Je dirai même mieux, tous ces hommes de talent étaient des poètes dans la signification sérieuse mais restreinte de ce mot. […] Ce n’est pas davantage dans les méditations en alexandrins sur des sujets philosophiques ou religieux qu’éclate, à notre avis, son originalité sérieuse. […] C’est alors qu’il composa Dolorida, la Prison, le Cor, la Neige, Mme de Soubise, le Trappiste, la Frégate la Sérieuse. […] Rien ne restera plus sympathique, au milieu même des sérieux soucis dont l’avenir n’affranchira pas une nation virile, que ces repos et ces trêves de l’Idylle rajeunie. […] Éloquent à propos, noble sans emphase, il déploie le sérieux aussi bien que la grâce et la fantaisie.
Il a chagriné par là quelques esprits sérieux. […] Le sérieux a chez lui des dehors de frivolité. […] A l’École, il se lie intimement avec Albert Duruy, et prend alors des opinions sérieuses conformes à l’ambition légitime d’un homme qui veut faire carrière. […] C’est un esprit sérieux et modéré, un écrivain correct et clair. […] Mais l’Église bénit tous les résultats de l’activité humaine ; elle ne condamne que le repos et l’inaction. — On ne saurait donc invoquer aucune raison sérieuse pour bouder le siècle.
Après cet ouvrage, tout contribua à modifier le caractère de Montesquieu, et à rendre ses opinions plus complètes et plus sérieuses. […] Bien que sa renommée repose sur des titres sérieux et solides, il fut toujours aussi remarquable par la richesse de son imagination que par la profondeur de ses méditations. […] Le vide qui résulte du défaut de croyance, accable les esprits sérieux et méditatifs ; ils éprouvent un vif besoin de remplacer ce qui a disparu à leurs yeux, par quelque autre édifice plus conforme à l’ordre de leurs pensées. […] Ce ne sont plus des hommes sérieux, érudits, nourris de réflexions et d’étude, cherchant un point de vue général, procédant avec méthode, s’efforçant de former un système dont toutes les parties soient bien coordonnées. […] Une foule d’écrits sérieux et utiles, ou qui du moins cherchaient à l’être, étaient encore mieux en harmonie avec l’occupation générale des esprits.
Un jour, l’Empereur demandait à Mlle de Montijo, avec une certaine insistance, et faisant appel à sa parole, comme on en appellerait à l’honneur d’un homme, lui demandait si elle avait jamais eu un attachement sérieux ? […] Ce soir, en descendant du chemin de fer, tous les voyageurs d’Auteuil regardent, avec un certain sérieux, l’espèce d’armoire blindée, dans laquelle se tiennent à partir d’aujourd’hui les chauffeurs. […] Il vient du sérieux sur le visage des promeneurs, qui s’approchent d’affiches blanches luisant au gaz ; je les vois les lire lentement, puis s’en aller, à petits pas, pensifs et recueillis. […] Les femmes, coiffées de madras ou de petits bonnets de linge, sont assises, au bord de la chaussée, ayant près d’elles leurs petites filles, qui ouvrent sur leurs têtes leurs mouchoirs contre le soleil, et fixent, sans jouer, la figure sérieuse de leurs mères. […] Il y a quelque chose de solennel dans la gravité sérieuse et la lenteur réfléchie, avec lesquelles les hommes chargés du service d’une pièce, exécutent les opérations de la charge.
On leur doit cet usage de traiter spirituellement les questions sérieuses, — c’est-à-dire à contresens, car comment traiterait-on spirituellement la question de la misère ou celle de l’avenir de la science ? […] Mais ce que l’on voyait très bien, c’est qu’aucune de ces critiques, sérieuse ou plaisante, n’atteignait le fond des choses, n’en approchait seulement de loin ; et non moins fiers de l’inutilité des efforts de leurs adversaires que de leurs propres talents, la réputation des Encyclopédistes et la fortune de l’Encyclopédie s’accroissaient, se fortifiaient, et se consolidaient par ces efforts mêmes. […] Le Publiciste. — D’un mot de Sainte-Beuve sur « certains côtés sérieux de l’esprit de Marivaux » ; — et qu’il faut les chercher dans ses « feuilles ». — Le Spectateur français, 1722-1723 ; — et que l’idée en est visiblement prise du Spectateur d’Addison. — L’Indigent philosophe, 1728, et Le Cabinet du philosophe, 1734. — Emprunts qu’y ont faits l’auteur du Neveu de Rameau et celui du Mariage de Figaro [Cf. […] III]. — De quelques idées de Marivaux ; — sur la critique ; sur l’organisation du « maréchalat » littéraire ; — sur la condition des femmes et sur l’éducation des enfants ; — sur l’inégalité des conditions humaines. — Dans quelle mesure Marivaux lui-même a pris ses idées au sérieux ? […] — et qu’elle date probablement du temps de ses liaisons avec le baron de Görtz. — Caractère de l’œuvre ; — et qu’en la concevant à la manière d’une tragédie, — Voltaire n’a rien négligé pour en faire une œuvre historique sérieuse [Cf.
