Les idylles du Mendiant et de l’Aveugle sont appelées à un succès plus général que l’idylle de la Liberté. […] L’étude attentive de Manon Lescaut pourra corriger cette prolixité contagieuse, car la mesure a joué certainement un grand rôle dans le succès de cet admirable roman. […] Le succès n’absout pas l’erreur. […] Ce qui domine dans Notre-Dame de Paris, ce qui a fait le succès de ce livre, c’est le spectacle. […] Reste à savoir si ces qualités qui ont suffi au succès d’une tragédie romaine pouvaient suffire au succès d’une fable dramatique prise dans l’histoire de la France au moyen âge.
— M. de Ravignan, jésuite et prédicateur célèbre, vient de publier une brochure qui obtient un grand succès et qui le mérite : c’est le premier écrit sorti des rangs catholiques, durant toute cette querelle, qui soit digne d’une grande et sainte cause.
Si madame Roland et madame de Staël réussirent dans une telle carrière, elles durent leurs succès à une certaine virilité d’âme dont les avait douées la nature.
Jammes l’étoffe d’un poète paysagiste et intime, auquel je prédis un franc succès lorsqu’il voudra bien s’astreindre aux lois de la rime et du vers nettement mesuré.
L’apostasie loyale de Renan, le succès de la Vie de Jésus parmi les pharmaciens de province l’ont choqué.
Costar, animé par le succès, par la protection de plusieurs grands, par la gloire de défendre un bel-esprit dans un ancien ami, profita de sa supériorité, répliqua promptement.
L’Europe surprise de le voir détourner à son avantage l’évenement qu’on avoit cru le devoir perdre, lui faisoit honneur pour ce succès de trois vertus qu’il n’avoit pas : c’est ainsi que sa réputation s’est établie.
Ils sont capables de réussir en plusieurs, mais aussi leurs succès n’y sçauroient être que médiocres.
Les origines C’est d’une petite imprimerie du boulevard Saint-Germain, où s’éditait alors un journal littéraire d’avant-garde, que sortirent Les Déliquescences de Vicaire et de Beauclair, aimable parodie faite pour « embêter » les camarades, et dont on sait le succès inouï et inattendu ; les auteurs en restèrent stupéfaits et se refusèrent à une lucrative réimpression de la plaquette, en face du torrent de sottises inopinément déversé sur de tranquilles écrivains, leurs amis.
Ce sont de plus graves sacrifices qu’il a faits au succès de ses idées.
Aussi je ne m’étonne pas du succès vraiment littéraire, du succès durable obtenu par le poème de Parini. […] Quant à la définition de la peinture, elle défie avec le même succès le blâme et l’approbation. […] Je ne dis pas qu’il ait accompli avec un succès complet cette tâche difficile ; je me plais du moins à reconnaître qu’il n’a pas craint de l’aborder. […] Il y a dans le succès de Claudie une leçon qui n’a pas besoin d’être expliquée. […] Cette seconde comédie n’a pas été estimée d’après sa valeur intrinsèque, mais d’après le succès de la Ciguë.
VI Donc je craignais l’apparition de mon petit livre, quoique anonyme, de peur d’être écrasé dans l’œuf par une chute, et encore plus par un succès. […] Qu’il vous suffise de savoir que je n’ai pas dormi, et que j’ai lu jusqu’à quatre heures du matin, pour relire encore. » Le reste du billet était une prophétie de succès en termes brefs, mais si exagérés que je ne voudrais pas les transcrire ici. […] X Je ne m’informai pas même, dans la matinée, du succès de mes vers.
J’ai prononcé le mot d’engouement tout à l’heure, pour expliquer le succès de la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau au moment de son apparition ; mais remarquez qu’on ne peut expliquer par ce mot d’engouement le succès des Girondins, car l’engouement ne dure pas vingt ans sans rémission et même sans dégoût contre un livre ; or les éditions de l’Histoire des Girondins se succèdent depuis vingt ans sous la presse de Paris, de Londres, de la Belgique, sans que la prodigieuse consommation de ce livre se soit abaissée d’un chiffre ou ralentie d’un jour en France et en Europe. […] J’admets donc que le livre est faiblement écrit ; mais son succès prodigieux et continu me permet de croire qu’il est, malgré ses imperfections, encore vivant et sympathique.
