C’est là qu’on admire à la fois tout ce que le sentiment a de plus vif, tout ce que la piété a de plus noble & de plus tendre, tout ce que la Langue Latine a de plus énergique & de plus mélodieux, tout ce que la Religion peut ajouter à l’enthousiasme, en lui fournissant des sujets vraiment propres à l’échauffer.
L’émotion qu’on éprouve en lisant leurs vers fait bien sentir que la nature même s’y explique en sa propre langue.
Après tout, ce sont encore des enseignements de style que j’ai dégagés de ce conflit, et l’on daignera remarquer que je soutiens ici la cause de mes lecteurs bien plus que ma propre cause.
Ces vérités sont très propres à éblouir les gens du monde, en ce qu’elles jettent un jour dangereux sur les impressions qu’ils vont chercher tous les jours au théâtre. […] C’est qu’ils oseront se servir de ce mot propre, unique, nécessaire, indispensable, pour faire voir telle émotion de l’âme, ou pour raconter tel incident de l’intrigue. […] Je serais en droit, si j’avais l’urbanité de M. de Jouy, de répondre à l’Académie par quelque parole mal sonnante ; mais je me respecte trop pour combattre l’Académie avec ses propres armes. […] Si de jeunes Français de vingt ans, habitant Paris, et formés au raisonnement par les leçons des Cuvier et des Daunou, savaient écouter leur propre manière de sentir, et ne juger que d’après leur cœur, aucun public en Europe ne serait comparable à celui de l’Odéon. […] Peu d’hommes, surtout à dix-huit ans, connaissent assez bien les passions pour s’écrier : Voilà le mot propre que vous négligez.
Enfin, pour conclure, et puisque vous voulez que nous parlions de l’avenir de la poésie française, mettons que la poésie française ne peut continuer d’exister qu’autant qu’elle respectera sa propre tradition. […] Le seul grand poète qu’elle ait produit fut Paul Verlaine ; mais il fut grand justement parce qu’il ne suivit pas les errements parnassiens, parce que, sachant le métier aussi bien que quiconque, il brisa les formes rituelles pour écouter son âme — sa propre sensibilité. […] Le vers étant le moyen d’expression propre à l’individu-poète, celui-ci devra s’efforcer de le créer aussi personnel que possible. […] je ne leur reproche rien, mais j’estime qu’il faut, pour la parole chantée, une immédiate compréhension, de même que je considère les vers dits « musicaux » simplement propres à combattre la musique, à laquelle ils ont mission de s’adapter et non de suppléer. — N’êtes-vous pas d’avis que le musicien doit être, autant que possible, son propre poète, son librettiste ?
Cette politesse transplantée est un mensonge, cette vivacité un manque de sens, et cette éducation mondaine ne semble propre qu’à faire des comédiens et des coquins. […] Écoutez les instructions que Peachum donne à sa fille ; ne sont-ce pas les propres maximes du monde ? […] Entre la vase du fond et l’écume de la surface roulait le grand fleuve national, qui, s’épurant par son mouvement propre, laissait déjà voir par intervalles sa couleur vraie, pour étaler bientôt la régularité puissante de sa course et la limpidité salubre de son eau. […] L’intelligence ainsi dirigée est plus propre que toute autre à comprendre le devoir ; la volonté ainsi armée est plus capable que toute autre d’exécuter le devoir. […] Car la race est, par nature, capable d’émotions profondes, disposée, par la véhémence de son imagination, à comprendre le grandiose et le tragique, et cette Bible, qui est à leurs yeux la propre parole du Dieu éternel, leur en fournit.
Je prie tous ceux qui ont éprouvé le besoin de créer à leur propre usage une certaine esthétique, et de déduire les causes des résultats, de comparer attentivement les produits de ces deux artistes. […] Le plafond circulaire de la bibliothèque du Luxembourg est une œuvre plus étonnante encore, où le peintre est arrivé, — non seulement à un effet encore plus doux et plus uni, sans rien supprimer des qualités de couleur et de lumière, qui sont le propre de tous ses tableaux, — mais encore s’est révélé sous un aspect tout nouveau : Delacroix paysagiste ! […] Granet, il a imaginé d’employer la couleur propre aux tableaux de M. […] » Il y a donc des artistes plus ou moins propres à comprendre la beauté moderne. […] La véritable mémoire, considérée sous un point de vue philosophique, ne consiste, je pense, que dans une imagination très-vive, facile à émouvoir, et par conséquent susceptible d’évoquer à l’appui de chaque sensation les scènes du passé, en les douant, comme par enchantement, de la vie et du caractère propres à chacune d’elles ; du moins j’ai entendu soutenir cette thèse par l’un de mes anciens maîtres, qui avait une mémoire prodigieuse, quoiqu’il ne pût retenir une date, ni un nom propre. — Le maître avait raison, et il en est sans doute autrement des paroles et des discours qui ont pénétré profondément dans l’âme et dont on a pu saisir le sens intime et mystérieux, que de mots appris par cœur. — Hoffmann.