Quant à moi, dans ma petite sphère, et à une distance immense de Pinto et de tout ouvrage approuvé du public, j’avouerai d’abord que, manquant d’occupations plus sérieuses depuis 1814, j’écris comme on fume un cigare, pour passer le temps ; une page qui m’a amusé à l’écrire est toujours bonne pour moi. […] Perlet, le seul Perlet, nous peignait au naturel les ridicules de notre société actuelle ; on voyait en lui, par exemple, la tristesse de nos jeunes gens qui, au sortir du collège, commencent si spirituellement la vie par le sérieux de quarante ans. […] A est même allé jusqu’à faire à M. de Jouy des interpellations d’un genre plus sérieux ; il l’a accusé d’ignorance ; il a rappelé le mot latin agreabilis, peu agréable, dit-on, à l’auteur de Sylla, etc., etc. […] Dans le despotisme sans échafauds trop fréquents, vraie patrie de la comédie ; en France, sous Louis XIV et sous Louis XV, tous les gens voyageant par la diligence avaient les mêmes intérêts, riaient des mêmes choses, et, qui plus est, cherchaient à rire, éloignés qu’ils étaient des intérêts sérieux de la vie.
Une figure de candeur, des yeux bleu de ciel, une toute petite bouche sérieuse, des cheveux blonds tirebouchonnés en boucles frisottantes, trois rangs de perles au cou, une robe de linon blanc à raies satinées, et une ceinture, et des bracelets, et un floquet de rubans dans les cheveux, du bleu de ses yeux. […] Tronquoy, qui s’adonne à l’étude sérieuse, des langues chinoise et japonaise, avec l’idée de donner sa vie à la connaissance approfondie de ces langues, d’aller au Japon… Il est plein d’admiration pour la langue chinoise, qu’il dit être faite seulement par le choc des idées, avec la suppression ou la sévère abréviation de toutes les inutilités des langues occidentales. […] Toutefois, je dois le dire, l’aspect un peu sévère de la femme, le sérieux de sa physionomie, le milieu de gravité mélancolique, dans lequel elle se tenait, quand j’étais encore un tout petit enfant, m’imposaient une certaine intimidation auprès d’elle, et comme une petite peur de sa personne, pas assez vivante, pas assez humaine. […] Alors, devenu plus grand je commençai à perdre la petite appréhension timide, que j’éprouvais aux côtés de ma tante, je commençai à me familiariser avec sa douce gravité et son sérieux sourire, remportant au collège des heures passées près d’elle, sans pouvoir me l’expliquer, des impressions plus profondes, plus durables, plus captivantes, toute la semaine, que celles que je recevais ailleurs.
Il en résulte que la matière du théâtre moderne est tragique et que les œuvres, bien loin d’être des tragédies, ne sont même pas des comédies : ce sont des pièces, comme on dit, et le tragique n’est, tout au plus que l’ennuyeux ; car elles sont sérieuses à crever, l’auteur y bourrant de sciure sentimentale l’enveloppe du fait divers le plus vulgaire. […] » Il disait : — Les jeunes gens sont ridicules parce qu’ils prennent tout au sérieux, mais ils sont charmants quand ils sont ridicules ! […] Tu n’en as même point accepté, dans cette mesure, pourtant restreinte et sans rigueur, qui est nécessaire pour gagner la considération des littérateurs sérieux. […] La prose de René Schickelebq est plus sérieuse ; parce qu’issue d’un tempérament et non d’un système.
