inférieur de génie comme de race. […] Ainsi, à Rome, avant le Christianisme, il n’était pas permis à la courtisane de porter des cheveux noirs, — les cheveux de la race, — portés seulement par les matrones romaines.
Villeroi comme les Brienne, les Pontchartrain, les Le Tellier, est d’une de ces races ou l’on était secrétaire d’État de père en fils ; il fut ministre, en vérité, près de cinquante ans durant : ministre dès l’âge de vingt-cinq ans sous Charles IX, ministre sous Henri III, ministre ou l’équivalent sous Mayenne, ministre dès la première année de restauration monarchique sous Henri IV, ministre sous la régence et sous Louis XIII.
Les mémoires, qui, à la différence du journal, sont d’une lecture pleine et aisée, nous montrent Bossuet dans sa généalogie et dans sa race, dans son enfance et son éducation première, dans sa croissance naturelle et continue.
Car qu’on ne croie pas que ce soit une petite avance pour la vertu que de sortir de la race des justes.
Il est de la famille opposée, de la race de Lessing.
Un jour que Catherine était dans sa chambre à coucher, attenante à celle où se faisait ce vacarme, et qu’elle lisait peut-être du Bayle ou du Platon, elle entendit de tels cris qu’elle ouvrit la porte : « Je vis qu’il tenait un de ses chiens en l’air par le collier, et qu’un garçon, Kalmouck de naissance, qu’il avait, tenait le même chien par la queue (c’était un pauvre petit Charlot de la race anglaise), et avec le gros manche d’un fouet, le grand-duc battait ce chien de toute sa force.
Les dernières années de sa vie, — treize années, — se passèrent à la campagne, à Étuf, sur les confins de la Haute-Marne et de la Côte-d’Or, dans une ferme qu’il acheta, qu’il exploita de ses mains, où il prit au sérieux les occupations agricoles les plus positives, aimant à se dire « cultivateur. » Il y adapta, selon les terrains, divers modes d’assolement ; il y introduisit et y acclimata certains arbres et une race bovine particulière.
C’est cette liberté qui le relève, et qui, en lui comme dans la race, ne peut être étouffée ni périr ; en vain nous naissons sujets ; nous restons critiques.
Je crois la voir donner la main à Mme Dacier, cette autre Clorinde de la naïve érudition d’antan Mlle de Montpensier est une héroïne de Corneille, très fière, très bizarre et très pure, sans nul sentiment du ridicule, préservée des souillures par le romanesque et par un immense orgueil de race ; qui nous raconte, tête haute, l’interminable histoire de ses mariages manqués ; touchante enfin dans son inaltérable et superbe ingénuité quand nous la voyons, à quarante-deux ans, aimer le jeune et beau Lauzun (telle Mandane aimant un officier du grand Cyrus) et lui faire la cour, et le vouloir, et le prendre, et le perdre Le sourire discret de la prudente et loyale Mme de Motteville nous accueille au passage Mais voici Mme de Sévigné, cette grosse blonde à la grande bouche et au nez tout rond, cette éternelle réjouie, d’esprit si net et si robuste, de tant de bon sens sous sa préciosité ou parmi les vigoureuses pétarades de son imagination, femme trop bien portante seulement, d’un équilibre trop imperturbable et mère un peu trop bavarde et trop extasiée devant sa désagréable fille (à moins que l’étrange emportement de cette affection n’ait été la rançon de sa belle santé morale et de son calme sur tout le reste) A côté d’elle, son amie Mme de La Fayette, moins épanouie, moins débordante, plus fine, plus réfléchie, d’esprit plus libre, d’orthodoxie déjà plus douteuse, qui, tout en se jouant, crée le roman vrai, et dont le fauteuil de malade, flanqué assidûment de La Rochefoucauld vieilli, fait déjà un peu songer au fauteuil d’aveugle de Mme du Deffand Et voyez-vous, tout près, la mine circonspecte de Mme de Maintenon, cette femme si sage, si sensée et l’on peut dire, je crois, de tant de vertu, et dont on ne saura jamais pourquoi elle est à ce point antipathique, à moins que ce ne soit simplement parce que le triomphe de la vertu adroite et ambitieuse et qui se glisse par des voies non pas injustes ni déloyales, mais cependant obliques et cachées, nous paraît une sorte d’offense à la vertu naïve et malchanceuse : type suprême, infiniment distingué et déplaisant, de la gouvernante avisée qui s’impose au veuf opulent, ou de l’institutrice bien élevée qui se fait épouser par le fils de la maison !
