Marie, la gentille brune aux dents blanches, aux yeux bleus et clairs, l’habitante du Moustoir, qui tous les dimanches arrivait à l’église du bourg, qui passait des jours entiers au pont Kerlo, avec son amoureux de douze ans, à regarder l’eau qui coule, et les poissons variés, et dans l’air ces nombreuses phalènes dont Nodier sait les mystères ; Marie, qui sauvait la vie à l’alerte demoiselle abattue sur sa main ; qui l’hiver suivant avait les fièvres et grandissait si fort, et mûrissait si vite, qu’après ces six longs mois elle avait oublié les jeux d’enfant et les alertes demoiselles, et les poissons du pont Kerlo, et les distractions à l’office pour son amoureux de douze ans, et qu’elle se mariait avec quelque honnête métayer de l’endroit : cette Marie que le sensible poëte n’a jamais oubliée depuis ; qu’il a revue deux ou trois fois au plus peut-être ; à qui, en dernier lieu, il a acheté à la foire du bourg une bague de cuivre qu’elle porte sans mystère aux yeux de l’époux sans soupçons ; dont l’image, comme une bénédiction secrète, l’a suivi au sein de Paris et du monde ; dont le souvenir et la célébration silencieuse l’ont rafraîchi dans l’amertume ; dont il demandait naguère au conscrit Daniel, dans une élégie qui fait pleurer, une parole, un reflet, un débris, quelque chose qu’elle eût dit ou qu’elle eût touché, une feuille de sa porte, fût-elle sèche déjà : cette Marie belle encore, l’honneur modeste de la vallée inconnue qu’arrosent l’Été et le Laita, ne lira jamais ce livre qu’elle a dicté, et ne saura même jamais qu’il existe, car elle ne connaît que la langue du pays, et d’ailleurs elle ne le croirait pas.
Mais que ces révélations, d’ordinaire fugitives et rares, se succèdent et se reproduisent incessamment dans une âme ; qu’elles se mêlent à toutes ses idées et à toutes ses passions ; qu’elles jaillissent, éblouissantes et lumineuses, de chaque endroit où se porte la pensée, des récits de l’histoire, des théories de la science, des plus vulgaires rencontres de la vie ; que, cédant enfin à ces innombrables sensations qui l’inondent, l’âme se mette à les répandre au dehors, à les chanter ou à les peindre, là est le signe, là commence le privilège du poète. […] Au milieu de l’énumération des peuples soumis à Napoléon, à côté du Mameluk, du Turc, il mettra le Polonais qui porte une flamme à sa lance .
qu’il les garde jusqu’à ce que tes crimes soient mûrs, et qu’alors il précipite son indignation sur toi, le perturbateur de la paix du pauvre monde … » Voilà le lien de la pièce et comme l’âme : cette malédiction, qui porte avec elle une puissance fatale, ira s’accomplissant à travers le drame, jusqu’à ce que, toutes les victimes marquées par elle étant épuisées, leurs spectres se présentent au seul qui reste, à leur assassin, Richard III, et l’avertissent que son heure est venue. […] Il était bien le même soleil, et au même instant précis de sa durée sans fin ; là pourtant il avait une couleur très différente ; se tenant plus haut dans un ciel bleuâtre, il éclairait d’une douce lumière blanche la grand’mère Yvonne, qui travaillait à coudre, assise sur sa porte.
Il fait un autre effort : il prend dans sa maison, comme petite bonne, une orpheline assez mal élevée, qu’il est bientôt obligé de mettre à la porte. […] Le dilettantisme commence par être un plaisir et, quand il devient ensuite une cause de souffrance, il porte en lui-même son remède.
. — Et après ce double Vernissage, sauvé parce que Paris n’a pas d’autre fête entre l’Hippique et le Derby, on mettrait la clef sous la porte du Salon. » Je ne contresignerai pas l’excentrique proposition que me recommande Chincholle, avec son dilettantisme aigu. […] Selon les hasards de la vie il s’accrochera à l’Institut et ne fera que poncif, ou à la Révolution et ne fera que violent. — Pour tous ceux qui ont du talent, il faut ouvrir les portes.