Cependant des témoignages divers nous forcent à admettre un répertoire plus riche, sérieux et surtout comique ; répertoire disparu, parce que sans forme littéraire ; il s’agissait sans doute de scénarios, remplacés par des textes à l’époque suivante qui sera celle du drame. […] Tout ce théâtre, religieux ou laïque, sérieux ou comique, souffre d’un défaut : il est sans art ! […] De d’Urfé à Mme de La Fayette, soit qu’on passe par Camus, Gombauld, Maréchal, Gomberville, La Calprenède, Mlle de Scudéry, et tant d’autres (roman sérieux, idéaliste), ou par Sorel, Tristan, Scarron, Furetière, et encore tant d’autres (roman réaliste), c’est une évolution où l’héroïsme, la sentimentalité, la psychologie, l’histoire, les mœurs du temps, la satire, se combinent à des degrés divers, en des formes variées, pour aboutir à La Princesse de Clèves. […] En toutes choses, la mesure ; l’esprit lucide et entreprenant mêle le sérieux du Nord à la gaîté du Midi.
Non seulement on le goûta, mais on le trouva sérieux. […] On finit pourtant par être forcé d’y reconnaître un vrai sérieux. […] Mais enfin Rabelais peut exprimer des idées sérieuses. […] L’esprit français a du goût, du mouvement, de l’entrain, peu de spiritualité sérieuse. […] Sa morale est triste, amère même : elle n’a pas le sérieux chrétien qui marque celle de Pascal.
Combien, parmi ceux des romans de Frédéric Soulié, qui en ont été l’expression complète, ne trouve-t-on pas d’épisodes dignes d’intéresser les honnêtes gens et d’éveiller en eux des réflexions sérieuses ? […] Était-il possible à un ecclésiastique qui avait déjà plus qu’atteint l’âge des pensées sérieuses, de raconter légèrement une telle histoire et de la raconter honnêtement ? […] Il faut dire à sa décharge qu’on n’était pas, de son temps, fort en sûreté à prendre la Bible trop au sérieux. […] Il faut bien l’avouer cependant : avant d’arriver au commandement des armées, il eût été obligé peut-être, tôt ou tard, de prendre la même résolution pour des motifs plus sérieux. […] L’exact et sérieux génie de l’observation ?
., etc. » Cette phrase pompeuse et spécieuse, symbolique, comme nous les aimons tant, n’avait pas échappé au coup d’œil sérieux de M.
Du moment où la littérature commence à se mêler d’objets sérieux ; du moment où les écrivains entrevoient l’espérance d’influer sur le sort de leurs concitoyens par le développement de quelques principes, par l’intérêt qu’ils peuvent donner à quelques vérités, le style en prose se perfectionne.
Ordinairement la vérité n’est pas si évidente ni si absolue, qu’elle ne puisse être contestée par des arguments sérieux et contredite par une opinion vraisemblable.
Celles que les précieux tentèrent furent parfois heureuses ; on leur doit des locutions telles que : avoir l’âme sombre, être d’une vertu sévère ou commode, dire des inutilités, perdre son sérieux, fendre la presse, être brouillé avec le bon sens, faire ou laisser mourir la conversation, faire figure dans le monde, etc.
Cela se sent à ses articles, à ses livres ; et son besoin de se renouveler s’affirme par tout un travail pour la présentation de l’idée ; que ce travail soit d’apparence clownesque comme ici, sérieux comme entre d’autres choses de lui, il n’en existe pas moins, précieux à constater.
. — À un examen attentif, ce pourrait bien être celui de tous les causeurs à la mode qui passe pour le plus dilettante, qu’on constaterait le plus sincère et le plus sérieux.
Il est très vrai que la science charlatanesque s’épanouirait, sous un tel régime, à côté de la science sérieuse, avec les mêmes droits, et qu’il n’y aurait plus de critérium officiel, comme il y en a encore un peu de nos jours, pour faire la distinction de l’une et de l’autre.
On est donc par moments porté à croire que l’œuvre des topographes dévots du temps de Constantin eut quelque chose de sérieux, qu’ils cherchèrent des indices et que, bien qu’ils ne se refusassent pas certaines fraudes pieuses, ils se guidèrent par des analogies.
Il seroit inutile de répeter ici que l’impression de la symphonie ne sçauroit être aussi sérieuse que l’impression que la tempête véritable feroit sur nous, car j’ai déja dit plusieurs fois, que l’impression qu’une imitation fait sur nous, est bien moins forte que l’impression faite par la chose imitée.
