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1276. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Ce qui, chez l’un, découle d’un amour savant et puissant de la forme est produit, chez l’autre, par l’intensité et par la spontanéité de la passion.

1277. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

C’est lui qui a enseveli dans la pourpre celle à qui les Muses ont accordé leur dernier sourire, cette savante et chaste

1278. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Stockmann s’isole de sa petite ville ignorante, intolérante et égoïste ; mais il ne s’isole pas d’une société supérieure et idéale, celle des savants, des médecins dont il a reçu l’enseignement et dont il garde l’esprit.

1279. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

XII Mais passons à des exemples moins artificiels ; pour nous rendre compte de la définition implicitement admise par les savants, voyons-les à l’œuvre et cherchons suivant quelles règles ils recherchent la simultanéité.

1280. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Qui aura, dans des siècles, le plus servi l’humanité, du patriote, du libéral, du réactionnaire, du socialiste, du savant ?

1281. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Ces derniers sont à plaindre, sans doute, comme dévoyés de la droite méthode de l’esprit humain ; mais ils reconnaissent au moins le but idéal de la vie ; ils peuvent s’entendre et jusqu’à un certain point sympathiser avec le savant.

1282. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Les choses de la matière, pour parler avec Molière, agissent souvent Sur les productions d’esprit et de lumière, et l’historien n’a pas le droit de dédaigner, comme faisaient les Femmes Savantes, la partie animale si intimement liée à la partie spirituelle.

1283. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Aux écrivains que nous avons cités, il aurait fallu ajouter leurs disciples et même leurs critiques ; mais surtout ces savants — physiciens ou naturalistes — qui ont traité avec une grande compétence plusieurs points de psychologie.

1284. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Elle a embrassé en France toutes les connaissances humaines ; elle a rangé sous ses lois les sciences et les savants ; et dans les occasions où ceux-ci n’ont pu avoir les femmes pour interlocuteurs, ils ont voulu les avoir pour témoins de leurs discussions12.

1285. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Quelques savants ont eu la même hardiesse ou le même scrupule.

1286. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Cet homme solaire, ce sera tantôt le savant, tantôt le voyant, tantôt le calculateur, tantôt le thaumaturge, tantôt le navigateur, tantôt l’architecte, tantôt le mage, tantôt le prophète, tantôt le héros, tantôt le poëte.

1287. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

À cet habile subterfuge de l’école matérialiste, il me semble que le duc de Broglie a très pertinemment répondu, dans son savant examen de la philosophie de Broussais73 : « Il ne s’agit point, dit-il, de savoir comment on pense, mais mais qui est-ce qui pense ; ce n’est pas la question du quomodo, c’est la question du quid.

1288. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

D’ailleurs, s’il goûtait peu la philosophie savante, il portait en lui-même une philosophie naturelle, non systématique, mais toute vivante, et partout présente dans ses écrits, la philosophie de l’âme, de la dignité humaine, de la liberté.

1289. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Cette question correspond encore, en hautes sciences, à certains autres problèmes, fort connus des savants, mais que les poètes se font ordinairement gloire d’ignorer.

1290. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

… La Fontaine savait que madame de la Sablière, non seulement avait oui parler de la philosophie, mais il savait qu’elle y était même très-versée ; en effet, elle la connaissait mieux que La Fontaine ; mais elle craignait de passer pour savante.

1291. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

« Si l’Écriture, dit saint Grégoire-le-Grand, renferme des mystères capables d’exercer les plus éclairés, elle contient aussi des vérités simples, propres à nourrir les humbles et les moins savants : elle porte à l’extérieur de quoi allaiter les enfants, et dans ses plus secrets replis, de quoi saisir d’admiration les esprits les plus sublimes.

1292. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Est-ce qu’il est si nécessaire qu’il y ait un grand nombre de savants ?

1293. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Cependant, parce que celle-ci ne subsiste plus, il n’est pas dit pour cela que tout soit soudainement arrêté dans la machine d’un peuple, plus savante que les machines de l’homme, et qui va longtemps encore après que son grand ressort est brisé.

1294. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

On y parlait, au début, de Platon et des siens, et le pauvre rédacteur, épris d’antiquité, disait élégamment : « Lorsque les brises de la mer Égée parfumaient l’atmosphère de l’Attique, quelques hommes, préoccupés de l’éternel mystère, venaient, dans les jardins d’Acadème, se suspendre aux lèvres de Platon, etc. » Buloz prit peur de cette phrase comme de la plus audacieuse hardiesse, et de sa patte dictatoriale et effarée il supprima le tout et mit à sa place ; « Il y eut aussi dans la Grèce des sociétés savantes. » Une autre fois, dans une étude sur la mystique chrétienne, on disait : « L’amour de la vérité cherche celle-ci dans les solitudes intérieures de l’âme » ; mais Buloz, qui ne connaît pas les solitudes intérieures de l’âme, traduisit d’autorité : « Les esprits curieux fuient les embarras des villes », qu’il connaît !

1295. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Et précisément, en acceptant tout cela, l’historien a fait saillir davantage le côté inspiré d’un homme qui n’avait pas la science, disent les savants, et qui a toujours agi comme la science et une science infaillible aurait agi ; et c’est ainsi que sur les diminutions historiques de la grandeur humaine de Colomb il a élevé et plus solidement établi l’homme providentiel !

1296. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Gaston Boissier a touché, à travers celui qui donnait le nom à son livre, un sujet pour lequel il n’avait pas les mains qu’il fallait, — des mains savantes d’une autre science que la sienne, compétentes, théologiennes.

1297. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Un juif portugais, savant dans la cabale, nommé Martinez Pasqualis, avait fondé, en 1768, la secte des Martinistes, « vouée aux œuvres violentes de la théurgie », et c’est de cette école que Saint-Martin fut le fils, mais bientôt le fils dissident.

1298. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

C’est la tentative suprême de l’école de la Forme par la main d’un de ses meilleurs ; suprême, en effet, car on peut défier d’aller plus loin dans la vacuité de l’expression poétique et savante, de l’expression pour l’expression.

1299. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Gustave Flaubert a entouré sa madame Bovary, n’est pas de cette venue hardie et savante.

1300. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Après le diplomate, nous avons vu le savant ; avec le stoïcien, le berger.

1301. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Que ceux qui croient que les recherches que fait un savant, la suite de travaux matériels auxquels l’oblige la découverte d’un texte, la poursuite d’une étymologie, émoussent la jeunesse de son cœur et y tuent le sentiment et la grâce, prennent ce livre et se détrompent. […] Sous ce toit où, disait un de ses habitués, il s’est vidé pour plus de cent mille francs de vin de Champagne à un franc cinquante la bouteille, a défilé tout ce que la bohème des artistes, des étudiants, des savants, a engendré de plus varié. […] Il ne faut jamais demander à un savant les secrets de l’univers qui ne sont point dans sa vitrine. […] « Parmi beaucoup d’autres, vous attendiez le bon plaisir de l’acheteur — et l’on eût dit quelque marché d’esclaves au pays de Lilliput, retrouvé soudain, dans les fouilles, par des savants à besicles. […] Il y a du Paul de Kock dans ce livre écrit par un modeste savant qui fut le grand ennemi du misérable Carrier, de Nantes, qu’il combattit très courageusement.

1302. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Et, d’abord, ce mot, « guerre inexpiable », lui ouvre à l’infini le champ des cruautés inouïes, des supplices savants, des sacrifices exceptionnels réclamés par les divinités sanguinaires de l’Orient. […] Sa phrase est savante, mais il a le tour pédant. […] Or, tout en savourant une aile de perdreau, le savant me communiquait ses projets d’amélioration sur le Jardin des Plantes de Toulouse, dont il est le directeur. […] Le savant eut un sourire imperceptible, et, se penchant vers moi : « Ce monsieur, dit-il à voix basse, émet une balourdise qui me fait songer. […] Leconte de Lisle une traduction de Théocrite, très précise et très savante, et nul plus que moi ne prise ce beau travail.

1303. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Ticknor par nous consulté, Cambouliu, dont nous invoquâmes l’autorité28, n’apportèrent aucun éclaircissement bien satisfaisant à nos recherches, lorsque, sur le début de 1880, un de nos amis, le savant professeur barcelonais, M.  […] En outre, un savant mémoire lu à l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, par le Premier Président Aragon, est venu, au dernier moment, compléter les sources de notre article, jusque-là rédigé d’après des documents étrangers. […] Un autre élément de succès fut, ainsi que le remarque fort bien le savant professeur, cette subtilité, cet amour d’une certaine pédanterie scholastique, ce jeu d’inversion, ce goût pour l’hyperbole, l’énigme et le concepto, qui font aujourd’hui tomber de nos mains les œuvres où nous rencontrons de semblables qualités. […] Après avoir montré comment, d’après les théories du savant Helléniste, la Grèce, puis l’Italie, et après elle, l’Espagne ont dominé l’Europe, Valera combat les idées que Menendez a exposées dans la Ciencia española sur les causes de la décadence de l’Espagne dès la fin du xvie  siècle. […] » À quoi bon aussi la savante, l’inexcusable musique de Berlioz, de Wagner, de Chopin ?

1304. (1898) Essai sur Goethe

Il se donne raison contre tous : de même que les résistances des corps savants n’ébranlent point sa foi en sa théorie des couleurs, il demeure fidèle à sa philosophie qui semble un anachronisme. […] Goethe se fit donc de son égoïsme une théorie à la fois raisonnée et poétique, savante et spécieuse : c’est ainsi qu’il le changea en olympisme. […] Les savantes annotations de M.  […] Cette œuvre, qui fut si longue à mûrir, est une œuvre de belle ordonnance, savante et forte, « classique » de parti pris, dans ses formes régulières, dans la sévérité voulue de son dénouement. […] Kotzebue ourdit un complot très savant pour exciter la jalousie dans des âmes qu’il juge d’après la sienne : il en est pour ses vilains calculs.

1305. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Les philosophes les plus savants, les plus rigides et les plus considérés de son temps, voilà les amis constants de Sénèque. […] Je vais supposer ici, avec le savant et judicieux éditeur de la traduction de Sénèque68, que cet ouvrage est du philosophe, en attendant que je puisse exposer les raisons très-fortes que j’ai de croire le contraire69. […] Un pieux et savant ecclésiastique prussien publia, il y a quelques années, la vie de ce philosophe : aussitôt des cris s’élevèrent ; l’on persuada aux peuples que leur pasteur était païen, et le pauvre curé n’eut plus un enfant à baptiser. […] Le savant et pieux évêque de Freisingen, Othon, regardé Sénèque moins comme un philosophe païen que comme un chrétien : Lucium Senecam non lam philosophum quam christianum. […] Carter, savant antiquaire anglais, nous apprend dans son Voyage de Gibraltar à Malaga, qu’il subsiste encore en Espagne des monuments élevés à la mémoire de Sénèque.

1306. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

C’est l’opinion, le jugement motivé d’un savant que nous demandons ici. […] Cette question appartient aux savants ; celle-ci appartient aux médecins ou aux physiologistes. […] Franceson, dans une dissertation savante, mais confuse et incomplète, a trouvé dix passages en tout du roman de Le Sage copiés librement, c’est-à-dire imités, traduits ou réduits de celui d’Espinel. […] C’est comme si le savant expérimentait pour expérimenter, sans chercher dans son expérience la confirmation ou la contradiction d’un résultat prévu ou au moins soupçonné. […] Ce serait sans doute un excès de pruderie que de reprocher à la Marianne de Marivaux ce qu’elle dit d’ingénieux, ou plutôt de savant, sur l’esthétique de la parure féminine.

1307. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Ils disent qu’ils ont apporté aux jeunes un outil savant, parfait, avec des rimes sonores et une langue riche et pure, et ils trouvent outrageant que ces jeunes refusent de s’en servir, voulant en créer un nouveau et bien à eux. […] Il a créé la paléontologie et n’en reste pas moins un fort grand homme, quoiqu’il soit démontré par les savants de l’heure présente que ses prémisses étaient erronées et ses déductions fausses. […] qu’on n’avoue pas, — contre le Parnasse et le naturalisme, c’est la difficulté des moyens esthétiques de ces écoles, notamment la savante complication de la langue, que l’on ne parle pas ainsi qu’on bave. […] Des tentatives véritablement remarquables ont déjà été faites dans le sens que je vous indique, et je vous citerai l’exemple de Rosny, qui a su mettre en œuvre, comme artiste, une belle intelligence de penseur et de savant. […] En voulez-vous un autre, d’exemple, de mesure brisée, de souplesse, de l’infinie variété de coupe à laquelle se peut prêter le vieil alexandrin manié par une main savante ?

1308. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Ce fatalisme, d’ailleurs, est savant. […] Tant de rigueurs à la fin, soutenues, savantes, implacablement méditées, nous révoltent. […] Flaubert retrace si au long les révoltes furieuses, les savantes jouissances et les rassasiements de la volupté charnelle. […] C’est une bonne fortune pour les connaisseurs et les savants que ces Mémoires soient restés inédits du vivant de l’auteur. […] C’est pourquoi, m’aidant de l’édition définitive de ses Mémoires, donnée par le savant M. 

1309. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

C’est une question pour les jardiniers et pour les savants qui connaissent les amours des plantes. […] Laissez aux savants la science, l’orgueil aux nobles, le luxe aux riches ; ayez compassion des humbles misères ; l’être le plus petit et le plus méprisé peut valoir seul autant que des milliers d’êtres puissants et superbes. […] Ce n’est rien que de vivre ; c’est peu que d’être puissant, savant, illustre ; ce n’est pas assez d’être utile.

1310. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

C’est ainsi que les savants raisonnent dans leur cabinet, mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans la nature. […] De son côté, le philosophisme, qui avait aussi accès dans la presse, et qui remplissait les corps savants et l’administration, cherchait à rendre coup pour coup, et à irriter l’empereur contre le Journal des Débats. […] Le savant professeur ne vous le dira pas ; il l’ignore, et il a le courage de dire hautement qu’il l’ignore. […] » l’historien de la philosophie peut, à plus juste titre encore, s’écrier, après avoir raconté les erreurs surprenantes des plus savants philosophes, que la science, comme la grandeur, n’appartient qu’à Dieu. […] Cuvier, ce savant illustre, trouvera pour louer le poëte, à son entrée à l’Académie, une âme et une imagination de jeune homme ; M. de Lamartine à son tour s’inspire des leçons de M. 

1311. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

C’est peut-être un ridicule plus grand d’avoir fait de la naïve et tendre Zaïre une pédante qui disserte sur l’influence de l’éducation, qui sait la géographie et l’histoire, qui parle du Gange et de la religion des Indiens ; il est moins étonnant, après cela, qu’Orosmane vienne, le jour de ses noces, étaler à une maîtresse si savante son érudition politique sur les califes et sur la situation de l’Orient. […] Une autre disparité bien frappante, c’est que Clytemnestre n’est que mère ; elle n’est ni si savante ni si philosophe que la femme du mandarin Zamti ; elle ne disserte pas aussi doctement sur l’égalité, sur les lois divines et humaines ; elle n’est pas en état, comme Idamé, de soutenir thèse contre un lettré chinois. […] Nous nous moquons nous autres de cette manière de gouverner le monde, et nous sommes fondés à croire que les dieux du paganisme n’étaient pas plus savants en administration que nos modernes anarchistes. […] Les sages et les fous, les savants et les ignorants, ne peuvent se défendre d’une certaine émotion, tant le poète sait habilement s’emparer du cœur et faire taire la raison. […] Ce tic lui venait de Fontenelle, qui, le premier, imagina de cacher la profondeur sous le voile de la simplicité et de la plaisanterie, de philosopher en se jouant, et d’écrire des livres savants du ton d’un homme du monde qui cause dans un cercle.

1312. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

L’évêque d’Annecy, de savants prêtres, des littérateurs fréquentaient chez elle. […] Accompagné de son famulus Wagner, grand savant qui estime la nature pour l’immense matière qu’elle fournit aux livres, il se promène dans la campagne, après vêpres. […] Il est des instants où je me hais assez pour m’imaginer être la plus savante et la plus affreuse combinaison d’une volonté infernale ! […] L’esthétique de Hugo ne s’en montre pas moins en ceci fort savante, mais d’une autre manière qu’il ne dit. […] Les grands effets sur la sensibilité et l’imagination du lecteur, où les classiques n’atteignent que par une progression honnête et savante de la pensée, par une accumulation de traits justes s’achevant dans une conclusion forte et saisissante, furent recherchés et obtenus indépendamment de la valeur du fond.

1313. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Le Grec est raisonneur encore plus que métaphysicien ou savant ; il se plaît aux distinctions délicates, aux analyses subtiles ; il raffine, il tisse volontiers des toiles d’araignées16. […] Ils n’ont point eu l’abnégation du savant moderne qui emploie tout son génie à éclaircir un point obscur, qui observe dix ans de suite une espèce animale, qui multiplie et vérifie incessamment ses expériences, qui, confiné volontairement dans un labeur ingrat, passe sa vie à tailler patiemment deux ou trois pierres pour un édifice immense dont il ne verra pas l’achèvement, mais qui servira aux générations futures. […] Ils ont modifié de parti pris la rectitude grossière des formes mathématiques, ils les ont appropriées aux exigences secrètes de l’œil, ils ont renflé26 la colonne par une courbe savante aux deux tiers de sa hauteur, ils ont bombé toutes les lignes horizontales et incliné vers le centre toutes les lignes verticales du Parthénon, ils se sont dégagés des entraves de la symétrie mécanique ; ils ont donné des ailes inégales à leurs Propylées, des niveaux différents aux deux sanctuaires de leur Erecthéion ; ils ont entrecroisé, varié, infléchi leurs plans et leurs angles de manière à communiquer à la géométrie architecturale la grâce, la diversité, l’imprévu, la souplesse fuyante de la vie, et sans amoindrir l’effet de ses masses, ils ont brodé sur sa surface la plus élégante trame d’ornements peints et sculptés. […] L’expérience des sens et le raisonnement des savants sont insuffisants et trompeurs ; prenons pour flambeau la révélation, la foi, l’illumination divine. […] S’il ne l’a pas fait et qu’il veuille raisonner sur le droit, le devoir, le beau, l’État, et tous les grands intérêts de l’homme, il tâtonne et trébuche ; il s’embarrasse dans les grandes phrases vagues, dans les lieux communs sonores, dans les formules abstraites et rébarbatives : voyez là-dessus les journaux et les discours des orateurs populaires ; c’est surtout le cas des ouvriers intelligents, mais qui n’ont point passé par l’éducation classique ; ils ne sont pas maîtres des mots ni, partant, des idées ; ils parlent une langue savante qui ne leur est point naturelle ; pour eux elle est trouble ; c’est pourquoi elle trouble leur esprit ; ils n’ont pas eu le temps de la filtrer goutte à goutte.

1314. (1864) Études sur Shakespeare

Si, d’un côté, le pouvoir est sans limites, de l’autre la liberté sera grande ; l’un et l’autre ignoreront ces formes générales, ces innombrables et minutieux devoirs auxquels un despotisme savant et même une liberté bien réglée asservissent plus ou moins les actions et les esprits. […] Les vaincus furent opprimés, mais ils n’eurent point à humilier leur mollesse devant les mœurs brutales de leurs maîtres ; les vainqueurs ne furent pas contraints de subir peu à peu l’empire des mœurs plus savantes de leurs nouveaux sujets. […] L’empire de la littérature classique, fondé en France avant l’établissement du théâtre, y fut l’œuvre des savants et des gens de lettres, armés et fiers de la possession exclusive d’une érudition étrangère qui les séparait de la nation. […] Je pourrais multiplier à l’infini ces exemples ; ils abondent non seulement dans les premières comédies de Shakespeare, mais encore dans celles qui ont succédé à ses plus savantes tragédies. […] C’est un essai dans ce genre savant où le ridicule naît du sérieux et qui constitue la grande comédie.

1315. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Ils étaient presque des savants eux-mêmes. […] J’ai demandé quelquefois à des savants s’ils s’ennuyaient autant que moi à cette lecture… Tous les gens sincères m’ont avoué que le livre leur tombait des mains, mais qu’il fallait l’avoir dans sa bibliothèque comme un monument de l’antiquité, et comme ces médailles rouillées qui ne peuvent être de commerce » [Cf.  […] et tandis qu’une habitude s’établissait de ne parler des « ruelles » du siècle précédent, qu’avec les plaisanteries et sur le ton de Molière dans ses Précieuses ridicules ou dans ses Femmes savantes, nous n’avons encore aujourd’hui même qu’indulgence et que complaisance pour tant d’aimables personnes qui surent, comme les Tencin et comme les d’Épinay, si bien allier ensemble le désordre des mœurs et le pédantisme de la philosophie. […] Lorsque l’on eut mis Diderot à Vincennes, sur la sollicitation du savant Réaumur, dont il avait plaisanté la maîtresse, ce furent ses libraires qui réussirent à l’en tirer, comme éditeurs de l’Encyclopédie, et afin qu’il y pût travailler. […] 2º Le Savant et le Philosophe : A.

1316. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Vous savez, je n’en parle pas au point de vue savant, je ne saurais pas et ce serait dommage. […] On prétend que la belle musique ne se comprend pas du premier coup… Allons donc, ici on comprend tout de suite que c’est admirable et mélodique, malgré une orchestration très savante. […] Pour ce qui est de vendre cher, c’est très bien, car il n’y a jamais eu de gloire vraiment éclatante sans or, ainsi que le dit le juif Baahrou, contemporain de Job (fragm. conservés par le savant Spitzbube, de Berlin). […] Cette lettre s’adresse à un grand écrivain, à un artiste, à un savant, elle est donc toute naturelle à mon avis. […] Vous êtes un grand savant et un grand artiste, mais ce qui fait que je suis particulièrement à vos pieds, c’est votre passion de la Vérité.

1317. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Véridique autant que bourru, il avait son franc-parler sur toutes les choses, et il n’a songé en cette circonstance qu’à dire la vérité, brutalement ou non, peu importe. » III Fabre fils, d’une famille obscure de Montpellier, élève de David, homme de bon sens et de cœur droit, était allé à Rome étudier l’art dans lequel il devint érudit de premier ordre, sans sortir tout à fait d’une élégante et savante médiocrité dans l’exécution. […] Le comte Baldelli vivait à Florence, et sa société savante plaisait à Mme d’Albany ; je le voyais souvent moi-même de 1820 à 1826.

1318. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Madame du Châtelet s’élevait au-dessus des occupations de son sexe par ses travaux sur l’astronomie et par son Commentaire sur Newton ; mais elle n’avait ni le pédantisme, ni la sécheresse qu’on attribue aux femmes savantes ; l’envie seule cherchait à la défigurer pour se consoler d’une supériorité de cœur, de charmes et d’esprit qu’on ne pouvait atteindre. […] Au printemps, il alla passer quelques mois dans l’abbaye de Senones, auprès du savant dom Calmet, religieux d’une érudition immense et indigeste, mais d’un caractère naïf et tolérant, qui plaisait beaucoup à Voltaire.

1319. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Victor Hugo, le penseur, le philosophe, le savant du siècle ! […] » dit le savant. « Pourquoi ? 

1320. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

M. de Mayran, autre Savant de ce Cercle qui vivoit alors, prit ensuite la parole : Les ennemis de M. de Voltaire ont beau dire & beau faire, dit-il, ils ne viendront jamais à bout de lui ôter le mérite de l'universalité des talens. […] Un Poëte comique, un Poëte Lyrique, un Savant érudit, qui se trouvoient aussi dans l’Assemblée, alloient parler à leur tour, quand les Interlocuteurs se mirent à se regarder & à éclater de rire.

1321. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Heureusement, élevé par sa mère, Philippe II évita, comme dit expressivement Forneron, l’influence paternelle et « les savants secrets d’une dépravation péniblement acquise ». […] Élisabeth, dans l’histoire de Forneron, est la fausse Reine, — la vraie, ce fut Burleigh et Walsingham, — la fausse vierge, la fausse savante, le faux génie et l’odieuse Harpagonne, qui s’assit bassement sur ses trésors, quand toute l’Angleterre se soulevait de patriotisme, lorsqu’il fallut armer une flotte et l’opposer à l’Armada, et qui garda tout, même son prestige, aux yeux de l’Angleterre, dans cet accroupissement honteux.

1322. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

IV Ce côté, c’est le côté du détail cru, du mot vulgaire, de cette langue de Paris qui quelquefois est un argot mêlé à la grande langue française, c’est enfin toute cette réalité d’en bas, qui, sous une autre plume moins distinguée et moins savante que celle des de Goncourt, lesquels ont gardé de l’idéal dans la pensée, tend à devenir chaque jour le plus affreux démocratisme littéraire. […] , qu’il n’est que la cuistrerie d’un vieux peuple fini, qui se croit savant parce qu’il n’a plus la force de rien inventer.

1323. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Quand on écrit pour de purs savants et si près du Rhin, on ne se gêne guère, on emploie leur langage, leur phraséologie, les termes en usage dans les controverses engagées.

1324. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Cet arrangement fait, il se mit à profiter de toutes les ressources que fournissait ce savant quartier pour l’étude et l’instruction dans toutes ses branches : Mes études du collège étant achevées, j’eus le bonheur, dit-il, de passer trois ou quatre années à l’étude de la physique.

1325. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Cet estimable et savant ouvrage, qu’on dirait d’un Tillemont biographe, n’a contre lui que le style dans lequel il est écrit et qui est un peu revêche.

1326. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Les Chroniques de France, publiées en 1829, furent pourtant jugées, en général, comme une erreur honorable d’un talent élégiaque et intime, trop docile cette fois aux conseils de quelque ami, savant historien.

1327. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

C’est une douce histoire, touchante, simple, savante pourtant de composition et sans en avoir l’air.

1328. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

En effet, tout progrès nouveau est une révélation de Dieu à l’homme, une ascension de l’homme à Dieu ; le savant qui invente y est soumis comme l’artiste le plus sentimental ; il y a, dans toute conception nouvelle du génie, une sorte d’influence électrique, irrésistible, indéfinissable, un acte de foi de nous à Dieu, une volonté de Dieu en nous.

1329. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Claude Bernard s’est étendu là-dessus dans son Introduction à la médecine expérimentale ; c’est pour lui la grande cause d’erreur, et il ne se lasse pas de recommander aux savants d’être toujours prêts à abandonner l’idée préconçue qui leur a fait entreprendre une observation ou instituer une expérience.

1330. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Et je songe avec tristesse que, si un photographe appliqué pouvait, par un jeu savant de lignes, insérer dans la tête de mort la silhouette de la belle-mère au lieu du profil de Sarah Bernhardt, il aurait « transposé » fort exactement le sonnet de M. 

1331. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

À une époque de civilisation avancée et de littérature savante, après Virgile, après Horace, après Lucrèce, sous le règne du plus vertueux des empereurs, de celui qui nous a légué cet admirable bréviaire de perfection morale : Ta eis eauton, dans la ville la plus riche et la plus cultivée de la Gaule romaine, des milliers d’hommes, dont un bon nombre, apparemment, étaient d’honorables bourgeois, se réunissaient pour le plaisir de voir torturer longuement et horriblement d’autres hommes.

1332. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

La Sagesse de Dieu a eu bien raison de dire 987 : « Je vous enverrai des prophètes, des sages, des savants ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville ; afin qu’un jour retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie 988, que vous avez tué entre le temple et l’autel. » Je vous le dis, c’est à la génération présente que tout ce sang sera redemandé 989. » Son dogme terrible de la substitution des gentils, cette idée que le royaume de Dieu allait être transféré à d’autres, ceux à qui il était destiné n’en ayant pas voulu 990, revenait comme une menace sanglante contre l’aristocratie, et son titre de Fils de Dieu qu’il avouait ouvertement dans de vives paraboles 991, où ses ennemis jouaient le rôle de meurtriers des envoyés célestes, était un défi au judaïsme légal.

1333. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Le chapitre que l’auteur y consacre, donne, dès l’abord, un échantillon de sa savante et scrupuleuse méthode.

1334. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Le secret de la prodigieuse fortune à laquelle s’éleva madame de Maintenon n’a pas été pénétré par tous ceux qui se sont ingérés de nous l’apprendre ; ce secret n’a pas été, comme tant d’écrivains l’ont supposé, une excessive ambition de richesses, de vains honneurs, de grandeur et de pouvoir, aidée par une dévotion hypocrite, par une intrigue savante et quelques charmes, dont une coquetterie raffinée augmenta l’influence.

1335. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

C’est ce qu’il a fait lui-même dans un savant mémoire17 où il établit, contre l’opinion reçue, que le degré du développement de l’intelligence, loin d’être en raison directe de l’étendue relative de la surface du cerveau, semble bien plutôt en raison inverse18.

1336. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Guizot s’appuie ici sur l’autorité d’un savant théologien anglais dont il accepte pour son compte la doctrine.

1337. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Je vous en atteste vous, mon ami, et vous, fin et délicat Suard ; vous, chaud et bouillant Arnaud ; vous, original, savant, profond et plaisant Galiani.

1338. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Énergiquement, doctoralement, quelques-uns disent : « Ne jamais demander à l’enfant que sa pensée personnelle, que l’impression qu’il a reçue et dont il a dû, seulement, se rendre compte, dont il a dû, seulement, prendre possession, en lisant les Femmes savantes, Britannicus ou l’Art de conférer.

1339. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Nous savons bien que la vie de la sœur Emmerich renverse ce que les savants appellent modestement les lois naturelles, comme s’ils les tenaient dans leur main !

1340. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Or, si tout mouvement rectiligne et non accéléré est évidemment relatif, si donc, aux yeux de la science, la voie est aussi bien en mouvement par rapport au train que le train par rapport à la voie, le savant n’en dira pas moins que la voie est immobile ; il parlera comme tout le monde quand il n’aura pas intérêt à s’exprimer autrement.

1341. (1915) La philosophie française « I »

Il n’y a guère de savant français, ni même d’écrivain français, qui n’ait apporté sa contribution à la philosophie.

1342. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Faut-il les ranger parmi ces fictions d’un âge savant qui tâchait, à la fois, d’imiter et de transformer certaines traditions antiques ?

1343. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Or, nous disions que les deux Mouvements antagonistes, en plus de leur valeur intrinsèque, se présentent d’une ampleur singulière, et comme synthétique, d’être la rencontre en immédiate hostilité de deux concepts séculaires, des deux concepts de la Poésie non seulement à travers notre Histoire, mais dans les Ages, depuis que le chant égotiste prit une place de sentiment et de méditation individuels sous le grand poème sacré, dont l’auteur était en même temps le savant, le poète et le prêtre. […] Mendès, sans inquiétude et sans mauvais pressentiment — en novembre 1884 — nous contait la « Légende du Parnasse »6, et de sa voix aux savantes sonorités nous lisait avec amour ses poètes. […] La savante obscurité d’une phrase inintelligible au commun des mortels les remplit d’une sorte de béatitude qu’ils savourent avec des mines et des transports d’initiés. […] Une Ecole où l’on peut apprendre d’abord à parler avec ampleur ensuite à ne copier personne. » Joachim Gasquet77, avant que devenir néo-classique, avait été des nôtres : « J’estime, et ce sont vos théories et l’exemple que vous donnez qui m’ont davantage ancré en cette idée, que le Poète doit être un savant aussi… Mon rêve depuis longtemps est celui-ci : écrire des vers assez beaux pour que les « Ecrits pour l’Art », la « Revue Indépendante » et le « Mercure de France » les impriment. […] Il me reprochait un peu l’emploi de mots savants ou pris plutôt à leur premier sens, de valeur originelle : « Pourquoi ?

1344. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Bientôt de savants chanteurs en formèrent-ils des poèmes plus parfaits pour de plus délicates oreilles ? […] C’est avec un juste intérêt que le moderne esprit français et la jalouse admiration de l’Allemagne savante se sont tournés vers les chansons de geste, augustes et puérils poèmes où vagit, comme dans des berceaux faits avec des lambeaux de tente guerrière, le jeune idéal de notre race. […] La langue savante se francisait en langue commune. En outre, par un très subtil et très bel instinct des destinées du style, ce n’est pas seulement de termes savants, « mendiés » de l’antiquité, que Ronsard a renforci notre langue. […] Et parce que, en même temps qu’un inspiré, il fut un artiste savant, un écrivain maître et sûr de soi, son œuvre ne périra point.

