur degré ; nous avons sous les yeux un exemplaire de la nature humaine.

1304. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Ses compagnons eux-mêmes en étaient éblouis à le considérer si éclatant de grâces, et le fils d’Ampicus (Mopsus) se réjouissait grandement de ce voyage dont il présageait d’avance le résultat. » Mais, au moment où Mopsus embrassait en idée tant de choses, il en était une, et la plus simple de toutes, dont il ne s’avisait pas : ces sortes d’inadvertances sont l’ordinaire, comme on sait, des devins et des astrologues : « Il y a dans la plaine, le long de la route et non loin du temple, un certain peuplier noir orné d’une chevelure de feuilles infinies, sur lequel aiment à s’assembler les corneilles babillardes. […] Jason ne paraît pas très-loin de cet avis, et il la considère trop visiblement désormais comme un embarras.

1305. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Lui en effet, si l’on considère sa tournure métaphysique, il n’était pas, comme M. de Biran, la volonté même, dans sa persistance et son unité progressive ; il était surtout l’idée. […] Gay-Lussac et Thénard, et plus hardiment qu’eux, à considérer le chlore (alors appelé acide muriatique oxygéné) comme un corps simple.

1306. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Considérons la première, le gouvernement local. […] J’ai vu de mon temps cette habitude cesser partout et à bon droit… Les seigneurs ne leur sont plus bons à rien ; il est tout simple qu’ils en soient oubliés comme ils les oublient… Personne ne connaissant plus le seigneur dans ses terres, tout le monde le pille, et c’est bien fait52. » Partout, sauf en des coins écartés, l’affection, l’union des deux classes a disparu ; le berger s’est séparé du troupeau, et les pasteurs du peuple ont fini par être considérés comme ses parasites.

1307. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Simple artisan, ou plutôt artiste, mais artiste d’un talent bien inférieur aux grands statuaires de son temps à Athènes, il sculptait dans son atelier à peine autant qu’il était nécessaire pour nourrir sa femme et ses enfants ; sans cesse distrait du ciseau par la pensée, ouvrant sa porte à tout le monde, interrompant son travail pour répondre aux questions qu’on lui adressait sur toutes choses, courant ensuite de porte en porte et accostant lui-même les passants pour leur parler des choses divines, consumé du zèle de la vérité, missionnaire des foules, semant le bon grain à tout vent de la rue ou de la place publique : homme qu’on aurait considéré comme un fou, s’il n’avait pas été un modèle de toute vertu et un oracle de toute sagesse. […] « Tout homme qui a choisi un poste parce qu’il l’a cru le plus honnête, ou qui y a été placé par son chef, doit, selon moi, y demeurer ferme, et ne considérer autre chose que le devoir.

1308. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Dans tous les codes des lois, le bannissement perpétuel est considéré comme une des peines les plus sévères ; et le caprice d’un homme inflige en France, en se jouant, ce que des juges consciencieux n’imposent qu’à regret aux criminels ! […] De beaux vers ne sont pas de la poésie ; l’inspiration dans les arts est une source inépuisable qui vivifie depuis la première parole jusqu’à la dernière : amour, patrie, croyance, tout doit être divinisé dans l’ode, c’est l’apothéose du sentiment ; il faut, pour concevoir la vraie grandeur de la poésie lyrique, errer par la rêverie dans les régions éthérées, oublier le bruit de la terre en écoutant l’harmonie céleste, et considérer l’univers entier comme un symbole des émotions de l’âme.

1309. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

. — Si les traits de la littérature changent ainsi selon que la vie politique est intense ou languissante, selon que le gouvernement est fort ou faible, il n’importe pas moins de considérer à quelle classe appartient le pouvoir. […] Nos précepteurs ressemblaient à des hérauts d’armes, nos salles d’études à des casernes, nos récréations à des manœuvres et nos examens à des revues. » A considérer sous une autre face cette prédominance des préoccupations belliqueuses, guerre et centralisation sont deux termes corrélatifs.

1310. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

II Un jour, à Bayreuth, sortant d’une représentation du premier acte de Tristan et Isolde et gravissant avec un ami la montée au-dessus du théâtre, plus spécialement que de coutume poignés l’un et l’autre du spectacle qui venait de se clore, et silencieux, je considérais les champs environnants et un paysan laboureur qui à ce moment traversait la route, conduisant un couple de bœufs et tranquille d’indifférence ; la placide nature de ces champs et le plus placide passage de ce paysan laboureur faisait aux passionnements du drame récent une antithèse, et, comme à un nouveau drame, je fus ému… Etait-ce donc de l’art, la réalité de cette nature, autant que la fiction de ce drame ? […] Wagner y considère que, la religion déclinant, «  il échoit à l’art de sauver le cœur même de la religion  ».

1311. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Et on pourrait aussi bien dire : — Toute sensation, considérée attentivement, a une extensivité plus ou moins vague ; or l’intensité n’a pas d’extensivité : donc elle n’est pas perçue. […] Une fois accordé que nous avons un sentiment spécifique de transition causé par le mouvement, soit par celui de nos membres, soit par celui de nos yeux, soit surtout par celui des objets que voient nos yeux, il ne reste plus qu’à considérer dans son ensemble une série de sentiments de transition répondant au mouvement, série dont les termes ne peuvent coexister et dont l’ordre est invariable, pour acquérir, en y ajoutant tous les autres éléments précités, la notion de distance : la distance, en effet, est la nécessité d’une succession de transitions en ordre invariable pour aller d’un terme à un autre.

1312. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

La littérature doit être considérée comme une carrière qui ne vous nourrit, ni ne vous loge, ni ne vous chauffe, et où la rémunération est invraisemblable, et c’est seulement quand on considère la littérature ainsi, et qu’on y entre, poussé par le diable au corps du sacrifice, du martyre, de l’amour du beau, qu’on peut avoir du talent.

1313. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Les vénérables religieux de cette maison considéraient le théâtre, qui remue les passions, comme une institution entièrement opposée au christianisme, qui les corrige ou les supprime. […] Je vous conjure donc, mon cher neveu, d’avoir pitié de votre âme, et de rentrer dans votre cœur pour y considérer sérieusement dans quel abîme vous vous êtes jeté.

1314. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Or, voici sur ce point ce qui me semble : Supposez un homme assis au bord d’une rivière ou au bassin d’une source, qui s’appliquerait à considérer avant tout la réflexion des objets dans l’eau, à en saisir tous les reflets, les nuances, à en déterminer les rapports, les plans, les perspectives et les profondeurs apparentes ; que penseriez-vous de cet homme s’il posait comme premier principe que les reflets qu’il observe n’ont rien de commun avec les objets du rivage, avec l’état des bords ou du fond, que son étude ne se rattache en rien à cette partie de la physique qu’on appelle l’optique, et qu’il n’a rien de mieux à faire que de s’en passer ?

1315. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Le paysage, considéré comme genre à part et comme objet distinct de l’art, n’est pas chose très ancienne.

1316. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Prévost, doyen du conseil général du département dont il fait partie depuis plus de trente-deux ans, maire de la ville d’Hesdin pendant trente-cinq ans jusqu’en 1848, considéré et vénéré de ses concitoyens pour les services qu’il n’a cessé de leur rendre, et vivant aujourd’hui dans la retraite.

1317. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Sans doute le mot de marivaudage s’est fixé dans la langue à titre de défaut : qui dit marivaudage dit plus ou moins badinage à froid, espièglerie compassée et prolongée, pétillement redoublé et prétentieux, enfin une sorte de pédantisme sémillant et joli ; mais l’homme, considéré dans l’ensemble, vaut mieux que la définition à laquelle il a fourni occasion et sujet.

1318. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Revenue plus tard en France à titre de comtesse de Grammont, femme de la Cour des plus en vue, hautaine, brillante, galante même, mais respectée et considérée jusque dans ses dissipations, elle garda en vieillissant des restes de beauté, se fit agréer en tout temps de Louis XIV, et au point de donner par moments de l’ombrage à Mme de Maintenon.

1319. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Il suffit de considérer le portrait de Bossuet, peint dans sa vieillesse par le célèbre Rigaud, pour se faire une idée de ce qu’il avait dû être dans sa jeunesse.

1320. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

… Je n’ai osé décider cette question autrement qu’en pensant que c’était peut-être un écueil de voir et de considérer beaucoup les ouvrages des autres, ce qui peut détruire un bon germe.

1321. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

C’est ainsi encore qu’à l’occasion des Crétins du Valais dont les hommes notables du pays semblent rougir, les regardant comme une tache pour leur nation, et dont ils n’aiment guère à parler avec les étrangers, mais que le peuple et les enfants même respectent et considèrent au contraire comme une bénédiction, « comme des innocents marqués par le ciel pour n’avoir nulle part aux crimes de la terre et pour arriver sans obstacle au séjour des récompenses », il dira sans hésiter : « Laquelle de ces deux opinions est la plus respectable ?

1322. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Quelques années s’écoulèrent : Maurice, dit encore sa sœur, était enfant imaginatif et rêveur : il passait de longs temps à considérer l’horizon, à se tenir sous les arbres.

1323. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Ces Mémoires, quoique la première partie, assure-t-on, jusqu’à la fin de l’année 1700, soit du maréchal même, ne peuvent être considérés en effet que comme rédigés après coup sur ses lettres, bulletins et dépêches ; mais Anquetil, qui a été l’arrangeur, et qu’on doit suivre à partir de 1700, a très bien fait ce travail, qui gagne en avançant plutôt qu’il ne perd, et qui est d’un intérêt continu.

1324. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

J’aurais voulu que l’auteur, à de certains moments, nous eût montré la notion d’Alexandre telle qu'elle était chez les diverses nations contemporaines, plus exacte ici, moins exacte là, déjà fabuleuse ailleurs ; j’aurais voulu pouvoir considérer d’un coup d’œil et à chaque siècle les différentes nuances et les teintes de cette erreur en voie de progrès, de cette illusion naissante ou déjà régnante.

1325. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Le puissant canton de Berne, on le sait, était une république fortement aristocratique, qu’on a pu rapprocher pour la sagesse de celle de Venise et qui se régissait en vertu de maximes et de pratiques héréditaires conservées avec un soin jaloux dans un certain nombre de familles habituées à se considérer comme partie intégrante du Souverain.

1326. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

En m’asseyant au soleil pour me pénétrer jusqu’à la moelle du divin printemps, j’ai ressenti quelques-unes de mes impressions d’enfance : un moment, j’ai considéré le ciel avec ses nuages, la terre avec ses bois, ses chants, ses bourdonnements, comme je faisais alors.

1327. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Il a, sur nos écrivains du grand siècle, et sur Boileau notamment, considéré comme auteur de satires, des opinions qui ne laisseraient pas de surprendre si on les citait, et qui ne me paraissent pas manquer de vérité dans leur entière indépendance.

1328. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Mais ma confiance dans ces conquêtes est pleine et tranquille, et je ne me crois point obligé, pour servir leur cause, de considérer la maison de Bourbon, la noblesse française et le clergé catholique comme des ennemis. » Ses ennemis, il les verra plutôt en bas, comme il dit, du côté de la démocratie.

1329. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Il y a, pour parler son langage, trois éléments à considérer dans la société : les idées, les intérêts, les passions.

1330. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Mais enfin, s’il veut bien considérer que la société n’est pas faite uniquement pour donner exercice et matière à tous nos talents, à toutes nos aptitudes, même à celles de luxe, il sera plus indulgent.

1331. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit !

1332. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze un témoin très-attentif, un chroniqueur très-sincère, sinon toujours exact, des idées et des goûts de notre époque, un juge des hommes et des esprits d’autant plus à considérer et à contrôler qu’il ne se donne le plus souvent que pour un narrateur et un rapporteur impartial.

1333. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Elle s’imagine que de connaître les mystères de la déesse la soulagerait ; elle voudrait surtout la contempler dans son secret sanctuaire, voir de ses yeux la vieille idole couverte du manteau magnifique, du voile sacré d’où dépendent les destinées de Carthage ; il lui semble que ce voile défendu et dont le seul contact fait mourir, s’il lui était permis du moins de le considérer, lui communiquerait quelque chose de sa vertu.

1334. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Je ne demande pas une admiration excessive pour Mme d’Albany que j’aurai bientôt à définir, sous sa forme dernière, comme une personne gracieuse, distinguée et surtout sensée, comme une vraie reine de salon et une maîtresse de maison parfaite, dont la mort, en 1824, mit le deuil dans Florence et fut une perte pour la société européenne tout entière ; mais, à considérer sa vie telle qu’elle sut la réparer et la fixer, je ne vois pas qu’il y ait lieu ni prétexte contre elle, de la part d’un esprit juste, à aucun anathème.

1335. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Bossuet a exécuté ce premier plan : il s’est arrêté à l’avénement de Charlemagne qu’il considère comme le terme de l’ancien Empire romain et l’établissement d’un nouvel Empire.

1336. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Il a une vertu du moins, il aime son métier, et il le considère comme un but, non comme un moyen.

1337. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il avait retrouvé une sœur d’une nature pareille à la sienne, mais plus forte et mieux conservée, une sœur à la Pascal, si l’on peut dire, supérieure et fondatrice d’établissements religieux, une personne des plus considérées dans son Ordre ; il lui adressa ses plus doux et ses plus intimes épanchements.

1338. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet a donné carrière à ses sympathies de moyen âge, en les relevant et les rachetant par ses vues philosophiques sur l’avenir du monde, sur la guerre dont il voit en Napoléon le dernier grand représentant, et sur la démocratie dont il le considère également comme le héros : « La poésie, dit-il, n’a pas seulement pour but de représenter Napoléon tel qu’il s’est montré aux contemporains.

1339. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Je disais tout à l’heure que le rôle le plus indiqué de l’Académie en ce moment était de maintenir, au milieu de la ruine des procédés et à travers les violations courantes du droit des gens dans les lettres, une certaine politesse, une conciliation dans son sein, une douceur enfin de civilisation à l’aide de ce qui en a été toujours considéré comme l’expression et la fleur.

1340. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Solennisant les événements contemporains avec les réminiscences de son ancienne manière, étouffant la pensée principale sous des hors-d’œuvre classiques, il semble n’avoir plus considéré ses sujets que comme des canevas donnés, des thèmes à la mode, dans lesquels il a inséré de beaux, de très-beaux vers assurément, mais des vers sans à-propos, sans liaison, sans conception profonde.

1341. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Cette concordance continue du physique et du moral produit cette conséquence, que Descartes ne considère pas les passions du point de vue sentimental, mais du point de vue pratique : elles ne valent pour lui que par l’action qui les suit ; il ne songe pas à en composer la vie de l’âme, abstraction faite du reste.

1342. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Considérée dans son ensemble, elle représente aujourd’hui, comme autrefois, la moyenne de l’esprit et de la culture en France ; et son prestige — il faut bien l’avouer — n’a jamais été si grand dans l’Europe entière, comme en notre temps.

1343. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Presque tous les vrais artistes ont été pauvres au début de leur carrière ; mais ils se sont toujours arrangés pour travailler, payer leurs couleurs ou leur marbre avec l’argent que Marcel dépense chez Momus, et ils ont toujours considéré cette pauvreté comme un état transitoire d’où il fallait sortir à force de labeur, et qui avait cette belle conséquence morale de leur faire comprendre les dessous navrants de la mêlée humaine et d’éprouver la solidité de leur conviction et de leur talent.

1344. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Ma foi, tout bien considéré, je serais d’avis de perdre les deux tiers pour sauver l’autre.

1345. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

« Ce que contiennent les Maximes, dit-il, n’est autre chose que l’abrégé d’une morale conforme aux pensées de plusieurs Pères de l’Église, et l’auteur a pensé qu’il lui était permis de parler de l’homme comme les Pères en ont parlé. » Et il ajoute : « L’auteur de ces réflexions n’a considéré les hommes que dans cet état déplorable de la nature corrompue par le péché. » Il n’y a pas, en effet, dans les Maximes, un soupçon ni une insinuation contre la nature humaine qu’on ne trouve non seulement dans les Pères, mais dans les grands prédicateurs du temps.

1346. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Toute sa puissance d’aimer se porta sur ce qu’il considérait comme sa vocation céleste.

1347. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Mais, à partir de ce jour, le charme de Cirey fut tout à fait rompu et détruit pour la triste voyageuse : elle ne s’y considéra plus que comme en prison et dans une véritable geôle, jusqu’à l’heure où elle put en sortir.

1348. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Après quoi le précepteur emmène son élève, et lui montre l’état du ciel qu’ils avaient également observé la veille au soir avant de se coucher ; il lui fait remarquer les différences de position, les changements des constellations et des astres, car chez Rabelais, l’astronome, celui qui avait publié des almanachs, n’est pas moins habile que le médecin, et il ne veut considérer comme étrangère aucune science, aucune connaissance humaine et naturelle.

1349. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Mme Sand, très indulgente, considère comme les trois tâches capitales pour cette reine, l’abandon de Chastellard, les feintes caresses au malheureux Darnley, et l’oubli envers Bothwell.

1350. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Ducis, à partir de cette date, peut être considéré comme rentré sous la tente et ayant accompli son cercle tragique ; il devient patriarche et solitaire de plus en plus.

1351. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Si l’abbé Barthélemy avait eu plus de cette originalité naturelle et de cette inspiration vive, on lui pardonnerait dans l’exécution quelques infidélités ; malgré tous ses soins en effet, malgré son application à ne point cheminer sans ses notes érudites, son livre peut se considérer, dans certaines parties, comme une production moderne et personnelle.

1352. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Quelques esprits réservés et modestes ne se hasardent point à considérer des matières aussi subtiles et leur silence semble un aveu de sa supériorité.

1353. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Il faut bien discerner le moment où l’action doit commencer et où elle doit finir, bien choisir le nœud qui doit l’embarrasser et l’incident principal qui doit la dénouer, considérer de quels personnages secondaires on aura besoin pour mieux faire briller le principal, bien assurer le caractère qu’on veut leur donner.

1354. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Pour de l’expression sans ordonnance, la chose me paraît plus rare ; surtout quand je considère que le moindre accessoire superflu nuit à l’expression, ne fût-ce qu’un chien, un cheval, un bout de colonne, une urne.

1355. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Si la femme était belle, je m’amuserais à la considérer dans son sommeil.

1356. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Parmi ces moyens on peut considérer la guerre et le commerce comme les plus puissants.