Nous ne l’avons prise un instant au sérieux que parce qu’elle nous a fourni l’occasion de dégager quelques leçons complémentaires sur l’art d’écrire.
elle a dû principalement révolter ceux de nos écrivains qui pensent qu’en fait de goût comme dans des matières plus sérieuses, toute opinion nouvelle et paradoxe doit être proscrite par la seule raison qu’elle est nouvelle.
Galt a essayé, mais il n’y a dans sa Vie de Byron que le sérieux d’une conscience, en face d’un pareil sujet.
IX « Il y a plus bête que les préjugés, — disait un homme d’esprit, — ce sont ceux-là qui les attaquent. » Le mot n’est que gai, dans sa forme concise et légère, mais creusez-le, il deviendra sérieux.
Excepté leur étude sur Marie-Antoinette, dans laquelle ils se haussent par le sujet et par l’émotion jusqu’à la grande histoire, MM. de Goncourt ne firent que celle des frivolités de ce siècle frivole, — qui rendit frivole jusqu’à l’âme de Marie-Antoinette, retrouvée tout à coup si sérieuse et si héroïque devant l’échafaud !
C’était même un journaliste moins fort que bien d’autres dont les œuvres moins sérieuses vivront plus longtemps que les siennes.
Devenu superficiel par le fait de ce journalisme qui diminue les facultés des hommes, quand il ne les tue pas après les avoir dépravées, Pelletan, qui n’a plus rien de sérieux dans la pensée, ne s’en est pas moins donné la peine du diable qu’est obligé de se donner tout journaliste pour enlever son publie, tout en l’amusant.
Nous sortons des Œuvres inédites pour entrer dans la Correspondance, qui est le fond réel et sérieux de cette publication, et nous n’avons plus devant nous que le Tocqueville connu, et qui n’est pas couleur de rose, le Montesquieu du xixe siècle pour la vieillesse de Royer-Collard, devenue indulgente ; car c’est un singulier Montesquieu, il faut le reconnaître, qu’un Montesquieu fluide et pâlot, sans épigrammes et sans facettes !
La postérité n’aura pas besoin de briser de sa main sérieuse le verre vide où cet agaçant harmonica aura vibré.
Taine, c’est le manque absolu de sérieux et le scepticisme de ton qui invalide la critique que l’on fait ; c’est surtout une perversité de doctrines pire que celle des philosophies dont il se moque en les exposant.
Voilà la gloire sérieuse de cet esprit, léger seulement par l’expression, qui a porté dans la science un sourire inconnu et charmant.
II Quant à moi, je dis brutalement, quitte à le prouver tout à l’heure : Je n’ai jamais vu de livre plus vide et qui méritât moins les empressements d’une critique sérieuse et sincère.
Homère y touche par son sérieux naïf, mais il n’y entre pas.
Ernest Feydeau38 I Nous avons toujours rendu compte des divers romans d’Ernest Feydeau ; Fanny, Daniel, Catherine d’Overmeire, ont été successivement examinés avec le sérieux qu’ils méritaient encore ; car, si manqués que soient ces livres et quelque singulière diminution de talent qu’on pût signaler dans chacun d’eux, ils accusaient tous, du moins, l’effort concentré de l’artiste.
On prononça avec pompe des discours éloquents, ou qui devaient l’être ; chaque jour voyait naître et mourir des éloges nouveaux, en prose, en vers, gais, sérieux, harmonieux et brillants, ou durs et sans couleur, tous sûrs d’être lus un jour, et malheureusement la plupart presque aussi sûrs d’être oubliés le lendemain.
Par le premier défaut les actions les plus sérieuses deviennent puériles et comiques, par le second elles sont odieuses et ne feroient qu’accoutumer les coeurs à la cruauté. […] Cette précaution prise, on s’approprie les vers de la piece, en les entremêlant de tems en tems de mots burlesques et de circonstances risibles, qui ne le deviennent que davantage par le contraste du sérieux et du touchant ausquels on les marie. […] Les idées ridicules renaîtront à l’occasion des sérieuses. […] S’il en étoit ainsi, je n’aurois rien à dire ; il auroit raison de courir aux parodies ; et ce seroit à nous de faire des pieces sérieuses, seulement pour être une occasion de le divertir encore mieux : mais si cela n’est pas, pourquoi entend-t’il si mal ses intérêts ? […] Mais, l’inconvénient le plus sérieux de ces ouvrages, c’est de tourner la vertu en paradoxe, et d’essayer souvent de la rendre ridicule.
