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892. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

Véritable machine pneumatique, qui a fait le vide dans le cerveau de l’homme.

893. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

La philosophie a cette honte, bien méritée du reste, que personne ne l’invoque plus et que les professeurs qui la professaient hier encore, au lieu de créer et d’organiser des systèmes, c’est-à-dire de nous donner, après tout, la chose philosophique, le véritable produit philosophique, en sont descendus à ne plus professer que l’histoire et même les historiettes de la philosophie.

894. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

En tant que si la femme qui a inventé… ou raconté ces histoires charmantes n’y mettait pas son nom, son véritable nom, elle pouvait oublier d’en mettre un.

895. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

J’entends lui restituer ici son sens véritable, le seul qu’il puisse, à vrai dire, posséder : c’est l’esprit qui tend à faire triompher une nouvelle conception du monde dans l’humanité occidentale.

896. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Ce qu’il veut, encore qu’il ne l’ait point dit formellement, c’est fonder une véritable religion nouvelle. […] Fogazzaro chante un véritable hymne à l’évolutionnisme considéré comme idée de progrès. […] Et cette philosophie, il l’exprime souvent en termes admirables, en couplets et en strophes qui sont d’un véritable poète lyrique. […] Il était fait pour le Sénat du Consulat et de l’Empire où il trouva sa place véritable. […] La théorie de la force a été pleinement réalisée ; ce n’est pas l’union qui fait la force ; c’est la force qui fait l’union, l’union véritable.

897. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

La véritable cause des guerres civiles, c’était l’amour de la guerre civile elle-même et l’instinct même, impérieux et impatient, de guerre civile. […] Le véritable orgueil n’a pas besoin du succès et de la gloire pour être entier, pour être sans défaillance et pour être actif. […] Voilà son domaine véritable. […] Le véritable patriotisme consiste à ne compter pour Français que ceux qui le sont. […] Voilà en son fond le véritable esprit du Français « unitaire ».

898. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Aristote fit voir ensuite que la véritable philosophie est le guide secret de l’esprit dans tous les arts. […] L’éloquence véritable commença à se montrer dans Rome du tems des Gracques, & ne fut perfectionnée que du tems de Cicéron. […] Le véritable caractere de ce vers est plûtôt la délicatesse que la finesse. […] On est quelquefois étonné que ce qui boulversoit autrefois le monde, ne le trouble plus aujourd’hui ; c’est aux véritables gens de lettres qu’on en est redevable. […] Le second monument est l’éclipse centrale du soleil, calculée à la Chine deux mille cent cinquante-cinq ans, avant notre ere vulgaire, & reconnue véritable par tous nos Astronomes.

899. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

L’estomac se gâte, les nerfs se déconcertent, l’âme mine la machine, qui mine l’âme à son tour. « Je m’éveille toujours, écrivait-il en Italie, dans un véritable accès de désespoir et de dégoût pour toutes choses, même pour ce qui me plaisait la veille. […] disait Walter Scott1244, c’était un homme d’une véritable bonté de cœur, ayant les sentiments les plus affectueux et les meilleurs. […] Un jour il dit : « Je serais curieux d’éprouver les sensations qu’un homme doit avoir quand il vient de commettre un assassinat. » Un autre jour il écrit sur son journal : « Hobhouse m’a rapporté un singulier bruit, que je suis le vrai Conrad, le véritable corsaire, et qu’une partie de mes voyages se sont accomplis sans témoins. […] Ce qui fait la gloire de Gœthe, c’est qu’au dix-neuvième siècle il a pu faire un poëme épique, j’entends un poëme où agissent et parlent de véritables dieux. […] Il s’y était amusé fougueusement d’abord, plus qu’assez et même plus que trop, presque jusqu’à s’y détruire ; puis après des galanteries vulgaires, ayant rencontré un amour véritable, il était devenu cavalier servant, à la mode du pays, du consentement de la famille, offrant le bras, portant le châle, un peu maladroitement d’abord et avec étonnement, mais en somme plus heureux qu’il n’avait jamais été, et caressé comme par un souffle tiède de volupté et d’abandon.

900. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Le baptême du nouveau gentilhomme fournit une véritable scène de comédie : SUZANNE. — Il faut changer de nom. […] Ce sont de véritables œuvres littéraires que ses panégyriques de saint Vincent de Paul, saint Charles Borromée, etc. […] Le héros, qui n’est pas un fou, mais dont le crâne a certainement reçu une véritable fêlure, se désespère de voir épouser par un autre la jeune fille aimée. […] Ses hommes en sûreté, il s’élança seul au milieu des premiers cavaliers, qui arrivaient sur lui en tirailleurs, et ne se précipita sur aucun sans que la mort s’ensuivit ; il en fit une véritable déconfiture et ne céda le terrain qu’aux pelotons. […] Jamais l’amour et la science de la trahison n’ont été mieux logés que dans le cœur de cet homme qui agissait, il est vrai, au point de vue de ses instincts, mais qui, en véritable dilettante, trahissait aussi pour rien, pour l’art, pour l’honneur !

901. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

La simple passion de vivre, quelque naturelle et légitime qu’elle soit, ne saurait avoir la vertu d’un véritable idéal. […] Nous travaillons incessamment à embellir et à conserver cet être imaginaire, et nous négligeons le véritable. […] Mais une doctrine si plate fait bondir de colère le véritable artiste. […] Le grand et véritable anonymat ne s’est rencontré qu’au moyen âge. […] L’idée singulièrement originale de ce livre fameux, c’est que le véritable grand homme est toujours grand, dans quelque situation que le sort l’ait placé.

902. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ne voyez-vous point surgir ici l’image du véritable génie Cornélien ? […] Comme ils sont rares, depuis que s’étaient dispersées nos primitives cantilènes, comme ils sont rares, en trois siècles littéraires, les cris de la véritable passion, les plaintes simples d’une tendresse ! […] Car l’éternelle haine de la poésie véritable avait besoin d’une admiration proclamée pour se donner l’air de bafouer impartialement Victor Hugo, Alfred de Vigny, puis Gautier, Leconte de Lisle, Baudelaire, Banville. […] Sur leurs crânes vides croissaient de véritables forêts vierges, inexplorées du peigne ; dans leurs vastes poches jaunissaient des manuscrits mort-nés. […] Mais c’étaient là de menus jeux d’esprit, récréations entre les véritables poèmes, et qui n’aspiraient pas du tout à bouleverser l’art poétique français.

903. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Avant : « Jamais de la nature il ne faut s’écarter. » Voyez les personnages de Térence : « c’est un amant, un fils, un père véritable ». […] La science donc et la science réduite aux mathématiques et aux sciences naturelles, c’est le véritable objet de l’Encyclopédie. […] Il ne tient pas compte et des instincts mêmes, probablement éternels, de l’humanité, et de ses intérêts véritables. […] Marcher au canon, malgré les ordres antérieurs ; car c’est le canon qui donne l’ordre véritable ! […] Y a-t-il rien de plus « fécond » que de savoir les distinguer des beautés véritables, et la véritable « critique des beautés » n’est-elle pas précisément, en écartant les beautés illusoires, de tirer au jour et de mettre en pleine lumière les beautés vraies ?

904. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

« J’ai le spleen, écrit-il, tristesse physique, véritable maladie. […] Je tenais à établir ces points pour ramener les choses à leur véritable mesure. […] Mais les véritables romans eux-mêmes offrent pour nous de l’intérêt et ne doivent pas échapper à notre examen. […] Werther est le véritable inspirateur du Proscrit. […] On peut dire que Mme de Staël subit la même peine, car sa patrie véritable était Paris, et la réduire au séjour de Coppet, c’était en réalité l’expatrier.

905. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il est probable que c’est là l’interprétation véritable. […] C’est absolument véritable. […] Voilà le véritable office de la comédie, voilà, pour ainsi parler, sa circonscription. […] Il y a dans votre irritation contre les hommes de la vertu véritable et une certaine hauteur d’estime où vous êtes de vous. […] Voilà la comédie véritable et voilà la comédie normale de tous les temps.

906. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Istrati, qui n’a pas quarante ans, est un véritable autodidacte. […] Car tout romancier véritable est d’abord un « voyeur ». […] Bernstein, qui a été représentée hier, la Galerie des Glaces, si nous admettons avec son auteur que les véritables pièces d’idées sont celles qui les suggèrent, et non celles qui les expriment. […] Les silences du colonel Bramble est le livre qui marque les véritables débuts de Maurois dans les lettres. […] Intitulé « Le Dernier Rêve d’Edmond About » et signé Jean-Emmanuel Manière, premier pseudonyme de Giraudoux, paru le 16 décembre 1904 ; republié sous le titre « Premier rêve signé » dans le n° 38 des Feuilles libres (janvier-février 1925), sous sa véritable signature.

907. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

On ne sait trop pourtant si elle s’est fait une véritable idée de la mélancolie ; car elle semble avoir du penchant pour Sénèque, comme plus mélancolique que Cicéron. […] que deviendront alors tant d’histoires qu’on intitule philosophiques, si ce jugement est véritable ? […] Il est sans doute plus facile d’inventer que de chercher les véritables causes qui jettent tant de diversité dans le goût de quelques nations voisines. […] « Les écrivains de la nouvelle école flétrissent l’imagination avec je ne sais quelle vérité qui n’est point la véritable vérité. […] Son véritable éloge est dans son histoire.

908. (1864) Études sur Shakespeare

Ils y paraissent comme une corporation véritable qui a ses affaires, son influence, ses droits, qui pénètre dans tous les rangs, et s’associe aux divertissements du peuple comme aux fêtes de ses chefs. […] Au théâtre seul appartient la véritable histoire de Shakespeare ; après l’avoir vu là, on ne peut plus le chercher ailleurs ; lui-même ne sien est plus écarté. […] Depuis deux siècles la critique s’est exercée à constater les limites de sa propriété véritable ; mais les faits manquent à cet examen, et les jugements littéraires ont été communément déterminés par le désir de faire prévaloir telle ou telle prévention. […] Il faut voir dans Macbeth, véritable type de son système, avec quel art il sait vaincre les difficultés qui en naissent, et renouer, dans l’âme du spectateur, la chaîne des lieux et des temps sans cesse brisée dans la réalité ! […] L’illusion dramatique a été cherchée à sa véritable source ; mais on ne lui a pas demandé tous les effets qu’on en pouvait obtenir.

909. (1911) Études pp. 9-261

Elle était prête à tout ressentir ; non pas avec dilettantisme, mais comme une pauvre âme véritable faite pour la peine et la besogne. […] Ses passions sont si véritables, elles tiennent si fortement à son cœur qu’elles gagnent le nôtre et qu’il faut que nous les reconnaissions en nous. […] Il ne faut que donner à ce corps une tête, que proposer à sa fonction la fin véritable : Dieu. […] C’est la véritable action de grâces, semblable à la fonction respiratoire : « Ô continuation de notre cœur ! […] En effet ses véritables qualités sont la sécheresse, la dureté, la pesanteur.

910. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Taine lui-même qui, avant tous les critiques, a donné à Balzac sa véritable place, la toute première dans la littérature de notre dix-neuvième siècle, est tout près de regretter une outrance qui n’est cependant qu’une logique. […] On est donc en droit de considérer ce roman imaginaire comme une transposition du roman véritable que l’auteur a vécu pendant ces années. […] Notre rôle est de la romaniser de nouveau pour la rendre à ses traditions véritables. […] Il a inscrit en tête de son essai ces mots d’un élève de Le Play : « C’est la famille qui est la véritable molécule sociale, non l’individu. » Il aurait pu y joindre ces lignes de Balzac : « Aussi regardais-je la famille, non l’individu, comme le véritable élément social », et celles-ci de Bonald : « La société se compose de familles, et non d’individus », et encore ces paroles de Comte : « La cellule sociale est la famille et non l’individu ». […] … » Écoutez-le encore parlant à ce fils : « Qu’est-ce que la vie d’un homme, qu’est-ce que ma vie, si le passé et l’avenir ne leur donnaient leur véritable sens ?

911. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

que cette vue sordide est bien loin du cœur du véritable honnête homme ! […] Le véritable galant homme ne devrait être qu’un honnête homme un peu plus brillant ou plus enjoué qu’à son ordinaire, un honnête homme dans sa fleur. […] Je ne m’étonne pas que ce grand homme53 ait eu tant d’ennemis ; la véritable vertu se confie en elle-même, elle se montre sans artifice et d’un air simple et naturel, comme celle de Socrate. […] Les plus grands de l’esprit, autant que j’en puis juger, c’est la véritable gloire et les belles connoissances, et je prends garde que ces gens-là ne les ont que bien peu, qui s’attachent beaucoup aux plaisirs du corps.

912. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Mais les accès de sa mélancolie, seule véritable cause de sa réclusion prolongée, succédaient fréquemment à des améliorations momentanées de son état. […] Une véritable mascarade épique, où les guerriers des deux races et des deux cultes se confondent dans une galanterie commune, où les femmes elles-mêmes, les femmes cloîtrées et invisibles de l’Orient, Clorinde, Armide, Herminie, travesties tantôt en bergères de pastorales, tantôt en amazones de théâtres, tantôt en sorcières de sabbat, soupirent des amours de bergerie, livrent des combats d’Hercule, opèrent des enchantements et des sortiléges, transforment des héros en bêtes, en poissons, en monstres bizarres, sortent tout à coup de leur tente ou de leur armure de fer, vêtues en nymphes d’opéra ou en princesses de cour, pour parler le langage affecté et langoureux d’héroïnes de roman ou de muses d’académie. […] Mais le Tasse est presque toujours faux quand il fait parler le cœur ; et, comme les traits de l’âme sont les véritables beautés, il demeure nécessairement au-dessous de Virgile. […] On conçoit la popularité d’une pareille poésie dans un siècle où le fanatisme des croisades n’était pas encore éteint, où les traditions de la chevalerie subsistaient encore, et où la passion poétique de la renaissance italienne faisait des poètes tels que Dante, Pétrarque, le Tasse, les véritables héros de l’esprit humain.

913. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Avec une haute intelligence il a fait comprendre la fierté de Chatterton dans sa lutte perpétuelle, opposée à la candeur juvénile de son caractère ; la profondeur de ses douleurs et de ses travaux, en contraste avec la douceur paisible de ses penchants ; son accablement, chaque fois que le rocher qu’il roule retombe sur lui pour l’écraser ; sa dernière indignation et sa résolution subite de mourir, et par-dessus tous ces traits, exprimés avec un talent souple, fort et plein d’avenir, l’élévation de sa joie lorsque enfin il a délivré son âme et la sent libre de retourner dans sa véritable patrie. […] Discipline et Honneur : c’était le véritable titre. […] qui n’a senti ici jusqu’au fond des entrailles l’horrible obéissance de ce soldat qui a remis sa volonté dans celle de son chef, à qui son chef commande un véritable crime qui tue deux êtres en un, et qui se voit obligé d’obéir en mer, et quand l’ordre ne peut plus être discuté ? […] De là lui viennent des consolations intérieures d’autant plus belles, qu’il en ignore la source et la raison véritables ; de là aussi des révélations soudaines du Vrai, du Beau, du Juste ; de là une lumière qui va devant lui.

914. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

destruction de l’égalité et de l’unité véritables ! […] Ce n’est point ainsi, du reste, qu’on l’a jusqu’à présent employé : on n’a point considéré le moins du monde dans l’ostracisme l’intérêt véritable de la république, et l’on en a fait une simple affaire de faction. […] « Ainsi l’autorité et l’obéissance doivent être à la fois perpétuelles et alternatives ; et, par suite, l’éducation doit être à la fois pareille et diverse ; puisque, de l’aveu de tout le monde, l’obéissance est la véritable école du commandement. » XXV On regrette de trouver ici la recommandation platonique de l’abandon des enfants difformes ; loi humaine en opposition à la loi divine. […] Je classe toujours à part la véritable aristocratie dont j’ai d’abord parlé.

915. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Depuis que le commerce des pensées est devenu une véritable industrie, depuis que la majeure partie des auteurs mâchent, au jour le jour, sans souci du lendemain, la besogne qui les fait vivre, l’occasion s’est présentée plus d’une fois de montrer à l’œuvre, fabriquant et écoulant leurs produits, toute une catégorie de gens de lettres, particulièrement dédaigneux des scrupules de l’art, et fortement épris des succès monnayés : les Entrepreneurs de romans populaires. […] Oscar Méténier s’était uniquement donné la peine d’en changer le titre (jadis le Roman d’une jeune fille pauvre), et que le véritable auteur Oscar Honoré l’avait perpétrée, quarante années auparavant. […] Il y a dans Paris de véritables usines de romans-feuilletons. […] Des pseudo-feuilletonistes, qui ne connaissent même pas le sujet du feuilleton au bas duquel ils mettent leur signature, mais qui en tirent profit comme de leur bien propre, après avoir donné une bouchée de pain aux pauvres diables dont ils ont exploité la plume, vous passerez sans doute quelque jour aux auteurs dramatiques par procuration, à ceux qui, sans avoir écrit une seule réplique de la pièce, imposent leur nom sur l’affiche et touchent les droits d’auteur, quitte à en rendre une partie, la plus petite possible, à l’auteur véritable et une autre, plus forte, au directeur dont la complicité leur permet cette friponnerie.

916. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Cette conception de la grandeur intensive paraît être celle du sens commun, mais on ne saurait l’ériger en explication philosophique sans commettre un véritable cercle vicieux. […] La physique nous parle en effet des degrés d’intensité lumineuse comme de quantités véritables : ne les mesure-t-elle pas au photomètre ? […]   Sans entrer dans une discussion approfondie de cette ingénieuse opération, montrons en quelques mots comment Fechner a saisi la véritable difficulté du problème, comment il a essayé de la surmonter, et où réside, selon nous, le vice de son raisonnement. […] Il est vrai que les mathématiciens pourront protester ici contre le passage de la différence à la différentielle ; les psychologues se demanderont si la quantité ΔS, au lieu d’être constante, ne varierait pas comme la sensation S elle-même 24 (1) : enfin l’on discutera sur le sens véritable de la loi psychophysique, une fois établie.

917. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

mais, si ce que je crains arrivait, ce serait pour moi le plus grand malheur. » Elle raconte les dernières scènes d’adieu avec un véritable et visible attendrissement. […] Je serai toujours ravie de les apprendre par vous, madame, pour qui je me sens à cette heure, une véritable amitié fondée sur une grande estime. » Fière comme l’était Madame, il n’y avait pour elle, après une telle démarche et un rapprochement aussi pénible dans son principe, qu’à devenir l’amie intime et cordiale de Mme de Maintenon, ou son ennemie irréconciliable.

918. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Cette vie à demi monastique s’accordait avec une joie intérieure et une allégresse véritable ; elle était assurément des plus conformes à ce qu’exigeaient alors le raffermissement moral et la sensibilité si récemment ébranlée de Cowper. […] De ceci les sectaires querelleurs peuvent apprendre à démêler leur véritable intérêt : que le frère ne devrait point guerroyer contre le frère, qu’il ne faut se déchirer ni se dévorer entre soi, mais plutôt chanter et briller par un doux accord, jusqu’à ce que cette pauvre nuit passagère de la vie soit écoulée ; respectant ainsi l’un chez l’autre les dons de la nature et de la grâce.

919. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il fonda chez lui, à Paris, un petit cercle philosophique, une véritable petite académie de métaphysique, qui s’assemblait une fois par semaine, et où se réunissaient MM.  […] Cousin. « Les plus sincères défenseurs du spiritualisme en France n’hésitent pas à saluer aujourd’hui dans Maine de Biran leur véritable maître après Descartes. » C’est ce que déclare M. 

920. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Ce n’était là qu’un dire de société revêtu des plus grandes apparences ; mais bientôt de véritables éclats vinrent démasquer les habitudes d’un homme qui, dans sa profession et sa position élevée, aurait dû être doublement irréprochable. […] Vingt-quatre ans de domination sont un long règne, et il y avait ce temps que l’archevêque conduisait l’Église de France en véritable primat.

921. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je ne saurais ici que donner l’idée du livre qui serait à faire et en présenter un raccourci ; mais je me figure que le tableau de cette existence si délicate, si généreuse et si combattue, pourrait être d’un véritable intérêt et d’une consolation efficace pour bien des âmes également éprouvées, à qui le sort n’a cessé d’être inclément et dur. […] Il y eut cette fois accueil sérieux, attentif, studieux, de l’enthousiasme même : miss Smithson, entre autres, ravissait tous les cœurs, et cette noble intelligence de Berlioz, qui vient de disparaître, soudainement frappée alors comme Roméo, voyait se réaliser devant ses yeux le premier objet de son idéal, la beauté véritable.

922. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Mais leur effet d’ensemble est plus pernicieux encore ; car, de tant de travailleurs qu’elles ruinent, elles font des mendiants qui ne veulent plus travailler, des fainéants dangereux qui vont quêtant ou extorquant leur pain chez des paysans qui n’en ont pas trop peur pour eux-mêmes. « Les vagabonds, dit Letrosne759, sont pour la campagne le fléau le plus terrible ; ce sont des troupes ennemies qui, répandues sur le territoire, y vivent à discrétion et y lèvent des contributions véritables… Ils rôdent continuellement dans les campagnes, ils examinent les approches des maisons et s’informent des personnes qui les habitent et des facultés du maître  Malheur à ceux qui ont la réputation d’avoir quelque argent ! […] Et cependant, avec toutes ses rigueurs, la loi n’atteint pas son objet. « Nos villes, dit le parlement de Bretagne763, sont tellement peuplées de mendiants, qu’il semble que tous les projets formés pour bannir la mendicité n’ont fait que l’accroître. » — « Les grands chemins, écrit l’intendant, sont infestés de vagabonds dangereux, de gens sans aveu et de véritables mendiants que la maréchaussée n’arrête pas, soit par négligence, soit parce que son ministère n’est point provoqué par des sollicitations particulières. » Qu’en ferait-on, si elle les arrêtait ?

923. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Mais le travail était sur tout rendu malaisé parce qu’il s’agit de deux poètes modernes qui, en véritables poètes, ont dit indirectement ce qu’ils avaient à dire en réfléchissant leur pensée sur des images et des symboles. […] Cérès, Vulcain, sont des personnages allégoriques ; les attributs qui les expliquent sont des emblèmes véritables puisque, sans leur signification conventionnelle, Cérès et Vulcain ne seraient qu’un forgeron et une femme couronnée d’épis.

924. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

quarante ans ; elle regrettait amèrement le départ de M. de Mora, ce véritable homme délicat et sensible, ce véritable homme supérieur, quand elle s’engagea à aimer M. de Guibert, ce faux grand homme, mais qui était présent et séduisant.

925. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Toutefois, il faut bien en convenir, cet ouvrage, dans lequel la fiction est souvent mêlée à la réalité, n’a de véritable valeur historique que comme tableau, malheureusement trop fidèle, des mœurs d’une certaine classe de la société parisienne au milieu du xviiie  siècle, et ne saurait être opposé avec confiance, en ce qui concerne J. […] Rousseau que possède la bibliothèque de cette ville, m’assure qu’après vérification faite par lui sur les originaux des lettres de Jean-Jacques, c’est le texte donné dans les Confessions qui est l’exact et le véritable.

926. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

En y regardant bien toutefois, si le livre a été écrit par un homme sensé et qui ait connu l’homme véritable, on trouvera encore à profiter dans l’étude de ces modèles qui ont été proposés aux générations précédentes. […] Quoique plus d’un passage de ces Lettres puisse sembler fort étrange venant d’un père à son fils, l’ensemble est animé d’un véritable esprit de tendresse et de sagesse.

927. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Que ce ne fût là qu’une manière de plaisanterie, on y voit du moins de quel ton étaient celles de Jeanne, de la Jeanne véritable et primitive. […] Quicherat, que, bien que rédigé par les juges et les ennemis, il est plus à l’honneur de la véritable Jeanne que j’appelle primitive, et plus propre à la faire bien connaître, plus digne de confiance en ce qui la touche, que le procès de réhabilitation déjà imprégné et légèrement affecté de légende.

928. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

La ressemblance de plusieurs traits essentiels me fait croire que la véritable clef de ce portrait peu connu est bien en effet celle-là : L’aimable Clarice est, sans doute, une des personnes du monde la plus charmante, et de qui l’esprit et l’humeur ont un caractère le plus particulier ; mais, avant que de m’engager à vous les dépeindre, il faut vous dire quelque chose de sa beauté. […] Elle parle volontiers, elle rit aisément, elle se fait un grand plaisir d’une bagatelle, elle aime à faire une innocente guerre à ses amis… Mais, parmi toute cette disposition qu’elle a pour la joie, on peut dire que cette aimable enjouée a toutes les bonnes qualités des mélancoliques qui ont l’esprit bien fait, car elle a le cœur tendre et sensible, elle sait pleurer avec ses amies affligées ; elle sait rompre avec les plaisirs quand l’amitié le demande ; elle est fidèle à ses amis ; elle est capable de secret et de discrétion ; elle ne fait jamais de brouillerie à qui que ce soit ; elle est généreuse et constante dans ses sentiments, et elle est enfin si aimable qu’elle est aimée des plus honnêtes personnes de la Cour, de l’un et de l’autre sexe, mais de gens qui ne se ressemblent ni en condition, ni en humeur, ni en esprit, ni en intérêts, et qui conviennent pourtant tous que Clarice est très charmante, qu’elle a de l’esprit, de la véritable bonté et mille qualités dignes d’être infiniment estimées.

929. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Romilly sur la résignation et sur l’immortalité de l’âme, de le voir prendre généreusement, et par un sentiment de pure équité, la défense du clergé catholique en parlant des séances où, à l’occasion du serment civique, cet ordre opprimé eut à subir de véritables avanies : La postérité comprendra facilement, dit-il, l’expropriation du clergé, la réduction de ses revenus, l’abolition de ses privilèges, les changements opérés dans sa discipline ; les esprits se partageront, dans cinquante ans comme aujourd’hui, sur la nécessité de cette réforme ; mais ce qu’on n’envisagera qu’avec un tremblement d’indignation, c’est l’impitoyable acharnement qui persécute les membres de cet ordre infortuné. […] Mallet, dans une lettre datée du 4 septembre 1793, expliquait au maréchal qu’étant neutre, sans conséquence et parfaitement désintéressé, il avait cru pouvoir développer avec franchise, à l’adresse des cabinets étrangers, plusieurs considérations qu’on n’eût pas écoutées deux minutes dans une autre bouche : J’ai demandé qu’on voulût bien se pénétrer de la certitude et de la profondeur du danger, qu’on le combattit partout, et surtout avec les véritables armes, et qu’on se désabusât de l’idée qu’avec des sièges, des virements systématiques de troupes et quelques prises de possession, on parvint à effleurer le monstre. — Cet écrit, continuait-il, a produit une assez forte sensation sur quelques cabinets : c’est à eux, c’est à quiconque influe sur cette crise, que je m’adressais, et non au vulgaire des insensés et des furieux, à qui le malheur ôte la raison, et dont les emportements ne sont pardonnables qu’en faveur des souffrances qui les occasionnent.

930. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Sous ce titre impropre d’Œuvres, il existe six volumes des plus intéressants et des plus authentiques, qu’il serait plus juste d’intituler Mémoires de Louis XIV ; ils se composent, en effet, de véritables mémoires de son règne et de ses principales actions, qu’il avait entrepris d’écrire pour l’instruction de son fils. […] La pensée religieuse qui s’y joint dans son esprit ajoute plutôt qu’elle n’ôte à ce que cette maxime royale a de politiquement remarquable ; et c’est en ces parties qu’on reconnaît chez lui le véritable homme de talent dans cet art difficile de régner : La sagesse, dit-il, veut qu’en certaines rencontres on donne beaucoup au hasard ; la raison elle-même conseille alors de suivre je ne sais quels mouvements ou instincts aveugles, au-dessus de la raison, et qui semblent venir du ciel, connus à tous les hommes, et plus dignes de considération en ceux qu’il a lui-même placés aux premiers rangs.

931. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Il y a un mot de Montesquieu qui me paraît un véritable contresens et que j’ai peine à comprendre venant d’un si grand esprit : « Les plus méchants citoyens de France, dit-il en une de ses Pensées, furent Richelieu et Louvois. » Laissons de côté Louvois, dont il n’est point question présentement ; mais Richelieu, un mauvais citoyen de la France ! […] » Et à quelque temps de là, voyant quelqu’un auquel elle avait fait un mauvais office auprès de la reine, elle lui en demanda pardon, tant la véritable et humble honte qu’elle avait devant Dieu de l’avoir offensé lui ôtait parfaitement celle des hommes.

932. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Écrivain, il se recommande encore aujourd’hui par de véritables mérites : ses quatre volumes de Souvenirs sont d’une très agréable et instructive lecture ; ses tragédies, pour être appréciées, ont besoin de se revoir en idée et de se replacer à leur moment ; mais ses fables, ses apologues, plaisent et parlent toujours ; un matin, dans un instant d’émotion vraie et sous un rayon rapide, il a trouvé quelques-uns de ces vers légers, immortels, qui se sont mis à voler par le monde comme l’abeille d’Horace et qui ne mourront plus : c’est assez pour que, nous qui aimons à rechercher dans le passé tout ce qui a un cachet distinct et ce qui porte la marque d’une époque, nous revenions un instant sur lui et sur sa mémoire. […] Arnault n’a point composé quelques fables véritables et de la meilleure sorte ; je me bornerai à en indiquer deux : Le Secret de Polichinelle, et surtout Le Chêne et les Buissons.

933. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

le déisme vit ; il vit de sa vie la plus véritable, la plus éternelle. […] Quand le poète, le véritable poète est le fond d’un homme, et que cet homme est assez richement doué pour avoir une spécialité en dehors de sa poésie, il est plus fort — et on le comprend bien ! 

934. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

À des degrés inférieurs, il est encore d’honorables places à saisir ; et, quoique le talent se laisse peu conseiller à l’avance, quoiqu’il appartienne à lui seul, dans ce fonds tant de fois remué, mais non pas épuisé, de l’observation naturelle et sociale, de découvrir de nouvelles formes et des aspects imprévus, qu’on nous permette d’exprimer ce seul vœu : c’est qu’il revienne enfin et qu’il s’attache désormais à étudier une nature humaine véritable, une nature saine et non corrompue, non raffinée ou viciée à plaisir, une nature ouverte aux vraies passions, aux vraies douleurs, sujette aux ridicules sincères, malade, quand elle l’est, des maladies générales, et naturelles encore, que tous comprennent, que tous reconnaissent et doivent éviter.

935. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Je n’en dirai pas plus, et je renvoie ceux qui veulent une discussion véritable et complète au travail de M. 

936. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

Sainte-Beuve y raconte succinctement, mais avec précision, ses relations avec la nouvelle rédaction du Globe, jusqu’au moment où le journal devint saint-simonien « Je ne le quittai point pour cela, dit-il, et j’y mis encore quelques articles. » Mais, à partir de l’année 1831, il est tellement impossible de s’y reconnaître, à cause du manque de signatures, que nous avons cru prudent de nous abstenir tout à fait, à défaut d’indications suffisantes sur les véritables auteurs d’articles qui ne laissaient pas d’être très-tentants sur Mérimée, Balzac, Eugène Sue, Charles Nodier, M. 

937. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Ceci est triste, si l’on veut, mais ceci est véritable ; dans les grandes convulsions sociales, l’homme est jeté hors de lui par sa passion dominante ; par elle, tout équilibre entre ses motifs est rompu, et sa liberté morale presque annulée.

938. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Aujourd’hui nous voudrions réfuter ceux qui s’alarment d’une comparaison superficielle de 1830 avec 1789 ; qui dirigent leur politique comme si de sombres catastrophes sociales étaient là toujours menaçantes devant eux ; et qui ne comprennent pas le moins du monde dans quelle acception véritable nous sommes revenus à 89, dans quel sens pacifique il est exact de dire que nous allons le continuer.

939. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

La gaieté de l’esprit est facile à tous les hommes qui ont de l’esprit ; mais c’est le génie d’un homme et le bon goût de plusieurs qui peuvent seuls inspirer la véritable comédie.

940. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Le cœur tend à l’égalité, et quand la reconnaissance se change en véritable tendresse, elle perd son caractère de soumission et de déférence : celui qui aime, ne croit plus rien devoir ; il place au-dessus des bienfaits leur inépuisable source, le sentiment, et si l’on veut toujours maintenir les différences, les supériorités, le cœur se blesse et se retire ; les parents cependant ne savent, ou ne veulent presque jamais adopter ce nouveau système, et la différence d’âge est, peut-être, cause qu’ils ne se rapprochent jamais de vous que par des sacrifices ; or il n’y a que l’égoïsme qui sache s’arranger du bonheur avec ce mot là.

941. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

La paix qui l’environne semble insulter au tumulte de son âme ; l’uniformité des jours ne lui présente aucun changement même dans la peine ; la violence d’un tel malheur au sein de la retraite, est une nouvelle preuve de la funeste influence des passions ; elles éloignent de tout ce qui est simple et facile, et quoiqu’elles prennent leur source dans la nature de l’homme, elles s’opposent sans cesse à sa véritable destination.

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