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1158. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

C’est son affaire, puisque tous ceux qui produisent un livre ou une pièce sont toujours traités de haut et en coupables par celui qui ne produit pas ; ce que je tiens surtout à dire, c’est que par le système que j’ai adopté, j’ai toujours donné la parole à l’accusé. […] Un faux dégel s’était produit dans la semaine, puis le froid avait recommencé, si rude, que la neige des sculptures, à demi fondue, venait de se figer en une floraison de grappes et d’aiguilles. […] Pourquoi le charme de ce récit exquis n’est-il pas la note dominante du livre, et pourquoi l’impression produite par les pages qui le précèdent et celles qui le suivent vient-elle l’effacer presque complètement ? […] Chacun ayant en vénération intime les opinions et mœurs approuvées et reçues autour de lui, ne peut s’en déprendre sans remords… Elle nous fait accuser et combattre nous-mêmes, et à faute de témoins étrangers, elle nous produit contre nous ». […] C’était déjà la préoccupation de l’effet qu’il produisait, celle du « moi », à quelque prix que ce fût.

1159. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Ils améliorent si bien l’agriculture, qu’au bout de cent ans243 le produit de l’acre est doublé. […] C’est pourquoi, en ce moment, ils en font une fête, une magnifique parade, si semblable à un tableau, qu’elle produit la peinture en Italie, si semblable à une représentation, qu’elle produit le drame en Angleterre. […] Quelle mère l’a mise au monde, et quelle naissance merveilleuse a produit à la lumière une semblable merveille de grâce et de pureté ? […] Sa pensée maîtresse se marque dans la grande œuvre qu’elle produit et qu’elle conduit. […] Dans tous les arts, les premiers maîtres, les inventeurs découvrent l’idée, s’en pénètrent et lui laissent produire sa forme.

1160. (1925) La fin de l’art

Tandis qu’une mine d’or, une ligne de chemin de fer, une usine d’irrigation travaillent, produisent pour l’humanité tout entière qui a besoin d’or, besoin de transports, besoin du blé que produit la terre fécondée. […] Pascal souffre d’un embarras d’entrailles qui provient d’une humeur mélancolique ; cette humeur, tandis qu’elle fermente, émet des vapeurs qui produisent des symptômes différents suivant la diversité des parties qu’elles atteignent ; elles fermentent parce qu’elles bouillent et cette ébullition provient de la chaleur… » D’où saignées aux quatre membres, ensuita purgare avec force séné, crème de tartre et pommes acides. […] Le progrès, c’est de revenir au pain d’autrefois, fait avec de la farine sans éclat, mais solide, qui est produite par les vieux moulins dont les roues tournent dans l’eau ou les ailes, dans l’air. […] Son premier élément est toujours le lait, mais le lait, qui est un produit animal, contient évidemment des traces de sel.

1161. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Les provocations intéressées de Catherine et de ses successeurs, l’opulence des îles due au transport des blés de Crimée dans les ports de France, l’éducation libérale de quelques Grecs élevés dans nos écoles et dans les universités d’Allemagne, tout cela a pu préparer et hâter l’insurrection, mais non la produire ni la soutenir : c’est au cœur même de la Grèce, sur ses monts et ses rochers, par ses Klephtes et ses Maïnotes, qu’en était le germe et qu’il mûrissait en silence.

1162. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Cette heureuse tendance, qui n’attendait qu’une occasion pour se produire, l’a trouvée dans notre révolution de juillet.

1163. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

A défaut d’une comédie de caractère, il aurait pu y avoir un agencement de pièce mieux entendu, une intrigue mieux ourdie ; le second acte semblait promettre à cet égard, le troisième n’a pas tenu : tout ce monde convoqué dans l’appartement d’Octave n’y produit rien de bien vif, de bien inquiétant ni de bien amusant.

1164. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre X. De la simplicité du style »

C’est une prétention d’user des mots en artiste, non pour penser et sentir, ni pour provoquer des pensées et des sentiments, mais pour produire les impressions les plus spéciales qui appartiennent aux autres arts, à la musique, à la peinture, à la sculpture, des impressions de son, de couleur et de forme.

1165. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Sa verve facile, sa capricieuse fécondité n’ont produit que peu de fruits durables ; dispersant ses ressources, il a perdu en valeur ce qu’il gagnait en étendue.

