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1065. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ainsi contre lui le cœur et l’esprit sont d’accord  Les textes dans la main, Voltaire le poursuit d’un bout à l’autre de son histoire, depuis les premiers récits bibliques jusqu’aux dernières bulles, avec une animosité et une verve implacables, en critique, en historien, en géographe, en logicien, en moraliste, contrôlant les sources, opposant les témoignages, enfonçant le ridicule, comme un pic, dans tous endroits faibles où l’instinct révolté heurte sa prison mystique, et dans tous les endroits douteux où des placages ultérieurs ont défiguré l’édifice primitif  Mais il en respecte la première assise, et en cela les plus grands écrivains du siècle feront comme lui. […] Récit de Rousseau, 13.

1066. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Les récits adressés par l’ambassadeur français à sa cour représentent ce mariage comme l’union de deux amants s’effaçant l’un l’autre par leurs charmes, et s’enivrant dans des fêtes prolongées du premier bonheur de leur vie. […] Celles-là cependant sont authentiques ; elles sont le récit, heure par heure, du séjour de Marie Stuart à Glascow, auprès de son mari.

1067. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

On disait aussi que l’histoire de France devait être plus intéressante pour des Français, et que les hauts faits des Grecs ou des Romains ne pouvaient valoir pour nous le récit des luttes et des périls qui avaient fondé ou affermi la monarchie. […] Pour remplacer les coups d’épée des Cyrus et des Aronce, Scarron met à notre goût un peu trop de coups de pied ; mais son récit offre, épars çà et là, ou enveloppés de fantaisie exubérante, de sérieux éléments de comédie, des figures curieusement dessinées, la Rancune, le cabotin usé et grincheux, la Rappinière, le rieur méchant, la Garouffière, le provincial parisiennant, Ragotin, un petit bourgeois vif et hargneux, galant et fat.

1068. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Le Discours de la méthode est le récit des réflexions qu’il avait faites, et des résolutions qu’il avait prises successivement, pour se satisfaire sur tous ces points. […] La Fontaine ne veut pas qu’on les en croie dépourvues : Qu’on m’aille soutenir, après un tel récit, Que les bêtes n’ont point d’esprit !

1069. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Sous le nom de mystères on représentait généralement les récits de l’Ancien et du Nouveau Testament, les vies des prophètes et des apôtres, celles des saints. […] Deux amants qu’attache l’un à l’autre une passion profonde et légitime, et que va rendre ennemis la loi du devoir filial et de l’honneur domestique ; Rodrigue aimant Chimène, mais forcé de venger l’affront de son père dans le sang du père de sa maîtresse ; Chimène forcée de haïr celui qu’elle aime, et de demander sa mort, qu’elle craint d’obtenir ; Rodrigue, tout plein des grands sentiments qui feront bientôt de lui le héros populaire de l’Espagne ; Chimène, héritière de l’orgueil paternel, fière Castillane, qui veut se battre contre Rodrigue avec l’épée du roi ; ce roi, si plein de sens et d’équité, image de la royauté de Salomon, par sa modération, par sa connaissance des hommes, par sa justice ingénieuse : les deux pères si énergiquement tracés ; le comte, encore dans la force de l’âge, qui a été vaillant à la guerre, mais qui se paie de ses services par le prix qu’il en exige et par les louanges qu’il se donne ; le vieux don Diègue, qui a été autrefois ce qu’est aujourd’hui le comte, mais qui n’en demande pas le prix, et ne s’estime que par l’opinion qu’on a de lui ; le duel de ces deux hommes, si rapide, si funeste, d’où va naître entre les deux amants un autre duel dont les alternatives seront si touchantes ; Rodrigue, après avoir tué le comte, défendant son action devant Chimène, qui n’en peut détester le motif, puisque c’est le même qui l’anime contre Rodrigue ; la piété filiale aux prises avec l’amour ; l’ambition désappointée ; l’idolâtrie de l’honneur domestique ; des épisodes étroitement liés à l’action ; un récit qui nous met sous les yeux le sublime effort de l’Espagne se débarrassant des Maures, d’un pays rejetant ses conquérants : quel sujet !

1070. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Nous prouvons sans peine qu’il n’arrive pas de miracles au xixe  siècle, et que les récits d’événements miraculeux donnés comme ayant eu lieu de nos jours reposent sur l’imposture ou la crédulité. […] À Saint-Sulpice, en effet, je fus mis en face de la Bible et des sources du christianisme ; je dirai, dans le prochain récit, l’ardeur avec laquelle je me mis à cette étude et comment, par une série de déductions critiques qui s’imposèrent à mon esprit, les bases de ma vie, telle que je l’avais comprise jusque-là, furent totalement renversées.

1071. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Les deux récits, en se rapprochant, se complètent l’un par l’autre. […] À peine son récit est-il coupé par quelques ironies qui laissent voir la pensée de l’homme politique au désespoir et qui se trahit, çà et là, par des mots terribles.

1072. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

C’est ce ressort que Dorine s’amuse à repousser en reprenant chaque fois le récit de la maladie d’Elmire. […] Qu’on relise le récit de Chicaneau dans les Plaideurs : ce sont des procès qui s’engrènent dans des procès, et le mécanisme fonctionne de plus en plus vite (Racine nous donne ce sentiment d’une accélération croissante en pressant de plus en plus les termes de procédure les uns contre les autres) jusqu’à ce que la poursuite engagée pour une botte de foin coûte au plaideur le plus clair de sa fortune.

1073. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Ce fut donc (nous revenons à notre petit récit) une époque vraiment critique pour la Revue des Deux Mondes que celle où l’élément judiciaire ou judicieux comme nça en effet à se dégager, à se poser avec indépendance à côté des essais d’art et de poésie qu’on insérait parallèlement.

1074. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

On trouve d’assez curieux renseignements sur sa personne et sur sa situation vers cette époque de sa vie, dans le récit du Voyage littéraire de Jordan.

1075. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Le premier semble avoir renoncé bien vite à ses tentatives : « Qu’il ait essayé une ou deux fois du haschisch55 comme expérience physiologique, cela est possible et même probable ; mais il n’en a pas fait un usage continu… Il ne vint que rarement et en simple observateur aux séances de l’hôtel Pimodan, où notre cercle se réunissait pour prendre le “Dawamesk”, séances que nous avons décrites autrefois dans la Revue des Deux-Mondes, sous ce titre “le Club des Haschischins” en y mêlant le récit de nos propres hallucinations ».

1076. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Moins il y avait de communications faciles entre les divers pays, plus le récit des faits se grossissait par l’imagination ; les brigands et les animaux féroces qui infestaient la terre, rendaient les exploits des guerriers nécessaires à la sécurité individuelle de leurs concitoyens ; les événements publics ayant une influence directe sur la destinée de chacun, la reconnaissance et la crainte animaient l’enthousiasme.

1077. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Il faudra apporter de nombreux et saisissants exemples de justes et fécondes insurrections ; il faudra faire un choix délicat de circonstances dans le récit des faits reprochés à Norbanus.

1078. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Au milieu de la réaliste histoire de Mme de la Pommeraye, tout d’un coup une déchirure se fait dans l’écorce du récit ; une poussée de sentiment jette ces cinq lignes brûlantes, dont nul personnage, ni l’auteur même n’endosse la responsabilité ; aussitôt tout se calme ; et deux minutes après nous buttons sur une énorme polissonnerie.

1079. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

La vie et la passion de Jésus, contées à sa façon par Blandine, — en un récit naïf, décousu et ardent, tout à fait convenable à la simplicité et à l’imagination passionnée d’une esclave ignorante, — décident instantanément le jeune Ponticus, ce pendant qu’Attale et Æmilia cèdent à la première exhortation de l’évêque Pothin.

1080. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Dans un récit nouvellement traduit par M. 

1081. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Francesco Andreini, par exemple se faisait annoncer par son valet de la manière suivante : « Tu diras que je suis le capitaine Spavente de la vallée infernale, surnommé l’endiablé prince de l’ordre de la chevalerie ; Trismégiste, très grand bravache, très grand frappeur, très grand tueur ; dompteur et dominateur de l’univers, fils du tremblement de terre et de la foudre, parent de la mort et ami très étroit du grand diable d’enfer. » Dans La Prigione d’Amore (la Prison d’Amour), de Sforza Oddi nell’academia degli Insensati detto il Forsennato (membre de l’académie des Insensés, surnommé le Furieux), comédie récitée à Pise par les étudiants, pendant le carnaval de 1590, le rôle du capitan est très développé, et se termine par le récit suivant, qui pourra servir de spécimen.

1082. (1890) L’avenir de la science « XXI »

La niaise littérature des coteries et des salons, la science des curieux et des amateurs est bien dépréciée par ces terribles spectacles ; le roman-feuilleton perd beaucoup de son intérêt au bas des colonnes d’un journal qui offre le récit du drame réel et passionné de chaque jour ; l’amateur doit bien craindre de voir ses collections emportées ou dérangées par le vent de l’orage.

1083. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Luc, I, bien que tous les détails du récit, notamment ce qui concerne la parenté de Jean avec Jésus, soient légendaires.

1084. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Mais son maître ne lui en fit pas pour cela plus mauvais visage le lendemain ; aussi ne lui en donna-t-il pas un quart d’écu davantage. » Récit de d’Aubigné.

1085. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

. — Son récit est fait du ton indifférent d’un message, quoiqu’il y glisse ce sombre sarcasme : « Ce que j’ai entendu, je le redis, j’ignore si je parle à ceux que cela concerne ; mais il importe que le père le sache » — Clytemnestre écoute, impassible.

1086. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Sous un air de facilité et presque d’abandon, sous une simplicité de récit qui fait de l’auteur un Tallemant des Réaux élevé, chez qui la convenance est tempérée par le sourire, et qui veut être reçu chez les honnêtes gens et y plaire, le livre de Renée est conçu avec beaucoup d’art.

1087. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

L’éditeur anonyme de ce portefeuille de Madame Récamier, trié et surveillé, l’éditeur qui fait la main pieuse, déposant, de nuit, des fleurs sur un tombeau, nous raconte tout ce qui lui plaît sans mettre hardiment, en se nommant, comme il y était tenu, le poids de sa moralité et de son autorité en tête des récits qu’il nous donne et qu’il faudrait appeler, car c’est là leur vrai titre : Souvenirs sur Madame Récamier, par une personne qui l’a bien connue, mais qui n’a pas voulu y mettre son nom.

1088. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Qu’on lise le récit du supplice de Mélanthe. […] Que tout ce que d’autres théâtres mettraient en récit, se traduise en image et en action. […] Les Grecs aimaient à comprendre : il se contente de voir ; il a plus de goût pour les tableaux que pour les récits, pour l’action dramatique que pour la dissertation. […] Ceux-ci jouissaient, comme les comédiens, de singulières libertés, ainsi qu’en témoigne le récit d’Arteaga. […] On y joindrait la Salammbô de Flaubert, ce récit de la guerre inexpiable, plus atroce que la guerre qu’il raconte.

1089. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Quant à la vivifiante inspiration chrétienne, dans ces interminables récits de combats qui remplissent la meilleure partie du poème, c’est avoir de bons yeux que de l’y discerner. […] Il n’y a de naïf ici que la mise en œuvre du récit, et rien de plus. […] Hérodote lui-même est encore un poète par l’ordonnance de la composition et l’allure générale du récit. […] Nous les y intercalons ; mais elle-même les avait supprimés dans l’édition publique de son simple et touchant récit. […] À coup sûr, c’était un triste sire que d’Assoucy ; pourtant il est heureux que son récit nous soit parvenu.

1090. (1905) Propos littéraires. Troisième série

C’était ce qu’avaient vu MM. de Goncourt en se promenant à travers la vie, arrangé plus ou moins en forme de récit fictif. […] Dans certains récits, il fait merveille, rend admirablement une impatience qui crépite, une colère qui monte, une agonie d’être désemparé et détraqué. […] Il l’était, lui, en ce sens qu’il n’était qu’yeux et oreilles, et que, de plus, à mesure, et comme d’instinct, dans la confusion avec laquelle la réalité entre en nous, il délimitait immédiatement le morceau de réel ayant une certaine unité, ayant son point central, et propre, par conséquent, à s’organiser en scène, récit, conte ou roman. […] Bourget exploite ses moralistes, à tel point que tel de ses livres, et il n’en est pas désagréable, est composé : d’un récit, — d’une liste de citations curieuses habilement disposée en ordre dispersé — et des propres réflexions de l’auteur, suggérées par son récit d’une part et ses citations de l’autre. […] Ma méthode, pour extraire des romans de Maupassant la morale de Maupassant, consistera donc à guetter les mouvements, les gestes imperceptibles d’approbation ou de désapprobation qui échapperont à M. de Maupassant à l’égard de ses personnages, dans le moment qu’il me les présentera ou à tel autre moment du récit qu’il me fera de leur histoire.

1091. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

C’est un récit très simple d’une aventure d’amour très simple et très fréquente. […] Ce qui nous émeut, c’est le récit de leur passion, les phases de leur amour. Et ce récit est d’un attendrissement charmant, d’une grâce peu commune. […] Le nouveau récit de M. 

1092. (1933) De mon temps…

Une fois que je m’en entretenais avec Georges de Porto-Riche et que je faisais allusion à certains récits d’où l’on aurait pu tirer des indices sur l’état mental de Maupassant, et, en particulier, à la nouvelle intitulée Le Horla dont le fantastique hallucinatoire décelait un trouble avertisseur, Porto-Riche m’assura que Le Horla ne pouvait pas être la preuve de phénomènes morbides chez Maupassant, car c’était lui, Porto-Riche, qui avait donné à son ami le sujet de ce conte, et Maupassant s’était borné à en développer le thème accepté. […] L’un d’eux, grandiose et baroque, abject et magnifique, falot et terrible, dominait tout le récit de sa stature ducale. […] Au récit, il substitua la notation et il s’acharna à la rendre l’équivalent le plus exact possible de la sensation éprouvée. […] Il les rédigeait patiemment, tout en fourbissant ses pièces d’armures, en affilant ses épées, et, de la même plume, il écrivit Le Tournoi de Vauplassans, qui fut le premier de ces « récits du temps passé » où il fit revivre si intensément les mœurs et les coutumes de la France à la fin du XVIe siècle, de la France des guerres de Religion et de la Ligue.

1093. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

La belle partie de l’histoire d’Agrippine est toute dans le merveilleux récit qu’elle fait à Néron au quatrième acte de Britannicus. […] Mais, en outre, que ce récit nous donne bien la morale du drame ! […]  » Millin nous fait ce récit : « J’assistai aux fiançailles. […] Le beau récit de buverie flamande ! […] Pendant ce temps-là, Paul s’est distingué, comme explorateur, au Gabon ; il est célèbre, et la Revue des Deux Mondes publie ses récits de voyage.

1094. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

M’offre-t-elle le récit de quelque fait qui déshonore l’humanité ? […] Si nous nous permettons d’ajouter ou de retrancher au récit de l’historien, il n’y a plus rien de vrai ni de faux. […] Le récit qui précède est traduit des Annales de Tacite. […] Qui est-ce qui n’a pas entendu de nos jours les scandaleux récits dont on amuse l’ineptie populaire, dont elle se repaît avec avidité, et qu’elle se plaît à répandre ? […] On ne lit point sans frissonner le récit de cette scène si vraie : il semble qu’on soit frappé des cris d’un million d’hommes rassemblés, et ivres de fureur et de joie.

1095. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Et le poète complète ces réflexions par le récit de son aventure personnelle, un jour qu’il entend dans la rue un vitrier. […] D’une façon courante, il implique l’idée de la présence plus ou moins visible de l’auteur dans son œuvre, du caractère plus ou moins autobiographique qu’il donne à ses productions, ou simplement même de l’emploi fréquent de la première personne dans la forme de ses récits. […] Les idylles, les églogues, les récits amoureux ont moins pour but de décrire l’amour que de peindre les formes harmonieuses de vierges et d’éphèbes, qui passent au milieu de paysages presque divins. […] Émile Zola, la trame de ses récits, quelque simple qu’elle soit, ne laissait pas que de lui coûter un certain travail295. […] Sa première enfance, si l’on en croit son propre récit, s’écoula en province, dans une sorte d’Éden, près d’une jeune sœur, et sous la direction de vieux parents et de domestiques, attachés à satisfaire ses moindres caprices et ses plus futiles fantaisies.

1096. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

On se transmet les inspirations, les récits, les images, les idées. […] Racine en a fait un récit. […] Tout le poème de l’Odyssée est écrit avec les mêmes procédés, bien que les tableaux domestiques, de nuances et de repos, dominent le récit. […] Il faut, au contraire, mêler ses descriptions au récit ; elles doivent l’accompagner, le pénétrer, le soutenir, de façon qu’on ne puisse en omettre une ligne. […] Il y a peu de livres où l’élément descriptif soit si étroitement assimilé à la trame du récit.

1097. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Malgré la passion qui anime souvent ses récits et ses portraits, il a ici encore servi la science et la vérité. […] Le récit de Michelet semblait plus convaincant que la plus solide démonstration ; où Niebuhr s’efforçait de prouver, lui il voyait et il montrait. […] Pour lui, l’histoire n’est ni un récit, ni une analyse philosophique, c’est une résurrection. […] Enfin il ne nous donne plus un récit suivi des faits, mais une série de considérations, de réflexions, d’appréciations à propos des faits. […] Dans ce même récit de la tempête, au chapitre viie de la Mer, se trouvent de nombreux exemples de la puissance d’expression qu’il trouve dans la variété du rythme de ses phrases.

1098. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Chacune d’elles est le récit d’une journée. […] Ces petits récits, amusettes d’enfants, contiennent en abrégé la société du dix-septième siècle, la société française, la société humaine. […] Il y a dans ce récit beaucoup de malice, mais point de méchanceté.

1099. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Voici les récits que les thanes, assis sur leurs escabeaux, à la clarté des torches, écoutaient en buvant la bière de leur prince : l’on y voit leurs mœurs, leurs sentiments, comme les sentiments et les mœurs des Grecs dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère. […] L’heureuse poésie d’Homère se développe abondamment en amples récits, en riches et longues images. […] Alors aussitôt elle fut perdue pour lui. » Nul ornement dans ce récit ; nulle finesse comme dans l’original ; Alfred a bien assez de se faire comprendre.

1100. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

* * * — Je lis un récit sur les prodigieuses découvertes d’une ville à Siam, dont les ruines couvrent dix lieues, et où il y a des fragments de statues dont l’orteil mesure douze longueurs de fusil. […] Il se met à conter, comme il sait conter, vous donnant avec son récit lent et détaillé, récit d’officier et de peintre, l’idée d’une veillée de camp, il se met à conter un des derniers coups de canon de 1814.

1101. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

  Là viendront les villageois   Dire alors à quelque vieille :   Par des récits d’autrefois,   Mère, abrégez notre veille. […] On remarque avec peine la même aigreur, trop consonante avec l’aigreur croissante du peuple et avec les récits subversifs des rénovateurs de fond en comble de l’édifice social, dans la Chanson philosophique des Fous. […] Béranger les conduisait lui-même à son canapé de paille ; il écoutait patiemment le récit de leur détresse et les vœux de leur vieillesse : c’étaient deux lits dans le même hospice, pour ne pas mourir séparés après une longue vie de bonheur, de travail et de souffrance en commun.

1102. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Les Goncourt ont été des romanciers originaux, quoiqu’il leur ait manqué une des vertus essentielles, du récit : le mouvement. […] Elle tressaillait déjà au fond de ces récits d’une si prenante poésie, mais si malsaine. […] C’est la fin d’une autre jeune femme qui fait l’objet du second récit. […] Pareillement, Tourguéniew est venu chez nous apprendre de Mérimée, un des maîtres dans l’art de la composition, à ordonner ses récits. […] Et quel récit, d’une prose si ferme et si facile, de tant de bonhomie dans l’héroïsme et de tant de grâce alerte dans sa rudesse !

1103. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Ce genre d’originalité, tout art littéraire peut le rechercher légitimement, et Fromentin, dans ses grands récits de voyage, ne se fait pas faute de transformer en ce sens la réalité telle qu’il l’a vue. […] Tels récits qui semblent authentiques et vécus, comme le vol dont il est victime à Laghouat, sont imaginés par lui sur le noyau réel d’une vieille histoire qui lui est arrivée plusieurs années auparavant. […] Ceux de Fromentin sont peut-être les récits de ce genre qui datent le moins. […] Renan et Taine n’ont raconté dans leurs récits inachevés que des histoires tout intellectuelles, et, s’ils les avaient conduites jusqu’à l’aventure sentimentale qui donne seule la vie à un roman, nul doute qu’ils n’eussent fort mal réussi. […] À partir de ce moment l’intérêt du récit porte sur Madeleine.

1104. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

De ces derniers petits récits, j’aime la vérité simple, la grâce rustique et naturelle, la belle humeur et la moquerie sans ironie. […] La Peur est un récit minutieux et dramatique d’une impression d’enfance.

1105. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) I Suivons en effet le récit : Quand Valjean, qui se permet de rêver l’assassinat de sa providence dans le bon évêque de Digne, son sauveur, s’est enfui par la fenêtre, les gendarmes le ramènent. […] Le prétexte à ce récit historique et épique de Waterloo est tout bonnement ce Thénardier, le rôdeur nocturne du cimetière d’armée qui dépouille de ses bagues, de sa montre d’or et de sa bourse un officier de cuirassiers blessé, et qui, l’ayant ainsi réveillé de sa léthargie, se fait passer pour un sergent de l’armée ramassant les blessés, et se sauve en laissant l’officier pénétré d’une aveugle reconnaissance.

1106. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Comme compensation, et sans compter les descriptions, peut-être même un peu trop fréquentes, de grottes, de sources et de clairs de lune, ce poète, qui possédait à un si haut degré le talent de peindre, nous a laissé un récit singulièrement exact et intéressant, même pour la géologie, d’une éruption volcanique près de Méthone, entre Épidaure et Trézène. […] Freitag, de Bonn, que l’objet principal des poètes arabes est le récit des faits d’armes, l’éloge de l’hospitalité et la fidélité dans l’amour.

1107. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Naïf comme ces pâtres de Norvège qui se plaisaient jadis à entendre autour de la flamme du pin résineux le récit des Scaldes inspirés, il laisse aux histoires primitives leur charme d’enfance ingénue ; mais, penseur et critique, il sait, sans nuire à sa propre émotion ni à celle des autres, montrer la loi nécessaire des événements dans la suite en apparence désordonnée des circonstances, et il contraint l’humanité vieillie à s’aimer, à se haïr, à se plaindre, à se reconnaître en un mot, dans les contes qui l’ont bercée. […] D’un récit de chevalerie, presque banal, et que bien des poètes auraient cru devoir laisser dans les petits livres de la bibliothèque bleue, Richard Wagner a fait le drame éternel des amants séparés par le hasard jaloux, et qui tombent morts, comme Roméo et Juliette, hélas !

1108. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Mais ce qui semble moins nécessaire et ce qui est une richesse tout à fait heureuse chez Vicq d’Azyr, ce sont les vues morales qu’il mêle continuellement à ses récits.

1109. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Il s’adressait d’ailleurs à une population déjà exercée et aguerrie ; dès avant son arrivée et au premier cri de cette indépendance menacée, la population de Sienne, et les femmes les premières, avaient eu l’idée de s’organiser pour la défense et d’y aider de leurs mains : à ce souvenir et à la pensée de ce que lui-même a vu de bonne grâce généreuse et patriotique en ce brave et joli peuple, Montluc s’émeut ; son récit par moments épique redouble d’accent ; quelque chose de l’élégance et de l’imagination italienne l’ont gagné : Il ne sera jamais, dames siennoises, que je n’immortalise votre nom tant que le livre de Montluc vivra : car, à la vérité, vous êtes dignes d’immortelle louange, si jamais femmes le furent.

1110. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Maxime du Camp (il est juste de s’en souvenir en jugeant le poète) est avant tout un voyageur, un voyageur consciencieux, infatigable, qui voit tout des lieux lointains qu’il visite, et qui de cette Haute Égypte, de cette Nubie presque inaccessible, rapporte non seulement des images brillantes, propres à orner des pages de récits, mais les empreintes positives des lieux et des monuments obtenues à l’aide des procédés modernes courageusement appliqués sous le soleil.

1111. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Dans une lettre à Saint-Vincens, après la maladie de ce dernier, et en réponse à un récit que le convalescent paraît lui avoir fait de ses dispositions et impressions en présence de la mort, on lit : Je ne suis point surpris de la sécurité avec laquelle tu as vu les approches de la mort ; il est pourtant bien triste de mourir dans la fleur de la jeunesse !

1112. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Noble but, noble effort, et par lequel il réalisait un des vœux de sa première jeunesse, lorsqu’après le récit d’une de ses courses opiniâtres à travers les montagnes de la Sicile, il s’écriait en finissant : « Pour moi, je ne demande à Dieu qu’une grâce : qu’il m’accorde de me retrouver un jour voulant de la même manière une chose qui en vaille la peine ! 

1113. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

» Sans prétendre juger du fond des choses dans des affaires si embrouillées, il est certain pour moi, par la manière dont il est parlé de Joubert dans le récit de Fouché, et par la comparaison des pièces produites dans cette vie même du général, que Joubert, plus ou moins en garde d’abord contre les procédés de Brune, fut bientôt retourné et gagné par Fouché.

1114. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Première question : Aucun des grands morceaux le plus souvent cités et devenus classiques de Mme de Sévigné (tels que le début de lettre sur le mariage de Mademoiselle, la lettre sur la douleur de Mme de Longueville et son entrevue avec Mlle de Vertus après la mort du comte de Saint-Paul, le récit de la mort de Vatel, etc.), aucun de ces endroits saillants se trouve-t-il atteint et renversé dans la nouvelle édition ?

1115. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

« Ô vous, compagne de ma vie, dont l’amitié est mon plus cher trésor, qui avez embelli tous les bons moments de mon existence et partagé toutes mes peines ; vous, dont l’esprit éminent a entretenu l’activité de mon âme, et dont l’imagination riche et brillante a souvent fait éclore mes idées ; à qui je dois enfin la meilleure partie de mon être, recevez l’hommage de ces Souvenirs dont le récit fut entrepris par votre désir.

1116. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

I. le prince Napoléon, et reposant tout entiers sur les pièces d’État et de famille les plus authentiques, dont on produit les plus importantes à l’appui du récit, à la suite de chaque livre, deviennent une des sources nouvelles et essentielles de l’histoire de ce temps.

1117. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

L’idée de discuter le fond des anciens récits ne lui vient pas plus pour Tite-Live qu’elle ne lui est venue pour Moïse ; il s’applique d’ailleurs avant tout à l’esprit des institutions.

1118. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Je recommande cette alliance à vos prières, monsieur. » Puis vient le récit de la noce, des cérémonies et de l’allégresse toute modeste qui anime cette alliance entre deux familles chrétiennes.

1119. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

En admettant que ce récit a dû être quelque peu dramatisé, on y reconnaît un fond et un premier canevas de vérité.

1120. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Les rares privilégiés qui ont entendu quelques parties de ces fameux Mémoires ont paru surtout enchantés et ravis d’un récit de première communion (la première communion de M. de Talleyrand !)

1121. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

L’adorable princesse qui put dire à son lit de mort à Monsieur : Je ne vous ai jamais manqué, aimait pourtant à se jouer dans les mille trames gracieuses qui se compliquaient autour d’elle, et à s’enchanter du récit de ce qu’elle inspirait.

1122. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Elle se trouvait ainsi de neuf ans plus âgée qu’on ne l’a supposé ; non pas qu’elle ait dissimulé son âge ; elle n’indique point, il est vrai, dans ses Mémoires, la date précise de sa naissance (les dates, sous la plume des femmes, c’est toujours peu élégant) ; mais elle mentionne successivement dans le récit de sa jeunesse certaines circonstances historiques qui pouvaient mettre sur la voie.

1123. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Il se trouve sans doute un résultat philosophique à la fin de ses contes ; mais l’agrément et la tournure du récit sont tels, que vous ne vous apercevez du but que lorsqu’il est atteint : ainsi qu’une excellente comédie, dont, à la réflexion, vous sentez l’effet moral, mais qui ne vous frappe d’abord au théâtre que par son intérêt et son action.

1124. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Ajoutez-y de nouveaux recueils de rêves notés au moment du réveil par le dormeur, des récits de mangeurs d’opium plus détaillés que ceux de Quincey, des hallucinations hypnagogiques observées par le patient lui-même, selon le procédé de M. 

1125. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Regardez-y de près : cette étude des transformations d’un vieux récit populaire contient comme un raccourci de l’histoire des religions.

1126. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Non pas qu’il recherche savamment l’équilibre des plans lumineux pour créer ainsi de lointaines et aériennes perspectives ; mais par le sentiment né d’un coloris clair et sain, en ses récits comme à la surface des eaux, la brise passe d’un vol libre ; ils fleurent les parfums des prairies, respirent de l’aurore à l’égal du jour souple des bois et de strophe en strophe s’étendent et s’éjouissent de vivre ainsi qu’un paysage caressé par une bruine de soleil.

1127. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Même quand elles n’ont rien d’essentiel à cacher, les femmes ne sauraient que perdre en charme au texte d’un récit continu.

1128. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Nous lisions dernièrement le récit d’un courageux voyageur américain qui a passé deux ans dans le commerce intime des Esquimaux, partageant leurs mœurs, leur vie, leur langue.

1129. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

A la sèche histoire du moyen âge, à la chronique conteuse et naïve de Joinville et de Froissart ont succédé d’abord les grandes imitations de l’antiquité, à savoir les récits oratoires et politiques ; puis on est arrivé à penser que les événements intérieurs de la vie d’un peuple ont un intérêt non moins grand que les événements plus palpables de la politique et de la guerre.

1130. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Autrefois l’éléphant et le rhinocéros… Nous retrouvons pourtant un véritable Apologue, c’est-à-dire, une action d’où naît une vérité morale voilée dans le récit de cette action même.