Pour lui, même dans la poésie sérieuse, c’est uniquement par des arrangements de mots que « l’impression est obtenue », non par la qualité des idées ou des sentiments, ni même par le mouvement de la phrase ou par le choix des mots considérés en dehors de « l’effet harmonique ». […] En attendant, le poète jette sur la vie un regard sérieux et superbe. […] Dans le langage du peuple, « vivre en païen » (et le mot n’implique pas toujours une réprobation sérieuse et se prononce parfois avec un sourire), c’est simplement ne pas suivre les prescriptions de l’Église et se confier à la bonne loi naturelle. […] Il est si préoccupé de n’être point dupe de sa pensée qu’il ne saurait rien avancer d’un peu sérieux sans sourire et railler tout de suite après. […] Zola a été, dans le haut moyen âge, un moine très chaste et très sérieux, mais trop bien portant et d’imagination trop forte, qui voyait partout le diable et qui maudissait la corruption de son temps dans une langue obscène et hyperbolique.
Nous affectons d’aborder les religions antiques avec un sentiment religieux et un sérieux de tous les diables. […] Et, plus tard, à Paris, quand il fut directeur d’un théâtre sérieux et bien assis, pensez-vous que les tentations lui aient été épargnées ou qu’il n’y ait jamais succombé ? […] Silvain nous a fait un Pyrrhus sérieux et froid comme un notaire. […] Œil pour œil, dent pour dent. » Lucien ne prend point ces propos au sérieux, et part. […] Froufrou est la seule comédie « sérieuse » et à dénouement tragique de MM.
Elle ne répondit pas à l’amour du poète, qu’elle admirait pourtant avec enthousiasme, mais lui voua une amitié fraternelle, qui fut de longue durée ; et Giacomo, dont l’aspect débile et un peu difforme était plus fait pour inspirer la pitié que la passion, sut se contenter de ce sentiment tranquille et sérieux. […] Ce dernier, esprit réfléchi, sérieux, qui aimait à faire le tour des questions, travaillait à compléter son instruction première en lisant de nombreux ouvrages d’histoire et même de science, Rossetti ne s’intéressait guère à l’histoire que parce qu’elle touche à la poésie, et dédaignait la science : « Que m’importe, disait-il, si c’est la terre qui tourne autour du soleil ou le soleil autour de la terre ! […] Un chevalier est assis aux pieds de sa dame, qui joue de l’orgue, et derrière eux, se montre la figure de l’Amour inspirateur : non pas l’enfant railleur et gai, le fils d’Aphrodite dont Anacréon chantait les tours plaisants, mais un adolescent à figure sérieuse, un « esprit » — comme disaient les trécentistes — descendu du ciel, tenant les cœurs sous sa douce domination et leur inspirant les subtils raisonnements qui mitigent et nuancent la passion. […] C’est probablement en partie à cause de ces dispositions religieuses et mystiques, à cause de l’importance presque apostolique que la peinture prenait dans leur esprit, que, dès leurs débuts, les préraphaélites se mirent à l’œuvre avec un sérieux exceptionnel. […] « Les fins que poursuivent les personnages, dans l’action dramatique, doivent avoir pour base un intérêt général de la nature humaine ou au moins une passion qui, chez le peuple pour lequel travaille le poète, soit puissante et sérieuse. » Hegel : Esthétique, t.
Bottom, qui exerce un état sédentaire, est représenté comme suffisant, sérieux et fantasque. […] Celle d’Othello se place dans un caractère plus complet, plus expérimenté et plus sérieux. […] Sa passion pour Diomède n’est pas plus sérieuse que la première ; un troisième galant n’aurait qu’à s’offrir pour le supplanter aussi facilement que l’a été Troïlus. […] Les jeux de mots, bien que fréquents dans cette pièce, y sont beaucoup moins nombreux que dans quelques autres drames d’un genre plus sérieux, et ils y sont infiniment mieux placés. […] Chalmers et Drake croient qu’elle fut écrite en 1596 ; mais leur opinion, à cet égard, ne s’appuie sur aucun témoignage sérieux.