Et je ne vois pas non plus en quoi l’un des résultats éventuels de cet acte, qui est la conservation de la race, le ferait religieux et sacré.
Le mélange de race des populations lorraines permet peut-être la supposition que du sang germain coule dans les veines du poète.
Jean était de race sacerdotale 269 et né, ce semble, à Jutta près d’Hébron ou à Hébron même 270.
Les séductions des cultes naturalistes, qui enivraient les races plus sensitives, le laissèrent froid.
En acceptant les utopies de son temps et de sa race, Jésus sut ainsi en faire de hautes vérités, grâce à de féconds malentendus.
Les préjugés de race et de secte, les ennemis directs de l’esprit de l’évangile, y étaient trop enracinés.
Ce régime, dit-il, me réussissait à merveille, et j’étais alors un des plus beaux enfants qui aient jamais foulé de leurs pieds nus les pierres de nos montagnes, où la race humaine est cependant si saine et si belle.
Elle vérifiait de sa personne le mot de Ninon : « La joie de l’esprit en marque la force. » Elle était de cette race d’esprits dont étaient Molière, Ninon elle-même, Mme Cornuel un peu, La Fontaine ; d’une génération légèrement antérieure à Racine et à Boileau, et plus vivace, plus vigoureusement nourrie.
Gratiolet adoptait ce principe, et pour lui l’unité de mesure en quelque sorte était le cerveau d’un homme adulte de la race caucasique.
n’être que sentimentale comme tant de gens peuvent l’être, quand on est intellectuellement de la race des Hamilton, des Grammont, des princes de Ligne, ce que personne ne peut être si Dieu ne s’en est pas mêlé !
Tout s’explique dans ce prodige, non pas seulement par l’heureuse condition du climat et de la race, mais aussi par les accidents de la vie sociale et par la Culture que recevait l’homme.
Nous pouvons le déclarer dès maintenant, nous aurons à constater chez le même peuple, en dépit de l’unité apparente des races et des traditions, les goûts les plus différents. […] Il a bien observé la convexité de la mer arrondie en dos, la teinte sombre qu’elle prend tout à coup quand elle est ridée par la brise ; il désigne les animaux par leur race et leur espèce, les arbres par leur essence. […] Seule l’accumulation des détails lui permet de diversifier les paysages et les décors ; de relever, chez les hommes, assez de traits, assez d’attributs et d’insignes pour marquer leur secte, leur caste, leur classe ou leur race. […] Écrit-on l’histoire d’une jeune fille : il est impossible d’y réussir, à moins d’avoir étudié toute sa race, non seulement dans ses tares ou ses vertus morales, mais encore dans la qualité de ses moelles, dans les générosités ou les vices de son sang. […] à l’avantage de notre race.
Et il demande : « N’est-il pas là une consanguinité du talent (qu’explique d’ailleurs une identité de race) avec le poète anglais Charles Algernon Swinburne, un barbare sublime dont M. […] Ghil appartient certes à la haute race des artistes du Nord », ils disent encore : « Sienne aussi, cette exquisité d’impression, cette subtilité, ce charme spécial de la trouvaille émotrice qui est la caractéristique des poètes anglo-saxons — et aussi de M. […] Maurras. » Il était allusion ici, à mes origines Wallones du côté paternel, mais qui sont Françaises par ma mère69 : de la vieille race Poitevine si lointainement complexe. […] Et le puissant poète Russe Valère Brussov (en la Revue « Viessi » la Balance Moscou, 1904) propose une raison de cette prédilection qui, oui, me paraît émaner de quelque passé subconscient, Or, au Poitou à races superposées, il en est une, la plus restreinte, très brune, de taille plutôt petite, et, pour les adolescentes, d’extrémités et d’attaches restées délicates, avec souvent des reviviscences du masque plutôt extrême-oriental. Race silencieuse, tenace et patiente, d’âme primitive sous certains aspects, antireligieuse mais encore très attachée à des superstitions, à des coutumes, où l’on reconnaît la même source « Toi, tu es de chez nous !