1131. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Ce n’est pas tout : la presse, qui multiplie les récits contemporains, et qui est tour à tour esclave ou complice des partis ou des opinions, est un grand obstacle à la connaissance de la vérité, par la raison même qu’elle est un grand moyen pour y parvenir.

1132. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Pour remplir cette tâche, il faut avoir été fortement ému au récit des grandes actions ; il faut souvent, dans le silence de la nuit, avoir interrompu ses lectures par des cris involontaires ; il faut plus d’une fois avoir senti sa paupière humide des larmes de l’attendrissement ; il faut avoir éprouvé l’indignation que donne le crime heureux ; il faut avoir senti le mépris des faiblesses et de tout ce qui dégrade.

1133. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Enfin un curieux témoignage à la gloire de ce vieux poëte de la république, c’est le brillant abréviateur de l’histoire romaine, le flatteur de l’empire, Velléius Paterculus, écrivant, à une des dates mémorables de son récit : « Dans le cours de cette même époque169, parurent les rares génies d’Afranius dans la comédie romaine, de Pacuvius et d’Accius dans la tragédie, d’Accius élevé jusqu’à l’honneur de la comte paraison avec les Grecs, et digne de se faire une si grande place parmi eux qu’il soit presque impossible de ne pas reconnaître, chez eux plus de perfection, et chez lui plus de verve. » Alors même que cet éloge expressif était arraché au bon goût de Velléius, l’éclat du siècle d’Auguste, l’urbanité nouvelle et aussi les précautions politiques de son règne avaient, selon toute apparence, bien éloigné de la mémoire et de la vue des spectateurs romains les drames de la vieille école.

1134. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Le comte de Bussy-Rabutin en a fait le récit sous le titre d’Histoire amoureuse des Gaules. […] Qui peut vous avoir fait ce récit infidèle ………… Je vois enfin, je vois qu’en ce même moment Tout ce que je vous dis vous touche faiblement. […] Le récit de Théramène, l’un des plus beaux morceaux de poésie qui existe dans notre langue, a été vivement attaqué comme un ornement ambitieux. […] Peut-être l’auteur a-t-il bien fait de terminer la pièce par un récit gai, pour conserver le coloris et l’esprit du genre : l’imagination peut rire des effets de ce retour, elle n’en rirait point si l’œil le voyait. […] La ressemblance est encore plus frappante dans le récit que fait chacun des vieillards des beautés qu’il a découvertes, en assistant à la toilette de sa maîtresse.

1135. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Tout en s’occupant de ce grand travail, Bossuet eut l’idée d’entreprendre le récit des variations des Eglises protestantes. […] Dans ce récit, hérissé de théologie, éclatent les deux qualités caractéristiques de Bossuet : le bon sens, qui donne les motifs de toutes choses, et le sentiment de la réalité, qui met les choses elles-mêmes sous nos yeux. […] Au lieu de subtiliser avec ces imaginations plutôt assoupies qu’éteintes, et de leur offrir une sorte de mysticisme qui donnât le change à leurs passions surprises ; au lieu de soulever les doutes en tâchant de contenter la curiosité, il s’en tenait à ce qui est de foi, et s’appliquait à animer par des commentaires expressifs, variés, quelquefois par des récits, l’histoire de l’établissement de la religion. […] Le mot me coûte à dire, et j’en ai presque du regret, surtout après avoir lu, dans un livre très instructif (*), le récit des scandales que suscita dans la ville de Dijon la propagation des doctrines et des désordres du quiétisme, à la suite de deux voyages qu’y lit Mme Guyon, accompagnée du père Lacombe.

1136. (1895) Hommes et livres

Dans le récit que Félix nous fait de son premier voyage, il y a une page exquise de sensibilité pénétrante. […] Leurs récits abondent en renseignements sur nos villes du Midi, aspect, mœurs, richesses travaux et jeux, monuments, et déjà, du reste, on les a mis à profit dans plus d’un ouvrage. […] Mais Saint Simon colore tout de sa passion ; son récit, en général exact matériellement, donne une impression fausse en somme et diffamatoire. […] Mais, tel que nous l’avons, il me paraît qu’il y a là beaucoup de bourre, sans autre objet que de gonfler le récit en un juste volume. […] Quelle nécessité y avait-il de nous faire rencontrer don Gaston de Cogollos, que nous avions bien oublié, sinon pour qu’il achevât un récit dont nous n’avons cure ?

1137. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Les récits de notre histoire du moyen âge, les sagas, sont devenus une source inépuisable pour le théâtre danois et norvégien (la Suède n’a pas de littérature dramatique). […] Restait une seule ressource : exposer par des récits ce qui ne pouvait être offert aux yeux, et nous montrer l’effet de ces récits sur le personnage le plus intéressé (après Théodore) à l’événement, c’est-à-dire sur Placide. […] Troisième récit, qui rectifie en partie le précédent. — Cléobule vient raconter que c’est Théodore qui est sortie sous les habits de Didyme. […] Mais, tandis que Placide se désespère sous nos yeux, nous ne pouvons nous empêcher de songer à ce qui se passe là-bas, où vous savez ; car tous ces récits nous le rappellent. […] Je relis le grand récit de Mistress Clarkson au troisième acte.

1138. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Il n’importe qu’à chaque page, au récit de ses persécutions, elle mêle le récit de ses « plénitudes » et de ses « regorgements » ; il n’importe qu’à chaque page, aux expansions de son mysticisme, elle donne pour autorité ses « révélations » et sa « mission » ; il n’importe enfin qu’à chaque page elle écrive dans le sens et par conséquent sous l’impulsion de sa monomanie ; nous l’acceptons comme témoin véridique ! […] Lisez plutôt, dans l’Histoire des variations, le récit de la rupture de Luther et de Carlostadt ; ou, dans les Avertissements aux protestants, les railleries qu’il fait des prophéties de Mède et de Jurieu. […] Nous passerons rapidement sur le récit d’une première captivité que Mme Guyon subit aux Visitandines de la rue Saint-Antoine. […] Guerrier se rend-il bien compte, par exemple, que le récit de M.  […] Et tandis que, dans le récit du conteur français, tout marche d’un tel air de facilité, de naturel, d’aisance, que d’affaires ici pour mettre l’anecdote en scène !

1139. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Nul auteur n’est plus fécond en dissertations ; il entre à chaque instant dans son récit pour nous tancer ou nous instruire ; il ajoute la morale de théorie à la morale en action. […] Le plus triste de ces récits est celui du premier amour de Pendennis : miss Fotheringay, l’actrice qu’il aime, personne positive, bonne ménagère, a l’esprit et l’instruction d’une servante de cuisine. […] Les récits de campagnes, les jugements épars sur les livres et les événements du temps, cent petites scènes, mille petits faits visiblement inutiles, font par cela même illusion.

1140. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Élève de Molière, elle devint une excellente actrice: sa voix était si touchante, qu’on eût dit, suivant un auteur contemporain, qu’elle avait véritablement dans le cœur la passion qui n’était que dans sa bouche. « Remarquez, dit-il, que la Molière et La Grange font voir beaucoup de jugement dans leur récit, et que leur jeu continue encore lors même que leur rôle est fini. […] Je vous ferai seulement un fidèle récit de mon embarras, pour vous faire comprendre combien on est peu maître de soi-même, quand elle a une fois pris sur nous un certain ascendant que le tempérament lui donne d’ordinaire. […] Un soir, pendant la campagne de 1662, comme Louis XIV allait se mettre à table, il lui arriva de dire à Péréfixe, évêque de Rodez, son ancien précepteur, qu’il lui conseillait d’en aller faire autant. « Je ne ferai qu’une légère collation, dit le prélat en se retirant ; c’est aujourd’hui vigile et jeûne. » Cette réponse fit sourire un courtisan, qui, interrogé par Louis XIV, répondit que Sa Majesté pouvait se tranquilliser sur le compte de M. de Rodez: après quoi il fit un récit exact du dîner de S.

1141. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Des Fables, des Romans, des Récits de faits & gestes fabuleux furent long-temps son partage, c’est-à-dire, ses seuls objets & tous ses fruits : elle étoit trop peu féconde pour en produire d’autres, trop pauvre pour atteindre à la richesse d’expression qu’exigent les grands sujets, trop barbare & trop rude, pour peindre avec succès les nuances délicates des sujets d’agrément. […] Ces Dialogues étoient, ou des satyres, dans lesquelles ils reprenoient avec la plus grande liberté les vices du temps ; (il est aisé de croire qu’alors la profession de Troubadour ne servoit plus à enrichir ;) ou des récits de quelques hauts faits, & des louanges adressées aux Dames & aux Seigneurs devant lesquels ils étoient déclamés. […] Il n’envisagea dans son Art, que la gloire de plaire au sexe le plus sensible, & le plaisir de faire couler ses pleurs au récit tendre & passionné des sentimens qu’il inspire.

1142. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Là où nos positivistes ne voient que fanatiques et imposteurs, le psychologue remet en souriant des saints et des miracles ; les légendes lui sont, non point de l’histoire, mais pourtant une indication précieuse ; longtemps avant d’entrer dans la littérature, ils couraient déjà de bouche en bouche les récits du jongleur de Notre-Dame, du chevalier au barizel, des roses du frère Ave Maria. […] Les beautés des Martyrs, de Corinne, sont lyriques surtout et se détachent du récit. […] Par contre, voyez comment Paul Astier de L’Immortel est devenu, par une transformation intime et directe, le Paul Astier de La Lutte pour la vie ; la préface que Daudet a mise à son drame montre avec netteté que l’indignation morale a fait passer le poète du récit au drame.

1143. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

mon pauvre frère chéri, si tu veilles sur mes enfants, si tu me remplaces auprès d’eux, il faut bien aussi que tu aies ta compensation et que ton cœur bondisse comme le mien de joie et de fierté au récit de mes succès, où tu es pour bonne part, ami, car je n’ai jamais donné deux coups de sabre aux Bédouins sans qu’il y en ait eu un à ton intention, et l’autre dans la pensée de mes enfants… Est-ce que tu n’as pas l’intention de demander bientôt une bourse pour mon fils ? […] Il y a un charmant récit d’une visite que lui rend, au camp du Fondouck, un cheik d’une tribu, qui ne veut boire du vin que goutte à goutte, et qu’il grise guttatim en déjeunant.

1144. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Cette affaire mériterait un petit récit à part que je compte bien faire un jour. […] Nous avons ainsi deux fois un Sainte-Beuve raconté par lui-même, et qui ne pouvait rien omettre, dans aucun des deux récits, de ce que l’on demande d’abord à une Biographie, même courte.

1145. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Pour ceux dont le fléau de la Terreur avait ravagé la famille et contristé l’enfance ; sur qui Fructidor avait passé comme un dernier nuage sombre ; qui s’étaient émus aux récits de Sinnamari et avaient salué avec espérance le rétablissement du culte et des lois ; pour ceux qui avaient épousé le Consulat, mais non pas l’Empire, et que cette dictature militaire comprimait comme un poids de plus en plus étouffant, pour ceux-là 1814 fut une joie bien légitime, une délivrance. […] Dans le récit qu’il a donné d’un voyage à la grande Chartreuse fait en 1804 avec monsieur et madame de Chateaubriand, il est question, comme dans le Vieillard et le Jeune Homme, d’une conversation entre un jeune mélancolique qui repousse toute science, toute tentative humaine, et un prêtre tolérant qui maintient la science et la croit conciliable avec une religion élevée. « Comment, s’écrie en finissant le narrateur, comment un jeune homme paraît-il détrompé à ce point de toutes les choses de la vie ?

1146. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Pétrone, parlant d’un poëme de la Guerre civile, en esquisse largement la poétique en ces termes : « Il ne s’agit pas, dit-il, de comprendre en vers tout le récit des faits, les historiens y réussiront beaucoup mieux ; mais il faut, par de merveilleux détours, par l’emploi des divinités, et moyennant tout un torrent de fables heureuses, que le libre génie du poëte se fasse jour et se précipite de manière qu’on sente partout le souffle sacré, et nullement le scrupule d’un circonspect récit qui ne marche qu’à couvert des témoignages102. » On se ressouvient involontairement de cette recommandation en lisant les Argonautes ; non certes que les fables et les prodiges y fassent défaut : ils sortent de terre à chaque pas ; mais ici ces fables et ces prodiges sont, en quelque sorte, la suite des faits mêmes, et il ne s’y rencontre aucune machine supérieure, aucune invention dominante et imprévue, pour donner au poëme son tour, son impulsion, sa composition particulière.

1147. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Évadé de Rome, comme on l’a vu dans notre récit, il s’était fait ermite, sous le faux nom du Père Ange, au mont Maïella, dans le royaume de Naples. […] Le récit du long entretien de l’empereur et de Pétrarque prouve que l’empereur était aussi lettré que Pétrarque était politique.

1148. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

On voit à l’accent du récit qu’elle fait de cet événement, dans son livre Dix années d’exil, qu’elle éprouva quelque chose de semblable à ce qu’éprouva Agrippine à la première révélation de l’inhumanité de son fils, une consternation mêlée de joie tragique, parce qu’elle avait enfin le droit de haïr celui qu’elle craignait. […] Le récit de cette fuite rouvre toutes les cicatrices d’un cœur de fille et de mère déchiré dans ses affections, dans ses souvenirs et dans ses habitudes.

1149. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

On sait de tout temps l’effet du costume militaire et des récits de guerre sur l’imagination féminine44 ; un soldat qui vient de faire campagne est plus écouté qu’un écolier débarqué le matin de Poitiers. […] « Un sérieux attrait attachait Desdémone à tous ces récits ; et quand les soins de la maison l’appelaient au dehors, elle faisait toute la hâte qu’elle pouvait, et revenait, l’oreille avide, dévorer mes discours. » 44.

1150. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Rien de moins philosophique que d’appliquer une demi-critique aux récits conçus en dehors de toute critique. […] Des récits qui feraient sourire, si on les donnait comme contemporains, passent grâce à la fantasmagorie de l’éloignement.

1151. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Son drame — non pas toujours, mais quelquefois — évite la vivacité de l’action, s’attarde à de longs récits, s’étale en de vastes développements de caractères ou de passions, s’idéalise par la recherche des symboles jusqu’à devenir irréel, et n’en est pas moins poignant au point de vue du peuple pour lequel il a été conçu, n’en doit pas paraître moins admirable au critique loyal qui fait la part des nationalités. […] Concert Wagner : Récit de Loge (Von Dülong) ; Lieder (Mlle von Ghilany) ; Sc. fin. de la Walküre (Carl Hill, le comte von Pückler) ; 3e acte de Siegfried (Ernst, Carl Hill, Mlle von Ghilany, Mme Sachse-Hofmeister ; M. von Chelius).

1152. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

» Daudet qui s’est remis au travail, ces jours-ci, me parle de son livre, et m’en parle avec l’éloquence qu’il apporte au récit des choses, en train de fermenter en lui. […] Et mon récit a eu depuis, pour la garantie de son authenticité, la publication à Berlin de M. 

1153. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Ce sont les lettres et les monuments qui marquent les intervalles des siècles qui se projetteraient les uns sur les autres, et ne formeraient qu’une nuit épaisse à travers laquelle l’avenir n’apercevrait plus que des fantômes exagérés, sans les écrits des savants qui distinguent les années par le récit des actions qui s’y sont faites. […] Il traitera de l’invention, de l’élocution ou du style, du style historique, du style oratoire, du style didactique, du style épistolaire ; des différentes parties de l’oraison, l’exorde, l’exposition, la démonstration, la réfutation, la péroraison ; du récit, du pathétique, de l’action, ou des différentes parties de la déclamation, le geste et la voix ; de la poésie dramatique, du dialogue, de la tragédie, de la comédie, du poème lyrique et du poëme pastoral, de l’élégie, de l’ode, de l’idylle, de l’épître, de la satire, de la fable, du madrigal, de la chanson ou vaudeville et de l’épigramme.

1154. (1739) Vie de Molière

Les mêmes spectateurs qui applaudissaient sans réserve à ces farces monstrueuses, se rendirent difficiles pour l’École des femmes, pièce d’un genre tout nouveau, laquelle, quoique toute en récits, est ménagée avec tant d’art, que tout paraît être en action. […] Mais aussi les connaisseurs admirèrent avec quelle adresse Molière avait su attacher et plaire pendant cinq actes, par la seule confidence d’Horace au vieillard, et par de simples récits.

1155. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Le vertueux Mairan, qui a aperçu le feu central, était né pour les champs Élysées, où sa philosophie douce eût amusé les ombres du récit de ses hypothèses ingénieuses.

1156. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Il m’en coûte de lui résister ; mais dans cette pièce où un grand chef gaulois, Brennus, tue de sa main devant l’autel sa captive, l’épouse d’un étranger, d’un Milésien son hôte, au moment de la lui rendre, et où, après avoir essuyé patiemment les reproches du mari, il lui réplique par un récit de l’infidélité et de la perfidie de sa femme, je verrais bien plutôt le sujet d’un conte de La Fontaine dans le genre de La Matrone d’Éphèse.

1157. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Les tableaux de l’histoire des Hébreux ou de la vie de Moïse ne s’y trouvent présentés qu’en récit ou en songe.

1158. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Il n’y dit jamais de mal de lui, mais dans le bien qu’il en raconte, dans ses récits les plus avantageux, il y a tant d’esprit, de gaieté, de bons mots joints à l’action, de belle et vaillante humeur française, il est si bien un héros de notre nation, que ses défauts cessent d’y déplaire.

1159. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Voici une autre anecdote que j’ai recueillie de sa bouche ; je demande à la répéter ici dans les mêmes termes que je lui ai soumis et que je lui ai fait en quelque sorte adopter, un jour que je m’étais appliqué à reproduire son récit aussi fidèlement que possible : « M. 

1160. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Mais le poète se garde de tomber dans le panthéisme à la mode aujourd’hui ; il grave au seuil de son poème le nom du Seigneur et du Créateur, et dans le cours de ses récits et de ses peintures on le voit aimer à retracer le culte de la Vierge, toutes les croyances populaires et les chrétiennes espérances.

1161. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Qu’on lui sache gré surtout de nous fournir, par l’étendue même et le caractère circonstancié de ses récits, les moyens de le discuter, de le contrôler à notre tour, et parfois de le contredire.

1162. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

On peut juger si les soldats, déjà excités par Spendius, s’indignent à ce récit.

1163. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

L’auteur de l’Année littéraire, qui pardonnait encore moins un souper triste qu’un mauvais ouvrage, me demanda avec une sorte d’impatience quelle était cette bamboche (ce fut son expression) qui parlait au lieu d’écouter, qui avait le ton si affirmatif, nous régentait depuis deux heures et se pavanait à table en empereur de rhétorique. » Après le récit de Dorat, voici celui de La Harpe : « J’étais encore au collège quand je dînai avec lui chez M. 

1164. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Il en aurait peut-être écrit, lui-même, à un moment donné, le récit dans un de ses livres.

1165. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

On a comparé aussi les nombreuses et agréables citations que fait M. de Bausset des écrivains du grand siècle, à des îles verdoyantes et fraîches qui ornent le courant du récit et s’y prolongent encore par leurs ombres.

1166. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Récit d’un seigneur anglais.

1167. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Mon récit paraissait vivement les intéresser, et, s’ils m’interrompaient, c’était pour m’adresser des questions d’une remarquable naïveté et qui prouvaient que, dépourvus de toute notion, même superficielle, sur les sciences et les voyages, ils étaient aussi ignorants sur ces matières que pouvaient l’être de vieux rentiers au Marais. » Note 5.

1168. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Tout soulève le cœur dans ce récit.

1169. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Survient alors Mme du Châtelet, furieuse, répétant à tue-tête les mêmes reproches, et tirant finalement de sa poche la lettre fatale en disant : « Voilà la preuve de votre infamie. » Il faut lire chez Mme de Graffigny tout le récit de cette scène, à la fois terrible et burlesque.

1170. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Mignet a repris d’ensemble ce beau sujet et en a composé un récit complet, grave, serré, intéressant et définitif, qu’il publie en ce moment.

1171. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Ducis transportait cette situation au vieux Montaigu, père de Roméo ; il faisait raconter à ce vieux père lui-même, échappé de sa tour, cet atroce supplice infligé par son ennemi, et quand, le récit terminé, Roméo (qui se trouve être un dernier fils de ce Montaigu-Ugolin) dit un peu simplement au vieillard : ……………………… Ah !

1172. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Il suffit, pour s’en rendre compte, de mettre en doute devant une petite fille, quelque proposition de son catéchisme ou quelque récit de son histoire sainte.

1173. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Cela est si vrai que, dans les drames même, on met en récit ce qui serait peu vraisemblable en spectacle.

1174. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

J’ose proposer au plus intrépide de nos artistes de nous effrayer autant par son pinceau que nous le sommes par le simple récit du gazetier, de cette foule d’Anglais expirants, étouffés dans un cachot trop étroit, par les ordres d’un nabab.

1175. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Une des preuves, aux yeux du prince, de la fausseté de ce récit, c’était le signalement exact et minutieux des brigands consigné au procès-verbal de Nuremberg. […] Ouvrez un des livres d’histoire approuvés par l’Église, et lisez-y le récit des croisades. […] Ces hauts récits renferment le plus précieux de tous les enseignements. […] Des réflexions graves et fortes, convenables à la destination de l’ouvrage, sèment sobrement le récit de M.  […] L’auteur leur a fait dans son récit une large et juste place.

1176. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Entre tous ses récits, disons-le pour n’y plus revenir, Bellah est le seul, comme l’a fait jadis observer M.  […] La voix de son sang a crié ; et de ce moment, il n’est plus, lui, Francis Nayrac, il ne sera jamais plus ce qu’il était trois mois encore, huit jours, une heure auparavant… Dirai-je ici qu’il semble que le récit dévie ? […] Si l’on osait, en effet, se servir d’une expression quelque peu singulière, on dirait assez bien que le récit lui-même, — ce récit qui jadis était presque toute l’histoire et dont on rejetait les « preuves » en notes ou en appendices, — n’est dans le livre de M.  […] Je n’y relèverai que cette phrase : « Les récits de la création de la femme, de la tentation, de la pudeur naissant avec la faute, les larges feuilles du figuier indien servant à voiler les premières hontes, sont les mythes les plus philosophiques qu’il y ait dans aucune religion. » M. Renan avait déjà dit, dans son premier volume, en parlant du même récit : « La fausse simplicité du récit biblique, l’horreur exagérée qu’on y remarque pour les grands chiffres et les longues périodes ont masqué le puissant esprit évolutionniste qui en fait le fond, mais le génie des Darwin inconnus que Babylone a possédés il y a quatre mille ans s’y reconnaît toujours… La grande vérité de l’unité du monde et de la solidarité de ses parties, méconnue par le polythéisme, est au moins clairement aperçue dans ces récits où toutes les parties de la nature éclosent par l’action de la même pensée et l’effet du même verbe. » On a si souvent opposé, de notre temps, l’infécondité métaphysique ou scientifique du Sémite à l’aptitude originelle et maîtresse de l’Aryen pour les grandes généralisations de la science ou les hautes spéculations de la philosophie, que, sur un point de cette importance, et au lieu de les commenter ou de les paraphraser, j’ai tenu à citer les propres paroles de l’historien d’Israël.

1177. (1894) Critique de combat

Il n’a pas la magie de style d’un Jean-Jacques pour nous captiver par le récit de ses aventures d’enfance. […] C’est, habillé de neuf, l’Abbé Daniel, d’André Theuriet, un des premiers récits qui firent aimer du public ce peintre délicat des bois, des champs, des mœurs villageoises et provinciales. […] Du principal ouvrage du principal personnage, nous est-il dit au cours du récit. […] J’ai peur que l’attention du public n’aille plus, et pour assez longtemps, aux récits anecdotiques, qui se promènent à la surface des choses et qui se bornent à être simplement amusants ou même intéressants. […] Un arsenal d’arguments et de railleries contre le miracle et les récits de la Bible.

1178. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Il est parfaitement clair que Bayle se plaît personnellement et bien pour son compte à ces récits ridicules, ou scabreux. […] Coordonner ses documents dans un tableau d’ensemble et faire mouvoir ce tableau sous les yeux du lecteur par la machine simple et légère d’un récit un peu lent, l’idée peut lui en plaire, et il écrira le Gil Blas ; mais il faut déjà qu’il ait d’autres dons, et partant d’autres sollicitations que ceux du simple moraliste. […] A chaque instant Marivaux glisse au récit. Et quel est le caractère de ce récit ? […] D’un côté… de l’autre… etc. » — L’Indigent philosophe devrait être, comme le Spectateur, un recueil de réflexions diverses : très vite il se tourne de lui-même en récit picaresque.

1179. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

La lettre qui contient le récit des premiers martyrs de Lyon, sous Marc-Aurèle (177), s’est conservée dans Eusèbe ; c’est une des pages les plus touchantes de l’Église primitive (Acta sincera), une de celles qui rejoignent le plus immédiatement par le ton, par la simplicité et la sublimité d’héroïsme évangélique, les Actes des apôtres. […] Posthumianus, qui a visité les moines de la Thébaïde dans leurs solitudes, fait d’abord un récit de tout ce qu’il y a vu ; après quoi, s’adressant à Sulpice, il le prie de lui raconter les traits de la vie de saint Martin, qu’il avait omis dans sa biographie de ce saint ; mais Sulpice, écartant de lui cette tâche, la rejette sur Gallus, comme particulièrement apte à la remplir eu sa qualité de disciple du saint évêque.

1180. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

On le voit par les notions de liberté de commerce et de suppression des monopoles que les historiens de Confucius développent, d’après lui, dans le récit de cette partie de son administration. […] L’espace limité de ces pages ne nous permet pas ici d’entrer dans le récit circonstancié de ces longues missions philosophiques et de rapporter les mille anecdotes et les cent mille leçons dont chacun de ses pas fut l’occasion.

1181. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Le récit de cette campagne contre Dumouriez, et des désastres de cette retraite de 1792, est écrit dans les Mémoires de Goethe avec cette placide impartialité qui prouve une âme supérieure à ses propres impressions. […] Je ne veux pas voir la jeunesse m’abandonner.” » Puis enfin s’adressant, après ce récit funèbre, à Goethe qui se refusait à nourrir sa passion d’un retour complet, Bettina s’écrie : « Ô toi qui lis ceci, tu n’as pas de manteau assez doux pour envelopper mon âme blessée !

1182. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

C’étaient des espèces de Mille et Une Nuits occidentales, récits merveilleux de l’imagination des harems, des cours et des camps, auxquels on ne demandait aucune vraisemblance, mais de la galanterie, de l’héroïsme, de l’imprévu et du prodige ; les héros, les chevaliers, les enchanteurs, les fées, les femmes, en étaient les acteurs obligés ; on rattachait ces aventures à quelques traditions historiques du temps de Charlemagne et de sa Table Ronde, ou bien au temps de l’invasion des Sarrasins en Espagne et en France. On prenait ces récits tantôt au sérieux dans le peuple, tantôt en plaisanterie dans les cours ; de ce mélange indécis de sérieux chez les ignorants, de plaisanterie chez les lettrés, était né le germe d’épopée héroï-comique qui florissait alors en Italie.

1183. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Et ainsi finit le récit de sa jeunesse. […] Et en effet, quoique le terrain ne fût pas encore assez préparé pour recevoir et féconder une telle semence, je lus néanmoins çà et là, pendant le mois de juillet, bien des fragments de Machiavel, outre le récit du fait de la conjuration ; et alors non-seulement je conçus sans différer le plan de ma tragédie, mais, épris de cette façon de dire si originale et si puissante, il me fallut laisser là pour quelques jours toutes mes autres études, et, comme inspiré de ce génie sublime, écrire d’une haleine les deux livres de la Tyrannie, tels ou à peu près que je les imprimai quelques années plus tard.

1184. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Erckmann et Chatrian étaient, en effet, les véritables auteurs de ce récit. […] Seulement, il faut que la simplicité des détails et la naïveté des récits forcent le lecteur à reconnaître qu’on ne le trompe pas et qu’il se dise : « Cela est si naturel que la nature ne se laisserait pas imiter à ce point ; cela est si vrai qu’aucun mensonge ne pourrait se glisser dans la sincérité de ces événements, ou dans les paroles de ces personnages.

1185. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Est-il démontré que l’histoire d’Écosse et d’Irlande, écrite en langue erse et gallique, ait laissé des monuments de poésie historique, chantés lyriquement et épiquement par les bardes ou poëtes primitifs, dont Ossian, son père Fingal, son fils Oscar et beaucoup d’autres plus ou moins célèbres ont immortalisé les récits ? […] Tels étaient les chants des bardes dans Selma : ils fixaient l’attention de Fingal par les accords de leurs harpes et par les récits des temps passés.

1186. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Mais pour faire ces romans tout unis, ces romans de science humaine, sans plus de gros drame, qu’il n’y en a dans la vie, il ne faut pas en pondre un, tous les ans… Savez-vous qu’il faut des années, des années de vie commune avec les gens qu’on veut peindre, pour que rien ne soit imaginé, qui ne corresponde à leur originalité propre… Oui, des romans comme cela, un romancier ne peut en fabriquer qu’une douzaine, dans sa longue vie, tandis qu’un de ces romans, qu’on fait avec le récit d’une aventure, amplifiée augmentée, chargée, dramatisée, on peut l’écrire en trois mois, ainsi que le fait Feuillet et beaucoup d’autres. […] Des ressouvenirs des figures de pierre de la cathédrale de Chartres, mêlés à des réminiscences des récits des temps mérovingiens, me revenaient, je ne sais pourquoi.

1187. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Le récit a un caractère de vérité, mais quelle est cette sœur, dont les biographes ne parlent pas. […] Ne serait-ce pas plutôt une belle-sœur. — La véracité de mon récit a été confirmée par un article d’Arsène Houssaye, dans Le Figaro et L’Écho de Paris.

1188. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Cette histoire raisonneuse et systématique n’aura que le second rang dans le récit des choses humaines ; elle passera avec les systèmes, les sectes, les théories qu’elle représente. La nature seule est éternelle ; l’histoire est un récit, et non une polémique descendue de la tribune dans la bibliothèque.