C’est par-là qu’il fait passer ce propos populaire, arrive en trois bateaux ; on pardonne ce trait en faveur de 146 l’argent qu’on rendra à la porte. […] Je ne sais comment La Fontaine a pu faire une aussi mauvaise petite pièce sur un sujet de morale si heureux : tout y porte à faux.
Elle a, je crois, et sauf erreur, débuté dans la Revue des Deux-Mondes, cette portière qui n’ouvre pas sa porte, mais toutes les portes de la publicité, et même celle de l’Académie et de la Revue des Deux-Mondes, Mme Gréville est allée… où elle a voulu, et elle s’est mise à écrire comme une femme qui s’est tue longtemps, se met à parler, sous l’impulsion d’une effroyable indigestion de paroles accumulées.
C’est un de ces sujets, longtemps obscurs, qu’on n’avait pas aperçu d’abord en se promenant sous les voûtes muettes de l’Histoire, et qu’on découvre comme une porte basse à la sinistre physionomie, comme la première marche d’un monstrueux escalier qui va nous conduire à quelque chose d’épouvantable et d’inconnu ! […] Puis, quand elle l’eut bien cerné, enveloppé, garrotté presque d’assassins postés à toutes les portes du palais dont il fallait sortir, elle attendit cette sortie inévitable, — qui eut lieu enfin, et elle se vengea en buvant lentement sa vengeance.
Après la caractéristique du génie de Villon, si vite aperçue et mise en lumière, après les sources morales cherchées et découvertes à travers l’œuvre d’un porte qui a bu toutes les hontes, comme il le dit de lui-même, et qui a tant de parties grossières, mais où le talent brille encore tout en se déshonorant, vient la tâche plus facile de l’appréciation littéraire de l’œuvre entière de Villon, et M. […] Campaux l’a bien compris, — mais il n’insiste pas assez sur ce hiatus dans les facultés de Villon, tant il craint de froisser rudement l’admiration qu’il lui porte.
On fait sur le goujat des livres… de goujat… et la société, qui porte à présent la tête en bas, comme le porc, boit cette boue comme du lait ! […] Le reptile révolutionnaire s’était glissé jusque sous la porte des couvents.
Le pain qui le soutenait n’était pas celui qu’on lui rompait aux portes et qu’il partageait avec les pauvres qu’il rencontrait : c’était le pain eucharistique, qui, pour ceux qui croient à ce dont il est fait, donne plus de force à un homme que s’il lui versait des fleuves de vie et de sang pourpre dans les veines. […] Il y avait pourtant un bon bâton à nœuds derrière la porte de l’Univers.
Dans ce volumineux factum en faveur des mauvais ménages, et dans lequel il quêtait pour eux le divorce à la porte du gouvernement, on reconnaît à peine le Dumas auquel nous étions accoutumés. […] Nous pouvons, nous qui croyons à l’immortalité de l’Église, supporter un ennemi de plus à cette Église contre laquelle les portes de l’enfer et les portiers de ce temps ne prévaudront pas.
Le docteur Favrot, qui n’ignore pas combien tous les genres de badauds se prennent aux bagatelles de la porte, n’a pas manqué les bagatelles funéraires de la porte de ce cimetière du genre humain qu’il a voulu nous faire parcourir.
Dans ces Mémoires de Lamartine, il n’y a que le jeune homme vêtu de noir d’Alfred de Musset ; le mystérieux rêveur, qui porte son rêve comme un verre plein, sans le répandre ; enfin, le jeune homme inconnu qui n’a que sa jeunesse : Mais qui sera Virgile un jour ! […] Il y a Lamartine, et partout où il est et où il se porte, c’est Lamartine tout entier.