On conte que « Despréaux alla lire une de ses premières pièces à l’hôtel de Rambouillet : il n’y eut pas de succès, et on l’engagea à prendre une espèce de poésie moins odieuse et plus généralement approuvée des honnêtes gens que la satire. […] Plus tard il se réconcilia avec son frère, et j’imagine, au contraire de ce qu’on dit, que le succès des Satires ne nuisit pas au raccommodement. […] Vint la malheureuse satire sur l’Équivoque : les ennemis de la Compagnie firent à cette pièce un tel succès, que l’auteur n’osa l’imprimer.
Cette singulière peinture d’une volonté impuissante pour des raisons métaphysiques n’eut aucun succès en 1804 : le roman de Senancour dut attendre 1830 pour être en vogue, je ne dis pas pour être compris, car les romantiques y virent surtout l’inertie désespérée qu’ils sentaient en eux, sans regarder aux doctrines et au tempérament qui faisaient Obermann tout à fait distinct de René ou de Lélia. […] Voici les salons ou les sociétés de petites villes, médisances, calomnies, prétentions, jalousies, espionnages, marches et contremarches pour le gain d’un héritage, la conclusion d’un mariage, le succès d’une élection, la nomination d’un fonctionnaire. […] Il prenait comme une hypothèse fondamentale l’appétit du succès, le déchaînement des convoitises.
On a peine à comprendre la négligence qu’on met à s’occuper d’un art qui est la source des succès dans le monde, et sans lequel se trouvent presque perdues les plus nobles qualités du cœur et de l’esprit. […] « Je ne pourrais sans lui compter sur un succès. […] « S’il veut bien, par hasard, douter de son succès, « On doit croire un acteur du Théâtre-Français. » À peine du billet la lecture s’achève, Qu’une tempête horrible aussitôt se soulève.
Son livre lui a valu, outre le troisième rang de peau de lapin qui distingue les docteurs, les gros sous d’un prix académique, S’il eut seulement ces deux petites ambitions, je le congratule pour son double succès. […] Tout cela banal comme, depuis le succès d’Anatole France, le pédantisme souriant. […] Il répète ce qu’ont dit les autres et sa souplesse pasticheuse nous rend en grimaces les sourires qui eurent du succès.
Mais il faut convenir que cette idée n’a point de fondement solide : elle vient sans doute comme mille autres erreurs sur les ouvrages d’esprit, de ce qu’on a pris pour l’essence de l’ode, la matiére de celles qui ont eu d’abord le plus de succès. […] Il paroît même assez siasi de cet enthousiasme qui entraînoit Pindare ; et le mauvais succès de l’imitateur vient moins d’avoir mal suivi son modéle, que de n’avoir pas connu le génie de la langue françoise. […] Ainsi je finis en me faisant honneur auprès du public, du succès qu’ont déja eu plusieurs des ouvrages que je lui offre.
Le succès de ces soins devrait, en récompense, Donner à mes conseils chez vous plus de créance. […] Il fallait l’un ou l’autre pour plaire aux hommes de son temps, c’est pour cela qu’il n’a jamais eu un grand succès théâtral. […] C’est au dix-huitième siècle que le théâtre proprement gai, le théâtre fait pour s’amuser, le théâtre de bouffonnerie décente, de bouffonnerie honnête, mais enfin de bouffonnerie facile et joyeuse, a eu du succès ; au siècle précédent il n’a jamais pleinement réussi.