1166. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

À la différence d’écrivains de souffle court, qui s’assurent l’illusion d’avoir produit des livres pour ce qu’ils font paginer à la suite des fantaisies étonnées de revivre, M. 

1167. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

En cela semblable à beaucoup d’artistes, il concevait et rédigeait son œuvre sans autre souci que de satisfaire sa conscience artistique ; mais, sitôt le livre édité, il se préoccupait infiniment de l’effet produit.

1168. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

C’est qu’en effet une œuvre, tout en étant le produit de plusieurs facteurs, doit être également considérée par l’historien comme le facteur de plusieurs produits.

1169. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Cependant il y a aujourd’hui dans la jeunesse artiste tant de vie, de puissance et pour ainsi dire de prédestination, que, dans nos écoles d’architecture en particulier, à l’heure qu’il est, les professeurs, qui sont détestables, font, non seulement à leur insu, mais même tout à fait malgré eux, des élèves qui sont excellents ; tout au rebours de ce potier dont parle Horace, lequel méditait des amphores et produisait des marmites.

1170. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Soit que l’on commence à s’accoutumer à l’idée de ces tourments, soit qu’ils n’aient rien en eux-mêmes qui produise le terrible, parce qu’ils se mesurent sur des fatigues connues dans la vie, il est certain qu’ils font peu d’impression sur l’esprit.

1171. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

ce Jupiter brisé ; cet autel renversé ; ce brasier répandu ; quel effet entre ces natures féroces ne produit point ce jeune acolyte, d’une physionomie douce et charmante agenouillé entre le sacrificateur et le saint.

1172. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 12, qu’un ouvrage nous interesse en deux manieres : comme étant un homme en general, et comme étant un certain homme en particulier » pp. 73-80

Je ne parlerai pas plus au long de cet interêt de rapport et particulier à certains hommes comme à certains tems, d’autant qu’il est facile aux peintres et aux poëtes de connoître si les sujets qu’ils entreprennent de traiter interessent beaucoup les personnes devant lesquelles ils doivent produire leurs ouvrages.

1173. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Celui qui enseigne, comme le dit Quintilien, ne sçauroit communiquer à son disciple le talent de produire et l’art d’inventer, qui font le plus grand mérite des peintres et des orateurs.

1174. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Il est facile de comprendre après ce que nous venons de dire, pourquoi l’on a marqué avec tant d’exactitude au bas du titre des comedies de Terence le nom des instrumens à vent dont on s’étoit servi dans la representation de chaque piece, comme une information sans laquelle on ne pouvoit pas bien comprendre quel effet plusieurs scenes devoient produire dans l’execution, ou comme une instruction necessaire à ceux qui voudroient les remettre au théatre.

1175. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

Nous ferons voir d’une manière claire et distincte comment les fondateurs de la civilisation païenne, guidés par leur théologie naturelle, ou métaphysique, imaginèrent les dieux ; comment par leur logique ils trouvèrent les langues, par leur morale produisirent les héros, par leur économie fondèrent les familles, par leur politique les cités ; comment par leur physique, ils donnèrent à chaque chose une origine divine, se créèrent eux-mêmes en quelque sorte par leur physiologie, se firent un univers tout de dieux par leur cosmographie, portèrent dans leur astronomie les planètes et les constellations de la terre au ciel, donnèrent commencement à la série des temps dans leur chronologie, enfin dans leur géographie placèrent tout le monde dans leur pays (les Grecs dans la Grèce, et de même des autres peuples).

1176. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Il a été l’organe d’idées justes, neuves, opportunes le plus souvent, immédiates, qui ont eu leur effet au moment où elles se produisaient ; il a coopéré à l’éducation littéraire de son époque ; ces services de journaliste et d’écrivain de revue, si essentiels en eux-mêmes et si méritoires, sont depuis longtemps consommés et épuisés : nous, ses contemporains et ses amis, nous en avons mémoire et conscience, notre devoir est de les rappeler et de les mentionner ; mais nous ne saurions exiger des nouveaux venus de s’en former la même idée et d’en garder la même reconnaissance que nous. […] « A la même époque, la vraie comédie, glacée par le décorum classique ou mutilée par la censure, ne produisait que des avortons sans vérité et sans intérêt. […] En le louant selon son mérite, il ne le surfait pas du moins ; il nous le montre le meilleur produit du genre, non l’unique.