— La curiosité de l’incertain qui veut savoir et qui rôde toujours sur la limite de deux mondes, le naturel et le surnaturel, s’éloignant de l’un pour frapper incessamment à la porte de l’autre, qu’elle n’ouvrira jamais, car elle n’en a pas la clef ; et la peur, terreur blême de ce surnaturel qui attire, et qui effraye autant qu’il attire ; car, depuis Pascal peut-être, il n’y eut jamais de génie plus épouvanté, plus livré aux affres de l’effroi et à ses mortelles agonies, que le génie panique d’Edgar Poe ! […] Edgar Poe répond donc seul à l’histoire de sa destinée, et le poids qu’il porte devant elle ne peut être allégé par rien.
Du moins, elle ne porte pas la plaque. […] fit M… en riant, ne te désole pas ; avant la chasse, ça porte bonheur. […] Foy et tous ses confrères les gaudissarts de l’hymen, qui servent de trait-d’union entre les âmes qui se cherchent, ont fait poser une sonnette de nuit à la porte de leurs cabinets d’affaires. […] Rencontrant par hasard le marquis de B…, ***, qui brûle de l’impertinent désir d’être présenté dans le véritable monde, demandait assez cavalièrement au marquis de lui en ouvrir la porte. […] On a toutes les peines du monde à les mettre à la porte.
Bruzen porte particuliérement sur qui concerne les Belles-Lettres, annoncent un discernement éclairé, & un goût presque toujours sain.
Représentons-nous les gais causeurs, les hommes de verve et de mimique excellente que nous avons connus ou que nous possédons, ceux qui, dans une soirée, les portes closes, en parodiant ou nos auteurs, ou nos orateurs, ou nos simples bourgeois, nous font rire aux larmes, — Henry Monnier, Vivier, feu Romieu, Méry le conteur, et toi aussi, aimable Alfred Arago ! […] Quoi qu’il en soit, l’action ne porte que sur une pointe d’aiguille ; Piron a su soutenir et animer l’ensemble par d’heureux incidents, et surtout par une verve continue de dialogue. […] Il faut faire entrer dans notre être tous les modes imaginables, ouvrir toutes les portes de son âme à toutes les sciences et à tous les sentiments ; pourvu que tout cela n’entre pas pêle-mêle, il y a place pour tout le monde. […] Nous logeons tous les trois porte à porte. […] Il y porte aussi de l’âcreté, et il a plus de mordant que de délicatesse96.
Enfin nous sommes à la porte. […] Et je vois, par une fente de la porte de notre loge, dans le corridor, une femme de la dernière élégance, assise sur une marche d’un escalier, et qui écoutera sur cette marche les deux discours. […] Sur les portes, des concierges balayent avec des calottes de turcos. […] Par une porte intérieure, bientôt, une femme, à l’aspect d’une cabotine humble, a fait son entrée. […] Je la forçai, et au moment où je passai la figure que je vous disais, par la porte entrouverte, le Roi en conférence avec Soult, me jeta : « Tout est arrangé…, on a pleuré !
Encore le passé où nous remontons ainsi est-il glissant, toujours sur le point de nous échapper, comme si cette mémoire régressive était contrariée par l’autre mémoire, plus naturelle, dont le mouvement en avant nous porte à agir et à vivre. […] La découverte récente de fibres perceptives centrifuges nous inclinerait à penser que les choses se passent régulièrement ainsi, et qu’à côté du processus afférent qui porte l’impression au centre, il y en a un autre, inverse, qui ramène l’image à la périphérie. […] La lésion porte-t-elle bien, comme nous le disions, sur les mécanismes sensori-moteurs de l’attention automatique dans le premier cas, sur les mécanismes imaginatifs de l’attention volontaire dans l’autre ? […] Le mouvement confus qui imite l’image en est donc déjà la décomposition virtuelle ; il porte en lui, pour ainsi dire, de quoi s’analyser. […] Mais on hésitera à comprendre ainsi le mécanisme de l’interprétation, à cause de l’invincible tendance qui nous porte à penser, en toute occasion, des choses plutôt que des progrès.
Un spectateur (ou qui voulait l’être, et qui n’a pu obtenir de billet à la porte) a fait incontinent un procès à la Comédie française.