Lui, Liris, sans autrement s’en émouvoir, il a fait imprimer recueil sur recueil, et toujours avec le même succès. […] Quelque temps avant la publication, les aides de camp de Lamartine colportaient déjà des fragments en épreuves pour préparer et chauffer le succès. […] Il y a, dans le succès de Musset, du vrai et de l’engouement. […] CXV Rien n’égale le succès qu’eurent dans leur temps les romans de Mme Cottin. […] CXXIII Il faut avoir connu Villemain dans le temps où, jeune, il avait tout son succès, où il sentait qu’il conquérait par son esprit une position plus grande qu’il n’aurait pu d’abord espérer, et où il avait à monter encore.
Un succès rapide et constant avait fait de lui une des figures les plus en vue de là littérature d’alors. […] En me promettant son concours, il pronostiqua le succès de ma candidature, et jamais sa « voix prenante » ne retentit plus agréablement à mes oreilles. […] Mon très cher ami Gabriel Hanotaux, qui s’intéressait à mon succès, eut l’idée de me ménager une entrevue avec Frédéric Masson. […] La pièce qui n’eut que quelques représentations mériterait d’être reprise quelque jour et pourrait l’être avec succès. […] Pourquoi tant de pages spirituelles, amusantes, de la verve la plus subtile et la plus rare, si originales et si attachantes, ne lui ont-elles pas valu un succès mérité ?
Gérome à chercher le succès ailleurs que dans la seule peinture, — il n’a été jusqu’à présent, et ne sera, ou du moins cela est fort à craindre, que le premier des esprits pointus. […] Certainement le succès était mérité, et M. […] Je veux dire que dans les talents de second ordre cultivant avec succès un genre inférieur, il y en a plusieurs qui valent bien M. […] Un sentiment bizarre, compliqué, fait en partie de terreur et en partie de curiosité priapique, enlèvera le succès. […] Si jamais l’auteur consent à jeter cette conception dans le commerce, sous la forme d’un bronze de petite dimension, je puis, sans imprudence, lui prédire un immense succès.
En ce sens, chacune des espèces successives que décrivent la paléontologie et la zoologie fut un succès remporté par la vie. […] De ce nouveau point de vue, l’insuccès apparaît comme la règle, le succès comme exceptionnel et toujours imparfait. […] Il n’est pas contestable, par exemple, que le succès soit le criterium le plus général de la supériorité, les deux termes étant, jusqu’à un certain point, synonymes l’un de l’autre. Par succès il faut entendre, quand il s’agit de l’être vivant, une aptitude à se développer dans les milieux les plus divers, à travers la plus grande variété possible d’obstacles, de manière à couvrir la plus vaste étendue possible de terre. […] Le plus grand succès fut d’ailleurs remporté, ici encore, du côté où était le plus gros risque.
XXV Le succès fut soudain, universel, immense ; Rome l’acclama tout entière dans l’atelier ; Paris l’acclama avec la même unanimité involontaire dans le Louvre ; ce ne fut qu’un cri. […] Cependant il éprouva le besoin, à la voix de ses amis et de ses protecteurs en France, de venir à Paris étudier son succès afin de le dépasser encore. […] XL Le succès des Pêcheurs de l’Adriatique, qui arrivait à Paris le jour ou l’âme de Robert s’envolait rejoindre ailleurs l’âme de Titien et de Raphaël, ne fut pas un succès, mais un triomphe.
Elle a quelques-unes de vos qualités, qui ont fait le succès de toute sa vie. […] S’il tombe, peu m’importe ; s’il réussit, en dépit de l’envie et des obstacles, une couronne de plus va bien, et on se range du côté du succès. […] Peut-être aussi le succès inespéré que j’ai obtenu ici m’a attaché ; je suis arrivé au milieu de toutes les préventions suscitées contre moi, et j’ai tout vaincu : on paraît me regretter vivement. […] morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris.