. — Je ne te domine pas ; je t’exprime une part de ta propre conscience, jusqu’à ce moment inconnue de toi. […] C’est une âme impérieuse, que sa propre volonté tend comme un arc vers la domination. […] Il y avait alors quelque mérite, tandis qu’aujourd’hui, tu n’es pas propre à grand-chose : tu manques d’expérience. […] Comme vous, il se casse un peu, — toutefois il est encore solide et propre à vous donner de la tablature. […] Tout ce qui était selon ma propre nature, il l’a développé, fortifié.
Toujours est-il que le lendemain de sa victoire, il écrivait au roi pour lui demander un canonicat dans la chapelle de Vincennes, le propre jour de la grande résurrection de Tartuffe, ressuscité par les bontés du roi. […] La critique abandonne — et elle fait bien — toutes ces bonnes petites gens tragiques ou comiques à leur propre génie. […] Il me semble que je l’entends déjà qui s’écrie : — « Mais puisque toute cette vieille société française est à jamais perdue, et puisque, de votre propre aveu, pas un témoin ne reste du Versailles de Louis XIV, où voulez-vous que je cherche mes modèles ? […] Il n’a imité ni l’ingénieux, ni le fini, ni le noble d’aucun auteur ancien ou moderne ; il comprenait que chaque époque a sa finesse, son génie et sa noblesse qui lui sont propres. […] La comédie de Marivaux appartient en propre à tous les esprits ingénieux, à toutes les femmes élégantes de l’Europe.
Il n'est pas jusqu'à son petit Mémoire * pour l'âne de Jacques Féron, plaisanterie ingénieuse & écrite avec beaucoup d'agrément, où nos Philosophes ne soient poursuivis par des saillies très-humiliantes pour leur amour- propre.
Donc, notre effort a été de chercher à faire revivre auprès de la postérité nos contemporains dans leur ressemblance animée, à les faire revivre par la sténographie ardente d’une conversation, par la surprise physiologique d’un geste, par ces riens de la passion où se révèle une personnalité, par ce je ne sais quoi qui donne l’intensité de la vie, — par la notation enfin d’un peu de cette fièvre qui est le propre de l’existence capiteuse de Paris.
Donc, notre effort a été de chercher à faire revivre auprès de la postérité nos contemporains dans leur ressemblance animée, à les faire revivre par la sténographie ardente d’une conversation, par la surprise physiologique d’un geste, par ces riens de la passion où se révèle une personnalité, par ce je ne sais quoi qui donne l’intensité de la vie, — par la notation enfin d’un peu de cette fièvre qui est le propre de l’existence capiteuse de Paris.
Le premier de ces genres peut conserver son appellation primitive puisqu’il est tout d’appréciation ; quant au second, il serait bon qu’on se mît à le désigner par un vocable propre ; celui d’esthopsychologie by pourrait convenir à un ordre de recherches où les œuvres d’art sont considérées comme les indices de l’âme des artistes et de l’âme des peuples ; mais ce mot est incommode, disgracieux ; nous nous excusons de l’employer parfois et nous le remplacerons le plus souvent par le terme critique scientifique que nous opposons à critique littéraire dans un sens à préciser.
Pour revenir au roman dont on publie ici une nouvelle édition, tel qu’il est, avec son action saccadée et haletante, avec ses personnages tout d’une pièce, avec ses gaucheries sauvages, avec son allure hautaine et maladroite, avec ses candides accès de rêverie, avec ses couleurs de toute sorte juxtaposées sans précaution pour l’œil, avec son style cru, choquant et âpre, sans nuances et sans habiletés, avec les mille excès de tout genre qu’il commet presque à son insu chemin faisant, ce livre représente assez bien l’époque de la vie à laquelle il a été écrit, et l’état particulier de l’âme, de l’imagination et du cœur dans l’adolescence, quand on est amoureux de son premier amour, quand on convertit en obstacles grandioses et poétiques les empêchements bourgeois de la vie, quand on a la tête pleine de fantaisies héroïques qui vous grandissent à vos propres yeux, quand on est déjà un homme par deux ou trois côtés et encore un enfant par vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil à onze ans, Auguste Lafontaine à treize, Shakespeare à seize, échelle étrange et rapide qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections littéraires, du niais au sentimental, et du sentimental au sublime.