1177. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Les œuvres de Louise Labé parurent pour la première fois en l’année 1555, c’est-à-dire au moment où toute la génération éveillée par Du Bellay et Ronsard prenait son essor, où la jeune école de droit de Poitiers, Vauquelin et ses amis, se produisaient dans leur ferveur de prosélytes, et où, sur toutes les rives du Clain et de la Loire, retentissaient, comme des chants d’oiseaux, des milliers de sonnets, quelques-uns charmants déjà, quelques autres un peu rauques encore. […] On le voit donc, la réforme poétique, tentée ailleurs avec éclat et rupture, s’entamait à Lyon sans qu’il y eût, à proprement parler, de solution de continuité ; mais il n’en faudrait pas conclure qu’elle s’y produisît plus coulamment ni d’une veine plus ménagée. […] Louise Labé, qui a très-bien pu, même avant son mariage avec le cordier Ennemond Perrin, s’être appelée la Belle Cordière, prit rang de bonne heure, et, dès l’âge de seize ans, sa beauté et son esprit la produisirent.

1178. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

André Chénier s’y poussa plus avant qu’aucun, et, par la vigueur des idées comme par celle du pinceau, il était bien digne de produire un vrai poëme didactique dans le grand sens. […] Ce végétal est mangé par quelque animal ; alors ils se transforment en sang et en cette substance qui produira un autre animal et qui fait vivre les espèces… Ou, dans un chêne, ce qu’il y a de plus subtil se rassemble dans le gland. […] Mais les passions, modifiées par la constitution particulière des individus, et prenant le cours que leur indique une éducation vicieuse ou autre, produisent le crime ou la vertu, la lumière ou la nuit.

1179. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

pour dédaigner une langue qu’ont chantée le Dante, Pétrarque et le Tasse ; une terre où, dans les temps modernes, toute civilisation et toute littérature ont pris naissance et ont produit la splendeur de Rome sous les Léon X, la culture et l’éclat de Florence sous les Médicis, la puissance merveilleuse de Venise et les plus imposants chefs-d’œuvre que nos âges puissent opposer au siècle de Périclès ? […] Une révélation de son génie inné lui avait fait imiter sans efforts l’expression des fortes sensations : effroi, amour, contemplation, tristesse, deuil, désespoir, sur le visage et dans la pose du corps, pour produire sur l’œil ce que la poésie dramatique ou épique la plus éloquente produit sur l’imagination la plus sensible.

1180. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Ce voyage produisit un de ses meilleurs écrits : l’Itinéraire de Paris à Jérusalem. […] LIII Cependant, la coalition de M. de Chateaubriand avait produit ses fruits ; la garde nationale, pervertie par la presse liguée contre Charles X, avait poussé ce prince téméraire, mais faible, à tout oser contre elle. […] L’Allemagne produisait dans ce même temps, dans le roman de Werther, par Gœthe, le roman du désespoir et du suicide.

1181. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Il y a de tout dans le roman de Senancour ; mais la traditionnelle observation de psychologie s’y produit sous le sentiment et la métaphysique. […] À son exercice littéraire George Sand apportait une intelligence plus vive qu’originale, plus apte à refléter qu’à produire des idées, toute soumise aux impulsions de la sympathie et de l’imagination. […] Pour solder ses dettes et vivre, Balzac dut produire incessamment.

1182. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Lorsqu’il paraîtra annuellement vingt ou trente romans « Couronnés par… », sans compter tous ceux que récompense l’Académie, les prix n’auront plus aucune importance au point de vue de la publicité, il se produira moins d’injustices et les « comités » pourront sans inconvénient s’intéresser à l’occasion au besoin plutôt qu’au talent. […] Eugène Montfort Il serait vain d’insister sur rabaissement des mœurs littéraires produit par cette coutume nouvelle des prix. […] On travaille aujourd’hui non pour produire une œuvre selon son cœur, mais pour entrer dans tel ou tel mouvement, plaire à tel ou tel maître et, par-dessus le marché, la bonté des chers maîtres s’en mêle, cette sorte de trémolo social qu’on emploie pour accompagner le geste élégant de protection qu’il convient d’étendre sur la tête du candidat.