1189. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Soit qu’on se rattache aux traditions indiennes, qui font échapper quelques naufragés sur l’Hymalaïa ; soit qu’on se rattache aux livres de la Chine, qui font réfugier un petit nombre de peuples sur les montagnes centrales ; soit qu’on se rattache aux monuments de l’Éthiopie ou de la haute Égypte, qui font creuser longtemps aux Troglodytes des cavernes dans les hauts lieux pour éviter une seconde inondation de la plaine ; soit qu’on se rattache aux récits bibliques, qui font naviguer Noé sur les eaux avec une élite de la famille humaine, il est impossible de nier les traditions orientales d’une grande submersion de cette partie du monde. […] Le poème, commencé par un récit, poursuivi comme un drame, dialogué comme une argumentation, chanté comme un hymne, pleuré comme une élégie, vociféré comme un blasphème, foudroyé par un éclat de lumière surnaturelle, finit par une adoration, comme tout doit finir entre l’homme et Dieu.

1190. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

……… s’écrie le poète, un moment ému involontairement lui-même par son propre récit, Amour, fléau du monde, exécrable folie, Toi qu’un lien si frêle à la volupté lie, Quand par tant d’autres nœuds tu tiens à la douleur, Si jamais, par les yeux d’une femme sans cœur, Tu peux m’entrer au ventre et m’empoisonner l’âme, Ainsi que d’une plaie on arrache une lame, (Plutôt que comme un lâche on me voie en souffrir) Je t’en arracherai, quand j’en devrais mourir. […] Pourquoi, dans ce récit d’une vive souffrance, Ne veux-tu voir qu’un rêve et qu’un amour trompé ?

1191. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Anaxagore, d’après un récit de Plutarque, disséqua un bouc qui n’avait qu’une seule corne au milieu du front, prodige qui mettait tous les Athéniens en émoi ; le philosophe montra, par l’anatomie du crâne, que ce fait n’avait rien de surnaturel. […] Mais si l’on considère la crédulité presque sans mesure de Pline, l’un des plus grands naturalistes de l’antiquité, et la puérilité des récits d’Elien ; si l’on se rappelle Roger Bacon (celui qui eut peut-être, au moyen âge, l’intuition la plus nette de la méthode scientifique), croyant encore que le regard du basilic est mortel, que le loup peut enrouer un homme s’il le voit le premier, que l’ombre de l’hyène empêche les chiens d’aboyer, que l’oie bernache riait des glands d’une espèce de chêne ; quand, en 1680, Pierre Rommel affirme avoir vu à Fribourg un chat qui avait été conçu dans l’estomac d’une femme et avoir connu une autre femme qui avait donné naissance à une oie vivante ; quand, enfin, jusqu’au XVIIIe siècle, on a cru voir dans les fossiles l’effet d’une fécondation des roches par un certaine souffle séminal s’infiltrant sous terre avec les eaux, — il est difficile de ne pas éprouver quelque admiration pour le sens critique dont fait preuve Aristote.

1192. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Un historien du temps a très bien rendu ce caractère conciliant, adroit et facile, qui était une des puissances de Gabrielle, et c’est un correctif nécessaire à l’impression que laisserait, sans cela, le récit un peu aigre de Sully : Le plaisir, dit l’historien Matthieu en parlant de cet amour de Henri IV, n’était pas le principal objet de ses affections, il en tirait du service au démêlement de plusieurs brouilleries dont la Cour n’est que trop féconde.

1193. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Gracieuse légende de l’enfance de Linné, et qui rappelle les récits des bucoliques anciens sur le jeune Daphnis !

1194. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Au moment où le Génie du christianisme parut, Ginguené, qui rendit compte du livre dans La Décade, marqua dès le début de ses articles qu’il ne se tenait point pour satisfait de l’explication vague et générale que l’auteur donnait de sa conversion : il semblait même dénoncer quelque inexactitude dans le récit, et, sans trahir le secret de conversations confidentielles qu’il avait eues avec Chateaubriand, il y faisait allusion de manière à inspirer des doutes au lecteur.

1195. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

L’un des courts écrits qui font le mieux connaître la personne et le moral de Henri IV, ce sont les mémoires du premier président de Normandie, Claude Groulard, de tout temps fidèle à ce prince, et qui nous a conservé un récit naïf des fréquents voyages et des séjours qu’il eut à faire auprès de lui.

1196. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Combes même, si favorable d’ailleurs, le récit de cette quatrième et dernière partie de la carrière politique de Mme des Ursins (1711-1714), que l’on a vu son obstination vaniteuse à réclamer pour elle une souveraineté en Flandre ou dans le Luxembourg, au risque de retarder, d’accrocher la paix générale de toute l’Europe, son obsession croissante, son accaparement de Philippe V après la mort de sa première femme, l’humiliante sujétion à laquelle cette femme de soixante-dix ans prétendait réduire le jeune et royal veuf, les indécents propos auxquels elle ne craignait pas de l’exposer, on comprend qu’elle ait lassé et ce roi et l’Espagne, et qu’elle ait fini par être secouée d’un revers de main sans laisser après elle beaucoup de regrets.

1197. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Leconte de Lisle n’avait réuni que des poésies inspirées par des récits des bas temps, du Bas-Empire, par des légendes de moines de la Thébaïde, par les chants de bardes écossais et scandinaves ; mais il y a d’autres pièces qui ne sont que sauvages, et d’autres qui appartiennent à des mondes très-civilisés (l’Inde, la Perse), et même à la Grèce.

1198. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Je les voyais s’avancer vers l’abîme, et ma voix a été repoussée… » Les deux récits se complètent.

1199. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Foucault nous en a donné la meilleure définition en action, dans un récit qu’il a fait d’une expédition ou pointe du maréchal de Bellefonds jusqu’à Roncevaux.

1200. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

A la rigueur, si tout ce que vous me décrivez était vrai, copié sur nature, je m’y intéresserais dans un autre sens, non plus à titre d’art, mais à titre de document positif, comme on s’intéresse à une relation de voyageur, à un récit authentique des mœurs japonaises.

1201. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

On a, par Frédéric, le récit exact de cette guerre bizarre qui se passa presque toute en menaces, en marches pénibles, en escarmouches, sans rien de décisif.

1202. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il n’y a de variante que dans la version de la circonstance fortuite qui aurait préservé la pièce de l’autodafé, et l’on conçoit que le récit du secrétaire infidèle n’ait pas été le même avec tous.

1203. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Qu’il aille donc ce talent à la plume si sûre, qu’il épuise çà et là ses fougues d’essor, mais que surtout il revienne encore souvent au naturel et charmant récit.

1204. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

J’excepte les premiers livres, dans lesquels il montre plus de timidité, se tient davantage à son petit récit, et n’est pas encore tout à fait à l’aise dans cette forme qui s’adaptait moins immédiatement à son esprit que l’élégie ou le conte.

1205. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Une conversation brusque, franche et à saillies ; nulle préoccupation d’art, nul quant-à-soi ; une bouche de satyre aimant encore mieux rire que mordre ; de la rondeur, du bon sens ; une malice exquise, par instants une amère éloquence ; des récits enfumés de cuisine, de taverne et de mauvais lieux ; aux mains, en guise de lyre, quelque instrument bouffon, mais non criard ; en un mot, du laid et du grotesque à foison, c’est ainsi qu’on peut se figurer en gros Mathurin Regnier.

1206. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Cf. le récit de cette représentation dans Porel et Monval, l’Odéon, Paris, 2 vol. in-8, 1876-1882, au t. 

1207. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Et ce qu’il a dicté à Sainte-Hélène, ce sont des mémoires oratoires ; ces récits de ses campagnes et de ses victoires sont de l’histoire tout juste comme le tableau de la politique athénienne dans le Discours pour la Couronne, de l’histoire arrangée pour persuader.

1208. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Et je n’ai rien à dire de ces deux récits sinon que le pittoresque en est merveilleux, l’émotion pénétrante et la simplicité absolue.

1209. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

* *   * Il résulte du récit de Mendès qu’à vingt ans Mallarmé avait écrit la majeure partie de ses vers et qu’il était déjà gonflé de fiel et d’amertume.

1210. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Voici les marques d’amendement qu’il donna en novembre 1683 : Quelques esprits ont blâmé certains jeux, Certains récits qui ne sont que sornettes ; Si je défère aux leçons qu’ils ont faites,                  Que veut-on plus ?

1211. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Il avait son parti pris avant de quitter Paris, il croyait à la contagion ; et, dans le récit qu’il a publié de son premier voyage, il a naïvement raconté comment, à peine arrivé à Madrid, il en était déjà à rêver tout un vaste système de lazarets, qui aurait embrassé de son réseau toute l’Europe.

1212. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Il faut relire ce récit de sa mort dans la célèbre lettre que son neveu écrivit à Tacite sur ce sujet.

1213. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Dans ce petit roman, comme dans tous ceux de l’auteur, le récit, qui coule partout avec facilité, ne se relève nulle part d’aucune vivacité d’expression.

1214. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Droz d’exposer, dans un récit fidèle et lumineux, la marche des événements et d’apprécier exactement les hommes : Il avait d’abord eu le dessein de terminer son travail au moment où le projet de Constitution, présenté par Mounier et ses amis, est rejeté, et où les principaux membres de ce parti abdiquent et se retirent (20 septembre 1789).

1215. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Ne demandez pas à Mme de Sévigné, une fois engagée dans ce récit, de l’impartialité, ni un jugement sur le fond ; elle est amie, elle est dévouée, elle est déterminée à trouver tout bien et admirable de la part de l’accusé.

1216. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

J’ai eu le plaisir d’entendre, sur sa vie errante et sur la suite de ses dangers à cette époque désastreuse, un récit touchant de la bouche même de son fils (M. le comte Portalis) qui l’accompagna partout, jusqu’au seuil de la prison, et qui, par une piété aussi dévouée qu’ingénieuse, réussit à retarder l’instant de son jugement et à le sauver.

1217. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

C’est chez lui, c’est dans son quatrième Mémoire contre Goëzman (février 1774), qu’il faut relire cet incomparable récit où le talent vient tout mouvoir et tout animer.

1218. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Suit le récit légèrement voilé, et comme transfiguré, mais dont chaque circonstance est sensible.

1219. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Ces vers qui s’étaient fort multipliés dans les récits qu’on faisait au premier moment de la découverte, s’étaient successivement réduits.

1220. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

C’est au xxe  siècle que l’on appréciera ces récits vivants, ces memoranda du xixe .

1221. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Personne ne peut remplacer sa parole dans cet impayable récit : « Monsieur, excusez mon entrée si insolite, — (fit-il, l’impétueux !) 

1222. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

L’épopée, c’est la maturité agissante et conquérante, le récit qui est lui-même un acte ; son objet : l’homme ou le groupe d’hommes, s’affirmant dans leur réalité présente et dans leur lutte avec d’autres hommes et d’autres groupes.

1223. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Le coup avait été si fort, que le contrecoup lointain l’emporta jusque dans la poésie ; son récit fut un drame, presque lyrique ; son style sévère et contenu s’épancha tout d’un coup en images passionnées et pressées.

1224. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Keunan n’aurait su mettre dans son enquête et dans ses récits, la moindre passion révolutionnaire, ses idées n’excédant pas la mesure du libéralisme le plus modéré. […] *** Je voudrais pouvoir reproduire tous ces récits tragiques, par quoi saigne et pleure le livre de M.  […] Ce récit vous transporte hors du siècle, dans une époque lointaine et barbare, dans ce sombre moyen âge dont les chefs-d’œuvre n’ont pu effacer la tache rouge des tortures ni dissiper l’odeur de chair grillée des bûchers. […] Et comme il savait donner au moindre récit un tour passionnant et distingué ! […] Il fallut que le hasard la conduisît dans un milieu où fréquentaient quelques jeunes artistes, pour qu’elle se rendît compte combien les séduisait, combien les empoignait son don du récit.

1225. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Un matin, sentant sa fin prochaine et croyant bien ne plus avoir à passer une autre journée, il invita à un petit dîner philosophique un ami (j’ai souvent entendu ce récit chez M. […] Sans épiloguer sur le jour précis où la scène en question eut lieu, ce qui n’importe guère, je puis certifier que j’ai entendu le récit de la bouche de M. […] Voici un petit récit, entre autres, que je sais d’original.

1226. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Celui-ci fait illusion, car ce n’est point l’œil qu’il trompe, c’est l’esprit, et cela à la lettre ; son récit de la grande peste a passé plus d’une fois pour vrai, et lord Chatam prenait ses Mémoires d’un Cavalier pour une histoire authentique. […] Lisez encore le récit de miss William, une jeune fille riche et de bonne naissance réduite au métier de courtisane, rançonnée, affamée, malade, grelottante, errant dans les rues pendant de longues nuits d’hiver, parmi « les misérables créatures nues, en haillons crasseux, entassées comme des pourceaux dans le coin d’une allée sombre », qui appellent les matelots ivres pour obtenir « de quoi apaiser avec du gin la rage de la faim et le froid, et qui descendent dans l’insensibilité bestiale jusqu’à ce qu’à la fin elles aillent mourir et pourrir sur un fumier. » Celle-ci est jetée à Bridewell avec le rebut de la ville, soumise aux caprices d’un tyran qui lui impose des tâches au-dessus de ses forces et la punit de ne pas les remplir, fouettée jusqu’à s’évanouir, puis à coups de fouet tirée de son évanouissement, pendant ce temps volée de tout ce qu’elle a sur elle, bonnet, souliers, bas, « mourant de faim et aspirant à mourir vite. » Une nuit, elle essaye de se pendre. […] Personne n’a enserré les idées dans des compartiments plus rigides ; personne n’a donné un relief plus fort à la dissertation et à la preuve ; personne n’a imposé plus despotiquement au récit et au dialogue les formes de l’argumentation et de la tirade ; personne n’a mutilé plus universellement la liberté ondoyante de la conversation et de la vie par des antithèses et des mots d’auteur.

1227. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

On l’y voit s’égayer et rire ; quand il montre Arès surpris auprès d’Aphrodite, Apollon plaisante et demande à Hermès s’il voudrait être à la place d’Arès : « Plût aux dieux, ô royal archer Apollon, que cela arrivât, et que je fusse enveloppe de liens trois fois plus inextricables et que tous les dieux et les déesses le vissent, pourvu que je fusse auprès de la blonde Aphrodite. » Lisez l’hymne où Aphrodite vient s’offrir à Anchise et surtout l’hymne à Hermès qui, le jour de sa naissance, se trouve inventeur, voleur, menteur comme un Grec, mais avec tant de grâce, que le récit du poëte semble un badinage de sculpteur. […] Elle-même n’est d’abord que la fête religieuse, à la fois perfectionnée et réduite, transportée de la place publique dans l’enceinte fermée d’un théâtre, une succession de chœurs coupés par le récit et par la mélopée d’un personnage principal, analogue à un Evangile de Sébastien Bach, aux Sept Paroles de Haydn, à un oratorio, et une messe de la Sixtine dans laquelle les mêmes personnages chanteraient les parties et feraient les groupes. […] Alcée loue son frère d’être allé combattre en Babylonie et d’en avoir rapporté un glaive à poignée d’ivoire, — Récits de Ménélas dans l’Odyssée. […] Là est le secret de cette gaieté divine des poèmes homériques et de Platon : le récit de la mort de Socrate, dans le Phêdon, montre à peine une teinte de tristesse.

1228. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Je ne parlerai pas de son intérêt dramatique ; il en a un pourtant, car c’est le récit d’une vie héroïque, et il est le seul poème du moyen âge qu’on réimprime tous les ans à Épinal, dans la Bibliothèque bleue pour les paysans. […] Le père arrive, s’emporte contre eux, puis, entendant le récit de leurs misères, fond en larmes, et abandonne le château pour ne pas manquer au serment qu’il a fait de ne point les recueillir. […] Devais-je, en lui faisant un récit trop sincère, D‘une indigne rougeur couvrir le front d’un père ? […] Il la commente par le récit de son éducation et de son règne, par l’histoire de son pays et de son temps. […] Çakya-Mouni avait laissé des préceptes de morale, des récits édifiants, et la doctrine du renoncement fondée sur le sentiment du vide.

1229. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Il me semble voir les gens de la société du Marais qui attendent son récit en se disant : « Le bel esprit !

1230. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

[NdA] Voici le récit de Mme Campan, qui, par le ton de morale exemplaire qu’elle y met, ne paraîtra peut-être pas exempt de quelque arrangement : En me parlant (un jour) de l’étrange présomption des hommes, et de la réserve que les femmes doivent toujours observer avec eux, la reine ajouta que l’âge ne leur ôtait pas l’idée de plaire quand ils avaient conservé quelques qualités agréables ; qu’elle avait traité le baron de Besenval comme un brave Suisse, aimable, poli, spirituel, que ses cheveux blancs lui avaient fait voir comme un homme sans conséquence, et qu’elle s’était bien trompée.

1231. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Le récit qu’en donne Casaubon dans son journal concorde avec celui que de Thou, également présent et l’un des juges, a consigné dans son Histoire.

1232. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Nous le dirons de même de ce récit, tout composé et comme pavé de pièces du temps : nous y marchons à chaque pas sur du Louis XIV, sur du Louvois, sur du Vauban, sur du Luxembourg ; c’est une chaussée historique continue.

1233. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Le Journal de son voyage, publié très tard pour la première fois, en 1774, n’a rien de curieux littérairement ; mais moralement, et pour la connaissance de l’homme, il est plein d’intérêt, C’est un simple récit, en partie dicté, et de l’écriture d’un secrétaire, en partie de la main de Montaigne, et dont une portion considérable, plus d’un tiers, est même écrite par lui en italien, pour s’y exercer et s’y entretenir.

1234. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

» Il jouissait de leur extravagance, il les taquinait même au besoin pour la leur faire déployer ; il les invitait ou les accueillait, un peu pour les regarder, comme on voit devant soi des chevaux courir : puis, quand il les avait quittés et le soir venu, il couvrait des pages d’une écriture sans rature du récit de ces conversations, en se donnant tout simplement le beau rôle et en faisant dire, comme Socrate, à ses interlocuteurs plus de sottises encore qu’il ne leur en était sans doute échappé.

1235. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Écoutez ce qui vient à la fin de ce joli récit, où son vœu secret lui échappe : « Le 14 mars 1836. — Une visite d’enfant me vint couper mon histoire hier (une histoire de pauvre vieille et de mendiante sur son grabat).

1236. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

L’inusité de semblables obsèques, une inexactitude de date qu’il suffit de corriger en avançant la scène d’un ou de deux jours pour rendre tout possible, le silence gardé par les secrétaires et les amis politiques de Charles-Quint, qui rougissaient peut-être en secret d’une semblable bizarrerie de leur maître, sont-ce des raisons suffisantes pour faire rejeter un récit qui est confirmé par celui de deux autres moines hiéronymites ?

1237. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Horace est-il à la chasse, monte-t-il à cheval, se trouve-t-il dans son atelier avec des amis aussi gais et aussi vifs que lui, voit-il une revue, s’échauffe-t-il au récit de nos derniers exploits de Montmirail, va-t-il voyager sur les bords de la mer, entend-il répéter les charmantes plaisanteries de nos vieux soldats, assiste-t-il à quelque scène populaire, M. 

1238. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Mme de Sévigné, qui nous fait ce récit, ajoute : « M. de La Rochefoucauld pleure lui-même en admirant la noblesse de ce sentiment. » Pourquoi cette larme ?

1239. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Est-il, je le demande, en tout Don Quichotte, un récit plus vif, une page qui soit mieux enlevée que celle-là ?

1240. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Il se sentait incapable, disait-il, de faire devant douze amis (si la chose avait été d’avance concertée) le même récit qu’il aurait fait à merveille devant les mêmes, pris trois à trois indifféremment.

1241. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Le texte même ou le corps du récit est fort mauvais.

1242. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Flammarion ajoute : « Nous regrettons de dire que l’on sent de temps en temps dans tout Fontenelle des assertions blâmables comme celle-là, qui déparent son récit et en affaiblissent l’autorité. » Entendons-nous bien.

1243. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

L’élocution nette, harmonieuse, toutefois naturelle et agréable ; assez d’élégance, beaucoup d’éloquence, mais qui sent l’art, comme avec beaucoup de politesse et de grâce dans ’ses manières, elles ne laissent pas de sentir quelque sorte de grossièreté naturelle ; et toutefois des récits charmants, le don de créer des choses de rien pour l’amusement, et de dérider et d’égayer même les affaires les plus sérieuses et les plus épineuses, sans que tout cela paraisse lui coûter rien.

1244. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

J’espère d’ailleurs que le temps pourra quelquefois me justifier ; il apportera sur notre homme de grosses découvertes, mais on se souviendra des petites : la transcription, enfin raisonnable, de la lettre de La Bruyère à Santeul ; l’anecdote de la lettre de celui-ci remerciant La Bruyère de son portrait ; le certificat de licences prises par La Bruyère à Orléans ; l’anecdote de La Bruyère et du prédicateur ; celle de M. le Prince ne se frottant pas, pour s’en amuser, à son caustique gentilhomme ; la mention du mariage du frère aîné avec la fille de M. de Novion, par laquelle se trouve expliqué tout le côté parlementaire du livre ; l’histoire très-complétée de la petite Michallet, de son mariage, et du livre qui fut sa dot ; l’histoire non moins complétée des candidatures de La Bruyère et de sa réception à l’Académie ; le récit de sa mort soupçonnée de poison, etc., bien d’autres choses qu’on ne voit pas encore, parce que je n’ai rien fait pour les montrer ; pauvres aiguilles, comme vous dites, que j’ai perdues négligemment dans une botte de foin… » De mon côté, je ne restai pas sans réponse.

1245. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Ovide, au chant xii des Métamorphoses, avait déjà mis un récit de cette mêlée dans la bouche de Nestor ; Chénier n’a pas à redouter ici la confrontation, et dans ce tableau qu’il résume, pour la vivacité, pour la vigueur concise, il garde bien ses avantages.

1246. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

s’écrie madame de Souza interrompant le récit ; comme alors ses chagrins eussent été plus graves, ses inquiétudes plus vives ! 

1247. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Peu nous importe ici, et le récit en serait trop semblable à celui de tant de liaisons incomplètes et avortées.

1248. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

CCLXV Mais la voilà qui rentre et qui va finir elle-même le récit.

1249. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Il suffit donc de les donner par hypothèse sans les donner en spectacle, c’est-à-dire de les annoncer par récit.

1250. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Ce récit rappelle un peu, par le sujet et par le tour, avec moins de libertinage, certains romans du dernier siècle : La duchesse se borna à fermer avec sa main la bouche de Roger en l’appelant : « Fou ! 

1251. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Les croyances de groupe s’attachent volontiers à quelque objet vague, mal défini, semblable à ce mythique Putois, héros d’un récit de M. 

1252. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Ces portions que j’appelle vraiment belles et inexpugnables, ce sera René, quelques scènes d’Atala, le récit d’Eudore, la peinture de la campagne romaine, de beaux tableaux dans l’Itinéraire ; des pages politiques et surtout polémiques s’y joindront.

1253. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Ce qui ajoutait au plaisant du récit, c’était de savoir qu’Hoffman était un peu bègue, tandis que l’abbé de Pradt était la volubilité même.

1254. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Je n’ai pu que la montrer en passant dans le récit de Mme de Graffigny, et par les côtés les moins avantageux.

1255. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Dumas, tout le monde sait sa verve prodigieuse, son entrain facile, son bonheur de mise en scène, son dialogue spirituel et toujours en mouvement, ce récit léger qui court sans cesse et qui sait enlever l’obstacle et l’espace sans jamais faiblir.

1256. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Dans son récit, qu’il divise en chapitres, avec des titres distincts et plus longs que la chose, on ne trouve pas cette richesse, cette fertilité et cette suite de détails qu’il faudrait pour remplir le canevas, pour en couvrir la nudité.

1257. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

J’ai lu à la Bibliothèque nationale, dans le Recueil dit de Maurepas, toutes les chansons satiriques qui ont trait à cette affaire et auxquelles le récit de Saint-Simon vient prêter appui : elles sont la plupart trop plates ou trop ordurières pour pouvoir être citées.

1258. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Mme de Sévigné nous a fait le récit d’un dîner où Boileau, aux prises avec un jésuite au sujet de Pascal, donna, aux dépens du père, une scène d’excellente et naïve comédie.

1259. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Il y a dans le détail de l’esprit, de la subtilité dans les discussions qui servent d’épilogue ou de prologue à chaque récit.

1260. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Pendant le récit des derniers moments, frère et roi ne purent, ni l’un ni l’autre, contenir la vive affliction qu’ils éprouvaient, et les derniers détails furent comme étouffés dans leurs sanglots.

1261. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Tourguéneff, est à son ordinaire, parleur et expansif, et on laisse parler le géant, à la douce voix, aux récits attendris de petites touches émues et délicates.

1262. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Comme les mourants qui aspirent après un cordial qui leur redonne l’illusion fugitive de la vie, fût-ce au prix d’une brûlure aux entrailles, la bourgeoisie chercha alors un poète dont le vers s’abattît, à la rigueur, sur ses reins épuisés, mais la forçât à se redresser ; un moraliste qui la rappelât à la pratique sévère de ses anciennes vertus, un historien capable de réveiller en elle, par ses fiers récits, le goût et la puissance des grands mouvements de l’âme.

1263. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Mais, mon ami, ne nous refusons pas au récit des procédés honnêtes.

1264. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Qu’on juge par ce récit, dont personne ne sçauroit contester la verité, si ce sont les doutes éclairez et les spéculations des philosophes qui les aïent conduits de principe en principe, du moins jusqu’aux expériences qui ont fait découvrir la pesanteur de l’air.

1265. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Dans Carmen enfin, cette chose bohème et qui, sous une plume plus poétique, serait si âprement savoureuse dans sa férocité sauvage, le linguiste qui était en Mérimée a étouffé la poésie du récit sous de fastidieux détails de grammaire.

1266. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Je ne lui ai pas fait passer d’examen, mais ce que je veux, ce que le lecteur veut, ce sont des textes, et non pas des récits ou des considérants sur des textes qu’on m’indique (va-t’en voir s’ils viennent, Jean !)

1267. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

., dans la « Revue des Jeunes », le récit de l’abbé Thellier de Poncheville sur la préparation des affaires de Champagne en septembre 1915.)‌

1268. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Je voudrais être à Berlin et subir le récit des évolutions de la substance.

1269. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Concevrait-on autrement que la fable si poétique d’Ariane n’occupe qu’un coin du tableau, et figure dans le récit comme une légende retracée sur les tapisseries qui paraient la salle de noces des deux époux ?

1270. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Il assiste à la réception des ambassadeurs d’Acharne ; et le récit de leur mission lui apprend qu’ils iront pu revenir depuis dix ans, parce qu’il leur a fallu passer ce temps chez les alliés à boire et manger en de grands festins, et à prolonger leurs ambassades pour faire durer leur traitement de deux dragmes qu’ils recevaient par jour. […] L’Italie présenta le modèle de ses tissus d’intrigues aux poètes espagnols : mais ceux-ci, nés avec une imagination brûlante, échauffés par les récits des romanesques fables des Maures, pleins de traditions merveilleuses, ardents, superstitieux, jaloux, et vivant sous toutes les contraintes du joug monastique et séculier, ceux-ci, dis-je, renchérirent sur le goût des incidents, des épisodes, et des complications d’aventures. […] Il faut dans la tragédie ainsi que dans la comédie, une fable ou un fait sur quoi tout se fonde : cette nécessité se sent d’elle-même, puisque l’essence de l’une et de l’autre n’est pas le récit, mais l’action, que les personnages, comme l’a très bien rappelé Cailhava, dans son traité sur ces matières, se nomment acteurs, et non orateurs, et que le concours des assistants qui les écoutent ne se désigne pas par le nom d’auditoire, mais par celui de spectateurs. […] Près de tel faux bonhomme, nous aurons tels faux bons diables qui, ne craignant pas d’arrondir leurs affaires par des exactions dures et fréquentes, se montrent sensibles jusqu’à pleurer au récit d’une égratignure, qui sous une apparence de cordialité, de franchise militaire, vous supplantent avec adresse dans les postes que vous briguez, et vous desservent lestement à la cour et chez les ministres.

1271. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Quel récit complet, intéressant, spirituel, moqueur, récit de longue haleine s’il en fut, la Vigie de Koat-Ven d’Eugène Sue ! […] Il y a beaucoup de ce calme et de cet abandon des âmes correctes dans le récit du naïf historien se racontant sa propre enfance. […] « J’écris ces choses pour moi-même, uniquement pour me délivrer des souvenirs qui m’obsèdent, et pour me consoler par le récit de mes propres misères, qui ne sauraient profiter à l’imprévoyance de l’époque où nous vivons. »Non ut sæculo meo prosit cujus desperata miseria est ! […] À Dieu ne plaise que je veuille ici tenter une dissertation dans les formes, et remplacer par une déclamation historique le simple récit de cette vie honorable, honorée ! […] Déjà on la mêlait à tous les récits diaboliques de loup-garou, du moine bourru de Paris, de la bête du bailli de Pontoise, toutes créatures fantastiques dont on ne parle plus aujourd’hui, depuis que nous avons à notre service tant de tables qui parlent et de journaux qui ne parlent pas.

1272. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Ainsi vous vous rappelez le développement si brillant qui interrompt à un moment donné le récit, dans Les Pauvres Gens : Hélas ! […] Chuquet a le génie de la précision, du détail exact et significatif, du récit incisif et vivant. […] Tous les récits de M.  […] Cette idée, écartée quelquefois par l’intérêt passionnant du récit, nous suit, néanmoins, presque toujours pendant la lecture des trois admirables volumes de M.  […] d’après les récits mêmes de M. 