Dans cette ligne de vie qui nous fut transmise par nos ancêtres, et que nous devons prolonger au-delà de nous, on ne saisit que le point présent ; et, chacun se consacrant à sa propre corruption, comme un sacerdoce abominable, vit tel que si rien ne l’eût précédé, et que rien ne le dût suivre.
LE François étant le peuple le plus gai de l’Europe, il n’est pas étonnant que la France ait produit beaucoup d’ouvrages propres à exciter le rire, ou à amuser agréablement.
Ces trois cours d’études achevés, le petit nombre des élèves qui les auront suivis jusqu’à la fin, se trouveront sur le seuil des trois grandes facultés, la faculté de médecine, la faculté de droit, la faculté de théologie, et ils s’y trouveront pourvus des connaissances que j’ai appelées primitives, ou propres à toutes les conditions de la société, à l’homme bien élevé, au sujet fidèle, au bon citoyen, toutes préliminaires, et quelques-unes d’entre elles communes aux études des trois facultés dans lesquelles ils voudront entrer91.
Un don surnage pourtant, la force, qui ne manque jamais dans ce pays, et y donne un tour propre aux vertus comme aux vices. […] Il n’est plus propre à l’intuition inspirée, mais à la décomposition régulière. […] Et le monde l’y aide ; les circonstances rencontrées achèvent la révolution naturelle ; le goût change par sa propre pente, mais aussi par l’ascendant de la cour. […] Le propre du Français et de l’homme du monde est d’envelopper tout, même le sérieux, sous le rire. […] Une conception de l’avarice, de l’hypocrisie, de l’éducation des femmes, de la disproportion en fait de mariage, arrange et lie par sa vertu propre les événements qui peuvent la manifester.
Et je ne crois pas, en effet, qu’une représentation de ce genre soit ce qu’il y a de plus propre à éblouir ou à divertir un monarque d’Orient, un roi Mage. […] Les innocents lui passent de bonne foi la main sur le dos ; mais le coupable fait semblant, et ce sont ses mains restées propres qui le dénoncent. […] L’Exposition nous a fait croire à notre propre renaissance. […] Rappelons-nous ce qui suivit la délicieuse et sublime fête de la Fédération de 1790, et soyons les gardiens vigilants de nos propres cœurs. […] Notez que ce qu’on demande ici à nos députés, ce n’est même pas d’être plus vertueux, plus intelligents, plus désintéressés ; c’est seulement d’être un peu moins humbles, d’oser un peu interroger leur propre expérience et leur propre conscience.
Il est évident que ce désir mobile, déplaçable, qu’il décrit, n’aura besoin de rien recevoir de l’objet qu’il choisira, ne pourra même rien en recevoir et que c’est de sa propre ressource toute seule que sera formée dans l’esprit de l’amoureux l’image de l’objet aimé. […] Il semblait admettre que l’écran seul de Céleste eût pu le protéger de cette peinture ; il n’avait pas l’idée qu’il pût se défendre des choses, ni d’ailleurs non plus agir sur elles, par ses propres moyens. […] Il laissait la conversation suivre tous les méandres de l’association des idées, et pourtant le nom de la personne qu’il voulait me recommander y revenait vingt fois accompagné de tous les commentaires les plus propres, étant donné mes goûts et mon caractère qu’il connaissait mieux que moi, à me la rendre sympathique. […] On le voit captif de ses propres émotions, enseveli sous leur multitude, accablé, opprimé déjà ; il n’y a que son esprit qui vole et le transcende, mais sans se proposer d’autre tâche que l’inspection. […] Il me suffit de vous avoir marqué et fait sentir d’une part sa tendance à extraire de ses impressions quelque chose qui les transcende et d’autre part le résultat de cette tendance : à savoir le caractère d’admirable généralité que revêtent toutes ses peintures, soit du monde et des autres êtres, soit de sa propre âme.