1357. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Et toujours nerveux, toujours voltairien, toujours haine ou amour, créature de sympathie ou d’antipathie, l’auteur des Lettres satiriques, de ce livre qui ne sera que la moitié de ce qu’il veut être, peut-il, en définitive, être considéré dans ces lettres autrement que comme l’éblouissante et harmonieuse girouette de ses élégantes haines ou de ses indulgentes affections ?

1358. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

S’il y a, en effet, une sorte d’incompatibilité et de disconvenance entre l’esprit de la jeunesse et le caractère moral du roman, il me semble qu’on peut en dire autant lorsque l’on considère le roman, non plus comme une œuvre morale, mais comme une œuvre d’art.

1359. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Le vers étant une sorte particulière de musique doit être fait plus pour l’oreille que pour l’œil, quoiqu’en puissent prétendre les auteurs des traités de versification exigeant que, « pour la satisfaction de l’œil, les consonnes muettes qui suivent la voyelle rimante soient identiques (ou prétendues équivalentes) dans les deux mots à la rime3. » Or, considérons que les exigences de la rime dite correcte, proviennent d’une époque où les consonnes finales n’étaient pas encore devenues muettes.

1360. (1887) La banqueroute du naturalisme

Le tonnerre de Dieu d’un charretier, — si l’on me permet de donner un exemple, — est à peu près l’équivalent du sacrebleu d’un petit bourgeois ; et devers Belleville ou Montmartre, on dit d’un ami qu’il est f… avec le même sentiment de commisération que l’on dit en un autre endroit « qu’il n’en échappera pas. » Et c’est bien plus qu’une distinction de rhétorique, c’est une nuance de psychologie, si l’on considère, après le pouvoir propre, la valeur relative des mots.

1361. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

D’où il arrive que, lorsqu’il considère l’avènement de cet esprit, il n’y voit point, comme fait le public, la naissance d’un genre particulier, ayant son domaine, mais ayant ses limites, ayant ses mérites, mais ayant ses défauts.

1362. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Il acheva ses études avec gloire, et fut dès lors considéré comme une des espérances du clergé français.

1363. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Que les grands écrivains s’inspirent des idées, des tendances, des besoins de leur époque ; que ce soit là même une partie de leur génie et une des causes de leur puissance ; qu’à ce titre il soit permis de les considérer comme les représentants et les interprètes éloquents de la foule ; c’est ce que l’histoire, pour qui sait la lire, atteste à chaque page. […] À considérer notre littérature dans l’ensemble de son développement depuis le commencement du siècle, il est bien vrai qu’on y trouve le reflet fidèle des grands changements qui se sont accomplis dans les esprits. […] Cette littérature, plus mauvaise, on peut le dire, que la société où elle est née, plus immorale que le temps où elle a vécu, ne saurait être considérée comme l’expression exacte, comme l’image vraie de la société française contemporaine : loin d’être un effet, elle a été une cause, et une cause pernicieuse ; loin d’être seulement un symptôme, elle a été un principe de mal et un dissolvant. […] Bien que dès lors, et surtout sous cette dernière forme, son action sur la société soit incontestable, on peut considérer cependant qu’à cette époque de notre littérature, le roman est bien plus le reflet brillant des idées et des mœurs qu’il n’en est l’instituteur et le modèle. […] On peut affirmer que les âmes sont bien énervées, là où l’excès du mal passe pour supériorité, là où les grands vices sont considérés comme l’apanage des fortes natures, là où le crime même se fait applaudir par cela seul qu’il est terrible.

1364. (1923) Nouvelles études et autres figures

Pendant longtemps, la Divine Comédie fut considérée, selon l‘expression d’Ozanam, comme un monument solitaire au milieu des déserts du Moyen Âge. […] Les études les plus complètes de la démonologie dantesque n’ont trouvé aucune origine à cette étonnante imagination, et l’on a considéré qu’elle n’appartenait qu’à Dante. […] Mais, sauf peut-être au berceau, ils ne l’ont pas considéré comme un présent céleste et n’ont jamais eu pour lui de sentiments très tendres. […] Adolescent, il l’a aimée jeune fille et s’est habitué à la considérer comme supérieure à lui. […] En effet, ce farouche adversaire de la Révolution, qui y voyait l’aboutissement du matérialisme français, la considérait maintenant comme une heureuse conséquence de la Réforme.

1365. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

VI 18 mai 1811 En sa qualité de comédien et de chanteur, Néron a droit à une attention particulière de ma part : c’est sous ce rapport que je vais le considérer un moment. […] Quand on considère que dans cette pièce tout est préparé, tout est motivé, tout est asservi aux règles les plus sévères du théâtre, aux convenances les plus rigoureuses, à la plus scrupuleuse vraisemblance ; que l’auteur est allé au-devant de la plus petite objection ; que la raison la plus austère est obligée de souscrire au plaisir que l’âme éprouve ; quand on examine de près cette prodigieuse abondance de sentiments vrais et touchants, d’idées aussi belles que justes ; ces admirables peintures du cœur humain ; ce dialogue plein de sens, d’intérêt et de chaleur ; cette éloquence presque divine, qui jamais ne dégénère en déclamation ; enfin, cette rare perfection d’un style enchanteur et toujours naturel, on est prodigieusement dégoûté des romans dramatiques, du clinquant des tirades et des sentences, et de tous les prestiges du charlatanisme théâtral. […] Il faut considérer que ces messieurs de Racine sont des personnages secondaires ; une tragédie ne peut pas être tout entière en fureurs, rien ne serait plus fastidieux ; l’âme, fatiguée des secousses trop violentes, se repose avec plaisir sur ces personnages aimables et honnêtes : on est bien aise de trouver à côté des horreurs du crime les charmes de la vertu : des sentiments doux et touchants nous délassent des transports forcenés. […] Le dénouement n’a pas été à l’abri de la critique ; parce que le mari revenant, souvent annoncé dans la pièce, ne paraît point sur la scène ; mais Quinault a considéré qu’un pareil revenant, vis-à-vis d’une femme coupable et prête à se marier, formerait une situation plus triste et plus pénible que plaisante.

1366. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

On les prend parce qu’on ne peut s’en défendre… Mais on sait leur rendre justice, et l’on se moque fort de les considérer au-delà de ce qu’ils méritent. » Sur quoi Clitandre, complétant et précisant la pensée d’Angélique : « Ah ! […] Car il ne vous échappera point que ce trésor peut être considéré comme une manière de symbole, comme le signe matériel de la force accumulée par Dantès en quatorze ans de patiente méditation […] Brutale, — et muette, et par là d’autant plus pénible à considérer. […] Le grand matelot la considère attentivement ; son cœur se fond, et alors… Mais pourquoi si tard ? […] Or, ce ministre, Rémoussin le considère comme une « crapule ».

1367. (1774) Correspondance générale

.… phrases, et surtout, considérez qu’à la fin on se rassasie d’invectives. […] C’est ainsi que je me considérais un moment, et j’en étais vain ; je me sentais échauffé, et j’aurais pu entreprendre même la vie de Socrate, malgré mon insuffisance que vous me faisiez oublier. […] Si jamais je l’exécutais, il serait précédé d’un discours dont l’objet ne vous paraîtra ni moins important, ni moins difficile à remplir : ce serait de convaincre les hommes que, tout bien considéré, ils n’ont rien de mieux à faire dans ce monde que de pratiquer la vertu. […] Voilà ce qu’il n’a pas considéré, ce que personne n’osera peut-être lui dire, et ce qu’il entendra de moi ; car je suis fait pour dire la vérité à mes amis, et quelquefois aux indifférents ; ce qui est plus honnête que sage. […] Si mes services à Paris peuvent être de la moindre utilité et si vous hésitez à en user, je pourrai ne considérer que comme une expression de vos lèvres l’estime dont vous m’honorez ; et, dans ce cas, j’en serai fâché pour l’un et l’autre.

1368. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Considérer Victor Hugo comme philosophe, c’est, il faut l’avouer, ce à quoi nous sommes le moins préparés. […] La raison en est toute simple : c’est qu’amenés par les circonstances à faire irruption au théâtre, où leurs tendances naturelles ne les portaient pas, ils n’ont pas considéré que le théâtre eût des lois auxquelles ils dussent se soumettre. […] Beyle tenait à l’école romantique par son individualisme ; d’autre part, son horreur de l’emphase, sa curiosité du « petit fait » lui valurent d’être considéré comme un précurseur par l’école réaliste. […] Surtout il s’est habitué à considérer que la valeur d’une œuvre littéraire dépend du nombre des matériaux utilisés et s’apprécie d’après son contenu. […] Elle considère que la passion est un fléau, attendu qu’elle nous enlève la maîtrise de nous-mêmes et qu’elle nous fait, jusque dans nos actes, subir « passivement » une impulsion étrangère à notre raison et à notre volonté, c’est-à-dire à nous.

1369. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Mme de Staël venait de publier son livre de la Littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales ; elle connaissait peu Fauriel et depuis très-peu de temps seulement. […] Il est vrai qu’à son point de vue philosophique il considérait ce succès plutôt en adversaire, et qu’il en passait volontiers à cet égard par les jugements amers que portait Guinguené dans la Décade 52. […] Fauriel insiste remarquablement cette fois sur ces qualités françaises du style qu’il semble avoir eu, dans la suite, moins d’occasions directes de considérer. « Même avec les ressources d’une langue très-cultivée, même avec un talent réel, bien écrire est nécessairement un art très-difficile, si du moins par cet art on entend celui d’exprimer avec force et clarté des idées qui soient autre chose qu’une réminiscence, plus ou moins déguisée, de ces idées devenues, par une longue circulation, celles de la société tout entière, et qui forment, pour ainsi dire, la surface de tous les esprits. […] Les deux tragédies de Carmagnola et d’Adelchi, c’est-à-dire ce que le drame romantique a produit de plus distingué en Europe durant cette période de 1815 à 1830, ne sauraient sans doute se considérer comme un appendice de l’histoire littéraire du romantisme en France sous la Restauration ; mais il nous suffit que ces deux œuvres remarquables y tiennent par plusieurs de leurs racines. […] Il considérait tout crûment les barbares germains et en particulier les Franks (je demande pardon de l’image, qui rend parfaitement ma pensée) comme une suite de durs cailloux à digérer : tant que ce travail de rude digestion ne fut pas terminé, ou du moins très-avancé, il n’y eut pas, selon lui, dans la société autrefois gallo-romaine, de véritable réveil et de symptôme possible d’une civilisation recommençante.

1370. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

De la Littérature considérée dans ses rapports avec les Institutions Sociales, par Mme de Staël-Holstein5 (Mercure de France, 1800) Premier extrait La littérature, quand elle est cultivée par des femmes, devrait toujours prendre un caractère aimable et doux comme elles. […] Madame de Staël semble avoir entrevu la force de cette objection ; aussi, dans son embarras qu’elle ne peut dissimuler, elle se hâte de nous apprendre que « les Grecs ne doivent point être considérés comme des penseurs aussi profonds que le ferait supposer la métaphysique de leur langue. […] Écoutons l’arrêt qu’elle rend contre eux, et lisons le passage qui les concerne : « Ils n’approfondissent point les caractères, ils ne jugent point les institutions ; ils marchent avec les événements, ils suivent leur impulsion, ils ne s’arrêtent point pour les considérer. […] Il considère dans son premier volume les mystères du christianisme. […] Cette observation a fait naître une espèce de poétique chrétienne, qui peut être considérée comme la seconde partie de cet ouvrage ; mais il y a tant de points de vue à saisir et tant de questions délicates à traiter dans un pareil sujet, qu’on en rendra compte une autre fois.

1371. (1886) Le roman russe pp. -351

Dominés par le grand nom de Pouchkine, les Russes considèrent la période romantique comme le moment de leur plus haute gloire intellectuelle. […] Un épervier, prisonnier sous le balcon dans une cage dorée, prend sa part du spectacle ; le bec incliné sur son aile, une serre levée, lui aussi il considère attentivement le peuple. […] Mais c’est peut-être une excuse ; quand on considère sa fonction organique, on est moins tenté de le blâmer que de le plaindre, s’il use plus vite et change plus souvent que les autres ses idées, ses opinions et ses amours. […] oui, cela vient du latin nihil, chez nous nitchevo, autant que je puis juger ; cela doit signifier un homme qui n’admet rien. — Dis plutôt, ajoute un autre vieux, qui ne respecte rien. — Qui considère tout du point de vue critique, reprend le jeune homme […] Considérons-les avec intérêt ; la littérature postérieure est revenue sur ces types, sans presque les modifier ; il faut croire qu’ils rendent fidèlement la physionomie de cette société, du moins telle qu’elle se voit elle-même.

1372. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Son père, en particulier, mérite qu’on s’arrête à le ressaisir et à le considérer. […] Littré, dans la Revue des Deux Mondes du 1er avril 1838, à propos des Œuvres d’histoire naturelle de Goethe : « En commençant, j’ai rappelé, dit-il, la magnificence du spectacle du ciel, et combien les yeux se plaisent à considérer ces étoiles innombrables, ces globes semés dans l’espace, ces îles de lumière, comme dit Byron, dont se pare la nuit : je termine en rappelant que, pour les yeux de l’intelligence, le spectacle des lois mystérieuses et irrésistibles qui gouvernent les choses n’est ni moins splendide ni moins attrayant.

1373. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Il y a loin de là, sans doute, aux futiles questions d’art, de langue, de prose ou de vers ; mais l’art, la langue, la prose ou les vers ne sont que les formes des idées ; c’est le fond qu’il faut d’abord considérer, si nous voulons que ce cours de littérature universelle soit en même temps un cours de pensée et de raison publique. […] Le plus significatif de ces augures, selon les historiens du temps, était une protubérance élevée au-dessus de la tête, signe que les phrénologistes d’aujourd’hui considèrent encore comme une prédisposition naturelle des organes de l’intelligence à la contemplation des choses célestes, à la piété et à la vertu dont la piété est le premier mobile.

1374. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il était de notre pays, où, soit attachement médiocre pour le vrai, soit plutôt passion d’un peuple artiste pour la forme, on considère le style à part des idées, et l’on enseigne officiellement dans les écoles la dangereuse distinction de la forme et du fond. […] S’agit-il de mes devoirs de maître, quand je considère dans Rollin tout ce que la parole d’un maître doit avoir de gravité douce, son esprit de justesse, son savoir de solidité, sa conscience de scrupules, sa vie de bons exemples, je m’effraye de me trouver si au-dessous de la tâche !

1375. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Je ne crains pas d’exagérer en disant que les idées les plus arrêtées que nous nous faisons sur le système des choses ont de près ou de loin leurs racines dans les sciences physiques, et que les différences les plus importantes qui distinguent la pensée moderne de la pensée antique tiennent à la révolution que ces études ont amenée dans la façon de considérer le monde. […] Non seulement la critique et l’esthétique, qu’on considère comme opposées, ne s’excluent pas ; mais l’une ne va pas sans l’autre.

1376. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Si l’individu était antérieur à la société, il faudrait son acceptation pour qu’il fût considéré comme membre de la société et assujetti à ses lois, et on concevrait, à la rigueur, qu’il peut refuser de participer à ses charges et à ses avantages. […] En effet, dans les questions relatives à la liberté d’exprimer sa pensée, il ne faut pas seulement considérer le droit qu’a celui qui parle, droit qui est naturel et n’est limité que par le droit d’autrui, mais encore la position de celui qui écoute, lequel, n’ayant pas toujours le discernement nécessaire, est comme placé sous la tutelle de l’État.

1377. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Nous la considérons… comme nécessaire… la Société avait une liberté gangrenée ; le cautionnement ce chirurgien redouté vient d’opérer le corps social ». […] Déjà on commence à revenir de cette exubérance d’admiration forcée ; et l’on arrivera bientôt à considérer ces jours d’enthousiasme et d’apothéose, comme un moment de folie inexplicable.

1378. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

plus je considère les pas de cette aiguille de l’esprit humain sur ce cadran, moins je puis comprendre ces prophètes de malheur qui menacent l’Europe littéraire de vieillesse, de décrépitude, de silence et de stérilité. […] IX Considérez d’un coup d’œil rapide, et sans rien détailler aujourd’hui, tout ce qui proteste depuis un siècle seulement en Europe contre cette prétendue décrépitude de l’esprit humain.

1379. (1926) L’esprit contre la raison

Et Breton d’ajouter : « Le rationalisme absolu qui reste de mode ne permet de considérer que les faits relevant étroitement de notre expérience. […] Hermann von Keyserling (1880-1946) philosophe allemand considéré comme un irrationaliste est né en Lituanie.

1380. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Je n’aborderai guère Mézeray que par les côtés qui sont sensibles à tous dès qu’on le considère.

1381. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Ce qu’il considérait comme manqué dans sa carrière de soldat lui revenait à certains moments avec amertume.

1382. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Si le président Groulard nous montre Gabrielle traitée et présentée à l’avance presque en reine par le roi dans ses voyages et ses résidences, L’Estoile nous la fait voir considérée sous un tout autre aspect par le peuple et les habitants de Paris.

1383. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Massillon orateur, si nous avions pu l’entendre, nous aurait tous certainement enlevés, pénétrés, attendris : lu aujourd’hui, il n’en est pas de même, et, considéré comme écrivain, tous ne l’admirent pas au même degré.

1384. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

La Motte est sceptique ; c’est un esprit froid, fin, sagace, qui pratique la maxime de Fontenelle et se défendrait de l’enthousiasme s’il pouvait en être susceptible ; il n’a rien à faire de son loisir et de son esprit qu’à l’appliquer indifféremment à toutes sortes de sujets auxquels il s’amuse : « Hors quelques vérités, pense-t-il, dont l’évidence frappe également tous les hommes, tout le reste a diverses faces qu’un homme d’esprit sait exposer comme il lui plaît ; et il peut toujours montrer les choses d’un côté favorable au jugement qu’il veut qu’on en porte. » Il se flatte que la dispute présente est du nombre de celles qui se prêtent à plus d’une solution ; il affecte de la considérer comme plus frivole qu’elle n’est, qu’elle ne peut le paraître à ceux en qui la raison se rejoint au sentiment et qui mettent de leur âme dans ces choses de goût.

1385. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Je n’ai dessein pour cette fois encore que de continuer ma vue de Bossuet considéré dans sa première carrière, non pas avant sa renommée (car elle commença de bonne heure), mais avant sa gloire.

1386. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

[NdA] Je ne parle (bien entendu) que de la Réforme simplement en France, et de la Réforme considérée comme parti politique.