1273. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

On n’aperçoit plus sous ses récits les angoisses et les brutalités que les événements recèlent ; le conte file prestement, éveillant un sourire, puis un autre, puis encore un autre, si bien que l’esprit tout entier est emmené, d’un mouvement agile et facile, du côté de la belle humeur. […] Je finis par un récit de Pepys qui donnera la mesure. « Harry Killigrew m’a fait comprendre ce que c’est que cette société dont on a tant parlé récemment, et qui est désignée sous le nom de balleurs (ballers). […] C’est pourquoi « celui qui est sage n’est pas riche, comme disent les stoïciens, mais celui qui est riche est sage559. » Pour la religion, elle n’est que la « crainte d’un pouvoir invisible feint par l’esprit ou imaginé d’après des récits publiquement autorisés560. » En effet, cela est vrai pour l’âme d’un Rochester ou d’un Charles II ; poltrons ou injurieux, crédules ou blasphémateurs, ils n’ont rien soupçonné au-delà. —  Nul droit naturel. « Avant que les hommes se fussent liés par des conventions, chacun avait le droit de faire ce qu’il voulait contre qui il voulait. » Nulle amitié naturelle. « Les hommes ne s’associent que par intérêt ou vanité, c’est-à-dire par amour de soi, non par amour des autres. […] Il servit à l’armée quelque temps, comme aussi Vanbrugh et Farquhar ; rien de plus galant que le nom « de capitaine » qu’ils prenaient, les récits militaires qu’ils rapportaient, et la plume qu’ils mettaient à leur chapeau. […] Si je suis capable de bien peindre un personnage dans un récit, je ne suis pas fort éloigné du talent qui rassemblera toute l’âme de ce personnage en quelques réponses.

1274. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

L’art moderne admet que l’on peigne pour peindre : il admet la fantaisie de Gallot, la statue de la Grèce, le magot de la Chine, la vierge de Raphaël, les nymphes de Rubens, les portraits de Velasquez, le dialogue, le récit, toutes les formes, tous les genres. […] La plupart de ses livres se porteraient aisément à la scène, et au vrai ce sont des drames, avec un commencement, un milieu et une fin, je ne sais quoi de cursif dans l’écriture, de ramassé dans les sentiments, le dialogue souvent substitué au récit. […] C’est le récit en prose symboliste des amours d’une laveuse de vaisselle. […] N’oublions point cependant Tancrède Martel avec La Main aux dames ; Frantz-Jourdain, avec Beau-Mignon : Jacques Lozère, avec sa Vie en jaune ; Lucien-Victor Meunier, avec Plaisirs en deuil ; Jules Lermina, avec ses Histoires incroyables ; Alain Beauquesne, avec les Amours cocasses ; Charles Grandmougin, avec ses Contes d’aujourd’hui ; Léon Allard, avec Les Vies muettes ; Guillaume Livet, avec les Récits de Jean Féru ; Edmond Thiaudière, avec La Proie du néant ; Gaston Bergeret, avec ses Contes modernes ; Gabriel Marc, avec Lindetta ; Georges Moynet, avec Entre garçons ; Auguste Erhard, avec ses Contes panachés ; Léon Deschamps, avec ses Contes à Sylvie ; Charles Diguet, avec les Contes du Moulin-Joli ; Pierre Gauthiez, avec La Danaé ; Charles Lexpert, avec ses Nouvelles gauloises ; Camille Bruno, avec En désordre ; Paul Chetelat, avec Le Monde où l’on s’abuse ; Noël Blache, avec Les Clairs de soleil ; Fernand Boissier, avec Le Galoubet ; Jules de Marthold, avec Casse-Noisette et les Contes sur la branche ; H. de Chennevières, avec les Contes sans « qui » ni « que », etc., etc. […] Les Souvenirs d’un enfant de chœur, Les Récits du commissaire, Les Athées du Pont-aux-Choux, etc.

1275. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Toutefois, la dénomination de poison de flèches comprenant des agents vénéneux très-divers, nous conserverons le nom de curare, généralement admis en Europe, pour désigner un poison américain qui est décrit dans les récits des voyageurs, et qui se caractérise d’ailleurs par ses effets physiologiques, ainsi qu’on le verra plus loin. […] Beaucoup d’anciens voyageurs ont jugé à propos d’orner l’histoire du curare d’une foule de récits plus ou moins fabuleux, que nous devons passer sous silence pour ne nous arrêter qu’aux renseignements qui ont un caractère scientifique. […] Jusqu’ici les voyageurs, il est vrai, nous ont fourni le curare, mais avec lui ils ne nous ont rapporté que des récits et des descriptions contradictoires de procédés de préparation. […] D’autres ont admis, sur la foi des récits, que les exhalaisons de curare sont vénéneuses. […] Watterton nous donne encore le récit de la mort d’un homme empoisonné par le curare.

1276. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

C’en est fait, le coup est porté par le récit de cette peste, et, depuis la première journée jusqu’à la dernière, je ne sais quel souvenir de ces morts soudaines, de ces églises désertes, de ces hommes frappés par un mal invisible, se glisse, à votre insu, dans ces galantes histoires, si galantes qu’elles en sont naïves ! […] Dans le récit de Boccace, Gillette dit cela un peu brusquement. […] Ô la rare et excellente suite aux contes de Boccace, aux folies de la reine de Navarre, aux récits amoureux des vieux fabliaux ! […] Tantôt elle sépare le récit de l’action, tantôt elle mêle l’action au récit. […] Ce n’est pas elle qui recevrait un amant dans sa chambre, sauf à lui dire : — Sortez, sortez, sortez, vous me mettez au désespoir…, et tout le reste du récit de la petite Louison.

1277. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Si, dans la façon dont il la présente, il se trouve historiquement quelques points de vérité incontestables, ils ne rachètent en rien l’horreur de l’action ni l’odieux du récit. […] Bazin, l’historien de la France sous Mazarin, en a beaucoup profité dans son spirituel récit.

1278. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

En traduisant Pétrone, et dans de certains détails de mœurs qui précèdent le récit de l’aventure, le chevalier l’arrange un peu : « Je le mets dans notre langue, dit-il, non pas toujours comme il est dans l’original, mais comme je crois qu’il y devroit être. » Il se trouve ainsi que Pétrone ne nous parle que de l’aimable Phryné et de Climène, au lieu de nous parler d’autre chose ; mais ce n’est pas là un grave reproche que nous adresserons au chevalier ; sa traduction du morceau est des plus agréables à lire en elle-même, et se peut dire dans tous les cas une belle infidèle. […] Ainsi coupé, l’aimable récit est plus délicat ; un peu de malice s’y mêle ; le conteur n’a voulu que faire valoir les avantages du bien lire ; c’est un conseil et un encouragement qu’il donne aux jeunes gens pour s’y former : que lui demandez-vous davantage ?

1279. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Aujourd’hui encore je n’ai que le temps de vous dire que Leurs Majestés nous ont reçus avec une faveur si extraordinaire qu’un récit détaillé vous paraîtrait fabuleux. […] Écoutez le récit fait le lendemain à son père.

1280. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Et vos enfants au loin épars sur la pelouse, Et votre époux absent et sorti pour rêver, J’entre pourtant ; et Vous, belle et sans vous lever, Me dites de m’asseoir ; nous causons ; je commence À vous ouvrir mon cœur, ma nuit, mon vide immense, Ma jeunesse déjà dévorée à moitié, Et vous me répondez par des mots d’amitié ; Puis revenant à vous, Vous si noble et si pure, Vous que, dès le berceau, l’amoureuse nature Dans ses secrets desseins avait formée exprès Plus fraîche que la vigne au bord d’un antre frais, Douce comme un parfum et comme une harmonie ; Fleur qui deviez fleurir sous les pas du génie ; Nous parlons de vous-même, et du bonheur humain, Comme une ombre, d’en haut, couvrant votre chemin De vos enfants bénis que la joie environne, De l’époux votre orgueil, votre illustre couronne ; Et quand vous avez bien de vos félicités Épuisé le récit, alors vous ajoutez Triste, et tournant au ciel votre noire prunelle : « Hélas ! […] Et bientôt, au sortir de ces songes flottants, Je me sentis pleurer, et j’admirai longtemps Que de ces hommes morts, de ces choses vieillies, De ces traditions par hasard recueillies, Moi, si jeune et d’hier, inconnu des aïeux, Qui n’ai vu qu’en récits les images des lieux, Je susse ces détails, seul peut-être sur terre, Que j’en gardasse un culte en mon cœur solitaire, Et qu’à propos de rien, un jour d’été, si loin Des lieux et des objets, ainsi j’en prisse soin.

1281. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Dans tout le récit de Quinte-Curce on ne trouve pourtant rien à la charge de Callisthène. […] Ce philosophe fut-il condamné sans avoir été entendu, comme il résulte du récit de Quinte-Curce ?

1282. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Elle a tout vu et tout reproduit très fidèlement ; après un si long espace de temps, cela se lit encore très bien, parce qu’on est replacé directement dans une situation qui a disparu, avec tant d’autres grandes choses, mais qui a été saisie avec toute sa vie et heureusement fixée à jamais dans ce récit. — Là, comme toujours, Schiller paraît en pleine possession de sa haute nature ; il est aussi grand à la table à thé qu’il l’aurait été dans un conseil d’État. […] En conséquence, il ne se demande pas si tel livre de la Bible peut jeter de la lumière dans l’esprit, s’il renferme de hautes leçons de moralité, s’il offre des exemples d’une noble existence : l’important pour lui, c’est dans les livres de Moïse l’histoire de la chute, qui rend nécessaire le Sauveur ; dans les prophètes, les allusions qui sont faites au Désiré ; dans les évangiles, le récit de son apparition sur cette terre, et de sa mort sur la croix, qui expie nos péchés.

1283. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

C’est alors que Prométhée commence le récit épique qui le révèle dans toute sa grandeur ; non plus seulement donateur du Feu, mais sauveur des hommes, inventeur de toute civilisation et de toute science. […] Prométhée poursuit son récit.

1284. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Or, on reconnoît dans le récit magnifique qu’il fait de cet évenement, toutes les principales circonstances du tumulte qui arriva dans Rome quand le sénat voulut après la mort de Caligula rétablir le gouvernement republiquain, et quand ses partisans se cantonnerent contre les cohortes prétoriennes qui vouloient avoir un empereur. […] Ils sont l’ouvrage d’historiens judicieux qui nous racontent avec sens beaucoup de faits importans et curieux, que nous ne tenons que de leurs récits.

1285. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Ce seul premier volume renfermait bien des matières diverses : des considérations remarquables par l’ordre et l’étendue, des récits rapides ; les cruautés et les atroces bizarreries des Commode, des Caracalla, des Élagabal, les trop inutiles vertus des Pertinax, des Alexandre Sévère, des Probus ; le premier grand effort des Barbares contre l’Empire, et une digression sur leurs mœurs ; l’habile et courageuse défense de Dioclétien, sa politique nouvelle qui, toujours veillant aux frontières, se déshabitue de Rome, et qui, présageant l’acte solennel de Constantin, tend à transporter ailleurs le siège de l’Empire ; enfin les deux chapitres concernant l’établissement du christianisme et sa condition durant ces premiers siècles.

1286. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Lavallée a été naturellement amené à rechercher les origines et les fortunes diverses de cette maison ; il a trouvé à Versailles, soit dans la bibliothèque du séminaire, soit aux archives de la préfecture, un grand nombre de recueils et de pièces originales qui permettent d’établir le récit le plus détaillé avec certitude.

1287. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Daru (et avec lui les projets étaient bientôt mis à exécution), il y avait une tragédie de Néron : « Je n’ai rien à dire contre votre plan, lui écrivait le père Lefebvre, mais vous referez, je l’imagine, le récit de la mort d’Agrippine que vous avez volé à Suétone ; c’était Tacite qu’il fallait piller : un voleur honnête ne s’adresse qu’aux riches. » On voit que le goût du père Lefebvre, comme celui des Oratoriens en général, était quelque peu orné et fleuri ; c’était un compromis avec le goût du siècle92.

1288. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

On lui en avait donné un auquel il avait pris plaisir, et, quand on le sut, il lui en vint de plusieurs côtés : J’entrepris, a-t-il raconté dans un agréable récit, d’élever trois des levrauts qu’on m’avait apportés, et pour les distinguer ici, je vous dirai les noms que je leur avais donnés, Puss, Tiney et Bess.

1289. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Ceux qui voudront ajouter foi à un récit qui fut sans doute inventé ou tout au moins brodé par la malignité, pourront y trouver une confirmation dans ces Mémoires, par la manière tout exaltée et tendre dont il est parlé de Mme de Castelmoron : cependant ils n’y trouveront que bien peu de chose sur les défauts de Mme Du Deffand qui sont l’autre moitié de la scène.

1290. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

C’est à Grimm qu’il faut demander le récit des adulations et des ovations dont il fut l’objet.

1291. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

[NdA] On lit dans l’ouvrage intitulé : Mes rêveries, du maréchal de Saxe, le récit suivant qui a tout son prix, étant d’un grand homme de guerre et qui, lui-même, avait dû causer de l’affaire avec Villars et avec le prince Eugène : À l’affaire de Denain, le maréchal de Villars était perdu, si le prince Eugène eût marché à lui, lorsqu’il passa la rivière en sa présence, en lui prêtant le flanc.

1292. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Je reviens en arrière et je trouve une description minutieuse mêlée d’inventaire, une photographie, telle que nous les aimons à cette heure, des salons de l’archevêché de Paris ; c’est le récit d’une visite que fait Le Dieu au cardinal de Noailles, chez qui il est envoyé un jour par Bossuet pour lui porter un de ses écrits en réfutation de Richard Simon : Ce mardi 19 (décembre 1702), j’ai porté au cardinal un exemplaire du livre en état d’être lu, au milieu de son audience remplie d’évêques, de grands seigneurs et de grandes dames, tout le monde debout, et les évêques même, aussi bien que les dames, comme chez le roi ; tout le monde dans un grand respect, et plus que chez le roi ; le silence même était très grand dès les antichambres, où les pauvres prêtres attendaient, le chapeau sous le bras, les cheveux fon courts et la tonsure faite, en posture de suppliants ou de séminaristes qui vont à l’examen pour les ordres ; leur extérieur était beaucoup plus composé qu’à l’église et à l’autel.

1293. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

— M. de Falloux, dans le récit qu’il nous a donné de la jeunesse de Mme Swetchine, élude la principale de ces questions ; ne trouvant chez lui aucun indice précis, aucune explication satisfaisante, j’ai pourtant voulu savoir, j’ai interrogé, et il m’a été répondu : « Mme Swetchine a eu un orage de jeunesse : elle avait inspiré une grande passion au comte de Strogonof, un des hommes les plus aimablesde la Russie, et elle l’avait ressentie elle-même. » On ne s’en douterait pas en lisant M. de Falloux.

1294. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Son récit, comme presque tout ce qui est sorti de sa plume, a plus de lourdeur encore que de naïveté et d’exactitude.

1295. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Voici quelques-unes des pages qui font centre dans le récit de M. 

1296. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

On a le récit que Catinat adressa à M. de Louvois le soir même de la bataille (18 août).

1297. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Jomini écrivit à l’instant à l’Empereur une lettre dont on n’a pas le texte, mais dont le sens était « qu’ayant pris la carrière des armes dans l’espoir qu’un jour il mériterait la bienveillance du plus grand capitaine du siècle, et qu’ayant eu l’honneur de lui être attaché pendant plus d’un an, il ne pouvait continuer à servir dans la position que l’on venait de lui faire, et qu’il demandait à se retirer dans ses foyers. » — Je continue avec le récit du colonel Lecomte : « Le dimanche suivant, Jomini se rendit à Fontainebleau pour assister à la réception d’usage et à la messe, espérant avoir une solution.

1298. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

En finissant d’ailleurs, il n’est pas tellement éloigné, ce semble, des conclusions qui ressortent de nos propres récits.

1299. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Les amants que chaque femme prend et laisse à la file ; les fureurs au théâtre pour ou contre la Lemaure et la Pelissier ; le duc d’Épernon, qui, par manie de chirurgie, va trépanant à droite et à gauche, et tue les gens pour passer son caprice d’opérateur ; la mode soudaine des découpures, comme plus tard celle du parfilage, mais poussée au point de découper des estampes qui coûtent jusqu’à 100 livres la pièce : « Si cela continue, ils découperont des Raphaël ; » la manière dont on accueille les bruits de guerre : « On parle de guerre ; nos cavaliers la souhaitent beaucoup, et nos dames s’en affligent médiocrement ; il y a longtemps qu’elles n’ont goûté l’assaisonnement des craintes et des plaisirs des campagnes : elles désirent de voir comme elles seront affligées de l’absence de leurs amants ; » on entend tous ces récits fidèles, on assiste à cette décomposition du grand règne, à ce gaspillage des sentiments, de l’honneur et de la fortune publique ; on s’écrie avec la généreuse Mlle Aïssé : « A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser les cheveux à la tête ; elle est trop infâme pour l’écrire ; mais tout ce qui arrive dans cette monarchie annonce bien sa destruction.

1300. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

On ne sépare pas dans son souvenir le bruit des vagues, l’obscurité des nuages, les oiseaux épouvantés, et le récit des sentiments qui remplissaient l’âme de Saint-Preux et de Julie, lorsque sur le lac qu’ils traversaient ensemble, leurs cœurs s’entendirent pour la dernière fois.

1301. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Qui peut s’intéresser au récit de nos maux ?

1302. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

On avait lu avec curiosité les récits de Bernier, de Chardin, de Tavernier.

1303. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Et je ne m’en plains pas, car ce souci d’un bon cœur n’est point incompatible avec l’art ni avec l’observation ; il implique de la cordialité, de la simplicité, de la gravité ; puis, la littérature d’aujourd’hui nous a tant déshabitués des « récits moraux et instructifs » que, lorsqu’il s’en présente un par hasard, on est tout prêt à trouver cela original, on est charmé, on est ému et on s’en sait bon gré ; on se dit comme le Blandinet de Labiche : « Mon Dieu !

1304. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Et l’on s’étonne que le cruel début de Cruelle énigme, et l’adorable récit de la rencontre des amants à Folkestone, ou le puissant tableau du duel des deux sexes dans l’amour, d’après le théâtre de Dumas fils, soient partis de la même main.

1305. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Né du peuple et dans le plus large courant de l’esprit de la Révolution française — en sorte qu’il n’eut ni à changer ni à se contraindre pour être « avec son temps », — la vie de Victor Duruy, exemplaire, tout unie dans son fond, mais avec un air de merveilleux, et, au milieu de son cours, un coup de baguette des fées, ressemble à quelque beau récit de la « morale en action », à mettre entre les mains des écoliers, de ces écoliers de France pour qui il a tant travaillé.

1306. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Le récit par lequel Hésiode explique les griefs de Zeus contre Prométhée, a la grossièreté d’une légende rustique.

1307. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Des traditions d’exils et de migrations, des généalogies fabuleuses s’assimilèrent au paysage orageux d’Argos et lui imprimèrent le dessin d’un récit tragique.

1308. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Dumas a mis un art infini à gazer cet étrange récit ; mais sa nudité paraît à travers, elle a ému justement la salle.

1309. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Je tâcherai de dégager le récit de cette histoire des rumeurs populaires qui s’y sont mêlées, et qu’on peut lire reproduites dans les Lettres de Mlle Aïssé et dans le Journal de l’avocat Barbier.

1310. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Quelque jour, écrivait-elle à son ami, je vous conterai des choses qu’on ne trouve point dans les romans de Prévost ni dans ceux de Richardson… Quelque soirée, cet hiver, quand nous serons bien tristes, bien tournés à la réflexion, je vous donnerai le passe-temps d’entendre un récit qui vous intéresserait si vous le trouviez dans un livre, mais qui vous fera concevoir une grande horreur pour l’espèce humaine… Je devais naturellement me dévouer à haïr, j’ai mal rempli ma destinée.

1311. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Dans le récit du procès, il crée, d’un interrogatoire à l’autre, des péripéties qui ne ressortent pas de la lecture des pièces mêmes.

1312. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Il y en avait toujours dans ses récits : « ce qu’on appelle des contes dans la bouche des autres était dans la sienne des scènes parfaites », auxquelles, pour la ressemblance des caractères et pour le tour, il ne manquait rien.

1313. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Tous ceux qui ont connu le duc de Lauzun savent que, pour donner du charme à ses récits, il n’avait besoin que des agréments naturels de son esprit ; qu’il était éminemment un homme de bon ton et de bon goût, et que jamais personne ne fut plus incapable que lui de nuire volontairement à qui que ce fût.

1314. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Il élève la pensée, il l’agrandit, il la trouble et la confond aussi par cette hardiesse qui consiste à se mettre si résolument dans ce récit, soi, simple mortel, en lieu et place de Dieu, de la Puissance infinie.

1315. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Amyot, au contraire, entre dans le récit bonnement, avec plus de rondeur ; il lie les phrases, il y mêle de petits mots explicatifs, qui en rompent le rythme par trop régulier et affecté.

1316. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Mais la dignité ne consiste pas à maintenir et à concerter si soigneusement, dans les préfaces et récits, ce semblant d’égalité plus que jamais impossible quand on écrit trente ans après et devant la majesté de l’histoire.

1317. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Tout se passe comme il l’a prévu, et il a la satisfaction de faire accepter l’amnistie étroite : « Duretête fut arrêté peu après, roué et mis en quartiers sur les portes de la ville ; on peut dire que cet homme avait maîtrisé Bordeaux, et, pendant un temps, maintenu le parti des princes. » À son second retour de Bordeaux, Gourville s’arrête en passant à Verteuil, où était M. de La Rochefoucauld, et il le réjouit fort du récit de son bonheur et de ses aventures.

1318. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Courier, dans sa Pétition, exposait ces choses avec esprit, vivacité, une sorte de gaieté même de récit.

1319. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Les ouvrages de Montesquieu ne sont guère que le résumé philosophique et la reprise idéale de ses lectures : on ne raisonne pas mieux que lui de l’histoire, quand il a fermé le livre où en est le récit.

1320. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Mais comme il paraissait en plus d’un endroit du récit que le cardinal de Richelieu parlait en son nom et à la première personne, on imagina de supposer que Mézeray dans sa jeunesse, par reconnaissance pour les bienfaits du cardinal, avait voulu, cette fois, prendre son personnage et se masquer sous son nom, et l’on se flattait d’expliquer par ce déguisement toutes les circonstances disparates de l’ouvrage.

1321. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Grimm, présent au récit, lui avait dit en riant : Illustre citoyen et cosouverain de Genève (puisqu’il réside en vous une part de la souveraineté de la république), me permettez-vous de vous représenter que, malgré la sévérité de vos principes, vous ne sauriez refuser à un prince souverain les égards dus à un porteur d’eau, et que, si vous aviez opposé à un mot de bienveillance de ce dernier une réponse aussi brusque, aussi brutale, vous auriez à vous reprocher une impertinence des plus déplacées ?

1322. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Ce ne sont pas positivement des analyses qui élucident, ni des drames qui simplifient, grandissent ni carrent l’homme en une seule passion dominante, ni des récits d’aventures qui surprennent sur le merveilleux et le hardi des péripéties.

1323. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Les faits des récits de M. 

1324. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Il y a encore le Forçat dont le dénoûment est d’une réalité si profonde, et où vous trouvez ce que l’auteur ne cesse de mettre partout dans ses récits, du reste, — les délicatesses surhumaines de la charité.

1325. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Le perçant, le vif, le fier y manquent ; nulle grande manière dans la peinture des caractères et dans le récit des événements.

1326. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Les chrétiens seuls, et les chrétiens à foi profonde et enflammée, accepteront avec ferveur ces récits naïfs et incroyablement sublimes.

1327. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Aux premiers jours de la guerre, quand une émotion hostile se produisit dans l’ancien ghetto parisien (au 4e arrondissement) autour des juifs de Russie, de Pologne, de Roumanie et de Turquie, une réunion se tint chez l’un des rédacteurs du journal le Peuple juif, qui en donne le récit : « Ne croyez-vous pas, dit quelqu’un, qu’il soit nécessaire d’ouvrir une permanence spéciale pour les engagés juifs étrangers, afin que l’on sache bien que les juifs eux aussi ont donné leur contingent ? 

1328. (1902) Propos littéraires. Première série

L’Orme du Mail n’est ni supérieur aux précédents récits de M.  […] Mais que dire des ecclésiastiques qui circulent à travers ce joli récit ? […] N’attachez aucune importance à ce titre qui ne se rapporte qu’à un minuscule incident du récit. […] C’est un récit vrai qui est bien fait, deux qualités qui ne vont pas toujours ensemble. […] Il y a encore de l’inutile dans ce récit, d’une trame pourtant très serrée et d’un dessin très surveillé.

1329. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Quels récits étonnants ! […] Elle m’a donné de ses beaux cheveux, l’ornement de son visage divin… etc. » Je vois là-dedans, sans trop m’enthousiasmer, un certain sentiment simple des petites joies de l’amour, sans arrangement et dans un juste équilibre de récit. […] Au milieu de tous ces petits intérêts qui se combattent, passent des figures comiques qui égayent le récit ; des enfants naïfs reposent de la physionomie de tous ces bourgeois avides ou grotesques. […] Ce récit sincère et bonhomme n’est-il pas aussi touchant que toutes les sentimentalités, toutes les pleurnicheries de nos lyriques en prose ou en vers ? […] Au début, la précision matérielle, mathématique : on dessine, on sculpte, parce que la forme est ce qu’il y a de plus décisif dans les choses, ce qui les caractérise plus spécialement ; ensuite le récit, la parole, le commentaire, viennent ajouter au dessin de la forme ce qui lui manque, l’explication du mouvement et de tout ce qui n’est pas la forme seule !

1330. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

La raison en est aussi que tandis que le grand épistolier s’efforce à trouver des expressions et des tours dont l’emphase réponde à ce que l’on appelle autour de lui le « grand goût », les autres, les romanciers, dans leurs interminables récits s’essaient aux subtilités de l’observation et de l’analyse psychologique. […] 3º Les Œuvres. — Nous ne mentionnons ici que pour mémoire les Œuvres scientifiques de Pascal, parmi lesquelles nous citerons les Essais pour les coniques, 1640 ; — son Avis à ceux qui verront la machine arithmétique, 1645 ; — les Expériences touchant le vide, 1647 ; — son Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs, 1648 ; — son Traité du triangle arithmétique, 1654 ; — et les écrits relatifs à la Roulette, 1658 [Cf.  […] 3º Les Œuvres. — Indépendamment de son théâtre, nous avons de Regnard des récits de voyages : en Flandre, en Laponie, en Pologne, en Allemagne ; — une sorte de roman, La Provençale, qui est le récit de ses aventures « en Alger » ; — et quelques poésies diverses, parmi lesquelles il convient de signaler sa Satire contre les maris, et le Tombeau de Mr Despréaux. […] Les éléments antérieurs dans le roman de Le Sage. — Le développement de la nouvelle entre 1680 et 1700 ; — et le passage du style oratoire au style narratif ; — l’abondance des Mémoires ; — et la forme du récit personnel. — Ce que Le Sage doit à La Bruyère ; — et qu’en un certain sens Le Diable boiteux n’est qu’une série de portraits ou de caractères [Cf.  […] L’originalité du roman de Le Sage ; — et que, naturellement, pour en juger, il faut retrancher de son Gil Blas les histoires supplémentaires qui interrompent le récit principal [Cf. 

1331. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Les récits des missionnaires sont pleins de détails à ce sujet. […] Mais que l’agent vivant soit ici le tremblement de terre lui-même, qu’il n’ait pas d’autre activité, pas d’autre propriété, que ce qu’il est coïncide par conséquent avec ce qu’il fait, tout le récit en témoigne. […] On pourrait alors traiter un récit mythologique comme un récit historique, et se poser dans un cas comme dans l’autre la question d’authenticité.

1332. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Les personnages de ces récits tout psychologiques ne mangeaient, ni ne buvaient, ni ne logeaient, ni n’avaient de compte chez leur tailleur. […] Il nous a bien amusés avec le récit de son voyage en Autriche. […] Il revivait intérieurement sa jeunesse, et la traduisait en récits d’une tristesse souriante et d’une gaieté attendrie. […] Quels récits, quelles inventions, quels paradoxes, quelle verve, quel feu ! […] Cette liasse de papiers jaunis, presque illisibles, usés à leurs angles, lacérés par les griffes de la Santé, exhalant encore les âcres parfums des fumigations contre la peste, et que nous avons dépliés avec une précaution respectueuse et triste, nous permettra de comparer le récit au tableau, l’impression écrite à l’impression peinte.

1333. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Alors même que l’on me parlerait de choses concrètes qu’il faut que je me représente (description d’une machine, récit d’un fait historique, etc.), je me sers de mon imagination pour me figurer les choses dans leur réalité. […] Tel est bien l’effet des romans, surtout lorsqu’il s’agit de ces récits merveilleux qui ont déjà par eux-mêmes l’allure du rêve : les Mille et une nuits, Cyrano de Bergerac aux pays du soleil, Gulliver à Lilliput, les Contes fantastiques d’Hoffmann, Andersen, E. […] Relisez un poème très dramatique, vous reconnaîtrez que l’impression poétique se produit surtout dans les instants où l’action se ralentit, et laisse la pensée prendre l’attitude contemplative : par exemple dans les descriptions qui servent de pause au récit. […] V. par exemple les contes emboîtés l’un dans l’autre du Pantcha-Tantra et des Mille et une Nuits, les récits parasites qui se greffent sur le récit principal dans le Don Quichotte, les monumentales digressions de Notre-Dame de Paris et des Misérables.

1334. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Professeur d’éloquence latine au Collège de France, j’expliquais dans les Annales de Tacite l’admirable récit du complot où périt Galba. […] Rendant compte, dans le Moniteur universel, du dernier volume de l’Histoire du Consulat et de l’Empire, je m’étais plaint que, dans le récit de la fin politique de Napoléon Ier, M.  […] Mais les années heureuses ne rachetèrent ni les fautes de la dernière, ni les malheurs plus grands que les fautes ; et lui, le véritablement « bon », il reçut de ceux de ses citoyens qu’il avait le plus aimés, des surnoms dont jamais historien, respectant sa plume, ne voudra salir ses récits ! […] Dans un récit de sa visite à l’illustre philosophe, il s’en plaint avec amertume. […] Au lieu de la caricature griffonnée par Alfred de Vigny d’une main que le dépit rendait nerveuse, j’étais en présence d’un vieillard grave et imposant, si peu accablé de ses quatre-vingts ans, que, tout le temps de ma visite, je dus le suivre allant et venant, d’un pas ferme, d’un bout à l’autre de la pièce, sans apparence d’incommodité ni de fatigue Au lieu de la robe de chambre de théâtre dont l’affuble le récit du poète, il portait une simple redingote, en homme qui n’avait que faire de la mollesse d’une robe de chambre.

