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710. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

* * * — L’amer, que Vallès a en lui, il le soigne, il le caresse, il le dorlote, il le chauffe, il le porte en ville, pour le tenir toujours en haleine, comprenant fort bien, que s’il venait à le perdre, il serait un ténor dépossédé de son ut. […] Quand on entre, on le voit dans l’entrebâillement de la porte du vestibule, qui vous dit, avec un clappement de langue gourmand, et l’avance d’une main, qu’il n’ose pas vous donner : « Je fais un plat !  […] Et quand il disait cela, de la porte derrière laquelle elle écoutait, apparaissait la vieille servante, la figure cachée dans ses mains, et qui lui jetait : « Mais, mon cher maître, vous avez perdu la tête, comment pouvez-vous dire des choses comme cela ? 

711. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

De là vient que nous admirons dans ses admirables épîtres une certaine vertu plus qu’humaine, qui persuade contre les règles, ou plutôt qui ne persuade pas tant qu’elle captive les entendements, qui ne flatte pas les oreilles, mais qui porte ses coups droit au cœur. […] Une Vieille qui porte deux lampes devant une nouvelle mariée. […] » On voit, à gauche de la porte, un homme pareillement debout, et appuyé sur un crocodile, tenant une épée de la main droite, et de la gauche une torche allumée.

712. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Le long d’une maison plus que suspecte passe une toute jeune fille, coiffée de son petit bonnet phrygien ; elle le porte avec l’innocente coquetterie d’une grisette démocrate. […] Derrière une porte, l’Homme se devine. […] Un cadavre est posé en travers d’une porte.

713. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

L’hommage n’en vaudrait que mieux peut-être s’il s’arrêtait à la porte de la garde-robe. […] On l’a ouvert précisément parce qu’il promet non point l’étude, mais la récréation ; il porte avec soi une bonne odeur de délassement et de vacances. […] Son premier volume, intitulé les Cariatides, porte la date de 1841, et fit sensation. […] Ce n’est pas d’hier qu’il est descendu dans l’arène ; son premier volume date de 1832, et son dernier porte le millésime de 1867. […] Rien ne pousse à une extrémité sans que la réaction se porte en sens contraire.

714. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rebell, Hugues (1867-1905) »

Rebell se porte mieux que sa pensée ; mais c’est un écrivain à considérer et à estimer, dont les défauts mêmes sont savoureux.

715. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 241-244

C’est à la magie de quelques Enchanteurs langoureux qu’elle doit la docilité qui lui ferme les yeux, & la porte à se nourrir bonnement de tout ce qu’on lui présente.

716. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 58-61

Raynal, [N.ABCD l’Abbé] né à Saint-Géniés, Diocese de Rhodez, en 1715, des Académies de Londres & de Berlin ; Ecrivain plus ingénieux que solide dans un genre où la solidité, sur-tout celle qui porte au vrai, doit être préférée à toute autre chose.

717. (1824) Préface d’Adolphe

J’ai voulu peindre le mal que font éprouver même aux cœurs arides les souffrances qu’ils causent, et cette illusion qui les porte à se croire plus légers ou plus corrompus qu’ils ne le sont.

718. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Restout le fils » pp. 284-285

Le corps d’Anacréon est bien modelé, le bras qui tient la coupe fin de touche, quoique défectueux de dessin ; les étoffes étendues sur ses genoux sont belles ; la jambe droite qui porte le pied en avant sort du tableau.

719. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Quinze ou vingt maisons où, quand je passe le pas de (la) porte, il n’y a pas l’ombre du déplacement de rien ; ni dans les esprits, ni dans les meubles, ni dans les cœurs. […] Quand il regardait la porte de la rue, et le pas de la porte, qui est généralement une pierre de taille, sur cette pierre de taille il distinguait nettement la ligne antique, le seuil sacré, car c’est la même ligne. […] Il peut être un vêtement fidèle qui porte au dehors le secret des articulations, de l’articulation, d’un ordre intérieur. […] — Dans le dialogue racinien il n’y a pas un mot qui ne porte. […] Qui ne porte, c’est-à-dire qui ne porte un coup.