1387. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

On ferait tout un chapitre impartial, équitable, convaincant de vérité, et sans injure pour personne : De la révocation de l’Édit de Nantes et de ses suites, étudiées dans le journal de Dangeau, c’est-à-dire considérées à la Cour et vues de Versailles comme dans un miroir.

1388. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Tout ce qu’il dit contre l’esprit d’opiniâtreté et de nouveauté qui fait les sectes est encore excellent à lire ; il disait, par exemple : Je voudrais que tous ces remueurs de ménage et troubleurs de l’ancienne religion, qui se disent chrétiens et tenir leur religion du ciel, considérassent bien ce que dit Plutarque de la religion de son temps, vaine et humaine : Ceux, dit-il, qui mettent en doute les opinions de la religion me semblent toucher une grande, hardie et dangereuse question ; car l’ancienne et continuelle foi et créance qui nous est témoignée par nos ancêtres nous devrait suffire, étant cette tradition le fondement et base de toute religion ; et si la fermeté de la créance venue de main en main vient à être ébranlée ou remuée en un seul point, elle devient suspecte et douteuse en tous les autres

1389. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Jung s’est attaché d’abord, et avec un esprit de critique précise et rigoureuse, à bien déterminer, dans cette quantité de dépêches et de pièces diverses, celles qui peuvent être considérées avec quelque certitude comme étant directement de la main ou de la dictée de Henri IV, et non point de la rédaction de ses secrétaires.

1390. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Il pose alors ses principes, il établit ses divisions ; il considère, il tranche, il doute même quelquefois, tant il se sent à l’aise et sûr de lui-même.

1391. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Je ne doute point qu’il ne se fasse remarquer dans ses derniers vers, qui peuvent être considérés comme une production de sa douleur.

1392. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Il y a une suspension qui est imitative et d’un effet pittoresque : Il verse parmi l’air un peu de poudre… La plupart des critiques que l’on a adressées à la première manière ardue et rocailleuse de Ronsard trouveraient peu leur application, à considérer cette portion plus rassise de ses œuvres ; je lui reprocherais plutôt d’y être trop détendu et de se relâcher dans le prosaïque, bien que de temps en temps il y ait des retours de verves et que le cheval de race y retrouve des élans.

1393. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

On le considérait avec grande curiosité, comme un des trophées du Roi… Chacun, voyant ledit Rohan, était obligé d’avouer qu’il n’y avait plus de corps d’hérétiques en France, puisqu’il avait été décapité, et que l’on voyait le chef comme porté en triomphe par les ports d’Italie.

1394. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

L’adversité a cela de particulier, qu’elle donne à Frédéric le sentiment du droit, qu’il n’a pas toujours eu très présent et très vif en toutes les circonstances de sa vie : en cette crise d’alors, il se considère comme iniquement assailli et traqué, lui le champion d’une grande et juste cause, le soutien de la liberté de l’Allemagne et de l’indépendance protestante : « L’Allemagne est à présent dans une terrible crise : je suis obligé de défendre seul ses libertés, ses privilèges et sa religion ; si je succombe, pour le coup, c’en sera fait. » Il ajoute ces remarquables paroles, qui ont dans sa bouche une singulière autorité et dont il paraît s’être mal souvenu dans d’autres temps : A-t-on jamais vu que trois grands princes complotent ensemble pour en détruire un quatrième qui ne leur a rien fait ?

1395. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Combes qui considère la pension accordée à Mme des Ursins comme un véritable traitement attaché à des fonctions secrètes.

1396. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

On est un peu soulagé de tout le dégoût qu’elle inspire, lorsqu’on rencontre la lettre suivante du cardidal Mazarin, adressée au maréchal de Brezé, l’un des neveux de Richelieu (28 mai 1643) : Monsieur, bien que je ne pusse recevoir de douleur plus sensible que d’ouïr déchirer la réputation de M. le cardinal, si est-ce que je considère qu’il faut laisser prendre cours, sans s’en émouvoir, à cette intempérance d’esprit, dont plusieurs Français sont travaillés.

1397. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Paul Boiteau, à qui l’on doit de la reconnaissance pour la peine infinie qu’il a prise à la rassembler, à la mettre en ordre et à l’éclaircir, s’est trop prodigué ; il a oublié que la parfaite bienséance, pour un éditeur, est de se considérer comme une femme de chambre qui ne se montre plus, dès que sa maîtresse est habillée.

1398. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Je me suis vu, à ses débuts, l’objet de ses malices entremêlées de douceurs ; il me ballottait, il avait bien envie d’en faire plus ; le sujet lui semblait appétissant ; assez longtemps il hésita : puis, tout bien considéré, un jour il prit le parti de ne pas déclarer la guerre et d’offrir gracieusement l’olivier.

1399. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

On renoua la chaîne des temps ; la Révolution française et l’abîme qu’elle avait ouvert furent considérés comme non avenus.

1400. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Le Poëte et la Vie fait, dans ce recueil, tout un petit poëme dans lequel le poëte est considéré comme une sorte d’Hamlet, un rêveur inactif qui n’est point pour cela à mépriser ni à rejeter.

1401. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Tout ressentiment personnel, toute haine, quelque motivée qu’elle fût, a cédé au sentiment fondamental d’une Française ; elle n’a plus considéré que l’indépendance et l’honneur de la France. » Il paraît même qu’on en avait dit à Mme d’Albany plus qu’il n’y en avait sur ce revirement de sentiments et de désirs de Mme de Staël, à la veille et à l’heure du changement de régime.

1402. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Une phrase polie adressée par lui à Condorcet ne saurait me le faire considérer comme le promoteur ingénu d’une révolution qui sera toute à l’eau rose.

1403. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Avant d’en venir à Gœthe jugeant la France et les Français, donnons-nous le plaisir de le considérer encore par quelques aspects qui lui sont propres.

1404. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

» Peut-être un jour reviendrai-je sur la tragédie considérée dans son : ensemble, dans sa vie complète et sa carrière tant de fois recommencé et signalée par tant d’exploits, de grandes journées et de monuments.

1405. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Ce qui irritait surtout contre eux, ce qui exaspérait l’opinion bordelaise royaliste d’alors, rien qu’à prononcer leurs noms, c’est que les frères Faucher étaient moins des bonapartistes purs que des girondins, ou même, en remontant plus haut, de ci-devant royalistes considérés comme renégats et apostats, parce que le mouvement des Cent-Jours les avait pris par le côté patriotique et les avait ralliés in extremis à Napoléon ainsi que les Carnot, les Lecourbe.

1406. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

» C’est ici que Chrémès fait cette heureuse réponse qui a eu son écho à travers les siècles : « Je suis homme, et je considère que rien d’humain ne m’est étranger. » Et il s’attache de son mieux à désarmer la misanthropie du farouche voisin, à lui, rendre en un sens quelconque la réponse facile : « Prenez que c’est ou un avertissement, ou bien une simple question à mon usage ; si vous avez raison, pour que je vous imite ; sinon, pour que je vous ramène » Ménédème, malgré tout, regimbe encore : « C’est mon habitude à moi ; à vous de faire comme vous l’entendez ! 

1407. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

A d’autres moments, à considérer notre sérieux dans les discussions et les recherches les moins attrayantes et les plus ardues, c’était à croire que notre légèreté française proverbiale était en défaut, et qu’un nouvel élément s’était introduit dans le caractère de la nation.

1408. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

L’homme en place, ministre depuis hier, ne considérait point en ce temps-là un encouragement, un bienfait accordé à un poète comme un abus.

1409. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Rousset) que Mme de Chamilly était janséniste, « adonnée aux nouveautés », qu’elle allait être considérée par le parti comme une Mère de l’Église, et que cela fut poussé au point qu’à la mort du maréchal on crut devoir lui refuser la pension qu’il était d’usage d’accorder aux veuves des maréchaux22.

1410. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il se considérait comme nommé par le peuple pour faire des choses radicales, extraordinaires, égalitaires, et pour les faire vite en fauchant les résistances.

1411. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

De quelque côté que l’on considère cette reine, on aboutit sur son compte à des éloges et à rencontrer en elle d’estimables qualités.

1412. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Il sera discuté, contredit, appuyé peut-être, et nul ne l’en considérera moins de ce qu’il aura tenté de relever parmi nous la statue du Respect.

1413. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Zeller, ne se dessine et ne commence à s’étager, à se grouper à nos regards que selon les degrés et dans les proportions véritables où elle s’est successivement formée, et où elle apparaît aujourd’hui à qui la considère à cette distance en observateur curieux et désintéressé.

1414. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Elle détestait Frédéric de tout son cœur : ici la femme se confondait intimement avec la souveraine ; elle le considérait comme le mal en personne, un hérétique, un esprit diabolique et pervers.

1415. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Le génie n’était une question pour personne ; assez de monuments de victoire et de grandeur civile étaient debout : mais les débris de la chute jonchaient le sol autour de la statue renversée, et même après qu’elle eut été relevée sur sa colonne, on ne la considérait que d’en bas et d’un peu loin, chacun y voyant plus ou moins un symbole.

1416. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

62 Remarquez bien qu’il ne s’agit pas, pour que cette introduction soit plausible et motivée, de considérer uniquement si un mot de formation relativement récente est bon ou mauvais, s’il présente un sens agréable ou non : il s’agit simplement de savoir s’il a cours et s’il est nécessaire, s’il peut être suppléé par un autre plus ancien, son parfait équivalent.

1417. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

« Que l’on considère ces cités populeuses d’Anglais, d’Allemands, de Hollandais, d’irlandais, et aussi d’habitants indigènes, ces bourgades lointaines, si distantes les unes des autres ; ces vastes contrées incultes, traversées plutôt qu’habitées par des hommes qui ne sont d’aucun pays : quel lien commun concevoir au milieu de toutes ces disparités ?

1418. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

et quelle est, je vous le demande, la vraie charité, ou celle qui  jetterait du haut de son char une poignée de louis au nez du pauvre, ou celle qui s’approche de lui, passe et repasse deux fois, le considère et lui met dans le fond de la main un louis, un seul louis d’or, qu’elle y renferme avec étreinte, le laissant immobile et pénétré ?

1419. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

On y chercherait en vain à quoi se rallier directement, mais ils ont prêté beaucoup à qui sait considérer et s’instruire.

1420. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Sans cette connaissance générale, on court risque de les considérer trop à part, et comme des êtres étranges et accidentels.

1421. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Ce n’est point, en effet, par des traits isolés et poussés à l’extrême que se peignent des époques tout entières ; il faut de l’espace, des nuances, et considérer tous les aspects.

1422. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Les formes varient sans doute suivant les caractères, et la même bienveillance peut s’exprimer avec douceur ou avec brusquerie ; mais pour discuter philosophiquement l’importance de la politesse, c’est dans son acception la plus étendue qu’il faut considérer le sens général de ce mot, sans vouloir s’arrêter à toutes les diversités que peut faire naître chaque caractère.

1423. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Cependant, en dépit de ces apparences qui semblent inviter à y insister, il n’y a pas à considérer davantage ici l’influence de Boileau sur les littératures étrangères.

1424. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Il part d’une boutique de la rue Saint-Denis ; et le voilà tour à tour horloger, musicien, officier de la maison du roi, gentilhomme, agent demi-policier, demi-politique, homme de finance, négociant, homme de lettres : égal à toutes les affaires par son esprit, à toutes les conditions par son impertinence, emprisonné, calomnié, déshonoré, réhabilité, applaudi, populaire, illustré, envié, plaint, jamais sérieusement respecté, ni simplement considéré.

1425. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Il ne considère plus l’univers visible que comme une proie offerte à son imagination et à ses sens.

1426. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Exceptons pourtant quelques coups de pinceau de Descartes dans ce petit Traité des passions (1649), où il fait voir ce qui se passe au fond de l’homme, considéré comme corps, quand il est sous l’empire des passions.

1427. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

S’ils s’irritent d’errer, parfois, comme lui, pauvres, inconnus, à travers les quartiers riches et la ville en fête, ils n’ont point son fiel ni son aigreur ni cette basse envie qui lui fait considérer le succès des autres comme un vol fait à sa part de destin.

1428. (1890) L’avenir de la science « V »

Sans doute, si l’on s’en tenait à ce qu’a fait jusqu’ici la science sans considérer l’avenir, on pourrait se demander si elle remplira jamais ce programme et si elle arrivera un jour à donner à l’humanité un symbole comparable à celui des religions.

1429. (1890) L’avenir de la science « XVI »

La plupart des catégories de la science ancienne exclues par les modernes correspondaient à des caractères extérieurs de la nature, qu’on ne considère plus, et avaient bien leur part de vérité.

1430. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Mais sans considérer que toutes ces personnes n’avaient pas besoin d’un bien grand discernement pour reconnaître si elles ou leurs amis étaient l’objet de satires courantes, il aurait suffi de leur supposer un peu de cette curiosité maligne qui ne manque jamais aux bénévoles auditeurs d’une satire.

1431. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Je l’ai montrée de temps en temps à ceux qui s’approchaient, et je l’ai considérée de toutes manières pour vous mander ce qu’il m’en semble.

1432. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

C’est là le vrai point de vue sous lequel il faut considérer aujourd’hui et apprécier Patru quand on s’efforce de le relire.

1433. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

L’arrestation de Fouquet ne peut donc être considérée comme une simple catastrophe individuelle ; elle donna le signal d’une véritable révolution dans le régime de la France.

1434. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

On trouvera dans les Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, au tome II (2e série, p. 261), des Observations sur le droit civil français considéré dans ses rapports avec l’état économique de la société, par M. 

1435. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Car ce serait une grande erreur de goût que de considérer ces gracieux Mémoires comme une œuvre de naturel et de simplicité ; c’en est une bien plutôt de distinction et de finesse.

1436. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Je considérai l’état de ma vie présente, les voyages vagabonds, les changements de lieux, la diversité des objets et les mouvements continuels dont j’étais agité.

1437. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

L’Angleterre politique, évoquée dans ce volume et considérée dans quelques-uns de ses écrivains politiques et littéraires, a ravivé l’Anglais qui était entré dans Chasles avec la profondeur des premières impressions de sa jeunesse, passée à Londres, et qu’on retrouvait parfois dans les réfléchissements et les scintillements d’une nature essentiellement réverbérante, mais qui n’y était qu’à l’état de rayon, intersecté par tant d’autres rayons.

1438. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

. — Qu’il vienne un être de libre audace qui méprise tous ces gens comme infirmes ou tardigrades, qui considère l’enveloppe comme chose subordonnée et concentre la force en soi » ; et ce malin-là, ce sera le poisson !!

1439. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Aimer la clarté, la mesure, le bon sens et le bon goût, considérer comme secondaires les qualités qui sont de pure forme, n’attacher de prix qu’à la somme de vérité humaine enfermée dans une œuvre, c’est cela même qui s’appelle, en France, avoir le goût classique. […] A considérer toutes choses au point de vue de l’histoire, on arrivait à la complète indifférence qui est la négation même de l’idée de critique. […] Il a en plusieurs circonstances, couvert de son autorité des écrivains dont les idées étaient considérées comme avancées. […] Considérer qu’au point de vue des idées religieuses, et peut-être morales, le peuple de Paris, en certaines régions, est assez semblable aux sauvages de l’Annam ou de l’Ouganda, c’était partir d’une remarque trop justifiée. […] Pour ce qui est de celui-ci, je le considère comme un orateur des plus remarquables.

1440. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

La Révolution française, en effet, peut être considérée comme entièrement terminée, sous les formes, du moins, qu’elle a présentées à chaque reprise durant l’espace de quarante ans. […] D’ensemble, on peut considérer La Fayette comme le plus précoce, le plus intrépide et le plus honnête assaillant à la prise d’assaut de l’ancien régime, dès les débuts de 89. […] Considérez donc la manière dont il nous a traités, bénissez-le avec crainte et avec tremblement, et rendez hommage par vos œuvres au Roi de tous les siècles.

1441. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Un jour que j’étais assis au pied de ces cabanes et que j’en considérais les ruines, un homme déjà sur l’âge vint à passer aux environs. […] Il me rendit mon salut ; et m’ayant considéré un moment, il s’approcha de moi, et vint se reposer sur le tertre où j’étais assis. […] Dans les villes d’Europe, une rue, un simple mur, empêchent les membres d’une même famille de se réunir pendant des années entières ; mais dans les colonies nouvelles, on considère comme ses voisins ceux dont on n’est séparé que par des bois et des montagnes.

1442. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Ni Jacques et Lélia de George Sand, ni Claude Frollo et Ruy Blas de Victor Hugo, ni Franck et Rolla d’Alfred de Musset ne peuvent être considérés comme des types. […] Ses créations, prises dans leur généralité et considérées dans leur essence, sont tout aussi exceptionnelles et tout aussi fausses que celles des grands poètes du dix-septième siècle ; seulement l’atmosphère où elles baignent s’est épurée et élargie, le cercle où elles se meuvent s’est agrandi, on sent qu’une révolution sociale a soufflé là-dessus. […] Hugo, je vous ferai remarquer, en toute humilité, qu’on n’a pas eu de peine à ramasser ces niaiseries, vu qu’elles n’ont aucunement changé de valeur, que personne ne les a oubliées, et que ce qu’on nommait un défaut chez le poète, il y a trente ans, n’est pas, que je sache, considéré aujourd’hui comme vertu. […] Considéré à ce point de vue, le rôle de l’art perd une importance énorme.

1443. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Eh bien, cette nature à laquelle nous prêtons des sentiments presque humains, les uns ont conçu contre elle une sorte de haine violente, d’autres, au contraire, considèrent que la nature est pour nous une amie, une mère, une consolatrice. […] Voici comment il nous décrit, à la fin du jour, cet aspect de la nature, considérée comme un temple, en train de célébrer le culte divin : Comme une lampe d’or dans l’azur suspendue, La lune se balance au bord de l’horizon ; Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon, Et le voile des nuits sur les monts se déplie. […] Il n’est pas très religieux, en ce sens que la religion n’est pas pour lui ce sentiment qui imprègne l’être tout entier ; mais il tient à l’existence d’un Dieu, qu’il considère comme une sorte de policier céleste, dont la fonction principale est de récompenser dans l’autre vie ceux qui ont été sur cette terre de braves hommes de bourgeois. […] Il considère que c’est son devoir et, oubliant la famille, l’amour, l’enfance, il ajoutera à sa lyre une corde nouvelle qui sera la corde d’airain.