1335. (1896) Le livre des masques

Tout cela n’a que peu de rapports avec les syllabes du mot, — car il ne faut pas laisser insinuer que le symbolisme n’est que la transformation du vieil allégorisme ou de l’art de personnifier une idée dans un être humain, dans un paysage, dans un récit. […] Le poète, qui n’a pas de scrupules psychologiques, ne s’attarde pas au soin de partager les hallucinations en vraies et en fausses ; pour lui, elles sont toutes vraies, si elles sont aiguës ou fortes et il les raconte avec ingénuité, — et quand le récit est fait par M.  […] Jouant un peu sur le mot, je l’ai appelé « dramaturge », au mépris des étymologies et de l’usage, quoiqu’il n’ait jamais écrit pour le théâtre ; mais à la façon dont ses récits sont machinés et comme équilibrés à miracle sur le revirement, sur le retour à leur vraie nature des caractères d’abord affolés par la passion, on devine un génie essentiellement dramatique.

1336. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Ce qu’il faut lui demander en attendant, avant de pousser plus loin le récit de sa vie et pour nous bien persuader qu’il mérite l’examen et l’attention de tous, ce sont les pensées du cœur, les mouvements puisés dans la sublime logique de l’amour ; car c’est à quoi il était le plus sensible et le plus propre : J’ai été attendri un jour jusqu’aux larmes, dit-il, à ces paroles d’un prédicateur : « Comment Dieu ne serait-il pas absent de nos prières, puisque nous n’y sommes pas présents nous-mêmes ? 

1337. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

[NdA] Voici le petit récit de Saint-Martin, si parfaitement simple, et si honorable pour M. de Chateaubriand : Le 27 janvier 1803, j’ai eu une première entrevue avec M. de Chateaubriand, dans un dîner arrangé pour cela chez M. 

1338. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Il prédit, il dessine à l’avance un futur rival romantique de Racine et de Corneille ; nous aussi nous le croyons possible, mais nous l’attendons toujours : Les tragédies de Corneille, de Racine, de Voltaire (en nommant Voltaire à côté des précédents, il paie tribut au siècle) semblent devoir durer éternellement ; mais si un homme de génie donnait plus de mouvement à ses drames, s’il agrandissait la scène, mettait en action la plupart des choses qui ne sont qu’en récit, s’il cessait de s’assujettir à l’unité de lieu, ce qui ne serait pas aussi choquant que cela paraît devoir l’être, ces hommes auraient un jour dans cet auteur un rival dangereux pour leur gloire.

1339. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Les érudits, à force de subtilités, érigeraient volontiers L’Iliade en catéchisme moral ; « Nous n’y cherchons pas de finesses, nous autres bonnes gens ; nous pensons que l’auteur a voulu seulement amuser les Grecs par le récit des exploits guerriers de leurs aïeux. » Et, en général, l’abbé de Pons estime que « dans tous poèmes, soit épiques, soit dramatiques, indistinctement, les poètes se proposent pour fin générale le dessein de tirer l’homme de l’ennui qui le consume lorsqu’il est inoccupé ».

1340. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Plus d’une fois, le soir, Villon en fuite, traqué par les gens du guet, se sera souvenu tout d’un coup, en voyant la lampe briller à la fenêtre du studieux jeune homme, qu’il avait là un admirateur, un ami, et il lui aura demandé abri et gîte pour une nuit ou deux, en prétextant quelque belle et galante histoire ; et, toute la nuit durant, pour le payer de son accueil, il l’aura charmé de ses récits, ébloui de ses saillies et de sa verve.

1341. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

« Je protestai, dit Gœthe, et le personnage fut écarté. » Mérimée qui, entre nos auteurs français du jour, était le favori de Gœthe, était bien pourtant un peu entaché lui-même de cruauté ou du moins de dureté dans ses scènes de passion, dans l’exposé et le récit de certaines horreurs (se rappeler surtout la Guzla) ; mais là encore il se contenait, il ne se laissait jamais entraîner en racontant, et il retraçait ces choses horribles avec sobriété et un parfait sang-froid, comme quelqu’un de neutre et d’impassible ; ce dont Gœthe lui savait gré.

1342. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Toutes ces gracieuses et généreuses personnes, Mme de Luxembourg, son amie la comtesse de Boufflers, n’étaient après tout coupables que de vouloir faire le bonheur d’un malheureux homme de génie et de tourment, qui ne le permettait pas : « Je craignais excessivement, nous dit Rousseau en commençant le récit de cette liaison, Mme de Luxembourg ; je savais qu’elle était aimable : je l’avais vue plusieurs fois au spectacle et chez Mme Dupin, il y avait dix ou douze ans, lorsqu’elle était duchesse de Boufflers et qu’elle brillait encore de sa première beauté ; mais elle passait pour méchante, et dans une aussi grande dame cette réputation me faisait trembler.

1343. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Je donne textuellement et tout au long ce récit : « De Bone à Medjz-el-Ammar rien d’intéressant ; mais, après avoir passé le Raz-el-Akba, le pays dépouillé d’arbres devient un vaste désert coupé de ravins profonds et entouré de vastes montagnes pelées dans le genre de Radicofani13 ; la pluie nous a rendu visite dans ces lieux épouvantables ; il nous a fallu coucher dans la boue, mais heureusement le mauvais temps n’a duré que deux jours.

1344. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Un jour vint et une heure, un moment social, non calculé, non prévu, général, universel, où il se trouva, — sans que personne pût dire ni à quelle minute précise, ni par quelle transformation cela s’était fait, — où, dis-je, il se trouva qu’une langue nouvelle était née au sein même de la confusion, que cette langue toute jeune, qui n’était plus l’ancienne langue dégradée et dénaturée, offrait une forme actuelle et viable, animée d’un souffle à elle, ayant ses instincts, ses inclinations, ses flexions et ses grâces : le français des XIe et XIIe siècles, cette production naïve, simple et encore rude et bien gauche, ingénieuse pourtant, qui allait bientôt se diversifier et s’épanouir dans des poèmes sans nombre, dans de vastes chansons chevaleresques, dans des contes joyeux, des récits et des commencements d’histoires, venait d’apparaître et d’éclore aux lèvres de tout un peuple.

1345. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Mais il est impossible que dans les dictées d’un homme de guerre d’une vocation aussi décidée il n’y ait pas de bonnes et fines remarques de détail (comme chez Montluc en son temps), des observations pratiques utiles au métier et d’autres qui touchent au moral de l’art et qui sont supérieures : Mes Rêveries en sont semées ; Napoléon, en les lisant, y a fait les deux parts10 ; et le comte Vitzthum a raison d’y signaler, à son tour, de bonnes et même de tout à fait belles pages : ainsi l’exposé de la bataille de Pultava, ainsi un curieux récit de l’affaire de Denain au point de vue du prince Eugène11 ; ainsi des réflexions sur la défaite de Malplaquet, sur la déroute de Ramillies ; de singulières anecdotes sur des paniques d’hommes et de chevaux même après la victoire gagnée, racontées à l’auteur par Villars ; mais surtout un admirable endroit sur l’idée du parfait général d’armée que le comte de Saxe avait vu à peu près réalisé en la personne du prince Eugène.

1346. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

C’est un coup d’œil unique, et, je le répète, rien n’a plus l’air d’un sacrifice. » Peut-on imaginer rien de mieux dit, de mieux senti et de mieux touché que ce récit ?

1347. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

. — J’ai à vous faire le récit d’un cabinet de peinture où nous avons pénétré hier, chez le duc d’Aremberg.

1348. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

À défaut du Roland devenu impossible, il y aurait eu moyen, j’imagine, d’aller choisir quelque grand fait, quelque épisode de nos chroniques nationales, de nos dernières guerres séculaires, comme les récits chevaleresques de Froissart en sont pleins ; quelque combat des Trente ; et, sans tant chercher, que n’est-on allé donner la main à la dernière chanson de geste de la seconde moitié du xive  siècle, à la chronique de Du Guesclin !

1349. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Les erreurs des mortels, leurs fausses passions, Les récits du passé, quelques prédictions  Que vous ne recevez que de votre mémoire. 

1350. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin insère, chemin faisant, dans son récit, peuvent, je crois, être considérés comme des modèles, et montrent dans quelle mesure on doit se faire littéral avec un poëte étranger, tout en se conservant français, lisible, et même élégant.

1351. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Joubert par les récits passionnés de Fontanes ; une grande liaison commença.

1352. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Ses courtisans, en lui montrant son image dans le faible et dur Idoménée, fléau de ses peuples, lui dirent « qu’il fallait être son ennemi pour avoir peint un pareil portrait. » On vit une satire sanglante des princes et du gouvernement dans les récits et dans les théories du païen.

1353. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Ce qu’on doit retenir du fameux récit pour comprendre la pièce est peu de chose, et la pièce tout entière est le conflit de deux caractères durs, entre lesquels sont tiraillés, écrasés deux caractères faibles.

1354. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

., etc. » Quoi qu’on doive leur accorder de crédit, il y a toujours quelque chose de significatif dans l’existence seule de pareils récits.

1355. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

C’est ainsi que les histoires nous plaisent par la variété des récits, les romans par la variété des prodiges, les pieces de théatre par la variété des passions, & que ceux qui savent instruire modifient le plus qu’ils peuvent le ton uniforme de l’instruction.

1356. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Comme en pareil cas, les sujets politiques et religieux sont d’ordinaire ceux qu’on lui interdit (on l’a vu sous le premier Empire et sous le second), le livre reprend faveur, parce qu’il est seul admis à traiter certaines questions graves, et le journal pour remplir ses colonnes recourt à cette causerie sur les faits du jour qu’on nomme la chronique, au récit des crimes et des accidents, aux commérages de salon ou de coulisses, aux descriptions de cérémonies, aux feuilletons ; il se fait de la sorte plus littéraire, à condition de se maintenir dans ce que des mécontents ont baptisé dédaigneusement « la littérature facile » ; ou encore il invente, pour toucher aux matières brûlantes, une série d’allusions, de périphrases, de réticences, de malices sournoises qui passent, comme des pointes d’aiguille, à travers les mailles du réseau où la loi s’efforce de l’emprisonner.

1357. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Cette histoire de la laideur métamorphosée en grâce, au coup de la baguette de fée de l’Amour, n’est pas nouvelle ; on la retrouverait, en cherchant bien, variée et reproduite sous mille formes, dans les récits des conteurs de la France et de l’Italie.

1358. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Je trouve dans une lettre familière le récit d’une visite chez Béranger, qui exprimera ce que j’ai à dire de lui, plus au vif que je ne le pourrais en termes généraux, et qui ne renferme rien d’ailleurs que d’honorable et d’adouci : Mai 1846. — J’ai revu Béranger, que je n’avais pas rencontré depuis des années, écrivait le visiteur ; c’est Lamennais qui m’avait fort engagé à l’aller revoir.

1359. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

On a de lui la Relation de son voyage en Amérique, dont quelques parties ont été imprimées : c’est un vif, amusant et spirituel récit, tout à fait dans le genre d’esprit d’alors, dans le genre français et léger.

1360. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Parlant de la conversation de l’abbé Galiani et des récits amusants qu’il faisait en société, des excellents contes qu’il jouait en quelque sorte, et rappelant que Diderot en a conservé quelques-uns dans ses lettres à Mlle Volland, le nouvel éditeur ajoute : « M. 

1361. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mais laissons causer Mme de Caylus dans ce récit inimitable : Le jubilé fini, gagné ou non gagné, il fut question de savoir si Mme de Montespan reviendrait à la Cour : « Pourquoi non ?

1362. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Le récit que Condorcet fait de cette journée est odieux et vraiment dérisoire : L’espérance de ces sages magistrats (le maire et les municipaux), dit-il, n’a point été trompée.

1363. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Ne nous plaignons jamais des mœurs de notre temps, quand nous lisons le récit de celles qu’on n’interdisait pas absolument à l’abbé de Choisy.

1364. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Ceux qui ont écrit le récit de sa vie pénitente se sont plu à en citer des exemples singuliers, qui nous toucheraient trop peu aujourd’hui ; mais le principe qui les lui inspirait, et le but dont elle s’approchait par ces moyens, sont à jamais dignes de respect dans tous les temps, et de quelque point de vue qu’on les envisage : « J’espère, je crois et j’aime, disait-elle ; c’est à Dieu à perfectionner ses dons. » — « Espérer et croire, ce sont deux grandes vertus ; mais qui n’a point la charité n’a rien : il est comme une plante stérile que le soleil n’éclaire point. » Cette belle âme, réalisant désormais en elle les qualités de l’amour divin, se considéra jusqu’à la fin comme l’une des dernières devant Dieu : Je ne lui demande pas, disait-elle, de ces grands dons qui ne sont faits que pour les grandes âmes qu’il a mises dans le monde pour l’éclairer, je ne pourrais pas les contenir ; mais je lui demande qu’il incline mon cœur, selon sa parole, à rechercher sa loi, à la méditer nuit et jour.

1365. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

On devine, en lisant ces jolis récits et celui des Petits Souliers, et celui même de Thérèse Sureau, à voir cette imagination, cette gaieté, cette invention de détail, combien il devait être charmant quand il osait être familier, et qu’il consentait à être heureux.

1366. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Il est vrai qu’ils la laissèrent sous la conduite d’une parente… L’oncle a été ici changé en parente ; mais le reste continue de se rapporter à elle : En effet, Madame (c’est un récit qu’un des personnages est censé adresser à la reine de Pont), je ne pense pas que toute la Grèce ait jamais une personne qu’on puisse comparer à Sapho.

1367. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Les récits d’un tel prodige éveillèrent ma curiosité : je vis et j’aimai.

1368. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Suivent quelques détails sur la digestion ; puis des éloges donnés à la traduction de Tacite que Dureau faisait alors ; des nouvelles de Paris et de la littérature ; un récit des mésaventures de La Harpe et de ses mille chamailleries de journaliste : « Puisque je suis en haleine, ajoute l’abbé Maury, que le diable emporte le maudit maladroit qui a failli tuer ou du moins défigurer mon petit Adolphe » (un des fils de Dureau qui avait failli éprouver quelque accident).

1369. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il raconte ce qui s’est passé aux États généraux avant la réunion des ordres, et il suit ce récit à mesure que les événements se développent.

1370. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Il ne faut pas même oublier le post-scriptum qu’on a le tort de supprimer quelquefois, et qui donne au récit son vrai sens et toute sa moralité.

1371. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Mais, vivant jusqu’à la fin en Turquie, et sablant le tokay sur le Bosphore, il persista dans son système d’indifférence et dans le découragement dont il s’était fait une philosophie : « Qu’a-t-on à faire, répondait-il aux curieux, du récit de mes sottises ? 

1372. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Les Histoires de Rollin ont été dans le temps un service et un bienfait du même genre ; à mesure qu’il les composait, l’auteur découvrait en lui et déployait aux yeux de tous un véritable talent d’ampleur, de développement et de récit, qui s’est soutenu jusqu’à la fin, et qui a charmé le public durant bien des années.

1373. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Jeudi 23 juin Un jeune médecin italien nous faisait hier soir, un dramatique récit.

1374. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

L’historien Augustin Thierry (1795-1856), Normalien, secrétaire de Saint-Simon, grand lecteur de Chateaubriand et de Walter Scott, défenseur de la Révolution de 1830, s’est penché sur l’histoire de l’Angleterre féodale (Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, 1825), avant se consacrer à la France mérovingienne dans un ouvrage qui, par son style mêlant érudition et imagination, eut un large succès en dehors du cercle des spécialistes (Récits des temps mérovingiens, 1840).

1375. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

La courte haleine des pages, l’incapacité à déduira longuement un récit, une idée, un poème, à composer logiquement un ouvrage en résulte.

1376. (1694) Des ouvrages de l’esprit

J’ai cru autrefois, et dans ma première jeunesse, que ces endroits étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre et l’amphithéâtre, que leurs auteurs s’entendaient eux-mêmes, et qu’avec toute l’attention que je donnais à leur récit, j’avais tort de n’y rien entendre : je suis détrompé.

1377. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

C’est par là qu’un orateur, sans être réellement affligé, fera verser des pleurs à son auditoire et en répandra lui-même ; c’est par là qu’un comédien, en se mettant à la place du personnage qu’il représente, agite et trouble les spectateurs au récit animé des malheurs qu’il n’a pas ressentis ; c’est enfin par là que des hommes nés avec une imagination sensible, peuvent inspirer dans leurs écrits l’amour des vertus qu’ils n’ont pas.

1378. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Tel est le récit attardé de l’auteur des Recollections.

1379. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nous aimons à revoir passer devant nous, rajeunis par le récit et par les détails de la biographie, les hommes dont la gloire a grandi ou bien s’est fixée sous nos yeux.

1380. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Je voyois le poëte, qui m’écoutoit avec la plus grande attention, pétiller de joie, tant il étoit pénétré de ce récit. […] Grands raconteurs de leur métier, ils ont toujours quelque récit intéressant, & où ils se trouvent pour la meilleur part. […] Si ce sont ceux que je soupçonne, lui répondis-je, attendez-vous au plus terrible récit, d’autant plus que les pays qu’ils ont parcouru sont l’antipode du Jardin des Tuileries. […] D’ailleurs, quelque talent qu’on ait pour la parole, on est sûr d’ennuyer, si l’on fait quelque récit ou quelque description qui dure plus d’un quart-d’heure ; les Français, sur-tout, étant fort peu curieux de connoître les mœurs des étrangers. […] La plupart des historiens, sur-tout lorsqu’ils font de longues histoires, s’appesantissent sur des récits inutiles, & laissent à l’écart des choses très-importantes.

1381. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

La jeune fille apprendra à lire, attendu que les bonnes lectures et les récits d’actions vertueuses incitent à la vertu. […] Les âmes étaient encore montées à un ton héroïque, et les Rohan, les Guébrian, les Gassion, les Condé, tant de gentilshommes qui s’illustrèrent ou périrent sous eux, voyaient de la vraisemblance dans le récit de Rodrigue, qui a pour nous le merveilleux irréalisable de l’épopée. […] Il faisait plus : il découvrait, dès 1721, que l’étude du théâtre anglais pouvait être utile au nôtre et que « la plupart de nos pièces ne sont que des dialogues et des récits ». […] C’est dans ses récits en prose non rimée que je goûte, avec le plus de sécurité, la sensibilité vive et franche de M.  […] En revanche, nous avons entendu une fois de plus le récit de Valérie, et l’on a osé nous servir encore l’inepte Fausse Agnès, de Destouches !

1382. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Il ne quitte point le ton passionné ; il ne se repose jamais dans le style naturel et dans le récit simple ; il ne fait que railler ou pleurer ; il n’écrit que des satires et des élégies. […] Il y a des morceaux où le comique est si violent, qu’il a l’air d’une vengeance, par exemple le récit de Jonas Chuzzlewit.

1383. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

C’est pour vous faire sentir que tous les moyens de l’éloquence, que toutes les richesses du style s’épuiseraient en vain, sans pouvoir, je ne dis pas embellir et relever par un magnifique langage, mais seulement énoncer et retracer par un récit fidèle la grandeur et la multitude des bienfaits que vous avez répandus sur moi, sur mon frère et sur nos enfants. […] Alors Pison : — Est-ce par un dessein de la nature, nous dit-il, ou par une erreur de notre imagination, que, lorsque nous voyons les lieux où l’histoire nous apprend que de grands hommes ont passé une partie de leur vie, nous nous sentons plus émus que quand nous écoutons le récit de leurs actions ou que nous lisons leurs écrits ?

1384. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

La rue Neuve-Sainte-Geneviève surtout est comme un cadre de bronze, le seul qui convienne à ce récit, auquel on ne saurait trop préparer l’intelligence par des couleurs brunes, par des idées graves ; ainsi que, de marche en marche, le jour diminue et le chant du conducteur se creuse, alors que le voyageur descend aux Catacombes. […] Mais la constante émanation de son âme sur les siens, cette essence nourrissante épandue à flots comme le soleil émet sa lumière ; mais sa nature intime, son attitude aux heures sereines, sa résignation aux heures nuageuses ; tous ces tournoiements de la vie où le caractère se déploie, tiennent, comme les effets du ciel, à des circonstances inattendues et fugitives qui ne se ressemblent entre elles que par le fond d’où elles détachent, et dont la peinture sera nécessairement mêlée aux événements de cette histoire ; véritable épopée domestique, aussi grande aux yeux du sage que le sont les tragédies aux yeux de la foule, et dont le récit vous attachera autant pour la part que j’y ai prise, que par sa similitude avec un grand nombre de destinées féminines.

1385. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

. «… Au sortir d’une conversation où j’aurai, par l’excès de mes dédains, étonné des âmes éteintes, j’irai dévorer en pleurant quelque puéril récit d’amour… Un son de voix, un regard, me jettent dans des chimères de tendresse et de mélancolie d’où je ne puis plus sortir. […] Le maigre du vendredi joue un rôle important dans ses petits récits d’édification.

1386. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Lorsque dans la chambre de Bobette, au petit jour, Costard raconte à son amie dans quelles circonstances il a « pincé » sa femme, et que, durant dix minutes, charmée par ce récit, Bobette, en chemise de nuit, fait des sauts de carpe parmi le désordre des draps et des couvertures, ce tableau d’extrême intimité nous effarerait peut-être un peu, si nous ne nous souvenions que nous sommes à Guignol et que nous assistons aux ébats de deux marionnettes. […] Or, au premier acte, Antonia ment à Roger, en lui faisant un récit arrangé de sa vie, et en lui contant qu’elle est veuve, alors qu’elle est divorcée et qu’elle a été chassée par son mari. — Au deuxième acte, Roger découvre ce premier mensonge, et Antonia lui en fait un second à propos d’une photographie d’un de leurs amis, Pierre Lestang. — Au troisième acte, Roger découvre ce second mensonge et que, dans l’entr’acte, Antonia est devenue la maîtresse de Pierre.

1387. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Lui en donner des portraits vivants, dans un récit tout plein des usages, des mœurs, du beau ciel de la Grèce, c’était tout ensemble graver plus avant dans son esprit les beautés de ces grands poètes, et lui enseigner la vie par des images qui lui étaient familières. […] S’il est vrai que le lecteur cultivé et mûr ne peut s’en dissimuler les parties défectueuses, combien plus souvent n’est-il pas charmé par tant de rapidité dans le récit, de variété dans les aventures, de grâce et de fraîcheur dans les descriptions, par la profondeur sans affectation, par cette facilité qui nous donne la sensation d’une source jaillissante et intarissable !

1388. (1925) La fin de l’art

Tout cela est raconté dans un petit livre intitulé L’heureux Esclave, qui est le récit d’un séjour aux côtes Barbaresques par un sieur de la Martinière, qui avait été pris par les corsaires de Salé. […] Je lis dans le récit d’un touriste qui raconte une excursion à Venise en automobile : « Admirable pont métallique… Il a bien un kilomètre de long.

1389. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Ce Grippe-Soleil de la suite de Monseigneur ne grippa que la pluie et la boue de cette campagne où les Prussiens furent trempés et détrempés jusqu’à disparition complète ; et son récit, que nous avons, est aussi ennuyeux et aussi morne que cette boue et cette pluie… Le Voyage en Suisse (antérieur à la campagne de France) n’est guères que la description de quelques glaciers et de quelques effets de neige. […] Scène délicieuse, que je vois, moi, à travers les indications sans netteté et les silences de ce récit impassible.

1390. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Au temps où l’Afrique centrale était terra incognita, la géographie s’en remettait au récit d’un explorateur unique si celui-ci offrait des garanties suffisantes d’honnêteté et de compétence. […] La question était d’abord de savoir si les mystiques étaient ou non de simples déséquilibrés, si le récit de leurs expériences était ou non de pure fantaisie.

1391. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

. — Ainsi le poëte épique, Homère ou Dante, sait faire également bien une idylle, un récit, un discours, une description, une ode, etc. […] Cela fait penser aux pages les plus verdoyantes du Télémaque, et rend tous les souvenirs que l’esprit a emportés des récits élyséens. […] Ce ne sont pas des idées qu’il faut à ce peuple remuant, mais des faits, des récits historiques, des couplets et le Moniteur !

1392. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Voici donc un récit succinct, mais vrai jusque dans le moindre détail, du « drame » en question : ce soir-là, aux Vilains Bonshommes, on avait lu beaucoup de vers après le dessert et le café. […] Et puis il parlait des beaux voyages qu’il avait faits, principalement en compagnie de l’illustre critique Paul de Saint-Victor, et il mettait dans ces récits, bien que n’étant pas précisément ce qu’on appelle un causeur, une verve étourdissante qui donnait fort à regretter qu’il ne les eut pas couchés sur le papier. […] dans les récits de seul bon sens, de seul Bon Sens, dans les sortes d’apologues lumineux s’adressant à nos meilleurs sentiments de haine parfaite, perfecti odii, pour la soi-disant Bourgeoisie (je dis soi-disant Bourgeoisie, car au fond il y a de réelles bonnes et braves gens partout et les castes ont raison d’être) ; je veux parler des Phantasmes de M. 

1393. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Un de mes amis, qui a voyagé en philosophe et en soldat dans les treize États unis, et qui a longtemps servi sous les drapeaux de Washington, m’a vivement intéressé en me parlant quelquefois de ce fondateur de la liberté américaine ; ses récits m’ont convaincu que, pour affermir la république française, il ne lui manquait que des hommes tels que Washington. […] n’a-t-elle jamais lu dans Thucydide le récit des malheurs et des factions qui désolaient Corcyre ? […] La variété de leurs récits favorise singulièrement l’essor et l’indépendance de l’imagination. […] Les suit, les interroge, et, fiers de lui répondre, De conter leurs exploits, ces antiques soldats Semblent se rajeunir au récit des combats.

1394. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Nul, au surplus, n’a cru que ce livre dût être regardé comme capital ; essai qui pour d’autres apparaîtrait un considérable effort, la Nichina n’est qu’un prologue pour Hugues Rebell romancier : on attend de lui des histoires et des combinaisons moins arbitraires, des récits dont la tragi-comédie accoucherait d’une idée. […] C’est un récit en forme d’aveux, et la confession relate tous les mouvements, toutes les pensées, tous les sourires, toutes les paroles, tous les bruits ; rien n’est omis de ce qui arrive en la vie coutumière d’un jeune homme de moyenne fortune et de bon ton, à Paris, vers 1886 ; la notation du détail descend à une minutie presque maladive. […] Schwob, au cours d’un récit, ne sent jamais le besoin de faire comprendre ses inventions ; il n’est aucunement explicatif : cela encore donne une impression d’ironie par le contraste naturel que nous découvrons entre un fait qui nous semble merveilleux ou abominable et la brièveté dédaigneuse d’un conte. […] Il n’y a qu’un défaut dans Monelle, c’est que le premier chapitre est une préface et que les paroles de Monelle, obscures et fermes, n’ont point d’application inévitable dans l’histoire de Madge, de Bargette ou de la petite Femme de Barbe-Bleue, toutes pages, et d’autres, d’une psychologie infiniment délicate, avec ce qu’il faut de mystère pour relever un récit d’entre les anecdotes.

1395. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Et d’ailleurs, si le récit de nos batailles littéraires perd de son autorité à être fait par un des combattants, — le plus humble de tous, — il y gagnera peut-être quelque chose en mouvement et en pittoresque. […] En effet le brigadier Muchielli étant présent à l’arrestation de cet individu nous fit la déclaration suivante : En s’adressant au maréchal-des-logis je crois que, d’après le récit de l’individu que nous avons entre nos mains, doit être porteur d’une montre en argent. […] Le poète borna sa vengeance à publier le récit de son aventure et à rimer une complainte intitulée : L’Infâme Glatigny, qui est fort plaisante, et que par malheur le temps m’empêche de vous lire. […] J’ai donc tout d’abord à vous demander quelque indulgence pour le récit de nos premiers commencements. […] Je reprends mon récit.

1396. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

J’ai dit quelque part que Maupassant avait inventé presque tous les sujets de ses récits ; c’est inexact. […] Des illettrés savent faire des récits où rien ne manque que le goût, c’est-à-dire l’art de conformer un don esthétique naturel à la mode littéraire et aux préjugés du jour. […] Le récit se déroule lentement, mais sans arrêt, avec une certitude scientifique ; l’unité d’impression est absolue. […] L’exactitude littéraire, c’est la conformité d’un récit avec les images fixées dans le cerveau ; elle est impossible dans un arrangement de seconde main, surtout si le compilateur opère sur des documents de différentes origines. […] Il explique par le somnambulisme l’oubli des circonstances où a eu lieu ta lecture, ce qui donne au récit une possibilité immédiate ; mais l’étude des maladies ordinaires de la mémoire suffirait à justifier les gestes de son héros grotesque.

1397. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Un récit ou des exposés que d’abondantes bibliographies authentiquent. […] Douze personnes ayant assisté à un accident en feront douze récits différents où, du moins, qui ne concorderont pas exactement. […] J’ai fait à ce sujet beaucoup d’observations, l’une d’elles est que, si par hasard j’ai eu une connaissance directe et précise d’un événement raconté par un journal, le récit du journal sera très souvent en contradiction avec les faits qui me sont personnellement connus. […] Il croit voir, il croit se souvenir, et il invente. » C’est ce qui nous explique ces récits anciens et modernes, et même contemporains, de miracles, d’apparitions, d’événements merveilleux souvent certifiés par un très grand nombre de témoins. […] Il ne s’agit que d’ouvrir les yeux. « J’ai vu, vous dira un témoin dont on conteste le récit ; me prenez-vous pour un halluciné ? 