720. (1802) Études sur Molière pp. -355

Sganarelle, ayant besoin d’un commissaire, ne manque pas d’aller frapper sur le seuil de sa porte, et les spectateurs n’entendent jamais à quel point il est sonore, le seuil de cette porte, puisqu’il ne s’écrie pas bravo l’acteur ; voilà ce qui s’appelle ne point perdre la tête, et se ressouvenir à propos qu’on est sur les planches. […] Arnolphe, enfin, entraîné hors de lui-même par les coups sensibles que lui porte Agnès, aigri par l’ingénuité avec laquelle ses reproches sont repoussés, brûle un moment de se satisfaire par quelques coups de poing. […] Représentée le 15 février suivant, sur le théâtre du Palais-Royal, en trois actes, et sans intermèdes, elle prit le titre qu’elle porte à présent. […] n’aurait-il pas dû s’assurer d’abord qu’il ne recelait aucun fâcheux, et ne fermer la porte de l’appartement qu’après une certitude si nécessaire à son repos ? […] Les noms de la plupart des acteurs, nouvellement de retour des extrémités de la France, ou des portes de l’autre monde, étaient sur l’affiche, en très gros caractères, ainsi que ces mots : spectacle demandé, les billets gratis, les entrées de faveur ; généralement suspendus.

721. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

M. de Chateaubriand porte de la grandeur, même dans la grâce ; je me figure qu’Homère eût été Homère encore jusque dans les proportions de l’Anthologie. […] Les trois voyageurs parcoururent le monde, et se présentèrent un soir à ma porte : je m’empressai de les recevoir avec le respect que l’on doit aux Dieux. […] Une minute, une seconde seulement à l’instant du départ, à cinq heures du matin, dans le court intervalle qui sépare le seuil du couvent et le marchepied de la chaise de poste, le jeune homme va l’entrevoir enfin et la rencontrer ; mais un mouchoir qu’elle porte à ses yeux, le mouvement même que lui cause l’émotion de la présence de l’ami, la dérobe peut-être, et remplit l’unique instant. […] Commencée vers 1805, à la cour impériale, elle ne se reprit ou ne s’acheva qu’en 1820 ; elle porte dans sa trame l’empreinte des modifications successives que subirent les idées de l’auteur ; et l’esprit de Mme de Rémusat, toujours actif, se modifia, se mûrit incessamment.

722. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Il est à déplorer que ces qualités acquises et conquises par tant d’efforts n’aient pu se transmettre insensiblement par voie de tradition et d’hérédité, qu’il y ait eu bientôt après perte, interruption, ruine, et qu’il ait fallu bien plus tard, de nos jours, un autre effort et une exhumation tout artificielle pour les retrouver et y revenir en étendant la main par-dessus deux siècles. » Cependant l’école de Ronsard avait fait son temps, avait suivi et accompli son cours ; elle avait eu très-vite ses trois saisons, et après Des Portes, avec Bertautet Du Perron, elle finissait par s’alanguir. Des Portes a, en effet, du Quinault pour la tendresse et la mollesse des accents ; il est à la fois le Racine et le Quinault de celle école si hâtive de Ronsard. […] Neveu de Des Portes, il se croyait de son école et de celle de Ronsard : il était surtout de la famille de Rabelais, de Villon et des bons vieux Gaulois, — de cette famille modifiée toutefois et fortifiée par le régime et la nourriture de Ronsard. […] Tout coup porte ; ce sont à tout moment des vers nés proverbes, et qui, s’ils ne l’étaient déjà, le sont aussitôt devenus ; le texte en est semé.

723. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

En ce cas, c’est un geste vocal naturel, non appris, à la fois impératif et démonstratif, puisqu’il exprimé à la fois le commandement et la présence de l’objet sur lequel porte le commandement ; la dentale t et la labiale m réunies dans un son bref, sec, subitement étouffé, correspondent très bien, sans convention et par leur seule nature, à ce sursaut d’attention, à ce jaillissement de volonté brusque et nette. — Ce qui rend cette origine probable, c’est que d’autres mots ultérieurs et dont on parlera tout à l’heure sont visiblement l’œuvre, non de l’imitation, mais de l’invention177. […] Mais la première chose inanimée qu’on lui ait vu nettement reconnaître, c’est la porte de l’appartement sur l’escalier. […] Au cinquième mois, même mauvaise humeur ; mais alors, sitôt que, sur les bras de sa bonne, il arrivait dans l’antichambre et apercevait la porte, il se taisait et redevenait content. — Voilà la première association nette que nous ayons constatée chez lui ; car je ne compte pas celles qui sont presque innées et qui s’établissent tout de suite, par exemple entre l’envie de téter et le contact du sein présenté par la nourrice. […] On se cache la figure dans les mains en lui disant ce mot, et il rit ; souvent alors, il le répète, en se cachant aussi le visage dans la poitrine de la personne qui le tient ou en détournant la tête et en fermant les yeux. — 2º Avoua (au revoir) ; on lui dit ce mot, et il le répète quand on le ramène dans la chambre des enfants et qu’on ferme la porte ; il cesse alors de nous voir, et probablement ce mot signifie pour lui disparition de quelqu’un, disparition de certaines figures qu’il connaît. — Nul autre mot ; il ne comprend pas les mots papa, maman, quoiqu’il les dise parfois en façon de ramage.

724. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Avant qu’on les eût consultés, avant qu’ils eussent répondu, avant que leur force d’opinion et leur force armée fussent arrivées à Paris, les coalisés pouvaient être à ses portes, les Vendéens aux portes d’Orléans, la république étouffée dans son berceau.” […] Veux-tu les recevoir d’un homme qui te rend justice et qui te porte une sincère commisération ? […] L’inscription de Propriété nationale, gravée sur la porte du Palais-Royal à la place de ses armoiries, lui fit comprendre que la république avait partagé ses dépouilles avant sa mort, et que ce toit et ces jardins n’abriteraient plus même ses enfants.

725. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Cela fait, la porte est ouverte à toutes les déductions. […] Ici, la controverse porte sur des milliers de points ; son bilan se chiffre en défaites sans nombre. […] Une circonstance due à la bonté de ces messieurs vint me confirmer dans ma vocation de philologue, et, à l’insu de mes excellents maîtres, entrebâiller pour moi une porte que je n’osais ouvrir moi-même. […] Qu’il clabaude tant qu’il voudra à la porte, il ne faut pas seulement dire : Qui va là ? 

726. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

On y voit au vrai les dispositions de Bernardin au moment où il quitte la Russie, ses préoccupations bien moins romanesques qu’on ne l’a supposé ; les premiers symptômes de l’écrivain encore inexpérimenté et qui veut poindre ; l’utopiste et l’homme à systèmes qui se trahit çà et là ; l’amoureux, assez peu enthousiaste d’ailleurs ; l’ami reconnaissant et fidèle ; le bonhomme qui rêve en tout temps une chaumière et le bonheur de la famille ; le délicat blessé et le misanthrope qui va s’ouvrir aux aigreurs ; puis, à la fin, l’écrivain tout d’un coup célèbre, mais qui garde de ses susceptibilités, et qui porte jusque dans ses scrupules de probité et dans le paiement de ses dettes d’honneur une application et une affectation minutieuses, un coin de maladie. […] Dans une fête où je me suis trouvé il y a deux jours, j’ai aperçu, parmi les gens qui se tenaient à la porte, un homme que j’ai cru reconnaître. […] Il s’appelle Favori et mérite le nom qu’il porte. […] La tranquillité de mon esprit a influé aussi sur ma santé ; je me porte mieux.

727. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

C’est vraiment charmant cette petite et rustique maison japonaise du Trocadéro, avec son enclos de bambous, sa porte aux grosses fleurs sculptées dans un bois tendre, ses petits arbres en paraphes d’écriture, ses parasols, sous l’ombre desquels se remuent des volatiles minuscules, ses resserres en essences joliment veinées : tout ce goût et tout cet art décoratif dans une habitation des champs. […] On se réunit, à quatre heures, dans un grand jardin, dont la porte reste ouverte, jusqu’à sept heures. […] Aujourd’hui, elle porte une robe rose, et sa longue et gracieuse personne fait un effet charmant dans la verdure foncée des chênes de la forêt en son marcher lent, en ses accroupissements légers, pour cueillir une fleur… Et la femme est, pour ainsi dire, toute vêtue de chasteté. […] * * * — Dans ce roman des « Frères Bendigo » ( Les Frères Zemganno), il y a quelques chapitres que j’écris avec le portrait de mon frère devant moi, il me semble que ça porte bonheur à mon travail !

728. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Pas de toit, le ciel pour plafond, le jour pour éclairage, une longue plate-forme de pierre percée de portes et d’escaliers et adossée à une muraille, les acteurs et le chœur allant et venant sur cette plate-forme qui est le logéum, et jouant la pièce ; au centre, à l’endroit où est aujourd’hui le trou du souffleur, un petit autel à Bacchus, la thymèle ; en face de la plate-forme, un vaste hémicycle de gradins de pierre, cinq ou six mille hommes assis là pêle-mêle ; tel est le laboratoire. […] Ayant les barbares aux portes, il importait de rester grecs. […] En sortant des pièces d’Eschyle, les hommes frappaient sur les boucliers pendus aux portes des temples en criant : Patrie ! […] Ici la masure d’une épopée, là une tragédie démantelée ; de grands vers frustes enfouis et défigurés, des frontons d’idées aux trois quarts tombés, des génies tronqués comme des colonnes, des palais de pensée sans plafond et sans porte, des ossements de poëmes, une tête de mort qui a été une strophe, l’immortalité en décombres.

729. (1772) Éloge de Racine pp. -

Il conçut que le plus grand besoin qu’apportent les spectateurs au théâtre, le plus grand plaisir qu’ils puissent y goûter, est de se trouver dans ce qu’ils voient ; que si l’homme aime à être élevé, il aime encore mieux être attendri, peut-être parce qu’il est plus sûr de sa faiblesse que de sa vertu ; que le sentiment de l’admiration s’émousse et s’affaiblit aisément ; que les larmes douces qu’elle fait répandre quelquefois sont en un moment séchées, au lieu que la pitié pénètre plus avant dans le coeur, y porte une émotion qui croît sans cesse et que l’on aime à nourrir, fait couler des larmes délicieuses que l’on ne se lasse point de répandre, et dont l’auteur tragique peut sans cesse rouvrir la source, quand une fois il l’a trouvée. […] Ajoutez à tous ces intérêts qui lui étaient contraires, cette disposition secrète qui, même au fond, n’est pas tout-à-fait injuste, et qui nous porte à proportionner la sévérité de notre jugement au mérite de l’homme qu’il faut juger. […] C’est là qu’elle l’attaque avec d’autant plus d’avantage, qu’elle peut cacher la main qui porte les coups. […] Ne vois-tu pas que les serpens que l’envie jette sur son passage, expirent à chaque pas que tu fais, tandis que ceux qu’elle porte dans son sein la rongent éternellement ?

730. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Ouvre-t-il aux grands et aux rois les portes de la mort, il semble voir derrière le seuil un comble de hauteur, qui est l’éternité, un gouffre sans fond, qui est le néant : là, il envoie tout ce qui est spirituel ; là, il plonge tout ce qui est terrestre. […] Cette dernière réflexion nous porte à nous féliciter des lumières nouvelles que le temps où nous vivons prête aux vrais philosophes pour étendre leurs connaissances. […] Aussi ne porte-t-il aucun faux jugement sur les passions, ni sur les vices contraires au sublime qu’il traite lumineusement. […] Or, puisqu’en effet la porte n’est jamais fermée au mauvais goût, comment craint-on de la lui ouvrir, en accueillant un genre intermédiaire, plus facile à traiter pour les talents ordinaires, ou qui s’y sentent portés ? […] (A) Adieu, adieu, Monsieur, je vois où cela va : fermons la porte du théâtre ; vous y introduisez la barbarie.

731. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

C’est pourquoi notre bâtiment de dedans ne vous apparaîtra point, parce qu’il y a un chérubin à notre porte qui en défend l’entrée avec une épée de feu, c’est-à-dire un anathème de notre mère l’Église… Le chevalier de Sévigné n’entra dans ce cloître, dans cette terre promise, qu’après sa mort37 ; il eut la faveur d’y être enterré. De son vivant, sa tribune à l’église était tout proche de la porte dite des Sacrements ; ce qui faisait que la mère Agnès, pour lui faire honneur, l’appelait le portier de Jésus-Christ.

732. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Un verset du psaume des pèlerins 588, « J’ai choisi de me tenir à la porte dans la maison de mon Dieu », semblait fait exprès pour eux. […] La police du temple appartenait aux Juifs ; un capitaine du temple en avait l’intendance, faisait ouvrir et fermer les portes, empêchait qu’on ne traversât l’enceinte avec un bâton à la main, avec des chaussures poudreuses, en portant des paquets ou pour abréger le chemin 607.

733. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il y a sous Louis XVI des pièces officielles qui commencent ainsi : « La sensibilité de mon cœur me porte à…, etc. » La Révolution fut le paroxysme, le déchaînement, l’éruption brûlante de la passion accumulée dans les cœurs, comme une lave volcanique, depuis plus d’un demi-siècle. […] Bernardin de Saint-Pierre est, comme lui, victime d’une sensibilité trop vive, et il le sait si bien qu’il fait cet aveu significatif : « Une seule épine me fait plus de mal que l’odeur de cent roses ne me fait de plaisir. » Il s’en plaint comme d’une infirmité qui lui a longtemps rendu insupportable le commerce des autres hommes : « Il m’était, dit-il, impossible de rester dans un appartement où il y avait du monde, surtout si les portes en étaient fermées.

734. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Dans la Légende du beau Pécopin (paragraphe XII, dernières lignes) au lieu de : une porte de métal, il faut lire : une porte de métail.

735. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Quant à nous, nous ne nous figurons la poésie que les portes toutes grandes ouvertes. […] Tout à coup le sublime passe, et la sombre électricité de l’abîme soulève subitement tout ce tas de cœurs et d’entrailles, la transfiguration de l’enthousiasme opère, et maintenant, l’ennemi est-il aux portes, la patrie est-elle en danger ?

736. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Premièrement où est le sens commun d’avoir accolé ces deux oiseaux-là, l’un destiné pour la cuisine du maître, l’autre pour la porte de son garde-chasse ? […] Celui qui est à gauche porte un carquois sur son dos.

737. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Enfin les melopées, par rapport à l’intention du compositeur, par rapport à l’effet qu’elles veulent produire, se peuvent diviser en melopée sistaltique, qui est celle qui nous porte à l’affliction ; en diastalstique, qui est celle qui nous égaye l’imagination, et qui nous anime ; et en melopée moïenne, qui est la melopée qui compose une melodie propre à calmer notre esprit en appaisant ses agitations. […] Le premier étoit, comme on va le voir, plus facile que l’autre, et la raison porte à croire que de deux arts qui ont à peu près le même objet, celui dont la pratique est la plus aisée, ait été trouvé le premier.

738. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Jamais — dans aucune administration de journaux — on ne vit porteur de ce jarret, matinal et infatigable, pas même quand Victor Hugo et son frère, ces demi-dieux, Castor et Pollux des portes cochères sous lesquelles ils apparaissaient tour à tour, alternaient, comme porteurs d’un journal qu’ils avaient fondé, et par la très excellente raison qu’à eux deux ils n’avaient qu’une paire de bottes ! […] Demandez-vous plutôt combien de jeunes talents, qui comptaient trouver dans cette Revue une porte ouverte vers le public, ont été révoltés, dégoûtés, démoralisés.

739. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

En ce premier volume, l’auteur n’est encore qu’à la porte de son sujet. […] Fustel de Coulanges, c’est le raisonnement historique, c’est le sens critique qu’il porte dans l’interprétation de tous les faits contemporains de son histoire.

740. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Caro a publié sur Saint-Martin, et qu’à la première page nous avons trouvé, à côté du nom de l’auteur, le titre toujours suspect jusqu’à l’inventaire des doctrines de celui qui le porte, « de professeur de philosophie », quand, à la seconde page, nous avons lu une dédicace à MM.  […] On ne le nommait pas partout par son vrai nom ; mais partout, du moins, il se sentait, et les esprits les plus matériels, les plus attachés aux angles des choses positives, portaient ses invisibles influences, comme on porte une température.

741. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

— se compose de six ou sept étoiles, et vraiment nous n’ayons guères davantage dans le livre qui porte ce nom. […] Ils mènent tout, portent les clés, ouvrent les portes, inventent les phrases, pleurent de s’être trompés, assurent qu’ils n’auraient jamais cru… Voici maintenant les drôles !

742. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

» Une autre de ces exhortations guerrières porte bien avec elle sa marque et son emploi. […] À la même époque, les Romains, à la fois instruments et victimes du pouvoir absolu, connaissaient mieux la haine instinctive que ce pouvoir porte au génie des lettres.

743. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Après avoir vainement frappé à la porte de ce magistrat, le solliciteur apprit que le seul moyen d’obtenir des audiences, c’était de faire un cadeau à sa femme. […] Il porte des cheveux noirs sous une perruque blonde et ronde. […] « Mmede Rochefort, au lieu de se fâcher, prit sur elle, en l’absence de son père de passer à la porte de toutes ces dames. […] Ils nous battent, nous tuent, nous pillent, se retirent en gardant deux de nos provinces et demeurent campés à nos portes, menaçants et inassouvis. […] La porte de rayons dans les cieux reste close ; Et sur la terre en deuil pas un laurier ne sent La sève lui venir de tous ces flots de sang.