Ainsi nul œil, Ulric, n’a pénétré les ondes De tes douleurs sans borne, ange du ciel tombé ; Tu portes dans ta tête et dans ton cœur deux mondes, Quand le soir, près de moi, tu viens triste et courbé.
Ceux par lesquels il commence sa Didon, ne sont pas irréprochables ; mais on en a fait de nos jours de plus mauvais : Grands Dieux, qui disposez de l’Empire du Monde ; Toi, qui portes en main le tonnerre qui gronde, Jupiter, ennemi du Peuple Phrygien, Qui fait que notre Troie à present n’est plus rien, &c.
La frise des Muses, dont chacune porte piquée dans sa chevelure une plume prise aux ailes des sirènes vaincues, est extrêmement belle. […] William O’Brien porte le costume de la prison, dorme sur un lit de planches, et soit soumis à d’autres traitements indignes. […] Et pour lui je me suis taillé des battants de porte, bien assujettis à leur place. […] Tient-il à ce qu’on y porte remède ? […] — Celui-ci, c’est notre cas le plus marqué, dit un médecin en ouvrant la porte de la cellule à l’un des inspecteurs des aliénés.
Celui-là, c’est Montmartre, Montmartre tout entier qui prend le frais à sa porte, c’est Aristide Bruant, l’auteur de Saint-Lazare , né à Courtenay (Loiret), le 6 mai 1851. » [Cité dans Les Chansonniers de Paris (1895).]
Il porte au cœur l’amour de la vaillante et glorieuse province ; aussi la célèbre-t-il dignement en prose dans l’article intitulé : Ave, Picardia Nutrix ; en vers, dans la pièce intitulée : À ceux de Picardie… [Revue du Nord (1er mars 1895).]
Sainte-Beuve C’eut été peut-être une indiscrétion à moi, mais qu’on aurait excusée, de parler encore d’un petit recueil, d’une plaquette qui ne porte que ce titre unique, ΨΥΧΗ (Âme), et dont la poésie naturelle, coulant de source, a quelque chose de la fraîcheur d’une fontaine rustique.
Ils allerent une nuit d’hiver frapper à la porte de M.
Mortels, qui commencez ici-bas votre cours, Je ne vous porte point d'envie, Votre sort ne vaut pas le dernier de mes jours.
Lui, il porte à la guerre un dégagé qui rehausse la valeur et lui donne une sorte de bon goût. […] Vous vous croyez au dernier degré ; mais le prince de Ligne qui ne se contente pas à peu de frais, et qui porte dans cette grâce et dans cette félicité sociale quelque chose de ce feu, de cette poésie vivifiante que nous lui avons vu mettre dans les entreprises de guerre, dira en complétant son modèle et en nous laissant par là même son portrait : Si, ajouté encore à cela, on inspire l’envie de se revoir, si l’on y fait trouver un charme continuel, si l’on a une grande occupation des autres, un grand détachement de soi-même, une envie de plaire, d’obliger, de prendre part aux succès d’autrui, de faire valoir tout le monde ; si l’on sait écouter ; si l’on a de la sensibilité, de l’élévation, de la bonne foi, de la sûreté, et un cœur excellent ; oh ! alors on porte le bonheur dans la société où l’on vit, et l’on est sûr d’un succès général.