1345. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il se promettait bien de garder le silence ou de ne jeter que quelques mots dans la conversation, car dès lors il avait les germes de la maladie de larynx qui finit par l’emporter et que combattit longtemps une hygiène savante résolument soutenue ; mais bientôt il se laissait aller et développait dans les meilleurs termes les idées les plus ingénieuses et, chose étonnante, les plus sages. […] Son dessin, qu’on a si souvent critiqué, et qui est très savant malgré de visibles incorrections que le moindre rapin peut relever, ondoie et tremble comme une flamme autour des formes qu’il se garde de délimiter pour n’en pas gêner le mouvement ; le contour craque plutôt que d’arrêter l’élan d’un bras levé ou tendu. […] Hippolyte Monpou (né en 1804 — mort en 1841) [I] S’il est un musicien auquel les poètes doivent de la reconnaissance, c’est assurément Hippolyte Monpou : loin de rechercher les paroles insignifiantes, il s’attaquait bravement aux plus beaux vers, aux rythmes les plus savants et les plus compliqués ; rien ne l’effrayait, pas même les mètres sautillants, les rimes à écho, les contrepèteries gothiques des Odes et Ballades ; il savait tirer de tout cela des mélodies inattendues, des effets étranges, blâmés des uns, admirés de quelques autres, et, grâce à l’Andalouse à Mon beau navire, au Fou de Tolède, bien que bizarre, il était devenu populaire. […] Les poètes aimaient beaucoup ce musicien qui respectait leurs paroles et ne dérangeait pas l’économie de leurs strophes savantes. […] Dans cette renaissance de 1830, il représente ridée musicale romantique : la rupture des vieux moules, la substitution de formes nouvelles aux invariables rythmes carrés, la richesse compliquée et savante de l’orchestre, la fidélité de la couleur locale, les effets inattendus de sonorité, la profondeur tumultueuse et shakespearienne des passions, les rêveries amoureuses ou mélancoliques, les nostalgies et les postulations de l’âme, les sentiments indéfinis et mystérieux que la parole ne peut rendre, et ce quelque chose de plus que tout, qui échappe aux mots et que font deviner les notes.

1346. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Laissez donc les savants faire de la science et les philosophes philosopher. […] Ils sont rares, les savants vieillis qui ne se plaignent point amèrement du froid déchet que laisse la science. […] Brunetière est singulièrement intéressante et savante. […] Et ce sont des intrigues louches, des assauts de femme et d’argent, des médisances par faisceaux où la calomnie fait la hache, de savantes glissades au mal sur le savon du flirt hypocrite. […] Les meilleurs savants furent des poètes : Pascal, Newton, Claude Bernard, Darwin, valent par leur énergie imaginative.

1347. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Ces bonnes gens qui se chauffaient en fumant au coin d’un poêle, et ne semblaient propres qu’à faire des éditions savantes, se trouvent tout d’un coup les promoteurs et les chefs de la pensée humaine. […] L’auteur, né à Édimbourg, était fils d’un avoué1206, savant dans le droit féodal et dans l’histoire de l’Église, lui-même avocat, puis shériff, et toujours grand amateur d’antiquités, surtout d’antiquités nationales, en sorte que, dans sa famille, dans son éducation, dans sa personne, il trouvait les matériaux de son œuvre et les aiguillons de son talent. […] Ainsi compris, le monde change d’aspect : ce n’est plus une machine de rouages engrenés, comme le dit le savant, ni une magnifique plante florissante, comme le sent l’artiste : c’est l’œuvre d’un être moral étalée en spectacle devant des êtres moraux. […] Ce qu’il expose, ce sont les grands intérêts de l’âme, « c’est la vérité, la grandeur, la beauté, l’espérance, l’amour, —  la crainte mélancolique subjuguée par la foi, —  ce sont les consolations bénies aux jours d’angoisse, —  c’est la force de la volonté et la puissance de l’intelligence, —  ce sont les joies répandues sur la large communauté des êtres, —  c’est l’esprit individuel qui maintient sa retraite inviolée, —  sans y recevoir d’autres maîtres que la conscience, —  et la loi suprême de cette intelligence qui gouverne tout1222. » Cette personne inviolée, seule portion de l’homme qui soit sainte, est sainte à tous les étages ; c’est pour cela que Wordsworth choisit pour personnages un colporteur, un curé, des villageois ; à ses yeux, la condition, l’éducation, les habits, toute l’enveloppe mondaine de l’homme est sans intérêt ; ce qui fait notre prix, c’est l’intégrité de notre conscience ; la science même n’est profonde que lorsqu’elle pénètre jusqu’à la vie morale ; car nulle part cette vie ne manque. « À toutes les formes d’être est assigné un principe actif ; —  quoique reculé hors de la portée des sens et de l’observation, —  il subsiste en toutes choses, dans les étoiles du ciel azuré, dans les petits cailloux qui pavent les ruisseaux, —  dans les eaux mouvantes, dans l’air invisible. —  Toute chose a des propriétés qui se répandent au-delà d’elle-même — et communiquent le bien, bien pur ou mêlé de mal. —  L’esprit ne connaît point de lieu isolé, —  de gouffre béant, de solitude. —  De chaînon en chaînon il circule, et il est l’âme de tous les mondes1223. » Rejetez donc avec dédain cette science sèche « qui divise et divise toujours les objets par des séparations incessantes, ne les saisit que morts et sans âme et détruit toute grandeur1224. » « Mieux vaut un paysan superstitieux qu’un savant froid. » Au-delà des vanités de la science et de l’orgueil du monde, il y a l’âme par qui tous sont égaux, et la large vie chrétienne et intime ouvre d’abord ses portes à tous ceux qui veulent l’aborder. « Le soleil est fixé, et magnificence infinie du ciel — est fixée à la portée de tout œil humain. —  L’Océan sans sommeil murmure pour toute oreille. —  La campagne, au printemps, verse une fraîche volupté dans tous les cœurs. —  Les devoirs premiers brillent là-haut comme les astres. —  Les tendresses qui calment, caressent et bénissent — sont éparses sous les pieds des hommes comme des fleurs1225. » Pareillement à la fin de toute agitation et de toute recherche apparaît la grande vérité qui est l’abrégé des autres. « La vie, la véritable vie, est l’énergie de l’amour — divin ou humain — exercée dans la peine, —  dans la tribulation, —  et destinée, si elle a subi son épreuve et reçu sa consécration, —  à passer, à travers les ombres et le silence du repos, à la joie éternelle1226. » Les vers soutiennent ces graves pensées de leur harmonie grave ; on dirait d’un motet qui accompagne une méditation ou une prière.

1348. (1925) Dissociations

Il y eut toujours des savants, parce qu’il y eut toujours des hommes intelligents, des hommes qui ne se satisfaisaient pas de l’apparence des choses, des hommes qui voulaient savoir, savoir toujours davantage. […] Un savant allemand, après avoir étudié les chevaux d’Eberfeld, s’est écrié : « C’est l’âme de l’animal qui se révèle !  […] Darwin, inconsciemment guidé par ses souvenirs bibliques, a fait traditionnellement de l’homme le couronnement de la création, même de la création naturelle, mais le savant de bonne foi et sans préjugés est troublé quand il regarde la main humaine, et ensuite la main batracienne ou la main saurienne. […] Mais c’est un fait qu’affirme ce savant homme que les cas de suicide sont beaucoup plus fréquents chez les fruitiers que chez les crémiers, chose d’autant plus extraordinaire que les deux professions sont généralement exercées par le même individu.

1349. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

De Littré, savant modeste et scrupuleux, simple vulgarisateur, en philosophie, d’une partie de la pensée d’Auguste Comte, on fit une espèce de « libertin » malgré lui et d’épouvantail de l’Église. […] Arrivé au dix-neuvième, le savant professeur s’est aperçu que les voyages des touristes n’avaient plus d’intérêt pour le but qu’il s’était proposé. […] Mais, en général, la simplicité, la vérité, la nature ne sont plus, passé une certaine époque, que des qualités littéraires obtenues à force de labeur et d’habileté ; et plus l’art d’écrire se perfectionne, plus l’écriture simple est obligée de devenir savante. […] Dans ses leçons sur l’hellénisme en France, le savant professeur Egger nous apprend qu’Averroès, traduisant Aristote et manquant de mots arabes pour rendre tragédie et comédie, appelait la première « l’art de louer », et la seconde « l’art de blâmer ». […] Le savant ou l’ouvrier modeste qui cherche une vérité située hors de son esprit ingénieux fait œuvre utile et peut servir, même par ses erreurs, à l’avancement de la science.

1350. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

En lisant ces pages intéressantes, à la façon des romans historiques d’Alexandre Dumas, on arrive guère démêler l’invention de la vérité, et je suis convaincu que sous ces fantaisies les savants doivent retrouver bien des faits, des constatations qui intéressent sérieusement la science, ou des suppositions qui, étudiées, pourraient lui venir en aide. […] C’est que dans le voisinage il a rencontré une étrange jeune fille, Sabine, nièce du docteur Tallevaut, le savant matérialiste, qui l’a élevée dans ses doctrines et qui secrètement a l’idée d’en faire sa femme. […] … Quant au savant Tallevaut, que j’ai nécessairement omis dans ce résumé de la seconde partie du récit, la leçon que le positivisme lui réservait résulte de sa doctrine même. Homme de conscience, d’honnêteté, il n’a voulu enseigner à Sabine que ce qu’il savait, que ce qu’il avait matériellement constaté ; passé la matière, rien n’existant pour lui, il ne lui avait jamais parlé que d’elle ; la physique et la chimie, il ne faut pas autre chose, quand l’esprit ne cherche pas plus haut, pour faire aussi bien des criminels que des savants. […] Ce fut lui-même qui éleva sa fille, et, de même qu’il avait respecté toujours dans sa femme la piété qu’elle avait, il la respecta également dans sa fille avec une délicatesse et une douceur parfaites. » Un de ses amis intimes a raconté à notre savant confrère, M. 

1351. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Ils savent que la blessure qu’on se fait à soi-même est la seule savante et la seule infaillible. […] La seule savante. […] Combien de patiences ne sont plus que la plus savante, la plus impeccable tricherie avec la peine c’est-à-dire avec l’épreuve, c’est-à-dire avec le salut, comme il y a une autre patience, (la même), qui est la plus savante et la plus implacable tricherie contre la race. […] Je n’ai pas besoin de dire que je cite ce Descartes d’après l’édition la moins savante que j’ai pu trouver. Ce n’est pas à un vieux typographe comme moi qu’il faut venir raconter ce que c’est qu’une édition savante.

1352. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Une grande langouste à la teinte rougeâtre, du savant dessin d’un naturaliste, un sourimono fait pour le Jour de l’An aux frais d’une société de vingt personnes. […] Oui, ce prêtre de Bouddha, ce vertueux, ce savant, est devenu amoureux de l’image qui est devant lui et, indifférent au culte et ne remplissant plus ses devoirs religieux, est renvoyé de l’église et rencontre dans sa nouvelle vie une femme ressemblant à la femme du kakémono, qui dédaigne son amour et le rend le plus malheureux des hommes. […] Alors une série d’images du plus puissant dessin anatomique, où tous les muscles sont indiqués dans la chair comme par une calligraphie savante où se voit, dans le carré de leur forme, le rondissement des mollets, où dans les pieds, dans les mains, transperce l’ossature du squelette : du nu qui a quelque chose d’un Mantegna animé par une fièvre de la vie. […] Des dessins de premier coup, de la brutalité la plus savante, faisant mépriser le joli et le fini du petit art. […] L’encre de Chine la plus largement traitée, et où est une tête du dessin le plus savant.

1353. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

» Ayant retenu ce chant à son réveil, il vint à la ville, et on le mena devant les hommes savants, devant l’abbesse Hilda, qui, l’ayant entendu, pensèrent qu’il avait reçu un don du ciel, et le firent moine dans l’abbaye. […] Il y avait un mur infranchissable entre la savante littérature ancienne et l’informe barbarie présente. […] Pareillement, dans nos colléges, les bons élèves imitent les coupes savantes et la symétrie de Claudien plutôt que l’aisance et la variété de Virgile.

1354. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Ceux-ci sont moins connus : Ce monarque, dont l’âme aux grandes qualités Joint un goût délicat des savantes beautés, Qui, séparant le bon d’avec son apparence, Décide sans erreur, et loue avec prudence, Louis, le grand Louis, dont l’esprit souverain Ne dit rien au hasard et voit tout d’un œil sain202 . […] L’honnête homme dans le roi avait protégé le Tartufe ; l’homme de goût releva le Bourgeois gentilhomme, accablé à la première représentation par la froideur des courtisans, et, plus tard, les Femmes savantes, qui avaient si fort blessé tout ce qui restait de bel esprit dans ce siècle du naturel et du grand goût. […] Pour les Femmes savantes, s’il ne dit pas tout d’abord à Molière que sa pièce était très bonne, « c’est qu’il avait dans l’esprit autre chose qui l’avait empêché de l’observer à la première représentation. » Une approbation qui se faisait ainsi attendre n’en était que plus précieuse ; outre l’autorité d’un jugement porté avec réflexion, elle vengeait le poète du plaisir que s’étaient fait à l’avance les Trissotins et les Bélises de le voir désapprouvé.

1355. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Mais le doute de Bayle est un doute savant, et il raille bien plus ceux qui rejettent légèrement et sans examen que ceux qui croient avec soumission. […] Il n’eut ni verve ni imagination comme poète, et point d’invention comme savant. […] On voit par là que le savant change la direction primitive de l’esprit humain, porte son activité sur la recherche des causes, et le détourne du soin de peindre les premières impressions que fait naître l’aspect de l’univers. […] Les savants deviendront des manipulateurs destinés à aider la pratique des arts mécaniques, et l’esprit humain verra se dessécher aussi cette branche d’activité. […] Le caractère des savants qui se livraient à ces études conservait quelque chose de l’ancien esprit des littérateurs.

1356. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— On peut se procurer cela au théâtre des Chiens savants. […] En présence de pareils faits, certifiés par des procès-verbaux authentiques, les savants ont été appelés à donner leur avis. […] Ce n’était plus une académie de savants, c’était une académie de catarrhes. […] Pendant cette savante réclusion, le grand professeur a fait comparaître les astres devant lui. […] lui a dit le savant d’une voix qui ne permet pas de réplique ; et qui vous a permis de faire faire votre besogne par le signe de la Vierge ?

1357. (1902) Le critique mort jeune

Des travaux d’un savant distingué, M.  […] Brunetière et qui oppose l’esprit analytique à une ampleur oratoire encore qu’érudite, les moralistes, les savants, les grands docteurs de l’Église catholique ou de la religion réformée occupent une place égale à celle des poètes et des conteurs. […] Faguet préfère, c’est une poésie abstraite, savante, un peu recherchée et où domine l’intelligence. […] Ce savant est, à la mode d’aujourd’hui, non rechigné et à lunettes, mais mondain et amateur de sports. […] Ces poèmes resteront en effet, avec les « Noces Corinthiennes », comme les modèles de la poésie savante et délicate qui donna de si belles espérances aux environs de 1880.

1358. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Mme Gervaisais a été élevée par un père imbu des idées du XVIIIe siècle ; c’est une femme instruite, presque une femme savante, « une philosophe ». […] Je dirais presque que l’incorrection travaillée de ces artistes si savants fait songer à l’incorrection ingénue de cet ignorant de Saint-Simon.

1359. (1914) Boulevard et coulisses

Il est un lettré ou un savant ; il se sent supérieur à toutes sortes de gens riches et puissants qu’il coudoie chaque jour ; il constate souvent leur sottise, il se demande pourquoi il n’a pas d’argent pendant que les autres en regorgent. […] Balzac déjà l’avait fait avec un relief incomparable, lorsque, dans les Illusions perdues, il opposait le sévère d’Arthez et Bianchon le savant au léger et inconscient Félix de Rubempré.

1360. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Le Misantrope, les Femmes savantes, le Tartusse sont écrits, à peu de chose près, comme les satyres de Boileau. […] Marin si connu par sa savante & impartiale Histoire de Saladin, a consacré quelques-uns de ses momens à composer diverses piéces de théatre & de société, imprimées à Paris en 1767.

1361. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Beaucoup de comédies ont pour titre un nom au pluriel ou un terme collectif. « Les Femmes savantes », « Les Précieuses ridicules », « Le Monde où l’on s’ennuie », etc., autant de rendez-vous pris sur la scène par des personnes diverses reproduisant un même type fondamental. […] Rappelons-nous le joueur de Régnard, s’exprimant avec tant d’originalité en termes de jeu, faisant prendre à son valet le nom d’Hector, en attendant qu’il appelle sa fiancée Pallas, du nom connu de la Dame de Pique, ou encore les Femmes savantes, dont le comique consiste, pour une bonne part, en ce qu’elles transposent les idées d’ordre scientifique en termes de sensibilité féminine : « Épicure me plaît… », « J’aime les tourbillons », etc.

1362. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Au demeurant, il était ami des exercices, adroit aux armes, savant aux jeux, accort aux assemblées, et partout ingénieux, admiré pour son esprit, et redouté pour son courage.

1363. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Telles étaient les qualités fines et savantes dont se guidait son indomptable bravoure, et que, sans la paix de Câteau-Cambrésis et la mort de Henri II (1559), il eût encore pu employer si utilement pour le service de la France.

1364. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Il est bien celui, en un mot, duquel Saint-Simon a dit que « ses grands travaux faisaient encore honte, dans une vieillesse si avancée, à l’âge moyen et robuste des évêques, des docteurs et des savants les plus instruits et les plus laborieux ».

1365. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Ce fut lui que Bonaparte, avant de quitter Milan pour Rastadt (16 novembre 1797), chargea, avec le général Andréossy, de porter le drapeau de l’armée au Directoire, et il confirma cette mission d’honneur par un magnifique éloge qui est devenu la récompense historique suprême : Je vous envoie le drapeau dont la Convention fit présent à l’armée d’Italie, par un des généraux qui ont le plus contribué aux différents succès des différentes campagnes, et par un des officiers d’artillerie les plus instruits de deux corps savants qui jouissent d’une réputation distinguée dans l’Europe.

1366. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

parce qu’un homme de bon esprit, étudiant les sciences, méditant sur les faits naturels, sur les lois qui les régissent, sur les origines mystérieuses et les transformations qui s’y opèrent, ne peut arriver à concevoir l’idée de Création proprement dite, et qu’il accepte plus volontiers l’idée d’une succession continue, avant comme après, pendant un temps infini, — cet homme qui, en raison de cette conception qui lui paraît la plus probable, ne peut avoir les mêmes idées que vous sur la Genèse et l’origine du monde ; — vous qui n’avez nulle idée des sciences proprement dites ni de leurs méthodes, ni de leurs résultats, ni de leur progrès continuel et croissant, vous l’insulterez pour ce fait seul, — lui qui est d’ailleurs un savant de mérite, un honnête homme, un sage !

1367. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

La combinaison savante par laquelle il abusa, puis rompit les Espagnols, et les rejeta en pleine déroute hors de leurs postes et de leur ligne du Boulou, la précision des manœuvres, la perfection et le concert des mouvements par lesquels cette mémorable victoire fut obtenue, sont exposés par M. 

1368. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Jeanne d’Arc J’ai sincèrement à m’excuser auprès des savants éditeurs du Mystère du Siège d’Orléans pour le peu d’espace qu’il me reste à leur consacrer.

1369. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

mais Eugénie surtout l’a séduit, l’a enlevé, pauvre savant solitaire, comme ces nobles figures idéales, ces apparitions de vierges et de saintes qui se révélaient dans une vision manifeste à leurs fervents serviteurs ; il l’a aimée, il l’a adorée, il a poursuivi avec une passion obstinée et persévérante les moindres vestiges, les moindres reliques qu’elle avait laissées d’elle : il les a arrachées aux jaloux, aux indifférents, aux timides ; il a copié et recopié de sa main religieusement, comme si c’étaient d’antiques manuscrits, ces pages rapides, décousues, envolées au hasard, parfois illisibles, et qui n’étaient pas faites pour l’impression, il les a rendues nettes et claires pour tous : le jour l’a souvent surpris près de sa lampe, appliqué qu’il était à cette tâche de dévouement et de tendresse pour une personne qu’il n’a jamais vue ; et si l’on oublie aujourd’hui son nom, si quand on couronne publiquement sa sainte44, il n’est pas même remercié ni mentionné, il ne s’en étonne pas, il ne s’en plaint pas, car il est de ceux qui croient à l’invisible, et il sait que les meilleurs de cet âge de foi dont il a pénétré les grandeurs mystiques et les ravissements n’ont pas légué leur nom et ont enterré leur peine : heureux d’espérer habiter un jour dans la gloire immense et d’être un des innombrables yeux de cet aigle mystique dont Dante a parlé !

1370. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Cette intolérance de Bossuet, inévitable peut-être dans sa situation et commandée par sa foi, par son caractère, éclate aujourd’hui à tous les yeux ; et quand on lit l’ouvrage éloquent où il s’est si bien passé de Richard Simon, il est impossible d’en séparer désormais le souvenir de ce savant qui le gênait, qui lui était une épine au pied, et qu’il supprimait autant qu’il lui était possible.

1371. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

C’est le savant de la Cour.

1372. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Mais puisque ce n’est pas, comme chez André Chénier, l’art des combinaisons (junctura pollens), le procédé savant, la fermeté des tons et des couleurs qu’on espère trouver en lui, on doit préférer celles de ses pièces où, à travers les réminiscences de ses modèles, il nous a donné quelques marques directes et attendrissantes, quelques témoignages intimes de lui-même : l’Ermitage, le Bonheur, les Regrets, les Deux Ruisseaux.

1373. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

— Plusieurs savants, entre autres M. 

1374. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Nos littérateurs, qui n’étaient pas en général des érudits, ni très savants aux langues étrangères, eurent ainsi pour instructeurs les Guizot et les Barante, les Fauriel et les Raynouard, les Lœve-Veimars et les Pichot : avant qu’ils eussent voyagé, les paysages du Nord et de l’Orient vinrent les troubler de sombres ou radieuses visions.

1375. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Depuis ce temps-là jusqu’à la mort de ce rare acteur, M. de Harlay le reçut toujours chez lui avec une estime et une distinction particulière ; le monde, qui le sut prétendait qu’Arlequin le dressait aux mimes, et qu’il était plus savant que le magistrat ; mais que celui-ci était aussi bien meilleur comédien que Dominique. » Dominique modifia très sensiblement le caractère d’Arlequin.

1376. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

L’antique pour lui n’était qu’un voile ingénieux et savant à draper ses sensibilités.

1377. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Elle est créole de Saint-Domingue ; orpheline, élevée avec les filles de la Légion d’honneur, mariée à dix-sept ans de son plein gré à un vieillard, savant illustre, qui n’est pour elle et ne veut être qu’un père (elle insiste très nettement sur ce point), Julie est atteinte d’un mal singulier qui la consume, et qui lui interdit, même au prix d’une faiblesse, de donner ni de recevoir le bonheur.

1378. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Mademoiselle de Montpensier, qui ne la connaissait pas, qui même ne l’avait jamais vue, dit, dans ses Mémoires, que le « marquis de Lafare et nombre d’autres passaient leur vie chez une petite bourgeoise, savante et précieuse, qu’on appelait madame de la Sablière. » Cela veut dire seulement, en style de princesse, que madame de la Sablière avait de l’esprit et de l’instruction, qu’elle voyait bonne compagnie à Paris, et n’avait pas l’honneur de vivre à la cour.

1379. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

C’est le charmeur aux naïvetés savantes, l’homme de Plutarque et de Longus également, Amyot, digne du regard des Muses et du sourire de Chloé ; c’est Rabelais qui relie l’Antiquité au Moyen Âge et le banquet de Xénophon ou d’Athénée aux orgies de la Mère Sotte et de la fête de l’âne, Rabelais monstrueux mais tout-puissant et qui, débordant de sagesse et de folie, paraît moins un écrivain qu’un génie et moins un génie qu’une force jaillissant du sein de la nature.

1380. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Au moyen âge les alchimistes, coutumiers des phrases mystérieuses et des appellations saugrenues, avaient communiqué aux savants qui leur succédèrent sous la Renaissance ces vicieuses habitudes.

1381. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Le tempérament de Mirabeau devait faire rêver cet autre tempérament… Le début, dans la prose de Mme Louise Colet, fut une Étude sur la jeunesse de Mirabeau ; mais le Mirabeau de cette étude, fort peu savante, n’est pas le Mirabeau historique ; c’est le Mirabeau romanesque, et ce livre n’est guère qu’un roman.

1382. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Peut-être se rencontrera-t-il un vrai savant, très-peu connu parce qu’il méritera de l’être, très-philosophe parce qu’il ne se donnera point pour philosophe, qui prendra la peine de mesurer le degré de certitude des sciences, d’établir l’axiome sur lequel elles s’appuient et d’expliquer les raisons raisonnables que nous avons de croire en elles.

1383. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Quant à ses successeurs, Horace même, si dédaigneux pour ces vieux temps, a cité l’art savant de Pacuvius et l’élévation d’Accius.

1384. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Elle est souvent nuageuse et inconsistante, mais elle est aisée, libre et à pleines voiles, Plus savant, plus pénétrant, plus curieux de l’être, ou plus soucieux de se montrer tel, ce grand nonchalant de la pensée eût été notre plus grand poète philosophe. […] Ses géants toujours en guerre contre les dieux, et ses sylvains finissant par écraser les Jupiter, et ses fumiers de Job plus grands que le Caucase, et ses ânes plus savants que les philosophes, sont des symboles de l’avènement du peuple, de l’affranchissement des foules obscures, et du triomphe des petits sur les grands. […] Ceci est d’un art très savant, et, le plus souvent, très heureux. […] Il n’y a pas d’art plus savant, ni plus exquis. […] Et l’homme, qui a cette curiosité savante et industrieuse du détail pittoresque, est le même qui sait soulever, soutenir et distribuer par grandes masses aisément équilibrées une immense période poétique comme celle que je vais citer, une seule phrase rythmique de quarante vers, opposant, par un simple changement de mouvement, une grande impression de paix et de silence à un sentiment de tourment et d’inquiétude.

1385. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

— Mais d’abord on voit des écrivains éminents, très-sévères, très-accomplis et très-artistes dans leur prose, n’être pas plus avancés, grâce à ces fortes habitudes, pour atteindre à l’expression savante et facile en vers. […] On y trouve quelquefois, à des faits généraux bien saillants et bien constatés, des causes trop ingénieusement cherchées pour être absolument vraies, trop particulières pour correspondre aux résultats connus. » Mais il y loue hautement la force, l’originalité : « Et ces deux qualités, dit-il, y plaisent d’autant plus qu’on sent qu’elles sont le produit d’une sensibilité délicate et profonde, qui aime à chercher dans les objets leur côté analogue aux vues les plus relevées de l’esprit et aux plus nobles sentiments de l’âme44. » La Clef du Cabinet des Souverains, journal un peu mixte, publié par Panckoucke, donna, sur l’ouvrage de Mme de Staël, des Observations dues au médecin-littérateur Roussel, auteur du livre de la Femme, mais surtout un jugement de Daunou, ou du moins une analyse bienveillante, ingénieusement exacte, avec des jugements insinués plutôt qu’exprimés, selon la manière discrète de ce savant écrivain dont l’autorité avait tant de poids, et qui porte un caractère de perfection sobre en tout ce qu’il écrit45. […] Dans la Bibliothèque universelle et historique de Le Clerc, année 1687, à propos des Remarques de Vaugelas, on trouve (car ces querelles du jour sont de tous les temps) une protestation savante et judicieuse d’un anonyme contre les règlements rigoureux imposés à la phrase, contre ces restrictions de la métaphore auxquelles on avait prêté force de loi. […] Sur cette circonférence qu’elle décrit et qu’elle essaye d’entamer, sa marche inégale avec ses amis devient une stratégie savante ; c’est comme une partie d’échecs qu’elle joue contre Bonaparte et Fouché représentés par quelque préfet plus ou moins rigoriste.

1386. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Toutes les lourdes roches que les savants de métier taillaient et minaient péniblement à l’écart, entraînées et polies dans le torrent public, roulent par myriades, entre-choquées avec un bruissement joyeux, précipitées par un élan toujours plus rapide. […] Ici les quakers, les indépendants, les baptistes, subsistent, sérieux, honorés, reconnus par l’État, illustrés par des écrivains habiles, par des savants profonds, par des hommes vertueux, par des fondateurs de nations819. […] Allez jusqu’au plus illustre, au savant Clarke, mathématicien, philosophe, érudit, théologien : il s’occupe à refaire l’arianisme. […] La force, c’est là leur trait, et celui du plus grand d’entre eux, le premier esprit de ce temps, Edmund Burke. « Prenez Burke à partie, disait Johnson, sur tel sujet qu’il vous plaira ; il est toujours prêt à vous tenir tête. » Il n’était point entré au Parlement, comme Fox et les deux Pitt, dès l’aurore de la jeunesse, mais à trente-cinq ans, ayant eu le temps de s’instruire à fond de toutes choses, savant dans le droit, l’histoire, la philosophie, les lettres, maître d’une érudition si universelle qu’on l’a comparé à lord Bacon.

1387. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

C’est sans aucun doute à cette fermeté de bon sens, à cette obéissance toujours fidèle, à cette soumission éclairée, savante, réfléchie, et toutefois entière et sans réserve ; à cette habitude de ne chercher dans la religion que des motifs d’acquiescement à sa tradition et à ses disciplines, de subordonner ses vues particulières à l’interprétation légitime, de toujours se mettre hors de soi pour chercher la vérité, que Bossuet doit d’être l’écrivain en prose le plus naturel et le plus varié du dix-septième siècle. […] Il prêchera Jésus dans Athènes, et le plus savant de ses sénateurs passera de l’aréopage en l’école de ce barbare. […] Condé n’eût pas mieux caractérisé la valeur impétueuse des Perses, ni la savante tactique des Grecs, ni la roideur de la phalange macédonienne, ni le choc de la légion romaine ; il n’eût pas mieux peint ses propres modèles, les Alexandre, les Ahnibal, les Scipion, les César. […] Il avait pour lui le savant abbé Nicaise, de Dijon, le correspondant de Leibniz, qui, chose remarquable, attaquait les nouveaux quiétistes comme « ennemis des belles-lettres143. » C’est à l’abbé Nicaise que Mlle de Scudéry, dont l’esprit valait beaucoup mieux que les livres, écrivait ces paroles si sages : « Je ne veux point me mêler dans une dispute d’une matière si élevée, et je me tiens en repos, en me bornant aux commandements de Dieu, au Nouveau Testament et au Pater ; car je crois, ajoute-t-elle, qu’une prière que Jésus-Christ a enseignée ne contient pas un intérêt criminel, quoique Mme Guyon la regarde comme une prière intéressée ; ce qui renverserait les fondements du christianisme. » Un autre correspondant de l’abbé Nicaise, l’abbé Bourdelot, lui écrit : « Depuis la Relation sur le quiétisme, M. de Cambrai est tombé dans le dernier mépris, et l’on en veut mal à M. l’archevêque de Paris et à M. de Meaux de l’avoir laissé faire archevêque, sachant tout ce qu’ils en savaient… Tant qu’il n’a été question que du dogme, il partageait les esprits ; mais l’histoire et les faits l’ont accablé. » Il n’y a rien là que de vrai.