744. (1888) Impressions de théâtre. Première série

La Comédie française a rouvert ses portes lundi dernier. […] Notez que Célimène est chez elle, et qu’elle ne les met pas à la porte. […] Ces trois mots réunis : « Thésée, duc d’Athènes », ouvrent toute grande la porte du rêve. […] Un jour, Beppo, mis à la porte par la marquise Fideline, tombe sur son ami Troppa. […] » et il songe en refermant la porte : « Pauvre petite femme ! 

745. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lebrun, Pierre (1785-1873) »

Il est bien, en effet, un poète de transition et de l’époque intermédiaire, en ce sens qu’il unit en lui plus d’un ton de l’ancienne école et déjà de la nouvelle ; mais, ce que je prétends, c’est que ce n’est nullement par un procédé d’imitation ou par un goût de fusion qu’il nous offre de tels produits de son talent, car il est, il a été poète, sincèrement poète, de son cru et pour son propre compte ; il en porte la marque, le signe, au cœur et au front : il a la verve.

746. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villeroy, Auguste »

Le peuple alors se rebelle, et Théodore lui-même, pour l’apaiser, le mène ouvrir aux Barbares les portes de Chrysopolis.

747. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

Comme les Philosophes, toujours attentifs à décrier tout ce qui ne porte pas leur livrée, ont pris prétexte de ce dernier Ouvrage de M.

748. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Il n’est pas pardonnable d’ignorer ce qu’a fait dans ce siécle pour la réformation de la justice l’immortel Fréderic : le Code qui porte son nom ;, est un livre à lire & à méditer.

749. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

Elle porte, comme on le voit, sur un objet nettement délimité.

750. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

L’école romantique avait forcé les portes de l’Académie, mais sans entrer en masse et tout d’un flot : la porte s’ouvrait ou plutôt s’entrebâillait de temps en temps, puis se refermait pour ne se rouvrir que d’intervalle en intervalle. […] Il promet à Éva de lui lire ses propres poèmes, assis tous deux au seuil de la maison roulante : Tous les tableaux humains qu’un Esprit pur m’apporte S’animeront pour toi quand, devant notre porte, Les grands pays muets longuement s’étendront. […] La forme est idéale toujours ; mais elle a comme sa trempe d’amertume ; le vase porte, cette fois, les marques de la flamme. […] Je m’instruirai à penser comme vous, si je ne puis agir aussi grandement… » Cette lettre, qui porte la date du 5 septembre 1766, avec désignation du lieu : « King’s Bench, in State-House, number 7 », est signée « Jean-René de Vigny, ancien mousquetaire et officier dans une des compagnies de la garde du roi de France. » Le nom n’est précédé d’aucun titre. — (Et, jusqu’à preuve du contraire, je soupçonnerais ce titre de comte de ne s’être joint au nom de De Vigny qu’à dater de 1814 : je ne propose, au reste, ce cas de généalogie nobiliaire que parce qu’il ne me paraît pas parfaitement résolu, et que j’ai vu le même léger doute à d’autres que moi.)

751. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Écoutez quelques mots de ce dialogue à portes closes entre deux amis sur leurs ouvrages, et même sur leurs ébauches les plus secrètes. […] Le silence règne sur la place et dans les rues, les habitants de la maison se rassemblent autour de la lumière, et la porte de la ville roule sur ses gonds. […] Quand j’arrivais à la porte du chapitre, je regardais à travers le trou de la serrure jusqu’à ce qu’on m’eût ouvert. […] On ne monte pas plus haut que certaines pages extatiques de Faust : plus haut, l’air raréfié ne porte plus l’homme ; mais il y a de grandes raisons de penser que, si la nature n’enfante pas souvent une individualité poétique de la force de Goethe, la littérature allemande dans son ensemble retrouvera une période de splendeur égale à la période qui porte le nom de Goethe.

752. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Si un moment les dogues qui font la garde à la porte de l’ergastulum se relâchaient de leur violence, malheur ! […] Il faut partir de ce principe que l’homme ne naît pas actuellement bon, mais avec la puissance de devenir bon, pas plus qu’il ne naît savant, mais avec la puissance de devenir savant, qu’il ne s’agit que de développer les germes de vertu qui sont en lui, que l’homme ne se porte pas au mal par son propre choix, mais par besoin, par de fatales circonstances, et surtout faute de culture morale. […] Il ne s’agit donc plus de dire : « À la porte, les barbares !  […] Les grands sont placés trop haut pour qu’il leur porte envie : la jalousie n’a lieu qu’entre égaux. […] Moi qui suis cultivé, je ne trouve pas de mal en moi, et spontanément, en toute chose, je me porte à ce qui me semble le plus beau.

753. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Une visite à un oncle, et une visite à notre vieille cousine de Courmont, habitant un logement d’ouvrier et assise dans le courant d’air de la porte à la fenêtre. […] Il nous dit : « Quand les femmes vont quelque part, elles apportent de petites machines pour travailler, faire un bout de tapisserie, du crochet… Eh bien, moi, j’ai inventé une petite mécanique fort simple pour trouver des intégrales, que je porte toujours. […] Elle est toujours une petite merveille, la serre, avec ses mansardes en œil-de-bœuf et ses statues fantaisistes aux pieds dans la gouttière, avec le fronton de sa porte représentant une face au gros rire jaillissant d’une fraise, un chapeau à plumes sur la tête, une moustache en l’air, une moustache en bas, et avec encore les trumeaux des fenêtres, les trumeaux où tous les symboles gais, tous les instruments sonnants de la fête et de la joie, tous les outils du plaisir, sculptés de verve et en plein relief, semblent le Memento vivere muet d’un autre siècle. […] Quel est, demandai-je, ce portrait au-dessus de la porte, ce vieillard aux traits finauds, en jabot, en habit brun aux boutons d’acier, en perruque ? […] Pas un palais, des fleurs, des eaux chantantes, un entour féerique, des peintures, des femmes nuagées de gaze : ce qui invitait, et qui conviait et qui allumait les sens de l’antiquité, tout cet art magnifique enfin, ouvrant la porte du lupanar romain.

754. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Évidemment, et cela est généralement admis, une œuvre d’art n’est telle que par ce qu’elle ajoute ou ôte à la réalité, par la marque qu’elle porte du tempérament de l’artiste, par le caractère qu’il exalte en elle de façon à la rendre mieux ordonnée, plus émouvante, concentrée et une que ne le sont les faits vrais à l’état brut où l’homme non artiste les perçoit. […] Nous avons pu déterminer ainsi quelles atteintes l’excès de cette faculté porte aux autres ; comme elle rend la connaissance plutôt partielle et incomplète que fausse, comment elle supprime par contre presque toutes les idées générales et toute notion d’analyse, comment elle exagère la faculté d’expression, comment elle porte aux éclats et à l’outrance, l’impression de certitude et d’infaillibilité qu’elle donne à celui qui l’éprouve. […] Par métier encore, la déformation qu’il s’accoutume à faire subir au réel, le porte à le mépriser, à concevoir d’abstraction en abstraction quelque chose d’idéal, de plus grand et de plus transportant, à vivre dans nue sphère astrale, loin de ce globe en terre, devenu, par comparaison, imparfait et détesté. […] « Le cheval de l’Apocalypse, dit Balzac, est limage visible de l’intelligence humaine moulée par la mort, car elle porte en elle son principe de destruction. » Combien cela est vrai, pour les artistes, nous venons de le voir Par le développement excessif de certaines énergies cérébrales, ils sont tous entraînés et la plupart emportés à un pessimisme qui attriste autre chose que leurs livres.

755. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Connaîtriez-vous point, frère, dans une rue Déserte, une maison sans porte, à moitié nue ; Près des barrières, triste ; — on n’y voit jamais rien, Sinon un pauvre enfant fouettant un maigre chien ; Des lucarnes sans vitre, et par le vent cognées. […] ………………………… Sur la porte Pendait un vieux tapis de laine rousse, en sorte Que le jour en tout point trouait le canevas ; Pour l’écarter du mur, Paez leva le bras. […] C’est une scène de mascarade à la porte d’un bal public pendant une nuit de carnaval. […] On voit la porte du bal masqué, on entend la musique folle de la danse, mais dans cette musique il y a un sanglot ; le sanglot demande comme Desdemona un saule pleureur sur une tombe. […] Ne frappe-t-on pas à ma porte ?

756. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Le goût aussi qui nous porte vers tel ouvrage contemporain et nous éloigne de tel autre est-il bien libre ? […] Et chacun a une belle affiche blanche à la porte de sa maison. […] Au coup de minuit, un squelette frappa à la porte du manoir et mit les valets en fuite. […] Au coucher du soleil, il frappait à la porte de son château. […] Le voyageur, qui n’a jamais vu de rame, prend pour un πτύον la rame qu’Ulysse porte sur son épaule.

757. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Bertrand est un art tout intellectuel, si la construction de ces romans nous paraît si artificielle, apparente et naïve, ce nous est un signe que l’auteur est entré dans son art par la porte critique, la porte de corne. Son art en peut souffrir, mais sa critique en bénéficie, car il nous parle d’un art qu’il connaît et qu’il pratique, et cette critique passe bien par la porte qui s’ouvrit à Fromentin, celle de la compétence professionnelle, porte d’ivoire. […] La France est une synthèse du Nord et du Midi ; elle porte sur le Nord et le Midi comme un homme sur ses deux jambes. […] La critique d’artiste porte sur les artistes et les éclaire. Elle porte aussi sur la nature de l’art, du génie, qu’elle nous rend sensible par l’exemple même.

758. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

« Cette nuit encore, comme la fatigue avait écarté de moi le sommeil, j’ouvris à l’aube la fenêtre du grenier où je reçois l’hospitalité comme les voyageurs d’Homère : à travers le feuillage pâle des oliviers, j’apercevais les eaux du port, le double rocher qui en ferme l’enceinte, et derrière eux le mont Nérite que ne couronnent plus, comme au temps d’Ulysse, de vertes forêts… Aucun bruit ne troublait le silence de la nuit… Peu à peu l’aurore éclaira de lumières plus vives ce paysage si simple et si calme, les coqs chantaient, et des portes entrouvertes, les gens du faubourg s’en allaient lentement achever la vendange dans les champs de pierres où le vieux Laërte cultivait de ses mains de jeunes arbres… « Adieu ! […] Daveluy, à la Légation, ou dans la société du seul membre de l’École qui l’habite encore porte à porte avec moi, M.  […] Nous avons ici un très beau moulage de la célèbre porte de Ghiberti. […] Les conséquences suivent de soi : comment tout l’homme n’inclinerait-il pas insensiblement, même au prix de quelques concessions, du côté où le talent qu’il porte trouve son espace, sa nourriture, son air et son soleil ? […] Il le rappelait assez ingénument lorsque, présentant le premier de ces deux volumes au concours de l’Académie et ayant cru devoir faire visite à quelques-uns de ses juges, il écrivait : « (31 décembre 1866.)… J’ai profité de l’intervalle de mes leçons pour aller frapper aux portes ; mais Bossuet m’a jusqu’à présent porté bonheur.

759. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Un des plus remarquables drames de la littérature moderne, — les pages simples dans lesquelles Loti représente Gaud attendant son homme le marin, qui tarde à revenir, — ne se compose pour ainsi dire que d’événements psychologiques : des espérances qui tombent l’une après l’autre, puis, une nuit, un coup frappé à la porte par un voisin. […] C’est d’abord l’évasion de Carmen suivie de l’emprisonnement du dragon : « Dans la prison, je ne pouvais m’empêcher de penser à elle… Ses bas de soie tout troués qu’elle me faisait voir tout entiers en s’enfuyant, je les avais toujours devant les yeux… Et puis, malgré moi, je sentais la fleur de cassie qu’elle m’avait jetée, et qui, sèche, gardait toujours sa bonne odeur. » C’est la dégradation, c’est la faction humiliante comme simple soldat, à la porte du colonel, un jour où précisément Carmen vient danser dans le patio : « Parfois j’apercevais sa tête à travers la grille quand elle sautait avec son tambour. » C’est la journée folle chez Lillas Pastia. […] Ce dernier est, comme on l’a mainte fois remarqué, merveilleux dans l’analyse psychologique ; mais sa psychologie porte tout entière sur les idées parfaitement conscientes de ses personnages, non sur les mobiles obscurs du sentiment. […] Jean Valjean porte le seau trop plein de Cosette ; la petite marche à ses côtés, il lui parle : — Tu n’as donc pas de mère ? […] Dans la réalité, l’homme supérieur ne porte aucune étoile au front, il ne brandit pas au-dessus de sa tête, à la façon de certains héros de roman, et ainsi qu’une lame d’épée brillante et tranchante, cette supériorité ; c’est tout au plus si on la devine parfois au fond de son regard ; il la prouve, et voilà tout.

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