Cette étude sera donc propre à montrer combien nous pouvons être dans l’erreur relativement à l’interprétation des phénomènes naturels, tant que la science ne nous en a pas appris la cause et dévoilé le mécanisme. […] En raison de leurs propriétés, ces derniers éléments président aux fonctions de sensibilité et de mouvement qui sont propres aux animaux et constituent les manifestations les plus élevées des êtres vivants. […] L’élément sensitif vit et meurt à sa manière, il a ses poisons qui lui sont propres. […] J’envisagerai ainsi la physiologie du cœur d’une manière générale, mais en m’attachant plus particulièrement aux points qui me semblent propres à éclairer la physiologie du cœur de l’homme. […] Aussi loin que nous descendions aujourd’hui dans l’intimité des phénomènes propres aux êtres vivants, la question qui se présente à nous est toujours la même.
L’absence d’un lieu dominateur permet à tous les bons carrefours de devenir chacun une bonne ville, jouant son rôle dans l’ensemble, prenant son caractère, donnant sa note propre. […] Voilà pourquoi Memling et Van Eyck purent se développer complètement par leurs propres moyens. […] Un pareil roman paraît singulièrement propre à exciter notre curiosité, puisqu’il met en lumière l’empreinte de notre culture sur Demolder. […] Son propre frère, Castor, l’aime âprement ; Électre, son ennemie, convoite sa chair et l’implore. […] Le profane s’oppose aux peintres, aux sculpteurs, pour juger selon ses propres conceptions, il constate si ses théories s’accommodent ou non de leurs talents.
Écrit en novembre 1886. s’est traduit lui-même ; il a mis en français ses propres vers latins, qui n’étaient pas d’ailleurs des Juvenilia. […] Molière, les pièces les plus dignes d’étude, et dans ces pièces, les parties les plus belles, les plus expressives, les plus propres à élever les sentiments, à éclairer l’esprit des auditeurs ou des lecteurs peu informés. […] Sa propre correspondance nous donne là-dessus les plus nettes indications. […] Victor Giraud : car quelques éléments, propres à détourner, à pervertir la pure tradition du sentiment chrétien, s’y joignent et s’y mêlent. […] Il est émerveillé d’Albert Glatigny, l’auteur des Vignes folles ; il croit trouver sa propre voie, en découvrant les Flèches d’or de ce souple improvisateur.
Un grand artiste a sa façon propre de voir et de reproduire le monde. […] » Il révèle parfois un auteur à lui-même ; il l’aide du moins à prendre conscience de son talent propre, à dégager son originalité, à trouver sa véritable voie. […] Il déclare de sa propre autorité que « la cause est entendue ». […] Renan ; s’il n’aurait pas, de la meilleure foi du monde, projeté dans autrui sa propre conception de la vie. […] Bourget semble faire ici par la bouche d’autrui sa propre confession.
On les négligera, et même le sien propre, pour se mettre en quête de la rose qui parle, du goût en soi. […] Albalat nous conseille une aimable lenteur et sa propre méthode, qui est de ne pas prendre de notes, mais de « souligner d’un coup de crayon les passages à retenir ». […] On ne devrait jamais raconter que ce que l’on a vu, soi, de ses yeux propres, bien lucidement. […] Un beau vers porte avec lui son émotion propre, qui est l’émotion esthétique. […] « Il en sera de même pour les noms propres de personnes : Ex : des Meissoniers.
Ce ne peut être que par vos propres conjectures ou par le témoignage d’autrui, ou sur l’aveu des pasteurs en question. […] Il dit qu’il a rejetté bien vîte cette pensée, convaincu qu’il étoit l’homme du monde le moins propre à vivre dans un couvent. […] De tous les gens de lettres qui se trouvoient alors à Rome, le plus propre à cet examen étoit assurément Gabriel Naudé. […] Elle n’eût osé soupçonner un de ses membres d’être infidèle : ce fut pourtant de son propre sein que sortit le traître. […] Il quitte ces cahiers pour d’autres, dans lesquels il ne voit encore que des termes propres aux eaux & forêts.
Je ne dis pas qu’il dut s’y ennuyer : mais l’absence d’enfants de son âge, le silence de ce grand cloître dépeuplé et de cette vallée solitaire, tout cela était évidemment fort propre à le jeter dans la rêverie. […] Vous savez que ce n’est pas le temps le plus propre pour concevoir les choses bien nettement, et je puis dire, avec autant de raison que M. […] Voltaire affirme qu’Henriette, en indiquant à Racine le sujet de Bérénice, se souvenait de sa propre aventure avec le roi, et désirait que Racine s’en souvînt. […] Titus, c’est bien le roi, jeune, et idéalisé selon son propre rêve. […] La voilà, la grande scène historique, celle qui lui donnera l’occasion d’être mâle, sérieux, sévère, et d’égaler Corneille sur son propre terrain !