Certes M. de Maistre, par le fond habituel de sa pensée, restera toujours un écrivain profondément sérieux ; mais pourtant on n’a pas fait en lui la part de ce qui très-souvent dans le détail n’est que gai. […] On pourrait, dès cet écrit, noter chez M. de Maistre une tendance à prédire qui est devenue par la suite une forme extrême de sa pensée, un faible, je dirai presque un tic dans un esprit si sérieux. […] Puis, tout en goûtant ces savoureuses douceurs, il ne s’y laisse point piper ni amuser ; il veut le sens, le but sérieux. […] , mais dans un but plus sérieux et plus grave, pour suggérer aux doctes dans l’usage et l’administration de leur science un meilleur régime, de meilleures méthodes, une prudence et une sagacité plus éclairées. « Il y a lieu, ajoute-t-il en concluant, de se donner le spectacle des mouvements et des perturbations, des bonnes et des mauvaises veines, dans l’ordre intellectuel comme dans l’ordre civil, et d’en profiter. » — Ainsi s’exprime Bacon en termes formels, et ce n’est que de nos jours, et depuis très-peu d’années, qu’en France une telle histoire est ébauchée à grand’-peine ! […] Un grand nombre des lettres qu’il écrivait, par le sérieux des questions et le développement qu’il y donne, seraient dignes de l’impression.
.), les jeunes doctrinaires, fleur des salons sérieux (M. de Rémusat en tête), et les deux méridionaux directement voués à la révolution, MM. […] Thiers un élève qui se permettait quelquefois de n’être pas de son avis et de le combattre : le digne homme d’État se plaisait à voir un jeune esprit net et ferme s’exercer ainsi à la discussion sérieuse, et il le favorisait. […] Naturellement passionné pour le grand et le simple, amoureux de ses propres études et vivant dans l’abondance des pensées, il ne s’occupait guère de ces tentatives d’alentour qui remuaient, plus qu’il ne le croyait, des intelligences sérieuses ; et si, à la rencontre, son regard venait à s’y arrêter, il y opposait aussitôt un tel idéal de simplicité et de pureté, que les contemporains le plus souvent n’avaient rien à faire en comparaison.
Il m’en coûte toujours un peu, ajoute-t-elle, au sortir de ces lectures, d’en venir à relire, comme je voulais faire cette fois, Pascal et Dubos. » Elle les relit pourtant, et d’autres sérieux encore, et sans trop d’effort, quoi qu’elle en dise, dans cette patrie adoptive de Descartes et de Bayle. […] » Le petit Lord a un parent, une espèce de gouverneur, bien différent de lui, et qu’un sérieux prématuré, une tristesse mystérieuse environne. […] Après une discussion sérieuse et moyennant une interprétation motivée, elle conclut par dire « qu’en y pensant un peu, on trouvera que cette dernière production de l’auteur de Caliste est une des compositions les plus morales, comme elle est une des plus originales et des plus piquantes qui ait paru depuis longtemps. » Nous oserons donc ne point paraître plus effarouché en morale que ne l’a été Mme Guizot233.
Le poète qui chante un de ces récits doit donc le chanter avec les accents et les images que la riche imagination lui prête ; mais il est tenu aussi à le chanter dans un mode sérieux, conforme à la réalité de la nature humaine à l’époque où il la met en scène, conforme surtout à la vérité des mœurs de ses héros ; en un mot, le poème épique, pour être national, humain, religieux, immortel, doit être vrai, au moins dans l’événement, dans la nation, dans le caractère et dans le costume de ses personnages. Sans cette vérité, le poème n’est plus épique, il est romanesque ; le poète ne chante plus, il joue avec son imagination et avec celle de ses auditeurs ; on l’admire encore, on ne le croit plus ; il fait partie des fables, il ne fait plus corps avec les traditions sérieuses, historiques, nationales, religieuses du genre humain. […] Un roman de paladin sur un ton plus sérieux, mais avec des inventions aussi capricieuses et aussi invraisemblables que celles de l’Arioste ou des contes arabes des Mille et une Nuits.