1388. (1842) Discours sur l’esprit positif

De plus en plus livrés à cette inévitable tendance, les savants proprement dits sont ordinairement conduits, dans notre siècle, à une insurmontable aversion contre toute idée générale, et à l’entière impossibilité d’apprécier réellement aucune conception philosophique. […] Ainsi, l’universelle propagation des principales études positives n’est pas uniquement destinée aujourd’hui à satisfaire un besoin déjà très prononcé chez le public, qui sent de plus en plus que les sciences ne sont plus exclusivement réservées pour les savants, mais qu’elles existent surtout pour lui-même. […] Toutes les classes actuelles de savants violent maintenant, avec une égale gravité, quoiqu’à divers titres, cette obligation fondamentale. […] Cette empirique prépondérance de l’esprit de détail chez la plupart des savants actuels, de leur aveugle antipathie envers toute généralisation quelconque, se trouvent beaucoup aggravées, surtout en France, par leur réunion habituelle en académies, où les divers préjuges analytiques se fortifient mutuellement, où d’ailleurs se développent des intérêts trop souvent abusifs, où enfin s’organise spontanément une sorte d’émeute permanente contre le régime synthétique qui doit désormais prévaloir.

1389. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Celui qui sait goûter les pures qualités classiques, le vrai travail bien fait, le roman construit, la savante composition dans une lumière bien comprise, aimera ce livre et le relira. […] Bourget, c’est d’ignorer ce que c’est qu’un savant et de construire son personnage de chic, de représenter non un vrai savant, mais la figure conventionnelle que prend le savant dans l’imagination vulgaire. […] Le génie, lui, imite la nature lorsqu’il crée les êtres que la nature ou la société produisent elles-mêmes en série, amoureux ou avares, professeurs ou médecins, députés ou membres de plusieurs sociétés savantes. […] La suite de la littérature française est une suite bien composée, une vie humaine dont les quatre âges équilibrent et fondent en une plénitude plus savante leurs quatre plénitudes harmonieuses. […] Mais il l’a développé dans trois récits convergents qui sont des chefs-d’œuvre de composition savante et originale.

1390. (1886) Le roman russe pp. -351

Il me tentait, je l’aurais essayé, si je n’avais recherché que les suffrages du monde savant. […] Cette vue paraîtra peut-être un peu trop nouvelle au lecteur français pour qu’il l’accepte ; elle est familière au monde savant en Russie, où quelques philosophes se réclament directement de la doctrine du Bouddha et vantent avec fierté la pureté de leur sang aryen. […] Un autre trait de ressemblance, commun à toutes ces époques de rénovation, c’est l’union du savant et du lettré chez les ouvriers de la pensée. […] Cette éducation ne fit pas des savants ; mais il souffla tout à coup, sous les mélèzes du parc de Catherine, un vent de poésie qui réunit et attisa toutes ces flammes de jeunesse mal dirigées ; de poésie et de patriotisme. […] C’est peut-être là le dernier mot de toute critique, une idiosyncrasie, terme commode inventé par les savants pour justifier un éloignement qu’on ne peut pas expliquer.

1391. (1881) Le naturalisme au théatre

Dans le roman, Balzac a été le hardi et puissant novateur qui a mis l’observation du savant à la place de l’imagination du poète. […] Au premier aspect, il serait plutôt gris, et il faut attendre pour être empoigné par ce jeu si simple, si savant et si fort. […] Dans les sciences, le mouvement est formidable, et ce sont précisément les travaux des savants qui ont donné le branle à toute l’intelligence contemporaine. […] Alexandre Parodi n’a pas, je le répète, la facture savante de nos poètes contemporains. […] Alors, il a accepté la recette connue, qui consiste à ne pas mettre que des ouvriers sur la scène, à les mêler dans une savante proportion à de nobles personnages.

1392. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Et ces esprits sévères, ces philosophes, ces savants, ces critiques à qui rien n’impose de ce qui asservit le vulgaire, sont ensemble des enthousiastes, des inspirés, des apôtres bienveillants, qui entraînent à leur suite une foule d’adeptes. […] Poussé par le désir de se rendre secourable à ceux qui souffrent (c’est un des grands traits dominants dans la vie de Gœthe), il veut devenir, comme l’Allighieri, savant en médecine. Il surmonte les répugnances de son organisation délicate pour suivre les leçons de l’amphithéâtre et la clinique d’un savant professeur dont il vante la belle méthode hippocratique. […] L’idée de la plante primordiale et typique, dont il a pu dire avec candeur que « la nature la lui envierait » ; ou, pour parler avec Geoffroy Saint-Hilaire, l’idée de l’unité de composition organique, dont les savants français lui attribuent tout l’honneur. […] Les savants ne prononcent son nom qu’avec reconnaissance et respect, car, outre ces deux grands principes de l’unité et de la métamorphose, on doit encore à Gœthe plusieurs observations très importantes.

1393. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Sa fraîcheur est demeurée intacte ; pas un coin de mot où vous trouviez un grain de poussière ; cela, dans sa musique savante, jaillit aussi ferme, aussi frais qu’une tirade de Racine, une belle stance de Lamartine. […] Lanson, une édition savante des Fleurs du Mal ? […] Le labeur énorme incorporé à une de ces éditions savantes comporte un déchet inévitable. […] Il n’est pas mauvais que les premiers péchés soient signalés par les journalistes (c’est leur affaire) — les seconds par les savants (c’est leur métier). […] Ils forment au milieu de nous une élite méditative et savante, dont les services ne peuvent être surestimés. » Il rappelle qu’au sommaire de son trèfle vert à quatre feuilles manquent Ramon Fernandez et Stanislas Fumet, Robert Garric et Jean Prévost.

1394. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Puis nous apportons en nous des visions d’art grec, des ressouvenirs de frises du Parthenon ; nous rêvons d’une poésie à la fois spontanée et savante, très sincère et très harmonieuse, antique et toujours jeune. […] » Il n’avait alors de mouvements libres que ceux des yeux, de la langue et des mains. » Qu’elle ait été ignorante ou non des « réalités » qui scandalisent Armande dans les Femmes savantes, le fait de s’être livrée, si fraîche et si jolie, à ce hideux infirme marque, à mon sens, beaucoup trop de courage ou de résignation. […] Caritidès, un savant homme, vient remettre à Eraste un placet pour le roi. […] Il est casé, renté, il fait des éditions savantes. […] Une œuvre de forme savante et serrée leur demanderait un trop grand effort d’attention.

1395. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Ils étaient très savants en toutes choses, particulièrement en philosophie générale, en métaphysique, en psychologie, en science des mœurs, en art politique et en art oratoire. […] — Mais les sophistes qui sont si savants sur le bien comme sur le mal, où voit-on qu’ils agissent si bien ? […] Le guerrier qui se sacrifie ou le savant qui s’épuise et se tue de travail ne sait peut-être pas qu’il est amoureux. […] Que le savant passionné sorte de l’artiste, c’est aussi rare et c’est aussi irrationnel, tout au moins c’est aussi peu nécessaire que ceci que l’artiste sorte de l’amoureux. […] Ils savaient bien des choses que j’ignorais et en cela ils étaient beaucoup plus savants que moi.

1396. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

De leur côté, les savants, je dis les vrais savants, — ceux dont les immortelles découvertes ont balancé ou compensé la stérile abondance de la littérature impériale et révolutionnaire, Laplace et Monge, Berthollet et Fourcroy, Chaptal, Cuvier, Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire, — ne sont guère plus favorables au nouveau sentimentalisme. […] Les véritables savants en sont encore à demander vainement qu’on leur cite une seule découverte réelle qui soit due à cette méthode si vantée. » Et en conséquence, la méthode qu’il a voulu substituer à celle de Cousin, comme étant non seulement la meilleure, mais à vrai dire la seule bonne, c’est celle qui consiste, si vraiment nous voulons nous connaître, à commencer par sortir de nous-mêmes ; et, quand ensuite nous essayons de systématiser nos observations, à n’y rien mêler de notre fond. […] Le savant, dans son laboratoire, s’indigne-t-il contre les poisons qu’il manipule ; et que lui importe la valeur économique ou morale des animaux qu’il dissèque ? […] III. — Idéologues, savants et philologues Le rôle des idéologues, — auxquels pendant longtemps on n’a pas attribué dans l’histoire plus d’importance qu’on n’en croyait devoir donner à « la queue de l’Encyclopédie », — a été récemment remis en lumière par M.  […] Quelques-uns d’entre eux touchaient à la science ; — comme Cabanis, l’auteur du livre célèbre sur les Rapports du physique et du moral, 1802 ; — ou même étaient de vrais savants, tels que Lamarck, ou Étienne Geoffroy Saint-Hilaire ; — et, à ce propos, c’est l’endroit de noter entre 1789 et 1810 ou 1815 le prodigieux développement que prennent les sciences naturelles [Cf. 

1397. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Mais au-delà, notamment entre la protubérance et les hémisphères, les expériences sont plus difficiles, l’interprétation à laquelle elles se prêtent est plus incertaine, les savants spéciaux ne sont pas d’accord. […] Dans ces deux cas, le jeu de la machine animale est aussi savant, mais aussi aveugle que celui d’une serinette ; quand le manche tourne, l’air s’exécute bon gré mal gré, avec un effet utile ou nuisible, peu importe ; quand les parois du pharynx sont en contact avec un objet, la déglutition s’accomplit, bon gré mal gré, quel que soit l’objet, fût-ce une fourchette ; la fourchette descend, saisie comme par une pince, et va plus bas perforer l’estomac. — En d’autres cas, par exemple dans celui des membres, le jeu de la serinette est aussi aveugle ; mais, étant plus savant, il semble l’effet d’un choix intelligent et presque libre.

1398. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Selon nous, le goût fait partie de la vérité ; or le goût n’est pas une vertu démocratique, il est une impulsion savante de l’élite des juges dans tous les pays. […] XXIV En 1672, il donna les Femmes savantes, honnies à la ville, soutenues également par le roi. […] Agnès sort, Arnolphe reste seul et, dans le transport de sa satisfaction, il devient lyrique et s’écrie : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.

1399. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Samedi 30 janvier Pour être connu en littérature, pour être universellement connu, on ne sait pas combien il importe d’être homme de théâtre, car le théâtre, pensez-y bien, c’est toute la littérature de nombre de gens, et de gens supérieurs, mais si occupés qu’ils n’ouvrent jamais un volume, n’ayant pas trait à leur profession : l’unique littérature en un mot des savants, des avocats, des médecins. […] Pendant deux heures qu’il reste au Grenier, il touche à un tas de questions anciennes et modernes, et parle spirituellement de la rapidité, à l’heure présente, avec laquelle les produits matériels passent d’un pays dans l’autre, et de la lenteur avec laquelle se transmettent les produits intellectuels, ce qu’il explique un peu par l’abandon de la langue latine, de cette langue universelle, qui était le volapuck d’autrefois entre les savants et les littérateurs de tous les pays. […] Le déjeuner fini, nous partons avec de Nolhac, l’aimable et savant conservateur du musée de Versailles, visiter les pièces intimes du château historique.

1400. (1920) Action, n° 2, mars 1920

La pure impression, naïve et forte, délicate ou profonde, vaut d’ailleurs mille fois mieux que les plus habiles discours de l’école et la géométrie la plus savante. […] Il n’y a pas là traduction, mais transposition de pensée et parce qu’elle reste quasi inanalysable, cette œuvre plus géniale que Gulliver, émerveillera bien des générations de « savants » — si les « savants » s’améliorent toutefois, car nul n’ignore quelle bêtise s’enclot, aujourd’hui sous ce titre.

1401. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Il comprit ce que c’est que la vie d’une nation, l’âme de cet être collectif qui garde son unité à travers ses âges et sous ses continuels développements, la mission départie à chaque peuple en particulier sur la scène du monde ; que les institutions vraies sont filles du temps, qu’elles plongent dans les mœurs et les souvenirs comme un arbre en pleine terre ; que les constitutions rédigées d’après des théories plus ou moins savantes ne sont qu’une juxtaposition provisoire qui peut aider le corps social à refaire sa vie, mais qui n’a pas vie en soi ; qu’ainsi la Charte n’était, à proprement parler, qu’une formule pour dégager l’inconnue, une méthode pour résoudre le grand problème des institutions nouvelles, un appareil fixe sous lequel les os brisés et les chairs divisées auraient le temps de se rejoindre et de se raffermir. […] Sans doute il y a bien de la combinaison savante et de l’obscurité alexandrine dans les poëmes de M.

1402. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Enfin, d’après les lois de la conservation de la force, aucun savant ne doute que le mouvement n’ait toujours existé et ne doive exister toujours. — Ainsi, de même qu’il y a des caractères communs dont la présence continue relie entre eux les divers moments de l’individu, de même il y a des caractères communs dont la présence multipliée et répétée relie entre eux les divers individus de la classe. […] Nous isolons ainsi un mode d’action universel qui est l’action électrique, et notre idée déterminée, épurée, étendue, coïncide avec une force qui opère ou peut opérer dans tous les corps. — Pareillement, avant les recherches des savants de la Renaissance, notre idée d’un corps pesant était celle d’un corps qui tend vers le bas et imprime en nous, quand nous le soulevons, la sensation d’effort musculaire.

1403. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

En dépit de mes relations amicales, et de ma haute estime pour la valeur personnelle de l’homme, je crois que le choix d’un savant, comme ministre de l’Instruction publique, est le choix qui peut être le plus hostile aux hommes de lettres : car un savant est à la fois tout plein de mépris pour leurs travaux, et tout à la fois un peu jaloux de leur renommée retentissante.

1404. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Ces deux sortes de périodes s’unissent enfin en paragraphes selon certaines lois rhythmiques ; car la prose de Flaubert est belle de la beauté et de la justesse des mots, de leur tenace liaison, du net éclat des images ; mais elle charme encore la voix et l’oreille par l’harmonie qui résulte du savant dosage des temps forts et des faibles. […] L’art de ne révéler d’un paysage, d’une physionomie et d’une âme qu’un petit nombre d’aspects saillants, cette concision choisie et savante, ressortent encore des tableaux d’ensemble où se mêlent les péripéties et les descriptions.

1405. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Paris, « Le Roman de Renart », dans le Journal des savants, 1893. […] VIII. — Les Mystères 1º Les Sources. — Onésime Leroy, Études sur les mystères, Paris, 1837 ; — Charles Magnin, « Les origines du théâtre moderne », Paris, 1846, 1847, 1858, Journal des savants ; — Édelestand du Méril, Les Origines latines du théâtre moderne, Paris, 1849 ; — Coussemaker, Drames liturgiques, Rennes, 1860 ; — Léon Gautier, « Les origines du théâtre moderne », dans le journal Le Monde, 1873 ; et Les Tropes, Paris, 1887 ; — Marius Sepet, Le Drame chrétien au Moyen Âge, Paris, 1877 ; — et Les Prophètes du Christ, 1878 ; — Petit de Julleville, Les Mystères, Paris, 1880 ; — A. d’Ancona, Origini del teatro in Italia, Florence, 1872 ; — W. 

1406. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Et en particulier, les hommes remarquables, guerriers, prélats, savants, hommes de lettres, qui sont sortis avec éclat de la terre natale, y rentrent à l’état de personnages historiques après des années ou après des siècles, et y obtiennent d’un commun suffrage des bustes, des statues.

1407. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Imprimée pour la première fois au complet vers la fin du xvie  siècle (1583), il a fallu, au xviie , toute l’érudition et tout l’appareil de Du Cange pour mettre cette Histoire de Villehardouin en pleine lumière (1657) ; encore n’était-elle censée, depuis, abordable que pour les savants et pour ceux que n’effrayent pas les in-folio.

1408. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Son père, célèbre par de savants ouvrages, était de plus un homme d’esprit qui savait la Cour et les boudoirs.

1409. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

On y voit Reynier, officier savant et d’ordinaire peu heureux, ayant en lui je ne sais quel défaut qui paralysait ses excellentes qualités et justifiait cette défaveur de la fortune, « fort possédé du goût d’écrire sur les événements auxquels il assistait, et dissertant sur les opérations qu’on aurait pu entreprendre ».

1410. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Que le savant, chez lui, ne domine pas trop le littérateur : c’est là le seul conseil général qu’on doive lui donner.

1411. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Le spirituel jésuite Tournemine disait que l’abbé de Marolles méritait qu’on, lui pardonnât, en faveur de cet unique volume de mémoires, l’ennui mortel qu’il avait causé au public, et l’impatience qu’il avait donnée aux savants, par ses rhapsodies indigestes durant l’espace de soixante ans ; il lui appliquait, en riant, ce que Lucain, l’ampoulé flatteur, au commencement de sa Pharsale, a dit de Néron, que Rome ne l’avait pas payé trop cher, en définitive, au prix même de toutes les guerres civiles antérieures, s’il n’y avait pas d’autre moyen de l’obtenir : « Scetera ipsa… hac mercede placent ».

1412. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

On a fait souvent l’éloge de l’esprit, et de sa vivacité conservée ou augmentée dans la vieillesse ; bien avant notre savant et ingénieux confrère M. 

1413. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Un jour, dans le Rapport d’un haut dignitaire, savant du premier mérite plus peut-être qu’homme de goût21, il avait été parlé avec un souverain dédain de la classe des journalistes, et comme n’étant, pour la plupart, que « de frivoles élèves d’Aristophane et de Pétrone. » M. 

1414. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit !

1415. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Il est oncle du savant et spirituel architecte Viollet-le-Duc.

1416. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Les ennuis du général gaulois durant ce siège insipide de Tunis, son dégoût de cette armée de nègres imbéciles qu’il commande, son regret de n’avoir pas déserté aux Romains avec ses compagnons en Sicile, son découragement moral et physique et son mal du pays, nous sont rendus également avec des couleurs et une harmonie fort savantes.

1417. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

On peut dire que Bossuet médita de tout temps cet ouvrage, pour lequel il amassait bien des réflexions et des pensées dès les années de son séjour à Metz, lorsqu’il avait sous les yeux le spectacle des Juifs nombreux en ce pays, et qu’il conférait avec les plus savants de leurs rabbins.

1418. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Qu’on se figure en effet quelle dut être la situation morale d’un écrivain modeste, mais consciencieux et savant autant que ferme et convaincu, qui était avec prudence de l’école de Montesquieu, qui méditait longtemps ses matières avant d’en offrir un tableau suivi, concentré, définitif, quel dut être son désappointement cruel et son mécompte, lorsque la grande Histoire du Consulat et de l’Empire de M. 

1419. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Quelques-uns de ces petits tableaux ont fort réussi : je ne saurais oublier, entre autres, la Bibliothèque en vacances, gaie et légère satire littéraire où nous sommes tous : je la sépare expressément des chapitres qui suivent, et où l’auteur s’est donné le plaisir trop facile de railler des hommes utiles et des savants respectables.

1420. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Je laisse aux Legonidec, aux Le Huërou, s’il en existe encore, et à leurs successeurs, je laisse à mon savant confrère, M. de La Villemarqué, de décider si le breton en est pur et classique, s’il est digne du siècle d’Arthur.

1421. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Deux des neveux de Loyson, l’un ecclésiastique savant et distingué, professeur plein de doctrine et de mérite, l’autre prédicateur éloquent, dont la parole a de la flamme et des ailes, ont rajeuni ce nom et l’ont remis en circulation dans une partie de la jeunesse contemporaine.

1422. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Le Journal des Savants, dont il faisait partie depuis 1867, en fournira son bon contingent pour le XIIIe volume.

1423. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

De retour à Paris, il put suivre les cours de l’école, alors libre, qui menait aux ponts et chaussées, aux mines, aux armes savantes, et il y rencontrait, comme camarade, celui qui fut le général Bernard, et dont l’éloge l’a ramené à ce touchant souvenir.

1424. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Aujourd’hui que l’opinion publique, soit littéraire, soit politique, se détend un peu, il a fait trêve à cette déviation toujours savante, mais sensiblement contrainte, de son talent ; il est rentré, avec ce soin qui ne se lasse pas, dans sa manière vraie, dans celle qu’il doit aimer, j’imagine, de préférence.

1425. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Ramassez ce papier, et rapportez-le-moi comme vous le devez. » Elle reprend le brevet, et le lui présente avec toutes les grâces voulues. « C’est bien, Mademoiselle, dit Marcel, je le reçois, quoique votre coude n’ait pas été assez arrondi, et vous remercie299. » — Tant de grâces finissent par lasser ; après n’avoir mangé pendant des années que d’une cuisine savante, on demande du lait et du pain bis.

1426. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

. — Les savants proprement dits, les physiciens, les physiologistes, qui ont commencé le livre par le commencement, disent qu’il n’y a là qu’une langue, celle de l’écriture interlinéaire, et que l’autre se ramène à celle-ci ; supposition énorme, puisque les deux langues sont tout à fait différentes. — Les moralistes, les psychologues, les esprits religieux qui ont commencé le livre par la fin et sont pourtant forcés d’avouer que le gros de l’ouvrage est écrit dans un autre idiome, trouvent un mystère inexplicable dans cet assemblage de deux langues, et disent communément qu’il y a là deux livres juxtaposés et bout à bout.

1427. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

L’écrivain, à travers toutes les redites et les disparates, mêlant les personnalités injurieuses aux grandes généralités, la facétieuse causticité du bourgeois de Paris à la rhétorique savante de l’humaniste, finit par avoir dit tout ce qu’il faut.

1428. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

C’est un endroit de bonne compagnie, où on reçoit des gens d’esprit, des amateurs, des savants, des militaires, des gentilshommes, pourvu qu’ils sachent garder le ton de la maison.

1429. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Tuileries, dans la grande allée, les coquettes se livrent à leurs manèges, aux savantes manœuvres de la stratégie galante : « Là, dit Colombine, il faut ne pas hasarder une démarche naturelle.

1430. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Fils du célèbre chansonnier lillois, il lui arrivait, parfois, dans un accès de bonne humeur, d’entonner, au dessert, un couplet paternel, en savoureux patois du cru, mais, vite réintégré au bloc de sa gravité naturelle, il se rasseyait aux thèmes de savante, dialectique qu’il développait soit avec Paul Souday, en appétit de renouveler Sainte-Beuve, soit avec Maindron, l’un des gendres de Heredia, vivant répertoire des usages abolis, soit avec Moréas, alors féru d’archaïsme et de nos vieux fabliaux.

1431. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

D’autres étaient des pensées de sages plus modernes, surtout d’Antigone de Soco, de Jésus fils de Sirach, et de Hillel, qui étaient arrivées jusqu’à lui, non par suite d’études savantes, mais comme des proverbes souvent répétés.

1432. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Ayant perdu son père de bonne heure, il passa à l’école de Brunetto Latini, un des plus savants hommes du temps ; mais il s’arracha bientôt aux douceurs de l’étude, pour prendre part aux événements de son siècle.

1433. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

On lui fait lire tous les livres du logis, ce qu’il y a de mieux, et elle n’en est pas plus savante pour cela.

1434. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Il s’est attaché avant tout au style ; lui, qui écrit au courant de la plume, qui n’a qu’à laisser trotter la sienne, et qu’elle emporte au galop si aisément, il l’a forcée cette fois à mille retours, à de savants manèges ; il s’est plus d’une fois surpris, dans son effort, à s’essuyer le front et à se ronger les ongles.

1435. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Doux, savant, modeste, né pour la vie académique et pour ses ingénieuses recherches, né pour la vie privée, pour ses plus affectueuses et ses plus agréables élégances, il offre en lui un composé des plus distingués et tout à fait flatteur ; mais il n’eut pas le grand goût, ni même cet autre goût qui n’est pas le plus simple ni le plus pur, mais qui, aux époques avancées, trouve des rajeunissements imprévus.

1436. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

I La lecture des romans de Flaubert, faite du point de vue qui vient d’être indiqué, laisse peu de chose à dire sur le Bovarysme des individus, en tant qu’il donne naissance au relief comique des personnages6.Flaubert se complète ici par Molière : Le Bourgeois gentilhomme, Les Précieuses ridicules, Les Femmes savantes nous montrent autant de cas de Bovarysme dont la démonstration est trop aisée pour qu’on y insiste.

1437. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Par la lecture de certains livres de théologie, de certains volumes de poésie savante, par de justes inventions, il enrichit et pare son langage, de vocables assoupis, longuement harmonieux et doux ; il les sertit et les associe en de lentes phrases, qui joignent le poli soyeux des mots, à la suavité de l’idée : « Sous cette robe tout abbatiale signée d’une croix et des initiales ecclésiastiques : P.

1438. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

C’est que l’exécution en est encore plus savante et plus difficile.

1439. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Cela est savant de détails ; contours bien sûrs, dessiné large, à ce que croit l’artiste, c’est plutôt dessiné gros, grosses formes.

1440. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Puis, de savants universitaires, distingués professeurs, vous vaticinent ensuite : « Ceci est beau, sublime ; cela est mauvais goût, détestable, etc. » Et personne ne dit à l’apprenti écrivain pourquoi ceci est sublime et cela détestable.

1441. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Mais ce ne sont là que des traits, des percées, et je voudrais, moi, une œuvre complète, inspirée, savante et continue, puisqu’elle est intitulée satirique et critique, cette œuvre à deux faces !

1442. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Ceux qui ont souffert, ignorants ou savants, comprendront toujours quelque chose aux récits de la vie.

1443. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Bédier nous a donné une savante édition dans sa thèse latine4.

1444. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Cela se voit particulièrement par la correspondance de Huet, où le savant évêque d’Avranches remercie son ami de Dijon de lui envoyer des extraits des lettres de Leibnitz, lesquelles ne se retrouvent pas dans notre manuscrit.

1445. (1888) Impressions de théâtre. Première série

La grande scène du sonnet de Trissotin, dans les Femmes savantes, fournirait aussi un assez bon sujet. […] Philinte, plus savant, a plus d’amertume au fond ; Alceste, plus naïf, en a plus à la surface. […] Mais pour Molière, comme auparavant pour la Fontaine, Psyché n’est qu’un conte d’amour, un conte à dormir debout, — à dormir d’un sommeil traversé de rêves charmants ; quelque chose comme une Cendrillon moins populaire, plus savante, plus parée… (Pardon ! […] Phèdre a, du reste, toutes les pudeurs et toutes les délicatesses morales, et elle parle, naturellement, la langue savante et nuancée d’une princesse du xviie  siècle, et d’une princesse de Racine. […] Les paysans y parlent comme des poètes subtils, et les ivrognes y récitent de brillants couplets alternés, comme dans une églogue savante.

1446. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

En vain un savant père s’efforce-t-il à nous dévoiler les trois vertus théologales sous l’emblème des trois Grâces, et les autres figures mystiques sous l’allégorie des nymphes de la fable : si l’obscurité de ce système symbolique n’empêchait pas même d’entrevoir l’ombre des saintetés qu’il explique avec tant de bonne foi, le ridicule des fictions du poème éclaterait plutôt que leurs beautés. […] Le premier est raconté par un personnage qu’Énée fait parler avec toutes les recherches oratoires si communes aux Grecs savants dans l’art de feindre, d’émouvoir et de persuader ; le second est rapporté par Énée lui-même en un langage tout descriptif, où la concision ne diminue rien de la richesse des images qui causent l’étonnement et l’épouvante. […] N’ai-je donc pas raison de dire qu’on atteint à peine les sublimités du poète grec, et que Virgile apprit de lui, pour me servir des termes ingénieux du traducteur, la savante généalogie des idées, et comment elles sont de proche en proche réveillées les unes par les autres ? […] L’examen de sa Lusiade est intéressant, précis, animé, soutenu par des autorités irrécusables, enrichi de détails instructifs, et de remarques fines ou savantes. […] Ce savant lyrique exerce dans un autre endroit la souplesse admirable de sa plume à tracer des images tranquilles et voluptueuses.

1447. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

On s’est moqué des femmes savantes, on a ri des femmes fortes — flatterie indirecte pour l’ignorance et la faiblesse qu’il était bien plus urgent de combattre. […] Quand on lit Molière aujourd’hui, ce n’est plus des femmes savantes qu’on rit, c’est du bonhomme Chrysale. […] Le traitement des professeurs du Collège de France et de la Sorbonne, des savants auxquels l’État accorde les plus hautes distinctions dont il dispose, vient d’être porté à sept mille cinq cents francs. […] Il a reconnu que les détails qui y sont rapportés s’adaptent parfaitement à l’état des lieux et a achevé de résoudre une question qui préoccupe vivement depuis plusieurs années le monde savant ». […] On se demande quelquefois avec effroi où cette cupidité si savante puisera le dégoût et l’horreur que doit inspirer la vénalité.

1448. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il ne cherche pas à étonner le lecteur, à l’éblouir par de belles phrases et par de savantes analyses. […] Infailliblement, dans son texte, le mot marin s’accolera au mot brave le mot ingénieur au mot distingué ; le mot docteur au mot savant ; le mot officier au mot brillant ; le mot jeune fille au mot chaste ; le mot courtisane au mot infâme… Tous les lieux communs de pensée et d’expression, que la triste humanité a créés depuis un siècle, M.  […] De l’employé modeste et exact, il sortit un savant de premier mérite. […] Il le rencontra chez un de ses condisciples, Albert Stapfer, où se réunissait, chaque semaine, un groupe d’artistes et de savants : Viollet-le-Duc, Saint-Marc-Girardin, Sainte-Beuve, Victor Cousin.

1449. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

pinceau, outre son sens propre, se dit aussi quelquefois par métonymie, come plume et stile : on dit d’un habile peintre, que c’est un savant pinceau. […] on dit d’un étourdi que c’est une tête sans cervèle : Ulysse dit à Uryale, selon la traduction de Madame Dacier, jeune home vous avez tout l’air d’un écervelé : c’est-à-dire, come elle l’explique dans ses savantes remarques, vous avez tout l’air d’un home peu sage. […] Ainsi quelque déférence que j’aie pour le savant P.  […] remarques sur quelques passages adaptés à contre-sens. il y a quelques passages des auteurs profanes qui sont come passés en proverbes, et ausquels on done comunément un sens détourné qui n’est pas précisément le même sens que celui qu’ils ont dans l’auteur d’où ils sont tirés : en voici des exemples : Quand on veut animer un jeune home à faire parade de ce qu’il sait, ou blamer un savant de ce qu’il se tient dans l’obscurité, on lui dit ce vers de Perse : (…) ? Toute votre science n’est rien, si les autres ne savent pas combien vous êtes savant.

1450. (1908) Jean Racine pp. 1-325

que je suis heureux que Racine n’ait pas été un « esprit fort », ce qu’on appelle vaniteusement un « penseur », qu’il n’ait été savant qu’en grec, et qu’il n’ait cherché qu’à faire de belles représentations de la vie humaine ! […] Et ce n’est pas tout : Antoine Lemaître avait une belle voix et un débit savant. […] Pourquoi, lorsqu’il avait sous les yeux la fréquente familiarité du dialogue d’Euripide, a-t-il prêté au serviteur d’Agamemnon et à la nourrice de Phèdre des discours d’une noblesse si savante ? […] Il est temps de voir comment Bérénice est « faite », et comment l’ordonnance la plus habile et la plus savante y paraît le développement naturel et nécessaire de la situation une fois donnée. […] Cela était vraiment d’une méchanceté assez savante.

1451. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Si Rabelais osait se présenter parlant le langage du savant qu’il était, avec la véritable figure que la nature lui avait donnée, on le chasserait évidemment de partout comme un usurpateur en lui disant : Vous n’êtes pas Rabelais ! […] Ces voyages d’Italie, en compagnie du cardinal Jean Du Bellay, nous montrent l’importance que la cour attachait à l’opinion de Rabelais comme savant et comme diplomate. […] Mais il est grand par son père, le savant, l’érudit, versé dans tous les arts qu’il convient que connaisse un homme bon, pieux et honnête. […] La Restauration lui rend alors le Palais-Royal, bâti par son père, et là il s’entoure de savants et d’artistes. […] Il y a quelques années, M. de Rothschild soutenait avec vivacité, au consistoire israélite, la doctrine de l’immortalité de l’âme ; un savant israélite de la plus vieille école, qui me le racontait, ajoutait cette réflexion « Comprend-on cela ?