1183. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Je me suis laissé dire que partout, une fois arrivé à ce passage, l’on faisait un grand ritardando pour produire un effet de « traînerie » de sorte qu’un ami qui l’avait entendu chanter de cette manière, a été très surpris de me l’entendre dire à la mienne. […] Nous n’ignorons pas que, depuis l’époque à laquelle il écrivit le Vaisseau-Fantôme, Richard Wagner a produit des œuvres plus parfaites, plus conformes dans toutes leurs parties à l’idée qui gouverna sa vie artistique ; mais le Hollandais et Senta sont deux conceptions qui n’ont pas été surpassées, et tout le drame se résume dans ces deux types surnaturels, l’un à force d’ombre, l’autre à force de lumière, et cependant si humains. […] Ces trois formes avaient produit une grande confusion dans la métrique allemande ; les plus grands poètes faisaient des vers qui ne répondaient à aucune d’elles et, malgré cela (ou peut-être à cause de cela) sont les meilleurs vers allemands.

1184. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Les rythmes, au début ; l’émotion produite seulement par les rapports de sons : c’est la Mélodie. […] Mais déjà l’heure approche où les sons musicaux ne pourront plus produire l’émotion, s’ils sont directement entendus : leur caractère propre de sons empêchera l’âme de les considérer comme de purs signes d’émotions. […] On ne sait ce qui va se produire, mais on est sûr que le charme ne sera pas rompu.

1185. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

J’avais inventé un produit qui faisait évaporer l’hydrogène de l’air, et rendait cet air qui brûlait, irrespirable à des poumons humains. J’avais aussi, avec l’invention de ce produit chimique, trouvé le mécanisme d’une petite chaise volante, qu’on montait comme une montre pour vingt-quatre heures. […] La consigne était donnée autrefois au ministère des Affaires étrangères de ne jamais en recevoir un… Mais Freycinet s’est abouché avec Garnier, et fatalement… » * * * — Dans la pénombre des soirées, le teint des femmes est couleur de perle rose, avec, dans les étroites touches de pleine lumière sur le bord des contours, des luminosités de la peau, qui semblent produites par un éclairage intérieur.

1186. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Non sibi res sed se rebus… ils ont laissé leurs principes produire d’eux-mêmes leurs conséquences. […] Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle, … » plus heureux que Pascal, dont on a reconnu les fortes paroles, ils ont, eux, trouvé « le terme où s’attacher », le roc inébranlable dans l’océan de nos perplexités, et ce roc ou ce terme, c’est la « Science. » Ils savent que deux et deux font quatre, que la terre tourne autour du soleil, que les pierres vont au fond de l’eau, que le coke est le produit de la distillation de la houille, que la peste et le choléra sont d’origine microbienne, quoi encore ? […] L’agnosticisme a produit cet effet de resserrer la science dans les frontières de son territoire, et de soustraire, par conséquent, à sa superbe domination ce champ de l’inconnaissable qu’elle s’était arbitrairement annexé.

1187. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Il a tenu à faire un poème technique, non pas seulement didactique, mais véritablement technique, un poème où il fût question longuement de l’origine du quinquina, de la plante qui produit l’écorce dont il est tiré, et puis de tous ses effets, de tout le mécanisme très compliqué, surtout à le comprendre comme La Fontaine l’a compris, de tout le mécanisme de l’action du quinquina sur nos pauvres machines humaines. […] Rien n’est remarquable comme ceci, et cela s’est constaté bien souvent : ce que produisent les hommes qui sont nés pour un genre, lorsqu’ils s’appliquent à un autre genre que celui pour lequel ils sont nés, pourrait être en effet produit par le premier venu.

1188. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau, cette idée-là aurait pu produire quelque chose d’utile et de grand. […] Feydeau, qui n’a pas, en écrivant Catherine d’Overmeire, produit un livre meilleur que Fanny comme exécution, et qui en a produit un très-inférieur comme vue et portée, a pourtant regagné du terrain, le terrain qu’il avait perdu quand il écrivait Daniel.

1189. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Si l’un se produit au moment t′₁ et l’autre au moment t′₂, les équations de Lorentz vous nous donner équation équation de sorte que notre premier carré deviendra équation et que notre primitive somme de trois carrés sera remplacée par équation grandeur qui dépend de v et n’est plus invariante. […] Nous croyons que les images se créent au fur et à mesure de leur apparition, justement parce qu’elles semblent nous apparaître, c’est-à-dire se produire devant nous et pour nous, venir à nous. […] Mais cet amalgame d’Espace et de Temps ne commence à se produire, pour l’observateur en S′, qu’au moment précis où sa pensée met le système en mouvement.