L’Afrique de Flaubert est la vérité même : vérité du décor et de la couleur ; et vérité plus profonde, celle des races. […] Elles sont les symboles du rêve qu’ont favorisé, en un coin de la terre, et le paysage, et les circonstances, et les hasards, et les souvenirs de la race, élaborés lentement. […] Mais la chapelle répond : « Je suis la pierre qui dure, l’expérience des siècles, le dépôt du trésor de ta race. […] Mais l’un des frères est de race italienne (ils ne sont frères qu’à demi) : et le plaisir sera de voir comment se mêle une théologie du Nord avec de chaudes et voluptueuses velléités méridionales. […] Mais le plaisir sera de voir comment l’idée française ou espagnole de l’honneur travaille dans l’esprit d’une race qui ne l’a pas inventée pour son usage.
A vrai dire, je ne sais pas bien au juste moi-même ce que peut être la race lunaire, si toutefois elle existe. […] C’est une race extraordinaire, dont l’histoire est la plus belle et la plus tragique du monde. Et ce fut, à l’origine, une race extrêmement noble, une race pastorale et guerrière. […] C’est une race fertile en coulissiers, mais fertile aussi en musiciens, en vaudevillistes, en comédiens, en écrivains décadents et en névropathes. […] Vous y trouverez à la fois de la mièvrerie, du nerf et, si je puis dire, de la « race ».
C’était une réussite admirable de la fusion des races. […] Voyez les réflexions, trop courtes à mon gré, sur la supériorité fatale d’une race sur une autre. […] L’esthète français est le rejeton d’une race qui a toujours été très littéraire et intoxiquée de littérature. […] L’esthète anglais est le rejeton d’une race robuste, sanguine, pratique, éminemment faite pour l’action et pour l’action démesurément énergique. […] Il met un énorme effort de volonté à jouer un rôle qui, même comme rôle, n’est pas dans les habitudes de sa race.
Grâce à l’égalité politique et à l’égalité d’instruction, qui ont démarqué et pour ainsi dire médiocrisé les esprits, la race française, autrefois si féconde et originale, menace de n’être plus bientôt qu’une race de fonctionnaires et de pédagogues. […] Ce qui accentue encore la fatalité de ces unions douloureuses, c’est le déclassement des personnages, leur différence de races, d’éducation, d’idées. […] Paul et Virginie c’est l’idylle enfantine entre deux amoureux de même race ; Atala c’est l’idylle passionnelle entre deux sauvages également de même race. […] Les blâmerions-nous de s’être laissé séduire, nous qui éprouvons tant d’admiration pour ces « chantres de race divine », qui sont pourtant des hommes comme les autres ? […] Il se produit des théories et des tentatives qui n’ont plus rien de commun avec nos anciennes qualités de bon sens et de raison, base de nos chefs-d’œuvre et gloire de notre race.
Il est devenu « de race » et sa fortune est bientôt faite. […] Jamais il n’avait hésité à proclamer la supériorité de la race germanique, jamais il n’avait cessé de proposer en modèle à la France ses théories, ses vertus, ses exemples. […] On y trouvera des observations très exactes et spirituellement rapportées sur l’aspect du pays, sa race, ses mœurs, les femmes et l’amour, sa vie morale et ses tendances. […] Cette disposition d’esprit était d’autant plus dangereuse qu’elle se compliquait d’une foi vivace au progrès indéfini, et que nous nous laissions peut-être aller à confondre deux choses distinctes : le progrès général de la race humaine et celui d’une nation. […] « — Colonel, répondit le duc d’Aumale, je ne suis pas d’une race habituée à reculer.