1452. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Que tel savant personnage a pensé de cette manière ; comme si l’homme le plus savant n’était pas sujet à l’erreur. […] Un savant qui n’était pas inférieur à Bayle en érudition littéraire, et qui, certes, l’emportait sur lui dans la connaissance des langues anciennes, me semble avoir mieux caractérisé le style de Sénèque, lorsqu’il a dit de cet auteur qu’il avait de l’abondance avec brièveté, abundantiam in brevitate, et de la véhémence avec facilité. […] Il n’y a pas de science plus évidente et plus simple que la morale pour l’ignorant ; il n’y en a pas de plus épineuse et de plus obscure pour le savant. […] S’il eût dédaigné certaines beautés qui n’en sont pas, s’il eût usé plus sobrement de quelques-unes, s’il eût été moins épris de ses productions, ; si la subtilité de ses idées n’eût pas affaibli l’importance du sujet qu’il traitait, il obtiendrait aujourd’hui des savants une approbation préférable aux acclamations des enfants. […] Il a entrepris cet ouvrage à la sollicitation de quelques hommes vertueux et savants à qui il a rendu grâce de la trop bonne opinion qu’ils ont eue de ses forces.

1453. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

On s’aperçoit trop aisément que l’amour n’est chez lui que l’exercice d’une imagination savante, un thème à développements splendides ; que c’est avec un esprit très froid, un art très systématique et une personnification très exagérée que M.  […] Les philosophes français, chaque fois que les restes du gouvernement absolu ou du pouvoir ecclésiastique faisaient mine d’arrêter leurs écrits ou de gêner leur propagande, devaient songer à cette ville savante, laborieuse, tolérante, industrieuse, avancée, qui comptait, à cette époque, des hommes du plus haut mérite, et qui se recommandait en outre à la santé de l’esprit et du corps par son bon air et ses magnifiques paysages. […] Moultou et ses amis ; mais qu’au fond le diable n’y perd rien, ce malin diable qui se moque du temple comme de l’église ; que, s’il rentrait dans son naturel, ses sarcasmes éclateraient contre les savants en manteau noir comme contre les ignorants en étole ; que même, si l’on y regardait de bien près, ces savants un peu lourds, un peu puritains, insensibles à ses spirituelles gambades, hostiles à son cher théâtre, rétifs à ses bons mots, obstinés à dire à son impiété : Tu n’iras pas plus loin ! […] Tout cela est vrai, et pour nous, sauf quelques réserves de détail, nous acceptons volontiers cette savante série de recherches, de déductions et de preuves, qui, en reliant la Révolution à l’ancien régime, ne rend, semble-t-il, ni celle-ci moins odieuse ni celui-là moins impossible. […] Ceci peut nous conduire, — et c’est là que je voulais en venir, — à une conclusion qui n’infirme en rien les recherches si savantes et les aperçus si vrais de M. de Tocqueville, mais qui a son côté consolant ; c’est que, même en 1788, même dans cette organisation croulante où le paysan avait toutes les charges de la propriété sans en avoir les avantages, il a eu d’abord dans la révolution une part d’action bien moindre que celle qu’on a supposée.

1454. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Mais l’inceste est bientôt découvert ; la femme du savant meurt de douleur et c’est entre le deuil de sa maîtresse et celui de sa femme que l’égaré commence à retrouver son chemin sous la lueur d’un rayon de la raison qui lui revient. […] Essais de paléontologie philosophique Un savant dont le nom est grand dans le monde de la science, M.  […] Une chose pourtant qui devrait leur donner à réfléchir, c’est de voir que nos plus grands poètes, nos plus grands savants, nos plus grands philosophes, ceux qui ont véritablement étudié la nature, pénétré le plus profondément ses mystères, n’ont jamais douté de ce principe dont nos réformateurs font si bon marché. […] Leurs Altesses Impériales occupaient les loisirs que leur laissaient les fêtes et les visites aux monuments de la ville, en causeries avec les artistes, les écrivains et les savants, Beaumarchais leur lut en manuscrit son Mariage de Figaro, qui faisait en ce moment beaucoup de bruit. […] Le Maroc inconnu Le Maroc inconnu, tel est le titre sous lequel un savant en littérature arabe, un enthousiaste du Maroc, M. 

1455. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il ignore aussi bien le désintéressement du savant que l’insouciance du dilettante. […] Les hommes n’avaient jamais été si savants. […] Presque tous les personnages qu’il met en scène sont, sinon des savants, des demi, ou des quarts de savants. […] Il n’est que d’avoir l’esprit tourné vers une savante interprétation du dogme. […] Les Alexandrins qui s’attardaient à polir de courtes pièces d’une facture savante et raffinée étaient des artistes.

1456. (1927) Des romantiques à nous

Henri Brémond ; l’autre, savant, grave, profondément estimable, de M.  […] Mais, sans être un savant en folklorisme, je sais fort bien d’où ils viennent. […] Pour les musiciens qui, conformément à certaine théorie de Wagner, croient qu’il y a une essence populaire d’inspiration, distincte de l’inspiration cultivée et savante et dans laquelle celle-ci gagnera à se baigner et se rafraîchir, leur vocabulaire esthétique appelle une nette rectification. […] Rimsky-Korsakof, la plus savante et la plus habile main parmi les compositeurs russes, en assuma la responsabilité avec une bonne foi et une sincérité de dévouement qui ne sauraient être mises en doute. […] Il y avait en grand nombre des aspirants médecins, juristes, savants ou professeurs à qui leurs parents ne pouvaient fournir assez, et qui auraient été en grand embarras de poursuivre leurs études, s’ils avaient été obligés de payer leurs côtelettes.

1457. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

On connaît moins, sans doute, les savantes et scrupuleuses analyses qu’il fit des œuvres de ces écrivains dont la postérité a retenu les noms de manière inégale, et dont deux volumes conservent la mémoire : Impertinences. […] Précisément, la construction critique que, depuis, Bremond entreprit, Barrès la compare à ces Panathénées, à un « long et savant cortège » dont Bremond décore l’Église de France. […] Bérard à honorer des peintres, des savants, des comédiennes. […] Être sensuel, c’était pour les savants, jouer avec leur corps, pour les athlètes avec leur âme. […] De l’École Normale, de Toulet et de France, Giraudoux a pris certains tics : certainement c’est par France que Juliette, qui veut explorer Paris, est présentée aux savants, aux fonctionnaires les plus passionnés de statistique, et menée chez les archéologues.

1458. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Un jour une Dauphine illustre laissa tomber, en passant, un baiser pur sur les lèvres d’un savant homme endormi. […] Une de ses filles marquait une intelligence avancée : « Elle serait fort propre à faire une femme savante : beaucoup de facilité et de pénétration d’esprit, dit-on ; mais cela rend-il heureuse ?

1459. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Dans les châteaux, dans les familles, en province, partout, abondaient les poèmes de Delille ; on y trouvait, sous une forme facile et jolie, toutes choses qu’on aimait à apprendre ou à se rappeler, des souvenirs classiques, des allusions de collège à la portée de chacun, des épisodes d’un romanesque touchant, des noms historiques, des infortunes ou des gloires aisément populaires, des descriptions de jeux de société ou d’expériences de physique, des notes anecdotiques ou savantes, qui formaient comme une petite encyclopédie autour du poëme, et vous donnaient un vernis d’instruction universelle. […] En un mot, Boileau suppléait par une quantité de moyens savants, et depuis assez inaperçus, au rare emploi qu’il faisait et qu’on faisait en son temps, de la métaphore et de l’image.

1460. (1929) Dialogues critiques

Paul … Est un savant éminent, je me plais à le reconnaître, mais il arrive aux plus éminents savants de s’abuser.

1461. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Une fillette de six ans est serrée dans un corps de baleine ; son vaste panier soutient une robe couverte de guirlandes ; elle porte sur la tête un savant échafaudage de faux cheveux, de coussins et de nœuds, rattaché par des épingles, couronné par des plumes, et tellement haut que souvent « le menton est à mi-chemin des pieds » ; parfois on lui met du rouge. […] » on reçoit d’elle, comme M. de Talleyrand, le brevet de parfait savoir-vivre qui est le commencement d’une renommée et la promesse d’une fortune. — Sous une telle « institutrice », il est clair que le maintien, le geste, le langage, toute action ou omission de la vie mondaine devient, comme un tableau ou un poème, une œuvre d’art véritable, c’est-à-dire infinie en délicatesses, à la fois aisée et savante, si harmonieuse dans tous ses détails que la perfection y cache la difficulté.

1462. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Les femmes, auxquelles on s’efforçait de plaire, n’entendaient pas le langage savant. […] « Cette couronne, écrit-il lui-même dans son âge refroidi, ne m’a rendu ni plus poète, ni plus savant, ni plus éloquent ; elle n’a servi qu’à irriter la jalousie contre moi et à me priver du repos dont je jouissais ; ma vie, depuis ce temps, n’a été qu’un combat ; toutes les langues, toutes les plumes, se sont aiguisées contre moi, mes amis sont devenus mes ennemis !

1463. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

C’est un défaut, disent les savants ; cette peinture n’est qu’une sorte de gravure, cette peinture fait penser et sentir, mais elle ne fait pas assez voir ; elle n’accentue pas assez les objets ; elle ne colorie pas assez la nature ; elle ne sculpte pas assez les figures sur la toile, par le jeu savant et puissant des jours et des ombres, pour faire saillir en relief les objets de la surface plane du tableau ; elle n’étonne pas comme Michel-Ange ; elle n’illumine pas comme Raphaël ; elle n’éblouit pas comme Titien ; elle n’éclabousse pas comme Rubens ; oui, mais elle rappelle Van Dyck, ce traducteur de l’âme sur les traits presque incolores de la physionomie.

1464. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Guillaume de Humboldt, le frère aîné du savant célèbre, partage le plaisir de Schiller. […] Le caractère éminemment pensif de cette race germanique lui donne le temps de mûrir ses idées ; elle est lente comme les siècles et patiente comme le temps ; jamais cette race pensive et même rêveuse n’a été assimilée aux idées et aux langues de ces races grecques et latines comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal et nous, qui dérivons d’Athènes ou de Rome ; l’Allemagne dérive de l’Inde et du Gange ; elle parle une langue consommée, savante, circonlocutoire, mais d’une construction et d’une richesse qui la rendent propre à exprimer toutes les images et toutes les idéalités de la poésie ou de la métaphysique.

1465. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Veux-tu donc devenir une savante ? […] Si j’en avais fait une œuvre purement savante, il eût attiré l’attention des penseurs qui n’y jetteront pas les yeux.

1466. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Pie VII se vit secondé dans sa résistance par cette nombreuse congrégation des Cardinaux les plus savants, qui avait été formée dès le principe et qui se rassemblait en sa présence pour l’examen des dépêches et des projets reçus de Paris. […] « Le prélat Spina me déclara que, puisque le père Caselli, beaucoup plus savant théologien que lui, pensait ainsi, il n’avait pas le courage d’assumer la responsabilité de conséquences si fatales à la religion, et qu’il était résolu, lui aussi, à admettre l’article et à le signer tel quel.

1467. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Les savants, les philosophes, les théologiens, les alchimistes, les physiciens, les légistes même, trouvèrent pendant deux siècles de quoi se plaire dans le Roman de la Rose. […] Postérieurement à l’édition du Roman de la Rose, donnée par le savant M. 

1468. (1909) De la poésie scientifique

John-Antoine Nau : son art verbal et rythmique, subtilement spontané et savant, sa valeur évocatrice et suggestive, en son volume les Hiers Bleus. […] Poincaré parla de la poésie scientifique, en savant et en poète.

1469. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

J’en faisais la descente, et je trouvais un vieux savant qui savait tout, et surtout prométhifier les êtres par la résurrection. […] * * * Le jour où tous les hommes sauront lire et où toutes les femmes joueront du piano, le monde sera en pleine désorganisation, pour avoir trop oublié une phrase du testament du cardinal de Richelieu : « Ainsi qu’un corps qui auroit des yeux en toutes ses parties, seroit monstrueux, de même un État le seroit, si tous les sujets étoient savants.

1470. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Dans l’amateur, de temps en temps, le savant passe, et à propos de l’équilibre du mouvement chez Fragonard, revient, sur ses lèvres, cette définition de son peintre adoré : « C’est le peintre dynamique !  […] Si on me donnait à choisir entre devenir dresseur de chiens savants, mari d’une danseuse ou père d’enfants pianistes, je demanderais à réfléchir.

1471. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Car cela, à quoi nous avons donné la netteté et le caractère, ne serait jamais sorti du savant, frappé du style et de l’osé de notre plume, — car il aurait eu, devant le papier, les timidités baveuses et les corrections un peu intimidées, qu’il nous a envoyées, en marge de nos épreuves. […] * * * — Je crois décidément que les savants sont plutôt des escamoteurs que des sorciers.

1472. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Quant à nous, nous estimons que le devoir étroit de la science est de sonder tous les phénomènes ; la science est ignorante et n’a pas le droit de rire ; un savant qui rit du possible est bien près d’être un idiot. […] Il est savant, cet idiot.

1473. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Dans son dernier livre, l’Enfant à la Balustrade qui n’est qu’un recueil de sensations enfantines, on peut s’étonner de l’ironie savante dont fait preuve un jeune observateur aux jugements si rapides et si exacts. […] La partie psychologique de la Petite Angoisse paraît faible à côté des évocations savantes de Pour l’amour du Laurier.

1474. (1926) L’esprit contre la raison

Et voilà certes l’escroquerie dénoncée par André Bretonal, escroquerie d’ailleurs qui n’est pas un cas particulier puisque le même Breton, à plus de cinq années d’intervalle, dans une brochure intitulée Légitime Défense qu’il vient de publier, précise : « Il ne s’agit pas du tout pour nous de réveiller les mots, de les soumettre à une savante manipulation pour les faire servir à la création d’un style aussi intéressant qu’on voudra. […] Le 13 mai 1921 à la salle des Sociétés savantes rue Serpente.

1475. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Il y a quelques années que, passant à Dijon, je fis visite à l’un de ces hommes savants et modestes comme la province en renfermait beaucoup autrefois et comme il y en a quelques-uns encore : cet homme de mérite, qui s’était de tout temps occupé d’histoire, et qui avait publié lui-même des Annales estimées24, avait les in-folio de Mézeray ouverts sur sa table, et, me voyant y jeter les yeux, il me dit : « En province nous avons encore le temps de lire.

1476. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

D’un esprit gentil et gracieux, elle avait surtout un naturel parfait, rien de savant ; le seul livre qu’on ait trouvé dans sa bibliothèque était son livre d’Heures71.

1477. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

[NdA] Chaudon, dans une lettre au savant bibliographe Barbier, dit la même chose (Bulletin du bibliophile, 1839, p. 617).

1478. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Leur union a été jusqu’au point qu’il lui a fait part de son génie pour les mathématiques. » C’est cette personne savante que Massillon dirigeait dès 1703, et il alla passer les vacances chez elle à Saint-Mesmes en 1704, peu de temps après la mort du marquis : ce qui donna lieu à tous les propos, quolibets et chansons.

1479. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Des savants italiens, notamment le comte Tiepolo, ont adressé à l’auteur et publié des « Observations critiques » dont plusieurs paraissent fondées sur une connaissance plus exacte des mœurs et sur l’autorité de documents particuliers, mais dont un grand nombre sont évidemment dictées par un esprit de nationalité plus louable que juste.

1480. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Mon auteur est savant pour moi : les matières sont toutes digérées ; l’invention et la disposition ne me regardent pas : je n’ai qu’à m’énoncer.

1481. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Poirson, discutant le témoignage de Louvet, a également exprimé des doutes (voir Revue des sociétés savantes des département, 1859 ; deuxième série, tome I, page 568.)

1482. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Le prince Henri, livré à lui-même, eût été un général tout méthodique et circonspect de l’école du maréchal Daun ; il calculait, méditait des manœuvres habiles, des marches ingénieuses, des plans fort savants conformes à la disposition du terrain ; mais il agissait peu, voyait à l’avance des difficultés à tout, et n’entreprenait pas.

1483. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Quoi qu’il en soit de ces distinctions qui m’échappent un peu, Bonstetten resta toujours, en tant qu’écrivain français, vif, rapide, naturel, un causeur qui trouve son expression et qui ne la cherche jamais : en quoi il diffère du tout au tout des autres écrivains bernois, du respectable et savant Stapfer, par exemple, qui ne put jamais désenchevêtrer sa phrase française, et qui, avant d’écrire une seule ligne, se demandait toujours dans un embarras inextricable : N’est-ce pas un germanisme ?

1484. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Cette savante édition, devenue la base des autres qui ont suivi et qu’elle rendait faciles, n’était pas exempte toutefois de quelques fautes d’inadvertance et même d’étourderie, s’il est permis d’appliquer un mot si léger au respectable érudit à qui on la devait ; M. 

1485. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Tantôt enfin (et c’est ici le cas qui n’est pas le moins original en son genre), nous avons vu la Théologie elle-même tout armée, la dialectique serrée et savante, sachant les points, les textes décisifs, les comment et les pourquoi de l’orthodoxie, sachant aussi les raisons du cœur et les plus fins arguments de la spiritualité ; nous l’avons vue venir du Nord sous la figure de Mme Swetchine, s’installer, prendre pied chez nous et y devenir conquérante à sa manière.

1486. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Ce fut aussi chose à peu-près convenue dès lors, dans l’opinion, que les autres Académies moins nobles travaillaient, publiaient des mémoires, des recueils savants dont on leur demandait un compte exact et fréquent mais que l’Académie française, à part son Dictionnaire qu’elle retouchait de temps en temps et qu’elle recommençait toujours, ne travaillait pas : elle était censée comme les lis de la vallée, « qui ne travaillent ni ne filent. » Une conséquence qui découlait de cette distinction première : toutes les autres Académies eurent des académiciens libres ou amateurs ; l’Académie française seule n’en eut pas.

1487. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Il est bien plus large et bien plus long que le Pont-Neuf de Paris : et l’on ne peut s’empêcher de savoir bon gré à celui qui conseilla à ce prince de vendre ce pont ou d’acheter une rivière… » Ce Mançanarès tout poudreux est revenu fort à propos en idée au savant et délicat Boissonade dans je ne sais plus quel commentaire, pour lui servir à justifier une expression pareille qu’on rencontre chez les auteurs anciens et qui semblait invraisemblable ; ainsi, le pulverulenta flumina de Stace est vrai au pied de la lettre. — Un jour qu’un spirituel voyageur français (Dumas fils) était à Madrid, et que, mourant de soif, on lui apporta un verre d’eau, c’est-à-dire ce qu’on a de plus rare : « Allez porter cela au Mançanarès, dit-il, ça pourra lui faire plaisir.

1488. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Académicien, il se délassait tantôt dans sa jolie maison d’Athis, tantôt dans son hôtel rue Neuve-Saint-Paul, au milieu de ses belles collections et dans la compagnie des savants.

1489. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Un critique latin d’entre les modernes, un savant en us a qualifié non moins heureusement la merveilleuse et presque ineffable aménité de Térence.

1490. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Chacun sut, grâce à lui, à quoi s’en tenir désormais sur tout ce système habile et merveilleux de créations à l’intérieur, sur ce mécanisme savant et simple, essentiellement moderne, dont le public n’avait pas la clef auparavant ou dont on ne se faisait que de vagues idées.

1491. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Mérimée à travers les détails de cette stratégie savante, difficile, à tout moment coupée ; il la rend pour la première fois claire, vraisemblable, et se complaît dès lors, on le conçoit, à la faire saisir.

1492. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Quinault et Charles Perrault précèdent Bossuet et Racine, et la même année introduit le savant Huet avec l’ingénieux Benserade.

1493. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Il y a eu pendant plus d’un siècle une « question de Gil Blas », qui a exercé les savants de tous les pays ; cette question était : Lesage a-t-il, oui ou non, copié un original espagnol ?

1494. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Vous avez connu les troubles de la sensualité la plus curieuse et la plus savante — et les émotions de la sympathie la plus pure et de la plus chaste pitié… Ainsi vous goûtez dans ces livres le charme limpide des poèmes ingénus et le charme pervers des extrêmes recherches de l’esthétique contemporaine  ce qui est au commencement des littératures et ce qui est à la fin.

1495. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

En reconnaissant dans l’histoire de la nature des époques, et dans les ossements fossiles les médailles de chaque époque, Buffon du même coup inventait une science et en donnait le flambeau aux savants qui devaient rectifier ses idées en en profitant.

1496. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Le sentiment de la ‘puissance, de la supériorité, du pouvoir proprement dit : le plaisir du riche propriétaire, du chef d’une manufacture, de l’homme d’Etat, du millionnaire, du savant qui découvre, de l’artiste qui réussit.

1497. (1886) De la littérature comparée

C’est seulement à la fin du Moyen-Âge, quand la prise de Constantinople a chassé en Occident les savants byzantins, quand après les brillants tournois de Roscelin et de saint Anselme, d’Abélard et de Guillaume de Champeaux, de saint Thomas et de Duns Scot, la scolastique est morte d’épuisement sans avoir pu résoudre son insoluble problème, que les longs travaux des humanistes ramènent au premier plan la culture antique.

1498. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Ou bien faut-il déclarer, en soulignant sévèrement les derniers mots : « Aimer d’un même amour la mère et la fille, c’est un crime, et qui a un nom : c’est un inceste. » En une dispute alternée que les Muses n’aimeront point, Malclerc et d’Audiguier, personnages sans vie, mais avocats tenaces et savants de toutes les subtilités connues, soutiennent les deux opinions.

1499. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Un jour Mme de Genlis assistait avec ses élèves, au Théâtre-Français, à une représentation des Femmes savantes.

1500. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Nul n’a mieux saisi et noté que Mallet du Pan les diverses étapes et les temps d’arrêt de la Révolution : à Paris dans le Mercure, et à Bruxelles dans sa brochure publiée en 1793, il n’avait cessé de l’étudier, de la caractériser dans sa marche d’invasion et dans sa période croissante : après le 9 Thermidor et depuis la chute de Robespierre, il va la suivre pas à pas dans sa période de décours, absolument comme un savant médecin qui suit et distingue toutes les phases d’une maladie.

1501. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Cette reine savante, qui ne parut pas comprendre que le plus bel et le plus haut usage qu’on peut faire de l’esprit, c’est de bien gouverner les hommes, quand la naissance vous a mis en condition et en demeure de le faire, après avoir abdiqué le pouvoir, s’en vint amuser sa curiosité à Paris, où elle fit une entrée triomphante (8 septembre 1656).

1502. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il eut cela de particulier entre tant d’autres hommes éminents qui concoururent vers ce temps à la même œuvre, c’est qu’il était resté pur, qu’il avait traversé la Révolution sans aucune tache (et parmi ses plus recommandables et ses plus savants collègues, quelques-uns, égarés autrefois ou faibles, avaient leur tache de sang).

1503. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Je voudrais tâcher de le leur expliquer, leur donner idée d’un des hommes les plus savants, les plus distingués et les plus vraiment aimables que puisse citer l’Église de France, de l’un de nos meilleurs écrivains, et, sans m’embarquer dans aucune question difficile ou controversée, mettre doucement en lumière la personne même et le talent.

1504. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Par tous ces essais savants, curieux et fortement étudiés, on dirait que M. 

1505. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Lui, l’habile et le spirituel crayonneur, le brillant et savant aquafortiste, le maître au cochon, affecte doctoralement de répudier toutes les habiletés, les adresses, les procédés, tout ce dont est fait son petit, mais très réel talent, pour n’estimer que les maîtres primitifs, les maîtres spiritualistes, et ne reconnaître dans toute l’école moderne qu’un seul homme : M. 

1506. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Ainsi parlent les athénées, les sorbonnes, les chaires assermentées, les sociétés dites savantes, Saumaise, successeur de Scaliger à l’université de Leyde, et la bourgeoisie derrière eux, tout ce qui représente en littérature et en art le grand parti de l’ordre.

1507. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Ce n’est point moi le vers-libriste qui ai dit le premier que Victor Hugo dans sa libération du rythme n’avait pas été assez loin, c’est Banville, le plus savant rythmeur qui nous vint du romantisme et qui enfantait le Parnasse pour qu’il ajoutât quelques observances nouvelles aux libertés édictées par Victor Hugo.

1508. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Les savants tournent dans un cercle vicieux, quand ils prétendent que les organes importants ne varient jamais ; car, ainsi que plusieurs naturalistes en sont convenus avec bonne foi, ils commencent par ranger empiriquement, au nombre des caractères importants de chaque espèce, tous ceux qui, chez cette espèce, sont invariables : or, en partant de ce principe, aucun exemple de variation importante ne saurait jamais se présenter.

1509. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

La littérature proprement dite est la peinture de notre âme à tous et de nos mœurs à nous tous, avec une certaine exagération savante destinée à mettre en relief les parties les plus importantes et les plus intéressantes de la vérité elle-même.

1510. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Il en est de même du savant : les réputations, chez nous, sont des engouements qui ne peuvent devenir populaires ; et les succès ressemblent toujours à des succès de coteries.

1511. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Chasles, élevé comme un chien, mais comme un chien savant, par un père athée et régicide, avait de par la nature intellectuelle de son esprit résisté à cette éducation abominable, et il resta toujours élevé, sinon pur, dans toutes les intempérances et les débauches de la pensée littéraire.

1512. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Il y a là une humour inspirée et un art savant et volontaire de l’effet le plus saisissant et le plus neuf.

1513. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Ses grands politiques, les Palmerston, les Richard Cobden, les Pitt, ses grands savants, les Newton, les Darwin, les Herschel, ses grands poètes, les Robert Burns, les Shakespeare, les Chaucer et les Milton, ses grands inventeurs, ses premiers rois, ses réformateurs et ses philosophes, en un mot tous ceux qui ont lentement pétri l’âme anglo-saxonne dorment ici côte à côte ou revivent dans une image.

1514. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Les savants jugeront.

1515. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Dans toutes les autres sciences, le savant continue l’œuvre de ses prédécesseurs ; en philosophie, il crée tout lui-même.

1516. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Les substances mortes, œuvre de cette destruction, sortent par le poumon sous forme d’acide carbonique, par les reins sous forme d’urine, par l’intestin et par la peau ; et diverses glandes, les reins, le foie, sont établies sur un plan savant pour aider à cette épuration.

1517. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Ainsi l’industrie compose des ouvrages, obtient des approbations, & fait si bien que le journaliste le plus savant & le plus impartial, y est quelquefois pris. […] D’ailleurs, ajouta le commandeur, il en coûteroit trop à nos intrigans pour se réformer ; ceux-ci devroient renoncer à leur voiture, ceux-là perdre jusqu’à leur dernier habit, au lieu que les femmes savantes & les précieuses ridicules, n’avoient que des tons & des manieres à changer. […] on se moqueroit de lui s’il étoit savant…. […] Il faut l’endosser pour devenir savant, & pour être suivi. […] Mais du moins, rions une minute, en considérant cette femme qui passe, & qui a fait sa toilette tout le matin, pour être laide le reste du jour ; cet homme, qui ne devient savant que pour être pédant, & qui assomme de son érudition tous ceux qu’il rencontre.

1518. (1885) L’Art romantique

Ferrari, le subtil et savant auteur de l’Histoire de la raison d’État. […] Beaucoup de gens ont longtemps parlé de cet ouvrage comme répondant à de puériles passions, comme enchantant plutôt par le sujet que par la forme savante qui le distingue. […] Toutes les superstitions catholiques ou orientales furent chantées dans des rhythmes savants et singuliers. […] Qu’est-ce qui a fait le succès de Jérôme Paturot, cette odieuse descente de Courtille, où les poëtes et les savants sont criblés de boue et de farine par de prosaïques polissons ? […] Victor Hugo a bien fait quelques belles strophes, et je ne vois pas que le savant M. 

1519. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Macaulay tire la discussion de la région métaphysique ; il la ramène sur terre ; il la rend accessible à tous les esprits ; il prend ses preuves et ses exemples dans les faits les plus connus de la vie ordinaire ; il s’adresse au marchand, au bourgeois, à l’artiste, au savant, à tout le monde ; il attache la vérité qu’il démontre aux vérités familières et intimes que personne ne peut s’empêcher d’admettre, et qu’on croit avec toute la force de l’expérience et de l’habitude ; il emporte et maîtrise la croyance par des raisons si solides que ses adversaires lui sauront bon gré de les avoir convaincus ; et si par hasard quelques personnes, chez nous, avaient besoin d’une leçon de tolérance, c’est dans cet Essai qu’elles devraient la chercher. […] Au-dessous des longs calculs, des formules d’algèbre, des déductions subtiles, des volumes écrits qui contiennent les combinaisons et les élaborations des cervelles savantes, il y a deux ou trois expériences sensibles, deux ou trois petits faits qu’on vous fait toucher du doigt, un tour de roue dans une machine, une coupure de scalpel sur un corps vivant, une coloration imprévue dans un liquide. […] On n’a vu jusqu’ici que le raisonneur, le savant, l’orateur et l’homme d’esprit ; il y a encore dans Macaulay un poëte ; et, quand on n’aurait pas lu ses Chants de l’ancienne Rome, il suffirait, pour le deviner, de lire quelques-unes de ses phrases où l’imagination, longtemps contenue par la sévérité de la démonstration, déborde tout d’un coup par des métaphores magnifiques, et se répand en comparaisons splendides, dignes par leur ampleur d’être reçues dans une épopée.

1520. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Et pourtant dans cette abondance il y avait un vide : quand je lisais les comptes rendus, je croyais assister à un congrès de chefs d’usines ; tous ces savants vérifiaient des détails et échangeaient des recettes. […] Vous avez des savants, vous n’avez pas de penseurs. […] Ils ont aidé à la grande œuvre moderne, la découverte des lois applicables ; ils ont contribué, comme les savants spéciaux, à augmenter la puissance de l’homme.

1521. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Ensuite la virilité, quand la société produisit successivement la Renaissance, la Réforme, la Philosophie : c’est l’âge de la monarchie, mais c’est l’âge aussi des savants, des artistes et des philosophes ; c’est le seizième et le dix-septième siècle, l’âge de Raphaël et de Luther, de Shakespeare et de Galilée, de Molière et de Leibniza : art, poésie, science, philosophie, rien ne sort encore bien ostensiblement de la conception de la terre considérée comme un lieu d’épreuves menant à l’enfer ou au paradis ; et pourtant qui ne sent qu’on touche déjà à la limite de cette idée ? […] Voilà ceux qui lui ont dit quelque chose sur la destinée générale, sur le pourquoi de la vie, sur le passé, sur l’avenir ; voilà ceux qui lui ont parlé de Dieu ; et plus tard d’autres éducateurs, les savants, les philosophes, le monde, l’ont pris à leur tour, et ont tout effacé. […] Va, marche au milieu de ce monde ennemi ou embarrassé d’obstacles ; tu portes en toi une force fatale, et il y a tout à parier qu’elle ne produira que du mal. » Aujourd’hui quand des têtes de criminels sont tombées sur des échafauds, nos savants recueillent ces têtes, qui vont enrichir leurs précieuses collections.

1522. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

.] — Les allusions savantes et l’obscurité calculée ; — et, à ce propos, du symbolisme de l’école lyonnaise ; — l’intensité du sentiment ; — la conception de l’amour douloureux et tragique. — Mysticisme et sensualité. — Influence croissante de l’italianisme ; — souci nouveau de la forme ; — et nouvelle conception de la poésie. […] 2º L’Artiste, l’Écrivain et le Savant. — De quelques éloges extravagants que l’on a faits de B. […] S’il faut en faire un « savant » ?

1523. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Et pourtant dans cette abondance il y avait un vide : quand je lisais les comptes rendus, je croyais assister à un congrès de chefs d’usines ; tous ces savants vérifiaient des détails et échangeaient des recettes. […] Vous avez des savants, vous n’avez pas de penseurs. […] Ils ont aidé à la grande oeuvre moderne, la découverte des lois applicables ; ils ont contribué, comme les savants spéciaux, à augmenter la puissance de l’homme.