Toutes les carrières sont ouvertes à tous, et une ambition, louable dans son principe quand elle n’est pas trop en disproportion avec les moyens et qu’elle s’appuie sur d’honnêtes efforts, porte chacun à se pousser, à s’élever, ou du moins à pousser les siens et à porter ses enfants là où l’on n’a pas atteint soi-même : de là bientôt un concours de tous dans les mêmes voies d’études et vers un petit nombre de professions plus particulièrement en estime ; de là l’encombrement de quelques carrières. […] Peu à peu cependant, à mesure que la mode des perruques et celle des coiffures élégantes prévalut, les gens comme il faut perdirent l’habitude de mettre leur chapeau pour ne point déranger l’édifice artificiel ou la poudre de leur chevelure ; les parapluies commencèrent à faire l’office du chapeau ; cependant on a continué de considérer celui-ci comme une part si essentielle de la toilette, qu’un homme du monde n’est point censé habillé sans en avoir un ou quelque chose d’approchant, qu’il porte sous le bras ; si bien qu’il y a quantité de gens polis dans toutes les cours et les capitales d’Europe qui n’ont jamais, eux ni leurs pères, porté un chapeau autrement que sous le bras, quoique l’utilité d’une telle mode ne soit aucunement évidente, et que ce soit même très gênant. […] quoique notre état social ait complètement changé depuis mille ans, quoique les portes de la science aient été enfoncées par les laïques, c’était encore, il y a cinquante ans, la méthode ecclésiastique que l’on suivait dans l’éducation, et il fallait une révolution comme celle de 89 et un homme comme Napoléon pour élever au-dessus des langues mortes les sciences physiques et mathématiques qui doivent être le but de notre société actuelle, car elles forment des travailleurs au lieu de créer des oisifs.
Cette maison, entièrement reconstruite, porte le n° 96 sur la rue Saint-Honoré, et le n° 2 sur la rue des Vieilles-Étuves. […] » Le centre d’un panneau est occupé par un de ces meubles en forme de buffet, si recherchés aujourd’hui, dans lesquels on renfermait les objets les plus précieux et qu’on désignait sous le nom de cabinet ; celui de Marie Cressé est en bois de noyer marbré, à quatre portes ou guichets fermant à clef, et « garni par dedans de satin de Bruges. […] Malgré de très légères erreurs qu’un des rivaux les plus compétents et non des moins malins s’est amusé à y relever, et qui me prouvent précisément combien il y a peu à y reprendre, elle est généralement irréprochable sur tous les faits essentiels, et elle porte avec elle, sur l’œuvre et le caractère du grand comique, toutes les circonstances élevées et justes qu’on peut désirer.
Chacun, quoi qu’il fasse, y porte son intérêt le plus fin, je veux dire son idéal secret, composé du moi subtilisé, quintessencié, poussé au plus haut degré et au sublime. […] — La critique dès qu’elle est sincère, porte avec elle ses inconvénients. […] L’austère abbaye avait à sa porte le village des Petits-Soins.
Gavarni veut-il nous montrer la fin et l’issue d’un combat de boxeurs, c’est d’abord le vaincu, celui qui est resté sur le carreau : on l’emporte pâle, étendu, la tête renversée, sans connaissance et comme prêt à rendre le dernier soupir ; vous tournez la page et vous voyez le vainqueur : celui-ci, on ne l’emporte pas ; il est debout, on le porte ; deux camarades ont besoin de toute leur force pour le soutenir ; éborgné, fracassé, démoli, croulant, il lui faudra bien des jours pour se refaire, s’il y parvient jamais. […] C’est une aquarelle rehaussée et compliquée qui porte sur du fusain, et qui se fortifie de tons crayeux ; à première vue, on dirait presque un Decamps. […] Il porte des lunettes, mais elles sont relevées sur son front et ne lui servent guère : d’ailleurs il est borgne.
Le cheveu est légèrement poudré : elle porte sur la tête une pointe de dentelle noire, une sorte de petit fichu dit fanchonnette. […] La reine, qui a une magnifique robe à ramages, porte sur les épaules le grand manteau royal de velours bleu semé de fleurs de lis d’or, et dont la doublure d’hermine roule à ses pieds : derrière elle, le fauteuil du trône. […] Le Dauphin et Mesdames ont en elle une confiance d’enfants mal élevés… » D’Argenson veut dire que cette confiance les porte à médire en petit comité de leur père et de ses maîtresses.
Cela joint à la porte par où il a plu à Sa Majesté de me faire voir que j’en sortirai, me fait souffrir ma détention avec une bien facile patience. » La porte dont il parle était son brevet de maréchal de camp, déjà signé depuis quelques jours, et ce gouvernement d’importance. […] Sa lettre à Louvois du 2 octobre, porte la marque de cette sollicitude, et en même temps il plaisante du peu que cela lui a coûté : « Les troupes que j’ai conduites ont passé, dit-il, sans aucun désordre.