1444. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Il faut considérer aussi que M.  […] Goethe le considérait comme le plus grand des poètes français, et nos jeunes symbolistes l’aiment beaucoup. […] Celui-là, nommé Popof, suivait partout la jeune princesse Volkine, qui le considérait comme un saint. […] Mais il faut considérer que le devoir est difficile dans les époques troublées. […] Il ne considéra jamais son propre intérêt.

1445. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Ainsi considéré, Virgile, dans ses Géorgiques, n’est plus seulement un poète, il s’élève à la fonction d’un civilisateur et remonte au rôle primitif d’un Orphée, adoucissant de féroces courages. — Touchant, en passant, les travaux de Pouilly et de Beaufort qui, bien * avant Niebuhr, avaient mis en question les premiers siècles de Rome, Gibbon s’applique à trouver une réponse, une explication plausible qui lève les objections et maintienne la vérité traditionnelle : « J’ai défendu avec plaisir, dit-il, une histoire utile et intéressante. » Celui qui exposera le déclin et la chute de l’Empire romain se retrouve ici, comme par instinct, défendant et maintenant les origines et les débuts de la fondation romaine. — En ce qui est de l’usage que les poètes ont droit de faire des grands personnages historiques (car Gibbon, dans cet Essai, touche à tout), il sait très bien poser les limites du respect dû à la vérité et des libertés permises au génie : selon lui, « les caractères des grands hommes doivent être sacrés ; mais les poètes peuvent écrire leur histoire moins comme elle a été que comme elle eût dû être ».

1446. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

On y voit confirmé le bel éloge que Voltaire a fait du saint roi quand il a dit : « Prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s’il n’avait jamais été que malheureux. » À considérer cette réponse magnanime et si simple qu’on vient de lire, la pensée se reporte à d’autres monarques de renom, et l’on se demande ce qu’en pareille circonstance ils auraient répondu, ce qu’ils auraient fait à leur tour.

1447. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Le premier mot, qui est emphatique, promet plus qu’il ne tient : « J’ai vécu, je voudrais être utile à ceux qui ont à vivre. » L’auteur, après quelques généralités assez vagues, s’attache, dans son examen des mœurs, à celles de notre nation, et particulièrement à celles de la société de Paris : « C’est dans Paris qu’il faut considérer le Français parce qu’il y est plus Français qu’ailleurs. » Il va parler de ce qu’il sait le mieux et de ce qui lui donnera le moins de peine.

1448. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Il y a dans ces pages une sorte d’essai sur l’amitié humaine considérée dans les amitiés prétendues solides, et dans les amitiés sensibles et prétendues innocentes, qui nous présente un Bourdaloue plus familier et tel qu’il pouvait être dans la direction particulière des âmes : on trouve dans ce qu’il dit de la dernière espèce d’amitié entre les personnes de différent sexe bien de l’observation et même de la délicatesse ; j’y renvoie ceux de mes lecteurs qu’un essai de Nicole n’ennuie pas.

1449. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Les Mémoires de La Fare, dans les trop courts récits et les portraits qu’ils renferment, sont pleins d’esprit, de finesse, de bonne langue, et tous les jugements qu’il fait des hommes sont à considérer.

1450. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Si Bernier, dans cette lettre, ne se réconcilie pas nettement avec Descartes qu’il continue de considérer comme un philosophe trop affirmatif en ses solutions, il y rétracte du moins aussi formellement que possible les doctrines de Lucrèce et d’Épicure et toutes les assertions purement matérialistes nées de la théorie des atomes ; il y insiste particulièrement sur l’impossibilité d’expliquer par la matière seule et par le mouvement de corpuscules, si petits qu’on les fasse, des opérations d’un ordre aussi élevé que celles qui constituent l’intelligence, le raisonnement, la perception de certaines idées, la conscience qu’on a d’avoir ces idées, la volonté, le choix dans les déterminations, etc. ; en un mot, il y combat au long et avec détail l’épicuréisme, auquel il sait bien que Chapelle incline et est d’humeur, soit en théorie, soit en pratique, à s’abandonner : Je me promets, lui dit-il, que vous donnerez bien ceci à ma prière, qui est de repasser un moment sur ces pensées si ingénieuses et si agréablement tournées qu’on a su tirer de vos mémoires (apparemment quelques écrits et cahiers de philosophie et de littérature de Chapelle), sur tant d’autres fragments de même force que je sais qui y ont resté, et généralement sur tous ces enthousiasmes et emportements poétiques de votre Homère, Virgile et Horace, qui semblent tenir quelque chose de divin.

1451. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Cowper voit dans cette disposition et dans ce vœu universel un cri de la conscience qui, longtemps méconnue, mais non abolie, rappelle toute créature humaine à son origine et à sa fin, et l’avertit de sortir du tourbillon des villes, de cette atmosphère qui débilite et qui enflamme, pour revenir là où il y a des traces encore visibles, des vestiges parlants d’un précédent bonheur, et « où les montagnes, les rivières, les forêts, les champs et les bois, tout rend présent à la pensée le pouvoir et l’amour de Celui qui les a faits. » Et dans une description minutieuse et vivement distincte, où il entre un peu trop d’anatomie, mais aussi de jolis traits de pinceau, il donne idée de la manière d’interpréter et d’épeler la création, et il montre qu’ainsi étudié, compris et consacré, tout ce qui existe, loin d’être un jeu d’enfant ou un aliment de passion, ne doit plus se considérer que comme une suite d’échelons par où l’âme s’élève et arrive à voir clairement « que la terre est faite pour l’homme, et l’homme lui-même pour Dieu. » Tout cela est grave et solennel sans doute, il faut s’y accoutumer avec le poète : Cowper, c’est à bien des égards le Milton de la vie privée.

1452. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Le public, ou du moins cette élite du monde qui tenait lieu alors de public, était décidée à être des trois quarts dans l’ironie pour peu qu’il s’y prêtât ; et il s’y prêta plus même qu’il n’était nécessaire : Monsieur, dit-il, si les places de l’Académie française n’étaient considérées que par les dignités de ceux qui les ont remplies, nous n’aurions osé vous offrir celle dont vous venez de prendre possession, et peut-être n’auriez-vous pas eu vous-même tout l’empressement que vous avez témoigné pour l’avoir.

1453. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

C’est bien plutôt de ses études, de ses vers, de sa musique, de ses concertos, de la métaphysique de Wolff, que Frédéric, en ces années de loisir et d’attente, aime à entretenir sa sœur, et dans les combinaisons idéales de vie philosophique et dévouée aux muses dont il se berçait volontiers dans ses retraites de Ruppin et de Rheinsberg, il se plaît toujours à la considérer comme un protecteur et un guide, comme son génie heureux et son bon démon.

1454. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Mais il y a autre chose que la fable poétique ainsi considérée dans sa richesse dernière, et que la fable philosophique ou didactique dans sa stricte justesse : il y a la fable enfantine, toute primitive, qui n’est pas exacte et sèche dans son ingénieux comme l’une, et qui n’est pas vivante et amusante comme l’autre : c’est la fable naïve, spirituelle encore, mais prolixe, mais languissante et souvent balbutiante, du Moyen Âge, le genre avant l’art et avant le goût.

1455. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il ne se peut de plus beau plaidoyer en faveur de l’ambition, considérée comme le déploiement des plus hautes facultés de l’être humain au complet.

1456. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Père de vingt enfants (ce qui ne laisse pas d’être une distraction et une charge pour un savant et un pur homme de lettres), Casaubon, on le voit, ne considère chaque nouveau-né qui lui arrive que comme un présent du ciel. — Et c’est ainsi que tout en lisant Sénèque et les stoïciens, il s’emparait de leurs maximes pour leur donner le vrai sens, et il les détournait, il les accommodait, par une parodie d’un genre nouveau, disait-il, à la piété véritable.

1457. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Cette fois il sut se détourner à temps et alterner dans le mode de sa sensibilité : Je me mis à la considérer (la nature) encore plus attentivement que de coutume, et par degrés la fermentation s’adoucit ; car il sortait des champs, des flots, des bois, une vertu suave et bienfaisante qui me pénétrait et tournait tous mes transports en rêves mélancoliques.

1458. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

On a bientôt dit, avec l’abbé de Choisy : Esprit audacieux, insatiable de crédit  ; — ou avec Duclos : Puissant génie, âme féroce  : « C’était sans doute, ajoutait ce dernier, un ministre supérieur pour conduire une guerre ; mais, si on le considère comme citoyen, c’était un monstre. » Cette expression de monstre d’égoïsme , appliquée à Louvois, a fait fortune et a trouvé des échos.

1459. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

» Et néanmoins, ne sachant où diriger mes désirs et ma curiosité, je considérais chaque chose avec une sorte d’inquiétude.

1460. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Mais d’autre part, depuis qu’on a pu lire les lettres nombreuses écrites en ce même temps par les personnes de l’entourage de Charles-Quint, les consultations à lui adressées sur toutes les affaires politiques de l’Europe et les réponses, on a un double jour ouvert sur la pensée du grand solitaire ; il n’a plus été possible de dire avec Robertson : « Les pensées et les vues ambitieuses qui l’avaient si longtemps occupé et agité étaient entièrement effacées de son esprit ; loin de reprendre aucune part aux événements politiques de l’Europe, il n’avait pas même la curiosité de s’en informer. » Et sans faire de lui le moins du monde un ambitieux qui se repent, ni sans accuser les bons moines d’avoir falsifié la vérité parce qu’ils en ont ignoré la moitié, on est arrivé à voir le Charles-Quint réel, naturel, non légendaire, partagé entre les soins qu’il devait encore au monde et à sa famille, traité et considéré par elle comme une sorte d’empereur consultant, et en même temps catholique fervent, Espagnol dévot et sombre, tourné d’imagination et en esprit de pénitence aux visions de purgatoire ou d’enfer, et aux perspectives funèbres.

1461. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Il y a, dans toute collection, à considérer l’utilité et la fantaisie : il est difficile de déterminer la limite, car l’utilité ne se révèle souvent qu’au moment où l’on y songe le moins.

1462. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

D’autres enfin, qui n’ont rien trahi parce qu’ils n’avaient rien promis, parce que leurs paroles n’excédaient pas leur pensée et que les réserves y étaient toujours présentes, et qui ne prétendirent guère jamais voir dans ces combinaisons réputées divines que les plus belles des espérances humaines, ont passé graduellement à l’observation, à la science, n’espérant plus que de là, tout bien considéré, la réalisation, bien lente et bien incomplète toujours, de ce qui doit affranchir notre espèce de ses lourds et derniers servages.

1463. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Eudore Soulié a eu besoin dans cette odyssée qu’il ne considère pas comme épuisée encore.

1464. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Il avait dû croire, dès l’avènement d’Anne d’Autriche, de cette reine dont il était depuis des années le serviteur dévoué et qui l’avait surnommé publiquement son martyr, à un crédit réel, à une influence, à une participation dans l’exercice du pouvoir ; il s’était pu considérer un moment comme futur ministre.

1465. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Il ne ferait pas de cas d’un peintre qui se contenterait de prendre, fût-ce le plus dextrement du monde, la ressemblance exacte des choses, et de la jeter sur la toile, telle quelle, avec une couleur congrue et suffisante : il veut que l’artiste ait en lui un monde en petit ou en grand, une sorte de glace magique où tout se réfléchisse, se transforme et ressorte ensuite, quand on l’y considère, avec une harmonie nouvelle qui constitue proprement la création et l’originalité.

1466. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Entendons-nous bien : je ne parle pas de la langue de Molière, plus riche, plus ample et plus diversement composée ; mais quand on se place au point de vue de Racine, au centre de son œuvre, et qu’on le considère, ainsi que l’ont fait Voltaire et tous ceux de son école, comme le dernier terme de la perfection dans le style, on n’a pas alors à signaler de meilleur préparateur que Vaugelas.

1467. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

 » Ceux qui sont si empressés à refuser aux hommes engagés dans la vie active et dans l’âpreté des luttes publiques la faculté de sentir et de souffrir n’ont pas lu Émile, où se rencontrent, au milieu d’une certaine exaltation de tête, tant de pensées justes, délicates ou amères nées du cœur : « A l’âge où les facultés sont usées, où une expérience stérile a détruit les plus douces illusions, l’homme, en société avec son égoïsme, peut rechercher l’isolement et s’y complaire ; mais, à vingt ans, les affections qu’il faut comprimer sont une fosse où l’on est enterré vivant. » « Cette proscription qui désole mon existence ne cessera entièrement que lorsque j’aurai des enfants que je vous devrai (il s’adresse à celle qu’il considère déjà comme sa compagne dans la vie) ; je le sens, j’ai besoin de recevoir le nom de père pour oublier que le nom de fils ne me fut jamais donné. » Émile parle de source et, quand il le pourrait, il n’a à s’inspirer d’aucun auteur ancien ; la tradition, je l’ai dit, ne le surcharge pas ; elle commence pour lui à Jean-Jacques, et guère au-delà : c’est assez dans le cas présent.

1468. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Très-peu d’hommes du moins osent la considérer en face et se dire : « Ce sera tel jour, sans faute. » Je ne sais si Cervantes se trompa de beaucoup sur la date de dimanche qu’il assignait comme probable ; il mourut un samedi.

1469. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Il ne considérait point les objets face à face, et de plain-pied, en mortel, mais de haut comme les archanges… Ce n’était point la vie qu’il sentait, comme les maîtres de la Renaissance, mais la grandeur, à la façon d’Eschyle et des prophètes hébreux, esprits virils et lyriques comme le sien, qui, nourris comme lui dans les émotions religieuses et dans l’enthousiasme continu, ont étalé comme lui la pompe et la majesté sacerdotales.

1470. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Ne confondons point les genres et les natures ; ne demandons pas à une organisation ce qui est le fruit d’une autre ; appliquons à Pope son propre et si équitable précepte : « En chaque ouvrage considérez le but de l’écrivain, car on ne peut y trouver plus et autre chose qu’il n’a voulu y mettre. » Ami de Bolingbroke, de Swift, Pope ne les suit pas jusqu’au bout de leur philosophie et de leurs audaces.

1471. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Ajoutez qu’elle part de là tout aussitôt pour prêcher et moraliser : « Arrêtons-nous ici un moment, dit-elle, et que les mères considèrent avec effroi l’étendue de la vigilance qui leur est imposée ; tout conspire contre les tendres dépôts qui leur sont confiés, et la conservation de leur intégrité n’appartient qu’à une rare prudence… » Et voilà toute une leçon de vertu qui commence : il est bien temps !

1472. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Il la considère comme la personnification la plus brillante de la classe moyenne bourgeoise, étouffée, et de cette élite intellectuelle qui aspirait à prendre son rang par son mérite.

1473. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Tout considéré, et sauf quelques ombres, quelques grains plus marqués çà et là dans la physionomie, nous verrons le même Catinat, le vrai Catinat déjà connu, le plus vertueux des hommes de guerre de son temps, obéissant pourtant à sa consigne, et docile de point en point à Louis XIV, à Louvois ; puis, le guerrier une fois quitte de son service, nous aurons le philosophe et le sage, non pas absolument celui qu’on a arrangé au xviiie  siècle, et sur lequel on avait répandu une légère teinte de liberté de pensée, mais enfin un modèle de modestie, de raison, de piété morale, et un bon citoyen, celui qui disait ; « J’aime mon maître et j’aime ma patrie. ».

1474. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

L’invasion des sauterelles, partout ailleurs si calamiteuse et redoutée comme un fléau, est considérée ici comme un bienfait et saluée comme une manne du ciel.

1475. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

J’étais accoutumé à considérer comme un ensemble chacun des poëmes d’Homère, et je les voyais là séparés et dispersés, et, tandis que mon esprit se prêtait à cette idée, un sentiment traditionnel ramenait tout sur-le-champ à un point unique ; une certaine complaisance que nous inspirent toutes les productions vraiment poétiques me faisait passer avec bienveillance sur les lacunes, les différences et les défauts qui m’étaient révélés. » Mais n’était-ce qu’une illusion et une complaisance de sentiment, comme Gœthe paraît le croire ?

1476. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Mais ces Matinées royales ou prétendus Conseils de Frédéric à son neveu et à son héritier sont des moins authentiques, et les hommes les plus versés dans la critique des Œuvres du grand Frédéric les considèrent comme un pamphlet, un pamphlet habilement rédigé, mais d’une fabrique ennemie, et d’un esprit tout à fait indigne du monarque auquel la malice les a attribuées.

1477. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Lui-même, il le considère comme vidé.

1478. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Fournier, qui lui-même tâche beaucoup et renchérit sur chaque détail, et qui ne laisse rien passer sans en exprimer avec effort un sens caché, je faisais cette réflexion : Des esprits élégants, sans beaucoup de précision, régnaient autrefois dans la littérature ; d’autres leur ont succédé, qui ont essayé d’atteindre à l’exactitude et à la précision, même au prix de quelque élégance ; mais les derniers venus portent ce zèle, cette démangeaison continuelle de la précision ou de ce qu’ils considèrent comme tel à un point de subtilité et de minutie qui, s’il était poussé à un degré de plus, irait jusqu’à déformer les plus beaux sujets littéraires et à n’y rien laisser subsister de naturel.

1479. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Considérée sous ce point de vue, sa retraite du ministère après la paix de Tilsitt fut très honorable. » Ce n’est donc point un ennemi qui écrit, et c’est ce même témoin, si digne de foi, qui nous apprend que précédemment, en 1806, dans les négociations qui amenèrent la paix de Posen, et d’où résulta l’abaissement de la Saxe, un million de francs (une bagatelle) avait été mis à la disposition du plénipotentiaire saxon, le comte de Bose, pour M. de Talleyrand, et un demi-million pour un autre agent diplomatique français, M. 

1480. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Les poëtes de Louis XIII, en tant qu’ils se rattachaient au mouvement du xvie  siècle, étaient une fin et non un commencement ; ils peuvent se considérer la plupart comme une postérité dégradée de Regnier.

1481. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Fremy entre en matière par se poser sur André Chénier la question solennelle et formidable que voici : « Doit-il être, dès à présent, considéré comme le souverain représentant de la littérature poétique de notre siècle ? 

1482. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Il faut considérer en eux maintenant d’autres propriétés, qui achèvent de les rendre capables de servir à tous les besoins de la plus agile et plus curieuse pensée.

1483. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Et s’il s’agit de la révélation considérée comme un fait historique, j’ai rencontré des ecclésiastiques qui reconnaissaient que pour un esprit muni de critique et non prévenu par la grâce, il peut y avoir, à la rigueur, autant de raisons de rejeter ce fait que de l’admettre.