1524. (1925) Proses datées

Du romantisme, celui de Gautier a conservé le sens du pittoresque, un certain goût du macabre, de l’exotique et du grotesque, mais il y a ajouté un sentiment personnel de la beauté plastique et surtout le souci de la concision, de la concentration de la pensée, de la savante mise en valeur de l’image, d’un art restreint, mais impeccable, de cet art qui se joue en couleurs indestructibles aux strophes cubiques des Emaux et Camées. […] Mieux vaut simplement ouvrir le volume et écouter la voix mystérieuse enfermée à jamais en ses strophes vivantes où s’exprime, avec les plus belles, les plus savantes, les plus profondes ressources de la poésie, la grande âme douloureuse faite de souffrance, d’ironie, d’orgueil, de désespoir et qui nous a légué, du fond de sa noble misère, le sombre trésor de son amère lamentation et de sa plainte, immortelle. […] Si ces petites compositions auxquelles Baudelaire travailla avec intermittence jusqu’à la fin de sa vie et qui ne furent réunies en volume qu’après sa mort, si ces brefs morceaux, d’un style si achevé, sont, pour le plus grand nombre, en effet, des « poèmes » dépourvus de rimes et où le vers se dissimule sous les artifices savants d’une prose profondément rythmique, il en est pourtant certains qui, par leur sujet plus détaillé et plus anecdotique, sont bien près d’être des « contes ». […] Cette savante mathématicienne devait se soucier assez peu des beautés pittoresques, et cependant, lorsqu’elle s’avisa d’être infidèle à son philosophe, ce fut en faveur d’un bel officier-poète, de ce Saint-Lambert qui est l’auteur d’un poème sur les saisons. […] On a pu remarquer que le nom du célèbre mathématicien et de l’illustre savant figure à plusieurs reprises sur le cahier de Mme de Chasans.

1525. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Dans presque tous ses drames, vous trouverez quelque locution savante qui revient çà et là, comme une sorte de leit-motiv. […] Au moins la démence de Charles Demailly était l’œuvre de plusieurs mois et de toute une série de perfidies savantes. […] C’est beau, ce savant édifice de corruption élevé par un homme de tant de volonté, de tant d’intelligence et de tant d’argent, renversé par le cri d’un bébé. […] Il est déjà arrivé plus d’une fois que le charme savant des peintures qui lui servent de considérants compromît l’autorité et l’efficacité de ses arrêts. […] Oui, la jeune fille de Gyp, — garçonnière et cependant jeune fille, — c’est Henriette « mise au point » deux siècles après les Femmes savantes ; c’est Henriette dans un milieu mondain ; Henriette plus nerveuse ; Henriette parlant en prose, et en prose d’aujourd’hui.

1526. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Dans un voyage que fit en Italie le savant M. 

1527. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Le groupe de littérateurs dont je parle était instruit sans être savant ; mais tous connaissaient Horace et le citaient sans cesse, c’était leur bréviaire ; il était, à lui seul, toute leur Antiquité.

1528. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Élevé sous les yeux de son père, frère d’un aîné d’un autre lit (M. de Caumartin, l’intendant des finances) et qui était très en crédit et très à la mode ; n’ayant lui-même jamais rien écrit ni ne devant rien écrire, mais ayant tout appris dès l’enfance, histoire, chronologie, médailles, théologie enfin, et n’étant surchargé de rien, il avait été reçu à l’Académie dans cette grande jeunesse pour sa pure distinction personnelle : « La brigue ni la faveur, a-t-on eu le soin de nous dire, n’avaient eu aucune part à ce choix : son mérite seul avait parlé pour lui. » Perrault, qui fut chargé de le recevoir, le loua comme un prodige de facilité et d’érudition, dont tous les savants étaient émerveillés et que la Sorbonne avait peine à contenir.

1529. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

À peine monté sur le trône, il avait écrit à sa sœur (29 juillet 1740) : « Nos savants n’arriveront qu’à la fin de l’année, et, j’espère de recueillir à Berlin tout ce que ce siècle a produit de plus fameux.

1530. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

L’abbé Barthélemy, l’hôte des Choiseul, l’ami qui s’est donné une fois pour toutes et que le charme a irrévocablement touché, y gagne aussi et se dessine dans toutes les nuances de son caractère, le plus poli des savants, aimable et estimable, gai et tempéré, bon garçon, tout à tous, vrai trésor de société, ayant des heures pourtant où il regrette sourdement l’indépendance du cabinet et les libres délices de l’étude.

1531. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Il voudrait faire mentir ceux qui disent « que les Français commencent tout et n’achèvent jamais rien. » Il voudrait les désabuser de ce faux point d’honneur qui, dans les sièges, quand il est tout préoccupé, par ses inventions savantes, de ménager la vie des hommes, leur fait prodiguer la leur, sans utilité, sans aucune raison et par pure bravade ; « Mais ceci, disait-il, est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais, si Dieu, qui est tout-puissant, n’en réforme toute l’espèce. » Hormis ce pur et irréprochable Vauban, tous ceux qui figurent dans cette histoire, y paraissent avec leurs qualités et leurs défauts ou avec leurs vices : Condé, avec ses réveils d’ardeur, ses lumières d’esprit, mais aussi avec des lenteurs imprévues, des indécisions de volonté (premier signe d’affaiblissement), et avec ses obséquiosités de courtisan envers le maître et même envers les ministres ; Turenne, avec son expérience, sa prudence moins accrue qu’enhardie en vieillissant, et son habileté consommée, mais avec ses sécheresses d’humeur et ses obscurités de discours ; Luxembourg, avec ses talents, ses ardeurs à la Condé, sa verve railleuse, mais avec sa corruption flagrante et son absence de tout scrupule ; Louvois, avec sa dureté et sa hauteur qui font comme partie de son génie et qui sont des instruments de sa capacité même, avec plus de modération toutefois et d’empire sur ses passions qu’on ne s’attendait à lui en trouver.

1532. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

L’histoire de Charles-Quint tout entière, dont Robertson semblait avoir élevé le monument définitif, a été renouvelée de nos jours par la connaissance directe des sources et des papiers d’État contenus dans les archives des divers pays, régis et gouvernés par ce puissant monarque ; l’étude des diverses branches dont se compose, en si grand nombre, ce règne étendu et complexe est devenue l’objet d’une savante émulation, et en Espagne, et à Vienne, et en Belgique surtout par les exactes et si essentielles publications de M. 

1533. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Au sortir de là et sa démission obtenue, le roi avait nommé M. de Marca, un savant homme, un ancien magistrat devenu homme d’Église, et qui mourut brusquement dans le temps même où il recevait ses bulles : on se rabattit alors à messire Hardouin de Péréfixe, ancien précepteur du roi, écrivain assez agréable dans sa Vie de Henri le Grand, assez instruit, assez bonhomme, mais sans caractère, sans élévation d’âme ni aucune dignité extérieure : il ne fut jamais au niveau de sa haute position, et il encourut en plus d’un cas le ridicule.

1534. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Cela le dépitait de ne pouvoir y atteindre : « Je ne sais, disait-il, comment ce diable de Daumier s’y prend ; c’est à croire qu’il attache la brosse à son ventre et qu’il frotte la pierre avec. » Quiconque a vu les grands dessins de Gavarni, notamment ses deux vues du Marche des Innocents, le côté des hommes, porteurs et charretiers, et celui des marchandes et commères, comprendra le résultat le plus savant de son procédé et de sa manière : par l’ordonnance des groupes, par la vigueur et la gradation des tons, par le relief et la profondeur des plans, ce sont des peintures.

1535. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu !

1536. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Le poète critique attribue même un peu trop à Homère quand, se souvenant à son sujet d’un mot d’Horace pour le réfuter, il dit que là où nous voyons une faute et une négligence, il n’y a peut-être qu’une ruse et un stratagème de l’art : « Ce n’est point Homère qui s’endort, comme on le croit, c’est nous qui rêvons. » Le beau rôle du vrai critique, Pope l’a défini et retracé en divers endroits pleins de noblesse et de feu, et que je rougis de n’offrir ici que dépolis et dévernis en quelque sorte, dépouillés de leur nette et juste élégance : « Un juge parfait lira chaque œuvre de talent avec le même esprit dans lequel l’auteur l’a composée : il embrassera le tout et ne cherchera pas à trouver de légères fautes là où la nature s’émeut, où le cœur est ravi et transporté : il ne perdra point, pour la sotte jouissance de dénigrer, le généreux plaisir d’être charmé par l’esprit. » Et ce beau portrait, l’idéal du genre, et que chaque critique de profession devrait avoir encadré dans son cabinet : « Mais où est-il Celui qui peut donner un conseil, toujours heureux d’instruire et jamais enorgueilli de son savoir ; que n’influencent ni la faveur ni la rancune ; qui ne se laisse point sottement prévenir, et ne va point tout droit en aveugle ; savant à la fois et bien élevé, et quoique bien, élevé, sincère ; modeste jusque dans sa hardiesse, et humainement sévère ; qui est capable de montrer librement à un ami ses fautes, et de louer avec plaisir le mérite d’un ennemi ; doué d’un goût exact et large à la fois, de la double connaissance des livres et des hommes ; d’un généreux commerce ; une âme exempte d’orgueil, et qui se plaît à louer, avec la raison de son côté ? 

1537. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Un homme qui n’est pas suspect quand il s’agit de juger les femmes célèbres, qui ne les aimait ni savantes, ni politiques, ni philosophes, et qui n’a jamais pu pardonner à Mme de Staël une certaine affectation de sentimentalité et une teinte de métaphysique, Fontanes, ennemi d’ailleurs de la Révolution et des révolutionnaires, écrivait dans un journal, le Mémorial, à l’occasion d’une Histoire du Siège de Lyon qui venait de paraître (1797) : « L’auteur dévoile très bien les intrigues assez basses du ministre Roland qui réunissait à quelques connaissances un orgueil sans bornes et un pédantisme insupportable ; mais il paraît injuste envers Mme Roland.

1538. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Mme Campan, plus sévère en cela que tous les catalogueurs du monde, est allée jusqu’à dire d’elle « qu’il n’a jamais existé de princesse qui eût un éloignement plus marqué pour toutes les lectures sérieuses. » Soyez bien sûrs, Messieurs les savants, que, dans cette suite de volumes, même frivoles, que vous inventoriez si minutieusement, il y en a eu bien plus d’essayés que de lus, et bien plus d’oubliés encore que d’essayés.

1539. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

À voir, cependant, chez elle l’emploi de ce patois si libre, si naïf, si coloré, je me suis rappelé une remarque du comte Jaubert, qui se trouve des mieux justifiées : « On peut soutenir sans paradoxe, dit-il dans la savante Introduction au Glossaire du centre de la France, que les patois déploient généralement un luxe de tropes à étonner Dumarsais lui-même, une originalité, une sorte de génie propre, capable non seulement d’intéresser, mais même d’offrir certaines ressources au grand art d’écrire. » Il y faut seulement, pour ce dernier point, du choix et de la sobriété.

1540. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Ce n’est pas une étude morte et purement savante, que celle à laquelle notre époque s’est vouée.

1541. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Au défaut de ses vers, un ingénieux et savant critique, avec qui j’aime à me trouver d’accord (M.

1542. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

L’analyse intérieure de son procédé, de sa tactique savante en cette seconde phase, serait curieuse à suivre de près : nous nous tenons aux simples aspects.

1543. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

En un mot, il y aurait eu, il y aurait pour un esprit qui, dans sa jeunesse, aurait aimé de passion Chénier, et qui arriverait ensuite aux Anciens, à démontrer de plus en plus ce rejeton imprévu, le dernier et non pas le moins désirable des Alexandrins, ou encore, si l’on veut, un délicieux poëte qui a su marier le xviiie  siècle de la Grèce au xviiie  siècle de notre France, et qui a trouvé en cette greffe savante de singuliers et d’heureux effets de rajeunissement.

1544. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Malherbe et Balzac fondèrent dans notre littérature le style savant, châtié, poli, travaillé, dans l’enfantement duquel on arrive de la pensée à l’expression, lentement, par degrés, à force de tâtonnements et de ratures.

1545. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Et les Femmes savantes avec leur poète : PHILAMINTE Servez-nous promptement votre aimable repas.

1546. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Quoiqu’en ses jours de prétention littéraire il se réclamât de Ronsard, il semble avoir ignoré ou méprisé la poétique de la tragédie savante : il ne fut pas long à se débarrasser des chœurs.

1547. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

C’est fini de sa sereine activité de savant.

1548. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Et si les belles phrases savantes et cadencées n’arrivent à leurs oreilles que par lambeaux confus, ils comprennent juste autant que s’ils entendaient.

1549. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

D’ailleurs, il a publié des livres d’histoire qui ont été lus, jugés, épluchés par les rédacteurs de la Revue historique, de la Revue critique et du Journal des savants, et ni M. 

1550. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Le parnassien, qui a peu de motifs d’agir, est surtout un puriste et un abstentionniste ; il dit des mépris en ironies savantes et aiguisées.

1551. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Massillon, dont chacun connaît les riches développements, la savante, l’ingénieuse mais déjà un peu prolixe et un peu molle éloquence, est celui des deux qui plaît aujourd’hui le plus à la lecture.

1552. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Il se peut que, de 1800 à 1814, on fût sur bien des points moins savant, moins érudit qu’aujourd’hui ; mais quant à l’ensemble des questions littéraires, chacun y prêtait plus d’attention, on s’y intéressait davantage.

1553. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Elle rabat les savants, redresse les disciples, et trouve le mot pour chacun.

1554. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Ives, savant homme qui a besoin d’un secrétaire, d’un collaborateur.

1555. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Mais c’est là un défaut qu’on lui passe, tant il est parvenu à en triompher en des pages heureuses, tant, à force de travail et d’émotion, il a assoupli son organe et a su donner à ce style savant et difficile la mollesse et le semblant d’un premier jet !

1556. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Là où l’esprit et la grâce peuvent suppléer à la poésie, là où il suffit de bien conter et d’égayer le récit par un trait agréable, Florian s’en tire à merveille, comme lorsqu’il nous montre, dans la querelle entre le hibou, le chat et l’oison, ce rat arbitre, Rat savant qui rongeait des thèmes dans sa hutte !

1557. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Qu’on essaie d’imaginer ce que suppose d’habileté de détail cette réserve savante qui entretient si longuement et sait contenir, sans l’étouffer, le désir !

1558. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Un savant, en qui l’érudition n’a rien étouffé, M. 

1559. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Il paraît qu’il avait de grandes qualités pour les parties savantes de l’art militaire, la géographie, la topographie, la levée des plans, les subsistances ; c’était un homme très utile que d’Antin sous un Luxembourg ou sous un Boufflers, un bon officier d’état-major, comme nous dirions.

1560. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

À Londres, où il s’est réfugié à la fin de 1792, il reçoit pourtant une lettre de son commis et fondé de pouvoir, qui lui dit qu’il s’est présenté dans les bureaux de la guerre et qu’on l’a adressé à un sieur Hassenfratz (le savant) : « J’ai débuté lui demandant si j’avais l’honneur de parler à M. 

1561. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Pour jouir de tout l’agrément du Lutrin, j’aime à me le figurer débité par Boileau avec ses vers descriptifs et pittoresques, tantôt sombres et noirs comme la nuit : Mais la Nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses ; tantôt frais et joyeux dans leurs rimes toutes matinales : Les cloches dans les airs, de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines ; avec ces effets de savant artifice et de légèreté, quand, à la fin du troisième chant, après tant d’efforts, la lourde machine étant replacée sur son banc, Le sacristain achève en deux coups de rabot, Et le pupitre enfin tourne sur son pivot ; ou avec ces contrastes de destruction et d’arrachement pénible, quand le poète, à la fin du quatrième chant, nous dit : La masse est emportée, et ses ais arrachés Sont aux yeux des mortels chez le chantre cachés.

1562. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Le savant ne doit-il pas d’abord séparer l’idée de combustion d’avec toutes ses associations habituelles, — dégagement de flamme et destruction de l’objet brûlé, etc., — pour pouvoir l’associer ensuite avec l’idée de cette respiration qui entretient la vie ?

1563. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Je me suis préoccupé avant tout d’effectuer un premier tri des matériaux que je présente au public afin de préparer son travail à celui que la littérature merveilleuse indigène intéressera et qui voudra en faire une étude plus approfondie et plus savante que celle-ci.

1564. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Ces chefs-d’œuvre, composés dans chacune des villes savantes, des huit ou dix Athènes de l’Allemagne, par le Sophocle du lieu, et joués, pour ainsi dire, en famille, devant le Périclès du Margraviat ou de la Principauté, obtinrent un succès prodigieux ; et nos bons voisins purent croire qu’ils avaient enfin un théâtre national.

1565. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

La critique a donc commencé comme les positivistes — ces derniers savants, qui se croient les premiers, — prétendent qu’il faut finir, c’est-à-dire par la description et par la nomenclature.

1566. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Quant à la question qui est le fond du livre de Saint-Bonnet, — de ce livre peut-être trop majestueux en sa longueur savante pour l’impatience des esprits de ce temps, laquelle est pour le moins égale à leur superficialité, — nous qui sommes catholique fidèle, nous n’avons pas à la discuter.

1567. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Ces fragments, gardés dans la famille, et qui attestent la laborieuse fécondité d’un homme aussi savant qu’il fut inspiré, chose si rare !

1568. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Filon sortait de l’École normale, où il avait été le camarade de l’archéologue Albert Dumont, du journaliste Charles Bigot, du savant Gaston Darboux, de l’historien Ernest Lavisse, de l’érudit Gabriel Monod, du géographe Vidal de la Blache, et l’élève de l’helléniste Chassang, du critique Sainte-Beuve, du grammairien Thurot, de l’aimable Caro, de l’illustre Victor Duruy. […] » Les savants organisateurs de cette trilogie ont surnommé ces trois journées les Trois Glorieuses. […] Il aimait bien son maître, le savant et ingénieux Cuvillier-Fleury. […] Les faits n’y valent point par eux-mêmes, mais pour autant qu’ils concourent à la démonstration de l’idée… De pareils livres font faire à ceux qui les lisent plus de pas en avant que de fort gros, et, d’ailleurs, fort estimables ouvrages, qui se croient, sans doute, plus savants. » L’opinion du psychologue Paul Bourget n’est pas moins flatteuse. […] Je regardai le mobile visage de mon interlocutrice, son front charmant, rétréci par le savant désordre des boucles fauves, ses yeux brillants, trop amusés par la fantasmagorie multicolore des spectacles, toute sa personne, affinée par cette vie de Paris, qui met du papillotement dans nos idées, du déséquilibre dans notre démarche et de l’usure mentale dans l’acuité de nos impressions.

1569. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Il est un genre de roman dont les savants ne veulent pas, dont les gens raisonnables veulent moins encore ; c’est le roman historique. […] Les folies du romantisme, les fadeurs de la fantaisie l’ont bien vite fatigué ; si les antiquaires disaient : ceci s’adresse aux savants, les romantiques disent : ceci s’adresse aux poètes, aux artistes, aux natures d’élite. […] Vous avez donc fort raison de vous être si bien instruit ; j’espère, moi aussi, devenir très savant avec le temps ; mais vous me paraissez le critique qui s’engraisse le plus de la fable et de l’histoire, et un de ceux qui mettent du sérieux à discuter sur le nez des personnages consacrés. […] Pour apprécier la grande musique il faut une oreille délicate et exercée, comme il faut un palais exercé et délicat pour apprécier les excellents vins et la cuisine savante. […] Leconte de Lisle répond à cela avec une rudesse scandinave : « Nous sommes une génération savante, la vie spontanée s’est retirée de nous.

1570. (1899) Arabesques pp. 1-223

Pour réaliser cet idéal, ils ne reculeront devant rien : après les Juifs, ils persécuteront les Protestants, puis les savants, puis les révolutionnaires, puis quiconque aura l’audace de penser. […] Nous n’avons donc pas à vous défendre parce que nous savons qu’un ouvrier, un artiste, un savant dépourvu de fortune sont aussi malheureux de l’autre côté de la frontière que du nôtre. […] Le Paris d’aujourd’hui est évoqué en une série de fresques puissantes, avec ses prolétaires, ses bourgeois, son clergé, ses politiciens, ses savants et ses artistes. […] Désormais unie, accrue du frère, jadis égaré chez les Papimanes, toute la famille, — le savant, les forgerons, le professeur, l’artiste, — travaille à préparer la société dont Guillaume définit un jour l’idéal : « L’individu délivré, évoluant, s’épanouissant, sans contrainte aucune, pour son bien et pour le bien de tous. […] Il vous répondra que l’idéal serait réalisé par une oligarchie de savants et de penseurs qui imposeraient leurs caprices à la masse, la feraient travailler à leur profit, en lui inculquant un certain nombre de dogmes et en la terrorisant au moyen de miracles scientifiques.

1571. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Entre deux idées de savant, dit Jules Romains, il n’hésite pas à jeter une de ces « vues brillantes » qui témoignent, à coup sûr, d’une grande activité de pensée, qu’on a envie de déclarer géniales, mais qu’on ne range pas ensuite dans le même coin de l’esprit que la bonne monnaie scientifique. […] L’un est un savant ou un philosophe, dont la seule préoccupation est de comprendre et d’expliquer les phénomènes en les groupant dans un ordre intelligible ; l’autre est, — faut-il dire : avant tout — je ne crois pas, mais en tous cas : principalement, un écrivain, un poète au sens large, je veux dire au sens grec de créateur, un fabricant de fictions. […] Je reste persuadé que nous sommes en face d’un esprit de même trempe que ces grands savants et qui est venu accomplir dans la psychologie des sentiments une révolution du même ordre et de la même ampleur que celles qu’ils ont accomplies en astronomie, en biologie ou en méthodologie. […] Mais à ce moment, par une de ces inspirations de jaloux, analogue à celle qui apporte au poète ou au savant, qui n’a encore qu’une rime ou qu’une observation, l’idée ou la loi qui leur donnera toute leur puissance, Swann se rappela pour la première fois une phrase qu’Odette lui avait dite il y avait déjà deux ans : « Oh ! […] Ne prend-il pas lui-même le soin, dans un des passages que je viens de vous lire, de marquer la parenté de la jalousie avec le génie poétique ou scientifique : À ce moment par une de ces inspirations de jaloux, analogue à celle qui apporte au poète ou au savant, qui n’a encore qu’une rime ou qu’une observation, l’idée ou la loi qui leur donnera toute leur puissance , etc… Et plus tôt déjà, quand Swann se croit sur le point de surprendre Odette et Forcheville ensemble : Et peut-être, observe Proust, ce qu’il ressentait en ce moment de presque agréable, c’était autre chose aussi que l’apaisement d’un doute et d’une douleur : un plaisir de l’intelligence .

1572. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

La foule accorde au savant ce qu’elle refuse au prêtre. Elle refuse au prêtre d’accepter la vérité religieuse sans vérification, et elle accepte du savant la vérité scientifique sans contrôle. […] Pour lui, les grands, les sages, les savants, les bons n’ont point de droits, et c’est en quoi il n’est pas aristocrate ; — mais ils ont des devoirs, et c’est en quoi il est patricien. […] Les grands sont tenus (d’être intelligents, d’être savants et d’être justes. […] Je m’étonne et je regrette qu’il n’ait pas, avant l’impression, complété et avivé le portrait, qui eût fait avec Ellénore un piquant et sans doute un très savant contraste.

1573. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Entre les onomatopées primitives et directes et les imitations savantes, n’y a-t-il pas lieu de reconnaître des phénomènes intermédiaires ? […] En résumé, l’instinct populaire a dû être guidé souvent par l’analogie : 1° dans le choix des modifications internes qu’il faisait subir aux mots usuels, 2° dans le choix des mots qu’il faisait entrer dans les locutions complexes, ou, pour les mots isolés, dans les changements de signification qu’il leur imposait ; et l’imitation des sons naturels par les mots paraît avoir quatre procédés : l’onomatopée directe, l’onomatopée a posteriori ou par attraction, l’harmonie imitative populaire, l’harmonie imitative savante. […] G. de Humboldt (extrait du Journal des Savants, février et mars 1828) ; — et cf.

1574. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Roxane n’a point de vertu, point de sensibilité, point de délicatesse, point d’humanité ; Roxane n’est ni savante ni philosophe : elle ne serait pas capable de disserter sur la religion, sur l’éducation, sur la morale ; si on lui demandait en quel pays coulent la Seine et le Gange, quelle différence il y a entre le culte des Indiens et celui des Parisiens, je crois que ses réponses lui feraient peu d’honneur, et qu’on ne pourrait la recevoir dans aucun musée, dans aucun athénée : c’est, en un mot, une femme ignorante et grossière, qui ne connaît que la géographie et l’histoire du sérail, qui ne sait qu’être basse, artificieuse ou insolente ; mais elle est très instruite et très éclairée sur les intérêts de sa passion ; elle va au fait, et toute sa conduite est le résultat de la logique des sens : ce caractère est neuf, original, unique, parce qu’il n’a rien d’outré, rien de romanesque, aucun faux brillant : c’est la nature elle-même, et une nature plus véritablement tragique que celle de toutes ces amoureuses ou fades, ou gigantesques, ou folles, dont notre théâtre abonde. […] Et pour commencer par le personnage même de Phèdre, n’est-il pas inconcevable qu’un savant tel que devait être Blair ne se soit pas aperçu que la Phèdre de Racine n’a de commun avec celle d’Euripide que la honte de sa passion incestueuse et la calomnie qu’elle emploie pour sauver son honneur ? […] Cette coquetterie raffinée et savante, dont elle explique les mystères avec tant d’éloquence, était inconnue aux femmes de la Grèce, et même leur eût été fort inutile, puisque, vivant séparées des hommes, elles n’auraient pu trouver d’occasion d’exercer cette science sublime. […] Les littérateurs se tourmentent pour expliquer ce phénomène, et leurs explications ne sont guère plus satisfaisantes que celles que nos savants nous donnent tous les jours des secrets de la nature.

1575. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

  Et dans la Prose pour des Esseintes, il dépeint la poésie comme une tâche pénible, consciente et desséchée de savant. […] Tout en tirant de sa stérilité même, de l’intelligence lucide portée sur ses propres limites, tout ce que la plus savante alchimie pouvait leur faire dégager de positif, il s’est connu avec assez de mesure et de raison pour ne point mettre ces qualités artificielles de culture avant les grands dons de la nature spontanée, l’abondance du génie opulent. […] La passion de l’artificiel Que l’œuvre d’art devienne une œuvre d’artifice, que la spontanéité poétique aboutisse, dans sa perfection, à se cristalliser sous quelque forme savante, cela c’est l’esthétique même du Parnasse. […] Chez Baudelaire, le goût est parallèle de l’artificiel dans l’amour, de la création consciente et savante dans la poésie. […] Sa vie coula à la recherche d’une poésie où la pureté idéale de la nature apparût, comme l’Hadaly de Villiers, surgie sur l’effort le plus savant et le plus subtil de l’art.

1576. (1930) Le roman français pp. 1-197

Si même l’abbé Bremond ne nous avait fait connaître, dans ses savants ouvrages, où nous rencontrons autant d’érudition que de pénétrante intelligence, l’ardeur, la profondeur du sentiment religieux en France, les seules lettres de Mme de Sévigné, les œuvres et les polémiques de Fénelon, de Bossuet, de Pascal et toute la grande bataille janséniste — qui dura jusqu’à la Révolution française, et ne fut pas sans quelque action sur quelques-uns de ses aspects — suffiraient à le montrer. […] On peut lire, dans les savants ouvrages du statisticien Levasseur, qu’au début du xixe  siècle celle-ci s’inquiéta d’un accroissement de population qui lui paraissait excéder les ressources du pays et devenir une menace de paupérisme. […] Un très grand savant qui développe une hypothèse. […] Quelques années à peine, et Moréas publiait ses Stances admirables et classiques, Régnier ses délicates, savantes et correctes Médailles d’argile ; et sans cesser d’être avant tout poète, apparaissait conteur et romancier, restant gentilhomme. […] Savante, adroite mosaïque, trop adroite, peut-être ; cependant aussi solide que ces mosaïques dites romaines — et sans doute d’origine hellénistique — qu’on retrouve à cette heure, sous le sable de la brousse, aussi solides et brillantes que le jour où l’artiste-artisan paracheva son œuvre.

1577. (1888) Études sur le XIXe siècle

Les quatre personnages qui discutent dans ce curieux morceau, Kalon, Sophon, Kosmon et Christian, représentent, comme leurs noms l’indiquent, les divers points de vue auxquels se placent, pour juger les œuvres d’art, le pur artiste, le philosophe, le savant et le chrétien. […] Tels qu’ils sont, avec leurs différences et leurs inégalités, ces trois artistes se complètent merveilleusement : leur idéal n’est pas le même, mais il est également haut ; Rossetti est plus génial, Holman Hunt et Burne Jones sont plus savants, mais la conscience qu’ils ont de leur art est également noble, fière et désintéressée. […] Surtout, il a su éviter de se perdre comme Vigny dans les dédales d’un art trop savant et trop noble, son extraordinaire puissance de rhétorique l’a arrêté naturellement sur la pente de l’art facile où devait rouler Alexandre Dumas, et la contexture même de son esprit l’a fait demeurer dans un champ assez vaste pour qu’une foule puisse s’y presser autour de lui. […] Quand ils vont à l’Opéra, dans leurs théâtres organisés bien plus en vue de la conversation que du spectacle, ce n’est pas pour suivre d’un bout à l’autre le développement d’une savante œuvre d’art, c’est pour entendre un morceau favori ou un chanteur à la mode, l’air de bravoure du ténor ou la cavatine de la prima donna. […] « L’art n’est pas destiné à un petit nombre de savants et d’érudits ; il s’adresse à la nation tout entière.

1578. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

C’est alors que naissent ces mécontentements méditatifs, ces impressions partiales et irritées, cet entier oubli des biens, cette susceptibilité passionnée devant les maux de la condition humaine, et toute cette colère savante de l’homme contre l’ordre et les lois de cet univers. […] Ils se saluèrent « très poliment (cortesissimamente) », et, après s’être longtemps entretenus de leurs amours, ils convinrent qu’il fallait qu’ils se mariassent, quoi qu’il en pût arriver ; et que cela devait se faire par l’entremise du frère Lonardo, franciscain, « théologien, grand philosophe, distillateur admirable, savant dans l’art de la magie », et confesseur de presque toute la ville. […] On voit que Shakspeare ne s’est pas inquiété d’être plus savant géographe que le romancier. […] De toutes les pièces contestées à Shakspeare, voici celle que ses admirateurs auraient le plus facilement abandonnée ; cependant cette pièce, imparfaite dans son ensemble et souvent faible dans ses détails, nous paraît un miroir où se réfléchit le véritable langage de la cour d’Élisabeth, cet esprit pédantesque du siècle, ce goût de controverse et de logique pointilleuse qui influait sur le ton de la société des savants comme du beau monde de l’époque. […] Voici, selon ses plus savants commentateurs, selon M. 

1579. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

La scène du récit est placée dans une mosquée dépendant du monument appelé le Taj-Mahal, et un groupe composé d’un savant Mirza, de deux jeunes chanteuses avec leur serviteur, et d’un Anglais, est censé passer la nuit à lire le chapitre de Saadi sur l’Amour, et à s’entretenir sur ce sujet, avec accompagnement de musique et de danse. […] Son antiquité ne donne aucune prise au doute  : il est païen d’un bout à l’autre, même la légende de la vierge Mariatta, à qui le soleil indique l’endroit « où est caché son bébé d’or », Là-bas est ton enfant d’or, Là repose endormi ton saint enfant, caché jusqu’à la ceinture dans l’eau, caché dans les joncs et les roseaux, est nettement antérieure au christianisme, selon tous les savants. […] Venetia Victrix est suivie d’Ophélion, curieuse pièce lyrique dont les personnages sont la Nuit, la Mort, l’Aurore et un savant. […] Mais, je dois l’avouer franchement, j’en suis venu à conclure que je n’ai jamais rencontré depuis quelque temps de critique plus mordante de la vie moderne que celle qu’on trouve dans les écrits du savant Chuang-Tzù, récemment traduits en langue anglaise par M.  […] Pater finissent par acquérir le charme d’un morceau de savante musique, et par avoir aussi l’unité d’une belle musique.