Mais un Dieu unique serait pour l’imagination de notre race une faible création ; nous sommes plus généreux et plus fiers. […] Mais ceci indique seulement que l’esprit humain, devenu individualiste, considère la Beauté et l’Amour, non plus comme des attributs de la race, mais comme des accidents personnels, périssables et renouvelables. […] Le bien-être peut, chez certaines races très positives, remplacer la musique, la danse, les chansons, les processions, les kermesses, les pardons, les cantiques, les légendes et les contes. […] D’aucuns diront que cela faisait des races meilleures, plus solides, plus résistantes, étant plus résignées à un sort monotone. […] Les récents linguistes, échoués dans la méthode purement botanique et descriptive, ne font aucune différence entre les mots de vraie race et les immigrants barbares.
Spencer, le plaisir de mettre en œuvre des énergies encore inoccupées, des instincts inhérents à la race. […] Si, dans les classes élevées de la société, l’idée du beau ne correspond plus aussi exactement avec les besoins primitifs de la race et de l’individu, c’est que ces besoins mêmes se sont modifiés d’une manière générale et épurés peu à peu. […] Renan imaginent est physiquement impossible ; la race en disparaîtrait au profit d’une autre mieux équilibrée. […] Il serait intéressant d’apprécier, étant donnés plusieurs individus esthétiquement aussi bien doués, et de diverses races, si l’explosion de l’admiration se produirait aussi vite chez eux, devant une beauté incontestable de la nature ou de l’art. […] Or, tous ces signes physiologiques de la laideur semblent nécessairement liés à une infériorité intellectuelle et morale de la race ; nous les voyons le plus marqués chez les sauvages ; ils disparaissent quand la barbarie laisse place à la civilisation ; ils ne semblent plus, dans les individus isolés chez qui brusquement ils se retrouvent en plein, que des signes « d’atavisme » ; il est donc permis d’espérer qu’ils s’évanouiront peu à peu dans les races supérieures sous l’influence du progrès intellectuel.
Oui, reprit le lion, c’est bravement crié ; Si je ne connaissais ta personne et ta race, J’en serais moi-même effrayé. […] D’ailleurs et foncièrement, la race n’est point religieuse, c’est-à-dire sérieuse et sujette aux alarmes de conscience, mais sceptique, railleuse, prompte à ramener les privilégiés à son niveau, à chercher l’homme sous le dignitaire, à croire que, pour tous comme pour elle, le grand objet de la vie est l’amusement ou le plaisir. […] Il veut toucher les deux ou trois passions éternelles qui mènent l’homme, les quelques facultés maîtresses qui composent la race, les quelques circonstances générales qui façonnent la société et le siècle.
II Il était, comme moi, de race militaire ; son père, gentilhomme comme le mien, habitait dans la Touraine, jardin de la France, un petit fief pastoral et agricole, où il s’était retiré après avoir été persécuté en 1792 et 1793, et forcé de briser son épée de capitaine d’infanterie pour ne pas fausser son serment de fidélité au roi martyrisé par le peuple. […] C’est la charge de ceux qui n’en ont pas d’autres que leur propre respectabilité, respectabilité célèbre, qui, lorsqu’elle se multiplie de père en fils dans une famille, finit par former un surnom de la race. » Or c’était précisément, comme celui de gentilhomme par excellence, le seul titre ambitionné par M. de Vigny, le type de sa vie, le signe distinctif de son caractère, l’aristocratie de sa nature, le rôle innomé de sa vie. […] Il y vient pour être à charge aux autres, quand il appartient complètement à cette race exquise et puissante qui fut celle des grands hommes inspirés. — L’émotion est née avec lui si profonde et si intime, qu’elle l’a plongé, dès l’enfance, dans des extases involontaires, dans des rêveries interminables, dans des inventions infinies.
III Ce peuple compte, comme la France, environ quarante millions d’habitants ; originairement, il a été formé par la race des Tartares civilisés, des mahométans sous les califes. Son génie belliqueux et religieux vient de là ; il a été depuis et constamment recruté par les grandes et belles races caucasiennes des Géorgiens, des Abases, qui vivent sur les racines de ces montagnes, tantôt soumis et tributaires des Persans sur les bords de la mer Caspienne, et envoyant leurs plus belles femmes au harem d’Ispahan pour régénérer leurs générations. […] On voit, en un des plus beaux qu’il y ait, le mausolée de Rustan-Kan, prince de la race des derniers rois de Géorgie, qui embrassa la religion mahométane pour avoir le gouvernement de ce royaume-là.