La tragédie s’efforce autant que possible de se renfermer dans une seule révolution du soleil, ou du moins de très peu sortir de ces limites ; l’épopée, au contraire, n’a pas de limite de temps ; et c’est là une différence essentielle, quoique dans le principe on se donnât cette facilité pour la tragédie aussi bien que dans la comédie. » * * * « La tragédie, continue-t-il, est selon moi l’imitation de quelque action sérieuse, noble, complète, ayant sa juste dimension et employant un discours relevé par tous les agréments qui, selon leur espèce, se distribuent séparément dans les diverses parties, sous forme de drame et non de récit, et arrivant, tout en excitant la pitié et la terreur, à purifier en nous ces deux sentiments. […] Mais Platon et Descartes ont montré la route ; les esprits attentifs et sérieux n’ont plus qu’à les y suivre. […] Les Sophistes n’ont pu rien faire pour la science, parce qu’ils ne la prenaient point au sérieux.
Mais, à Paris même, le moment est proche, affirme-t-on, de la réalisation des grands et sérieux desseins dont se préoccupent les admirateurs de Wagner. […] Dans les drames de Shakespeare cet état de l’art trouva son expression la plus complète : nulle analyse, nul souci d’une explication psychologique sérieuse ; jamais on n’a plus négligé l’étude des motifs mentaux ; mais c’est un superbe déploiement de gestes et défaits, un choc de paroles aisément poignantes ; la vie colorée, chaude, bruyante, — au fond creuse — une race très sanguine. […] Les romans nouveaux, hors ceux que j’ai nommés, ne témoignent pas un sérieux progrès de fart littéraire.
Un jour, un de ces larmoyeurs, le plus brillant de tous, qui écrivait ce jour-là avec une plume prise à l’aigle noir de Bossuet « qu’on put s’étonner de la quantité de larmes que contenait l’œil des femmes des rois », n’écrivait ainsi que parce que la Révolution, cette horrible Sérieuse, était venue ! […] Quand la Philosophie déchristianisa la vieille France, elle la rendit sérieuse et pédante ; pédante ! le comble du sérieux, sa grimace accomplie.
En somme, on y découvre André sous un jour assez nouveau, ce me semble, et à un degré de passion philosophique et de prosélytisme sérieux auquel rien n’avait dû faire croire, de sa part, jusqu’ici. […] Comme les enfants prennent les statues d’airain au sérieux et croient que ce sont des hommes vivants, ainsi les superstitieux prennent pour vérités toutes les chimères.
Des yeux rêveurs, une bouche pensive, des dents de lait, petites, rangées dans leurs alvéoles roses comme celles d’un agneau à sa première herbe ; un teint que l’ombre perpétuelle des feuilles dans ce pays de forêts conservait aussi blanc, mais moins délavé, que celui d’une enfant des villes ; une taille ferme, des bras ronds, des mains effilées, des pieds cambrés et délicats, qui brillaient comme deux pieds de marbre d’une statue quand elle les plongeait nus dans le courant de la source en lavant les toisons dans l’eau courante ; un caractère doux, sérieux avant l’âge ; des silences, des rougeurs, des timidités qui la faisaient aimer de toutes ses compagnes et respecter de tous ses compagnons de travail dans la maison et dans les champs, telle était la Jumelle. […] La première parole du toucheur de bœufs fut le nom de la Jumelle. « Ce n’est pas la chute » dit-il, « qui m’a fait mourir, c’est l’idée que tout mon contentement n’était qu’un songe. » Pour bien le convaincre que le consentement du père et celui de la fiancée étaient sérieux, la Jumelle et son père le ramenèrent, en le soutenant du bras, coucher dans leur grange.
IV J’ai toujours aimé Victor Hugo, et je crois qu’il m’a toujours aimé lui-même, malgré quelques sérieuses divergences de doctrines, de caractère, d’opinions fugitives, comme tout ce qui est humain dans l’homme ; mais, par le côté divin de notre nature, nous nous sommes aimés quand même et nous nous aimerons jusqu’à la fin sincèrement, sans jalousie, malgré l’absurde rivalité que les hommes à esprit court de notre temps se sont plu à supposer entre nous. […] Elle nous ouvrit une salle basse, un peu isolée, au fond de laquelle un adolescent studieux, d’une belle tête lourde et sérieuse, écrivait ou lisait, loin du gai tumulte de la maison : c’était Victor Hugo, celui dont la plume aujourd’hui fait le charme ou l’effroi du monde.