1580. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Il s’arrêta d’abord à Bologne, chez son ami Constantin ; la ville savante se pressa tout entière à la porte de son hôte ; de là il alla à Loretto ; arrivé sans argent à la porte de la ville, il écrivit à don Ferrante Gonzagua, qui se trouvait par dévotion à Loretto, de lui prêter dix écus pour continuer son voyage. […] Le dessin des caractères n’est pas moins savant ; la férocité d’Argant est opposée à la générosité de Tancrède, la grandeur de Soliman à l’éclat de Renaud, la sagesse de Godefroi à la ruse d’Aladin ; il n’y a pas jusqu’à l’ermite Pierre, comme l’a remarqué Voltaire, qui ne fasse un beau contraste avec l’enchanteur Ismen.

1581. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Cependant il y a une mesure pour tout, et comme, dans mon Gœtz, l’enfant, à force d’être savant, ne connaît plus son père, il y a dans la science des gens qui, perdus dans leur savoir et dans leurs hypothèses, ne savent plus ni voir ni entendre. […] Voilà ce qui ne me plaît pas. » VIII Un jour je lui dis : « J’ai toujours été étonné de l’idée de ces savants qui semblent croire que la poésie ne sort pas de la vie, mais des livres.

1582. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Ce que dit Kant, — qu’il n’y a pas plusieurs temps, mais un seul, — ne s’applique d’ailleurs qu’à la notion savante et philosophique du temps. […] Ce degré n’existe guère véritablement que chez l’homme, et encore chez le savant.

1583. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Il en cite quelques exemples qui, s’ils ne prouvent point la supériorité de Malherbe sur les Latins, montrent du moins une émulation savante et assez brillante.

1584. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

C’est pour n’être jamais surpris. » En résumé, dès sa première jeunesse, Rosny nous est présenté comme bon ménager, ayant toujours de l’argent de reste, et, en cas de besoin, portant de l’or en poche, même dans les batailles, quand les autres n’y songent pas ; sachant s’arranger en campagne, s’ingénier dans les sièges pour attaquer et faire brèche, adroit et actif à pourvoir à la défense de ses quartiers ; un militaire en un mot, non seulement très brave, mais distingué, instruit et précautionné, avec des talents particuliers d’artilleur, et, si je puis dire, des instincts d’arme savante.

1585. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Dans les portraits des chrétiens, même des plus grands durant ces âges, Gibbon se contente de n’être jamais bien net ; il ne les présente point par leurs grands côtés, et, comme l’a remarqué un savant ecclésiastique de nos jours81, « son ouvrage fourmille de portraits équivoques ».

1586. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

la plus savante théologie ne peut vous parler de la Trinité autrement que votre catéchisme.

1587. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle avait gardé de lui et des autres réformateurs, jusqu’à travers sa conversion, une habitude d’invectives contre les ordres religieux de tout genre ; elle a, à ce propos, des sorties qui sont moins d’une femme que de quelque savant du xvie  siècle en colère ou de quelque docteur émancipé de la rue Saint-Jacques.

1588. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Ses facultés étaient revenues assez au complet dès le huitième mois, depuis une visite qu’il reçut de son frère le révérend John Cowper, homme d’église, savant et régulier, et qui était venu de Cambridge pour le voir, en juillet 1764.

1589. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Un sentiment de bonheur circule dans ces descriptions aimables ou savantes, et montre Cowper sous son jour le plus riant : « Si j’avais le choix d’un bien terrestre, que pourrais-je souhaiter que je ne possède ici ?

1590. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Sa musique n’était point savante, mais agréable ; sa poésie n’était point sublime ; il a pourtant essayé de faire une tragédie : elle est faible, mais sans être ni ridicule ni ennuyeuse.

1591. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

[NdA] Anne de Rohan, non mariée, fille de piété et d’esprit, savante comme on l’était au xvie  siècle, faisant des vers français à la vieille mode et sachant l’hébreu tellement qu’au prêche, pendant qu’on chantait les psaumes en français dans la version de Marot, elle se les récitait mentalement dans la langue de David.

1592. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Je les voyais, l’autre jour encore, cités et pris au sérieux par un grave et savant historiographe étranger : il importe que ces sortes de méprises ne se fassent plus.

1593. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Savant, il n’a ni la force d’un Fichte, ni l’audace et la trempe d’un Emerson, ce Descartes en permanence.

1594. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Quoiqu’une Revue édifiante et de salon, le Correspondant, et le petit canapé qui la compose, en fasse son affaire depuis quelque temps et poursuive sans désemparer l’entreprise de cette réputation, ils sont encore nombreux en France ceux qui ne savent pas même la première syllabe de ce nom que bien de jolies bouches, dans la bourgeoisie savante, se sont déjà essayées de leur mieux à prononcer.

1595. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Je n’ai jamais lu, sans en chercher l’application autour de moi, ce beau passage de l’Essai sur la Critique de Pope ; « But where the man… Où est-il l’homme qui peut donner un conseil sans autre attrait que le plaisir d’instruire, et sans être orgueilleux de son savoir ; bien élevé, quoique savant ; et quoique poli, sincère… ? 

1596. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

C’est ainsi, pour citer un cas des plus considérables, que le savant M. 

1597. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Deux hommes de grand caractère, un de leurs vieux pasteurs et guerriers, Javanel, depuis des années réfugié à Genève, et Arnaud, leur nouveau conducteur, organisèrent cette marche secrète et savante.

1598. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

. — Pour que le lecteur français n’ignore rien des titres et des mérites du savant éditeur qui va acquérir une très-grande autorité dans le débat si vivement engagé sur l’authenticité des premières lettres de Marie-Antoinette, il est bon de savoir que M. 

1599. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

s’écria l’Empereur42 ; ils supposent toujours que l’ennemi prendra les résolutions les plus habiles, les plus savantes ; mais, s’il en était ainsi, il ne faudrait jamais se coucher à la guerre, puisqu’il n’y a pas de chances plus favorables que de surprendre l’ennemi endormi, comme Daun a surpris Frédéric le Grand à Hochkirch.

1600. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Les dehors fleuris ne m’en imposent pas, et mes yeux, demi-fermés, ne sont jamais éblouis ; trop fixes, ils ne sont point surpris. » Il étudia avec une ardeur précoce : à sept ans il savait la géographie et les voyages d’une manière qui surprit beaucoup le bon et savant Mentelle.

1601. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Le bien parler me jette dans le ravissement quand j’écoute, mais je n’entretiens guère en moi qu’une délicieuse rêverie, et je n’en suis pas plus savante pour connaître mes fautes, etc., etc. » La lettre est signée Marceline, et non pas Hélène.

1602. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

La prose de Stello si savante, si déliée, a fait acte de poésie, autant par les trois épisodes qu’elle décore, que par cette analyse pénétrante de souffrances délicates et presque inexprimables qu’il n’est donné qu’à une sensibilité d’artiste de subir à ce point et de consacrer.

1603. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Boileau, selon nous, est un esprit sensé et fin, poli et mordant, peu fécond ; d’une agréable brusquerie ; religieux observateur du vrai goût ; bon écrivain en vers ; d’une correction savante, d’un enjouement ingénieux ; l’oracle de la cour et des lettrés d’alors ; tel qu’il fallait pour plaire à la fois à Patru et à M. de Bussy, à M. 

1604. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Plus d’un de ces jeux gothiques de l’artiste dijonnais pouvait surtout sembler à l’avance une ciselure habilement faite, une moulure enjolivée et savante, destinée à une cathédrale qui était en train de s’élever.

1605. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Comme Montaigne, il puise à la source commune et populaire : néologismes, mots savants, mots de terroir, ou de carrefour, ou de cour, tout lui est bon, pourvu qu’il le tienne de l’usage.

1606. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Cet innocent qui est sorcier est grand par tout ce qu’il rappelle : Savant dans la découverte et l’emploi des herbes, pénétré d’une confiance aveugle en leur puissance, ne descendait-il pas en ligne droite du berger antique dont Virgile a chanté les croyances ?

1607. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Ils se rapprocheront de Dieu, le grand savant, le grand critique ; et Dieu n’a point d’individualité.

1608. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Duruy est surtout original en ceci, qu’à la scrupuleuse critique d’un savant moderne il joint constamment le souci moral d’un historien antique.

1609. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Il n’y paraît point comme un créateur surnaturel et instantané, mais comme un statuaire savant dans son art, attentif aux dimensions et aux proportions du simulacre qu’il forme, ajustant pièce par pièce sa charpente osseuse, avant de la revêtir de chair et de muscles.

1610. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

L’ennemi, par son peu de consistance et son imprévu, ne répondait pas aux plus savantes manœuvres, ne rendait pas du côté où le grand adversaire s’y serait attendu.

1611. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Cependant le gros roman que lui avait laissé Mme d’Épinay ne fut jamais publié par lui, et ce roman courait risque de rester pour toujours inconnu, quand il tomba aux mains du savant libraire M. 

1612. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Placé à l’université de Cambridge, il apprit tout ce qu’on y enseignait, le droit civil, la philosophie ; il suivit les leçons de mathématiques du savant aveugle Saunderson.

1613. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

À cette vue, un Troyen savant dans les augures, Polydamas, s’approche d’Hector, et, lui expliquant le sens du présage, lui conseille de s’éloigner de ce camp, qu’il considérait déjà comme sa proie.

1614. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Ce style, en ses passages les plus rapides, est savant, nombreux, plein de ces effets d’harmonie qui correspondent aux nuances les plus secrètes du sentiment et de la pensée.

1615. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Il vivra dans la série de nos comiques, comme l’expression fidèle des mœurs et de la société d’un moment ; plus près, je le crois, de Picard que de Carmontelle, et donnant encore mieux l’idée d’un La Bruyère, mais d’un La Bruyère féminin et adouci, lequel, assis dans son fauteuil, se serait amusé, sans tant d’application et de peine, à détendre ses savants portraits, à mettre de côté son chevalet et ses pinceaux, et à laisser courir ses observations faciles en scènes de babil déliées et légères.

1616. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Savant docteur ou assez habile pour le paraître, administrateur soigneux, toujours prêt à défendre les droits et les prérogatives de son ordre, excellent et éloquent prédicateur, prodigue en aumônes à toutes fins, il avait une réputation double, et ses aventures de toute sorte dans la politique et l’intrigue ne purent jamais, grâce à l’incomplète publicité d’alors, ébranler son bon renom dans l’île Notre-Dame ni dans tout le quartier Saint-Jacques.

1617. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Il n’est pas besoin d’être spécial pour distinguer la nature du talent de Marmont dans les parties savantes de la guerre ou de l’administration militaire.

1618. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Parisot, homme instruit et même savant, ne soit pas le rédacteur de l’article dont il est le signataire ; mais il est trop évident qu’il s’est surtout inspiré de M. 

1619. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Le savant historien et éditeur, M. 

1620. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

L’auteur, nous l’avons vu plus fort, plus peintre, plus savant de touche dans Michelet, avant que Michelet eût dégradé sa palette ; mais ce que nous n’avons vu nulle part, c’est la tendresse infinie qui imbibe ces pages où l’esprit parfois étincelle !

1621. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Ainsi, la longueur de l’haleine, la composition, la rondeur savante et voulue de cette sphère qu’on nomme la composition, lui manquent toujours.

1622. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Les savants, de leur côté, la traduisirent en latin et en grec ; il leur semblait que ces vers, d’une simplicité antique, fussent un larcin qu’il fallait restituer à la langue de Théocrite et de Virgile. […] Cette question exerce encore chaque jour la sagacité des savants d’outre-Rhin. […] Le docteur Faust a épuisé la science humaine, ce qui le désespère ; il y a en vérité dans notre pauvre monde bien des savants qui n’auront jamais pareil sujet de désespoir. […] Un sien ami, du nom d’Hippus, avocat fort savant, brouillé avec la police, lui a enseigné en vingt leçons toutes les embûches dont le régime hypothécaire est semé et tous les pièges qu’un habile homme peut tendre au moyen du papier timbré. […] Mais comme je ne veux point paraître plus savant bibliographe que je ne suis, je renvoie vos lecteurs à la source où je puise la plupart de mes documents.

1623. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Même aux époques les plus savantes, ce qu’on appelle couleur locale n’est jamais que très relatif. […] Schiller s’est usé prématurément par la fougue intérieure ; Gœthe, pendant sa longue vie, s’est avancé d’un progrès insensible et continu vers la perfection. »à Tartuffe, le Misanthrope, les Femmes savantes, pouvaient-ils naître ailleurs qu’en France ? […] Je n’ai pas rencontré ce savant livre, mais j’en imagine volontiers les deux principales divisions : — d’une part, les hommes soi-disant sérieux, portant des cols droits et se plaisant à être guillotinés par leur cravate ; de l’autre, les gens naturels, tolérant à grand’peine le col brisé, et encore pour se conformer à l’usage, qui ne nous laisse que le choix des carcans ! […] On sent une grandeur née d’un effort puissant, une harmonie savante et compliquée. […] C’est dans son Histoire de la Peinture en Italie que celui-ci a bien touché ce point : « Les savants disent qu’il y a cinq variétés dans l’espèce humaine : les Caucasiens, les Mongols, les Nègres, les Américains et les Malais.

1624. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

On s’aperçoit alors qu’il parle toujours en énigmes. « Hacheurs de logique1391 », voilà comme il désigne les analystes du dix-huitième siècle. « Sciences de castors », c’est là son mot pour les catalogues et les classifications de nos savants modernes […] Dans la première sont les simples savants, les vulgarisateurs, les orateurs, les écrivains, en général les siècles classiques et les races latines ; dans la seconde sont les poëtes, les prophètes, ordinairement les inventeurs, en général les siècles romantiques et les races germaniques. […] Il a compris les profondes et lointaines liaisons des choses, celles qui rattachent un grand homme à son temps, celles qui nouent les œuvres de la pensée accomplie aux bégayements de la pensée naissante, celles qui enchaînent les savantes inventions des Constitutions modernes aux fureurs désordonnées de la barbarie primitive1458. « Ces vieux rois de la mer, silencieux, les lèvres serrées, qui défiaient le sauvage Océan avec ses monstres, et tous les hommes et toutes les choses, ont été les ancêtres de nos Blakes et de nos Nelsons.

1625. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

On lui donnait à rire, dans les Femmes savantes, de ce qu‘il avait peut-être goûté chez les Précieuses. […] Même après les Satires, même après les Précieuses ridicules et les Femmes savantes, en 1672, un personnage de marque écrivait à Mlle de Scudéry : « L’occupation de mon automne est la lecture de Cyrus, de Clélie et dû Ibrahim. » Ce personnage était un évêque et un prédicateur de talent, Mascaron. […] On regrette qu’un esprit si viril, qui a enseigné l’art de travailler lentement, s’épuise à peindre un lutrin, à allumer poétiquement une chandelle, à parodier les plaintes de Didon dans le discours d’une perruquière délaissée, et les paroles d’or de Nestor dans la harangue de la Discorde aux amis du trésorier ; à décrire un combat à coup d’in-folio arrachés de la boutique de Barbin ; et l’on revient aux Satires, à l’Art poétique et aux Épîtres, « ces chefs-d’œuvre, dit Voltaire, de poésie autant que de raison175. » Dans une nation civilisée, où la poésie n’est point la forme naturelle et directe du discours, mais un art de convention difficile et savant, l’écrivain qui fait choix, pour s’exprimer, de la langue des vers, ne doit l’appliquer qu’à des pensées qui mettent l’esprit dans un haut état, et qui le disposent à entendre quelque chose d’exquis dans une langue inusitée.

1626. (1933) De mon temps…

Ce ne fut pas là que je le rencontrai pour la première fois, mais au banquet offert à Jean Moréas, dans la salle de l’Hôtel des Sociétés Savantes, à l’occasion de la publication du Pèlerin Passionné. […] Assidu au Musée d’artillerie, il avait poursuivi son enquête à Turin, au château d’Ambras et surtout à l’Armeria Real de Madrid dont il admirait profondément le savant classement dû à l’infaillible compétence du comte de Valencia, mais, si la passion des belles armures et des belles armes l’avait conduit en divers lieux, le goût de l’entomologie l’avait mené chez les « peuples étranges ». […] C’était, le Gourmont plus jeune qui venait, pour un article imprudemment paradoxal, de perdre la situation qu’il occupait à la Bibliothèque Nationale, le Gourmont déjà savant auteur du Latin mystique, le romancier de Sixtine et des Chevaux de Diomède, le conteur des Histoires magiques qui, par son Livre des Masques, préludait aux admirables essais qui ont pour titres : La Culture des Idées, L’Esthétique de la langue française, Le Chemin de Velours, que devait compléter plus tard la série des Epilogues, auxquels s’ajouteraient les Promenades littéraires et les Promenades philosophiques, toute cette œuvre qui, d’année en année, prendrait de l’ampleur et de l’étendue, gagnerait en puissance de dissociation, en hardiesse, en profondeur, jusqu’à ce qu’une mort presque subite mette fin à la merveilleuse activité de ce grand esprit qui interrogeait quelque texte célèbre avec la même conscience qu’il apportait à examiner les vers et la prose qu’un débutant inconnu soumettait au Comité de lecture du Mercure de France, car toute page écrite était pour lui le signe sacré du culte des Lettres, auquel il avait voué sa vie.

1627. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Il est le principal ressort de celles de Plaute et de Térence ; et on trouve chez eux des peintures très savantes de cette passion. […] C’est ainsi que les Précieuses ridicules et les Femmes savantes ont survécu aux ridicules qu’elles représentaient. […] La femme ménagère figure à côté de la savante, l’homme poli et humain à côté du misanthrope, et un jeune homme prodigue à côté d’un père avare.

1628. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

. — Le petit traité de La Boétie a, du reste, été fort bien apprécié récemment dans le savant ouvrage que M. 

1629. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Duclos, malgré l’aveu de sa préface, n’a pas assez dit tout ce qu’il devait à ce savant devancier.

1630. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Marivaux n’était point savant ; il avait peu lu en général, et particulièrement les auteurs du Moyen Âge : mais il a deviné.

1631. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Quand la passion du bien de la monarchie se joint au génie inventeur, alors le cœur se remplit de bien d’autres choses que de soi-même ; ordinairement même, le soi s’oublie et s’abandonne absolument, comme cela se voit chez ces chasseurs qui le sont par goût, chez tous les hommes à passions ardentes, à passions de goût et de curiosité, dans les amours violents comme celui de Moïse pour son peuple, et chez les savants qui ont recherché l’objet de leur étude en se détruisant visiblement17.

1632. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Ne dirait-on pas que le président de Longueil prévoit les discussions calmes et lumineuses du Conseil d’État sous le Consulat, et cette épuration des débats orageux de la Constituante, cette savante extraction des seuls résultats utiles, œuvre immortelle des sages Portalis et surtout du génie qui les présidera ?

1633. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Les généraux d’état-major savants et modestes qu’il consultait n’étaient pas hommes à prendre l’initiative de semblables conseils, et à inaugurer cette stratégie supérieure qui combine les mouvements des différentes armées et qui leur imprime de l’unité ; M. de Chamlay n’était pas un Carnot.

1634. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Haag, qui dans une notice savante, mais composée et construite sous l’empire d’un ressentiment vivace contre celui qui a quitté leur communion, ont cru devoir assombrir ou, comme ils disent, ombrer le tableau des dernières années de ce beau règne.

1635. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

. — Voir aussi à la page 126 du savant ouvrage de M. 

1636. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Plus sensé que savant, il avait bien vu tout ce qu’il avait vu.

1637. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Gachard, ce savant et modeste archiviste de Bruxelles, qui s’est borné longtemps à publier des pièces capitales, fondement de l’histoire, et qui n’a lui-même abordé qu’assez tard ces fonctions et ce ministère d’historien dont il est si digne.

1638. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

J’ai vu l’abeille au travail ; son miel ne m’en est pas moins doux, et il m’en paraît plus savant

1639. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Le plus savant des docteurs de Salerne lui a dit qu’il ne pourrait être guéri que par le sang d’une jeune vierge librement offert, et l’amour le lui fait trouver38.

1640. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Mais que ces lents et difficiles travaux, que les arcanes de l’Académie des inscriptions elle-même et les exercices philologiques du Journal des Savants n’éloignent jamais M.

1641. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Technique savante. — 2.

1642. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Longtemps il lutte ; il ne cède qu’aux plus diaboliques ensorcellements de la plus savante des sirènes.

1643. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

De celles de ces farces qui ne nous sont point parvenues, plus d’une, sans doute, avait son point de départ dans la comédie de l’art : ainsi, ce Docteur amoureux, dont Boileau regrettait la perte, était certainement de la grande famille des pédants dont la savante Bologne fut la cité natale.

1644. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Est-il nécessaire de rappeler que certains auteurs, Alexandre Dumas fils, par exemple, se sont donné pour mission de corriger, non seulement les mœurs, mais les lois ; que la condition des femmes, celle des enfants naturels, voire les principes régissant l’héritage et la propriété ont été maintes fois débattus par le roman et le théâtre ; que des cas de conscience84, comme en présente par dizaines la profession du juge ou celle de l’avocat, se sont déroulés en savantes et émouvantes, péripéties ; que l’art, aux époques où il est militant, travaille à la préparation d’un code de l’avenir ?

1645. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Saumaise s’offusquait de le trouver « pétri d’hébraïsmes », et le savant voyait juste, si le pédant avait tort.

1646. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Le vers se ressent de cette indécision générale : il flâne d’A quoi rêvent les jeunes filles, aux Femmes savantes picorant ici et là une rime, un tour, une vieillerie de langage, une coquetterie de mots, une perle ou un grain de mil.

1647. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Il a entendu parler de la découverte du savant, il est patriote, il a eu un fils tué dans la dernière guerre, et de grosses larmes tombent, à ce souvenir, sur sa large face, aussi disparates que si elles roulaient sur le masque d’un Polichinelle.

1648. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

De ces neuf mois de Hollande, en y resongeant, il n’aurait voulu retrancher que huit jours perdus à Rotterdam loin de son amie, huit jours donnés à je ne sais quel congrès scientifique, à des savants du pays.

1649. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Nous croyons savoir qu’avant la révolution de février 1848 un homme savant et excellent, M. l’abbé de Cazalès, s’était occupé, de concert avec la famille, de l’arrangement de ces papiers : mais, depuis, il y avait eu interruption dans ce travail, et une sorte de découragement bien explicable dans le premier moment.

1650. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elle s’en prend hardiment à Molière, au sujet du ridicule qu’il a jeté sur les femmes savantes.

1651. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

M. de Humboldt, dans le voyage aux régions équinoxiales qu’il entreprit au commencement de ce siècle avec son ami le botaniste Bonpland, et qui est une date mémorable dans la science, a reconnu en mainte rencontre cette vérité intime et pittoresque de Bernardin et le charme pénétrant de ses observations naturelles : Que de fois, dit le savant voyageur, nous avons entendu dire à nos guides dans les savanes de Venezuela ou dans le désert qui s’étend de Lima à Truxillo : « Minuit est passé, la Croix commence à s’incliner ! 

1652. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Un savant trop modeste, M. 

1653. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Comme la volonté et la sensibilité, l’imagination même est intéressée dans le raisonnement le plus abstrait, et la preuve, c’est que nous nous figurons toujours le raisonnement : c’est une véritable construction que nous voyons s’élever devant nous, tantôt une échelle dont nous montons ou descendons les degrés, tantôt un savant arrangement de lignes concentriques de circonvolution.

1654. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Par tous ces grand traits Henri Heine tient aux lettres germaniques ; les éléments constitutifs de sa poésie sont allemands, pris à la moelle même de l’art savant ou populaire d’Outre-Rhin.

1655. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Ce sont ceux que les grands et le vulgaire confondent avec les savants, et que les sages renvoient au pédantisme.

1656. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Dauze, l’habile et savant directeur de la Revue biblio-iconographique, Georges Vicaire, Champion, Pierre Dufay, G. de Dubor, Paul d’Estrées, Henri d’Alméras, Fernand Caussy, Paul-Louis Hervier ; Virgile Josz et Georges Riat sont morts d’hier.

1657. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Il prêchera Jésus dans Athènes, et le plus savant de ses sénateurs passera de l’Aréopage en l’école de ce barbare.

1658. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Un savant du XIIe et du XIIIe  siècle n’était qu’un misérable ergoteur, un impertinent très-insupportable dans toute la valeur du terme ; mais cet impertinent était considéré.

1659. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Telle est, en résumé, cette mise à nu de la Révolution française, tel est le livre vigoureux, savant et pensé, que Cassagnac a posé, comme une négation qui sera entendue de l’avenir, à l’encontre des publications historiques sur le même sujet.

1660. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Et c’est si bien cela, que Chasles se soucie fort peu de déshonorer Galilée, qu’il appelle à chaque page de son livre un menteur, un épicurien et un lâche, parce que ce malheureux savant, faible comme tant d’hommes enivrés de l’orgueil d’une découverte, chancela jusqu’à sa dernière heure entre cet orgueil et sa foi.

1661. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Entre la contemplation sereine du savant, du philosophe ou de l’artiste de génie, et la vision extatique de l’ascète, il y a toute la distance qui sépare le sens visuel de l’homme sain du regard halluciné d’un malade que dévore la fièvre.

1662. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

« Chez ces peuplades errantes et inorganisées, nous dit Post 21 (les Fuégiens ou les Veddahs, par exemple), un savant préoccupé d’une théorie pourra découvrir aussi bien la promiscuité que la monogamie, la propriété privée, que la propriété collective » — ajoutons l’inégalité que l’égalité. — « En réalité, on n’y trouve rien du tout de cela, mais l’absence même de toute organisation rend possible une infinité de combinaisons qui n’arrivent même pas toujours à se consolider en formes sociales, et auxquelles, en tout cas, il faut se garder d’appliquer nos concepts modernes.

1663. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Plusieurs savants dans tous les genres, qui dans Paris avaient l’ambition de passer pour des citoyens d’Athènes, nous donnèrent encore un grand nombre de mots empruntés de la langue qu’ils admiraient.

1664. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Paul-Louis a contribué à fonder cet hellénisme du style savant, cette bonhomie artificielle pour laquelle il ne faut pas être sévère, d’abord parce qu’on pourrait en dire, comme Courier le dit de Chateaubriand, qu’elle porte son masque à la main, et ne nous trompe plus, — ensuite parce que, bien que de gauche, elle appartient précisément à la même veine que l’hellénisme de droite de Chateaubriand, du Génie et des Martyrs ; et puis parce que, descendant eux-mêmes, tous deux, du Télémaque et de l’abbé Barthélemy, ils aboutissent à Anatole France, la Chavonnière et la Béchellerie de ces deux Parisiens se répondant trait pour trait dans les paysages littéraires, politiques et tourangeaux, — enfin et surtout parce que cet atticiste se lit toujours, que s’il nous amuse trop volontairement de ses victimes réactionnaires il nous amuse très involontairement de lui-même, que l’intérêt de l’homme atteint et dépasse l’intérêt du style, que son œuvre a un contenu, qu’elle apporte autant de lumière sur les idées politiques de la France, sur la vie politique de la France (choisissons un terme de comparaison qui eût plu à Courier) que les poésies de Théognis sur la vie intérieure des cités grecques de son temps. […] Industriels désintéressés du profit, ou savants, ou artistes, ou philosophes, Saint-Simon n’a jamais été fixé exactement au sujet des cadres du nouveau pouvoir spirituel.

1665. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Wagner, en d’autres termes, est plus qu’un poète au sens banal du mot ; il n’est pas un cerveau littéraire, il n’est pas un savant et un combinateur ; il est un génie purement intuitif, il est un voyant. […] Mais il y a autre chose encore ; il y a la justesse du sentiment qui préside à l’agencement des procédés matériels ; il y a l’harmonie et la concordance des parties, l’habile et savante opposition des contrastes, tout cet ensemble de conditions qui font de l’œuvre d’art un organisme complet où rien n’est arbitraire, où tout se coordonne, s’enchaîne et se tient, qui la rendent pareille, en un mot, à la nature, par quoi lui vient ce caractère du nécessaire, de l’absolu dont parle Nietzsche. […] La musique populaire fournit les éléments premiers, mélodiques et rythmiques, de la langue musicale de chaque peuple, elle en est le véhicule ; elle est le réceptacle de toutes les formules mélodiques et rythmiques qui sont le plus adéquates à la sensibilité particulière de chaque groupe local ou national d’individualités ; c’est elle qui conserve et transmet les symboles en lesquels se traduit le plus clairement et avec le plus de justesse leur façon de sentir et de se mouvoir, spirituellement (chanson) et physiquement (danse), C’est ainsi qu’elle est pour la musique savante une source inépuisable de rajeunissement ; ses éléments sont analogues de tout point aux locutions, aux associations pittoresques ou expressives de mots qui du langage du peuple passent dans la langue littéraire et en maintiennent la vitalité. […] Cela est vrai surtout de notre musique savante. […] La claire notion du rythme est le fondement de toute compréhension musicale. — Je rappellerai aussi le beau travail de Westphal sur la Rythmique d’Aristoxène et les rapprochements profondément intéressants que ce savant établit entre la théorie du rythme chez les Grecs et la rythmique de la musique moderne, par exemple chez J.

1666. (1925) Comment on devient écrivain

Personne à peu près ne connaît les plus grands savants, ceux qui ont contribué à nous faire pénétrer dans le mystère du monde. […] Il n’en reste pas moins vrai qu’il n’existe pas d’autre moyen de faire des travaux historiques sérieux, et qu’on ne devient un savant qu’avec des fiches. […] On n’est ni un critique ni un savant parce qu’on a secoué la poussière des vieux livres, commenté des choses insignifiantes, ressuscité des auteurs de cinquième ordre. […] Le fameux philologue Lambin disait qu’Amyot connaissait le grec mieux que tous les savants de son époque. […] La traduction de l’Iliade que nous publions aujourd’hui offrira, ce nous semble, une idée plus nette et plus vraie de l’œuvre homérique, que celle qu’en ont donnée les versions élégantes de tant d’écrivains, remarquables et savants, sans doute, mais qui n’ont pas cru devoir reproduire dans son caractère héroïque et rude la poésie des vieux rapsodes connue sous le nom collectif d’Homère. » Leconte de Lisle a été fidèle à son programme.

1667. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Dans une communication à la Société de biologie de Paris, ce très distingué savant s’exprime ainsi : « J’ai observé récemment un certain nombre de faits qui mettent en évidence l’analogie qui existe entre la fatigue et la condition permanente des hystériques. […] Les savants apportèrent des faits acquis par une pénible observation ; les théologiens, des systèmes composés de notions arbitraires ; mais tous deux élevèrent la prétention d’expliquer l’essence des choses, et le peuple leur fut profondément reconnaissant aux uns et aux autres, aux théologiens toutefois plus qu’aux savants, parce que ceux-là pouvaient enseigner plus abondamment et avec plus d’aplomb que ceux-ci. […] « Il est déplorable que nos savants n’aient point compris », dit-il dans son langage apocalyptique, « qu’en vulgarisant la science ils la décomposaient (?) […] Mais tous deux, ici, procèdent d’une façon complètement anti-scientifique, et prouvent simplement que même des penseurs clairs comme Herbert Spencer et des savants prudents comme Du Bois-Reymond, sont encore sous le joug de la rêverie théologique. […] L’homme honnête qui arrache péniblement ses dons à la nature, le savant laborieux qui ouvre, à la sueur de son front, les sources de la connaissance, inspirent le respect et une chaude sympathie.