1190. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Cette variété de natures leur a fait voir sous différents aspects les choses utiles ou nécessaires à la vie humaine, et a produit la diversité des usages, dont celle des langues est résultée. […] Avant Socrate, la médecine, fécondant l’observation par l’induction, avait produit Hippocrate, le premier de tous les médecins pour le mérite comme pour l’époque, Hippocrate, auquel fut si bien dû cet éloge immortel, nec fallit quemquam, nec falsus ab ullo est . […] Dès lors la philosophie ne produisit aucun fruit remarquable pour l’avantage du genre humain.

1191. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

J’étudiais au passage Choiseul ce manège d’un assiégé devant un tout nouveau produit, dont l’usage connu, et peut-être des souvenirs personnels, l’arrêtaient dans son désir de le faire servir à sa cuisine. […] » Il reprend : « Mais est-ce curieux que le courage, la valeur, cette chose qui semblait un produit si français, n’est-ce pas ? […] On parle ensuite de la surexcitation nerveuse de la femme, de l’affolement produit par les événements, de la crainte que l’on a d’avoir à réprimer des émeutes de femmes. […] Des nuits insomnieuses, produites par la canonnade continue du Mont-Valérien, qui, tout à coup, a des tirs précipités, ressemblant aux coups de revolver, lâché par un homme, attaqué à l’improviste. […] Elle n’est pas absolument produite par la faim.

1192. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Béranger seul pourrait nous raconter tout ce qu’il a voulu, tout ce qu’il a espéré, tout ce qu’il a tenté, et, pour l’enseignement des générations futures, produire les pièces à l’appui. […] Jamais, je crois, la bonté ne s’est produite sous une forme plus intelligente. […] Or, si un pareil procédé réussit sans peine à produire l’étonnement, il réussit bien rarement, je pourrais dire qu’il ne réussit jamais à produire l’admiration. […] L’accusation, en passant par la bouche du père Dutemps, ressemble trop aux objections hérétiques produites dans les églises du moyen âge par l’avocat du diable. […] Pour être admis à l’inauguration du Théâtre de la Renaissance, il a fallu produire des certificats de moralité, d’orthodoxie ou de tolérance littéraire.

1193. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Dans cette confusion laborieuse, deux grandes idées se dégagent : la première qui produit la poésie historique, la seconde qui produit la poésie philosophique, l’une surtout visible dans Southey et Walter Scott, l’autre surtout visible dans Wordsworth et Shelley, toutes deux européennes et manifestées avec un éclat égal en France dans Hugo, Lamartine et Musset, avec un éclat plus grand en Allemagne dans Gœthe, Schiller, Ruckert et Heine ; l’une et l’autre si profondes que nul de leurs représentants, sauf Gœthe, n’en a deviné la portée ; et que c’est à peine si aujourd’hui, après plus d’un demi-siècle, nous pouvons en définir la nature pour en présager les effets. […] À l’entrée, elle avait implanté l’esthétique : chaque poëte devenu théoricien définissait le beau avant de le produire, posait des principes dans sa préface et n’inventait que d’après un système préconçu. […] Si c’est comme aujourd’hui l’esprit philosophique, il produit à la fois des prédications conservatrices et des utopies socialistes, Wordsworth et Shelley1227. […] Quand il a tenté de faire des personnages et des événements, dans la Reine Mab, dans Alastor, dans la Révolte de l’Islam, dans Prométhée, il n’a produit que des fantômes sans substance. […] Et tel était ce large océan et cette côte plus stérile que ses vagues. » Profond sentiment germanique qui, allié à des émotions païennes, a produit sa poésie, poésie panthéiste et pourtant pensive, presque grecque et pourtant anglaise, où la fantaisie joue comme une enfant folle et songeuse avec le magnifique écheveau des formes et des couleurs.

1194. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Pour le cas présent il s’est produit ceci. […] Le symbolisme n’a rien produit en matière de roman ! […] Mais ce n’est guère qu’en réagissant contre elle et en la niant que le roman produit quelque chose de bon. […] Mais si le roman du grand intellectuel a parfois été tenté, il n’a jamais produit une œuvre viable. […] Ainsi l’art, atelier des héros, n’a jamais produit et ne produira sans doute jamais un héros de l’intelligence.