1398. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Napoléon, bon juge et peu prodigue d’éloges, l’a mieux défini quand il a dit dans le récit du 18 Brumaire et en parlant des jours qui avaient précédé : Il (le général Bonaparte) n’admettait dans sa maison que les savants, les généraux de sa suite, et quelques amis : Regnault de Saint-Jean-d’Angély, qu’il avait employé en Italie en 1797, et que depuis il avait placé à Malte ; Volney, auteur d’un très bon Voyage en Égypte ; Roederer, dont il estimait les nobles sentiments et la probité… C’est dans le mois de ventôse an VI (vers mars 1798), deux mois avant le départ pour l’Égypte, que Roederer vit pour la première fois le général Bonaparte, auquel il devra bientôt d’acquérir tout son relief et toute sa valeur : J’ai dîné avec lui, dit-il, chez Talleyrand-Périgord.

1399. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Mlle Sylvestre98 est inépuisable en jolis récits.

1400. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Bayle que dix pages des siennes. » Ce même Basnage, qui avait écrit une Histoire des Juifs, avait mêlé les réflexions et la critique au récit ; il avait fait le philosophe dans une histoire, ce que Marais estimait une confusion, tellement que l’un, disait-il, dégoûterait de l’autre, si l’on n’était soutenu par la nouveauté du sujet : « Notre ami (c’est-à-dire Bayle) a bien senti ce dégoût, ajoutait-il ; aussi a-t-il mis la partie historique à part ; mais il y a des gens qui croient plaire par tout ce qu’ils font et qui ne veulent pas étudier le goût des autres.

1401. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Le comparant un jour avec Racine fils, dont il avait le tort d’admirer le poëme sur la Grâce, et annonçant la prochaine publication du poëme de la Ligue ou la Henriade, qui s’imprimait en Hollande (décembre 1723) : « Si ce poëme est aussi beau, disait-il, que celui de Racine, nous aurons là deux grands poètes, mais deux petits hommes ; car ce Racine, que j’ai vu deux ou trois fois, n’a qu’un esprit frivole et sans goût dans la conversation, et l’autre est un fou qui méprise les Sophocle et les Corneille, qui a cru être de la Cour, qui s’est fait donner des coups de bâton, et qui ne saura jamais rien parce qu’il croit tout savoir. » À quelques années de là, quand Voltaire a grandi et s’est déjà mis hors de pair, on lit dans une lettre de Marais au président Bouhier le récit suivant sur la répétition de la scène du pont de Sèvres ; il s’agit de l’éclat si connu avec le chevalier de Rohan ; il est bon d’avoir la version de Marais (6 février 1726) : « Voltaire a eu des coups de bâton.

1402. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Chacun des chantres tour à tour débite son couplet, et, quand ils ont assez alterné de la sorte, Mélibée à qui l’on doit le récit déclare que Thyrsis, à la fin, essayait vainement de prolonger un débat où il avait le dessous. « Depuis ce temps, conclut-il, Corydon est pour moi Corydon, c’est tout dire : — le synonyme de chant pastoral et de poésie. » Or l’illustre Heyne, qui avait pourtant le goût si exercé, a dit que les vers de Thyrsis ne lui semblaient point tellement inférieurs à ceux de Corydon, et que Virgile, s’il l’avait voulu, aurait pu tout aussi bien retourner la préférence.

1403. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

On a trouvé, en effet, dans les papiers du président Bouhier, très-curieux, comme on sait, d’anecdotes de tout genre, le récit suivant, qui est peu connu : « La mort de la duchesse Mazarin est si singulière, qu’elle mérite bien qu’on en conserve la mémoire.

1404. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Un jugement, même implicite, même privé des motifs particuliers qu’il suppose, mais porté en plein sur un point de caractère par un proche témoin circonspect et véridique, peut démentir décidément et ruiner bien des anecdotes futures, que de gauches récits voudraient autoriser.

1405. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Mais que sera-ce donc si j’ai à faire parler dans mon récit un de ces hommes dont le nom seul enferme tout un culte et un héritage évanoui de vertu, de gravité et d’éloquence, quelque Daguesseau, quelque Lamoignon ?

1406. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Que si on s’en tient aux récits contemporains et à ses œuvres mêmes, on arrive à quelque chose de plus suivi et de plus cohérent, à quelqu’un de plus réel.

1407. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Ce fut pendant ce même souper que ma mère fit ce fameux sonnet : Dans un fauteuil doré, Phèdre tremblante et blême… » Je tire ce récit des manuscrits de Brossette. — Mettez-vous à la place de la femme auteur à qui on refuse une loge ; il y a là, à ses torts envers Racine, une circonstance atténuante.

1408. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Dans toutes ses odes l’artiste en gloire suit la même marche : une invocation et un récit qui paraît étranger d’abord au sujet, et auquel il rattache les plus poétiques aventures des dieux et des hommes.

1409. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Mais je m’aperçois que même en passant sous silence beaucoup d’autres et de belles choses, je suis plus long dans mon récit que je ne voulais en le commençant.

1410. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

De là ce parti pris en faveur de la mythologie païenne, qui lui faisait ridiculement évoquer des divinités d’opéra dans le récit d’un événement tel que le passage du Rhin par une armée française.

1411. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Les détails précis abondent sur l’organisation de ce monde singulier, sur sa hiérarchie, ses règles, ses usages, même sur sa garde-robe ; et ces détails viennent naturellement, au courant de récits ou de conversations.

1412. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

c’est le titre que Jean de Tinan donne au récit de son aventure sentimentale, publiée en 1894, à Paris (11, rue de la Chaussée-d’Antin).

1413. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Les contes de Perrault, les fables de La Fontaine, à supposer qu’elles soient faites pour des enfants, quelques récits de Fénelon, voilà à peu près tout ce qu’on avait composé à leur usage, en dehors des livres de classe qui ne pouvaient point passer pour des livres d’agrément.

1414. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

» Et il semble même se délecter dans le récit des intrigues savamment ourdies, des victoires de l’astuce sur la force et l’honnêteté naïve.

1415. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Sans en être prié, il ajoute à ce beau récit toute sorte de vilenies accessoires.

1416. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Le peuple français n’y va pas de main morte. » Ces paroles me firent trembler, ajoute la bonne Mme Du Hausset qui nous transmet le récit, et je m’empressai de sortir.

1417. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Si M. de Chateaubriand n’avait pas écrit cette partie politique de ses Mémoires, et s’il eût laissé le souvenir public suppléer à ses récits, on lui eût trouvé sans doute des écarts bien brusques et des inconséquences ; mais la grandeur du talent, la chevalerie de certains actes, la beauté historique de certaines vues, auraient de loin recouvert bien des fautes ; je ne sais quel air de générosité aurait surnagé, et jamais on n’eût osé pénétrer à ce degré dans la petitesse des motifs et des intentions.

1418. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Après qu’on m’eut éveillé, je ne pus me rendormir… On saisit bien en quoi le Turenne de Bussy ne ressemble point au Condé de l’Oraison funèbre, duquel Bossuet a dit avant Rocroi : « On sait que le lendemain, à l’heure marquée, il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre. » Je laisse à ceux qui ont eu l’honneur de se trouver à pareille fête à côté des héros, le soin de décider lequel des deux récits leur paraît le plus voisin de la vérité.

1419. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Les âmes basses ne comprendront rien à la beauté cachée de ce récit, dont celle qui le fait et qui a les yeux attachés sur la source de la Beauté éternelle, ne se doute, certes, pas non plus !

1420. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Types toujours vivants dont on fait des récits.

1421. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Les cités, selon Platon, eurent en quelque sorte dans la guerre leur principe fondamental  ; la guerre elle-même, πόλεμος, tira son nom de πόλις, cité… Cette éternelle inimitié des peuples jeta beaucoup de jour sur le récit qu’on lit dans Tite-Live, de la première guerre d’Albe et de Rome : Les Romains, dit-il, avaient longtemps fait la guerre contre les Albains , c’est-à-dire que les deux peuples avaient longtemps auparavant exercé réciproquement ces brigandages dont nous parlons.

1422. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Est-ce le pontife, dans l’éloge de la princesse Palatine et dans le récit des guerres sauvages de Pologne, ou le poëte, dans sa joie triomphante de Marathon et de la fuite des Perses aux arcs recourbés ?

1423. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Elles sont éparses ailleurs, et jusque dans le récit historique, témoin, au chapitre xxxii du Deutéronome, ce chant de Moïse où Dieu semble plaider contre son peuple, l’accuser, lui répondre, entre la vive expression des images présentes et la vue prophétique d’un avenir non moins éclatant aux yeux.

1424. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Ils écrivent avec la même facilité des mystères, s’ils s’en promettent renom et bon débit, comme ils bâclaient des romans de chevalerie et de brigands, des récits d’aventures, des tragédies romaines et des idylles villageoises, quand la demande des critiques de journaux et du public paraissait se porter plutôt sur cette marchandise-là. […] Taine, par exemple, citent le discours profond d’un chef anglais sur ce qui précède et suit la vie de l’homme, discours qui nous a été conservé par Béda dans son récit de la conversion du roi Edwin au christianisme84. […] C’est un trait bien anglais que Milton, dans sa description de l’enfer et de ses habitants, soit aussi détaillé et consciencieux qu’un arpenteur et un naturaliste, et que Bunyan raconte le Voyage du Pèlerin vers le royaume mystique de la rédemption, avec la méthode des récits de voyage les plus plastiques, comme un capitaine Cook ou un Burton. […] L’homme sain peut raconter ce qu’il pense, et son récit a un commencement et une fin. […] Aussi ce qu’il apprécie dans les œuvres poétiques, ce n’est pas un récit clair, l’exposé d’une idée déterminée, mais seulement le reflet d’une disposition d’esprit qui en éveille aussi en lui une autre, pas nécessairement la même.

1425. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Dans le récit de ses voyages, le capitaine Gulliver n’oublie jamais de nous dire combien son navire filait de nœuds à l’heure, quelles étaient les directions de l’aiguille aimantée, quelles plantes fleurissaient à Lilliput ou à Brobdingnac. […] Bien que ce récit puisse paraître étrange, je proteste devant le Dieu éternel que c’est la pure vérité. […] Et les émotions qu’il fait naître sont du même ordre que ses peintures et ses récits ; son petit monde de figurines réveille en nous tout un petit peuple de sentiments atomistiques. […] Ses yeux se sont ouverts sur des scènes de caserne, et les premiers récits qui ont frappé ses oreilles, ce sont des histoires de régiment, des aventures d’officiers à demi-solde, des facéties de vétérans. […] C’est comme un récit qui changerait de sens selon la manière dont vous tiendriez le livre.

1426. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Or, dans le récit de La Valette, Bonaparte n’est pas pris au dépourvu par un péril laid et d’espèce nouvelle. […] Le vieux seigneur y racontait ses aventures et les récits des grands coups donnés ou reçus s’égayaient parfois de quelque bonne et lourde plaisanterie. […] Pierre Loti, qui fait des romans sans fable, eût mis des fables dans le récit de son enfance. […] Ce récit, dont nous n’avons pas dissimulé les incertitudes, peut servir de prologue à l’instructive histoire du culte de l’Être suprême que nous résumerons la prochaine fois d’après le livre substantiel de M.  […] Il faut citer à part Les Milésiennes, récit digne de Plutarque.

1427. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Son chef-d’œuvre est peut-être l’oraison funèbre de Victorine Demay — du concert de l’Horloge ou des Ambassadeurs — et le récit qu’il nous a laissé de l’entrevue de la chanteuse populaire avec le savant auteur de l’Histoire générale et comparée des langues sémitiques. […] Enfin, je n’apprendrai à aucun de mes lecteurs ni qu’il y a dans notre prose peu de récits d’une beauté plus triste, ou d’une émotion plus pénétrante que Laurette, ni que quelques vers du Mont des Oliviers, de la Colère de Samson, de la Maison du berger, ne périront, s’ils doivent périr, qu’avec la langue française ; — ceux-ci, par exemple, qui sont dans toutes les mémoires : S’il est vrai qu’au Jardin sacré des Écritures Le Fils de l’homme ait dit ce qu’on voit rapporté ; Muet, aveugle et sourd aux cris des créatures, Si le Ciel nous laissa comme un monde avorté ; Le juste opposera le dédain à l’absence, Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité. […] Un seul mot, en passant, sur ces trois récits, « qui demeureront… pour témoigner du degré de perfection où fut porté, dans ce siècle, l’art des Novellieri français », c’est trop, en un certain sens ; mais en un autre ce n’est pas assez. […] Au temps de Moïse et d’Éloa je ne sache point que Vigny connût madame Dorval, et puis… quand en finirons-nous de composer l’histoire des « grands écrivains de la France » avec le récit de leurs petitesses ? […] À qui sait voir, des récits comme Jean de Jeanne ou comme Chante-pleure, — auxquels on ne saurait reprocher que d’être, ou de paraître au moins, trop étudiés, — montrent assez clairement que, sous l’apparente uniformité des mœurs françaises, la vivace originalité des mœurs provinciales ne laisse pas de subsister toujours, et de se retrouver profondément empreinte, non seulement dans le langage, les usages, et les paysages, mais jusque dans les caractères.

1428. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

C’est le récit d’un fait historique, d’une tentative au xviie  siècle du renversement du troisième shôgoun par Shôsétsou. […] Bakin, un romancier dont tous les romans ont, comme point de départ, une légende ou un fait historique et qui, dans son ambition de donner près du lecteur un caractère de vérité à ses récits, s’est fait un descripteur très fidèle, un géographe merveilleux, selon les Japonais, des paysages où se passe l’action de ses romans ; — et la première planche d’Hokousaï offre la vue du village qu’habite Kasané. […] Et ce roman fabuleux, où se trouve un méli-mélo de géographie exacte et de récits impossibles, et de planches dignes d’une icthyologie sérieuse à côté de sirènes, finit par une interminable généalogie de Tamétomo dont les rois de l’île de Lieou-Khieou seraient des descendants. […] Ce fut le cinquième jour du dixième mois de l’année que cette peinture eut lieu devant le temple de Nishighakéjo, et la biographie japonaise d’Hokousaï en donne la relation illustrée d’après un récit avec dessins de Yénko-an, un ami du peintre. […] Et, parmi ces industries, un industriel particulier, un conteur d’histoires, jouant un peu les personnages qu’il met en scène et toujours entouré d’un nombreux public de gens qui ne savent pas lire et, ainsi que dans nos feuilletons, arrêtant son récit au moment le plus intéressant et faisant revenir les gens avec la suite à demain.

1429. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Mais un jour, grisé par ses récits, il se met à l’œuvre, tout de même, et il accomplit une œuvre puérile et chancelante. Le récit est resté : il nous étonne ; quant aux débris du palais, ils sont là aussi, et ils nous font rire. […] Il y a une grande vertu dans le récit d’une vie qui évolue au-dessus des contingences sociales. […] Il semble bien prouvé maintenant que le récit de son voyage en Amérique n’est qu’une fantaisie. […] Après avoir cité, selon la méthode des deux colonnes, de nombreux exemples de ces emprunts de Chateaubriand aux récits des explorateurs anglais et français, M. 

1430. (1802) Études sur Molière pp. -355

Même acte, scène xiv , l’on passe le récit que fait la vieille à Zanobio Ruberti, en le reconnaissant ; et, tout de suite, l’on a l’intrépidité de nous parler de ce récit, comme si nous venions de l’entendre : Au nom de Zanobio Ruberti, que sa voix, Pendant tout ce récit, répétait mille fois. […] La contexture. — Unique dans son genre, et bien sûre de l’être toujours ; quelle intrigue que celle où les récits sont intéressants, au point d’avoir tout le mérite d’une action ! […] Le dénouement. — De toute beauté, si nous le démêlons à travers le récit du roman dont nous venons de parler, et les lazzis de maître Jacques ; si nous voulons enfin ne voir le véritable dénouement que dans le sacrifice de l’Avare renonçant à son amour pour revoir sa chère cassette.

1431. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Les songes annoncent quelquefois la vérité. » Madame de la Tour me fit le récit d’un songe tout à fait semblable qu’elle avait eu cette même nuit. […] En disant ces mots, ce bon vieillard s’éloigna en versant des larmes ; et les miennes avaient coulé plus d’une fois pendant ce funeste récit.

1432. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

II De tous les voyageurs français, le plus intéressant par le temps où il écrit, par les pays qu’il visite, par les récits de mœurs qu’il rapporte, c’est le chevalier Chardin. […] VII L’évêque Lanatelle, amoureux de la reine de Mingrélie, princesse d’une incomparable beauté, et aimé d’elle, quoique le roi son mari eût été aveuglé et exilé par les complices de l’évêque, vivait avec elle, est l’homme principal de ces machinations, Chardin le visite, et le raconte ; il n’y a pas de roman en Europe comparable à ce récit.

1433. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Ce sera une édifiante histoire qu’un tel récit, consacré tout entier à l’apologie du travail et de la volonté. […] Les songes de leur enfance avaient été troublés par des récits merveilleux.

1434. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

« S’il fallait badiner, dit encore le maréchal de Berwick, c’était avec des grâces infinies, un tour noble enfin, que je n’ai vu qu’à lui. » « Il faisait, dit Saint-Simon, un conte mieux qu’homme du monde ; et aussi bien un récit. […] Historiographe du roi, il lisait à Louis XIV un récit de guerre ou parlant d’une marche en arrière, commandée par ce prince pour tromper l’ennemi, il se servait du mot rebrousser.

1435. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Pas un instant Thiers ne suppose que, dans le récit qu’il donne de la bataille de Marengo, ce soit à lui, Thiers, que l’on s’intéresse, ni Tocqueville ne se complaît dans l’étalage de soi-même, quand il essaie de démêler l’avenir de la démocratie. […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres d’Augustin Thierry comprennent : 1º ses Lettres sur l’histoire de France, 1820, et réunies en volume, augmentées et corrigées en 1827 ; — 2º son Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, 1825, qui est son ouvrage capital ; — 3º ses Considérations sur l’histoire de France, servant d’introduction aux Récits des temps mérovingiens, 1840 ; — et 4º son Essai sur la formation et le progrès du Tiers-État, 1853. […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Mérimée comprennent : 1º son Théâtre de Clara Gazul, 1825, et La Guzla, 1827 ; — 2º ses Nouvelles, dont on vient d’indiquer en passant les principales ; — 3º ses travaux historiques, dont les principaux sont : son Essai sur la guerre sociale, 1841 ; son Don Pèdre de Castille, 1848 ; et ses Faux Démétrius, 1852 ; — 4º ses travaux archéologiques, dont le principal est sa description des Peintures de Saint-Savin, 1845 ; — 5º ses traductions du russe : d’après Pouchkine, La Dame de pique ; Gogol, L’Inspecteur général ; Tourguenieff, Apparitions ; — 6º quatre volumes de récits de voyage : Dans le Midi de la France ; Dans l’Ouest ; en Auvergne ; et En Corse ; et de nombreux articles de revues, qui n’ont pas tous été réunis en volume ; — 7º une Correspondance, comprenant actuellement les Lettres à une inconnue, 2 vol., 1873 ; Lettres à une autre inconnue, 1 vol., 1875 ; Lettres à Panizzi, 2 vol., 1881 ; et Une correspondance inédite de P.  […] ] ; — mais combien surtout ils sont peu romantiques. — Le roman de Cinq-Mars, 1826 ; — et le Moïse, 1826. — Liaisons de Vigny avec les romantiques ; — et sa part dans la lutte contre le classicisme ; — avec son Othello, 1829 ; — son drame de La Maréchale d’Ancre, 1831 ; — et son roman « symbolique » de Stello, 1832. — Rencontre et fusion dans Chatterton, 1835, — de trois au moins des caractères du romantisme — recherche de la « couleur locale » ; revendication de la « souveraineté du poète », et du « droit de l’individu ». — Mais déjà, dans les récits qu’il donne en 1835, sous le titre de Grandeur et servitude militaires — Vigny nous apparaît détaché de l’égoïsme romantique ; — comme aussi dans les fragments de son Journal sous cette date ; — et, puisque c’est là le principe et la nature de sa véritable originalité, — c’est ce qui rend bien oiseuse la question de savoir quel est exactement son rang parmi les romantiques. […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Gautier, — qui n’ont pas été réunies en Œuvres complètes, ni ne le seront sans doute jamais, à cause qu’elles ne rempliraient pas moins de soixante ou quatre-vingts volumes, — se composent : 1º De ses Poésies, dont les premières ont paru sous ce titre en 1830 ; — pour être suivies d’Albertus, 1833 ; — de La Comédie de la mort, 1838 ; — et réunies en 1845 avec España sous le titre de Poésies complètes. — Il y faut joindre Émaux et Camées, 1852 ; 2º Ses Romans, Contes et Nouvelles, dont les principaux sont : Les Jeunes France, romans goguenards, 1833 ; — Mademoiselle de Maupin, 1835 ; — Fortunio, 1837 [publié sous le titre de L’Eldorado] ; — ses Nouvelles, 1845 ; — ses Romans et Contes, 1857 ; — le Roman de la momie, 1858 ; — et Le Capitaine Fracasse, 1863 ; 3º Ses Récits de voyage, — Tra les montes [Voyage en Espagne], 1843 ; — Constantinople, 1853 ; — Italia ; — Voyage en Russie, 1867 ; 4º Ses Œuvres de critique : A.

1436. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Tout le monde est réaliste : chaque jour dans la conversation, parmi les gens bien élevés ou parmi les gens naïfs, il se fait des récits très remarquables de faits auxquels on a assisté, de personnages avec lesquels on a vécu, récits qui intéressent vivement ceux qui les écoulent. […] Dans cet ordre d’idées, on ne fait peut-être pas assez attention aux récits et aux dessins des voyageurs, qui doivent être naturellement saisis par les scènes sociales, générales des pays qu’ils visitent et où ils ne peuvent être sollicités par des détails spéciaux, n’étant pas assez initiés aux mœurs et usages pour y devenir indifférents et se mettre à chercher des étrangetés. […] Il n’a pas, dites-vous, « de révoltes contre Dieu et contre la société ; pas d’excentricités, pas de délires sacrés comme Shakespearej et Byron… Dans le détail, rien ne semble livré à la fantaisie… La forme de ses récits est si logique et si droite, qu’elle exclut toute emphase descriptive, toute tentative de l’auteur pour imposer son émotion au lecteur » ; et vous avez fait de toutes ces qualités des qualités d’un « ordre inférieur » !

1437. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Et petit à petit, se lève pour moi, de son récit, de la mémoire de la journée, un paysage tout original et tout charmant, pour un roman de guerre. […] Récit très passionné, très sensuel, très matériel, très crû. […] Donc un récit parlé pour la première partie. […] Je pensais cela, en écoutant le récit du déménagement héroïque, qu’a fait une bonne de la maison voisine de la mienne, et aussi en songeant à ma pauvre Pélagie, s’exposant à être tuée, à toute minute, pour chercher à sauver ma maison du pillage et de l’incendie.

1438. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Mais c’étaient tout de même des affabulations, et par l’idée qu’entraîne ce mot, si vous êtes de mon tempérament, vous regrettez avec moi l’emploi de cette forme, pour la déduction d’une en quelque sorte si impondérable, si subtile et aussi si pénétrante matière en chapitres, en phrases et en lignes formant un récit, cette chose d’un récit ! […] J’ai entrepris de donner ce récit de ma première apparition dans le Royaume-Uni, en manière de courte préface au présent article touchant ma carrière de professeur en Angleterre. […] Sous la forme d’une sorte de « Récit », ou plutôt de « Vision symbolique » (dans le meilleur sens du mot), l’auteur se dépeint, en tant que poète, lui-même.

1439. (1885) L’Art romantique

Je puis affirmer que nul journal, nul récit écrit, nul livre, n’exprime aussi bien, dans tous ses détails douloureux et dans sa sinistre ampleur, cette grande épopée de la guerre de Crimée. […] Comme critique, Théophile Gautier a connu, aimé, expliqué, dans ses Salons et dans ses admirables récits de voyages, le beau asiatique, le beau grec, le beau romain, le beau espagnol, le beau flamand, le beau hollandais et le beau anglais. […] La plupart des chants de Dupont, qu’ils soient une situation de l’esprit ou un récit, sont des drames lyriques, dont les descriptions font les décors et le fond. […] On craignait la longueur de ce morceau, et cependant le récit contient, comme on l’a vu, une puissance dramatique invincible. […] Mais les quelques sifflets ont courageusement persisté, sans motif et sans interruption ; l’admirable récit du voyage à Rome n’a pas été entendu (chanté même ?

1440. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Les hommes ont commencé par les chants et par le récit. […] Elle dit tout ce récit avec une énergie et une vivacité remarquables. » (Je m’associe à cet éloge. […] Même une de ces trois scènes (la première) est mise en récit anticipé, ce qui est d’un effet bizarre et glacial. […] Les auteurs ont voulu terminer leur premier acte par le récit de la prise de la Bastille, et ils ont imaginé ceci. […] Il est, du reste, très beau ce récit.

1441. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Dans l’Hippolyte de Garnier, représenté en 1568, on ne peut s’empêcher de remarquer la naïveté de Thésée interrompant, tout en larmes, le pathétique récit de la mort de son fils pour demander à celui qui la lui raconte, quelle figure avait le monstre. […] Terminons cet exposé de ce qu’on appelait la Farce dans les premières périodes théâtrales, par le récit suivant de l’une d’elles, récit emprunté à un auteur qui vivait au temps de Charles IX : « En l’an 1550, au mois d’août, un avocat tomba en telle mélancolie et aliénation d’entendement, qu’il disait et croyait être mort. […] Ses vers sont harmonieux, ses récits sont pompeux. […] L’impression que cette représentation, ou plutôt ce récit, produisit sur Louis XIV, fut des plus vives, et cela valut à Racine la charge de gentilhomme ordinaire de la chambre. […] Le plus sérieux reproche qu’on puisse lui faire, c’est de donner trop au récit, quelquefois au détriment de l’action.

1442. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Les gens du peuple ne suivent pas la ligne droite du raisonnement et du récit ; ils reviennent sur leurs pas, ils piétinent en place ; frappés d’une image, ils la gardent pendant une heure devant leurs yeux, et ne s’en lassent pas. […] Si la vie de Coriolan est l’histoire d’un tempérament, celle de Macbeth est le récit d’une monomanie. […] Comme l’histoire de Macbeth, l’histoire d’Hamlet est le récit d’un empoisonnement moral.

1443. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Il est à regretter que cet entretien dont on n’a cité que des fragments, mais dont Sismondi avait envoyé un récit complet à sa mère, et qui s’ajouterait si bien à ceux que Benjamin Constant nous a transmis dans ses Lettres sur les Cent-Jours, n’ait pas été donné en entier.

1444. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Toutes les deux laissent échapper dans leurs récits un enjouement marqué, une verve également méprisante et moqueuse contre les persécuteurs de bas étage dont on les entoure ; elles sont maîtresses, dès qu’il le faut, en ce jeu de l’ironie, arme aisée des femmes supérieures.

1445. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

La teneur en est simple et toute militaire ; les traits mâles, énergiques, rapides, y naissent du récit : « Et tout bien débattu, depuis deux mille ans en ça n’a point, été vue une si fière ni si cruelle bataille, ainsi que disent ceux de Ravennes, que ce ne fut au prix qu’un tiercelet.

1446. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

J’ai pu moi-même constater ces sentiments par les récits de vieillards morts il y a vingt ans  Cf. 

1447. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Braid affirme avoir eu des sujets très intelligents qui se rappelaient avec une exactitude minutieuse ce qui s’était passé, six années auparavant, dans leur sommeil, et qui en faisaient le récit toutes les fois qu’on les hypnotisait, tandis qu’ils n’en avaient aucun souvenir quand ils étaient éveillés. » (De la folie artificielle, par le Dr Tuke, Annales médico-psychologiques, 4e série, tome VI, p. 271.)

1448. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Ce récit de couvent ne contient guère moins d’un demi-volume.

1449. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Après un récit qui a pu paraître extraordinaire à l’aimable précieuse, il ajoute : « Il me vient de tomber dans l’esprit que vous imaginerez que tout cela est faux, et que ce que j’en ai dit n’était que pour trouver moyen de remplir ma lettre.

1450. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

On trouvera difficilement dans Lohengrin quelque chose qui, comme vérité et caractérisation dramatiques, puisse être comparée aux doubles chœurs du troisième acte du Hollandais, ou au commencement de la scène entre le Hollandais et Senta au deuxième acte ; le motif même du Hollandais est dans le style de la troisième période, — le récit de Tannhaeuser en approche singulièrement.

1451. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

L’Histoire de Charles XII & celle du Czar Pierre ne seront jamais des Histoires, que pour les Esprits légers, qui préferent l’agrément de la narration & les étincelles du style, au récit noble & grave qui doit caractériser le véritable Historien.

1452. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Dans l’une des rares rencontres où j’ai eu le plaisir de voir M. de Latouche, je lui ai entendu raconter une petite anecdote que je retrouve consignée par lui-même dans un de ses nombreux écrits ; car s’il contait bien, il n’aimait point à perdre ses récits ni ses jolis mots.

1453. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Des personnes qui l’ont approché dans ses dernières années (et le nombre en est petit) me le peignent immobile, renfermé, pratiquant plus que jamais cette opiniâtre passion de se taire : « Je ne vois plus, disait-il, je n’entends plus, je ne me souviens plus, je ne parle plus ; je suis devenu entièrement négatif. » Il s’arrêtait quelquefois au milieu d’une phrase commencée, et disait : « Je ne trouve plus le mot, il se cache dans quelque coin obscur. » Il revenait pourtant encore avec quelque plaisir sur ses anciens jours, et y rectifiait quelques points de récit qui appartiennent à l’histoire.

1454. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Louis Roche a retrouvé la lettre dans laquelle ils font ce récit.

1455. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Dans le récit de ces événements prodigieux, qui n’ont pas été néanmoins pour lui des événements inspirateurs, il a été — ce qu’il fut toujours — une plume d’une correction assez élégante et sobrement colorée, d’une fermeté de goût qui n’a guères fléchi qu’à deux ou trois endroits, car le goût est peut-être la seule chose qui soit ferme en cet incertain ; mais l’écrivain, qui n’est pas de race chez M. 