La Race et le Terroir. […] La Race et le Terroir, Cahors, Petite Bibliothèque Provinciale, 1903, in-18. — J. […] Œuvres. — Races de Soleil, roman, 1900. — La Tragédie moderne, étude, préface de Paul Mounet.
Aussi bien ce dédain protecteur témoigné par le poète à ses aïeux, cette affirmation si hautaine de sa supériorité sur les aînés de sa race, trahissent une vanité qui n’a rien de la fierté cornélienne et de l’orgueil byronien cette fausse note compromet la beauté de l’ensemble. […] « Les pauvres gens », s’écrie-t-il à plusieurs reprises, ému par la misère de cette race maigre, par la dureté de la vie environnante. […] Il a compris et rendu toutes les races, toutes les civilisations, tous les moments de l’humanité. […] C’est qu’Edgar Quinet appartenait à une autre race malheureusement très restreinte, à l’élite de ceux qui tiennent leur vie en harmonie avec leurs principes. […] C’est la Charité transfigurée sous les traits de la Polymnie ; un rayonnement d’Évangile court à travers ces poèmes, ces romans, ces drames, et ce n’est pas la moindre gloire du Maître, ce n’est pas son moindre titre à la fidélité des races futures.
Ajoutez à ces sentiments de solidarité et d’hérédité irrésistibles les tiraillements douloureux, les déchirements mêmes du cœur que lui imposent de cruels malentendus, perpétuellement balancée entre les emportements de sa mère et les mépris à peine dissimulés de sa grand’mère ; véritable enfant de Paris, imbue des préjugés d’une race à laquelle elle n’appartenait cependant que d’un côté, on comprend à quelle école cette âme ardente, souvent muette par contrainte, fut soumise et quel fonds d’amertume elle dut amasser en elle contre cette différence des classes dont souffrit cruellement son enfance. […] À plus forte raison peut-on le dire des dynasties qui se sont succédé depuis Balzac, et dont les chefs principaux n’ont fait que rédiger dans des programmes les qualités dominantes de leur esprit, soit Flaubert, l’homme d’un chef-d’œuvre unique et d’un immense labeur, soit les frères Goncourt, deux artistes de la sensation subtile et aiguë, soit Alphonse Daudet, dont l’observation profonde et cruelle a eu de si fortes prises sur les esprits de son temps, ou bien encore Zola, qui a créé l’épopée du roman ultra-démocratique, le maître de l’Assommoir et de Germinal, jusqu’à l’avènement nouveau de Paul Bourget et de Guy de Maupassant, l’un psychologue raffiné et souffrant « du mal de la vie », l’autre doué d’un humour naturel et d’un style de race qui dissimulent mal un fond effrayant de mépris pour l’homme, peut-être même, si l’on pénètre plus loin, une tristesse presque tragique. […] Les mots lui obéissaient déjà sans résistance, les images suivaient d’elles-mêmes et s’entrelaçaient sans effort avec une justesse que rencontrent seuls, du premier coup, les écrivains de race. […] Et après ce travail d’élimination, qu’il accomplit avec une justesse infaillible sur chaque grande renommée, il proclamera avec un immortel honneur cette puissance d’invention, qui n’exclut pas la faculté d’analyse, mais qui lui crée un cadre merveilleux ; il proclamera que, grâce à cette richesse inépuisable d’imagination et ce don expressif du style, George Sand est restée un poète qui a peu d’égaux, un des plus grands poètes de sa race et de son temps. […] Mais je suis malade du mal de ma nation et de ma race. » — « Défendons-nous de mourir !