1195. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Étienne ; ce discours, le plus long qui se fût jusqu’alors produit dans une cérémonie de réception, il trouva moyen de l’allonger encore singulièrement par la lenteur et la solennité de son débit. […] Qui ne l’a pas ouï et vu, ce jour-là, avec son débit précieux, son cahier immense lentement déployé et ce porte-crayon d’or avec lequel il marquait les endroits qui étaient d’abord accueillis par des murmures flatteurs ou des applaudissements (car, je le répète, la salle n’était, pas mal disposée), ne peut juger, encore une fois, de l’effet graduellement produit et de l’altération croissante dans les dispositions d’alentour. […] Dans les trois cas sublimes, un même effet est produit par la haine orgueilleuse d’un héros, par la douleur délirante d’une mère, par le ressentiment implacable d’une amante. […] Un sacrifice illustre et fait pour étonner Rehausse mieux que l’or, aux yeux de ses pareilles, La beauté qui produit tant d’étranges merveilles… En un mot, Dalila est fière de Samson, voilà tout ; il lui fait honneur devant le monde, il la décore et la rehausse en public ; mais elle ne l’aime pas ; il ne l’amuse pas : elle met ses goûts moins haut.

1196. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

XIV Une allusion transparente à l’effet produit sur ses yeux par la beauté de madame Dodwell et par sa ressemblance avec Juliette dans sa jeunesse interrompt une de ces lettres. […] « L’ennui, mon cher et ancien ami, produit une fièvre intermittente ; tantôt il engourdit mes doigts et mes idées, tantôt il me fait écrire comme l’abbé Trublet. […] À mon sens, votre Vision d’Hébal est ce que vous avez produit de plus élevé et de plus profond. […] Il était la fidélité bruyante ; il y parut, il y parla, et revint sans avoir produit autre chose qu’un effet poétique, des cheveux blancs sur une scène du passé.

1197. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le chaos intellectuel qui caractérise le xixe  siècle a produit le pessimisme, la tristesse, l’angoisse, qui justement dans le lyrisme, ou littérature individuelle, sont les thèmes les plus féconds. […] Je ne veux blesser personne en me lançant dans des comparaisons pénibles pour nos jeunes contemporains, mais en plaçant la littérature de côté, il me semble qu’un siècle qui a produit Pasteur, Wagner et Rodin, sans dresser une liste qui accaparerait un numéro entier des Marges, présente quelques titres à la suprématie intellectuelle dans le monde. […] Le xixe  siècle est certainement un siècle de travail et qui a produit par la diffusion de l’instruction plus de gens de talent que les époques précédentes. […] Tout ce qu’il a produit nous a émus plus que ne le pourrait faire l’œuvre d’aucune autre époque, et nous n’avons reconnu dans la suite des âges que des égaux aux hommes qui composent son personnel.

1198. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Parlez-moi de la condition pour produire cet effet ! […] La recette mitigée de Diderot a produit le Fils naturel et le Père de famille ; la recette renforcée de Beaumarchais nous donnera Eugénie. […] Que de peines et de démarches pour les produire ! […] L’auteur qui produit pour la seconde fois sur la scène les mêmes personnages risque d’avoir affaire à ce genre de curiosité où se mêle le doute du succès, peut-être l’attente d’un échec.

1199. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

On comprendra que pour un chef-d’œuvre tel que l’Iphigénie en Aulide de Gluck, il se soit fait envoyer de Paris la partition dans son édition originale, et que, rejetant les travaux de ses devanciers et même de Spontini, il ait établi une version allemande qui produisit sur le public l’impression d’une œuvre nouvelle (V, 149, etc.). […] Telles étant les principales qualités qu’on a le droit d’exigence tout produit se donnant comme traduction d’un drame wagnérien, on peut se demander si une traduction est possible. […] Intensité. — Les accents d’intensité ne correspondent pas d’abord à ceux qui déterminent le rythme de la mesure, et produisent des syncopes perceptibles dès le début de la 2e mesure. […] Timbre. — Les accents de timbre sont les moins variés ; cependant ils jouent un grand rôle par le caractère mystérieux, à la fois vivant et impassible qu’ils donnent à toute la phrase : les accents coïncident avec eux de hauteur et d’intensité, ce qui contribue à donner à la mélodie la puissance et la grandeur de sa plasticité. — Dans les notes faiblement accentuées, les bois et les cordes produisent une sonorité diffuse et assez peu définie, tandis que dans les parties accentuées, à la 3e et à la 4e mesure, il y a une coïncidence de sonorités pures qui leur donne un éclat comparable à celui d’une lumière pleine et forte.