1484. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il n’est point tourmenté du vague et perpétuel souci de les considérer du point de vue du livre pour les exprimer ensuite littérairement.

1485. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Aux lignes, aux surfaces, aux solides, le géomètre substitue des nombres, parce qu’il ne considère que des rapports.

1486. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Des représentants d’un tout autre esprit, des thaumaturges, considérés comme des espèces de personnes divines, trouvaient créance, par suite du besoin impérieux que le siècle éprouvait de surnaturel et de divin 180.

1487. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Il faut donc reconnaître que la forme de l’abbé Lacordaire est neuve, et même romantique si l’on veut : ce n’est pas nous qui aurions droit de considérer ce mot comme une injure.

1488. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Roustem appartient à cet âge héroïque où la force physique est encore considérée comme la première des vertus.

1489. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

je vais chercher bien loin une femme que je ne connais pas, qu’on dit riche, qui est fière sans doute, qui croira me faire grand honneur en m’épousant avec mes trois enfants ; et voilà que j’ai tout près de moi une enfant simple, pauvre, mais riche des dons de Dieu, des qualités et des vertus naturelles, et qui serait un trésor dans ma maison et dans mon cœur. » Il faut que Germain, insensiblement, et avant la fin de ce court voyage, devienne amoureux de cette petite Marie qu’il n’avait jamais considérée jusque-là que comme une enfant.

1490. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Il faut se rappeler que Mme de Staël avait publié, en 1800, un ouvrage sur La Littérature considérée dans ses rapports avec la société.

1491. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Après avoir parlé de la langue pure, légère, non appuyée, tout à fait courante et facile, que le xviie  siècle finissant avait en partie léguée au xviiie , je voudrais parler aujourd’hui de cette langue du xviiie  siècle, considérée dans l’écrivain qui lui a fait faire le plus grand progrès, qui lui a fait subir du moins la plus grande révolution depuis Pascal : « Une révolution de laquelle, nous autres du xixe  siècle, nous datons.

1492. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Il parlait contre les méthodes, contre les bibliothèques, les écoles et les académies ; il protestait contre l’abus et même contre l’usage de l’analyse : « Pour bien juger du spectacle magnifique de la nature, il faut en laisser chaque objet à sa place, et rester à celle où elle nous a mis. » Il voulait donc qu’on s’accoutumât à considérer les êtres en situation et en harmonie, non pas isolés et disséqués dans les cabinets et les collections des savants.

1493. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Son mémoire sur le Culte des dieux fétiches (1760), sur cette idolâtrie brute qu’il considère comme un des âges naturels de l’humanité ignorante et grossière en tout pays (en la considérant depuis le Déluge, dit-il, et depuis la dispersion), atteste un esprit philosophique qui, sur ce point, n’est pas allé à toutes ses conséquences.

1494. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

En lisant avec soin ces maximes d’État de Richelieu, un doute m’a pris quelquefois : je me suis demandé si, dans le jugement historique qui s’est formé sur lui, il n’entrait pas un peu trop de l’impopularité qui s’attache aisément aux pouvoirs forts considérés aux époques de relâchement, et si, de loin, nous ne le jugeons pas trop, jusque dans sa gloire, à travers les imputations des ennemis qui lui survécurent.

1495. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Il les veut si purs, il les rêve si parfaits, qu’il affecte de considérer comme un crime, chez un bourgeois, une action qui serait simplement douteuse si elle avait pour auteur un artisan ou un rustre.

1496. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ce seul inconvénient suffirait pour hâter la décadence de l’art, surtout lorsque l’on considère que l’acharnement de ces amateurs va quelquefois jusqu’à procurer aux artistes médiocres le profit et l’honneur des ouvrages publics.

1497. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Personnellement, je puis n’attacher aux bijoux aucun prix ; leur valeur n’en reste pas moins ce qu’elle est au moment considéré.

1498. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Voilà pourquoi la question du romantisme allemand, considéré comme une innovation littéraire, n’est autre chose qu’une question dramatique.

1499. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

On peut donc considérer ces fragments comme les premiers linéaments du génie de Joseph de Maistre.

1500. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Que le lecteur daigne examiner une idée, celle de triangle, en elle-même, toute seule, sans considérer avec les yeux aucun triangle effectif et réel.

1501. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Il existe dans notre littérature deux œuvres, un roman et une comédie, l’une et l’autre beaucoup plus qu’estimables, et que l’on peut considérer, — avec un peu de complaisance, — comme étant à peu près du même temps. […] Considérez maintenant, de ce point de vue, l’intrigue d’Andromaque. […] Considérez là-dessus les autres personnages. […] A beaucoup d’autres raisons, sans doute, mais, si je ne me trompe, à celle-ci principalement, qu’on le considère trop souvent en lui-même, en lui seul, sans avoir assez d’égards à ce qui l’a précédé, à ce qui l’a suivi, — et surtout, Messieurs, au temps dans lequel il a vécu. […] Je m’assis encore près d’elle ; je la considérai longtemps : je ne pouvais me résoudre à fermer sa fosse.

1502. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Yégor leva la tête, me jeta un regard, et considéra attentivement mon chien. […] … » Lavretzky se tourna légèrement vers lui et se mit à le considérer. […] Autour d’eux, les grands joncs rougeâtres se balançaient doucement ; devant eux, la nappe d’eau brillait d’un doux éclat. — Ils causaient à voix basse. — Lise se tenait debout sur le radeau. — Lavretzky était assis sur le tronc incliné d’un cytise. — Lise portait une robe blanche avec une large ceinture de ruban blanc ; d’une main, elle tenait son chapeau de paille suspendu ; de l’autre, elle soutenait, avec un certain effort, sa ligne flexible. — Lavretzky considérait son profil pur et un peu sévère, — ses cheveux relevés derrière les oreilles, ses joues si délicates, légèrement hâlées comme chez un enfant, et, à part lui, il se disait : « Qu’elle est belle ainsi, planant sur un étang ! 

1503. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Vendredi 25 janvier Tout bien considéré, en la détente de mes nerfs, en l’usure de ma colère contre les critiques, je trouve trop bête à mon âge et dans ma position, de me procurer l’occasion de me battre. […] Puis, il y a dans la présente jeunesse, ce côté curieux qui la différencie des jeunesses des autres époques ; elle ne veut pas reconnaître de pères, de générateurs, et se considère, dès l’âge de vingt ans, et dans le balbutiement du talent, comme les trouveurs de tout. […] Mirbeau a la gentillesse de me reconduire à Auteuil, et, en une expansion amicale, me raconte dans le fiacre, des morceaux de sa vie, pendant qu’aux lueurs passagères et fugitives, jetées par l’éclairage de la route dans la voiture, je considère cet aimable violent, dont le cou et le bas du visage ont le sang à la peau, d’un homme qui vient de se faire la barbe.

1504. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Tous ces articles doivent être considérés comme les croquis d’un grand tableau qui reste à faire. […] Celui-là est un des nôtres, un homme établi, marié, riche, considérable et considéré, père de famille. […] Liébard la considérait en exhalant des soupirs. […] Mais, comme disent les tourlourous qui écrivent à leurs familles, « le papier me manque, et c’est bien heureux, mes chers parents, car, tout bien considéré, je n’avais plus rien à vous dire ». […] En effet, on reste étonné, quand on considère la profondeur de l’abîme où nous ont jetés les révolutions, de voir combien étaient inconscients du danger les hommes qui nous y ont précipités.

1505. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Quant au Professeur Shairp, considéré comme critique, il fut un tragique exemple de l’influence désastreuse de Wordsworth, car il ne cessait de confondre les questions éthiques et les questions esthétiques, et jamais il n’eut la moindre idée de la manière dont il fallait aborder des poètes comme Shelley et Rossetti qu’il eut pour mission d’interpréter à la jeunesse d’Oxford, en ses dernières années. […] Toutefois ce défaut, si nous pouvons appeler cela un défaut, paraît presque impossible à éviter  : car pour certaines raisons métriques un mouvement majestueux dans le vers anglais est de toute nécessité un mouvement lent, et tout bien considéré, quand on a dit tout ce qu’on pouvait dire, combien l’ensemble de cette traduction est admirable ! […] Il était fait pour prononcer les oracles de la Divinité, pour être à la fois un prophète inspiré et un prêtre saint, et nous pouvons sans exagération, à mon avis, la considérer comme telle. […] Néanmoins, et tout bien considéré, nous devons être reconnaissants envers un volume qui nous a donné des spécimens de l’œuvre de Kendall, et peut-être un jour M.  […] Considérées en bloc, elles ont une conduite excellente, surtout celles qui posent pour la figure, fait curieux ou naturel, suivant l’idée qu’on se fait de la nature humaine.

1506. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Tant de découvertes successives et croissantes, canons, imprimeries, horloges, un continent nouveau, tout récemment l’économie des cieux cédant ses secrets aux observations d’un Tycho-Brahé et aux lunettes d’un Galilée, voilà ce que Naudé, jeune, avide de toute connaissance, eut d’abord à considérer, et il s’en exalte avec Bacon. […] Il considéra dès lors sa fortune comme un peu manquée ; il reconnut qu’après avoir tant usé de lui, de sa science et de ses services, on ne lui avait ménagé aucun sort pour l’avenir ; il en devint disposé à se plaindre quelquefois de la destinée plus qu’il n’avait coutume de faire auparavant243.

1507. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Ils prenaient Wolfgang pour un gentilhomme allemand ; d’autres l’ont même pris pour un prince ; le domestique les laissait dans cette croyance ; on me considérait comme un chambellan. […] Tu vas entrer dans un monde nouveau, et il ne faut pas que tu t’imagines que c’est par préjugé que je tiens Paris pour une ville si dangereuse ; au contraire, je n’ai, par ma propre expérience, aucun motif de considérer Paris comme dangereux ; mais ma situation d’alors et ta position actuelle diffèrent comme le ciel et la terre.

1508. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

“La journée avait été rude, disait-il, mais elle ne pouvait pas être considérée comme une défaite, puisqu’on avait conservé le champ de bataille, et c’était une merveille de se retirer sains et saufs après une pareille lutte, soutenue avec un immense fleuve à dos, et avec ses ponts détruits. […] Mais, tel que le préjugé populaire et tel que le fanatisme militaire veulent le considérer historiquement aujourd’hui, ce grand homme du fait, et non de l’idée, ne pouvait rencontrer un historien plus accompli que M. 

1509. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Je m’approchai de lui et le considérai attentivement. […] Il se considère d’un œil morne, et aucun autre n’a mieux senti combien est malheureux un siècle qui se voit.

1510. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

« La nuit venue, et les ennemis entrés dans Rome, moi, qui ai toujours aimé les choses nouvelles, je me plaisais à considérer le désordre d’une ville prise d’assaut, ce que je voyais du point où j’étais, beaucoup mieux que ceux qui étaient dans le château. […] Je considérais avec étonnement quelle est la force de la puissance divine dans les âmes simples et croyantes avec ferveur, auxquelles Dieu accorde de faire tout ce qu’elles s’imaginent ; et j’espérais la même grâce de Dieu, à cause de mon innocence.

1511. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Tes amis te considèrent : tu fais souvent leur joie, et il semble à ton cœur qu’il ne pourrait exister sans eux. […] Il était de ceux encore dont Pope, l’un des plus beaux esprits et des plus sensibles, disait : “Pour moi, j’appartiens à cette classe dont Sénèque a dit : ‘Ils sont si amis de l’ombre, qu’ils considèrent comme étant dans le tourbillon tout ce qui est dans la lumière.’”

1512. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Les Hiunen considéraient avec stupéfaction les audacieux héros, comme on considère des bêtes fauves.

1513. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

À mesure que la science délimita et restreignit son domaine, on dut s’habituer à considérer comme scientifiques les seules notions précises qui comportent la preuve d’une démonstration, comme la chimie et les mathématiques. […] Trop personnellement intéressés pour ne pas apercevoir ces analogies, les poètes considèrent volontiers l’histoire comme une symphonie énorme, avec son thème principal, ses développements, ses variations, ses rappels et ses retours.

1514. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

  … « Je vois que constamment mes amis français se considèrent comme obligés de donner toute sorte d’éclaircissements et d’excuses à mon sujet, à cause des prétendues invectives que j’aurais lancées contre la nation française. […] Le texte fit scandale en France comme on peut bien l’imaginer et considéré par les antiwagnériens comme l’exemple même de l’esprit antifrançais de Wagner.

1515. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Or, c’est là raisonner ; car je n’ai besoin que de faire abstraction des différences et de considérer les ressemblances pour obtenir un concept général, qui est un total de ressemblances ; et je n’ai besoin que de concevoir l’avenir lui-même comme semblable au passé pour induire. […] Si au contraire un train déraillait toutes les fois qu’un certain mécanicien le dirige, sans exception, on serait fondé à considérer cette coïncidence comme n’étant probablement pas fortuite.

1516. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Ces dates sont à considérer dans l’appréciation morale de Bernis.

1517. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Je serai son valet de chambre, si l’on veut, et de bien bon cœur. » Bernis n’avait rien qui imposât au roi ni à Mme de Pompadour : celle-ci l’avait vu exactement dans la pauvreté ; elle l’en avait tiré ; elle le goûtait pour la douceur de son commerce et l’agrément de sa société, mais elle le considérait en tout temps comme sa créature ; le ministre était toujours pour elle ce petit abbé riant et fleuri qui venait à son lever le dimanche, et à qui elle tapait familièrement sur la joue en lui disant : « Bonjour, l’abbé ! 

1518. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Sous le haut patronage du prince, il y voyait l’élite de la société ; il s’y maria à vingt-six ans à une femme de trois ou quatre ans plus âgée que lui, veuve déjà pour la seconde fois, et appartenant à une famille parlementaire des plus considérées dans le pays.

1519. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Il s’agit encore de Mme de Maintenon, mais de Mme de Maintenon prise cette fois par son côté le plus positif et qui prête le moins aux discussions, considérée dans son œuvre et sa fondation de Saint-Cyr.

1520. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Le peu qui s’est fait de bien dans les dernières années, elle l’attribue à Louis XIV ; tout ce qui s’est fait de mal, elle l’impute à celle qu’elle considère comme un mauvais génie et le diable en personne, à Mme de Maintenon.

1521. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Nous le laisserons marcher d’un pied sûr dans cette haute carrière administrative, pour le considérer dans ses dernières productions littéraires avant l’Empire et sous le Consulat.

1522. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Parmi ses neveux, il en avait un qu’il aimait, qu’il admirait presque en un âge encore tendre, et qu’il s’était accoutumé à considérer comme son propre enfant : c’était un prince Henri aussi, le second fils de ce prince Guillaume qu’on a vu mourir après sa disgrâce.

1523. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Parmi tant de personnes qui avec de l’esprit, de la naissance ou de la fortune, exerçaient dans cette société si richement partagée des influences diverses, et qui avaient toutes leur physionomie à part et leur rôle, la comtesse de Boufflers, pour peu qu’on la considère et qu’on l’observe d’un peu près, s’offre à nous avec une sorte de penchant prononcé et de vocation spéciale qui la désigne : elle est la plus ouverte et la plus accueillante pour le mérite des étrangers célèbres, elle est leur introductrice empressée et intelligente ; elle les pilote, elle les patronne, elle se lie étroitement avec eux, elle parle leur langue et va ensuite les visiter dans leur patrie : c’est la plus hospitalière et la plus voyageuse de nos femmes d’esprit, d’alors.

1524. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

« Lorsqu’il s’agit de remplir un devoir important, ne considérer les périls et la mort même que comme des inconvénients et non comme des obstacles.

1525. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Voyons donc les choses humaines comme elles sont ; considérons la réalité morale sans verre grossissant et sans prisme.

1526. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

N’ayant été nourri dans aucune religion monarchique, n’ayant pas, il est vrai, de religion politique contraire, je me borne à considérer la vie et le caractère de cette noble victime avec une attention respectueuse.

1527. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Il remporta deux victoires en bataille rangée, celle de Staffarde (18 août 1690), et celle de La Marsaille (4 octobre 1693), eut quantité de beaux sièges, notamment celui de Nice et de Montmélian, n’éprouva que des échecs sans grande conséquence, ne compromit jamais rien, suffit à tout et maintint les affaires en tel point que le duc de Savoie revenu à résipiscence put lui dire en toute bonne grâce « qu’il avait reçu de lui des leçons et corrections dont il espérait profiter à l’avenir pour le service du roi. » Lorsque l’on considère l’ensemble de cette guerre après la conclusion, il semble qu’elle fasse un tout qui aurait perdu à être conduit autrement et qui est bien en harmonie avec les personnages en présence et avec les résultats obtenus.

1528. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Cette disposition à ne jamais agir qu’après avoir tout considéré mène à ne plus agir du tout en vieillissant.

1529. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Mais, encore une fois, c’est là un petit côté de la Correspondance nouvellement publiée : ce qu’on y doit considérer comme essentiel, c’est tout ce qui révèle la tendresse, la vigilance, le tact et le bon sens de la grande souveraine, s’adressant dans l’intimité à la plus jeune de ses filles qu’elle voit entourée de périls et de pièges, au milieu d’une Cour légère et à la tête d’une nation mobile, aussi prompte dans ses aversions que dans ses amours.

1530. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Malouet avait d’abord contre l’éloquent tribun de grandes préventions : sous l’empire du soupçon universel qui planait sur cette tête fameuse et que ne démentaient pas les apparences, il n’était pas éloigné de le considérer comme un chef de conjurés, et il se tenait envers lui à distance respectueuse.

1531. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Royer-Collard et à le rechercher comme l’homme de bien le plus considéré dans la politique.

1532. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Elle est un poëte si instinctif, si tendre, si éploré, si prompt à toutes les larmes et à tous les transports, si brisé et battu par tous les vents, si inspiré par l’âme seule, si étranger aux écoles et à l’art, qu’il est impossible près d’elle de ne pas considérer la poésie comme indépendante de tout but, comme un simple don de pleurer, de s’écrier, de se plaindre, d’envelopper de mélodie sa souffrance.

1533. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Les principaux traits de cet autre moment si bien rempli furent la suprématie, le culte de l’Art considéré en lui-même et d’une façon plus détachée, un grand déploiement d’imagination, la science des peintures, l’histoire entamée dramatiquement, évoquée avec souffle, comme dans le Cinq-Mars et le Cromwell, la reproduction expressive du Moyen-Age mieux envisagé, de Dante et de Shakspeare compris à fond ; on perfectionna, on exerça le style ; on trempa le rhythme ; la strophe eut des ailes ; on se rapprochait en même temps de la vérité franche et réelle dans les tableaux familiers de la vie.