C’est un signe bien clair qu’au temps où sa génération littéraire était encore plongée dans l’état de grâce, où la « jeunesse blanche » et toute la race des mystes belges révéraient Novalis et Ruysbrœck l’Admirable, M. de Gourmont ait été touché par le renanisme, comme l’étaient alors, à des degrés divers, M. […] L’individu réduit à rien et goûtant l’âpre plaisir de se plonger dans le néant, — et l’instant d’après se ressaisissant, se relevant quand il comprend qu’il existe, autrement puissant, autrement complet, autrement durable « dans la famille, dans la race, dans la nation, dans des milliers d’années que n’annule pas le tombeau », tel est le thème de ces méditations. […] Il leur manque cette cohésion secrète, cette pénétration si totale qu’elle en est inconsciente, privilège inné des demeures traditionnelles, où chaque génération n’est réellement qu’une minute d’une même race, l’épisode d’une même histoire. […] C’est ainsi qu’on vient de le retrouver au « Correspondant » où il a écrit notamment, cet hiver, sur l’invasion des auteurs étrangers, des pages équitables qui n’ont pu irriter que la race trop favorisée des traducteurs. […] Nozière : il faut certainement y voir un trait de race.
Il ne se réveillera complètement qu’en Grèce, chez les enfants d’une race privilégiée entre les races ariennes.
En un mot, avec une entière sincérité, mais aussi avec une race adresse, il fait entrer dans le système de la religion toutes les vérités acquises depuis des siècles par la raison laïque. […] Mais, malgré tout, les chapitres de la Grèce et de Borne sont remarquables : Bossuet a mis en lumière la force de quelques causes morales, amour de la patrie, respect de la loi ; il a saisi le rapport des faits à certaines institutions ou traditions ; il a expliqué la lente et sûre formation de la grandeur romaine par les qualités d’endurance et de discipline de la race, par l’organisation militaire, par l’esprit conservateur du sénat qui, dans la politique étrangère, met la continuité ; la moitié des Considérations de Montesquieu vient de Bossuet.
Si quelques-unes de ces espèces avaient manifesté quelque tendance à se modifier, les croisements fréquents avec de nouveaux immigrants de race pure, venus de la contrée mère, l’auraient aussitôt arrêtée. […] Chaque souche, c’est-à-dire chaque individu, tendit par cela même à faire race, et par suite espèce ; de sorte qu’il en dut résulter une différenciation infinie mais peu importante des formes extérieures ou plutôt des groupements, avec une grande ressemblance intérieure et essentielle, et, par le fait, une grande identité d’habitudes sous des conditions de vie par tout le monde uniformes.
Il appartient, ainsi que la plupart des grammairiens philosophes de son temps, à cette école qui considérait avant tout une langue en elle-même et d’une manière absolue, comme étant et devant être l’expression logique et raisonnable d’une idée et d’un jugement ; il la dépouillait volontiers de ses autres qualités sensibles ; il ne l’envisageait pas assez comme une végétation lente, une production historique composée, résultant de mille accidents fortuits et du génie persistant d’une race, et qui a eu souvent, à travers les âges, plus d’une récolte et d’une riche saison ; il ne remontait point à la souche antique, et ne se représentait point les divers rameaux nés d’une racine plus ou moins commune.
Naïve image de l’homme qui accomplit le premier pacte que sa race ait fait avec la terre !
Il avoue ses opiniâtretés, ses colères, qui sentent le cheval de sang et de race : « Il ne me fallait guère piquer pour me faire partir de la main. » Quelquefois aussi, chez lui, c’était méthode et tactique ; on le verra user de sa réputation terrible pour obtenir de prompts et merveilleux résultats : ainsi, à Casal, ville presque ouverte, où il se jette (1552) pour la défendre, et où il lui fallut improviser des fortifications et de grands travaux de terrassement en peu de jours, il donnera ordre à tout son monde, tant capitaines, soldats, pionniers, qu’hommes et femmes de la ville, d’avoir dès le point du jour la main à l’ouvrage « sous peine de la vie » ; et, pour mieux les persuader, il fit dresser des potences (dont sans doute cette fois on n’eut pas à se servir) : « J’avais, dit-il, et ai toujours eu un peu mauvais bruit de faire jouer de la corde, tellement qu’il n’y avait homme petit ni grand, qui ne craignît mes complexions et mes humeurs de Gascogne. » Et en revanche, sans se fier plus qu’il ne faut à l’intimidation, il allait lui-même, sur tous les points, faisant sa ronde jour et nuit, reconnaissant les lieux, « encourageant cependant tout le monde au travail, caressant petits et grands. » Ces jours-là, où il était maître de lui-même, il savait donc gouverner les esprits autant par les bons procédés que par la crainte, et il s’entendait à caresser non moins qu’à menacer.