Un directeur de l’Opéra de Paris avait coutume de dire qu’il fallait avant tout s’occuper de la pièce, en choisir une qui eût réussi et possédât par avance la faveur du public, puis la confier à un arrangeur habile chargé de la découper en scènes à effet ; après quoi l’on pouvait jeter dessus n’importe quelle musique ; le succès était sûr. — Recette douteuse où le musicien est ravalé au rang du cuisinier qui se charge de faire passer, à l’aide d’une sauce affriolante, la fraîcheur douteuse d’un poisson ! […] Pendant que la mère s’étale avec éclat et fracas, la fille, malgré des succès qui la désignent aux regards, apparaît modeste, vêtue de blanc, le front grave, l’air inspiré, tenant le milieu entre l’ange et la muse. […] Ou ils disparaissent après un succès éphémère ; ou ils demeurent comme des témoins indestructibles de choses ou d’idées qui ont eu un instant de vogue. […] Racine, à ses débuts, fut peut-être jeté dans la voie où il devait trouver la gloire par le succès de son ode sur le mariage du roi et le traité des Pyrénées ; Casimir Delavigne, Pierre Lebrun (poetæ minores) réussirent, presque au sortir de l’enfance ; dans des poèmes ayant une origine semblable, qui leur valurent des encouragements précieux à cet âge.
Si ce fourvoiement n’existait point, une œuvre qui dénature aussi complètement le drame wagnérien n’aurait pas obtenu le succès qu’elle a eu dans la presse65, et, surtout, il aurait été impossible qu’elle réussisse sur la scène. […] [Bruxelles] BRUXELLES. — La reprise de la Valkyrie a eu lieu le 30 septembre avec un plein succès. […] Le succès de la Valkyrie s’est encore accentué à la deuxième représentation, qui a été donnée le 6 octobre. […] Le plus grand succès est dû à cette belle tentative.
Est-ce l’entrée dans la santé morale du succès ? […] Le succès du Marquis de Villemer aurait-il fait circuler son sang plus activement ? […] L’horrible vie que cette vie des lettres, où après avoir souffert du doute de l’œuvre, on a encore à souffrir du doute de son succès. […] En revenant à pied, il nous entretient spirituellement des choses et des gens de son temps, nous raconte la vente qu’il conclut, au prix de 600 francs, d’un roman du général Hugo, le père de Victor Hugo, qui s’appelait La Vierge du monastère… Il nous dit ensuite le brusque saut de fortune qu’il fit, presque du matin au soir, lors de son succès de la Villeliade, passant d’un déjeuner de trois sous, et d’une chambre qui n’avait de lumière que par la porte, à une richesse de près de 40 000 francs, à un appartement de 500 francs par mois, à une toilette en argent, achetée au Palais-Royal chez Barbichon Walter… Puis soudain, il nous exalte la beauté merveilleuse, la beauté divinement ingénue de la princesse Mathilde à quatorze ans, lorsqu’il la rencontra, pour la première fois, chevauchant en amazone, à Florence.
11 février À une soirée d’Arsène Houssaye… Une des premières fois que notre succès nous arrive à l’oreille, et qu’il se fait autour de nous un petit moutonnement de curiosité. […] Comment ose-t-il, en plein Institut, jeter l’injure à la conscience de l’art, à l’amour unique et désintéressé des lettres, aux derniers écrivains qui méprisent l’à-propos, le savoir-faire, tous les succès qu’un talent, comme le sien, a ramassés dans la flatterie des passions et du public d’un jour ! […] mais il faut que la censure les laisse… Oui, je vous le dis, je vous jouerai, je vous jouerai pour la couleur… Après cela, le succès, ah ! le succès, je n’en sais rien du tout… Et puis, c’est impossible, votre déclaration d’amour de la femme dans la prison, ça éclate comme un coup de foudre !
Il faut avoir sous les yeux la première édition de l’Histoire de France de Mézeray pour s’en expliquer le succès. […] Il aura, en se perfectionnant, de ces rapidités de récit qui sont même d’un grand écrivain ; parlant, dans l’Abrégé chronologique, des premiers succès de Conradin en Toscane : « Ces beaux commencements, dit-il, trahirent le jeune Conradin et le flattèrent pour le mener à la mort. » Il ne faut point faire, toutefois, comme Perrault, et aller jusqu’à comparer Mézeray à Thucydide ; les discours qu’il place dans la bouche de certains de ses personnages ont de la pensée sans doute, mais on a très bien remarqué que Mézeray écrit d’abondance et n’a point de phrase, c’est-à-dire de forme à lui ; il suffit que sa diction soit naturelle, sincère, expressive, sa narration pleine et bien démêlée.