1456. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

À cette époque-là, tout le monde fut frappé, en lisant le très beau récit de Michelet (car il est très beau), de l’insistance curieuse et troublée avec laquelle l’historien s’arrêtait sur le secret qui devait rester entre la jeune fille et Dieu, sur le mystère humain du virginal Archange dont le sang de la femme n’a jamais, dit-on, terni la splendeur.

1457. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Meunier, le fabricant de chocolat, et imagina en lui-même la luxueuse installation de l’intérieur, découvrant plusieurs années après, que sa description était peu éloignée de la réalité ; avant d’écrire Nana, il obtint une introduction auprès d’une demi-mondaine, avec laquelle il eut le privilège de déjeuner ; sa laborieuse préparation au prodigieux récit de la guerre de 1870, dans La Débâcle, se compose purement de livres, de documents et d’expériences de seconde main ; quand il voulut décrire le travail, il alla dans les mines et dans les champs, mais il ne semble pas qu’il ait jamais fait un travail manuel d’un seul jour.

1458. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

N’est-ce pas bien mystérieux, bien troublant, et cela n’échappe-t-il pas, pour la plus large part, à toutes les analyses et à tous les récits d’un romancier ?

1459. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Quand il aura péri sous ses propres excès et n’appartiendra plus qu’à l’histoire, les critiques feront alors du récit de sa grandeur et de sa décadence un curieux chapitre des livres que lira le xxe  siècle.

1460. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Le récit en est-il contagieux ?

1461. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

À l’invocation du dieu, au récit savant, pour être plus religieux, de son antique légende, succède cette pensée que Jupiter est particulièrement le dieu des rois ; et de là, un tableau pompeux de la royauté même.

1462. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

L’ensemble des événements qui se rapportent à ces vicissitudes de l’art se trouvant compris dans l’espace de quatre-vingt-deux années (1772-1854), on ne peut s’attendre à trouver un récit tracé de suite par le même témoin. […] Rien ne serait plus facile que de multiplier les récits de scènes semblables, car elles se renouvelèrent pendant près de six mois ; mais il convient de ne parler ici que de celles qui se rattachent immédiatement à l’histoire des arts et des mœurs de ce temps. […] Mais pour soulager ces récits de redites et de détails superflus, et avant de chercher quelle était la constitution de cette petite démocratie de jeunes peintres, on fera connaître les noms de quelques-uns des élèves qui sont entrés successivement à l’atelier de David, après ceux que l’on connaît déjà. […] S’il faut s’en fier aux récits un peu tardifs (1833) de cet écrivain sur la secte dont Maurice a été le chef ostensible de 1797 à 1803, il ne s’agissait de rien moins que d’une réforme de la société sur un plan, non pas précisément semblable à celui des saint-simoniens, mais du même genre, et qui devait commencer par un Changement de costume. […] Un fait touchant pourra seul atténuer la teinte sombre de ce récit.

1463. (1887) Essais sur l’école romantique

J’aime ce récit pittoresque du mariage de la fille d’un haut baron avec le duc de Soubise, dont elle a heurté le corps dans la cour du Louvre, et qu’elle épouse, mourant, à l’hôtel de Saint-Eustache ; j’aime la touchante histoire de la vie et de la mort de la frégate la Sérieuse, racontée par son capitaine, pièce charmante qui termine le recueil, la dernière faite et la meilleure. […] Or, en fait d’épisodes, on a d’abord le Phénix, emblème officiel de l’immortalité de l’âme ; puis Orphée, et qui dit Orphée, dit Eurydice ; puis Socrate, et, à l’occasion de Socrate, les beaux récits de Xénophon et de Platon ; puis les religions du Nord ; et quelle est la religion du Nord qui ne fournit pas un barde ? […] J’avais toujours regardé le roman comme la confession d’un homme d’expérience, faisant, sous d’autres noms, l’aveu de ses propres fautes, et ajoutant à l’histoire des désenchantements de notre pauvre humanité le récit de ses illusions personnelles.

1464. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Sauf La Bruyère, tout ce siècle uniquement occupé de l’âme humaine l’a, peut-être pour mieux la voir, traduite par des symboles — récits poétiques, théâtre, fables — ou pressée en ses conséquences — Maximes et Pensées : La Bruyère seul l’interroge directement, la regarde vivre, l’observe ! […] En somme — et jusqu’aux lâchetés du cœur et de la chair qui l’arrêteraient sans doute en deçà — il préférerait au récit l’émotion réelle des crimes qu’il raconte. […] Trois caractères : le romancier se recule de son sujet, n’y intervient jamais en personne, c’est une œuvre objective ; rien n’y est anormal, tout y est déterminé par le tempérament d’Emma, c’est une œuvre logique ; le tempérament d’Emma est tout physique, tout sensuel et le récit de ses amours n’est que le récit d’une suite de sensations, c’est une œuvre sensationnelle ou physiologique, et tout, dans le livre, est de même, physiologique ou sensationnel. […] Il a contribué comme un autre et pour sa quote-part à la « grande enquête » ; comme un autre il écrit l’histoire des mœurs contemporaines et chez lui, comme chez tous, « l’auguste mensonge » de la fiction du récit n’est qu’un prétexte aux « vérités des détails », un fait-divers qu’il préfère élégant alors que d’autres le préfèrent vulgaire, et la différence n’est pas sensible. — Poëte et romancier exquis, M. 

1465. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Deux de ces poèmes, le Palais hanté et le Ver, se trouvent enchâssés dans les contes la Maison Usher et Ligeia ; voyons l’utilisation du poème considéré là comme facette d’un récit. […] Un très court détail des circonstances accompagne le récit probant comme un apologue, un peu mystérieux comme un lied. […] La légende d’ailleurs dont l’anecdote et le racontar ont ensablé le souvenir de cette vie, n’est de nul intérêt ; fondée sur tels passagers avatars imposés à l’écrivain par sa détresse, tels récits de concussions à la grande presse déterminées par ce même urgent motif, sur telle prodigue loquacité à propos de ses prochaines œuvres, naturelle si l’on pense qu’elles étaient, ces œuvres, sa vie même, cette légende est puérile et, à vrai dire, ne narre rien. […] La raison qui nous en apparaîtrait la plus claire, c’est que Villiers, peu confiant en l’intelligence philosophique des lecteurs à qui il s’adressait, a cherché à créer pour eux un livre philosophique et lyrique qui fût en même temps amusant ; de là le découpage des chapitres ; de là des contrastes et des moyens de dramaturgie facile ; de là la concentration superflue de toute l’idée du livre en tout ce récit des aventures de Mme Any Anderson, aussi le portrait-charge de Miss Alicia Clary, parfois poussé trop au grotesque, émaillé de mots d’une condensation plutôt apparente. […] C’est Poe, surtout, le maître de Villiers de l’Isle-Adam ; c’est Baudelaire et Poe qui apprennent aux poètes qui les aiment, à resserrer le champ d’action de la poésie pour lui donner plus d’intensité ; tous les genres que la prose peut prendre, ils les lui abandonnent, surtout ils lui laissent tout récit, toute évocation épique.

1466. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Je ne sais rien de bête, comme ces aventures écrites avec l’eau sale des bidets, et je pense qu’il faut vraiment avoir du temps de reste et une bien pauvre imagination pour se monter le cerveau avec ces récits de corps de garde ou de maison publique. […] Sous la forme dramatique de ses récits, on sent aussi un esprit politique d’une grande netteté et d’une sagacité pénétrante, qui ne va point sans une mélancolie profonde, comme il arrive à tous ceux qui connaissent les hommes. […] Guy de Maupassant d’éparpiller ses forces en récits écourtés, au lieu de les condenser en de gros ouvrages. […] Il n’est pas le seul maître ; il en a écrit quelques-uns qui sont comparables en beauté à ceux que l’on nous propose tous les jours comme modèles ; je crois cependant que la gloire de Balzac n’en est ni atteinte, ni diminuée, que Barbey d’Aurevilly a mis, lui, dans de courts récits, des frémissements de passion, des visions rapides, d’éblouissantes synthèses, qui valent bien l’exactitude de M. de Maupassant. […] Eh bien, cela est très mélancolique à dire, ce livre est passé presque inaperçu, de même que, l’an dernier, Pœuf, ce petit chef-d’œuvre de grâce et d’émotion, qui restera, malgré le dédain de la critique, l’un des plus attachants, l’un des plus exquis récits de ce temps.

1467. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

On sait que les Évangiles ne sont pas l’œuvre proprement dite des quatre évangélistes auxquels la légende les attribue, mais un véritable recueil de chants ou de récits analogues à ceux dont la compilation a formé les grands poèmes épiques de la Grèce et, au moyen âge, nos chansons de gestes et nos romans chevaleresques. […] Quelques pages plus loin, il y a, dans le livre de Tolstoï, un pendant à l’inoubliable page sur la IXe Symphonie : c’est le récit d’une représentation de Siegfried à laquelle notre philosophe assista un jour à Moscou. […] Et son récit n’est pas simple, il est tout en énigmes, qu’il se fait proposer, mettant chaque fois sa tête en enjeu, on ne sait trop pourquoi. » L’aveuglement, le parti-pris de dénigrement est si accentué, que Tolstoï oublie totalement que dans cette scène des énigmes, Wagner s’inspire directement des Eddas. […] Elle chante ; et ce qu’elle chante, vous le voyez là-haut sur la scène ; c’est dans ce but qu’elle vous a assemblés : car ce qu’elle est, vous ne pouvez jamais que le soupçonner ; c’est pourquoi elle se révèle à vos yeux par le symbole scénique, à peu près comme la mère expose à ses enfants les mystères de la Religion par le récit de la Légende. » Cela me paraît tout à fait décisif. […] Voir à ce sujet le curieux récit publié en 1893 par le Guide Musical.

1468. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Mais laissons parler sur ce chapitre domestique un contemporain du poëte, dans un récit fort peu authentique sans doute, assez vraisemblable pourtant de fond ou même de couleur, et à quoi, comme familiarité de détail, rien ne peut suppléer : « Cependant ce ne fut pas sans se faire une grande violence que Molière résolut de vivre avec sa femme dans cette indifférence. […] Je ne vous rapporterai point une infinité d’exemples qui vous feroient connoître la puissance de cette passion ; je vous ferai seulement un récit fidèle de mon embarras, pour vous faire comprendre combien on est peu maître de soi-même, quand elle a une fois pris sur nous un certain ascendant, que le tempérament lui donne d’ordinaire.

1469. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Je n’ai pas besoin de dire que, sauf sa belle et grande fierté littéraire, il y a peut-être autant de convention dans ce récit, que dans le costume du narrateur. […] Oui, c’est très curieux… Tenez, hier au soir, dans la voiture qui les ramenait du théâtre, Mme C*** a fait une scène à son mari, de son larmoiement, au récit de la mort de la petite Doré par Déchelette, lui disant : “Je ne comprends pas votre attendrissement pour cette traînée !

1470. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Dans le troisième volume de notre Journal (pages 289-290), au milieu du récit de la maladie et de la mort de mon frère, je parle de la rencontre journalière, dans le bois de Boulogne, d’un garçonnet souffreteux, d’un garçonnet ayant la gentillesse d’une fillette, d’un garçonnet, au cache-nez prenant autour de son cou l’aspect d’une châle, et toujours accroché au bras d’un original vieillard. […] On ne veut pas entendre le récit de Mme Crosnier.

1471. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

L’art est venu, voilà le grand trait du siècle, le trait qui distingue ce poëme de tous les récits semblables entassés par le moyen âge. […] Chaque récit est ménagé en vue d’un autre, et tous en vue d’un certain effet qui s’accomplit ; c’est pour cela que de ce concert une beauté se dégage, celle qui est dans le cœur du poëte, et que toute son œuvre a travaillé à rendre sensible ; beauté noble et pourtant riante, composée d’élévation morale et de séductions sensibles, anglaise par le sentiment, italienne par les dehors, chevaleresque par sa matière, moderne par sa perfection, et qui manifeste un moment unique et admirable, l’apparition du paganisme dans une race chrétienne et le culte de la forme dans une imagination du Nord. […] les voyages d’Hakluit, les décades de Pierre Martyr, les récits de Linschoten, les Hodœporicons de Jodocus à Meggen, de Brocarde le Moine, de Bredenbachius, de Sands, de J. […] Voyez Burchard, majordome du pape, récit de la fête où assistait Lucrèce Borgia ; Lettres de l’Arétin, Vie de Cellini, etc.

1472. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Je n’ai point à entrer dans le récit de sa fin, dans les particularités de son testament, par lequel il demandait à être transporté à Salins après sa mort, léguant de plus à cette ville une partie de son bien, moyennant des conditions ou intentions à long terme qui paraissent difficiles à remplir.

1473. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

, on arrive toutefois à la mieux voir, à la voir tout autre qu’à travers les badineries des commentateurs érudits, lesquels ont fait ici, en sens inverse, ce que tant de bons légendaires ont fait pour leurs saints et saintes ; je veux dire qu’ils n’ont apporté aucune critique en leur récit, et qu’ils se sont tout simplement délectés à médire, comme les autres à glorifier.

1474. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

« Mme de Pompadour, écrivant au maréchal d’Estrées à l’armée sur les opérations de la campagne, et lui traçant une espèce de plan, avait marqué sur le papier avec des mouches les différents lieux qu’elle lui conseillait d’attaquer ou de défendre. » (Mme de Genlis, 329, Souvenirs de Félicie, Récit de Mme de Puisieux, belle-mère du maréchal d’Estrées.)

1475. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Ainsi nous irons jusqu’à la mort : Dieu nous a unies. » IX Vient ensuite un long récit de l’agonie et de la mort de son frère, touchant comme une passion de l’amitié ; nous le retranchons, car il faudrait le lire tout entier.

1476. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

au moment où je commence ce funèbre récit, les pleurs s’échappent en abondance de mes yeux !

1477. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

CXLIX Ces récits du jeune bouvier, qui m’avaient laissée d’abord distraite et froide, me firent tout à coup tressaillir, rougir et pâlir quand il était venu à parler de geôle, de geôlier, de cachots et de prisonniers ; car l’idée me vint tout à coup que la maison où allait se réjouir cette noce de village était peut-être précisément celle où l’on aurait jeté sur la paille le pauvre Hyeronimo, et que la Providence me fournirait peut-être par cet évanouissement de douleur sur la route et par cette fortuite rencontre, une occasion de savoir de ses nouvelles, et, qui sait, peut-être de parvenir jusqu’à lui.

1478. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

L’ironie froide qui est dans le récit du triste oiseau de proie, on la pressent, inexprimée, dans presque tout le cours du livre.

1479. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Pour moi, je ne sens point chez Mme de Rémusat l’âme étroite et mesquine qu’on lui prête ; je suis fort tenté de croire à la parfaite liberté de son jugement comme à la sincérité de son récit ; et je ne pense point faire preuve, en cela, de tant de naïveté.

1480. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Nul récit, nul caractère, nulle réflexion d’historien, nul portrait, nul relief.

1481. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Ceux qui entendaient le récit du Saint-Gral chanté par lui dans Lohengrin, étaient touchés et saisis de cette grande, noble et puissante simplicité, comme d’un miracle vraiment vécu. »   5° Communications Analyse du numéro III 1° Hans von Wolzogen ; Tristan et Parsifal (suite)   Pour arriver à Monsalvat, Wagner devait traverser un troisième monde : celui de la métaphysique.

1482. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Alors l’artiste doit employer des signes moins denses, plus différents, par leur aspect sensible, des choses qu’ils signifient : l’artiste plasticien use la peinture, au lieu de la statuaire ; le littérateur remplace le récit oral par le drame, et le drame par le roman.

1483. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Gudehus toujours exact et scrupuleux interprète ; les autres rôles convenables, les décors passables, quelques uns réussis comme le lever du soleil de Goetterdaemmerüng ; la Chevauchée et le tableau final tout à fait manqués … On nous écrit encore que la représentation de la Walküre a été entachée d’une grande coupure, au deuxième acte, dans le récit ce Wotan (vingt pages environ de la partition de piano, depuis dann waere Walhall verloren, jusqu’à so nimm meinen Segen, Nibelungensohn …).

1484. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Mais il n’y a pas récit de faits arrivés ou imaginés, histoire ou roman historique.

1485. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Elle dit, vaste récit épique, la conquête de l’Orient par l’Occident.

1486. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Mais dans tous les livres du poète aucun récit ne monte plus haut au sublime et au tragique que celui où Gwynplaine mené dans le caveau de la prison de Southwark aperçoit le spectacle misérable de Hardquannone soumis à la peine forte et dure.

1487. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Je prends à témoin de la vérité de mon récit tous les comédiens qui jouaient dans mes pièces et tous les auteurs mes confrères, qui n’agissaient pas autrement que moi.

1488. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Le dialogue fini, le romancier reprenait son récit et sa page, y versant son style et sa pensée.

1489. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

(Or, Zamore a survécu au combat et nous voyons, par son récit, qu’on a pu supposer seulement qu’il avait laissé la vie dans les tortures.) […] Les plus malins trouvent seulement que l’exposition se continue, dans le second acte, par le récit du père Brissot. Mais les questions auxquelles répond ce récit font bien partie de l’action même. […] La plus fade convention s’étale dans tes récits. […] Il a écrit des Récits épiques, et j’ai été épouvanté, car c’était aussi bien que la Légende des siècles.

1490. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Récits faits aux esclaves par les fils de famille ; délibérations et plaisanteries des esclaves ; récits mensongers que ceux-ci font aux pères pour leur extorquer de l’argent ; enfin, reconnaissances : telles sont les principales parties d’une comédie latine. […] Dans ces conditions, il est merveilleux que les comédies de Térence soient ce que nous les voyons, et que le Phormion en particulier (c’est du Phormion que sont imitées les Fourberies de Scapin) contienne, au premier acte, un récit si élégant et si tendre et, au dénouement, une esquisse si jolie et si juste de scène domestique. […] Et. à vrai dire, cette absence d’explication dans un drame de passion si manifestement exceptionnel, et auquel Balzac lui-même n’a pu donner un air de vraisemblance qu’en intervenant à chaque page dans son récit par des commentaires abondants et forcenés, ne pouvait que nous jeter dans une surprise proche de l’ahurissement. […] Il approuve hautement le suicide d’un mari trompé, dont il vient de lire le récit dans son journal : c’est sans doute une façon de prévenir les deux amants de sa résolution. […] Tu comprends, c’est une espèce de réparation dont je te charge… Sois comme sa fille… Je ne pense pas que tu aies occasion de la rencontrer avant ton mariage ; mais, après, arrange-toi pour la voir et être très bonne… Je compte sur toi, ma petite… » En entendant le récit de Christine, Julie a senti son cœur se fondre, elle est tombée à genoux… Ainsi, Henri a pensé à elle avant de mourir !

1491. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

De ce resserrement de l’action, toutes les conventions dérivent ; le passé est ramassé dans des récits rétrospectifs, écoutés par des confidents ; les sentiments précis des personnages sont ramassés dans des monologues, et leurs sentiments confus, dans des songes. […] Alfred Capus, romancier, est l’auteur de Qui perd gagne, un récit délicieusement ironique, de Faux départ et d’Années d’aventure. […] Bilan de ce tableau : une délibération et un récit. Le récit en lui-même n’est pas sans intérêt. […] Mais que ce récit est long !

1492. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Est-ce à dire que de l’énorme tas ordement plaisant de nos contes ne s’érige point quelque historiette jolie ou bien quelque récit empreint de plaintive miséricorde ? […] Cependant, tandis que le Récit se dispersait, s’avilissait, se vautrait dans le menu conte burlesque et grivois, et que, pour la commodité bourgeoise, on dérimait en romans les vieilles chansons de geste ; tandis que le Chant se quintessenciait jusqu’aux plus absurdes artifices de la rhétorique et de la prosodie, à moins qu’il ne bouffonnât grossièrement dans les vaux-de-vire et dans les fatrasseries, ou bien, sur les tréteaux, dans la farce des soties, surgit tendre, délicieux, plein de repentirs plaintifs étonnant de charme, d’émotion et d’art, l’un des plus grands poètes de France. […] Puisque la Renaissance ne s’en prenait qu’à notre instinct de chant et de récit, elle ne présentait aucun obstacle à notre tragédie ni à notre comédie ; au contraire, elle les servait, en leur offrant des modèles, en leur marquant des cadres, dont elles n’auraient pu trouver l’équivalent dans le passé de notre propre race. […] Notez bien qu’il y aurait la plus grande injustice à nier son bel effort vers les hautes beautés poétiques, vers l’ode ou l’épopée ; il a proféré de fières strophes, tout ailées d’enthousiasme ; beaucoup de ses Récits, simples et grands, ne s’effaceront jamais des mémoires. […] Condensés, tassés, serrés en la stricte gaine jusqu’à l’impossibilité d’y rien faire tenir de plus, jusqu’à l’éclatement, l’idée, le récit, l’image, la couleur, ont, dans l’œuvre de José-Maria de Heredia, une robustesse, une précision, une forme, une furie de clarté que jamais encore ils n’avaient eues ; dans telle de ses strophes, il y a comme une torsion de guerrier géant dans une armure de nain, comme des tempêtes d’océan dans une amphore d’or ; et, rentrées les unes dans les autres, toutes ses coruscations, — astres, aurores, rubis, diamants, chrysoprases, béryls, escarboucles, et les métaux fulgurants ! 

1493. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Et si enfin, pour s’être abandonné comme à la dérive de ces longs récits qu’il parcourait sans doute avec une attention un peu distraite, je crains que M.  […] Idéalistes ou réalistes, Sorel et d’Urfé, Gomberville et Scarron, La Calprenède et Furetière, qu’ils inventent ou qu’ils imitent, qu’ils aillent emprunter leurs sujets à l’histoire, ou qu’ils les tirent de la chronique de leur quartier, que les héros de leurs récits s’appellent Cyrus ou M.  […] Mais l’idée vient d’Espagne, cette idée de mettre le récit dans la bouche du laquais ou de l’écuyer, la seule espèce d’homme, en ce temps-là, qui d’un milieu pût passer dans un autre, serviteur aujourd’hui d’un hidalgo qui ne le payait pas, quand encore il le nourrissait, et demain quasi-secrétaire de l’archevêque de Grenade ou demi-confident du confident de l’héritier de la monarchie. […] Comment, d’ailleurs, en serait-il autrement, si c’est dans les récits de Mme d’Aulnoy, comme il le dit et comme il le prouve lui-même, que l’auteur de Ruy Blas a puisé la plupart des détails qu’il a encadrés dans son drame ? […] Que si quelqu’un, par aventure, l’ignorait ou l’avait oublié, nous le renverrions au récit qu’en a laissé Nicole, dont on compléterait la lecture par celle des chapitres vi à xvi du livre III du Port-Royal de Sainte-Beuve, et surtout des livres XI, XII et XIII des Mémoires du P. 

1494. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

C’est l’autobiographie d’un malheureux qui, à trois ans, devient bossu par devant et par derrière, puis dartreux à vif, et que des charlatans brûlent avec de l’eau-forte, puis boiteux, puis cul-de-jatte, le récit sans récrimination, et terrible par cela même, d’un martyr de la fatalité, — morceau de papier, qui est encore la plus grande objection, que j’ai rencontrée dans ma vie contre la Providence et la bonté de Dieu. […] Le récit est un peu romanesque, mais je ne suis qu’un sténographe, et le donne tel qu’il sortit de la bouche de Gautier.

1495. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Nous ferons successivement paraître, avec le même soin et la même fidélité, les autres volumes dont voici les titres : Récits moraux et tragiques ; Mélanges et propos littéraires ; Le VIIe Livre des Stances, déjà connu, mais qui n’a pas encore été réuni à ses œuvres complètes ; nous y ajouterons des fragments d’Ajax et quelques vers inédits. […] Puis, dans l’avant-propos de son grand ouvrage achevé, on lit : « Et de faict que Paradin aye esté de ces gens qui croyent et escrivent legierement, je le pourrois verifier par le récit de plusieurs discours fabuleux, qu’il a employez et affirmez pour véritables dans ses escrits. […] Il y a de beaux vers dans ce récit : On t’a parlé du sphinx, dont l’énigme funeste Ouvrit plus de tombeaux que n’en ouvre la peste. […] Il était sur l’habitation de son beau-père, plaine de l’Artibonite, près le quartier Saint-Marc ; il mourut à la fin de juin 1790, âgé d’environ trente-huit ans…   J’eusse pu donner à ce récit du relief, en faire quelque chose de plus corsé, en un mot le rendre tout à fait horrifique.

1496. (1774) Correspondance générale

Ce résultat n’est pas tel, certes, que nous l’eussions souhaité ; mais nous sommes bien forcé d’arrêter là des investigations poursuivies pendant plus de trois années, et, sans vouloir fatiguer le lecteur du récit de nos déceptions ou des péripéties de nos recherches, nous citerons les noms de ceux qui se sont faits nos collaborateurs bénévoles. […] Au récit consolant de ces faits précieux. […] Au reste, et le maître et l’élève ont la tête tournée des bontés de Sa Majesté et des vôtres, et moi, je l’ai du récit qu’ils m’en ont fait. […] Monsieur, J’ai l’honneur de vous réitérer que dans l’affaire de la demoiselle Desgrey et de ses frères, je suis de la plus rigoureuse impartialité ; mais comme cette qualité ne suffit pas pour être juste et que je ne me consolerais pas d’avoir induit un juge en erreur, quand même j’aurais été de la meilleure foi du monde, pour plus de sûreté je me suis adressé aux hommes de ma ville les plus honnêtes, les plus éclairés, et j’ai eu la satisfaction de voir que leur récit s’accordait exactement avec ce que j’avais pris la liberté devons écrire. […] À propos, l’abbé Morellet nous est venu avec le récit de ses trente-six infortunes, c’était à crever de rire ; c’était la jérémiade la plus vile, la plus intéressée et la plus naturelle que vous puissiez imaginer, et cela sans que le Jérémie s’en doutât.

1497. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Il leur aurait tout au moins fallu le récit classique que justifie donc, dans certains cas, le procédé du maître moderne. […] En dehors du cinquième acte, où Thésée écoute le récit de Théramène, accablé et par conséquent assis, il n’y a qu’un moment dans la tragédie où l’on puisse supposer que Thésée prenne un siège ; c’est au commencement du quatrième acte. […] Il vient d’apprendre la mort violente de Jocaste et d’entendre le récit lamentable de l’attentat d’Œdipe sur lui-même. […] Écrites suivant les lois et les mètres de la poésie lyrique, les strophes étaient dansées, mimées et chantées ; ou du moins, pour être plus exact, tandis qu’on les récitait sur un rythme musical, on marchait en mesure en appuyant le récit lyrique de gestes appropriés. […] Tantôt elle agit directement sur l’esprit d’un personnage, tantôt elle prête sa voix à son âme émue et muette ; quelquefois, acteur elle-même dans le drame, elle évoque et dessine à nos yeux une image avec une puissance et une précision véritablement magiques et que n’atteindrait pas un récit littéraire.

1498. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

On sait, du moyen âge, plus d’un récit pieux dans lequel la Vierge, saluée et honorée, s’attache désormais, comme protectrice, au destin de l’âme qui, à elle du moins, s’est montrée fidèle.

1499. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Qu’il n’ait pas été quelquefois entraîné ainsi au-delà du but et n’ait pas un peu trop disséminé ses recherches, au point d’avoir peine ensuite à les resserrer et à les ressaisir dans son récit, je n’essaierai nullement de le nier ; mais il n’a pas moins poussé sa trace originale et vive, il n’a laissé à la paresse de ses successeurs aucune excuse ; et il ne sera plus permis après lui de faire les notices écourtées et sèches que quand on le voudra bien.

1500. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Que cette conception produise un poëme de six mille vers ou un récit de six lignes, le mérite est le même ; la conception primitive est la seule chose qui ait du prix.

1501. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

À cet égard, un voyage dans l’Inde serait le meilleur enseignement ; faute de mieux, les récits des voyageurs, des livres de géographie, de botanique et d’ethnologie tiendront la place.

1502. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Chaque récit est un prodige, et chaque prodige fait éclater sur sa harpe un cri de bénédiction.

1503. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Il y a une légère différence entre la saison sèche et la saison humide ; mais en général la saison sèche, qui dure de juillet en décembre, est entremêlée d’averses, et la saison humide, qui dure de janvier à juin, de jours de soleil. » III « Les récits des voyageurs nous entretiennent souvent du silence et de la sombre horreur de la forêt vierge.

1504. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Chapitre IV LXXIX L’aveugle, après avoir bu une goutte de mon rosoglio dans ma gourde, reprit le récit juste où la veuve l’avait interrompu …………………………………………………………………………………………………………………………………………… — Quand Hyeronimo remonta de Lucques le soir, bien avant dans la nuit, à la cabane, il nous raconta que les messieurs de Lucques avaient été pleins d’honnêteté et de caresses pour lui pendant tout le chemin, qu’ils s’étaient arrêtés dans toutes les osteries des gros villages qu’ils avaient rencontrés pour s’y rafraîchir d’un verre de vin, d’une grappe de raisin, d’un morceau de caccia-cavallo, sorte de fromage dur et brillant, comme un caillou du Cerchio, et que partout on l’avait forcé de se mettre à table avec eux et de boire comme un homme, jusqu’à ce que les yeux lui tournassent dans la tête et la langue dans la bouche, comme pour le faire babiller à plaisir sur Fior d’Aliza, sa cousine ; sur Léna, sa tante ; sur l’aveugle et sur sa famille.

1505. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

CLXXXV Je me sentais le cœur presque fendu en écoutant le récit de la fille du vieux galérien, séduite par sa reconnaissance, et du jeune forçat séduit par la liberté et par l’amour.

1506. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

CCXVIII Le frère termina son récit en prenant les pièces dans l’armoire.