Bref, la justice ne peut être exercée par les individus en leur nom propre, sous peine d’être injuste par quelque point. […] (notez qu’Ochosias est le propre père du petit). — Oh ! […] Il est guidé dans ce travail par son expérience propre, par la connaissance qu’il a du monde. […] Il n’y a que le commandant d’un peu propre. […] par des moyens très doux et très propres, — parce qu’il tient avant tout à avoir de bonnes mœurs.
La bourgeoise y contemple avec satisfaction la beauté de son propre cœur. […] La vie des autres personnages doit plus aux circonstances du drame qu’à leur propre fonds ou à l’éternel fonds humain. […] Sardou a eu l’intention d’écrire une œuvre austère, hardie, condensée et propre à faire réfléchir. […] Le concours de tragédie est particulièrement propre à vous affoler. […] Tout créateur n’aime et ne comprend bien que son œuvre propre.
Puis il s’est dit, conformément au précepte de Pascal, que quand le mot est le seul mot propre, mieux vaut encore le répéter. […] Autrement dit, ce sont les illettrés qui font les grands livres beaucoup plus que ce ne sont leurs auteurs ; et Corneille exprime beaucoup plus la pensée de ses bons voisins que la sienne propre. […] * * * Leur génie propre était la curiosité, et leur défaut propre était le manque d’intelligence. […] Il écrit l’histoire de X… comme il écrirait ses propres mémoires accompagnés de ses propres rêves et des histoires qui, étant donné son propre caractère, auraient pu lui arriver à lui-même, le tout à la fois avec liberté et certitude. […] Peu à peu, comme il faut toujours que l’auteur charge un de ses personnages d’exprimer ses propres idées, c’est M.
Ainsi on mangera, de sa propre noix, même l’enveloppe amère ; de son melon, même l’écorce. […] Alexandre lui-même, au dire de Lucien, jeta aux flots de l’Hydaspe sa propre histoire, écrite par Aristobule, qui lui attribuait des miracles qu’il n’avait pas faits. […] Monteil de faire bon marché des grandeurs de sa femme ; M. de Chateaubriand, de ses propres grandeurs. […] À peine un livre tout rempli des amours d’autrui, à peine une place dans quelque théâtre où s’agitent des passions si peu semblables à nos propres passions ! […] Si ces gens-là consentent à être leur propre dupe, ils ne sont jamais la dupe de personne.
… La jeunesse qui va aux cours de Michelet et de Quinet et qui fait tapage est froide au fond, indifférente, sans principes, sans même le nerf qui est le propre de la jeunesse.
Que si maintenant, nous relisant nous-même comme nous venons forcément de le faire, nous avions à confesser notre propre impression et à faire entendre un aveu, nous dirions que, dans la suite de ces articles critiques et dans leur mode de justice distributive (s’il nous est permis d’employer un tel mot), il est certains manques de proportions et de gradations que nous regrettons de n’avoir pu mieux rajuster.
La raison en est facile à trouver ; c’est que la Postérité ne juge jamais d’un Auteur sur les éloges de ses contemporains & de ses amis ; elle le cite en personne devant son Tribunal, & ses Productions ne peuvent se soutenir à ses yeux que par leur propre mérite.
Dans la plupart d’entre eux, ce mouvement n’est que l’enragement de l’orgueil et la révolte contre leurs propres facultés, qu’ils méconnaissent, et contre leur fonction sociale, dont nulle femme n’a maintenant ni le souci ni l’idée.
Comme pourtant les doctrines ne se posent point toutes seules et qu’elles dont dans la bouche de quelqu’un, il a bien fallu en venir à des noms propres pour pouvoir vérifier le plus ou moins d’exactitude des phrases citées et incriminées. […] Sée, dès le premier moment où il lui fut donné de se faire entendre, a dit (et je redirai, pour m’en être bien informé, ses paroles mêmes dans leurs propres termes ou très-approchants) : « La médecine empirique, messieurs, a-t-il dit, a fait son temps. […] Il n’est point dans la situation d’égalité et de balance où on le voit dans un pays voisin, souvent cité en exemple, et dans lequel il possède en effet pour son compte sa propre Université. […] Dans de telles conditions, il ne saurait être raisonnable de faire au clergé cette concession exorbitante dont il userait aussitôt moins dans le sens de la science même que dans l’intérêt de sa propre influence à lui.