Pour apprécier sainement ce coin pénible, ce ver rongeur de l’existence de Vauvenargues, il faut bien se représenter la pudeur de cette race à laquelle il appartient et dont il est l’un des plus nobles représentants.
Quoi qu’il en soit, l’impression que laisse la lecture parallèle de ces lettres de M. de Montmorency et de M. de Chateaubriand est toute favorable au premier ; sa belle et bénigne figure ressort à nos yeux par le contraste ; et dans les générations modernes, ceux qui auront quelque souci encore de ces choses pourront dorénavant se faire une idée de ce dernier homme de bien des grandes races, de ce dernier des prud’hommes (comme on disait du temps de saint Louis), dont la renommée de vertu avait été jusqu’ici renfermée dans un cercle aristocratique tout exclusif.
Ce furent des curieux de tout temps que les de Luynes ; non que je veuille remonter, pour retrouver en lui ce trait caractéristique, au chef même de leur race, à l’auteur de leur illustration historique, et insister sur les talents ornithologiques par lesquels il gagna, dit-on, la faveur de Louis XIII.
Demandez aux plus grands de ceux qui ont gouverné les hommes et qui ont le plus fait avancer leur nation ou leur race, à quelques croyances religieuses et métaphysiques qu’ils appartiennent, — Mahomet, Cromwell, Richelieu —, ils se sont tous conduits en vertu de l’expérience pure et simple, comme gens qui connaissent à fond l’homme pour ce qu’il esth, et qui, s’ils n’avaient pas été les plus habiles des gouvernants, auraient été les moralistes perspicaces les plus sévères.
Son père, fort considéré en Bresse, de bonne et honnête race bourgeoise, avait abondé dans le sens du mouvement de 89 et avait été l’un des principaux rédacteurs du cahier de la ville de Pont-de-Vaux : avec cela, homme de principes religieux et bon chrétien.
. — Que s’ils y ajoutaient encore, avec l’instinct et l’intelligence des hautes origines historiques, du génie des races et des langues, le sentiment littéraire et poétique dans toute sa sève et sa première fleur, le goût et la connaissance directe des puissantes œuvres de l’imagination humaine primitive, la lecture d’Homère ou des grands poèmes indiens (je montre exprès toutes les cimes), que leur manquerait-il enfin ?
Oui, oui, mon bon, ce n’est pas seulement en faisant des poésies et des pièces de théâtre que l’on est fécond ; il y a aussi une fécondité d’actions qui en maintes circonstances est la première de toutes… Génie et fécondité sont choses très-voisines… » Et une fois lancé, il ne s’arrêtait pas dans cette veine d’idées ; il montrait dans tous les ordres la force fécondante comme le signe le plus caractéristique du génie : Mozart, Phidias et Raphaël, Dürer et Holbein, il les prenait tous, et celui qui a trouvé le premier la forme de l’architecture gothique, et qui a rendu possible par la suite des temps un munster de Strasbourg, un dôme de Cologne ; et Luther, ce génie de la grande race, et dont la force d’action sur l’avenir n’est pas épuisée.
Flaubert, voyageur en Orient, en Syrie, en Egypte et dans le nord de l’Afrique, a cru pouvoir, à l’aide du paysage où il sait si bien lire, à l’aide des mœurs et des physionomies de race plus persistantes là qu’ailleurs, et moyennant des inductions applicables aux peuples de même souche et aux civilisations de même origine, rapprocher et grouper dans un même cadre une masse de faits, de notions, de conjectures, et il s’est flatté d’animer cet ensemble qu’il appellerait Carthage, de manière à nous intéresser en même temps qu’à nous initier à la vie punique si évanouie, et qui n’a laissé d’elle-même aucun témoignage direct.