1534. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Le drame mis à part, on peut considérer Malherbe et Boileau comme les auteurs officiels et en titre du mouvement poétique qui se produisit durant les deux derniers siècles, aux sommités et à la surface de la société française.

1535. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Bertrand nous récita, entre autres, la petite drôlerie gothique que voici, laquelle se grava à l’instant dans nos mémoires, et qui était comme un avant-goût en miniature du vieux Paris considéré magnifiquement du haut des tours de Notre-Dame : LE MAÇON.

1536. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Voilà le malheur considéré en lui-même ; examinons-le dans ses relations extérieures.

1537. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

À partir du moment où elle l’aima, et malgré les infidélités dont il ne se faisait pas faute, il paraît bien que Mlle Le Couvreur ne se considéra plus comme libre.

1538. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

On l’avait considéré d’abord comme l’aide de camp de Mounier, il fit ce qu’il fallait pour se détacher et paraître lui-même.

1539. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

— « C’était mon mari, il est mort. » Mme Geoffrin eut une fille, qui devint la marquise de La Ferté-Imbault, femme excellente, dit-on, mais qui n’avait pas la modération de sens et la parfaite mesure de sa mère, et de qui celle-ci disait en la montrant : « Quand je la considère, je suis comme une poule qui a couvé un œuf de cane. » Mme Geoffrin tenait donc de sa grand-mère, et elle nous apparaît d’ailleurs seule de sa race.

1540. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Il paraît avoir aimé cette profession, où il conquit l’estime et se fit considérer ; il en garda quelques amis de jeunesse, parmi lesquels on me cite MM. 

1541. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Pour nous tous, Diderot est un homme consolant à voir et à considérer.

1542. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il suppose avec tranquillité des choses extraordinaires et qui pourront bien arriver un jour : Nous serons un jour des anciens nous-mêmes, remarque-t-il, et il faut espérer qu’en vertu de la même superstition que nous avons à l’égard des autres, on nous admirera avec excès dans les siècles à venir : « Dieu sait avec quel mépris on traitera en comparaison de nous les beaux esprits de ce temps-là, qui pourront bien être des Américains. » C’est ainsi que Fontenelle, l’esprit le plus dégagé de soi-même, de toutes ces préventions qui tiennent aux temps et aux lieux, se propose des perspectives, des changements à vue dans l’avenir, et s’amuse à les considérer avec des yeux indifférents.

1543. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

quand je considère où nous en sommes venus à vingt-cinq ans de distance, quand je repense à cette vigueur de l’attaque et à cette confiance excessive avec laquelle on remettait alors à la bourgeoisie éclairée un rôle qu’elle n’a pas su tenir, la plume m’échappe des mains, et j’ai trois fois rejeté le livre au moment d’extraire ce que j’en voulais d’abord citer.

1544. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Et maintenant, quand on a parlé de Ninon avec justice, avec charme, et sans trop approfondir ce qu’il dut y avoir de honteux malgré tout, ce qu’il y eut même de dénaturé à une certaine heure, et de funeste dans les désordres de sa première vie, il faut n’oublier jamais qu’une telle destinée unique et singulière ne se renouvelle pas deux fois, qu’elle tient à un incomparable bonheur, aidé d’un génie de conduite tout particulier, et que toute femme qui, à son exemple, se proposerait de traiter l’amour à la légère, sauf ensuite à considérer l’amitié comme sacrée, courrait grand risque de demeurer en chemin, et de flétrir en elle l’un des sentiments, sans, pour cela, se rendre jamais digne de l’autre21.

1545. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Je n’ai voulu ici que faire entrevoir cette façon de les considérer ; il est, en toutes choses, une conclusion élevée et raisonnable, qu’il ne faut jamais perdre de vue.

1546. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Celui qui contient Les Époques de la nature, publié en 1778, est considéré comme le chef-d’œuvre de Buffon.

1547. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Sur le meilleur pied à la Cour, voyant son élève chéri, le petit Charles IX, devenu roi dès l’âge de onze ans, et ne cessant jusqu’à la fin de le considérer comme le plus gentil et le plus doux des princes ( natura mitissimus erat ) ; également estimé et honoré de son autre élève Henri III, grand aumônier de France sous tous deux, bientôt évêque d’Auxerre, Amyot avait réalisé le plus beau rêve d’un savant et d’un lettré au xvie  siècle.

1548. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Il traita de la tragédie considérée dans son influence sur l’esprit national : il se plut à montrer dans la tragédie des anciens, dans celle des Grecs, une institution politique.

1549. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Qu’est-ce que l’ode, à la considérer dans toute son élévation ?

1550. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Elle montre les gens de bien, par leur obstination à créer contre les impôts et ceux qui en abusent, venant en aide aux turbulents et leur prêtant main-forte comme il arrive si souvent : Les gens de bien, sans considérer que c’est un mal quelquefois nécessaire, et que tous les temps à cet égard ont été quasi égaux28, espéraient par le désordre quelque plus grand ordre ; et ce mot de réformation leur plaisait autant par un bon principe, qu’il était agréable à ceux qui souhaitaient le mal par l’excès de leur folie et de leur ambition.

1551. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Il avait commencé par être valet de chambre dans la maison de La Rochefoucauld, et il finit par être le confident intime, indispensable, une partie essentielle du Grand Condé, traité des plus qualifiés sur le pied d’un ami, consulté des ministres, considéré et goûté des rois et puissants en France et en Europe, apprécié de tous comme un homme d’un esprit fécond, agréable et des plus utiles.

1552. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Je me borne à la définir, et à considérer cette humanité stoïque, en tant qu’elle se distingue de la charité selon Pascal et Bossuet.

1553. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Loin de considérer ce mémorable traité, et les maximes d’État qu’il renferme, comme des émanations de l’âme austère et sérieuse et du génie le plus recueilli du cardinal, ceux mêmes qui le lui attribuaient y voyaient plutôt de la défaillance, et le grand Frédéric, si digne de l’apprécier, écrivait, par complaisance pour Voltaire : L’esprit le plus profond s’éclipse : Richelieu fit son Testament, Et Newton son Apocalypse.

1554. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il est même, à cet égard, en contradiction avec lui-même : car il a très bien remarqué quelque part qu’une des différences qui distingue le plus les modernes des anciens, c’est que, pour connaître ces derniers, « c’était beaucoup d’avoir acquis la connaissance de leurs lois, de leurs coutumes et de leur religion », tandis que l’on connaîtrait fort imparfaitement les modernes, si on ne les considérait que par ces relations-là : notre manière de penser et de sentir dépend de bien d’autres circonstances : « On en jugerait bien mieux, ajoute-t-il, par l’esprit de notre théâtre, par le goût de nos romans, par le ton de nos sociétés, par nos petits contes et par nos bons mots. » Sur de telles nations, sur la nôtre en particulier, les livres donc, les bons livres et surtout les mauvais, ont grande influence.

1555. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Entre toutes celles qui pouvaient convenir à une âme élevée, à un homme public jeté avant l’heure dans la retraite, il n’en était point de plus digne assurément que de considérer l’idée religieuse dans ses rapports essentiels avec le maintien de la société.

1556. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

L’utile, considéré en lui-même et comme élément à combiner avec le sublime, est de plusieurs sortes ; il y a de l’utile qui est tendre, et il y a de l’utile qui est indigné.

1557. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Au lieu de les considérer comme des imitateurs, fidèles à un type convenu, je voudrais qu’on les montrât surtout comme des inventeurs qui n’avaient pas eu de modèles, si originaux qu’on n’a pu les imiter, et qu’ils ont emporté avec eux non-seulement leur génie, mais la forme même dans laquelle ils l’avaient exprimé.

1558. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il ne s’est pas rappelé les paroles si étrangement sérieuses de Vico : « Les esprits vigoureux ne rient point, parce qu’ils considèrent fortement une chose et ne s’en laissent point détourner.

1559. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Ainsi, notons bien ceci : en premier lieu, voici un auteur, — un chrétien, sans doute, — qui considère comme certain que le Sage y regarde de bien près avant de se permettre de rire, comme s’il devait lui en rester je ne sais quel malaise et quelle inquiétude, et, en second lieu, le comique disparaît au point de vue de la science et de la puissance absolues.

1560. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Il avait, peut-être à un plus haut degré, les mêmes études de langue latine, de poésie provençale et de philosophie ; il composait une thèse sur la terre et l’eau considérées comme premiers éléments ; il était venu écouter dans Paris, rue du Fouarre, un grand maître de scolastique, et il avait lui-même discuté contre tout venant.

1561. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Il est curieux, en attendant, de considérer l’effort des esprits depuis Philadelphie jusqu’à Venise. […] Ce Dieu de la nation, ce Poète que le peuple des vérsificateurs encense, parce que chacun d’eux aspire secrettement & sent qu’il peut aspirer à sa manière non inventive ; Racine est bien en particulier le Poète Dramatique sans génie & sans caractère, considéré, non comme Ecrivain, mais comme Peintre des évènemens des hommes & des passions ; il n’a rien au dessus de Pradon, que d’écrire mieux que lui ; c’est le même homme quant au plan, quant aux caractères, quant à la maniere de choisir & de disposer ses sujets ; il en fit l’aveu lui-même & l’on diroit qu’il s’est bien connu. […] S’il est considéré comme semence productive, les trois quarts & demi des citoyens en sont privés & languissent toute leur vie, sans pouvoir déployer leurs propres facultés. […] Ce morceau-ci ne doit donc être considéré que comme l’avant-propos d’un ouvrage assez long, que je compte bientôt publier & qui aura pour titre : Examen Philosophique de quelques Pièces du Théàtre Français, Allemand, Anglois, Espagnol, avec les observations de plusieurs Ecrivains célèbres sur la nécessité de réformer le système actuel du Théâtre François.

1562. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Cela lui permettait, en effet, de ne plus considérer que son héros, de ne tenir compte que de ses dispositions d’esprit particulières, et non point des nôtres. […] Larroumet, à ne considérer que la syntaxe et le vocabulaire, est bien le même que celui de Bossuet ou de la Bruyère. […] On considère donc que ce pain de malheur est réellement un poison et qu’il agit par lui-même. […] Scapin a vieilli ; il est riche, il est marié, il est considéré. […] On y enseignera au peuple l’histoire de la Révolution, et toute l’histoire de France considérée au point de vue révolutionnaire.

1563. (1890) Nouvelles questions de critique

Le Petit nous donne de l’édition qu’il lui plaît de considérer comme l’originale — car il n’a point expliqué ses raisons, — n’est-elle pas conforme à la description que j’en trouve dans le Catalogue de la vente Rochebilière ? […] C’est ce que l’on a généralement oublié de considérer. […] Considériez, l’un après l’autre, Han d’Islande et Quasimodo, don Salluste et Jean Valjean, Antony, Caligula, Tragaldabas, les héros habituels des romans d’Eugène Sue, de Frédéric Soulié. […] Pour nous, sans y chercher plus de finesse ni de mystère, conformément à l’étymologie, dont les droits sont imprescriptibles, nous appellerons naturalistes tous ceux qui considèrent l’imitation de la nature comme le dernier terme de l’art ; et, réciproquement, nous donnerons le nom d’idéalistes tous ceux qui se servent des moyens de la nature pour exprimer l’idée qu’ils se font de ce qu’elle pourrait, ou de ce qu’elle devrait être. […] Considérez, en effet, un Palais nomade de M. 

1564. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Je ne puis le croire. » Vigny lui-même ne se montrait pas tendre pour les Nouvelles Méditations qu’il considérait comme des rognures des premières. […] À propos du Polonais Mickiewicz et de l’Italien Manzoni, considérés comme des doublures de Byron, il insinuait : Lamartine aurait pu être cela en France. […] Nous avons Biscioni qui considère la Vita nuova comme un traité d’amour purement intellectuel. […] Il me considère longuement ; un sourire, un clignement d’yeux, puis cette phrase ; — Ça va l’armée ? […] Quoi qu’il en soit, les Grecs considéraient que frapper la vue dans une composition dramatique était chose secondaire.

1565. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

VI Considérons les différents personnages que cet art si appliqué à la peinture des mœurs réelles, et si propre à la peinture de l’âme vivante, va chercher parmi les mœurs réelles et les âmes vivantes de son temps et de son pays. […] Elles ne sont point tentées par la suavité voluptueuse qui, dans les pays du Midi, s’exhale du climat, du ciel et du spectacle de toutes choses, qui fond les résistances, qui fait considérer la privation comme une duperie et la vertu comme une théorie. […] Considérez donc l’espèce ici, c’est-à-dire la race ; car les sœurs de l’Ophélia et de la Virginia de Shakspeare, de la Claire et de la Marguerite de Gœthe, de la Belvidera d’Otway, de la Paméla de Richardson, font une race à part, molles et blondes, avec des yeux bleus, d’une blancheur de lis, rougissantes, d’une délicatesse craintive, d’une douceur sérieuse, faites pour se subordonner, se plier et s’attacher.

1566. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Ce n’est pas tout : chaque scène veut encore la même perfection ; il faut la considérer au moment qu’on la travaille, comme un ouvrage entier, qui doit avoir son commencement, ses progrès et sa fin. […] Qu’un ami à qui cet amant parle, convienne qu’en effet cette personne n’a pas beaucoup de beauté ; que, par exemple, elle a les yeux trop petits ; que, sur cela, l’amant dise que ce ne sont pas ses yeux qu’il faut blâmer, et qu’elle les a très agréables ; que l’ami attaque ensuite la bouche, et que l’amant en prenne la défense ; le même jeu sur le teint, sur la taille : voilà un effet de passion peu commun, fin, délicat et très agréable à considérer. […] Pour juger combien ils sont déplacés, on n’a qu’à considérer l’embarras de l’acteur dans ces endroits ; il ne sait à qui s’adresser.

1567. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Dans un dictionnaire de langue française, il y a principalement trois choses à considérer ; la signification des mots, leur usage, et la nature de ceux qu’on doit y faire entrer. […] Mais il faut surtout se souvenir de deux choses : 1°. de suivre dans tout l’ouvrage l’orthographe principale adoptée pour chaque mot ; 2°. de suivre un plan uniforme par rapport à l’orthographe, considérée relativement à la prononciation, c’est-à-dire, de faire toujours prévaloir, dans les mots dont l’orthographe n’est pas universellement la même, ou l’orthographe à la prononciation, ou celle-ci à l’orthographe. […] Ce passage d’un si grand maître servirait à confirmer tout ce que nous avons dit dans cet article sur l’élocution considérée par rapport à l’éloquence, si des vérités aussi incontestables avaient besoin d’autorité.

1568. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Ces guerres d’Italie considérées généralement comme des fautes, il les excuse et les justifie en les montrant dans la pensée du prince comme un moyen de politique utile et nationale : il lui fallait obtenir du pape Alexandre VI de rompre son mariage avec Jeanne de France pour épouser ensuite Anne de Bretagne, et pour réunir ce duché au royaume.

1569. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Tout son soin, dans l’amitié, est de n’en point flétrir en lui l’image par des vices ; mais c’est moins de lui-même à cet égard qu’il s’inquiète que de son ami ; car, lui, il se considère comme moins propre aux grandes perfections, et moins sujet par là même aux grandes maladies morales : « Pour toi, au contraire, dit-il à Montaigne, il y a plus à combattre, toi, notre ami, que nous savons propre également aux vices et aux vertus d’éclat. » Toute la pièce d’où ceci est tiré a pour but de montrer les inconvénients du libertinage et du plaisir.

1570. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Quand je dis qu’elle s’y oublie, je me trompe ; car il semble que Marianne, à la façon dont elle se décrit, se soit vue et considérée elle-même à distance comme si elle était une autre.

1571. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Moreau, de la bibliothèque Mazarine, apportant sur ce sujet une critique exacte et bienveillante, a depuis considéré Saint-Martin dans le fond même et le principe de ses doctrines, et s’est attaché à montrer comment il avait servi la vérité à son heure, et en quoi aussi il y avait manqué, en quoi c’était un chrétien peu orthodoxe, un hérésiarque qui en rappelle quelques-uns du temps d’Origène46.

1572. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

En général, lorsque l’on considère l’Église dans ses fonctions, elle est belle et utile.

1573. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

À un autre endroit, se montrant, non pas avare mais homme d’ordre et d’économie, qui aime mieux améliorer ses terres que de les étendre, et conserver son bien que de convoiter celui d’autrui, il ajoute sans qu’on soit tenté de le contredire : « Je me crois le contraire de Catilina, dont Salluste dit, etc. » Quand il se considère ainsi en face et qu’il s’applique à se définir lui-même, d’Argenson se peint à nous, mais moins bien que lorsqu’il se compare et s’oppose à son frère, plus homme de Cour et futur ministre également.

1574. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

C’était considérer ce travail sous son vrai jour, c’est-à-dire comme un exercice individuel qu’elle se proposait et comme un passe-temps fructueux.

1575. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

J’étais conduit, grâce à lui, à une observation plus précise dans les deux voies ; et l’idée de l’unité, ce qu’a d’harmonieux et de complet chaque être individuel considéré en lui-même, le sens enfin des mille apparitions de la nature et de l’art, se découvraient à moi chaque jour de plus en plus.

1576. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Il est certain qu’elle eut une jeunesse fort émancipée et à demi virile, et qu’elle trancha de l’amazone ; mais ensuite, et quelles que fussent les chansonnettes et les propos légers, tels que ceux que nous venons de lire, il paraît bien qu’elle vécut à Lyon fort considérée, fort entourée de tout ce qu’il y avait de mieux dans la ville, et de tout ce qui y passait de voyageurs savants et distingués qui se faisaient présenter chez elle : car elle avait une maison, un salon ; on y faisait de la musique, on y lisait des vers, on y causait de sciences et de belles-lettres.

1577. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Jamais écrivain n’a plus vérifié par son exemple ce mot de Montesquieu, que « la critique peut être considérée comme une ostentation de sa supériorité sur les autres.

1578. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Je ne puis ni ne veux éluder le livre de prose de Théophile Gautier que je considère comme capital dans son œuvre, et qui recèle une physiologie morale toute singulière, Mademoiselle de Maupin, qu’il mit deux ans à composer et qu’il publia en 1836.