La nature avait fait en lui un poète de décadence dans une prose qui était le récitatif de la poésie, un orateur d’académie ; elle en avait fait, au contraire, un homme d’État de premier rang et de première influence, nié par les partis et perverti par ses propres rancunes. […] Dans ce démembrement de notre propre légation, j’avais perdu de vue la charmante ambassadrice. […] « Le costume des femmes syriennes lui parut incommode, et propre seulement à la vie sédentaire et intérieure ; l’habit européen l’exposait trop à la curiosité et à l’attention des Druses ; elle adopta donc les vêtements des hommes du pays. […] Cet illustre Polonais, par exemple, si grand amateur de chevaux, qui s’est montré en Syrie il y a deux ans, n’a nullement les qualités propres à l’Arabie ; il est vrai qu’il y a à peine pénétré.
Ce n’est point par une adaptation propre antérieure, par une coupe propre antérieure. […] En ce point intermédiaire entre l’homme et le monde, en ce point intermédiaire entre l’esprit et la réalité, en ce point intermédiaire où s’établit la liaison entre l’armée de secours et littéralement le secours propre de la place, en ce point s’opère pour Descartes la connaissance de la vérité. […] Les plus grandes révolutions, dans tous les ordres, n’ont point été faites avec et par des idées extraordinaires et c’est même le propre du génie que de procéder par les idées les plus simples.
Deux manuscrits célèbres de ce poème ont été conservés : ils se trouvent à la Bibliothèque Vaticane ; le plus ancien des deux — et le meilleur — a pour titre : Poema Parcifal et Lohangrini ; les cent onze premiers feuillets sont consacrés à Parsifal, tout le reste su propre thème du récit, et le nom du héros y est tour à tour orthographié Lohengrin et Lohangrin 19. […] En exposant le rôle du décor, nous nous voyons forcés d’entrer dans certains détails que nous devons reprendre en étudiant la mimique propre aux personnages. […] Lorsqu’elle se réveille de sa léthargie et se dresse, Kundry nous apparaît couverte d’une robe de pèlerin ; une transformation s’est faite, en elle ; son visage n’a plus cette couleur ardente, propre aux ensorcelées, mais est pâle, encadré par de longs cheveux noirs, pendants. […] Quand nous aurons parlé du costume, que Wagner a considéré comme il doit l’être : exact, mais ne devant avoir que sa signification propre et concourant à l’ensemble, il nous restera à étudier le geste appliqué au chant et à la parole ; mais cette étude serait incompréhensible si on ne lui joignait la musique et le chant ; nous la traiterons donc dans le chapitre suivant.
« Il n’y a d’autres règles que les lois générales de la nature qui planent sur l’art tout entier, et les lois spéciales qui, pour chaque composition, résultent des conditions d’existence propres à chaque sujet25. » C’était presque la phrase de Montesquieu : « Les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des êtres26. » Mais si nos préfaces parlent toujours ainsi, qui lira nos préfaces ? […] Elle doit pénétrer dans l’esprit de l’ouvrage, montrer s’il est ou non conforme à sa propre loi, s’il rend bien l’idée de l’auteur, si cette idée valait la peine d’être rendue. […] Je les admire quand ils parcourent en quelques semaines le vaste champ de l’intelligence, passant de l’histoire à la poésie, de la métaphysique à l’économie sociale, toujours à l’aise dans chaque sujet nouveau, toujours en apparence sur leur propre domaine. […] Il ne comprend et n’aime que sa propre manière, et fait toujours, à son insu, la théorie de son talent.
Je l’ai dit déjà : il n’était pas, et nul d’eux n’était au niveau de la grande Cause dont ils furent les serviteurs et qu’ils oublièrent trop pour leur propre service. […] Mais il a tenu tellement à l’être, qu’il a fait parler avec leurs propres paroles les acteurs de son histoire plutôt que de la raconter lui-même, afin qu’elle fût plus fidèlement racontée et d’une vérité plus intime. […] Nous le sommes déjà, — et par leurs propres mains ! […] Il n’a rien oublié des aveuglements, des férocités, des lâchetés et des ignominies de cette déplorable époque, où il a poursuivi l’anarchie jusque dans le cœur de cette famille royale dont le malheur et l’exil n’ont jamais pu faire un faisceau, et qui se déchirait de ses propres mains.