Ces premier succès semblèrent plutôt l’effrayer que l’enhardir : sa retraite à l’abbaye de Sept-Fons ne vint qu’après. […] Le succès fut grand et remua la ville.
Je dirai donc qu’au temps de ses plus grands succès et de ses prédications les plus admirées et les plus émouvantes, la vie de Massillon fut odieusement incriminée. […] Il arriva à Massillon après ses premiers succès ce qui arrive à tout prédicateur éloquent et célèbre ; il fut recherché, on accourut à lui, on le força de quitter souvent cette retraite de la maison de Saint-Honoré où il vivait humble, studieux, et occupé de la méditation de l’éternité.
Il avait en lui un ressort qui dérangeait le train de vie où il s’était mis et qui empêchait la suite, la persévérance nécessaire au plein succès. […] Il avait trente-trois ans, il était Français, il venait de faire le paladin en Hongrie, et avait une certaine auréole d’extraordinaire, même par sa douleur et sa pénitence manquée : c’était assez pour avoir tous les succès.
Malgré les succès partiels et de détail des armes françaises en Italie, on était resté sur le souvenir de la grande défaite de Pavie : une vraie revanche, une bataille rangée, était chose désirée, et il semblait qu’il était temps enfin de remporter une victoire qui allât rejoindre celle de Marignan. […] La guerre se continuait avec succès en Piémont sous le maréchal de Brissac : cependant la ville de Sienne, en Toscane, ayant chassé les Espagnols, recouvra son indépendance et demanda secours au roi.
Celui-ci eut des torts, cela nous suffit ; il en eut en amour et en politique ; il manqua cette partie importante de sa vie, et, quand même la Fronde aurait obtenu quelque succès et aurait amené quelque résultat, il n’aurait encore donné de lui que l’idée d’un personnage brillant, mais équivoque et secondaire, dont la pensée, les vues et la capacité ne se seraient point dégagées aux yeux de tous. […] Cousin sur les femmes du xviie siècle a eu grand succès : c’est plein de talent d’expression, de vivacité et de traits ; pourtant c’est choquant pour qui a du goût (mais si peu en ont) ; il traite ces femmes comme il ferait les élèves dans un concours de philosophie ; il les régente, il les range : Toi d’abord, toi ensuite !
Guizot, parlant de Ronsard dans un morceau sur L’État de la poésie en France avant Corneille, et lui tenant compte des services qu’il avait rendus ou voulu rendre, a dit à peu près dans le même sens, et sous forme d’aphorisme politique : « Les hommes qui font les révolutions sont toujours méprisés par ceux qui en profitent. » Maintenant je viens exprès de relire, de parcourir encore une fois tout Ronsard en me demandant si je l’ai bien compris dans mon ancienne lecture, si je ne l’ai pas surfait, et aussi (car Monsieur Gandar m’en avertit, et c’est un avertissement bien agréable et flatteur puisqu’il implique un succès) si je n’ai pas été trop timide, et si je ne suis pas resté en deçà du vrai dans ma réclamation en sa faveur. […] À l’âge de dix-sept ans, après sept ou huit années de courses, de dissipations, il se dit qu’il fallait être homme, compter dans son temps par un genre d’ambition et de succès qui ne ressemblât point à un autre, et cueillir la seule palme qui ne se flétrit pas.
Il n’y eût que trop de succès. […] Seulement, le bruit de ses succès charmants eût quelquefois de loin alarmé Voltaire.