Mais le grand poète, d’après ce que je viens de dire, ne doit pas être doué seulement d’une mémoire vaste, d’une imagination riche, d’une sensibilité vive, d’un jugement sûr, d’une expression forte, d’un sens musical aussi harmonieux que cadencé ; il faut qu’il soit un suprême philosophe, car la sagesse est l’âme et la base de ses chants ; il faut qu’il soit législateur, car il doit comprendre les lois qui régissent les rapports des hommes entre eux, lois qui sont aux sociétés humaines et aux nations ce que le ciment est aux édifices ; il doit être guerrier, car il chante souvent les batailles rangées, les prises de villes, les invasions ou les défenses de territoires par les armées ; il doit avoir le cœur d’un héros, car il célèbre les grands exploits et les grands dévouements de l’héroïsme ; il doit être historien, car ses chants sont des récits ; il doit être éloquent, car il fait discuter et haranguer ses personnages ; il doit être voyageur, car il décrit la terre, la mer, les montagnes, les productions, les monuments, les mœurs des différents peuples ; il doit connaître la nature animée et inanimée, la géographie, l’astronomie, la navigation, l’agriculture, les arts, les métiers même les plus vulgaires de son temps, car il parcourt dans ses chants le ciel, la terre, l’océan, et il prend ses comparaisons, ses tableaux, ses images, dans la marche des astres, dans la manœuvre des vaisseaux, dans les formes et dans les habitudes des animaux les plus doux ou les plus féroces ; matelot avec les matelots, pasteur avec les pasteurs, laboureur avec les laboureurs, forgeron avec les forgerons, tisserand avec ceux qui filent les toisons des troupeaux ou qui tissent les toiles, mendiant même avec les mendiants aux portes des chaumières ou des palais. […] Elle chercha pour elle et pour son enfant un asile et un protecteur de porte en porte.
Puis « il se lance comme un insensé et va heurter les portes tout en vociférant ». […] Et quand la foule veut chasser quelqu’un d’une place publique, elle crie : « À la porte ! à la porte !
Elle porte le coloriage amusant de nombreux latinismes. […] Mais les lumières de l’Orient brillent d’enthousiasme et s’étonnent qu’avec tant de grâce on porte tant de science. […] Ton esprit s’arrête toujours aux bagatelles de la porte.
On sent que cette simple enfant porte en elle toutes les qualités de nature qui font que la femme prudente est la providence du foyer. […] Force est de descendre de cheval et de cheminer à tout hasard, Germain tenant la bête par la bride, tandis que Marie porte le petit Pierre endormi, qu’elle enveloppe dans sa cape du mieux qu’elle peut. […] Mme Sand, même quand elle se mêle d’idylle, n’y porte pas naturellement la douceur et la suavité tendre d’un Virgile ou d’un Tibulle : elle y fait encore entrer de la fierté.
« Il n’y a point d’écrivain, a-t-on dit judicieusement, plus propre à rendre le pauvre superbe. » Malgré tout, en le considérant ici, nous lâcherons de ne pas trop nous ressentir nous-même de cette disposition comme personnelle qui porte de bons esprits à lui en vouloir dans les circonstances pénibles que nous traversons. […] Qu’on se rappelle cette nuit qu’il passe à la belle étoile au bord du Rhône ou de la Saône, dans un chemin creux près de Lyon : Je me couchai voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse ; le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres ; un rossignol était précisément au-dessus de moi, je m’endormis à son chant ; mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage. […] Le pittoresque de Rousseau est sobre, ferme et net, même aux plus suaves instants ; la couleur y porte toujours sur un dessin bien arrêté : ce Genevois est bien de la pure race française en cela.