Il faudra qu’elle tire de son propre fonds, par une opération naturelle, l’occasion sans cesse renouvelée de se manifester extérieurement. […] Un drame, même quand il nous peint des passions ou des vices qui portent un nom, les incorpore si bien au personnage que leurs noms s’oublient, que leurs caractères généraux s’effacent, et que nous ne pensons plus du tout à eux, mais à la personne qui les absorbe ; c’est pourquoi le titre d’un drame ne peut guère être qu’un nom propre. […] Nous rions alors d’un visage qui est à lui-même, pour ainsi dire, sa propre caricature. […] Elle tire à elle, elle voudrait convertir à sa propre inertie et faire dégénérer en automatisme l’activité toujours en éveil de ce principe supérieur.
La politique de Gui Patin n’est pas plus longue que cela : c’est celle de la Fronde honnête, parlementaire, et surtout bourgeoise, qui n’a jamais regardé dans sa propre coulisse et qui a borné à sa rue son horizon. […] Il eût été plus propre au barreau qu’à la médecine, car il était naturellement éloquent. » Il avait quelquefois jusqu’à cent vingt auditeurs à ses leçons. […] Dans cette visite à Saint-Denis, Gui Patin, en même temps qu’il laisse voir des restes de simplicité, maintient à ses propres yeux sa supériorité d’homme et de mari, en souriant de sa femme qui écoute et croit tout ce qu’on lui raconte de particularités et de bagatelles sur les derniers princes ensevelis.
Il avait ramassé dans les divers auteurs toutes les phrases qu’il jugeait applicables à sa propre nature et à son caractère. […] Il n’était pas propre aux travaux sérieux, suivis et d’ensemble, où tout se tient, où il y a commencement, milieu et fin. […] Tout ce qui n’était pas sentiment immédiat, aperçu d’un goût rapide, n’était pas son propre.
N’est-ce pas là une belle description, et n’admirez-vous pas cet homme, qui a toujours des termes propres à exprimer tout ce qu’il pense, et qui voit dans toutes choses ce qui y est ? […] Il s’en est voulu justifier dans les lettres qui sont jointes à son Œdipe, où il a critiqué hardiment l’Œdipe de Sophocle, celui de Corneille et le sien propre. […] Un mémoire affreux contre Mme de Tencin, où il dit que c’est un monstre que l’on doit chasser de l’État ; que, si jamais il meurt, ce sera elle qui le tuera, parce qu’elle l’en a souvent menacé ; qu’elle doit encore tuer un homme qu’il nomme ; qu’il l’a surprise lui faisant infidélité avec Fontenelle, son vieil amant, et qu’elle a commerce avec d’Argental, son propre neveu ; qu’elle est capable de toutes sortes de mauvaises actions ; qu’il en avertit M. le Duc ; qu’il ne lui doit rien, quoiqu’elle ait un billet de 50,000 francs de lui, et le reste… » Mme de Tencin, décrétée de prise de corps et menée d’abord au Châtelet, puis à la Bastille, fut innocentée par jugement et déchargée de l’accusation.
C’est une douceur profonde que de trouver de pareils amis dans le passé, et de pouvoir vivre encore avec eux malgré la mort. » Elle avait fait une pièce de vers sur le Jour des Morts, qui était le jour anniversaire de sa propre naissance ; elle y disait, en s’adressant à ces chers défunts qu’on a connus, et qu’elle se peignait comme transfigurés dans leur existence supérieure : Ah ! […] Et tout cela me rend l’étude de l’espagnol plus intéressante qu’une autre, parce que je pense que tu as parlé cette langue dans ta jeunesse guerrière. » Elle ennoblit tant qu’elle peut le passé de ce cher frère pour le relever lui-même à ses propres yeux ; elle y verse de la poésie comme sur toute chose, en croyant n’y mettre que du souvenir. […] Par là ce portrait me paraît plus touchant et plus édifiant encore que les plus belles figures de Port-Royal… Ceux qui aiment par-dessus tout ces révélations intimes, ce spectacle des plus humbles destinées individuelles où la poésie et l’idéal sortent de la réalité la plus positive, — ceux-là vous doivent une reconnaissance d’autant plus vive… Tant de gens ne s’inquiètent que de ce qui brille, de ce qui fait du bruit ou du tapage… » — « Une seule chose m’étonne, écrit quelqu’un (une main de femme, qu’une grande amitié a liée à Mme Valmore), c’est qu’on puisse faire un choix dans ces lettres si ravissantes de bonté, de sensibilité, d’ignorance de sa propre valeur qui donne tant de prix à ces richesses morales.