1507. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

L’esprit de parti et l’esprit de secte sont parvenus à le décréditer aujourd’hui d’un dénigrement inique, mais cette œuvre n’en ressortira pas moins de cette éclipse comme le plus inaltérable monument d’érudition, de saine critique, d’impartialité historique et de récit sévère que le dix-huitième siècle ait légué à l’Europe.

1508. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Le récit des honneurs qu’on y rendit à ses cendres atteste à quel degré le culte des arts de l’esprit et de la main fanatisait les princes et le peuple à cette époque de renaissance et de réaction contre la barbare ignorance du moyen âge.

1509. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

C’est qu’il n’y a rien à comprendre — sinon que le diable est toujours méchant quoi qu’il fasse, et qu’il ne faut pas l’écouter, et qu’il ne faut pas l’aimer, encore que cela soit bien tentant… Si les récits sont vagues, que dirons-nous des simples notations d’impressions ?

1510. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Bourget, dont les derniers romans sont, en maint endroit, des récits piétistes.

1511. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Sa mère s’étonnait et souffrait de ses refus de se confier… Cette souffrance se peut mesurer à la joie qu’éprouve la pauvre femme un jour que sa fille, attendrie par l’absence (elle était alors en Angleterre), a bien voulu lui ouvrir un peu son cœur : « … Dans une vie aussi haletante que la nôtre, répond la mère, où prendre le temps d’un récit, d’une confidence ?

1512. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Un récit de la pomme eût fait tomber son Guillaume Tell ; la scène en action le fit réussir.

1513. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

. — Récit du désastre. — Bulletin de Salamine.

1514. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

C’était elle, selon les récits uniques, qui avait tué la Gorgone, dont la tête hérissée de reptiles béait au centre de son bouclier.

1515. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Il y avait un drame dans son récit, il en est sorti sans effort, comme la vie sort de la vie.

1516. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

[NdA] Toute cette partie de la lettre contient exactement le même récit qu’on lit dans une lettre à M. 

1517. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Puis se retournant vers son voisin de gauche, il lui prophétisait, dans un épouvantable récit, sa mort.

1518. (1772) Éloge de Racine pp. -

L’éloge du talent n’est-il donc jamais que le récit des injustices ?

1519. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Je vous ai raconté la vie de La Fontaine parce que je crois bien qu’il faut raconter même les existences dont le récit laisse une assez fâcheuse impression.

1520. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Son récit, commencé avec les événements du Portugal, va plus loin que la mort de Clément XIV.

1521. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

ce n’est pas toutes ces gaîtés de l’œil, de l’oreille, de l’esprit et du style, mais c’est l’impression profonde qui sort de tous ces autres contes, si tristes au fond : La Cervelle d’or, qu’on dirait de Heine ; Les Deux Auberges, qu’on ne dirait de personne que d’un homme qui sait l’horreur de l’abandon ; La Sémillante, ce récit poignant et sombre, La Sémillante, — qui ne sémille plus, engloutie avec son vieux berger, « encapuchonné et lépreux », qui lève avec sa main sa lèvre, tombant sur sa bouche muette, pour raconter l’affreux naufrage ; — L’Île des Sanguinaires, enfin, le plus original de tous ces contes, non pas le plus terrible, — car ce gracieux Daudet se permet le terrible, comme vous venez de le voir ; — L’Île des Sanguinaires, où se trouve exprimée, toute seule, la mélancolie physique de la solitude.

1522. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Ils renferment en même temps deux puissants arguments en faveur de la vérité du christianisme, qui dans l’histoire sainte ne présente aucun récit dont il ait à rougir.

1523. (1929) La société des grands esprits

Ce sont, si l’on veut, des récits inventés, des nouvelles, mais surtout des études sur Watteau, sur l’esprit spinoziste, d’ailleurs interprété aussi faussement que possible, sur l’influence française et la philosophie des lumières, l’Aufklaerung, dans l’Allemagne du XVIIIe siècle. […] Descartes dit un jour à Mlle de Schurmann que « lui-même ayant appris l’hébreu pour s’instruire dans le récit de Moïse de la nature du monde par la création, il s’était aperçu que le texte ne contient rien à cet égard qui soit exprimé de façon claire et distincte… En conséquence, il s’étonnait qu’elle employât son temps à une recherche inutile ». […] Il en va de même du récit de Beurrier, curé de Saint-Etienne-du-Mont, d’après qui Pascal aurait abjuré tout jansénisme sur son lit de mort. […] (Nous n’avons ni la lettre, ni le récit de la conversation, si c’en était une, où il la racontait...) […] Lorsque Pierre Gilbert avoue que la Bovary le fait bâiller, et prétend qu’elle ne prend pas une seule fois le lecteur aux entrailles, j’ai le droit de lui répondre tout bonnement que je ne m’en lasse point, et que je n’ai jamais lu le récit de la détresse finale et de la mort d’Emma sans avoir les larmes aux yeux, à défaut de ce goût d’arsenic que Flaubert avait dans la bouche en l’écrivant, comme Taine l’a rapporté dans son livre de l’Intelligence.

1524. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Le récit des amours de Prédern et de Marie est ravissant. […] Et ainsi Sainte-Beuve ferait, dans un récit écrit par un psychologue avisé, le personnage le plus curieux à mettre en face de George Sand elle-même. […] Il ignorait qu’en novembre-décembre 1788, Volney s’était lancé très vivement et même à corps perdu dans le mouvement populaire et, à Rennes, avait été le centre d’une agitation politique, dans laquelle il avait fait entrer très habilement Bretagne, Anjou et Touraine, s’occupant des gens de Quimper, des gens d’Angers, des gens de Rennes et des gens de Tours, rapportant leurs anciennes querelles, rééditant par allusions ou par récits les incidents locaux, relevant les plaintes et doléances anciennes et nouvelles, etc. […] Ainsi vous vous rappelez le développement si brillant qui interrompt à un moment donné le récit dans Les Pauvres Gens : Hélas ! […] L’auteur a tort d’écrire en les commençant : « Pour les amis d’Edmond de Goncourt et ceux-là seulement… » Cette relation simple, sobre, tout en étant minutieuse, sans déclamation, sans commentaires, qui ne compte pour émouvoir que sur « la seule simplicité d’un récit fidèle », comme dit Bossuet, est d’une rare puissance d’émotion.

1525. (1923) Au service de la déesse

Denys d’Halicarnasse et Diodore de Sicile ne recourent plus à Némésis que pour donner « une couleur antique et un air de noblesse » à leurs récits. […] Cependant l’abbé Prévost, ou du moins « l’homme de qualité » qui a reçu les confidences de des Grieux, prétend qu’il a rédigé cette histoire tout de suite après l’avoir entendue, de sorte que « rien n’est plus exact et plus fidèle que cette narration… Voici donc son récit, auquel je ne mêlerai, jusqu’à la fin, rien qui ne soit de lui ». […] Et, tout cela supposé, ce que l’abbé Prévost recueille d’un récit, l’on dirait, miraculeusement sauvé de l’oubli après tant d’années, ce n’est qu’un incident menu, de très petite importance, un détail de son roman, détail qu’il lui était facile d’inventer et à l’invention duquel le portait le cours naturel de son roman. […] On lit, dans le Journal des Goncourt, à la date du 23 octobre 1864 : « Je retire ceci, comme trop vrai, de mon manuscrit de Germinie Lacerteux, lors de ses couches à la Bourbe… » Suit l’atroce récit de l’opération dite césarienne, deux longues pages que les Goncourt avaient gaillardement écrites et qu’ils retirent. […] Vous-même, ne vous êtes pas cru le droit de laisser, dans votre roman de Germinie Lacerteux, le récit de l’opération césarienne, « trop vraie », vous l’avez bien senti, non pour un livre de médecine, mais pour un roman.

1526. (1881) Le roman expérimental

Il faut remarquer que, pour les besoins de la lutte, le drame romantique se faisait l’antithèse de la tragédie ; il opposait la passion au devoir, l’action au récit, la couleur à l’analyse psychologique, le moyen âge à l’antiquité. […] Ainsi, le premier chapitre de la Dévouée est simplement le récit d’une promenade de Michelle et de son parrain Barbelet, à travers les champs qui entourent les Moulineaux. […] Le goût n’est plus à ces courts récits, si délicats parfois, d’un art si achevé. […] L’idée que le roman tend à devenir une simple monographie, une page d’existence, le récit d’un fait unique, a paru monstrueuse et révolutionnaire. […] Au fond de ces longs récits, il n’y a que du vide.

1527. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Telle est l’imperfection des récits remaniés par Dryden d’après Chaucer ou Boccace. […] Quelle distance entre son récit de la mort d’Arcite et celui de Chaucer !

1528. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Et ce n’est pas sans raison que cette maxime est invoquée par Horace à propos du drame : aux époques primitives, quand les hommes se contentaient pour la vie pratique du langage audible, l’épopée, poème purement audible, était aussi la seule poésie ; dès qu’on l’a pu, l’écriture idéographique et les arts du dessin furent inventés, puis, bientôt après, le drame, sorte d’épopée visible et vivante qui est au poème épique ce qu’un dessin explicatif est à la parole ; comme il répond à un besoin réel et spécial de l’âme humaine, le drame remplit mal sa mission si, par des récits trop longs et trop fréquents, il retourne aux formes de l’épopée279 ; telle est spécialement l’idée qu’Horace voulait exprimer ; mais sa maxime avait une portée plus haute : le drame sans action, comme l’écriture en train de devenir phonétique, est un mode d’expression détourné de son but et qui perd sa raison d’être originelle. […] , p. 212 : le contexte exact est une discussion sur le drame et ce qu’il convient ou non de représenter sur scène ou d’écarter des yeux du spectateur par le simple récit d’un témoin : « Ou l’action se passe sur la scène, ou on la raconte quand elle est accomplie (v. 179).

1529. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

3 juillet Un récit de guerre. […] Ils racontent que les Prussiens sont au nombre de cent mille dans le bois de Meudon, que le corps de Vinoy a été dispersé comme les grains de plomb d’un coup de fusil… On sent dans ces récits la démence de la peur, les hallucinations de la panique. […] Et la discussion est interrompue par le récit d’un déjeuner de Bertrand, le mathématicien, au plateau d’Avron, au moment où l’on donnait l’ordre de détruire le mur crénelé de la Maison-Blanche, et où l’on supputait que l’opération coûterait une douzaine d’hommes.

1530. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

ou votre récit n’était-il qu’une fable adroite ?

1531. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

On peut lire, au tome IV des Mémoires d’outre-tombe (1re édition, 1849), les touchants détails de cette mort et le récit des funérailles que Chateaubriand fit à Mme de Beaumont dans l’église Saint-Louis des Français.

1532. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Et cependant, pour en revenir aux considérations qui ouvrent ce récit et qui doivent le clore : quelle est la plus grande de cette femme de bruit ou d’une femme de silence, voilant jusqu’à son âme de la chaste pudeur de son sexe, renfermée dans l’ombre de son pauvre foyer conjugal, entre un époux qu’elle aime, des enfants qu’elle élève, des vieillards qu’elle honore, des infirmes qu’elle soulage, des misères qu’elle nourrit, des talents même qu’elle sacrifie à d’humbles devoirs ?

1533. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

XXVIII Le récit circonstancié de cette captivité et de cette conspiration de dix-neuf ans, intéressant dans une vie, est monotone pour l’histoire.

1534. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Le jour où cette indépendance, qui ne peut pas être éloignée et que les hommes de philosophie libre désirent ardemment, sera venue, ce jour-là seulement l’influence définitive de Voltaire sera fixée, et il ne restera de son nom et de son œuvre que ce qui doit en rester pour l’immortalité, c’est-à-dire : Un poëte lyrique sans flammes, sans ailes, sans enthousiasme ; Un poëte dramatique doué d’une certaine illusion théâtrale, mais d’un style au-dessous de Corneille, de Racine, style de parterre, qu’on peut entendre avec plaisir, mais qu’on ne peut relire avec admiration ; Un poëte badin au-dessous d’Arioste ; Un poëte familier égal à Horace ; Un historien inférieur à Thucydide, à Tacite, à Gibbon, à Montesquieu, sans profondeur dans les jugements, sans pathétique dans les sentiments, sans couleur et sans chaleur dans le récit, mais clair, rapide, sensé, judicieux, élégant, sincère, instruisant beaucoup, amusant toujours, ne trompant jamais son lecteur ; Un écrivain de lettres familières, tel qu’il n’en parut jamais dans l’antiquité ou dans les temps modernes, supérieur à Cicéron en facilité de style, égal en charme, en souplesse, en naturel à madame de Sévigné elle-même, féminin par la grâce, viril par le grand sens de ses lettres ; c’est là qu’il faut le chercher tout entier, ses imperfections sont dans ses œuvres, son génie est dans sa correspondance ; homme à la toise de beaucoup d’autres hommes si on le mesure quand il est vêtu, homme incommensurable en déshabillé ; Un polémiste dont on ne peut comparer l’éloquence aux éloquences de Cicéron, de J.

1535. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Il lui fera remarquer ensuite le peuple juif, et ce livre, qui est son histoire, sa loi, sa religion : là l’homme trouvera le récit de la chute d’Adam ; et cette idée d’une nature d’abord excellente, puis déchue par le péché, illuminera les contradictions qu’on aura d’abord relevées.

1536. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

On dirait plutôt l’humeur pacifique d’un homme de bien, qui veut tout au plus humilier les opinions superbes du récit de leurs contradictions, et apaiser les esprits par l’histoire des excès où l’on tombe en abondant trop dans son sens.

1537. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

On nous donnait à faire des récits du moyen âge qui se terminaient toujours par quelque beau miracle ; j’abusais déplorablement des guérisons des lépreux.

1538. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

L’anticipation — une « préminiscence » comme dans Euryanthe 85 — du thème de la Marche du Sacre du Prophète : « Le voilà le Roi Prophète » du quatrième acte dans le récit du Songe, est d’un effet des plus ingénieux, de même que le retour, dans les violoncelles, de la Pastorale du second acte dans la scène de la tente, devant Munster : « Je veux revoir ma mère chérie », L’emploi du Psaume latin rappelle, comme motif caractéristique des trois Anabaptistes, celui du choral de Luther dans le rôle de Marcel.

1539. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

C’est un récit, exquisément joli, de l’aventure de Lohengrin et d’Elsa de Brabant.

1540. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Le récit de ce que vous avez fait vous-même, Monseigneur, figurera à son tout avec éclat dans cette intéressante Collection.

1541. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Vous souvient-il de cette dame galante de Brantôme qui, au récit des licences et des saturnales de Venise, s’écrie, avec une mélancolie hystérique : « Hélas, si nous eussions fait porter tout nostre vaillant en ce lieu-là par lettre de banque, et que nous y fussions pour faire cette vie courtisanesque, plaisante et heureuse à laquelle toute autre ne saurait approcher, combien nous serions emperières de tout le monde ! 

1542. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Il entremêle son récit de détails sur la vie des habitants, sur leurs habitudes, sur les mouvements d’âme de ces infirmes, sur les originaux de l’endroit, des détails enfin, avec lesquels un romancier ferait un original et neuf début d’une existence.

1543. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Lucrèce, à qui il faut bien toujours revenir (car c’est le maître dans ce grand art de la poésie scientifique), a lui aussi des morceaux d’une abstraction redoutable, comme quand il définit l’espace et le mouvement, quand il décrit la formation du monde par les atomes, ou qu’il analyse les simulacres qui expliquent la perception ; mais avec quel art il appelle à son aide d’éclatants épisodes, de grands tableaux, de longs récits comme tout le cinquième livre, où il raconte à sa manière la formation de la terre, l’éclosion de la vie, l’histoire des sociétés humaines !

1544. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Qu’est-il besoin de rappeler ces Causeries qui n’ont qu’à se ressembler pour devenir d’excellents livres ; ces Caractères qui, plus heureux que ceux de La Bruyère, ont le mérite d’être aussi des Portraits ; ces Cours de littérature improvisés pour des élèves, et où des maîtres habiles viennent puiser leurs inspirations ; ces Études sur l’antiquité grecque, dont l’Allemagne n’a pu surpasser l’érudition, ni égaler le goût et la délicatesse ; enfin ces braves petits livres qui prennent un peu témérairement le titre d’Histoires littéraires, mais dont plusieurs justifient presque leur audace par l’étendue de leurs recherches, la modération de leurs jugements, l’heureuse combinaison des faits et la forme intéressante du récit.

1545. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Trop épique, je veux dire par là que des événements étrangers, et plutôt parallèles que connexes à l’action, y tiennent trop de place, comme la bataille de Rodrigue contre les Maures, dont le récit, à mon sens, fait hors-d’œuvre dans la pièce. […] Et qu’est-ce encore que le récit de Théramène, sinon comme qui dirait un récitatif de grand opéra ? […] Je ne parle pas, Mesdames et Messieurs, du récit de Théramène ! […] Il ne vaut ni plus ni moins que tant de romans du même genre et de la même époque… En possession de son sujet, notre dramaturge commence par dégager de l’interminable récit du romancier tout ce qu’il peut retenir de violences, de meurtres ou d’assassinats, choses sanglantes, choses tragiques donc, choses pathétiques, à ce qu’il croit, par essence ou par définition. […] Vous allez tout à l’heure voir jouer le Jeu de l’Amour et du Hasard ; jeudi prochain, vous entendrez Zaïre ; permettez-moi de remettre, ici, sous vos yeux, le récit de l’ensevelissement de Manon : Mon âme ne suivit pas la sienne.

1546. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Houssaye ne l’a point dépassé en ceci, et si la clarté n’est pas plus complète, la limpidité plus continue dans les récits de M.  […] Si vous aimez qu’un récit, tout en étant l’exactitude même, soit dramatique comme la plus poignante tragédie, c’est dans M.  […] Il existe des problèmes sociaux atroces ; les romanciers s’en emparent pour en faire des récits aimables ; nous éprouvons beaucoup de plaisir à lire ces récits ; mais nous nous en voulons de ce plaisir. […] Un conte n’est pas une confidence d’un auteur, à l’ordinaire ; mais si, au cours d’un conte, l’auteur se met à nous parler de lui, la matière du conte n’est pas chose d’une telle importance que nous soyons stupéfaits ou irrités d’entendre l’auteur, interrompant son récit, nous rapporter ses petites affaires.

1547. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Si l’on ne voulait pas de mots propres dans les vers, on y supportait aussi fort impatiemment les épithètes, les métaphores, les comparaisons, les mots poétiques enfin, — le lyrisme, pour tout dire, ces échappées rapides vers la nature, ces élans de l’âme au-dessus de la situation, ces ouvertures de la poésie il travers le drame, si fréquentes dans Shakespeare , Calderón et Goethe, si rares chez nos grands auteurs du dix-septième siècle, que tout le théâtre de ce temps ne fournit que ces deux vers pittoresques, l’un de Corneille, l’autre de Molière, le premier dans le récit du Cid, le second dans les propos d’Orgon revenant de voyage et se chauffant les mains devant le feu. […] La Légende du calife Hakem, l’Histoire de Belkis et de Salomon montrent à quel point Gérard de Nerval s’était pénétré de l’esprit mystérieux et profond de ces récits étranges où chaque mot est un symbole ; on peut même dire qu’il en garda certains sous-entendus d’initié, certaines formules cabalistiques, certaines allures d’illuminé qui feraient croire par moments qu’il parle pour son propre compte. […] Cependant, à travers cette combustion intérieure dont la flamme n’apparaissait que rarement au dehors, il faisait des récits de voyages, des promenades humoristiques, des nouvelles, des drames, des articles de journaux d’une fantaisie charmante et mesurée, d’un style fin et doux, d’une nuance argentée, car il s’abstint toujours des violentes colorations dont nous avons tous plus ou moins abusé, et le seul défaut qu’on puisse peut-être lui reprocher, c’est trop de sagesse. […] Paul Meurice un rôle long, difficile, à transformations multiples, que nul n’eût pu rendre comme lui, et enfin il eut ce bonheur, après bien des traverses dramatiques, de mourir en pleine lumière, à la suite d’un succès qui fit voir à la jeune génération surprise ce qu’était ce Bocage dont nous lui faisions des récits.

1548. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Enfin tout à fait sérieusement, ce qui se marque à ce que Platon tient à excuser ce qu’il attaque et à donner la raison d’être de ce que du reste il condamne, il parle ainsi de la mythologie tout entière : « Qu’on n’entende jamais dire parmi nous que Junon…, ni raconter tous ces combats des Dieux inventés par Homère, qu’il y ait ou non des allégories cachées sous ces récits ; car un enfant n’est pas en état de discerner ce qui est allégorique et ce qui ne l’est pas, et tout ce qui s’imprime dans l’esprit à cet âge y laisse des traces que le temps ne peut effacer… » Ici Platon dit tout en très peu de mots, contrairement à ses habitudes. […] Tout le genre d’attrait que je vous promets et que vous promet la manière et le ton de mes premières pages, c’est une peinture d’intérieur vraie, curieuse et un récit bien mené. […] En certain temps il a été jusqu’à croire (au xviie  siècle, au xviiie  siècle) que les plus anciens poèmes épiques connus n’étaient que des récits inventés pour démontrer quelque chose, n’étaient que de vastes fables et de grands apologues établis en vue de mettre en lumière une grande vérité morale. Cependant, parce que le poème épique est lointain, parce qu’il est légendaire, parce qu’il nous montre des personnages appartenant à une autre civilisation que la nôtre, surtout parce qu’il est un récit et qu’un récit met toujours plus loin de nous les personnages présentés que ne ferait un poème dramatique, la foule, encore que très sévère sur la moralité générale du poème épique, lui passe assez facilement quelques choses insuffisamment satisfaisantes à cet égard et se contente assez communément que le poème épique ne blesse pas les mœurs et fasse vivre des personnages d’une certaine élévation.

1549. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Le style dont nous parlons ici, est indispensable dans les situations passionnées : celui d’imagination y serait déplacé ; il faut le réserver pour les descriptions, les récits, et tout ce qui n’est point mouvement. […] Terreur, grand effroi causé par la présence ou par le récit de quelque terrible catastrophe.

1550. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

L’artiste moderne Mon cher M***, quand vous m’avez fait l’honneur de me demander l’analyse du Salon, vous m’avez dit : « Soyez bref ; ne faites pas un catalogue, mais un aperçu général, quelque chose comme le récit d’une rapide promenade philosophique à travers les peintures. » Eh bien, vous serez servi à souhait ; non pas parce que votre programme s’accorde (et il s’accorde en effet) avec ma manière de concevoir ce genre d’article si ennuyeux qu’on appelle le Salon ; non pas que cette méthode soit plus facile que l’autre, la brièveté réclamant toujours plus d’efforts que la prolixité ; mais simplement parce que, surtout dans le cas présent, il n’y en a pas d’autre possible. […] On y cherche le sens des mots, la génération des mots, l’étymologie des mots ; enfin on en extrait tous les éléments qui composent une phrase et un récit ; mais personne n’a jamais considéré le dictionnaire comme une composition dans le sens poétique du mot.

1551. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Eh bien, malgré cela, son récit me grisait. […] L’excellent Ribadeneira commence son pieux récit en ces termes : « Les peines du mariage sont si grandes, et son fardeau si lourd, qu’il est impossible de les supporter sans le secours de la grâce divine ; et quand le mari est grossier, cruel et plus brutal qu’humain, c’est un joug intolérable à une femme. […] C’est leur songe d’Athalie ou leur récit de Théramène…   Paris, 22 juillet.

1552. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Il me semble impossible, après Freud, qu’il puisse se passer d’imaginer pareillement à l’avance, même s’il ne doit pas en dire un mot au cours de son récit, (son récit peut même avoir pour but seulement de la suggérer) la situation sexuelle de chacun et sa relation — vous comprenez que je prends le mot dans son sens le plus général — au point de vue sexuel avec les autres. […] Combien de gens ont raconté leur enfance, ont travaillé à nous émouvoir par le récit de leurs émotions passées, ou par des descriptions détaillées du milieu où ils ont grandi !

1553. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

La profanation est encore plus sensible ; car, sans vouloir citer Horace, la representation des choses frape bien plus que le simple récit. […] Ils ont l’avantage de commencer tous deux comme l’odissée, par le milieu de l’action, et de satisfaire la curiosité sur le reste, par des récits ingénieusement amenez. […] Aussi ai-je crû que le poëme, à parler en général, ne devoit être que le récit d’une seule action.

1554. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

XI Lisez le charmant récit des deux enfants délivrés du ventre de l’éléphant, et, après la mort de leur protecteur, le petit Gavroche, retrouvant la Providence au bord d’un bassin du Luxembourg.

1555. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Le Lépreux, à la fin de ce récit, couvrit son visage de ses mains ; la douleur ôtait la voix au voyageur.

1556. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« Montesquieu, touché du récit de ce jeune homme et de l’état de cette famille intéressante, s’informe du nom du père, du nom du maître auquel il appartient ; il se fait conduire à terre, donne au batelier sa bourse qui contenait seize louis d’or et quelques écus, et s’échappe… Six semaines après, le père revient dans sa maison.

1557. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

On le fit ; cela eut un succès que l’on a vu ; on continua47. » Que de choses édifiantes dans ce récit !

1558. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Des récits fictifs, des manières de romans édifiants ont servi de preuve à la logique, peu rigoureuse, des sentiments.

1559. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Mais nous y trouvons agrandis les défauts de la troisième manière du maître ; longueur des récits et monotonie fatigante, dans la répétition des mêmes motifs, malgré la puissance du développement orchestral.

1560. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Le Montagshlatt de Berlin du 25 publiait le récit suivant :   … L’empereur ayant demandé à l’un de ses officiers des nouvelles de la Société Philarmonique, l’Excellence expliqua qu’un compositeur français de grand talent, Saint-Saëns, qui n’est pas seulement très anti-allemand, mais qui s’est exprimé ces derniers temps avec énergie, oralement et verbalement, contre tout ce qui est allemand et aussi contre la musique allemande, jouerait ce soir au concert de la Société Philharmonique, et que des démonstrations étaient possibles, d’autant plus que la presse avait signalé plusieurs fois l’attitude de M. 

1561. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Tantôt l’excitation nerveuse se transforme simplement en mouvements cérébraux, corrélatifs d’une agitation de l’esprit ; c’est ce qui a lieu, par exemple, quand un enfant écoute un récit qui l’intéresse et l’émeut.

1562. (1914) Boulevard et coulisses

Le lendemain matin, je me précipitai sur le Gaulois et, en tête du journal, à la place de mon article, je lus un récit de l’expulsion de tous les rédacteurs du Gaulois par suite d’un désaccord antérieur entre Arthur Meyer et l’administration financière du journal.

1563. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

“Les réfléxions philosophiques, dit M. d’Alembert, sont l’ame & la substance de ce genre d’écrits ; tantôt on les entremêlera au récit avec art & briéveté ; tantôt elles seront rassemblées & développées dans des morceaux particuliers, où elles formeront comme des masses de lumiere qui serviront à éclairer le reste.

1564. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Un tel livre vaudrait bien le récit des amourettes de M. 

1565. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Froissée par le spectacle de la réalité, l’imagination de Mme de Staël se reporte avec attendrissement vers des créations meilleures et plus heureuses, vers des peines dont le souvenir du moins et les récits font couler nos plus douces larmes. […] Le poëte danois Œlenschlæger a raconté en détail une visite qu’il fit à Coppet, et il y parle du bon Werner en ce sens ; nous emprunterons au récit d’Œlenschlæger quelques autres traits : « Mme de Staël vint avec ponté au-devant de moi, et me pria de passer quelques semaines à Coppet, tout en me plaisantant avec grâce sur mes fautes de français.

1566. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

. — Au moment de sa mort, « son âme, naturellement chrétienne, se tourna vers le Ciel… Il pria pour ses parents, les nomma tous et ne plaignit qu’eux. » Un passage du récit rend avec beauté ce tableau des morts chrétiennes dont on était désaccoutumé depuis si longtemps en notre littérature, et que le génie de M. de Chateaubriand, quelques années après, devait remettre en si glorieux et si pathétique honneur : « L’orage de la Révolution avait poussé jusqu’à Turin un solitaire de l’ordre de la Trappe. […] Il est bon, en histoire, de contrôler les récits l’un par l’autre, de se placer tour à tour sur chacun des revers des monts.

1567. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

ad eventum festina, et si le dénouement tarde trop, ou de la démonstration ou du récit, nous brûlons les pages. […] Impur, c’est trop évident, le sujet ou le sommaire du poème ; mais aussi le sens de chaque phrase, la suite logique des idées, le progrès du récit, le détail des descriptions et jusqu’aux émotions directement excitées.

1568. (1881) Le naturalisme au théatre

pour lui emprunter davantage sa rhétorique, son système de confidents, de déclamation, de récits interminables ; mais pour revenir à la simplicité de l’action et à l’unique étude psychologique et physiologique des personnages. […] Est-ce que surtout le fameux récit de Théramène est de la synthèse ? […] Mais ce qui m’a plus frappé encore, c’est la façon dont il dit le long récit de son évasion. […] Il baisse la voix, comme si l’on pouvait l’entendre ; il dit le récit sur le même ton voilé, en s’animant pourtant, en finissant par rire d’avoir si bien trompé les gardiens. […] Un premier acte très large, le Sénat assemblé pour délibérer après la défaite de Cannes, et l’arrivée de Lentulus, qui raconte la bataille dans un long récit fortement applaudi.

1569. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Je connaissais par ses récits tous les détails de l’intérieur de Clichy, cette Paphos de cette divinité, ce sanctuaire où toute l’Europe élégante en 1800 allait s’enivrer de la vue de Juliette ; son visage, ses expressions, ses formes, son costume, ses poses, ses langueurs, ses évanouissements pittoresques à une certaine heure de la soirée, où elle défaillait entre les bras de ses femmes, où on l’emportait toute vêtue sur son lit antique, où elle revenait à elle au parfum des eaux de senteur ruisselant sur ses blonds cheveux dénoués, et où les convives de la soirée défilaient ravis devant tant de charmes, attendris par tant de défaillances, mignardises de l’adolescence, de l’amour et de la mort.

1570. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Le récit de cette épopée d’un aventurier de génie, écrit par le héros et par l’auteur, est le poème de la démocratie tout entière.

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