Son dessein eût été d’agir militairement, de démanteler les petites places qui ne pouvaient tenir, et de fortifier les principales, Nîmes, Montpellier, Uzès ; « Nous avions, dit-il, des hommes assez suffisamment pour faire une gaillarde résistance ; mais l’imprévoyance des peuples et l’intérêt particulier des gouverneurs des places firent rejeter mon avis, dont depuis ils se sont bien repentis. » Dans ses remarques sur les Commentaires de César, admirant l’influence qu’eut Vercingétorix sur les peuples de la Gaule pour leur faire accueillir les meilleurs moyens de défense : Il a eu, dit-il, le pouvoir de faire mettre le feu à plus de vingt villes pour incommoder leurs ennemis, ce qui témoigne son bon sens… Son grand crédit est remarquable ; car, à des peuples libres, au commencement d’une guerre, avant que d’en avoir éprouvé les mauvais succès et dans l’espérance de pouvoir vaincre sans venir à des remèdes si cuisants, il leur persuade de mettre le feu à leurs maisons et à leurs biens, pour la conservation desquels se fait le plus souvent la guerre. […] Et cependant ce grand homme rapportait à la fortune tous les succès qu’il avait ; car, soit qu’il écrivît à ses amis de Corinthe, soit qu’il haranguât les Syracusains, il disait souvent qu’il savait gré à Dieu de ce que, voulant sauver la Sicile, il s’était inscrit sous son nom ; et dans sa maison, ayant érigé une chapelle à la Spontanéité (à ce qui vient de soi-même), il y sacrifia ; et la maison même, il la dédia au Génie sacré.
La situation ne changeait pas essentiellement, malgré tous ces succès. […] Ce dernier combat de Morbegno, le plus glorieux des quatre que Rohan avait eu à livrer, et qui a déjà je ne sais quel brillant et comme un éclair des combats d’Italie, couronnait à son honneur cette belle campagne de 1635, où, grâce à lui, les armes du roi, moins heureuses partout ailleurs, avaient eu dans la Valteline un succès constant.
Bonstetten y obtenait du succès ; les hommes les plus sérieux de ces salons littéraires, Thomas, l’abbé de Mably, s’attachaient à lui et s’étaient mis dans la tête de lui faire faire une histoire de la Suisse, — cette même histoire dont l’honneur était réservé à l’illustre ami de Bonstetten, Jean de Muller. — Bonstetten, dont ce n’était pas la vocation, éludait, les laissait dire, et les entendait pendant des heures développer leurs plans patriotiques, emphatiques ; lui, qui craignait déjà les ennuyeux, il ne savait bientôt plus comment fuir ces prédicateurs acharnés qui voulaient faire de lui un Raynal suisse ; il en était poursuivi jusque dans le parc de Saint-Ouen, chez Mme Necker ; jusque dans le château de La Rocheguyon, chez ses amies les duchesses de La Rochefoucauld, qui elles-mêmes se mettaient de la partie et devenaient complices : Ce qui ajoute à l’envie de me retrouver chez moi, écrivait-il de La Rocheguyon, c’est que voilà quatre jours que je me trouve avec l’abbé de Mably. « Et quand verrons-nous cette histoire de la Suisse ? […] Bonstetten eut pourtant un succès, il réussit à vaincre un préjugé : il introduisit dans la vallée de Locarno l’usage de la pomme de terre.
« S’il y a la guerre, au contraire, toute la France se réunira contre l’invasion étrangère, et si l’Empereur a un premier succès, comme il l’aura, l’orgueil national fournira à son vengeur toutes les ressources d’hommes et d’argent qui lui seront nécessaires. « Je dis qu’il aura le premier succès, et bientôt je vous en donnerai les raisons.
Voltaire, de deux ans seulement plus jeune que Racine fils, débutait vers le même temps par les J’ai vu, se faisait mettre à la Bastille, et bientôt s’attaquant au théâtre, le mauvais sujet conquérait d’emblée le beau monde par le succès d’Œdipe. […] Certaines idées sont belles, mais, si vous les répétez trop, elles deviennent des lieux communs : « Le premier qui les emploie avec succès est un maître, et un grand maître ; mais, quand elles sont usées, celui qui les emploie encore court risque de passer pour un écolier déclamateur. » C’est Voltaire, l’excellent critique littéraire, qui a dit cela, et à propos de Racine fils.