répondit Jomini en s’excusant, quand il y va du sort de l’Europe, de l’honneur de trois grands souverains et de ma propre réputation militaire, il est permis de ne pas peser toutes ses expressions. » L’empereur Alexandre, dans cette retraite, s’était séparé de l’empereur d’Autriche et du roi de Prusse et se trouvait à Altenberg dans les montagnes avec le prince de Schwartzenberg et le quartier général autrichien. […] Le Suisse a cela de propre et de particulier de rester le même et de son pays à travers toutes les pérégrinations et les nationalités passagères. […] À l’époque où les armées campaient réunies sous la tente, il eût été le plus grand général de bataille de son siècle, parce qu’il aurait toujours vu l’ennemi enface ; de nos jours, où les mouvements compliqués se préparent dans le cabinet, il était sujet à faillir… » Ailleurs, parlant en son propre nom, Jomini a écrit : « Les qualités qui distinguent un bon général d’arrière-garde ne sont pas communes.
Il parle souvent de ce dernier passage, tout en étant d’avis qu’il faut le couler le plus insensiblement qu’il se peut : « Si je fais un long discours sur la mort, après avoir dit que la méditation en était fâcheuse, c’est qu’il est comme impossible de ne faire pas quelque réflexion sur une chose si naturelle ; il y aurait même de la mollesse à n’oser jamais y penser… — Du reste, il faut aller insensiblement où tant d’honnêtes gens sont allés devant nous, et où nous serons suivis de tant d’autres. » Il professe la théorie du divertissement, ou du moins il ne semble en rien en blâmer l’usage : « Pour vivre heureux, il faut faire peu de réflexion sur la vie, mais sortir souvent comme hors de soi ; et, parmi les plaisirs que fournissent les choses étrangères, se dérober la connaissance de ses propres maux. » Il se plaint par moments du trop ou du trop peu de l’homme, ou plutôt il s’en étonne comme d’une bizarrerie, mais sans en gémir avec la tendresse et l’anxiété qu’y mettra l’auteur des Pensées. […] Il lui demande plus de vérité, de vraisemblance historique, d’observer le caractère des nations, de tenir compte du génie des lieux et des temps : peu s’en faut qu’il ne réclame en propres termes un peu de couleur locale. […] L’esquisse rapide qu’il fait d’une tragédie d’Alexandre telle qu’il l’aurait souhaitée, d’un Porus doué d’une grandeur d’âme « qui nous fût plus étrangère » ; ce tableau qu’il conçoit d’un appareil de guerre tout extraordinaire, monstrueux et merveilleux, et qui, dans ces contrées nouvelles, au passage de ces fleuves inconnus, l’Hydaspe et l’Indus, épouvantait les Macédoniens eux-mêmes ; ces idées qu’il laisse entrevoir, si propres à élever l’imagination et à tirer le poëte des habitudes doucereuses, nous prouvent combien Saint-Évremond aurait eu peu à faire pour être un critique éclairé et avancé.
Et devant un homme qu’on estime, à qui on trouve du mérite, un fonds solide et spirituel, de l’avenir, mais des défauts, mais des idées qui font lieu-commun parfois, mais un ton qui vous a choqué souvent, s’il le faut juger, on ne sait d’abord comment dire, comment lui concéder sa part sans adhérer, fixer ses propres restrictions sans lui faire injure. […] Tandis que ces personnes de talent brillant et d’imagination vive nous développent des vues générales et des synthèses sur le passé, comment veulent-elles qu’on ne doute pas un peu de la réalité de l’idée, quand on les sait se tromper si à bout portant dans les coalitions qu’elles s’imaginent voir éclore sous leurs propres yeux ? […] Nisard l’accuse de donner des sens indéterminés et divers à certains mots qui, dans la latinité classique, sont, au contraire, dit-il, parfaitement déterminés et précis ; et il allègue le mot fides qui, bien loin de là, comme me l’assure mon ami, et comme mon propre instinct de simple amateur me le confirme, a naturellement tous ces sens divers, et est un de ces mots de magnifique latitude chez les meilleurs écrivains, comme laus, comme honos.
Cousin, s’était porté en avril 1842 sur Pascal, au moment où d’autres écrivains s’en occupaient également ; mais il s’y était porté avec les caractères propres à sa nature entraînante et impétueuse. […] Ses amis savaient de lui mille choses dont nous ne nous doutons qu’à peine aujourd’hui ; ils avaient une impression réelle et vraie de sa personne et de son esprit, au lieu de tous ces types, un peu fantastiques, que chacun de nous s’est formés de lui d’après sa propre imagination. […] Quelques réflexions peut-être seraient propres à tempérer ce zèle qui nous a pris pour les fac-simile complets des écrivains.