1200. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Gautier célébrant la femme insexuelle, c’est-à-dire la femme si jeune, qu’elle repousse toute idée d’enfantement, d’obstétrique… Flaubert, la face enflammée, proclame de sa grosse voix que la beauté n’est pas érotique, que les belles femmes ne sont pas fabriquées à l’effet d’être aimées matériellement, qu’elles ne sont bonnes qu’à dicter des statues, qu’au fond l’amour est fait de cet inconnu que produit l’excitation, et que très rarement produit la beauté. […] Et mon interlocuteur appuie sur les incertitudes du critique, ses tergiversations de jugement, sa quête de l’opinion des autres, du jugement des petites dames, et parfois sur l’intimidation morale, produite par l’invasion de grands diables comme Turgan et Feydeau, tombés inopinément chez lui, et qui enlevèrent son article sur Fanny. […] Il finit par déclarer que se produire, vient de notre bassesse littéraire, et qu’il n’y a qu’une chose de vraie et d’estimable en ce monde : la sainteté.

1201. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Sans la scission produite par ces inventeurs du mandat impératif dans l’opposition, Ernest Picard a la conviction que l’opposition attirait à elle la masse flottante existant dans l’assemblée, et qu’elle devenait une majorité empêchant la guerre et tous nos désastres. […] Je trouve qu’il n’y a que l’amour qui produise un certain épanouissement de l’être, que rien ne donne, hein ? […] Dans ce moment reprend Burty : « Il est assommé, il se tient coi, il est presque modeste, il ressemble à un chien qui vient de recevoir une affreuse raclée. » Samedi 16 mars Une sœur de Théo parlait de l’effet hallucinatoire produit chez elle par les senteurs d’un champ de fèves, et des rêves troubles que ce champ lui faisait monter au cerveau, toute éveillée qu’elle était. […] La répétition d’une pièce, ça l’empêche d’en faire une autre, et comme, dit-il, il n’a plus que quatre ou cinq années à produire, il veut faire les dernières choses qu’il a en tête.

1202. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Quand la nature veut mourir dans des peuples, elle n’enfante pas avec cette prodigalité ; elle se repose comme la vieillesse, elle s’épuise, elle languit, elle devient stérile, ou bien elle ne produit que des avortons ou des monstres. […] Dickens et Thackeray, ses émules, vivent et produisent encore tous les jours de nouveaux chefs-d’œuvre de peintures de mœurs et de sensibilité. […] On a le droit de se reposer quand on a produit pour l’esprit humain cent poèmes, dix théâtres, dix philosophies et cinq religions ; quand on a été l’Inde, la Chine, l’Arabie, la Perse, l’Égypte, la Grèce, la Judée, l’école et le sanctuaire de l’univers. […] C’est le son de voix d’une personne aimée, inséparable de l’enchantement produit sur nous par la personne elle-même.

1203. (1926) L’esprit contre la raison

On sent en effet dans ce texte toute la colère qui anime René Crevel ; l’écriture, déconcertante par ses métaphores filées jusqu’à la déraison, produit un effet d’accélération et de vertige. […] En vérité, tout cet attirail de messe noire ne pouvait produire des miracles et le secours qu’il demandait à tant de gestes, de lieux, d’êtres artificiels suffisait à prouver combien il était traître à soi-même celui qui osait parler d’un culte du moi, alors que son esprit, insuffisant à ses grands desseins, pour vivre, avait besoin d’un âne, d’une petite fille, d’un jardin. […] On peut voir dans cette fresque de l’état d’esprit qui conduisit à la guerre une contestation de l’analyse de Valéry : Crevel fait le même constat de fragmentation, d’éclatement, mais Valéry accusait la diversité, cette coexistence dangereuse de systèmes de pensée incompatibles, d’avoir produit la débâcle de l’intellect et d’avoir ainsi conduit à la guerre ; pour Crevel, c’est la volonté de synthèse qui est à l’origine de tous les maux. […] Il n’a pas suffi à notre génération d’apprendre par sa propre expérience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnées sont périssables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensée, du sens commun, et du sentiment, se produire des phénomènes extraordinaires, des réalisations brusques de paradoxes, des déceptions brutales de l’évidence.