» Il aime à parler, en toute rencontre, de l’homme bien né, de la beauté du naturel, qui nous porte au bien. […] Vauvenargues, sous une forme plus modeste, porte dans la morale quelque chose du génie vaste et conciliateur qu’on admire chez Leibniz, et que lui il n’a pas eu le temps de développer et d’étendre dans tout son jour. […] » Il a résumé toute sa théorie à cet égard dans ce mot si souvent cité, et qui, déjà dit par d’autres13, restera attaché à son nom, comme au nom de celui qui était le plus digne de le trouver et de le dire : « Les grandes pensées viennent du cœur. » Comme critique littéraire, et dans les jugements qu’il porte au début sur les écrivains qui ont été le sujet favori de ses lectures, Vauvenargues n’est pas sans inexpérience : sur Corneille, dont l’emphase lui répugne jusqu’à lui masquer même les hautes beautés, sur Molière dont il ne sent pas la puissance comique, Voltaire le redresse avec raison, avec une adresse de conseil délicate et encore flatteuse : Vauvenargues reprend ses avantages quand il parle de La Fontaine, de Pascal ou de Fénelon.
Mme de Maintenon raconte à Mme des Ursins le premier effet qu’elle produit (8 mai 1707) : Vous connaissez Marly et mon logement ; le roi était seul dans ma petite chambre, et je me mettais à table dans mon cabinet par lequel on passe ; un officier des gardes cria à la porte où était le roi : « Voilà M. de Chamillart ! […] Il est curieux de comparer cette différence qui tient à celle des humeurs et comme au tempérament des deux esprits : Tout ce que vous me représentez, madame (écrit la princesse des Ursins), depuis que l’officier des gardes vint annoncer la venue de M. de Chamillart qui conduisait M. de Silly dans votre petite chambre de Marly, pendant que vous soupiez dans votre cabinet, jusqu’à ce que Sa Majesté vînt dire elle-même à la porte cette grande nouvelle, me paraît si naturel, que je crois vous avoir vue jeter votre serviette par terre, courant pour entendre ce que l’on disait ; Mme de Dangeau voler pour aller écrire à monsieur son mari ; Mme d’Heudicourt marcher comme si elle avait eu de bonnes jambes, sans savoir presque ce qu’elle faisait ; M. de Marsan sauter sur un siège pour se faire voir, malgré sa goutte, avec la même facilité que l’eût pu faire un danseur de corde. […] Tout porte à croire, en effet, que ce fut le roi d’Espagne qui, oubliant les longs services de Mme des Ursins, et à bout de sa domination dont il n’osait s’affranchir, donna l’ordre à sa nouvelle épouse de prendre tout sur elle ; et cette dernière qui, ainsi qu’Alberoni, son conseiller, était de la race des joueurs intrépides en politique, n’hésita pas un seul instant à faire pour son coup d’essai cette exécution de maître.
Il tenait à montrer à l’Europe, dès le premier jour, ce qu’il exprime si noblement dans les instructions données à Schomberg : « Jamais vaisseau ne résistera à si grande tempête avec moins de débris qu’on en remarque au nôtre. » Richelieu, tombé de ce premier ministère, accompagne la reine Marie de Médicis dans son exil à Blois (mai 1617) ; bientôt, sa présence en cette petite cour porte ombrage à ses ennemis : la calomnie l’implique dans des intrigues, d’où son bon sens suffisait à le tenir écarté. […] Mais pour ceux qui voudraient tirer parti contre notre nation de ses paroles, ajoutons que, selon lui, cette légèreté française porte souvent son remède en elle-même ; car, si elle nous jette souvent dans des précipices effroyables, elle ne nous y laisse pas, « et nous en tire si promptement, que nos ennemis, ne pouvant prendre de justes mesures sur des variétés si fréquentes, n’ont pas le loisir de profiter de nos fautes ». […] La rébellion est manifeste : le roi en personne s’y porte, plein de courage ; mais Luynes sait mal lui préparer le terrain et lui ménager les occasions.