1668. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Richet le prévoit avec une prudence, une circonspection, je ne dirai pas une méthode, car il n’y a guère proprement de méthode en pareille matière, mais une attention patiente qui sentent bien le savant. […] C’est un livre très optimiste, écrit par un optimiste, qui n’est circonspect et froid dans son exposition que parce qu’il est savant. […] Ils le savaient bien, les très avisés, et aucune maison en Europe n’a pratiqué une diplomatie plus couverte et plus savante en détours : La Savoie et son duc sont pleins de précipices. […] En attendant, suivons avec attention l’enquête que poursuivent avec tant de diligence, et de talent aussi, les savants comme M.  […] Fogazzaro rassemble et sollicite les textes en remontant des savants ecclésiastiques qui ont précédé de peu Charles Darwin, aux Pères de l’Église les plus lointains.

1669. (1927) Approximations. Deuxième série

À la mort de Rivière, Du Bos rappelle la loyauté de sa pensée, sa sensibilité esthétique, sa visée de « la perfection abstraite », exemplairement dans À la trace de Dieu, où il se fait le « savant du monde intérieur », dans l’humilité. […] Scott Moncrieff, valeureux et savant traducteur de Du côté de chez Swann (et qui poursuit d’ailleurs en ce domaine sa tâche), nous dit dans son Introduction que dès la mort de Proust, apprenant que La Nouvelle Revue française préparait un numéro spécial, il se demanda si en faisant appel aux écrivains anglais il lui serait possible d’obtenir un résultat analogue (quoique naturellement à une échelle plus réduite), et que c’est un peu en qualité d’expérimentateur qu’il se mit à l’œuvre. […] Une intériorité toujours à nouveau en émoi, mais toujours à nouveau soumise à la probité du savant, d’un savant du « monde intérieur139 », qui, parce qu’il y vit, a « le sentiment de sa réalité 140 », cette connaissance intime que seule donne dans tous les ordres la pratique du laboratoire ; qui tient pour possible l’expérience d’un surnaturel qui s’offre à la constatation et donc s’impose à elle, et qui en tant que savant demande que par ceux qui la constatent et qui la vivent cette expérience au même titre que les autres soit dûment intégrée, — telle m’apparaît — pour reprendre la formule de Gabriel Marcel — une des constantes de Rivière, à mes yeux l’essentielle, en tout cas celle qui éminemment caractérise jusqu’ici le Rivière de la vie posthume : sûreté du diagnostic, patience infinie dans l’observation (ce goût et cette estime du « retrait141 », jamais il ne consent à « forcer »), acuité, ductilité et ressources de la thérapeutique, — c’est bien à une « médecine expérimentale » de l’âme elle-même que Rivière se consacre et nous convie. […] Ce que j’aime c’est cette attitude de savant en face du règne mystique. […] Nous le possédons aujourd’hui — savant, complexe, d’une analyse partout traversée de tendresse ; c’est dire que nous le tenons de dignes mains.

1670. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Le salon méprise l’écrivain ; l’écrivain raille le salon ; l’artiste déteste la critique ; la critique exaspère l’artiste ; l’auteur dramatique dédaigne le romancier ; le romancier persifle la science ; le savant rit du romancier. […] Elle n’a nommé cette fois ni un savant, ni un mathématicien, ni un financier : elle a choisi un véritable artiste, un prosateur qui est un très grand poète, un littérateur qui a mis dans ses livres la sincérité d’une confession. […] Il a mieux que l’écriture artiste recommandée par M. de Goncourt et qui aboutit au byzantinisme savant de Chérie  ; il a la pensée artiste ; il est artiste en dedans avant de l’être en dehors ; il l’est de toute façon, d’ailleurs, mais il l’est à sa manière. […] Ses recherches éperdues, ses intarissables raffinements, s’a soif de sentir ne sont peut-être qu’une forme de cette soif de connaître qui pousse l’esprit humain vers ce que Spencer appelle l’Inconnaissable, cette soit qui fait les artistes, les savants et les mystiques. […] Le caractère du beau, c’est d’être indestructible. « Pascal savant est dépassé, a dit Hugo, Pascal écrivain ne l’est pas. » Le travail est donc la base du style et la condition de toute bonne littérature.

1671. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Sa vocation l’oblige à se mêler au monde jusque dans la solitude de son cabinet, et là même, la haute retraite ménagée au savant lui demeure interdite. […] Comme bel esprit et comme savant, il a joué dans son siècle un rôle trop important pour n’avoir rien possédé en propre ; néanmoins, sous plusieurs rapports, il reste à peu près à nos yeux la seconde édition de Montaigne, et une édition qui ne vaut pas la première. […] On y trouve des savants qui associent la religion à la science, et pour qui la science est une sorte de religion. […] Elles sont à peine indiquées : point de grâce, peu de vivacité ni de véhémence, pas de netteté dans le style, pas de disposition savante des idées, point de proportion. […] En 1672, le 1er mars, on y lit une comédie de Molière, apparemment les Femmes savantes, représentées le 11 du même mois.

1672. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Ce fut une invasion non de barbares, mais de jeunes savants, procédant tout à fait d’ailleurs à la manière des invasions et des conquêtes. […] Il y avait les classes distinctes, les gens de cour, les gens de guerre, les gens d’Église, les savants d’Université, et les lettrés ou poètes en langue vulgaire : on ne se mêlait pas encore en un seul public.

1673. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Le Clerc a composé, comme chacun sait, de savants ouvrages ; il en a fait de spirituels. […] Le ministère de 1819 préparait sur cette matière une loi, dont M. de Broglie, déjà le plus savant des légistes politiques, était l’inspirateur.

1674. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il vit dans l’abondance, l’activité et les honneurs, sagement et utilement, parmi les admirations assidues et les affections soutenues d’amis savants et distingués qui ne peuvent se rassasier de sa conversation, parmi les applaudissements de tous les hommes vertueux et de tous les esprits cultivés de l’Angleterre. […] Figurez-vous des hommes du monde qui lisent une page entre deux bouchées de gâteau927, des dames qui interrompent une phrase pour demander l’heure du bal : trois mots spéciaux ou savants leur feraient jeter le journal.

1675. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Bonaparte s’impatienta, à la fin, de ces puérilités savantes ; il jeta dans un moule improvisé quelques-uns des éléments de la constitution de Sieyès avec quelques éléments empruntés aux constitutions existantes, et il en sortit pour les besoins de la circonstance la Constitution dite de l’an VIII (19 décembre 1799). […] Les négociations avec l’Autriche, celles avec la Prusse ; les premières agaceries diplomatiques de Bonaparte à Paul Ier, empereur de Russie ; le coup d’œil sur l’état intérieur et scandaleux de la cour de Madrid, livrée à un favori, Godoy, tracé d’une main qui charge les couleurs afin d’atténuer d’avance les torts du cabinet des Tuileries envers les Bourbons d’Espagne ; les négociations avec le Saint-Siège, préludes de négociations plus graves pour le Concordat ; la rupture des conférences par l’Autriche, les préparatifs de guerre repris des deux côtés avec une égale vigueur ; le tableau de la prospérité croissante de la France en dix mois d’un gouvernement personnifié dans un jeune dictateur ; l’analyse savante et pénétrante de la situation des différents clergés, séparés en sectes par les serments ou les refus de serments constitutionnels ; la rentrée rapide des émigrés, la statistique profondément étudiée des partis dans l’opinion et dans les assemblées ; les portraits de M. de Lafayette, de Fouché, de M. de Talleyrand, de Carnot, de Berthier, portraits finis et fermes, sans minutie comme sans recherche, où l’on voit que l’historien s’oublie lui-même pour ne penser qu’à son modèle, remplissent ce volume.

1676. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Le théâtre, chez un peuple civilisé, n’est pas fait pour donner aux savants le plaisir d’apprécier l’exactitude d’un pastiche de l’antique, mais pour exprimer des sentiments généraux dans la langue et selon le génie de ce peuple. […] Le manque d’exactitude dans le costume ne touche que les savants ; des caractères mal développés ou incomplets, des personnages qui ne diraient pas tout ce qu’ils doivent sentir, des passions à demi exprimées, des sentiments sans nuances, choqueraient, dans un parterre moderne, tout ce qui a du cœur et de la raison.

1677. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Une figure flasque, de longs cheveux de savant, et une cravate blanche sous une immense redingote de propriétaire. […] Dans les bronzes, des merveilles, des merveilles qui semblent l’idéal de ce que le goût et l’art savant de la fabrication peuvent produire.

1678. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Tout cela dit et joué avec de savantes intonations, et une mimique, où semblait mêlée l’ironie du cabotin et du prêtre. […] Alors le petit Hahn s’est mis au piano, et a joué la musique composée par lui, sur trois ou quatre pièces de Verlaine, de vrais bijoux poétiques, une musique littéraire à la Rollinat, mais plus délicate, plus distinguée, plus savante, que celle du poète berrichon.

1679. (1925) La fin de l’art

Les uns tiennent pour le latin prononcé à l’allemande, d’autres pour le latin prononcé à la romaine et les plus savants, enfin, pour la prononciation cicéronienne. […] Voilà encore un savant qui a été ébloui par la morale et qui s’est demandé avec anxiété ce qu’elle deviendrait si on soumettait la volonté au déterminisme des motifs.

1680. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Assurément nous ne réussirons jamais à faire une collection aussi complète ; néanmoins en certaines classes, nous en approchons peu à peu ; et Milne Edwards a dernièrement insisté dans un savant mémoire sur la grande importance des formes typiques, soit que nous puissions, ou non, définir et séparer les groupes auxquels ces types appartiennent. […] Une légère teinture de philosophie spéculative, ou tout simplement de logique serait utile, non seulement à nos plus grands et plus savants naturalistes pour défendre leurs meilleures doctrines ; mais elle serait plus encore nécessaire à ceux qui se permettent de leur adresser des critiques qui sont tout bonnement des non-sens.

1681. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Il importe donc de se demander si l’extension que l’on fait du principe de la conservation de la force à tous les corps de la nature n’implique pas elle-même quelque théorie psychologique, et si le savant qui n’aurait a priori aucune prévention contre la liberté humaine songerait à ériger ce principe en loi universelle. […] Il ne semble pas que les savants de notre temps aient poussé l’abstraction aussi loin, sauf peut-être sir William Thomson.

1682. (1925) Portraits et souvenirs

Le savant et bon docteur Esprit Blanched se chargeait de l’en faire descendre. […] Si Hugo était parfois porté à abuser de ses magnifiques ressources verbales, Gautier n’usait des siennes qu’avec une savante modération. […] Quelle détente, en effet, que cette ville de silence et de reflets, le balancement paresseux de ses gondoles, la savante lenteur qui y règle tous les actes de la vie ! […] Aussi, cette forme, d’une savante et sobre maîtrise, a-t-elle bénéficié des méthodes que s’est imposées M. 

1683. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Non satisfait d’enseigner les langues les plus savantes et de répandre sur nos têtes des torrents de philosophie et d’histoire, il dévoile l’origine du langage, réforme l’esprit et les mœurs, éclaire les littératures, écrit même pour le théâtre des sphères, des drames tels que Caliban et l’Eau de Jouvence, et, du promontoire d’Épicure, contemple avec sérénité l’océan de la politique dont les fureurs et les inconstances n’ont plus d’étonnements ni de secrets pour lui. […] Cocasse symbolisme physiognomonique providentiellement adapté à ce sceptique déliquescent qui semble porter en phylactères autour de sa personne toutes les formules conditionnelles ou dubitatives de la demi-douzaine de langues savantes qu’il a la réputation de parler. […] Quelque savant contrefaçonnier ne trouvera-t-il pas le moyen d’extraire de nos ancêtres de l’huile de foie de morue, du papier Watman, de la chandelle ou des confitures ? […] L’Histoire, je pense, demeurera, en dépit de ses plus savants passionnés, la vierge au sombre voile, silencieuse et inviolée, que personne n’a jamais pu connaître à de certaines profondeurs. […] Une foule, à la lettre, ne respirant plus, comme si les doigts de ce très savant magicien mis en contact avec les touches, faisaient couler sur nous tous qui étions là, un fluide extatique et stupéfiant.

1684. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

» grognait le savant Béchut dans son assiette. […] C’est l’histoire charmante d’un brave savant qui, au bout de sa vie, s’est mis à écrire le récit de son unique passion ; passion chaste s’il en fût, et dont les étapes forment une suite d’idylles au sein de Paris. […] Le penseur est croyant, le savant est athée ; La conscience écoute, essaye et, déroulée, Prend le faux pour le vrai dans ces tâtonnements. […] Et cette histoire, pour le dire en passant, sera mal connue tant qu’une plume savante et sincère ne l’aura pas étudiée dans les luttes souvent latentes, mais continuelles, des lettres sacrées et des lettres profanes ; combattons l’esprit de l’homme contre l’esprit de Dieu, origine et fond de toutes les choses de ce monde. […] C’est non seulement aux savants lettrés, c’est à tous ceux qui ont dans le cœur le sentiment du beau et que l’art peut émouvoir que s’adresse ce livre de grand goût et de profonde érudition.

1685. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Henri Heine, dans son livre charmant des Reisebilder, jette en passant cette jolie esquisse : « Il était encore de très bonne heure quand je quittai Gœttingue, et le savant Eichhorn était certainement encore étendu dans son lit, où il faisait peut-être son rêve ordinaire : qu’il se promenait dans un beau jardin, sur les plates-bandes duquel il ne poussait que de petits papiers blancs chargés de citations, qui brillaient d’un doux éclat au soleil, et dont il cueillait plusieurs çà et là, qu’il transportait laborieusement dans une planche nouvelle, pendant que les rossignols réjouissaient son vieux cœur de leurs accents les plus doux. » Ce jardin vous l’avez reconnu : c’est celui de la philologie. — La philologie aura donc son jour, le samedi, auquel je n’ose convier que les humanistes, ceux qui aiment à étudier les textes de près, et à se promener dans ce beau jardin tout à loisir. […] La gloire a des trésors qu’on ne peut épuiser : Et, plus elle en prodigue à nous favoriser Plus elle en garde encore où chacun peut prétendre, Puis il vient à la fameuse question des trois unités, dont tout retentissait alors, et déclare que, pour lui, « loin de s’en rendre l’esclave, il les élargit ou les resserre selon le besoin du sujet… Savoir les règles, ajoute-t-il finement, ou entendre le secret de les apprivoiser adroitement avec notre théâtre, ce sont deux sciences bien différentes ; et peut-être que, pour faire maintenant réussir une pièce, ce n’est pas assez d’avoir étudié dans les livres d’Aristote et d’Horace… Mon avis est celui de Térence : « Puisque nous faisons des poèmes pour être représentés, notre premier but doit être de plaire à la Cour et au Peuple… Il faut, s’il se peut, y ajouter les règles, afin de ne déplaire pas aux savants et recevoir un applaudissement universel. […] Allant plus loin et n’excusant plus seulement le public, l’Académie finissait par dire : « Sans mentir, les savants mêmes doivent souffrir avec quelque indulgence les irrégularités d’un ouvrage qui n’aurait pas eu le bonheur d’agréer si fort au commun s’il n’avait des grâces qui ne sont pas communes. » Et ceci : « Après tout, il faut avouer qu’encore qu’il (l’auteur) ait fait choix d’un sujet défectueux, il n’a pas laissé de faire éclater en beaucoup d’endroits de si beaux sentiments et de si belles paroles, qu’il a en quelque sorte imité le Ciel, qui, en la dispensation de ses trésors et de ses grâces, donne indifféremment la beauté du corps aux méchantes âmes et aux bonnes. […] Puis il continue ainsi : « Je dirai plus, Monsieur : la tragédie doit exciter de la pitié et de la crainte… Or n’est-il pas vrai que la crainte pourrait être excitée plus fortement par la vue des malheurs arrivés aux personnes de notre condition, à qui nous ressemblons tout à fait, que par l’image de ceux (des malheurs) qui font trébucher de leurs trônes les plus grands monarques, avec qui nous n’avons aucun rapport, qu’en tant que nous sommes susceptibles des passions qui les ont jetés dans le précipice ; ce qui ne se rencontre pas toujours. » Bref, il a cru devoir, dit-il, nommer sa nouvelle pièce Comédie héroïque, et il explique encore très longuement pourquoi, — sollicitant l’approbation et de ce Hollandais, M. de Zuylichem, et, par lui, celle de son savant compatriote M.  […] Il y a tout une dynastie des Heinsius, savants de père en fils.

1686. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Pourtant, Magendie, poussé dans la voie physiologique par les conseils de Laplace, continuait les saines traditions qu’il avait puisées dans la fréquentation de ce célèbre savant. […] Elle est appréciée dans tout le monde savant, et il me suffira de faire ici l’énumération des établissements de cette nature installés à l’étranger, où les chaires d’anatomie et de physiologie, partout confondues il y a vingt ans, sont aujourd’hui partout séparées. […] Telle est la pensée de Pythagore, Platon, Aristote, Hippocrate, acceptée par les savants mystiques du moyen âge, Paracelse, Van Helmont ; soutenue par les scolastiques et formulée dans son expression la plus outrée, de l’animisme, par Stahl. […] J’ai consulté à cet égard mon savant collègue M.  […] Mais Lavoisier et les chimistes qui nous ont fait connaître cet important résultat sont tombés dans une erreur, presque inévitable à leur époque, sur le mécanisme de ces phénomènes, erreur qui, encore aujourd’hui, a cours auprès de beaucoup de savants.

1687. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Le cas de ce savant homme est piquant et nous offre un singulier phénomène : c’est que plus il a étudié et approfondi son auteur, plus il en a collationné de manuscrits, et plus aussi la tâche de choisir et de fixer un texte lui est devenue impossible.

1688. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Un savant auteur anglais, le colonel Mure, dans son Histoire de la littérature grecque, se pose, à son tour, cette question : « Si la nation grecque n’avait jamais existé, ou si ses œuvres de génie avaient été anéanties par la grandeur de la prédominance romaine, les races actuelles principales de l’Europe se seraient-elles élevées plus haut dans l’échelle de la culture littéraire que les autres nations de l’antiquité avant qu’elles eussent été touchées par le souffle hellénique ? 

1689. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je l’emprunte à la lettre d’un aimable et savant homme, M. 

1690. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

C’était l’année des Femmes savantes, avant la dernière heure de Molière.

1691. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Et certes, si en parlant du lyrique Malherbe et surtout de l’autre Balzac, solennel pourtant, et si savant en beaux mots, le bon Tallemant a trouvé moyen d’amasser tant de traits piquants de caractère, d’enregistrer tant d’indiscrétions de langage, tant de superstitions fastueuses d’auteur et de jactances naïves, que n’aurait-il pas à moissonner d’abondant autour de chacun des nôtres !

1692. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Vinet, d’une manière moins éparse heureusement, représente et réalise, en écrivain de premier ordre, tout l’autre côté de prose ingénieuse, d’originale et savante culture.

1693. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Je me rappelle avoir lu dans le Journal des Savants (décembre 1835), à l’article Nouvelles littéraires qui termine, une simple petite note indiquant la publication de l’Histoire de la Marine française, par M.

1694. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

J’erre seul, et de loin à peine J’entends les savants convaincus : A ce fronton l’un veut Bacchus, L’autre Constantin fils d’Hélène ; Moi, j’ai ma date plus certaine, Et je lis encore aux murs nus : Sous le consulat de Plancus.

1695. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Ils montent par degrés, parcourent les intervalles et ne s’élancent pas au but du premier bond ; leur génie grandit avec le temps et s’édifie comme un palais auquel on ajouterait chaque année une assise ; ils ont de longues heures de réflexion et de silence durant lesquelles ils s’arrêtent pour réviser leur plan et délibérer : aussi l’édifice, si jamais il se termine, est-il d’une conception savante, noble, lucide, admirable, d’une harmonie qui d’abord saisit l’œil, et d’une exécution achevée.

1696. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Un savant Anglais, M. 

1697. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

. — On dira qu’en Angleterre il y a trois intérêts, et que cette combinaison plus savante, répond de la tranquillité publique.

1698. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Il paraît que la langue hébraïque, quoique déjà très imagée et très savante, n’était pas encore arrivée à cette invention parfaite des vers, qui change les mots en notes, et qui fait chanter le style comme une musique à laquelle on bat la mesure avec une rigoureuse précision.

1699. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Les idées de Montaigne Mais enfin voilà le produit net de sa vaste et curieuse enquête : à travers tous ces faits, témoignages et arguments qui se choquent confusément, ceci seul apparaît, que les hommes ne sont d’accord sur rien, qu’ils ne savent rien : en politique, en législation, en morale, en religion, en métaphysique, les peuples donnent des démentis aux peuples, les siècles aux siècles ; le vulgaire se divise, et les savants s’accusent de rêverie ou d’ânerie.

1700. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Une heure et quart, de trains, vers les cités savantes ; j’avais une raison.

1701. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

On se prépare à la courte traite du lendemain, les femmes chantent, les enfants crient, l’enclume de campagne résonne sous le marteau. » Quiconque a vu un camp de bohémiens reconnaîtra sans doute la vérité de cette description, où tout est pris sur nature, sauf l’ours peut-être, qui, chez nous, est remplacé par un singe ou un âne savant.

1702. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Vielé-Griffin à un poète qui fut plus savant versificateur que lui mais regarda de plus petites choses à Jean de La Fontaine.

1703. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Mais combien qui, attirés d’abord par l’enchanteur, voulurent regarder de près les choses dont il parlait, en sentirent la vie, et y devinrent plus savants et plus croyants que lui !

1704. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

D’autres, au contraire, comme le savant genevois, M. 

1705. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Vir bonus, strangulandi peritus, « un bon homme, habile à pendre… » Ainsi l’appelle, en son latin, un savant du temps ; et Tallemant des Réaux lui-même ne le traite pas trop mal dans ses Historiettes.

1706. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Tel est, dans cette admirable pièce, l’ordre et la suite des idées, dont chacune revêt tour à tour son expression la plus propre, l’expression hardie à la fois, savante et naïve.

1707. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Car sur de telles choses, il faut qu’il compte avec les préjugés du public, les préventions des savants, pour lesquels il n’est que le peintre des Débardeurs.

1708. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Tels sont les enfants ; tels sont en général les ignorants ; et le plus grand savant, en face d’un problème nouveau, est momentanément un ignorant ; il tâtonne, il cherche, il reste quelquefois des années entières sans trouver la vraie formule de sa pensée ; parfois il y renonce.

1709. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Nous voyons à travers le poète, l’artiste ou le savant, l’homme, l’homme de partout et de toujours, cet éternel vaincu dans la course du monde.

1710. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Jullian commentant des renseignements fournis par le Comité des travaux historiques et scientifiques (Ministère de l’Instruction, publique) sur l’accroissement du nombre des Sociétés savantes, apporte à notre thèse cette confirmation : « C’est en effet, dans ce siècle et dans notre pays, le phénomène social le plus net et le plus général que les progrès ininterrompus des associations libres.

1711. (1883) Le roman naturaliste

Qu’il y ait dans cette prose très savante et très tourmentée des expressions singulières, ou même, quand on les détache de la phrase à laquelle M.  […] Il n’est bruit, dans toute une province du monde savant, que des expériences d’un habile professeur ; M.  […] Vous diriez aussi bien qu’il n’importe guère si le savant, entré dans son laboratoire, préparant ses combinaisons ou commençant ses dissections, cherche quelque chose ou ne cherche rien. […] Zola ne sait pas ce que c’est qu’une expérience, et qu’il parle de science ici, comme tout à l’heure vous l’entendrez parler de métaphysique, avec une sérénité d’ignorance qui ferait la joie des savants et des métaphysiciens. […] Si vous n’avez pas attrapé le but et que l’œuvre soit manquée, les plus savantes théories du monde n’y feront rien.

1712. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Montigny, il lui écrivait, dit-on : « C’est roide, mais il faut que cela passe. » Cette fois, cela a passé parce que c’était moins roide ; parce qu’à force de préparations savantes, de contrastes habilement ménagés, de précautions, d’atténuations, de repoussoirs, il a rendu la figure acceptable. […] Pailleron ne voulait partir en guerre contre les savants, les travailleurs, les chercheurs, ni entreprendre une croisade contre la science. […] Ne négligeons rien pour gagner tous les cœurs de savants ! […] Toutes ces petites intrigues de mère ambitieuse, et aussi toutes les menées pour étouffer l’amour qui vient d’éclore soudain dans le cœur du jeune savant, ému en revoyant sa jeune cousine, tout cela n’est que pour la forme. […] À côté de ces figures légèrement grimaçantes, mais que l’on ne peut regarder sans rire, deux types charmants : une vieille tante qui n’aime pas les savants qui continuent à l’être dans les salons, et la petite cousine dont nous parlions.

1713. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ce n’est pas ici le lieu d’expliquer ceci plus au long, non plus que quelques façons de parler persiennes, que nous avons exprimées en leur naturel, dans la croyance que nous avons eue que les savants y prendraient plaisir. […] J’ai souvent occasion de citer dans mes notes la relation de ce voyageur exact et savant.

1714. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Car je tiens à le dire ici, quoique le talent de Zola soit reconnu de tout le monde, de rares savants, seulement quelques docteurs ont su pénétrer le sens de son œuvre, et personne, même ceux qui se dirent ses disciples, n’en ont compris toute la pureté. […] C’est en effet le signe du savant qui considère le jeu des choses sous un angle d’éternité de ne se prononcer sur elles qu’avec bonté, sagesse et indulgence.

1715. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Robin, le savant professeur d’histologie à la Faculté de médecine de Paris, ont établi récemment que l’appareil observé chez les Raies est également producteur d’électricité, et que désormais ce genre entier doit être compris dans le nombre des poissons électriques. […] La cause de ces courants, dit le savant physicien, réside dans les états électriques opposés qui se produisent par les actions chimiques de la nutrition du muscle.

1716. (1896) Études et portraits littéraires

Le porte-crayon de ce savant scrupuleux, ce porte-crayon toujours garni de mine, ne lui sert qu’à cela. […] Les savants n’y peuvent rien. […] Comparez à ce sage, tel que l’antiquité savante l’a fait, le plus ignorant des chrétiens récitant sa prière. […]   À défaut de la sensibilité proprement dite, a-t-il du moins l’autre, celle qu’on pourrait nommer passion spirituelle, ferveur d’intelligence, enthousiasme de philosophe ou de savant ? […] Adolescent, il dévorait les poètes, tous les poètes, les français, depuis les symbolistes jusqu’aux trouvères, les grecs, les latins, depuis Ennius, dit quelqu’un qui le connut, jusqu’à Claudien et jusqu’à Rutilius Numantianus, avec un goût pour les raffinements maladifs et les corruptions savantes.

1717. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

III Parmi les meilleurs et les plus agréables modèles de cette urbanité naissante, paraît sir William Temple, un diplomate et un homme de monde, avisé, prudent et poli, doué de tact dans la conversation et dans les affaires, expert dans la connaissance des temps et dans l’art de ne pas se compromettre, adroit à s’avancer et à s’écarter, qui sut attirer sur soi la faveur et les espérances de l’Angleterre, obtenir les éloges des lettrés, des savants, des politiques et du peuple, gagner une réputation européenne, obtenir toutes les couronnes réservées à la science, au patriotisme, à la vertu et au génie, sans avoir beaucoup de science, de patriotisme, de génie ou de vertu. […] Outre cela il regretta la décadence de la musique « qui autrefois enchantait les hommes, les bêtes, les oiseaux, les serpents, au point que leur nature même en était changée610. » Il voulut énumérer les plus grands écrivains modernes et oublia dans son catalogue, « parmi les Italiens611, Dante, Pétrarque, l’Arioste et le Tasse ; parmi les Français, Pascal, Bossuet, Molière, Corneille, Racine et Boileau ; parmi les Espagnols, Lope et Calderon ; parmi les Anglais, Chaucer, Spencer, Shakspeare et Milton » ; en revanche il y inséra Paolo Sarpi, Guevara, sir Philip Sidney, Selden, Voiture et Bussy-Rabutin, « auteur des Amours de Gaul. » Pour tout combler, il déclara authentiques et admirables les fables d’Ésope, cette pesante rédaction byzantine, et les lettres de Phalaris, cette méchante fabrication sophistique ; deux ouvrages, selon lui, « qui, étant les plus anciens dans leur genre, sont aussi les meilleurs dans leur genre. » Enfin, pour s’enferrer lui-même sans remède, il remarqua gravement que « sans doute quelques savants, du moins de ceux qui passent pour tels sous le nom de critiques, n’avaient point estimé ces lettres authentiques ; mais qu’il fallait être un bien médiocre peintre pour ne point y reconnaître une peinture originale. Une telle diversité de passions dans une telle variété d’actions et de circonstances de la vie et du gouvernement, une telle liberté de pensée, une telle hardiesse d’expression, une telle libéralité envers ses amis, un tel dédain de ses ennemis, une telle considération pour les hommes savants, une telle estime pour les gens de bien, une telle connaissance de la vie, un tel mépris de la mort, en même temps qu’une telle âpreté de naturel et une telle cruauté dans la vengeance, n’ont pu être jamais manifestés que par celui qui les a possédés ; et j’estime Lucien auquel on les attribue aussi incapable de les écrire que de faire ce que Phalaris a osé612. » Très-belle rhétorique ; il est fâcheux qu’une phrase si bien faite couvre de telles sottises. […] Belinda dit à sa tante, dont la vertu chancelle : « Plus tôt vous capitulerez, mieux cela vaudra. » Un peu plus tard, quand elle se décide à épouser Heartfree, pour sauver sa tante compromise, elle fait une profession de foi qui pronostique bien l’avenir du nouvel époux : « Si votre affaire n’était pas dans la balance, je songerais plutôt à pêcher quelque odieux mari, homme de qualité pourtant, et je prendrais le pauvre Heartfree seulement pour galant664. » Ces demoiselles sont savantes, et en tout cas très-disposées à suivre les bonnes leçons.

1718. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Il commande à son singe savant en tirant sur son collier, d’un coup rude et sec, et qui doit faire grand mal à la petite bête. […] Enfin, vous aimerez la beauté des mots, doublée par la place qu’ils occupent, leur sonorité, leur éclat, l’air de gloire et d’allégresse héroïque répandu sur ces alexandrins si savants. […] Les dames aux savantes toilettes, jolies à voir comme des fleurs, se demandaient comment deux grandes personnes et huit enfants peuvent bien vivre avec vingt sous par jour, et elles faisaient des calculs ; et j’essayais de me figurer l’âme de ce berger, quelles étaient ses pensées et quelles pouvaient être ses joies. […] Et ainsi la livrée d’automne est peut-être ce qui convient le mieux à ces fêtes où les races célèbrent les labeurs savants de leur maturité.

1719. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Cependant qu’Antoine le docteur dessinait à la plume des monstres symboliques et lavait d’échevelés paysages et qu’Henry restait toujours un peu rêveur, un peu absorbé par quelque vision plastique, Charles Cros, lui, se multipliait en mille démarches amusantes, comme de chanter du Wagner ou de l’Hervé sur de savants ou fous accompagnements, de réciter quelque monologue inédit, tout naïvement, détestablement, même, mais combien donc drôlement ! […] L’ironiste parfois terrible — et grand savant en même temps, ainsi que l’appréciera prochainement et en toute compétence mon ami Jules Perroux — s’amusait, pour faire tenir Guy et René sages, de leur narrer des histoires, comme on dit, de brigands. […] Mais que voulez-vous que fassent des poètes en ce temps où tout est à l’… agio et les savants, puisque la République s’en passe, selon le mot de 93 ? […] Grâce à ce débarras qu’il a bravement procuré dans ses livres, la pensée flue pure d’un cours limpide et sinueux sous les mille ombrages fleuris, fleurant et musicaux d’une fantaisie où très souvent chante clair et grave quelque titres exquis de ses récentes œuvres, Double, Presque, Heures, enfin Tout bas ravissent par leur comme divinatoire indication, projetant tout le long du livre un leitmotiv dont profite en belle et saine lumière la subtilité savante du contexte.