1204. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

La terre s’entr’ouvrit et se hâta de produire des fleurs. […] Et vous croyez que cet homme produira des effets terribles ou délicieux. […] Ainsi comptez qu’aux compositions de La Grenée où les effets destructeurs de l’air et du tems produiront tout le contraire, on ne retrouvera plus que des étoffes. […] Ils ont vu que la même cause qui les produisait, les fortifiait, les conduisait à la perfection, finissait par les dégrader, les abâtardir et les détruire ; et ils se sont divisés en différents partis !

1205. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

» Acceptant hardiment l’éloge et en tirant sujet de s’humilier : Dieu, dit-il, ne retire plus ses prophètes du milieu des villes, mais il leur ôte, si j’ose parler ainsi, la force et la vertu de leur ministère ; il frappe ces nuées saintes d’aridité et de sécheresse : il vous en suscite qui vous rendent la vérité belle, mais qui ne vous la rendent pas aimable ; qui vous plaisent, mais qui ne vous convertissent pas : il laisse affaiblir dans nos bouches les saintes terreurs de sa doctrine ; il ne tire plus des trésors de sa miséricorde de ces hommes extraordinaires suscités autrefois dans les siècles de nos pères, qui renouvelaient les villes et les royaumes, qui entraînaient les grands et le peuple, qui changeaient les palais des rois en des maisons de pénitence… Et faisant allusion à d’humbles missionnaires qui, durant ce même temps, produisaient plus de fruit dans les campagnes : « Nous discourons, disait-il, et ils convertissent. » J’ai cité, d’après la tradition, quelques-unes des conversions soudaines opérées par l’éloquence de Massillon : pourtant, sans nier les deux ou trois cas que l’on cite, je vois que Massillon croyait peu à ces sortes de conversions par coup de tonnerre, « à ces miracles soudains qui, dans un clin d’œil, changent la face des choses, qui plantent, qui arrachent, qui détruisent, qui édifient du premier coup… Abus, mon cher Auditeur, disait-il ; la conversion est d’ordinaire un miracle lent, tardif, le fruit des soins, des troubles, des frayeurs et des inquiétudes amères ». […] Le recueil de chansons satiriques dit Recueil de Maurepas (Bibliothèque impériale) contient, en quatre ou cinq endroits, de grossiers couplets injurieux à Massillon ; et il importe, non de discuter, mais de repousser, et par la bouche de Massillon lui-même, ces accusations diffamantes, qui ne manqueraient pas de sortir tôt ou tard et que l’on viendrait produire d’un air de découverte et de triomphe11.

1206. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Elle n’était pas, sur le chapitre de la comédie, de l’avis de Bossuet, de Bourdaloue et des autres grands oracles religieux d’alors ; elle devançait l’opinion de l’avenir et celle des moralistes plus indulgents : À l’égard des prêtres qui défendent la comédie, écrivait-elle assez irrévérencieusement, je n’en parlerai pas davantage : je dirai seulement que, s’ils y voyaient un peu plus loin que leur nez, ils comprendraient que l’argent que le peuple dépense pour aller à la Comédie n’est pas mal employé : d’abord, les comédiens sont de pauvres diables qui gagnent ainsi leur vie ; ensuite la comédie inspire la joie, la joie produit la santé, la santé donne la force, la force produit de bons travaux ; la comédie est donc à encourager plutôt qu’à défendre.

1207. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Je ne viens pas concourir comme bien l’on pense, ni anticiper non plus sur un jugement dans lequel j’entrerai très peu : je ne veux que rendre à ma manière, et comme quelqu’un du dehors, l’impression qu’a faite sur moi la lecture de Froissart, la rejoindre et la comparer à cette autre impression que m’ont produite les mémoires de Joinville. […] La verve et la chaleur de l’historien s’y produisent avec redoublement, et l’on y sent, pour ainsi dire, la ferveur de l’ouvrier, du forgeron en sa forge.

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