1579. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Viollet-Le-Duc la marche de l’architecture en ses moments principaux, nous dirons que l’art byzantin ne doit nullement être considéré comme « une suite de la décadence des arts romains » ; c’est un nouveau temps, c’est « l’art romain renouvelé par l’esprit grec, un art, non point à son déclin, mais au contraire rajeuni, pouvant fournir une longue carrière et donner jour à des principes jusqu’alors inconnus ».

1580. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Au mois de septembre 1692, à son camp d’Aspre, pendant la petite vérole du duc à Embrun, il se considérait dans une situation fort bonne pour être à portée de tout, et fort dangereuse pour les ennemis, s’ils faisaient un mouvement de plus en avant dans notre pays.

1581. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Le volume se compose de deux parties : la principale, qui est la négociation du mariage de la princesse de Saxe, nièce du maréchal, avec le dauphin de France, père de Louis XVI, forme tout un ensemble, et peut être considérée comme un épisode entièrement neuf de la vie du héros, Français de gloire, Saxon de cœur, et qui sut concilier en cette circonstance les intérêts de ses deux patries.

1582. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Les victoires sont belles à considérer de loin et dans le raccourci de la perspective ; mais, à y regarder de près, elles sont pénibles et souvent achetées bien cher.

1583. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Seulement on l’a considérée comme ayant appartenu à un autre groupe semblable ; de la plupart des statues ou groupes célèbres, nous connaissons plusieurs répétitions (repliche, comme disent les Italiens), avec ou sans variantes. — La tête d’Aremberg ne représente pas, d’ailleurs, un homme beaucoup plus jeune. — Je crois qu’assez généralement aujourd’hui on la regarde comme un ouvrage de la Renaissance, l’expression très-pathétique paraissant s’écarter des habitudes des anciens.

1584. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Parny, à cette date, était encore considéré par les hommes de l’école dernière du xviiie siècle, de l’école de Marie-Joseph Chénier, comme un parfait modèle d’élégance, de pureté (pour le goût), et le Racine de l’Élégie.

1585. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Sans doute pour qui considère les productions de l’époque d’un coup d’œil complet, il y a d’autres littératures coexistantes et qui ne cessent de pousser de sérieux et honorables travaux : par exemple la littérature qu’on peut appeler d’Académie des Inscriptions, et qui reste fidèle à sa mission de critique et de recherche en y portant un redoublement d’activité et en y introduisant quelque jeunesse ; il y a encore la littérature qu’on peut appeler d’Université, confinant à l’autre, et qui par des enseignements, par des thèses qui deviennent des ouvrages, est dès longtemps sortie de la routine sans perdre la tradition.

1586. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Il aurait souhaité voir cette pitié ennoblie par un sentiment plus doux et plus élevé, et la résignation chrétienne du Lépreux l’eût mille fois plus attendri que son désespoir. » — Ce discours dans la bouche de l’ami prendra de la valeur et deviendra plus curieux à remarquer, si l’on y croit reconnaître un écrivain bien illustre lui-même et qu’on a été accoutumé longtemps à considérer comme l’émule et presque l’égal du comte Joseph, plutôt que comme le critique et le correcteur du comte Xavier36.

1587. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

. — Quant à celui de Mmede Girardin, tout bien considéré, nous ne nous y mettrons jamais ; c’est un plaisir dont il faut nous priver, non point par crainte, mais, nous le disons tout nettement, par bon goût.

1588. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin insère, chemin faisant, dans son récit, peuvent, je crois, être considérés comme des modèles, et montrent dans quelle mesure on doit se faire littéral avec un poëte étranger, tout en se conservant français, lisible, et même élégant.

1589. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M.

1590. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Lui qui avait besoin, pour déployer ses ailes, qu’il fit beau dans la société autour de lui, il trouvait à sa portée d’heureux espaces ; et j’aime à le considérer comme le type le plus élevé de ces connaisseurs encore répandus alors dans un monde qu’ils charmaient, comme le plus original de ces gens de goût finissants, et parmi ces conseillers et ces juges comme le plus inspirateur.

1591. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

On sent encore ce que cette terre a d’attachant, mais on est plus près d’une félicité plus durable. » Cette sorte de station intermédiaire est précisément l’état dans lequel elle se plaisait à se dessiner alors, et dans lequel nous nous plaisions nous-même à la considérer, en nous prêtant à sa coquetterie à demi angélique.

1592. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Si pourtant il en avait une, ou plutôt si, de la façon dont il conte les choses, on voulait induire ce qu’il y considère avec le plus de complaisance, on trouverait que la joie de voir et de faire triompher l’esprit anime toutes les parties de l’ouvrage.

1593. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Elle peut se considérer de deux points de vue, selon qu’on y cherche un poète ou un critique.

1594. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Mais je considérai que mon père, n’étant pas saint comme moi, ne partagerait pas avec moi la gloire des bienheureux, et cette pensée me fut une grande consolation.

1595. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

La définition la plus générale du goût, sans considérer s’il est bon ou mauvais, juste ou non, est ce qui nous attache à une chose par le sentiment ; ce qui n’empêche pas qu’il ne puisse s’appliquer aux choses intellectuelles, dont la connoissance fait tant de plaisir à l’ame, qu’elle étoit la seule félicité que de certains philosophes pussent comprendre.

1596. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

C’est une fausse vue de considérer le mariage de Louis XIV avec madame de Maintenon comme l’ouvrage de la religion ou des prêtres.

1597. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Écoutons le raisonnement : Si l’on veut bien considérer, nous dit d’Olivet, qu’il a vécu quatre-vingt-onze ans moins quelques jours, qu’il se porta dès sa plus tendre enfance à l’étude, qu’il a toujours eu presque tout son temps à lui ; qu’il a presque toujours joui d’une santé inaltérable ; qu’à son lever, à son coucher, durant ses repas, il se faisait lire par ses valets ; qu’en un mot, et pour me servir de ses termes, ni le feu de la jeunesse, ni l’embarras des affaires, ni la diversité des emplois, ni la société de ses égaux, ni le tracas du monde, n’ont pu modérer cet amour indomptable de l’érudition qui l’a toujours possédé, une conséquence qu’il me semble qu’on pourrait tirer de là, c’est que M. d’Avranches est peut-être, de tous les hommes qu’il y eut jamais, celui qui a le plus étudié.

1598. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Léonidas et Pascal, surtout le dernier, il n’est pas bien sûr qu’il ne les ait pas considérés comme deux énormités et deux monstruosités dans l’ordre de la nature.

1599. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Quand Laure le fait passer pour son frère et qu’elle le présente sur ce pied à toute la troupe, le respect avec lequel il est reçu par tous, depuis les premiers sujets jusqu’au souffleur, la curiosité et la civilité avec lesquelles on le considère, touchent de près à l’une des prétentions les plus sensibles de ce monde des comédiens d’autrefois : « Il semblait, dit-il, que tous ces gens-là fussent des enfants trouvés qui n’avaient jamais vu de frère. » C’est qu’en effet les comédiens (je parle toujours de ceux d’autrefois), précisément parce qu’ils étaient le plus souvent peu pourvus du côté de la famille, étaient d’autant plus fiers et attentifs quand ils en pouvaient montrer quelques membres comme échantillon.

1600. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Les puissances avaient signifié que, si elles croyaient avoir à secourir leurs alliés (il s’agissait surtout de l’Italie), elles le feraient sans tenir compte de l’opposition de la France, et elles donnaient à entendre qu’une intervention armée de sa part serait considérée comme une hostilité directe contre chacune d’elles.

1601. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

À considérer les soins extrêmes que prenaient les anciens pour donner à leurs enfants, dès le sein de la nourrice, ce tact fin et ce sens exquis, on est frappé de la différence avec l’éducation moderne.

1602. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

L’idée de Turgot et de Condorcet, et qui d’ailleurs, dans ses termes les plus généraux, ne leur est point particulière, est celle-ci : l’humanité, considérée dans son ensemble et depuis ses origines, peut se comparer à un homme qui a passé successivement par un état d’enfance, puis par un état de jeunesse et de virilité.

1603. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Son point de départ est toujours la Révolution, qu’il considère comme irrévocable dans ses grands résultats de destruction ; et cette table rase de l’égalité civile, ce vaste niveau qui s’étend sur la ruine des corps privilégiés, lui semble, si l’on sait en user, aussi favorable pour le moins à la royauté qu’au peuple.

1604. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Pour rendre à Mlle de Scudéry toute la justice qui lui est due, et pour lui assigner son vrai titre, on doit la considérer comme l’une des institutrices de la société, à ce moment, de formation et de transition.

1605. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Ainsi, lorsque je considère dans la glace mon teint flétri et mes yeux abattus, et qu’en rentrant en moi-même j’y trouve une raison plus active et plus ferme, si le temps ne m’avait pas ravi les objets d’une tendresse qui ne finira qu’avec ma vie, je ne saurais pas si je dois me plaindre de lui.

1606. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Tout bien considéré, et après avoir beaucoup cherché, il m’a semblé que ce que La Harpe a écrit de plus fait pour trouver grâce aujourd’hui devant tous est cette Prophétie de Cazotte, quelques pages restées dans ses papiers et qu’on en a données après sa mortf.

1607. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Beaumarchais tint la gageure, et Le Mariage fut écrit ou crayonné dès 1775 ou 1776, c’est-à-dire dans cette période que je considère comme celle où Beaumarchais fut en possession de tout son esprit et de tout son génie, et après laquelle nous le verrons baisser légèrement et s’égarer de nouveau.

1608. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Plus vieux, et devenu un archevêque considérable, il se remet à écrire l’histoire de sa vie, mais il en raccourcit les commencements, il ne s’y étend plus avec un détail circonstancié ; il semble considérer comme des enfances tout ce qui se rapporte à cette époque déjà si ancienne, que l’autorité toute-puissante de Louis XIV avait presque réduite à l’état d’histoire fabuleuse et mythologique.

1609. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Hennin à cette lettre, réponse que les éditeurs ont eu le tort de supprimer, on voit cet homme de sens combattre la détermination de Bernardin, et lui représenter qu’il n’y a rien d’humiliant dans l’offre qui lui est faite ; que le premier pas est l’essentiel, et que le reste ne peut manquer de suivre : « Considérez, monsieur, que dans un pays où les sujets manquent, vous auriez été le premier employé.

1610. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

De même, quand il considère la nature, il ne se desserre point le cœur, il ne s’ouvre jamais avec plénitude à l’impression tranquille et sereine de ses grandeurs et de ses beautés.

1611. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

III Nous sommes au terme de notre analyse ; que l’on prenne les influences successives, nationales et esthétiques auxquelles Heine s’est soumis, que l’on considère la diversité de ses inspirations, des genres qu’il a cultivés, des facultés qu’il a exercées, le trait marquant de son organisation mentale s’accuse en une sorte d’instabilité naturelle qui fit passer le poète par toute la succession des humeurs ; de la gaieté à l’ironie, de l’ironie au désespoir, et cela sans cesse, avec une singulière rapidité.

1612. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Le poëte ne se limite que par son but ; il ne considère que la pensée à accomplir ; il ne reconnaît pas d’autre souveraineté et pas d’autre nécessité que l’idée ; car, l’art émanant de l’absolu, dans l’art comme dans l’absolu, la fin justifie les moyens.

1613. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

On pourrait presque considérer son cerveau comme une formation ; il y a une couche de souffrance, une couche de pensée, puis une couche de songe.

1614. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Quand même on ne le considère que comme un homme qui a écrit.

1615. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

» Et premièrement, chrétiens, si vous regardez son extérieur, il avoue lui-même que sa mine n’est pas relevée221 : Præsentia corporis infirma ; et si vous considérez sa condition, il est méprisable, et réduit à gagner sa vie par l’exercice d’un art mécanique.

1616. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Ce sont tous ces défauts du Dictionnaire de Trévoux qui ont fait naître l’idée du Grand Vocabulaire françois, contenant l’explication de chaque mot considéré dans ses diverses acceptions grammaticales, propres, figurées, synonimes & relatives ; les loix de l’orthographe, celles de la prosodie ou prononciation, tant familiere qu’oratoire ; les principes généraux & particuliers de la Grammaire ; les regles de la versification, & généralement tout ce qui a rapport à l’éloquence & à la poésie ; la géographie ancienne & moderne ; le blason, ou l’art heraldique ; la mythologie ; l’histoire naturelle des animaux, des plantes & des minéraux ; l’exposé des dogmes de la Religion & des faits principaux de l’histoire sacrée, ecclésiastique & profane ; des détails raisonnés & philosophiques sur l’œconomie, le commerce, la marine, la politique, la jurisprudence civile, canonique & bénéficiale ; l’anatomie, la médecine, la chirurgie, la chymie, la physique, les mathématiques, la musique, la peinture, la sculpture, la gravure, l’architecture, &c.

1617. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Un savant du XIIe et du XIIIe  siècle n’était qu’un misérable ergoteur, un impertinent très-insupportable dans toute la valeur du terme ; mais cet impertinent était considéré.

1618. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Près de ce vaisseau, une paysane assise, un bras appuyé sur les bords du vaisseau, tenant de cette main un instrument de laiterie, l’autre bras pendant et dans la main un pot plein de lait qui se répand, tandis que la paysane s’amuse à considérer les caresses de deux pigeons qu’un pâtre debout à côté d’elle lui montre sur une troisième fabrique de gros bois arrondis et formant une espèce de réservoir d’eau, une auge où un petit courant est dirigé par un canal qu’on voit par derrière. à gauche, du même côté sur le fond, c’est une espèce singulière de colombier imitant une grande cage en pain de sucre, avec des rebords et des ouvertures tout autour, et soutenue sur cinq ou six longues perches inclinées les unes vers les autres.

1619. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Néanmoins comme le talent d’émouvoir est le caractère principal de l’éloquence, c’est aussi sous ce point de vue que nous allons principalement la considérer.

1620. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Les bornes des sens de l’homme, pour voir l’univers ; de son intelligence, pour en connaître les lois ; de ses facultés, pour en juger l’ensemble : telles sont les limites de la parole, considérée comme expression de l’intelligence ou de la pensée.

1621. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

À ne considérer les travaux de M. 

1622. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Si je possède assez de bonne humeur pour m’amuser cordialement d’une comédie considérée comme telle, j’admire que d’autres possèdent assez de sérieux pour y voir un drame.

1623. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

N’est-ce pas un fait que toutes nos sociétés occidentales supportent, plus ou moins docilement, une sorte de hiérarchie mondaine qui les divise en groupes plus ou moins distingués, considérés ou suspectés, et que la façon dont on y traite un individu dépend le plus souvent du groupe auquel, d’après son habit, ses manières ou son ton, on aura jugé qu’il appartenait ?

1624. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Il faut avouer que leur émotion se comprend et qu’elle s’aggrave encore de ce qu’il ne s’attendaient guère à être si durement « constatés », en ce qu’ils considèrent, à tort sans doute, comme le dernier rempart de leurs privilèges sociaux, comme leur propre maison. […] Dans le langage de la justice russe, le « déplacement par voie administrative » n’est pas considéré comme une peine. […] Créature laide, affreusement sale et débraillée, repoussante et acariâtre ; tous la considéraient comme l’idéal de la beauté. […] Non qu’il fût ce qu’on appelle un misogyne — il se plaisait infiniment dans la société des femmes, et il savait s’y montrer charmant, — mais il ne voulait pas sacrifier à un plaisir, quelque vif qu’il fût, ce qu’il considérait comme le devoir, si douloureux fût-il parfois. […] … Il y avait, ce soir-là, dans la salle, une trentaine de personnes, toutes différentes de sensibilité et d’idées… quelques-unes, même, facilement portées à l’ironie, et qui considèrent volontiers l’émotion comme une tare, ou comme une faiblesse… Eh bien !

1625. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

C’est la chapelle d’Ibañeta, qui fut maintes fois rebâtie, mais qui, d’après ce texte incontestable, existait au moins au commencement du xiie  siècle et était alors considérée comme ayant été construite par Charlemagne. […] La Croix de Charles, la Chapelle de Charles semblent donc pouvoir être considérées comme des monuments commémoratifs élevés par le roi des Francs, le premier pour rappeler son passage par la route, restaurée par lui, du Port de Cise, le second pour consacrer le souvenir des morts du 15 août 778. […] Au reste, Cartaphilus (que Mousket ne nomme pas) n’est pas Juif ; en sa qualité d’employé de Pilate, il faut bien plutôt le considérer comme un Romain. […] L’idée de faire donner par l’oiseau les préceptes de l’amour courtois lui était tout naturellement suggérée : on voit de bonne heure au moyen âge les oiseaux considérés comme des sortes de prêtres de la religion d’Amour, qui en promulguent les dogmes et en interprètent les lois. […] J’ai considéré l’ordre de CE comme l’original, parce qu’il concorde avec celui de Pierre Alphonse : dès lors l’établissement du texte était tout indiqué.

1626. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Aujourd’hui, nous considérerons la poésie romane dans son application aux événements politiques et religieux. […] Dans la prochaine séance nous considérerons d’autres monuments historiques et poétiques de la langue romane, au milieu de la croisade sanglante contre les Albigeois. […] Dans le Cid, c’est moins la grandeur des événements que la grandeur de l’homme qu’il faut considérer. […] Revenons à notre fabliau, considéré comme témoignage historique. […] Il était tellement considéré, que par un anachronisme singulier, son nom est placé dans le poëme de l’Alexandride ; il récite un chant à la table d’Alexandre.

1627. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Ils aiment à pénétrer les causes, à déduire et à conclure, dans le recueillement, les relations mystérieuses des choses que l’inattention ou l’insouciance considèrent comme absolument étrangères entre elles. […] Or, nous ne sommes plus au temps où il pouvait être de bon ton à Londres et à Édimbourg de considérer toute la France comme un peuple de danseurs et de cuisiniers. […] À ces conditions, on peut considérer comme définitif le livre que l’on quitte. […] Il considère la Saint-Barthélemy comme une boutade improvisée, et nie formellement que le coup d’état ait été prémédité longtemps à l’avance. […] Ce qu’on prend pour de la gaucherie, pourrait bien n’être qu’un doute sérieux de lui-même ; peut-être qu’il envisage tous ses mouvements et toutes ses démarches comme des choses folles ; qu’il considère le succès comme invraisemblable : c’est un vrai fakir, et qui vit dès à présent dans l’éternité de sa pensée.