1720. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Bouhours auroit eu raison de faire entendre, d’après le cardinal du Perron, que les Allemands ne prétendoient pas à l’esprit ; parce qu’alors leurs savans ne s’occupoient guere que d’ouvrages laborieux & de pénibles recherches, qui ne permettoient pas qu’on y répandît des fleurs, qu’on s’efforçât de briller, & que le bel-esprit se mêlât au savant. […] La meilleure maniere de connoître l’usage qu’on doit faire de l’esprit, est de lire le petit nombre de bons ouvravrages de génie qu’on a dans les langues savantes & dans la nôtre. […] En général il signifie plus que capable, plus qu’instruit, soit qu’on parle d’un général, ou d’un savant, ou d’un juge. […] Le savant peut n’être habile ni à écrire, ni à enseigner.

1721. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Mais je vois avec chagrin que certains philologues ou médecins échauffés lui ont reproché de n’être pas un savant sérieux, tandis que les néo-évangélistes, oubliant que Renan est leur vrai père et qu’ils ne seraient pas sans lui, l’accusaient, fils ingrats, d’être un pur « négatif ». […] Il n’a jamais voulu être qu’un savant et n’a jamais aspiré qu’à la gloire un peu sévère qui récompense les beaux travaux d’érudition : le reste lui a été donné par surcroît. […] On ne peut vraiment pas attendre des livres tout simples d’un poète qui est un savant, d’un Breton qui est un Gascon, d’un philosophe qui a été séminariste. […] Critique, il fut plein d’imprévu ; savant comme un professeur, subtil comme un rhéteur, intuitif comme un poète. […] Les Martiens sont plus savants que nous.

1722. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Gauthier-Garguille, selon le sujet de leurs farces, représentait soit le maître d’école, soit un savant, débitant d’un air bien bête les chansons composées par lui. […] Ce dernier rôle fut fort utile à Molière pour créer le caractère de Bélise des Femmes savantes. […] Le public, beaucoup moins dans les secrets du cardinal que Messieurs de l’Académie, à l’inverse du savant aréopage, condamna Europe et applaudit le Cid. […] — Anecdote. — Gombault, un des fondateurs de la Société savante qui fut la base de l’Académie. — Sa tragédie des Danaïdes (1646). — Gilbert […] Fontenelle le fit, broda sur le canevas qu’on lui avait envoyé, expédia acte par acte, et quand, plus tard, il vit attribuer cette pièce à Despréaux, il la revendiqua avec raison comme de lui, par une lettre adressée aux auteurs du Journal des Savants.

1723. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

C’est alors que sans peine un Dieu se fait entendre : Il se cache au savant, se révèle au cœur tendre ; Il doit moins se prouver qu’il ne doit se sentir. […] Or, il n’aimait pas les femmes savantes, les femmes politiques, les femmes philosophes. […] Les Mémoires du savant botaniste de Candolle, récemment publiés (1862), contiennent une anecdote singulière sur Fontanes, laquelle se rapporte à cette époque voisine de fructidor.

1724. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Mais il jette par-ci par-là des paroles si savantes sur la race chevaline, que M.  […] Son roman, les Deux Fous, passe pour son meilleur livre ; mais en somme, c’est plutôt un arrangeur, un chroniqueur, un savant, qu’un homme de style et d’imagination. […] Luchet très savant en phrénologie ; on doit à sa collaboration avec M. 

1725. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

On les rencontre dans tous les efforts où trouve son application le symbole expressif de l’aveugle et du paralytique, … dans la Peinture, où tant de réputations furent édifiées que le Temps s’est déjà chargé de remettre à leur place ; dans la Musique, où d’ingénieux assimilateurs, munis d’une technique savante, furent baptisés les continuateurs de Beethoven… mais dans la Littérature surtout, qui demeure notre art national. […] » Morceau d’exécution savante, qui le niera ? […] On connaît l’affabulation de ce récit : Emma Kosilis, unique dans l’œuvre de Renan, qui par les nuances du détail créant la progression de l’intérêt, nous montre le merveilleux conteur qu’eût pu devenir, s’il s’en était mêlé, le savant exégète des origines ; il nous marque aussi bien la psychologie amoureuse d’une Bretonne passionnée.

1726. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Les applaudissements redoublèrent dès qu’on l’aperçut lui-même à la porte de la loge ; mais ils devinrent plus vifs que jamais, quand, contraignant le bonhomme Ducis à prendre place sur le devant, il se tint modestement derrière ce patriarche de la littérature de l’époque, quoiqu’il y eut place aussi là pour lui. » Lorsque le général prépara l’expédition d’Egypte, Ducis fut l’un des premiers auxquels il pensa pour l’emmener avec son Institut de voyage et de conquête ; il voulait un poète au milieu de ses savants.

1727. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Sa mère l’appelait « notre charmante lettrée », indiquant par là qu’elle la croyait plus savante qu’elle.

1728. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Mme Roland pressentait et ruinait d’avance ces justifications futures, quand elle lui écrivait de sa prison : « Fais maintenant de beaux écrits, explique en philosophe les causes des événements, les passions, les erreurs qui les ont accompagnés ; la postérité dira toujours : Il fortifia le parti qui avilit la représentation nationale, etc. » Quant à Brissot, nous adoptons tout à fait le jugement de Mme Roland sur lui, sur son honnêteté profonde et son désintéressement ; nous le disons, parce qu’il nous a été douloureux et amer de voir les auteurs d’une Histoire de la Révolution qui mérite de s’accréditer, auteurs consciencieux et savants, mais systématiques, reproduire comme incontestables des imputations odieuses contre la probité du chef de la Gironde.

1729. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

— Et ces autres séances remplies d’un intérêt plus calme, mais non moins sérieux, cette discussion si serrée, si savante, si positive, sur les acquits-à-caution où les voix les plus compétentes se sont fait entendre, a-t-elle été appréciée et signalée à l’attention par la presse comme elle aurait dû l’être ?

1730. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Selon le principe de Rousseau, il ne faut pas évaluer les hommes, mais les compter ; en politique, le nombre seul est respectable ; ni la naissance, ni la propriété, ni la fonction, ni la capacité, ne sont des titres : grand ou petit, ignorant ou savant, général, soldat ou goujat, dans l’armée sociale chaque individu n’est qu’une unité munie d’un vote ; où vous voyez la majorité, là est le droit.

1731. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Vient ensuite une dissertation savante, avec dates et notes, sur la nature, l’origine d’un couvent de filles, dissertation tantôt édifiante, tantôt burlesque, intitulée Picpus.

1732. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

On sait quels mots Racine a su ennoblir, et que sous sa plume savante, l’expression la plus propre et la plus simple demeure la plus tragique.

1733. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Quelque singulier bonheur neuf et barbare l’asseoit à considérer, se mouvant d’après toute la subtilité savante de l’orchestration, la figure solennelle d’idées qui ont présidé à sa genèse.

1734. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

., 1878, 100), et le sommeil de Kundry, d’où elle se réveille sans force, est analogue à celui de Brunnhilde ; Klingsor, qui se mutile pour s’approcher du Gral et qui devient ainsi la cause efficiente du drame, est évidemment conçu d’après le prototype Alberich, qui « maudit l’amour » pour se saisir de l’Or du Rhin … Connaissant cette intention, on pourrait poursuivre ces analogies sans crainte d’aller trop loin : la lance, par exemple, qui a donné tant de mal aux savants critiques, parce qu’ils ne la retrouvaient pas (sous cette forme) dans les poèmes qui racontent les légendes de Parsifal et du Gral, cette lance que Parsifal conquiert par la chasteté on l’aurait trouvée, si on avait songé à la « sainte lance » de Wotan, taillée dans le bois de « l’arbre du monde » … Nous expliquerons la raison de cette intention poétique ; pour le moment, il nous suffît d’avoir établi par quelques indications précises, l’existence dans Parsifal d’une parenté, ou antithèse, voulue avec le Ring39.

1735. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Le lendemain de la représentation10, j’avais besoin de me reposer de cinq heures de musique savante dont l’impression tourbillonnait encore dans ma tête à mon réveil.

1736. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

C’est pour eux une sorte de Berlioz, plus savant et plus dramatique, un successeur de Glück et de Beethoven.

1737. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

22 juillet Été chez Gavarni qui nous montre de merveilleuses aquarelles, balafrées de clarté, de soleil, de vie, avec des roses, des jaunes, des bleus d’un lavage inimitable, et avec des figures prodigieusement pochées dans leur savante construction, — des dessins sur papier Wathman, auquel il donne un ton de chine, en l’exposant dans une chambre où l’on fume.

1738. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Ce n’est pas pour des raisons de critique plus ou moins contestées entre les savants, c’est pour des raisons morales, c’est par respect pour le saint nom de la Divinité que nous nous refusons à cette théologie.

1739. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Voilà comment il se fait que, en sociologie comme en histoire, les mêmes événements sont qualifiés, suivant les sentiments personnels du savant, de salutaires ou de désastreux.

1740. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Ils savent en hiver élever leurs maisons, Passent les étangs sur des ponts, Fruit de leur art, savant ouvrage ; Et nos pareils ont beau le voir, Jusqu’à présent tout leur savoir Est de passer l’onde à la nage.

1741. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

» Voilà, si je ne me trompe, des tableaux singulièrement bien vus, par des yeux savants et justes.

1742. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Des peintres se mêlaient aux poëtes : Gérard, Girodet, Isabey, Horace Vernet, dont madame Sophie Gay avait connu le père ; Hersent, qui fit de mademoiselle Delphine Gay un beau portrait qui fut remarqué à l’exposition de l’association des artistes  Tête blonde, œil inspiré, écharpe de gaze bleue, et que, par une touchante anticipation d’orgueil maternel, madame Gay a légué au Musée de Versailles, où sa place sera marquée un jour ; Auber s’asseyait au piano sur le tabouret laissé vide par Della Maria et Paër ; d’autres fois, c’était Meyerbeer faisant gronder les touches sous quelques-unes de ses puissantes harmonies ; Thiers, encore inconnu, se faisait présenter par Buchon, le savant auteur des Recherches sur la principauté française en Morée ; madame Gay était aussi très-liée avec Delatouche, le gracieux et caustique railleur, l’ermite de la vallée aux Loups, qu’elle appelait son ennemi intime, mot que M.  […] L’école de Hugo, amoureuse du seizième siècle et du moyen âge, savante en coupes, en rhythmes, en structures, en périodes, riche de mots, brisée à la prose par la gymnastique du vers, opérant d’ailleurs d’après un maître aux procédés certains, ne faisait cas que de ce qui était bien écrit, c’est-à-dire travaillé et monté de ton outre mesure, et trouvait de plus la représentation des mœurs modernes inutile, bourgeoise et manquant de lyrisme. […] « … Une chambre qui avait vue sur les cours des maisons voisines, par les fenêtres desquelles passaient de longues perches chargées de linge ; rien n’était plus horrible que cette mansarde aux murs jaunes et sales, qui sentait la misère et appelait son savant. […] Le calme et le silence nécessaires au savant ont je ne sais quoi de doux et d’enivrant comme l’amour… L’étude prête une sorte de magie à tout ce qui nous environne. […] Il en analysait les coquettes allures, il en dégustait longuement les grâces savantes, tout en trouvant comme elle que la déesse avait la taille bien lourde et ne ferait pas bonne figure chez mesdames de Beauséant, de Listomère ou d’Espard.

1743. (1864) Le roman contemporain

Le savant auteur nous a même donné la clef du roman, et, grâce à lui, nous savons que « Mandane est madame la duchesse de Longueville ; Cyrus, M. le Prince ; le prince Artibie, le duc de Châtillon ; la grande ville d’Artaxale, colle de Paris ; le siège de Cumes, le siège de Dunkerque ; la bataille de Thybarra, celle de Lens », et ainsi de suite. […] Vous avez rencontré Gondrax, le savant orgueilleux, qui ne croit pas en Dieu, parce que la science se trouverait humiliée si elle admettait autre chose que ce qu’elle peut mesurer avec son compas, peser dans ses balances ou distiller dans son alambic ; Gondrax, esprit fort et faible cœur, qu’un chagrin foudroie et qu’une déception précipite dans le suicide, tandis que Raoul, ouvrant son cœur au catholicisme, supporte le coup le plus douloureux sans faiblir.

1744. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Jean de Gourmont, le jeune frère du savant auteur de L’Esthétique de la langue française. […] Hugo, écrit-il, loin d’avoir en rien l’organisation grecque, est plutôt comme un Franc énergique et subtil, devenu vite habile et passé maître aux richesses latines de la décadence, un Goth revenu d’Espagne, qui s’est fait Romain, très raffiné même en grammaire, savant en style du Bas-Empire et à toute l’ornementation byzantine1. » Sainte-Beuve a dit encore de Victor Hugo : « Par manque de ce tact que j’appellerai grec ou attique, et qui n’est pas moins français, il ne recule jamais devant le choquant de l’expression, quand il doit en résulter quelque similitude matérielle plus rigoureuse qu’il pousse à outrance. » Enfin, après un éloge pompeux de la Cloche, une des plus belles œuvres de Victor Hugo, le maître critique conclut : « Ce beffroi altier, écrasant, où il a placé la cloche à laquelle il se compare, représente lui-même à merveille l’aspect principal et central de son œuvre : de toutes parts le vaste horizon, un riche paysage, des chaumières et des toits bizarres entassés. » J’aime la substance d’une pareille critique, mais non le ton aigre qu’elle prend, ni les circonstances où elle se produisit. […] Il est difficile de résister à cette mise en scène savante : on est abusé le plus souvent, même quand on n’ignore point que l’orateur est un sot ou un médiocre fieffé. […] Ce sont là façons (moitié niaiserie, moitié ruse) de faux artistes et de faux savants. […] Sur cette question, les savants disent blanc et noir… Ainsi fait un mien ami bien affectionné : il est grand philologue, il a conquis tous les triomphes à l’École normale, et ce n’était pas pour écrire dans les journaux… « Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, que dans toute votre philologie ! 

1745. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

C’est un savant qui contemple et ausculte la nature, qui assiste à ses vibrations et à son spectacle, comme un expérimentateur devant ses cornues. […] Que Faust ou Werther, Meister ou Ottilie murmurent des futilités ou énoncent de savantes propositions, tout cela semble sourdre d’un tempérament unique et animé d’une analogue philosophie.

1746. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Le savant paléontologiste me prête à tort l’idée erronée que toutes les espèces d’une contrée se transforment en même temps, et demande avec raison pourquoi toutes les formes vivantes n’offrent pas une masse toujours changeante d’une inextricable confusion. […] Le savant Allemand fait une autre objection d’une grande force : comment la sélection naturelle explique-t-elle que les diverses espèces de Souris ou de Lièvres, qui descendent, je dois le faire remarquer, d’un parent commun dont les caractères sont inconnus, ont la queue ou les oreilles plus courtes, ou plus longues, et le poil de différentes couleurs ?

1747. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Ce triste roi se laisse rudoyer par ses favoris, leur écrit en style de commère, se dit un Salomon, étale une vanité d’écrivain, et, donnant audience à un courtisan, lui recommande sa réputation de savant, à charge de revanche. […] Artistes et savants, tous partent, sans s’en douter, de la même idée maîtresse, c’est que la nature subsiste par elle-même, que chaque être enferme dans son sein la source de son action, que les causes des événements sont des lois innées dans les choses : idée toute-puissante d’où sortira la civilisation moderne et qui en ce moment en Angleterre et en Italie, comme autrefois en Grèce, à côté de l’art complet suscite les vraies sciences ; après Vinci et Michel Ange, l’école des anatomistes, des mathématiciens, des naturalistes, qui aboutit à Galilée ; après Spenser, Ben Jonson et Shakspeare, l’école des penseurs qui entourent Bacon et préparent Harvey. […] Il n’est point d’idées qu’il ne répète sous cinquante formes ; quand il a épuisé les siennes, il verse sur nous celles des autres ; les classiques, les auteurs plus rares, connus seulement des savants, les auteurs plus rares encore, connus seulement des érudits, il prend chez tous. […] Le triage des idées n’a pas encore été fait : médecin et poëte, lettré et savant, l’homme est tout à la fois ; fauté de digues, les idées viennent comme des liqueurs différentes se déverser dans la même cuve avec des pétillements et des bouillonnements étranges, avec une odeur déplaisante et des effets baroques.

1748. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Longtemps encore, à moins qu’une découverte décisive de la science n’atteigne le secret de la nature, à moins qu’une révélation venue d’un autre monde, par exemple une communication avec une planète plus ancienne et plus savante que la nôtre, ne nous apprenne enfin l’origine et le but de la vie, longtemps encore, toujours peut-être, nous ne serons que de précaires et fortuites lueurs, abandonnées sans dessein appréciable à tous les souffles d’une nuit indifférente. […] Dans Les Liens, le savant Granval, descendant de fous et d’alcooliques, croit avoir échappé à sa terrible hérédité, quand des troubles cérébraux lui révèlent le sort fatal dont il est menacé. […] Journaliste littéraire et politique, chroniqueur, écrivain de voyages, dramaturge même, romancier et poète à ses heures, Maître Edmond Picard reste avant tout célèbre avocat autant que savant jurisconsulte. […] Ce savant devint vite populaire en France, car il se voua tout entier à l’œuvre de Balzac et au romantisme français.

1749. (1913) Poètes et critiques

Elle boit longuement et sérieusement, et, quand elle n’entonne pas des chansons bachiques, elle chante des psaumes… Elle a d’admirables érudits, des savants qui valent par la précision de leur information scientifique et par le scrupule de leur recherche, des artistes qui la désertent parce qu’elle ne les paie pas, des romanciers et des poètes qui aspirent à s’enfuir, qui s’enfuient et qui reviennent pour l’adorer… Elle aime trop la musique et le songe, et elle possède des fous merveilleux. […] Van Tieghem a bien raison — est à noter chez lui plus que chez d’autres, car il a fait du mot de Science un usage presque immodéré, et il n’était pas le Savant. […] Produisant des raisons qu’un fanatique de Calvin, de Rabelais ou de Ronsard trouverait peut-être forcées, mais qu’il n’était guère possible d’exposer plus ingénieusement, il déclara qu’il préférait « le fier, subtil et savant moyen âge ». […] Je m’en tiendrai, ici, à la description sommaire du recueil, et ce sera comme un point de départ pour présenter certaines réflexions sur la formation toute savante de cet artiste exceptionnel que fut le poète Verlaine, sur la genèse obscure et la claire révélation de son intime originalité.

1750. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

» Absous, quoi qu’il en soit, amnistié et applaudi des savants et des sages, restait pour M. de Talleyrand un autre point délicat à régler, l’article de la mort.

1751. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Aux savants la beauté historique ou critique ; à nous, poëtes, la beauté évidente et sensible, etc. » Mais ces deux poëtes, fidèles également à la beauté naturelle, d’une âme aussi largement ouverte à la réfléchir, se distinguent dans la manière dont ils s’élèvent et par laquelle ils arrivent à l’embrasser, à la dominer.

1752. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Elle aurait eu, à ses moments de vertige et d’obscurcissement, ces savants et sûrs docteurs des âmes, un saint François de Borgia, un vénérable Pierre d’Alcantara, un saint François de Sales.

1753. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Enfin, vers septembre 1826, voilà Farcy libre, maître de lui-même ; il a de quoi se suffire durant quelques années, il part ; tout froissé encore du contact de la société, c’est la nature qu’il cherche, c’est la terre que tout poëte, que tout savant, que tout chrétien, que tout amant désire : c’est l’Italie.

1754. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Jouffroy disait fréquemment d’une voix pénétrée : « Tout parle, tout vit dans la nature ; la pierre elle-même, le minéral le plus informe vit d’une vie sourde, et nous parle un langage mystérieux ; et ce langage, le pâtre, dans sa solitude, l’entend, l’écoute, le sait autant et plus que le savant et le philosophe, autant que le poëte ! 

1755. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Alain, médecin et commensal du prince de Talleyrand pendant dix ans, aussi tendre et aussi vertueux que savant.

1756. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Prendre les ordres de Valjean contre le vol, de Thénardier contre le maraudage, des étudiants contre la débauche, des gamins héroïques de Paris et des jeunes émeutiers de la barricade sur l’organisation savante du travail et de la société parfaite, contre le luxe des riches et contre la misère du chômage du peuple, est une homéopathie par le vice, l’ignorance et le sang, qui nous laisse quelque doute sur la guérison du corps social.

1757. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Je lisais hier au soir Bernardin, au premier volume des Études, qu’il commence par un fraisier, ce fraisier qu’il décrit avec tant de charme, tant d’esprit, tant de cœur, qui ferait, dit-il, écrire des volumes sans fin, dont l’étude suffirait pour remplir la vie du plus savant naturaliste par les rapports de cette plante avec tous les règnes de la nature.

1758. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

On dit que les Calabrais eux-mêmes n’en fabriquent pas de plus sonores et de plus savantes que nous.

1759. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Ainsi, dans Jean de la Roche, cette famille anglaise : le père, un savant, doux, distrait, ayant peur de vouloir ; le fils, un enfant intelligent, débile, égoïste, despote, et la sœur sacrifiée à ce malade, qui est jaloux d’elle, l’empêche de se marier, et confisque sans scrupule toute cette existence : dans le Marquis de Villemer, la peinture d’un amour réciproque qui naît insensiblement, se révèle par de fines nuances jusqu’à devenir une ardente passion : voilà des parties vraies et bien vues.

1760. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais, par son éducation protestante, si soignée et si savante, il appartenait aussi à la patrie de Leibnize, à un pays qui, ayant abordé, dans l’époque antérieure, sous la forme théologique du Moyen-Âge, tous les grands problèmes de la religion, de la morale, et de la société, s’était arrêté à certaines solutions, et n’avait pas voulu aller plus loin, qui n’avait pas pu faire deux révolutions coup sur coup, et qui, s’étant fait protestant, était resté chrétien.

1761. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Le poète (et c’est là notre commune histoire) Caressait du regard son nombreux auditoire ; Et ce regard disait à tous en même temps : « Vous avez trop d’esprit pour n’être pas contents… Lorsque dans un salon une lecture assemble Gens du monde et savants, étonnés d’être ensemble, Chacun se tait d’abord, et, les yeux au plafond, On attend et l’on garde un silence profond.

1762. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Nous l’avons vue aussi parmi les choses les plus voyantes et les plus bruyantes, moitié rêve, moitié chant lyrique, idéalisant les multitudes, et cherchant les grands hommes dans les propos de leurs valets, tombant des hauteurs du symbole dans l’anecdote, mais éloquente, vivante, dans une langue dont les emportements mêmes sont savants et qui est travaillée jusqu’au souci du rythme.

1763. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

… Être son égale, lui si savant, si près de Dieu, je n’y saurais prétendre ; être mère par lui, oh !

1764. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Là où les savants ne voient que des débris littéraires stériles, il voit Siegfried, le plus pur type de l’Eternellement-Naturel ; et à côté de lui, lui apparaît Brünnhilde, la Walkyre, l’élément purement humain.

1765. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Odin « Tu n’es pas Wola, tu n’es pas la savante femme, mais trois fois la mère des Thursars. » Le chant se termine par ces mots de Wola : « Les hommes ne viendront plus me trouver avant le jour où Loke (Loge) brisera ses liens, avant le moment de la fin ces dieux. » Il est probable que Wagner a connu ce texte par l’imitation en vers allemands qu’en fit Fr.

1766. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Les savants appelleront sans doute archéo-néologique cette variété timide du dialecte universitaire enrichisseur.

1767. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Je voulais que la France créât le budget des lettres ; je voulais que l’écrivain, le savant, l’artiste de tous les genres de culture d’esprit, après avoir consacré onéreusement sa vie à l’utilité ou à la gloire, cette utilité suprême de son pays, ne reçût pas pour tout salaire de cette noble abnégation de vie, un misérable subside de douze cents francs, inférieur aux gages d’un mercenaire, et distribué parcimonieusement à quarante privilégiés de la détresse à la porte d’une académie ouverte de temps en temps par la mort.

1768. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

D’ailleurs, il y a des savants qui ne veulent point recevoir le mot grec pour signifier l’entretien d’un homme seul, mais bien un discours en tout semblable, sans aucune variété.

1769. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Moi, je crois au contraire que loin de nous avoir fait un public, vous avez complètement défait le nôtre ; public bien respectable dont j’ai longtemps brigué les honorables suffrages ; public qui se composait alors d’une grande partie de la jeunesse instruite, de l’élite de la société, d’un grand nombre d’anciens magistrats, d’artistes, de savants qui le soir régulièrement venaient se délasser de leurs graves travaux et chercher de douces émotions ou égayer leur esprit à nos jeux scéniques.

1770. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Passons donc sur ces exclamations qui sont agréables, mais un peu fades, et lisons ce qui suit : Echo, qui ne tait rien, vous conta ces amours ; Vous les vîtes gravés au fond des antres sourds : Faites que j’en retrouve au temple de Mémoire Les monuments sacrés, sources de votre gloire, Et que, m’étant formé sous vos savantes mains, Ces vers puissent passer aux derniers des humains !

1771. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

« Jeanne avait infiniment d’esprit, aimait les sciences et les savants, était libérale et bien faite, prudente, sage, et ne manquait pas de piété. » C’est l’hommage que lui rend le dictionnaire de Moréri (Lyon, 1681). […] Il fut l’interprète savant et souverainement éloquent de cette âme ignorante et instinctive. […] Je rangerai dans la même classe de facéties, mais toutefois en la mettant un peu à part, comme plus savante et plus préméditée, la chanson du gendarme Géromé. […] Un grand savant, un grand ingénieur, un grand homme d’Etat me semblaient, dans le secret de mon âme, fort peu de chose. […] Sournoisement, hypocritement, par des baisers aussi savants que s’ils n’étaient pas légitimes, et tout en lui disant : « Non, va-t-en, c’est ton devoir ; si tu me cédais, tu me le reprocherais dans une heure », la petite femme l’a décidé à rester.

1772. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Une très grande partie, aussi, du rôle de Chrysale dans les Femmes savantes : A-t-elle consenti ? […] Gazier, beaucoup plus savant que moi, me rectifiera si je me trompe — que, au dix-septième siècle, l’on ne dédiait pas « à la mémoire de… » Je ne m’en rappelle pas d’exemple. […] Michaut, professeur à la Sorbonne, vient de consacrer à la Bérénice de Racine un volume très savant, très ingénieux, très spirituel et très hardi, qui est digne de l’attention de tous les étudiants en choses de lettres. […] Ils le furent d’une main moins savante et moins adroite. […] Il les balance l’un par l’autre, les dessine vigoureusement par une parole mâle et brève, les contraste par des reparties tranchées et présente à l’œil du spectateur des masses [non, mauvais mot ; il fallait répéter le mot groupe] d’une savante structure. » C’est très bien vu, cela.

1773. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Et, d’un autre côté, l’on assure que les philosophes allemands qui ont élevé le savant échafaudage du pessimisme, n’ont nullement dédaigné certains avantages palpables, et qu’ils ont su, comme on l’a dit, « administrer, à la fois, leurs rentes et leur gloire. » Mais, malgré ces distinctions essentielles, il reste une sorte de parenté collatérale entre ceux qui ont écrit la théorie de la souffrance et ceux qui en ont fait l’expérience personnelle. […] C’est à son père lui-même, à l’illustre savant, que Ballanche écrivait : « Un brasier est dans votre cœur. » Et, en effet, André-Marie Ampère avait une âme passionnée, mais aussi tourmentée. […] Enfin, un autre jeune homme qui n’apparaît dans ce cercle qu’en 1822, mais qui appartenait comme Ampère à une famille de savants et que cette circonstance devait rapprocher de lui, s’y rattachait encore par des affinités de sentiments et de caractère. […] Les vues de Leopardi sur le monde sont le point de départ de celles de Schopenhauer ; mais celui-ci leur donne une forme savante et établit l’impossibilité du bonheur par des raisonnements. […] Ils ont écrit dans le même temps, dans des circonstances analogues ; tous deux sous des pseudonymes, selon la mode romantique ; avec un certain mérite tous deux ; et tous deux néanmoins peu connus, bien qu’un savant distingué ait pris récemment le soin de nous restituer la physionomie complète de l’un d’eux, Théophile Dondey.

1774. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Comment ne pas remarquer que l’on peut être profond mathématicien, savant physicien, psychologue délicat en tant que s’analysant soi-même, et pourtant comprendre de travers les actions d’autrui, mal calculer les siennes, ne jamais s’adapter au milieu, enfin manquer de bon sens ? […] Que dirait-on du savant qui ferait l’anatomie des organes et l’histologie des tissus, sans se préoccuper de leur destination ? […] Savants et philosophes sont trop portés à croire que la pensée s’exerce chez tous comme chez eux, pour le plaisir.

1775. (1902) La poésie nouvelle

Ils se mettent, du mieux qu’ils peuvent, dans l’état d’esprit du savant en présence de la Nature. […]  » ‌ Qu’importe, après cela, que des savants aient observé des phénomènes d’« audition colorée » et que de jeunes hommes se soient servi de ce prétexte pour légitimer de folles esthétiques ? […] Reste à savoir comment il a fait ce choix, et c’est sur quoi son œuvre nous renseignera ; mais on doit noter, dès maintenant, qu’il y a un danger véritable ici : le savant pastiche !    ‌ […] Et, « dans la sécurité de la femme savante », sereine, elle l’appelle « vers son amour et sa suprême réussite »… Et c’est donc ici, sous la forme d’un symbole de beauté, la transcription de trois groupes de petits poèmes où serait célébré l’amour ingénu, l’amour sensuel et l’amour câlin, — trois amours que l’on sent en mystérieuse concordance avec trois heures du jour, la matinale, l’ensoleillée et la crépusculaire, celle, toute légère et futile, où l’âme s’amuse à l’allégresse de l’éveil, celle, embrasée, où l’exaltation des sens la prend toute, et celle du soir, où la rentrée serait délicieuse dans la sécurité secrète de la chambre d’amour, — avec trois saisons de l’année aussi, car le printemps est matinal, l’été sensuel et l’automne frissonnant.

1776. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

J’avais pourtant un savant et une idiote !  […] * *   * L’Âne savant : Peau d’Âne, Lait d’ânesse, etc. […] Bonde a la manie de bourrer la tête de son fils, enfant de huit ans, de physique et de chimie ; il veut en faire un savant et ne lui parle que la langue baroque des sciences ; l’enfant doit tout retenir sous peine de sévères corrections. […] Le poète voyait plus clair dans la vie que l’humanité tout entière ; le poète était, à lui seul, l’historien et le prophète, le savant et le voyant ; il était le philosophe par excellence, et ses imaginations les plus grotesques étaient des préceptes de sagesse et des règles de droit commun. […] Voilà le fondement de son œuvre, son idée ; et à la manière des savants consciencieux, il s’appuie sur l’histoire, puis il donne des moyens pratiques d’arriver au but et enfin ceux de conserver la conquête ainsi faite.

1777. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Un des plus charitables et des plus savants curés de Paris, me parlant de cette relation des Grands Jours publiée par M. 

1778. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Nous baissâmes la tête et nous dîmes à l’homme de loi qui venait nous retrancher les trois quarts du bien : — Puisque les juges de Lucques, qui sont si savants, le disent, il faut bien que cela soit vrai.

1779. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

— Mais, puisque c’est ainsi et que tu le crois, toi qui es plus savant que moi, je le veux autant que toi, repris-je, plus que toi encore, car toi tu pourrais bien peut-être vivre ici ou dans le paradis sans moi, mais moi je ne pourrais ni respirer seulement dans ce monde, ni sentir le paradis dans l’autre, si j’étais séparée de toi !

1780. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Laurent de Médicis, témoin des jeux de ce génie enfant, qui dépassait du premier jet ses modèles et ses maîtres, se prit d’une tendre et paternelle admiration pour Michel-Ange ; il lui donna une chambre dans son propre palais ; il l’admit à sa table, où Laurent le Magnifique, entouré de ses enfants, des poëtes, des savants, des philosophes, des artistes les plus renommés de la république, prolongeait dans la nuit les entretiens dignes des temps de Périclès, pour faire rejaillir jusque sur le père de Michel-Ange les bontés qu’il avait pour le fils.

/ 1956