26 juillet En rentrant ce soir, je trouve une lettre qui porte le cachet du ministère de l’Instruction Publique et des Cultes. […] C’étaient Delacroix, Musset, nous autres… Eh bien là, nous avons beaucoup bu de ce petit vin, qui a une si jolie couleur de groseille : ça n’a jamais fait de mal à personne. » Depuis quelque temps, la petite Jeanne porte sa cuisse de poulet à ses yeux, à son nez, quand tout à coup elle laisse tomber sa tête dans la paume de sa main, tenant toujours la cuisse à moitié mangée, et s’endort, sa petite bouche entrouverte, et toute grasse de sauce. […] Aujourd’hui, j’ai reçu un diplôme de Bethléem, qui me nomme membre de la Société, je sais par le timbre qui porte New-York, que c’est en Amérique, et voilà tout… N’y a-t-il pas des Sociétés en Australie, ayant déjà publié sur l’histoire naturelle, des travaux de la plus grande importance… Un jour il sera impossible de connaître seulement les localités scientifiques… Et la mémoire pourra-t-elle suffire… Pensez-vous qu’à l’heure présente, pour ma partie, il y a, par an, huit cents mémoires dans les trois langues, anglaise, allemande, française !
Aucune autre raison ne me porte à favoriser le nom bambara, gourmantié, peuhl ou haoussa de préférence à celui-ci. […] Lui aussi porte des cheveux très longs. […] Haut d’un mètre au plus, il a les pieds tournés en arrière et porte la longue barbe qui semble à peu près générale chez les nains ; il est toujours de couleur sale par suite de l’habitude qu’il a de se coucher parmi la cendre.
Le poète, terrible et terrifié, a voulu nous faire respirer l’abomination de cette épouvantable corbeille qu’il porte, pâle canéphore, sur sa tête, hérissée d’horreur. […] Depuis le coupable cousu dans un sac qui déferlait sous les ponts humides et noirs du Moyen Age, en criant qu’il fallait laisser passer une justice, on n’a rien vu de plus tragique que la tristesse de cette poésie coupable, qui porte le faix de ses vices sur son front livide. […] Sensualiste, mais le plus profond des sensualistes, et enragé de n’être que cela, l’auteur des Fleurs du mal va, dans la sensation, jusqu’à l’extrême limite, jusqu’à cette mystérieuse porte de l’Infini à laquelle il se heurte, mais qu’il ne sait pas ouvrir, et de rage il se replie sur la langue et passe ses fureurs sur elle.
Cet aumônier de renfort ne porte pas la soutane et ne jouit d’aucune prérogative spéciale ; il doit en principe remplir les obligations de sa situation militaire, et pourtant il accomplit son ministère plus aisément que l’aumônier à trois galons. […] Le prêtre soldat, s’appuyant sur l’inséparable gourdin des poilus de l’Argonne, porte les hosties sous la capote bleu horizon, et va les donner aux fidèles dans une guitoune abandonnée. […] Adjudant au 69e d’infanterie, il a obtenu une superbe citation à l’ordre de l’armée, la croix de guerre, la médaille militaire et la médaille anglaise. « Prie Dieu, écrit-il à un ami, pour que je porte allègrement la croix qui donne droit à la vraie récompense, la croix de souffrances, celle du Christ. » Telle est leur sublime ambition secrète.
« Que ni les portes royales de Delhi, ni la terre sauvage des Malais, ne me retiennent ! […] Le venimeux serpent ne s’abrite pas sous un si frais bocage : fils du soleil, il aime à reposer sur une couche de feu allumé par la nature, un sol sec et brûlant, entre quelques débris de tours écroulées, au-dessus desquels le pepel étend son ombre ; ou bien, autour d’une tombe, il enlace ses écailles, gardien naturel des portes de la mort. […] « Celui qui savoure le mieux sa coupe d’amertume et qui triomphe de l’affliction, celui qui porte avec patience la croix ici-bas, celui-là est du cortège du Christ.
Ce qui porte à l’amour semble beau ; ce qui semble beau porte à l’amour. […] A la porte fermée du calvinisme, les Jésuites avaient depuis longtemps opposé la porte ouverte et, de la naissance à cette porte bienheureuse, étendu pour les âmes délicates un beau tapis. […] — A la porte ! à la porte ! […] Bernardin, porte précisément ce titre : Un Précurseur de Racine.