1628. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Elle revint auprès du lit, prit une des mains inertes et froides et se mit à considérer sa mère. […] J’ajouterai, pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de ce beau roman historique, que son action évolue pendant les guerres de la fin du premier empire et qu’il pourrait presque être considéré comme une suite de documents politiques contenus dans une action des plus intéressantes. […] C’est de ce regard grave et ferme, le regard d’un stoïque, qu’il considérait la vieillesse, qui s’aggravait tous les jours, et la mort inévitable. […] Parvenu à l’âge de cinquante ans, je m’arrêtai un jour pour considérer combien de ma vie était déjà écoulé ; puis je me remis en route en me disant que pour atteindre soixante-dix ans, « que je m’octroyais libéralement, j’avais vingt ans devant moi, terme assez long pour ne pas m’occuper de la mort. […] Tout en écoutant son gentil babil, je ne pouvais penser sans tristesse à la destinée qui l’attendait probablement, à cette existence de harem sous les aspects de laquelle il m’était encore impossible de ne pas considérer la vie des mormonnes.

1629. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Quelques devoirs sont les mêmes pour tous les hommes ; et surtout si l’on considère combien la différence est petite, souvent, d’un homme « extraordinaire » à celui qui l’est moins. […] Mais si les romantiques avaient jadis abusé du droit d’extravaguer, les naturalistes, eux, ont abusé de celui qu’on a d’être grossier ou même obscène ; et c’était un emploi du talent qu’il en considérait comme la prostitution. […] Leconte de Lisle au contraire, a toujours considéré que le premier bonheur pour l’homme étant « de ne pas naître », le second était de mourir, ce qui est la formule même du pessimisme de Schopenhauer et de Çakya-Mouni. […] Et Bossuet enfin considérait l’histoire du peuple de Dieu comme une histoire « miraculeuse », tandis que, pour M.  […] Renan, et particulièrement à son second volume, celui qu’il considère comme contenant dès à présent « la partie la plus importante de l’histoire du judaïsme ».

1630. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Pour nous d’ailleurs, et pour tous ceux qui ont à s’occuper de la littérature française au xviie  siècle, c’est être en plein sujet que de s’arrêter à considérer Henri IV, Richelieu, Louis XIV. […] Mesurez à l’étendue de ses desseins l’étendue de son courage ; quant à moi, plus je considère des actions si miraculeuses, moins je sais quelle opinion je dois avoir de leur auteur : d’un côté, je vois que son corps a la faiblesse de ceux qui άρώρας xαρπόν έδουσιν144 ; mais, de l’autre, je trouve en son esprit une force qui ne peut être que τϖν όλύμπια δώματ’145.

1631. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

C’est aussi la perpétuité de l’individualité humaine ; car c’est le fil continu qui relie entre eux le passé, le présent, l’avenir de l’homme, considéré comme unité collective. […] Thiers ne s’arrête qu’un instant à considérer les effets de la bataille de Marengo sur l’opinion de la France ; il reporte le regard et la pensée sur l’Allemagne.

1632. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

À considérer dans quel rapport numérique sont les œuvres significatives et durables avec celles (souvent charmantes) que négligeront les historiens de la littérature, on voit que cette critique écrite sur le sable ne convient pas mal à des comédies dont si peu paraîtront un jour gravées sur l’airain. […] et qu’il les a priés de considérer comme non avenue sa démarche de la veille.

1633. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

— Comme vous voudrez, répliqua Pierre. » Puis, se jetant sur le canapé : « Ainsi, se dit-il, ce que je considérais comme une plaisanterie est devenu une affaire sérieuse. […] Ce Klimof se considérait comme un être supérieur, outragé par la fortune, indigne de vivre obscurément dans un des quartiers reculés de Moscou, et déclarant, en se frappant la poitrine, que, lorsqu’il buvait, c’était pour noyer son chagrin. […] Ce qui l’affectait surtout, c’était de songer qu’il allait vivre dans un village parmi de grossiers paysans, lui qui se considérait comme un homme distingué.

1634. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

De l’Histoire des Variations, considérée comme un ouvrage d’art. — § XII. […] De l’Histoire des Variations, considérée comme un ouvrage d’art. […] Le prince inutile au bien du peuple est puni aussi bien que le méchant qui le tyrannise… Le prince ne doit rien donner à son ressentiment et à son humeur… Le prince doit commencer par soi-même à commander avec fermeté, et se rendre maître de ses passions… Le prince doit savoir la loi et les affaires ; connaître les hommes et se connaître lui-même ; aimer la vérité et déclarer qu’il la veut savoir ; être attentif et considéré ; écouter et s’informer ; prendre garde à qui il croit et punir les faux rapports ; éviter les mauvaises finesses ; savoir se résoudre par soi-même133 », etc… Changez le nom du souverain, prince ou peuple, sénat ou président de république, pouvoir pondéré ou absolu, à quelle forme de gouvernement l’esprit de liberté le plus jaloux peut-il faire des conditions plus sévères que celles que fait Bossuet à la monarchie absolue ?

1635. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

À Mme Yvonne Davy de Boisroger Essai de physiologie poétique Les gens sains considèrent la poésie comme un jeu de luxe, presque inutile, et en dehors de la vie. […] Elle considère l’amour et ses sensualités comme une des fonctions de son être et ne le vêt pas de mysticités compliquées. […] Mais quand Zarathoustra eut dit ces mots, il considéra de nouveau le peuple et se tut.

1636. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

…………………………………………………………………………………………… Il ajouta, montrant tout à coup le Slave tortueux et félin : — Remarquez, d’ailleurs, que c’est une plaisanterie, cette signature… On nous rend nos biens, après tout, et je ne me considère nullement comme engagé… Qui sait ? […] Quoi qu’on en dise, à ne les considérer que comme des hommes, nous serons toujours les obligés de Moïse, Brahma, Jésus-Christ, et sans discuter leurs dogmes, je crois que nous n’avons rien de mieux à faire qu’à nous féliciter de leur venue. […] Ludovic Halévy n’ont pas changé au fond ; ils ont seulement grandi, ils ont marché avec le siècle, ils sont « dans le mouvement » ; suivons-les du regard, et nous verrons par le petit bout de la lorgnette ce qui se passe en grand autour de nous, car, tout bien considéré, pour ne s’occuper que de la politique à la mode du jour, celle de M.  […] Tout d’abord elle rencontre une jeune femme, Mme d’Hermany, qu’elle considère comme un ange de pureté jusqu’au jour où elle s’aperçoit que cette femme, abandonnée comme elle, a cru utile de donner un compagnon à son cœur en la personne d’un ami de son mari. […] Victor Hugo ne se fût repu du spectacle de son embrochement : je ne veux le considérer que comme une opposition poétique, une ombre réglementaire au tableau qui reste charmant quand même.

1637. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Mais la vraie question, la seule, est de savoir quelles ont été les conséquences de la transformation ; — et c’est en général ce que l’on omet ou ce que l’on oublie de considérer. […] En revanche, les stoïciens, eux, la considéraient comme constituant en quelque manière l’essence de la définition de Dieu. […] On voudra bien faire attention que la science, même la plus prudente, n’en demande pas davantage pour édifier tant de théories ou plutôt d’hypothèses, qu’elle considère comme des certitudes ? […] « Croyez-moi, Monsieur — écrivait-il au disciple de Malebranche, — pour savoir de la physique et de l’algèbre et pour avoir même entendu quelques vérités générales de la métaphysique, il ne s’ensuit pas pour cela qu’on soit fort capable de prendre parti en matière de théologie, et afin de vous faire voir combien vous vous méprenez, je vous prie seulement de considérer ce que vous croyez qui vous favorise dans mon Discours sur l’histoire universelle. […] Considérez donc leur conduite, et voyez s’il s’en peut de moins conforme à leur conviction.

1638. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Comme il n’y a presque aucune proposition sur les mœurs qui soit vraie sans exception, il arrive souvent au moraliste d’assurer le pour et le contre ; selon qu’il se renferme dans la loi générale, ou qu’il ne considère qu’un cas particulier, l’homme lui paraîtra grand ou petit. […] Je songeai moins à la force que j’avais pour me donner la mort, qu’à celle qui lui manquait pour supporter la perte de son fils. » Les hommes ne se considèrent pas assez comme dépositaires du bonheur, même de l’honneur de ceux, auxquels ils sont attachés par les liens du sang, de l’amitié, de la confraternité. […] Mais je pense que, même en supposant que Sénèque l’eût écrite, s’il avait pesé les circonstances, s’il s’était placé dans l’île de Corse, s’il eût moins considéré ce que l’on exige du philosophe, que ce que la nature de l’homme comporte, peut-être aurait-il été moins sévère ; et j’aurais désiré qu’avant de s’abandonner à sa noble indignation, il eût examiné si la supposition était vraie. […] Polybe n’avait garde de se brouiller avec Messaline en s’intéressant pour un citoyen aimé, plaint, honoré, considéré, dont elle avait causé la disgrâce et dont elle pouvait redouter le ressentiment.

1639. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

À l’exception de six pièces publiées à Livourne avec le nom de l’auteur, le recueil tout entier peut être considéré comme une suite de satires politiques. […] J’aime mieux considérer la pièce en elle-même, sans m’occuper de la chanson écrite chez nous sur le même sujet. […] Il n’est permis qu’aux ignorants, et malheureusement le nombre en est encore bien grand malgré l’invention de l’imprimerie, de considérer la révolution anglaise comme un accident inattendu, comme un désastre imprévu qui a bouleversé l’ordre entier de la société. […] À ne considérer que l’effet de la mise en scène, on peut louer le talent de l’écrivain, vanter l’artifice avec lequel il a disposé ses personnages ; mais, de bonne foi, un pareil succès, de pareils éloges ont-ils de quoi tenter la conscience de l’historien ? […] Les salons de madame Roland, de madame Condorcet, sont peints d’une façon attrayante, j’en conviens ; mais les pages que l’auteur consacre à ces deux femmes éminentes peuvent être considérées comme de véritables hors-d’œuvre.

1640. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Cependant, Frédéric Chavannes, à la page 191 de son Vinet considéré comme apologiste et moraliste chrétien (1883), laisse supposer que Sainte-Beuve n’aurait pas toujours rendu justice à Vinet. […] J’ignore si, comme Vinet l’assure, la lettre du petit Constant avait été conservée par lui, et si c’est de son portefeuille qu’elle s’est envolée ; je dis seulement que Vinet ne le considère ni comme un mystificateur ni comme un mystifié, et qu’il ne met point en doute l’authenticité de l’épître. […] Après cela, on pourra, reposé et rafraîchi, tourner de nouveau ses regards sur ce livre vertigineux, le considérer, le relire, au moins dans sa mémoire, avec un certain sang-froid, et peut-être en rendre une espèce de compte à ceux qui ne l’ont pas lu encore. […] Quinet, considéré comme œuvre d’art. […] C’est par rapport à Dieu, son auteur, son maître, sa loi, son juge, qu’il doit être considéré.

1641. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Rentrant de là dans son cabinet : « Je me tiens plus heureux céans, disait-il, avec mes livres (avec mes maîtres muets, dit-il encore ailleurs) et un peu de loisir, que n’est le Mazarin avec tous ses écus et ses inquiétudes. » Il ne demandait que la continuation de la santé et de ces intervalles de loisir « pour étudier, ou pour méditer la patience de Dieu sur les péchés des hommes, et considérer le tric-trac du monde ».

1642. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Quand il s’agit de nommer des consuls définitifs et qu’on eut arrêté le premier choix de Cambacérès, Roederer, qui pouvait avoir des espérances pour la troisième place, dut les perdre lorsqu’un jour Bonaparte, en le voyant entrer, lui dit comme pour répondre à sa pensée : « Citoyen Roederer, vous avez des ennemis. » — « Je les ai bien mérités, répondit-il, et je m’en félicite. » Et il fut, l’instant d’après, le plus vif à recommander à la désignation du premier consul le nom considéré de Lebrun59.

1643. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

La naissance de Rodrigue était honorable, et il sortait d’une ancienne famille castillane fort considérée ; un de ses ancêtres, Laïn Calvo, avait autrefois reçu de ses concitoyens une haute mission de confiance, étant l’un des deux juges que les Castillans avaient chargés, en 924, de terminer leurs différends à l’amiable.

1644. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Legrelle, qui a pour titre : Holberg considéré comme imitateur de Molière (librairie Hachette). — Voici le passage même de l’autobiographie latine d’Holberg qui est relatif à la Bibliothèque Mazarine ; le voyageur vient de parler de la Bibliothèque de Saint-Victor qui était, dit-il, très peu fréquentée et même tout à fait solitaire, et il ajoute qu’il n’en était pas du tout ainsi de la Mazarine : « At in bibliotheca Mazariniana non tanta erat solitudo, nam situm est collegium quatuor nationum in meditullio suburbii vel potius regionis Sancti Germani.

1645. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Et s’il était séant de sortir un moment en idée de cette enceinte et du cercle même de la patrie, s’il était possible de se considérer et de se juger du dehors, j’ajouterais hardiment : Il était juste que, chez la nation réputée la plus aimable et qui est certainement la plus sociable entre toutes, la vertu se traduisît sous cette forme attrayante et douce ; qu’elle y reçût solennellement ces hommages émus et gracieux.

1646. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Il considéra de bonne heure sa vie, même de poëte, comme une partie perdue, et, tournant le dos à l’avenir comme au grand ennemi, il ne s’occupa qu’à piller tout le premier le butin.

1647. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Le poëte est déjà tellement habitué au tracas de Paris, qu’il se considère à Chevreuse comme en exil ; il y date ses lettres de Babylone ; il raconte qu’il va au cabaret deux ou trois fois le jour, payant à chacun son pourboire, et qu’une dame l’a pris pour un sergent ; puis il ajoute : « Je lis des vers, je tâche d’en faire ; je lis les aventures de l’Arioste, et je ne suis pas moi-même sans aventures. » Tous ses amis de Port-Royal, sa tante, ses maîtres, le voyant ainsi en pleine voie de perdition, s’entendirent pour l’en tirer.

1648. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Il est curieux surtout à entendre parler des poètes et pousseurs de beaux sentiments, qu’il considère assez volontiers comme une espèce à part, sans en faire une classe supérieure.

1649. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Jean Clopinel, de Meung-sur-Loire, était aux enviions de l’an 1300 un grave et sage homme, des plus considérés, riche, possédant une maison dans la rue Saint-Jacques et le jardin de la Tournelle, estimé des plus nobles et meilleurs seigneurs ; il avait traduit de savants ouvrages, la Chevalerie (De re militari) de Végèce, la Consolation de Boèce ; il avait fait un Testament en vers français, très pieux, où le prud’homme réprimandait fortement les femmes elles moines.

1650. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Et si on les considère seulement comme des poèmes, on doit accorder qu’ils sont admirablement agencés pour ménager au poète les occasions de se donner carrière.

1651. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Le public n’est pas philosophe ; il n’a pas coutume de considérer la vie comme une lutte de forces contraires, en ne s’intéressant qu’au spectacle de la lutte, non à telle ou telle des forces en présence.

1652. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

  Ainsi — et ce point réservé que nul poète ne fut plus grand par l’imagination et par l’expression — sous quelque aspect que nous considérions Victor Hugo, nous lui voyons des égaux ou des supérieurs, Comment donc expliquer les témoignages uniques de vénération officielle dont il est l’objet ?

1653. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Mais il n’a pas je crois abandonné l’armure sans la regarder à loisir ; il en a considéré les justes proportions, il a compté les gemmes incrustées et je sais fort bien qu’il en a détaché une sombre et radieuse améthyste pour parer sa mélancolie.

1654. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Si d’Alembert est plus considéré, le nom de Diderot est plus en faveur auprès des lettrés auxquels il appartient sans partage.

1655. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Comment ne pas considérer René Ghil comme symboliste, en dépit de telles ou telles divergences et de ses modalités éventuelles, quand il s’est proclamé lui-même disciple de Mallarmé ?

1656. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Considérez combien est humiliant, aux époques comme la nôtre, le rôle de l’homme politique.

1657. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Mais qu’on vienne nous donner pour les illustrateurs de notre Littérature, des Ecrivains pédantesques, bizarres, décousus, hyperboliques, lilencieux, qui la dégradent tous les jours ; mais qu’on prétende établir sur des Ecrits que la raison réprouve autant que le bon goût, cette haute idée, cette estime qui fait considérer un Peuple chez les autres Peuples : c’est le comble de l’extravagance ou de l’imbécillité.

1658. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Il suffit de la considérer en elle-même, abstraction faite de sa vérité, pour demeurer convaincu, que, loin d'être la source des maux qu'on lui impute, elle en est le remede, & le plus sûr préservatif ; c'est ce qu'il est facile de démontrer.

1659. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

D’ailleurs, on méconnaîtrait étrangement les caractères que la civilisation impose tant aux besoins qu’aux activités des hommes, si l’on considérait comme seuls importants pour la vie sociale les groupements d’ordre économique.

1660. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Qu’eût-il dit cependant, si, au lieu de la citation tronquée que donne Montesquieu, il eût considéré les fermes paroles du texte original, qu’on doit traduire exactement ainsi : « Roi de toutes les choses mortelles et immortelles, la loi, établit d’une main toute-puissante la contrainte suprême de la justice18 ? 

1661. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

En bon mathématicien, il allait au fait, sans s’arrêter à la bagatelle ; et pour lui la bagatelle, c’était la littérature considérée en elle-même : il n’envisageait dans les vers, et la prose, dans les tragédies et les comédies, qu’un moyen d’agiter, d’échauffer les esprits du vulgaire, et d’accélérer la réforme générale des abus. […] Accoutumé à peindre des Romains qui sacrifiaient tout à la patrie terrestre, Corneille a sans doute considéré dans Polyeucte un Romain d’une nouvelle espèce qui sacrifie tout à la patrie invisible et céleste. […] La Harpe s’est rangé du parti de Voltaire, et il a très nettement déclaré que Corneille n’avait pas le sens commun, sans considérer à quels dangers il exposait Voltaire, son héros, si on procédait contre lui avec la même rigueur. […] Au reste, puisque Corneille a pris la peine de répondre lui-même, je crois ne pouvoir rien faire de mieux que de laisser parler dans sa propre cause cet illustre avocat : « On n’a pas considéré, dit-il, que Rodogune ne fait pas cette proposition comme Cléopâtre, avec l’espoir de la voir exécuter par les princes, mais seulement pour s’exempter d’en choisir aucun… Elle n’en avait pas de meilleur moyen que de rappeler le souvenir de ce qu’elle devait à leur père, qui avait perdu la vie pour elle, et de leur faire cette proposition qu’elle savait bien qu’ils n’accepteraient pas.

/ 1882