Il a pu même, grâce à ce génie des vieux temps qu’il avait si bien écouté et deviné, remonter une ou deux fois avec succès jusqu’aux siècles reculés du Moyen-Age. […] Flaubert comme « ayant eu horreur de son succès de Madame Bovary. » Allons donc !
L’histoire de son succès serait tout un chapitre littéraire à écrire, et des plus curieux. […] Qui pourrait en douter, à voir la promptitude de ce succès et de ce débit ?
Ce qu’il loue le plus, ce qu’il soutient et défend de tout son cœur, les tentatives dramatiques d’amis illustres, n’obtiennent que des succès douteux et très-combattus : il lui faut dissimuler tant qu’il peut ces résistances obstinées de la masse bourgeoise à ce qu’il admire et à ce qu’il aime. […] Ponsard reprend en sous-œuvre la tragédie, et son succès de bon. sens est un nouvel échec à la cause de l’imagination pure.
Sur la reine Marie-Leckzinska, y revenant à deux reprises et marquant tous les devoirs qu’il faudra que la dauphine remplisse envers elle avec exactitude, il satisfait d’ailleurs et tranquillise l’orgueil saxon en ajoutant que ce n’est que pour la forme et la bienséance : « Car cette princesse, je l’ai déjà dit, ne peut rien et n’a pas assez de génie pour pouvoir quelque chose. » Tous ces succès le mettent, on le conçoit, en belle humeur et en gaieté ; il joue avec le ministre de son frère, le comte de Bruhl, dont il n’avait pas toujours eu à se louer ; il le raille en passant, et faisant allusion aux conditions politiques très peu onéreuses que Louis XV mettait au mariage : « Il ne tient donc plus qu’à vous, écrivait-il, de conclure l’affaire qui est grande, belle et magnifique, et aura des suites encore plus grandes ; mais, pour l’amour de Dieu, concluez et n’apportez ni délais ni difficultés. […] Le maréchal et le prince de Conti ne s’aimaient pas : celui-ci avait des prétentions militaires dont le maréchal ne lui reconnaissait pas le droit ; il savait à quoi s’en tenir sur ses succès si enflés en Italie : depuis on avait vu le prince faire peu de besogne sur le Rhin ; et dans l’armée de Flandre, après avoir essayé pendant quelque temps de servir avec le maréchal, il n’avait pas su marcher de concert et s’était retiré par susceptibilité, sous un vain prétexte, dès le mois d’août précédent.
Avant qu’elle songeât à généraliser les griefs, et à y intéresser la plèbe domestique qu’elle continuait d’opprimer, il fallut qu’elle se fût bien assurée du peu de succès de son moyen ; il fallut du temps aussi pour que cette plèbe italiote comprît et s’émût. […] Un jugement même semblera bien superflu après le succès universel.
Tel qu’il est, il eut un immense succès ; et, en somme, il le mérite. […] Brunetière, ne rend raison du succès de Gil Blas.
Et alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi. » Le fond est ce qu’il faut qu’il soit : des idées nettes, simples, immédiatement accessibles, des sentiments communs, réels, immédiatement évocables ; l’honneur, la gloire, l’intérêt ; de vigoureux résumés des succès et des résultats obtenus, de rapides indications des résultats et des succès à poursuivre, des communications parfois qui semblent associer l’armée à la pensée du général et la flattent du sentiment d’être traitée en instrument intelligent : toutes les paroles qui peuvent toucher les ressorts de l’énergie morale, sont là, et sont seules là.
Un doute me reste : dans quelle mesure ne lui font-ils pas expier ces dons littéraires par où il était si loin lui-même de chercher le succès ? […] Tous ces ouvrages sont accueillis avec empressement, et il faut qu’ils soient bien médiocres pour n’obtenir aucun succès.