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730. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Sans doute une majorité toute-puissante, comme en Amérique, peut empêcher l’individu de penser ce qui ne lui convient pas ; mais il restera toujours un champ très-étendu de pensée libre, et de ce retranchement la liberté pourra toujours faire peu à peu des sorties et prendre pied sur le terrain qui lui est interdit. […] La doctrine des réalistes, introduite dans le monde politique, pousse à tous les excès de la démocratie : c’est elle qui facilite le despotisme, la centralisation, le mépris des droits particuliers, la doctrine de la nécessité, toutes les institutions qui permettent de fouler aux pieds les hommes, et qui font de la nation tout, et des citoyens rien. » La même pensée est fortement développée dans la seconde partie de la Démocratie en Amérique. […] Il mériterait, suivant moi, d’être traité à part, car enfin nous ne prenons ni l’un ni l’autre au pied de la lettre, et comme règle de morale publique, de rendre à César ce que nous lui devons, sans examiner quel est César, et quel est le droit et la limite de sa créance sur nous.

731. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Quand je vois, depuis le commencement de ce récit, le grand-duc, le futur Pierre III, ne pas faire un seul pas qui ne l’achemine à l’abîme et à la ruine profonde, il me semble constamment voir dans le même temps, derrière lui et au-dessus de lui, debout et voltigeant, ce fantôme fatal qui, le pied sur la tête des mortels, les pousse aux actes insensés, et qu’Homère appelle l’Imprudence. […] Poniatowsky, après un tour qu’il va faire en Pologne, revient plus autorisé et en qualité de ministre résident : le voilà donc en pied à Pétersbourg.

732. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

La grande prétention et l’ambition, on le sait, du Père Lacordaire est de réconcilier pleinement le Christianisme, le Catholicisme, avec le siècle, de ne le retrancher d’aucun des actes, d’aucun des emplois légitimes de la vie et de l’esprit, de lui faire prendre pied partout pour y porter avec lui la consécration et le rajeunissement : aussi nie-t-il formellement que le dogme soit ni puisse être en rien opposé à la raison ; loin de là, il s’empare de la raison même au nom du dogme, pour la restaurer et la sanctifier. […] qu’ils sont, essentiels, — aussi essentiels même que le commerce des femmes, — pour nous faire hommes tout à fait, pour nous rompre et nous désapprêter l’esprit et nous le déniaiser, pour nous guérir de la gourme originelle, pour nous ramener de temps en temps à la terre quand nous sommes tentés de perdre pied, pour nous avertir avec un léger croc-en-jambe et nous empêcher de faire l’ange quand l’envie par hasard nous en prend.

733. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Elle est compromise, à mon sens, si le gouvernement se remet à céder à reculons, à disputer le terrain pied à pied comme dans une retraite.

734. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Chaque petit chef a planté solidement ses pieds dans le domaine qu’il occupe ou qu’il détient ; il ne l’a plus en prêt ou en usage, mais en propriété et en héritage. […] Il ose labourer, semer, espérer en sa récolte ; en cas de danger, il sait qu’il trouvera un asile pour lui, pour ses grains et pour ses bestiaux, dans l’enclos de palissades au pied de la forteresse.

735. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Ce fils d’un petit coutelier de Langres n’a jamais été du monde : il a étalé dans les salons que sa renommée lui ouvrait, des façons débraillées, vulgaires ; mais de toutes les convenances mondaines, s’il y en a une qu’il a bien foulée aux pieds, c’est celle qui bride la langue. […] « Le premier serment que se firent deux êtres de chair, ce fut au pied d’un rocher qui tombait en poussière ; ils attestèrent de leur constance un ciel qui n’est pas un instant le même ; tout passait en eux, autour d’eux, et ils croyaient leurs cœurs affranchis de vicissitudes.

736. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

On peut trouver tout dans tout ; une chose mène à l’autre, et insensiblement on perd pied, on se noie dans sa richesse. […] Leur tradition ne se perdit pas, et l’explication française prit pied dans un assez grand nombre de classes.

737. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Le don Juan honni est peut-être le seul homme qui n’aime jamais sans amour, et, s’il ne se fait pas à lui-même le mensonge de la durée, c’est qu’il ne veut pas être hypocrite, ayant cette religion suprême de ne pas mentir au pied de l’autel qu’il embrasse. […] Ce qu’il veut, lui, c’est jeter des femmes, le plus de femmes possible, toutes les femmes à ses pieds.

738. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Ponticus est étendu à ses pieds sur un chevalet, entouré de bourreaux armés de tenailles. […] Voici la première phrase du chef des cuisines : « Jamais festin plus somptueux n’aura été servi dans le triclinium du préfet de Rome, Pedanius Secundus » ; et l’intendant Priscus, à peine entré, interpelle les esclaves en ces termes choisis : « Approchez, Égyptiens, et vous, Éthiopiens, plus noirs que Pluton, dieu des enfers… À mesure que les convives apparaîtront dans l’atrium, précipitez-vous à leurs pieds ; que rien ne manque à leurs ablutions.

739. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Quand je fus sorti du palais, arrivé sur la place, je te pris mon trésorier par un pied et le lançai en l’air jusqu’à la voûte du ciel. […] Ses pieds sont chaussés de souliers très minces recouverts sur le cou-de-pied par le pantalon qui fait guêtre.

740. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Il est douteux qu’on arrive jamais, sur ce sol profondément dévasté, à fixer les places où l’humanité voudrait venir baiser l’empreinte de ses pieds. […] Vers le nord, on le voit à Panéas ou Césarée de Philippe 410, au pied de l’Hermon.

741. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Par exemple, nous pouvons faire produire à l’index un mouvement indépendant, tandis qu’avec le troisième doigt cela est impossible ; l’oreille externe est immobile chez l’homme, mobile chez quelques animaux ; dans le pied, les orteils vont ensemble, quoiqu’on puisse les isoler quelquefois, comme le montrent ceux qui écrivent ou travaillent avec leurs pieds.

742. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

En l’attendant, la sœur douloureuse pleure au pied du tombeau de son père, la hache de son meurtre enfoncée au cœur. […] Les meurtriers sont couchés à la place où leurs victimes étaient étendues ; la femme qui se dressait sur le corps du père gît terrassée aux pieds de son fils.

743. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Ce régime, dit-il, me réussissait à merveille, et j’étais alors un des plus beaux enfants qui aient jamais foulé de leurs pieds nus les pierres de nos montagnes, où la race humaine est cependant si saine et si belle. […] Les cœurs s’ouvrent sans défiance, ils se soudent tout de suite… » Est-ce Bernardin de Saint-Pierre encore qui dans cette scène, jolie d’ailleurs, où Graziella, pour mieux plaire à celui qu’elle aime, essaie de revêtir la robe trop étroite d’une élégante de Paris, est-ce lui qui viendrait nous dire, après les détails sans nombre d’une description toute physique : « Ses pieds, accoutumés à être nus ou à s’emboîter dans de larges babouches grecques, tordaient le satin des souliers… » Ce défaut, dont je ne fais que toucher quelques traits, est presque continuel désormais chez M. de Lamartine ; il se dessine et reparaît à travers les meilleurs endroits.

744. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

J’ai sous les yeux la magnifique édition exécutée à Londres en 1792, avec les nombreux portraits gravés ; je vois défiler ces beautés diverses, l’escadron des filles d’honneur de la duchesse d’York et de la reine ; je relis le texte en regard, et je trouve que c’est encore l’écrivain avec sa plume qui est le plus peintre : Cette dame, dit-il d’une Mme de Wetenhall, était ce qu’on appelle proprement une beauté tout anglaise ; pétrie de lis et de roses, de neige et de lait quant aux couleurs ; faite de cire à l’égard des bras et des mains, de la gorge et des pieds ; mais tout cela sans âme et sans air. […] Je passerais encore que le président Tambonneau, venu en Angleterre pour briller, et voyant qu’il y perd sa peine, retourne en France aux pieds de ses premières habitudes, c’est-à-dire de sa première maîtresse ; mais c’est trop que le fat Jermyn ne soit dans toute sa personne qu’un trophée mouvant des faveurs et des libertés du beau sexe.

745. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il composa ses élémens de mathématiques dans un voyage qu’il fit à pied de Grenoble à Paris. […] Au nom d’Arioste, de l’auteur du poëme d’Orlando furioso, tous ces brigands tombèrent à ses pieds, l’assurèrent qu’il n’avoit rien à craindre, l’accablèrent d’honnêtetés, & le reconduisirent jusqu’à la forteresse ; ajoutant que la qualité de poëte leur faisoit respecter, dans sa personne, le titre de gouverneur.

746. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Il a des mots qui sont des affres : « La caducité — dit-il, en blêmissant de se voir vieux, — a un pied sur un tombeau et l’autre pied sur un gouffre ! 

747. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

« La caducité, dit-il en blêmissant de se voir vieux, a un pied sur un tombeau et l’autre pied sur un gouffre. » « Stendhal, dit son biographe, M. 

748. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Tel était l’ascendant de sa beauté et de ses manières, qu’elle subjugua tous ceux qui l’entourèrent et la connurent : pour ses femmes de chambre, ses fournisseurs, et les hommes de cour, il n’y a rien que de simple ; mais le charme s’étendit plus loin : l’allier Mirabeau fut peut-être autant amolli par ses douces paroles que par cet acte impur qui pèse sur sa mémoire ; quelques heures de conversation au retour de Varennes lui conquirent à jamais Barnave ; un mot de sa bouche fit tomber à ses pieds Dumouriez en pleurs ; les femmes du 20 juin elles-mêmes furent émues quand elles la virent.

749. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

Il m’est arrivé à moi-même de le comparer dès lors à un homme qui marche dans un torrent et qui en a jusqu’au menton ; il ne se noie pas, mais il n’a pas le pied sûr ; il tâtonne et vacille comme un homme ivre.

750. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

— apparaissait Et sur l’honneur aux fers, le droit qui fléchissait, La vertu polluée et la loi violée, La pensée arrachée à la nue étoilée, Silencieux posait son pied chaussé d’airain.

751. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hervilly, Ernest d’ (1839-1911) »

Écoutez plutôt ces vers que Kami récite en jouant de l’éventail : Lorsque tu baignes ton pied tendre Dans ta rivière aux frais cailloux, Les beaux lys rosés font entendre Un long murmure de jaloux.

752. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

Charles Maurras Roumanille était né au pied de ces deux purs chefs-d’œuvre de l’art grec que le peuple et les savants appellent les Antiques.

753. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre IV. Le Père. — Priam. »

la nuit, la tente d’Achille, ce héros pleurant Patrocle auprès du fidèle Automédon, Priam apparaissant au milieu des ombres, et se précipitant aux pieds du fils de Pélée !

754. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

(À Montèze, qui se jette à ses pieds.)

755. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Les professeurs furent brûlés vifs, et ce ne fut qu’au péril de leurs jours que des chrétiens parvinrent à sauver la peau de dragon, de cent vingt pieds de longueur, où les œuvres d’Homère étaient écrites en lettres d’or.

756. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VIII. Des Églises gothiques. »

Les siècles, évoqués par ces sons religieux, font sortir leurs antiques voix du sein des pierres, et soupirent dans la vaste basilique : le sanctuaire mugit comme l’antre de l’ancienne Sibylle ; et, tandis que l’airain se balance avec fracas sur votre tête, les souterrains voûtés de la mort se taisent profondément sous vos pieds.

757. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Prudhomme, secoué par lui, a lâché pied. […] Il avait les dents blanches, les lèvres sympathiques, le cou bien attaché sur de puissantes épaules et, malgré sa taille de cinq pieds neuf pouces, une main et un pied de femme. […] Elles courent après lui, à pied, à cheval, en voiture, en bateau. […] Et qu’ensuite cette pierre serve d’inébranlable soutien à nos pieds affermis. […] Nous avons baigné nos pieds poudreux dans le Ladon et dans l’Alphée.

758. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il s’y vit initié chaque jour à la plus haute et la plus fine société, agréé sur le pied d’égalité par les plus beaux noms, et comme enveloppé dans les relations les plus flatteuses : en s’y pénétrant du ton aisé de la suprême courtoisie, il y prit sa première impression ineffaçable d’amour sérieux pour Rome, pour cette patrie des âmes blessées, éprises des seules grandeurs de l’art ou de l’histoire, et vouées à toutes les religions du passé. […] Ampère, littérairement, ne fit que reconnaître les rivages du Nord ; il n’y prit point pied d’une manière solide, il n’y fonda point d’établissement proprement dit. […] Ce qui a fait dire à l’un de ses auditeurs d’alors dont j’ai le carnet sous les yeux (il n’est rien de tel que ces impressions du moment et de la minute) : « Quand Ampère à son cours est dans ses endroits difficiles, arides, dans ses défilés où il va pied à pied, oh ! […] Il fit sous le titre d’Histoire de la formation de la langue française une grammaire de notre vieille langue, et en mettant le pied sur le domaine des grammairiens il se heurta à des épines, il trouva des adversaires tout munis et préparés. […] Tant qu’il ne se donne que pour le commentateur et le compagnon de voyage de Virgile aux collines d’Évandre, je me plais à le suivre ; c’est de la poésie encore ; mais, lorsque mettant le pied dans l’histoire, il s’écrie tout à coup : « Je crois à Romulus ! 

759. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Henri Barbusse À Bussang, au pied des montagnes des Vosges, à mi-côte d’une hauteur verte magnifiquement encadrée d’un décor d’éléments, s’ouvre simple et grandiose, avec des airs d’horizon, la scène du Théâtre du Peuple.

760. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Son regard semble farouche ; L'écume sort de sa bouche ; Prêt au moindre mouvement, Il frappe du pied la terre, Et semble appeler la guerre Par un fier hennissement.

761. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

N’entendra-t-on jamais que des blasphèmes contre une religion qui, déifiant l’indigence, l’infortune, la simplicité et la vertu, a fait tomber à leurs pieds la richesse, le bonheur, la grandeur et le vice ?

762. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Elle a seulement été touchée presque aussi vivement qu’elle l’auroit été, si réellement elle avoit vû Rodrigue aux pieds de sa maîtresse dont il vient de tuer le pere.

763. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Le duc de La Rochefoucauld, par tendresse, se mettait sur le pied, vingt ans durant, de ne jamais découcher du palais sans demander permission à son cher maître. […] « Voudriez-vous, faquins, qu’il allât exposer son habit brodé aux inclémences de la saison, et imprimer ses pieds en boue ?  […] Il a cette impertinence aisée et cette bienveillance offensante qui mettent le bourgeois à cent pieds au-dessous de lui. […] Cela touche au vif l’homme qui, pour rendre son âne « plus frais et de meilleur débit », l’a lié par les pieds et le porte comme un lustre. […] Au pied du Donon, scènes de moeurs vosgiennes.

764. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Chevaliers et dames, ils étaient les serviteurs de la Feuille, et ils s’assirent sous un vaste chêne aux pieds de leur reine. […] Chose inouïe en ce temps, il observe les caractères, note leurs différences, étudie la liaison de leurs parties, essaye de mettre sur pied des hommes vivants et distincts, comme feront plus tard les rénovateurs du seizième siècle, et, au premier rang, Shakspeare. […] Si quelquefois217, sentant derrière lui le souffle ardent d’un poëte, il dégage ses pieds embourbés dans le limon du moyen âge et d’un bond atteint le champ poétique où Stace imite Virgile et égale Lucain, d’autres fois, à propos de « messire Phœbus ou Apollo-Delphicus », il retombe dans le bavardage puéril des trouvères ou dans le radotage plat des clercs savants. […] On démêle l’obstacle dans ses dissertations, dans son ponte de Melibœus, du Curé, dans son Testament de l’Amour ; en effet, tant qu’il écrit en vers, il est à son aise ; sitôt qu’il entre dans la prose, une sorte de chaîne s’enroule autour de ses pieds pour l’arrêter. […] Ainsi juge l’abbé de Saint-Alban, qui, lui ayant fait traduire en vers une légende, paye cent shillings le tout ensemble, les vers, l’écriture et les enluminures, et met sur le même pied ces trois ouvrages : en effet, il ne faut guère plus de pensée dans l’un que dans l’autre.

765. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Cette légende nous montre l’éléphant, quand il entre dans un fleuve, posant le pied légèrement pour ne pas écraser le sable, écartant doucement les branches pour ne pas les briser, et sauvant une gazelle d’un serpent qui la guette, sans faire peur au serpent. Or un jour, l’éléphant veut s’assurer de la gratitude de la nature et des animaux à son égard, et il trouve que l’eau se fait fraîche, et le sable chaud à ses pieds, que les branches s’écartent docilement de son passage, que les animaux l’entourent respectueusement, quand il se sent mordu au pied par un crocodile. […] Des héros au crânes étroits de crétins ; des meubles aux formes droites sur des pieds maigres, des intérieurs de famille avec des petits enfants, travestis en vétérans de famille impériale ; mais au milieu de cela, des nippes remuantes et des défroques plus mémoratives, que tous les imprimés. […] Une longue promenade dans cinq hectares de plantes, puis la visite aux poules exotiques, dans leur installation princière, avec leurs loges grillagées, au beau sable, d’où s’élèvent quelques arbustes, — et renfermant ces poules cochinchinoises, ces poules toutes noires avec leurs houppes blanches, et les petits combattants britanniques, et ces poules, dans l’embarras des plumes de leurs pattes, courant avec la gêne des gens, dont la culotte serait tombée sur les pieds. […] À onze heures, dans la petite voiture de la maison, Mme Mirbeau, comme cocher, me ramène au chemin de fer, pendant que les valides nous accompagnent à pied.

766. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

On seroit alors tenté de déchirer ses ouvrages, comme disoit Fontenelle, & de mettre son imagination sous ses pieds. […] Tous les ragoûts paroissent concentrés dans ce seul mets, & il faut avouer que lorsqu’on a mangé deux ou trois livres du bœuf le plus succulent, on n’a besoin ni d’entremets, ni de petits pieds. […] Eh comment exposer les gens de pied à se casser le cou, par la raison qu’il faut écarter les hommes à cheval. […] J’étois l’autre jour à la Villette ; j’avois voulu selon la coutume anglaise, m’y rendre à pied. […] Il eut pendant deux ans un maître de danse qui le tirailloit par tous les membres, dans l’espérance que cela l’allongeroit, & qu’il monteroit de sa taille de quatre pieds, à celle de six.

767. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Êtes-vous affecté de la même manière à la vue d’une prairie variée en sa juste étendue et dont l’œil parcourt aisément la surface, et à l’aspect d’une montagne inaccessible au pied de laquelle s’agite l’Océan ? […] Elle s’allie donc naturellement à la religion, surtout à cette religion de l’infini qui est en même temps la religion du cœur ; elle excelle à transporter aux pieds de l’éternelle miséricorde l’âme tremblante sur les ailes du repentir, de l’espérance et de l’amour. […] Rappelez-vous les paroles que Priam laisse tomber aux pieds d’Achille en lui redemandant le cadavre de son fils, plus d’un vers de Virgile, des scènes entières du Cid et de Polyeucte, la prière d’Esther agenouillée devant Dieu, les chœurs d’Esther et d’Athalie. […] À gauche, la Madeleine en pleurs baise les pieds de Jésus ; à droite, sont les saintes femmes et la Vierge. […] Il est représenté couché, la tête inclinée et soutenue par un ange ; un autre ange est à ses pieds.

768. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Que l’on aille dans nos grandes villes maritimes, on verra la cuisine et le service d’un grand négociant sur un meilleur pied que chez lui. […] Le bras gauche, qui soutient l’arc, doit rester bien tendu sans bouger ; le droit, qui tire la corde, ne doit pas être moins fort ; les pieds, les cuisses, pour servir de base solide à la partie supérieure du corps, s’attachent avec énergie au sol ; l’œil, qui vise, les muscles du cou et de la nuque, tout est en activité et dans toute sa tension. […] Ce n’est plus qu’à ses pieds que gronde la tempête ; Il faudrait, pour frapper sa tête, Que la foudre pût remonter ! […] Par exemple, c’est une jeune fille dont les pieds sont si légers et si délicats, qu’elle pouvait se balancer sur une fleur sans la briser. […] … » Nous étions tout à fait en haut à l’extrémité de la pointe de l’Ettersberg ; on ne voyait plus Weimar ; mais devant nous, à nos pieds, s’étalait la large vallée de l’Unstrut, semée de villes et de villages, éclairée par le riant soleil du matin.

769. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Nous avons vu, dans le chapitre précédent, que la Grande Mésange (Parus major) retient souvent la graine de l’If entre ses pieds sur une branche et la frappe de son bec à coups redoublés jusqu’à ce qu’elle ait mis l’amande à nu. […] Qu’avec cela les pieds de la Mésange varient et augmentent de taille, proportionnellement à l’accroissement du bec, par suite des lois de corrélation, est-il improbable que de plus grands pieds excitent l’oiseau à grimper de plus en plus, jusqu’à ce qu’il acquière l’instinct et la faculté de grimper du Casse-noix (Nucifraga caryocatactes) ? […] On peut donc se représenter une troupe d’ouvriers bâtissant ensemble une maison, quelques-uns ayant cinq pieds quatre pouces, et beaucoup d’autres seize pieds, mais supposant aux ouvriers les plus grands une tête quatre fois plus grosse qu’aux autres, au lieu de trois, et des mâchoires près de cinq fois aussi grandes.

770. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Au fond, ce n’est qu’un roman d’aventures, enté sur une idée superstitieuse que la haute raison des temps modernes a pu fouler de son pied superbe, mais n’a pas arrachée encore de l’esprit humain, qui impertinemment lui résiste. […] Ainsi, comme Walter Scott, — et ce n’est pas un médiocre honneur pour Féval que d’être comparé à Walter Scott, n’importe dans quelle proportion, — ainsi, comme Walter Scott, Paul Féval est avant tout un provincial, ce mot relevé à cent pieds de hauteur à présent, et voilà son mérite le plus grand, comme ce sera sa meilleure gloire, que d’être un provincial ! […] Paul Féval s’est dit que le monument de Crétineau-Joly — car c’est un monument — n’était qu’un magnifique tombeau au pied duquel on passe, et qu’il fallait l’abaisser au niveau de ceux-là qui sont incapables d’en apprécier les proportions et la hauteur. […] Sept cents ans d’histoire passent au pied ou pivotent autour de ce monastère et de cette forteresse tout ensemble, et ces sept cents ans sont racontés avec un détail d’érudition qui étonne encore plus que l’éloquence du récit. […] Ici, il n’y a pas qu’un monastère bâti à coups de miracles et une fois pour toutes, il y a Dieu et son archange, qui n’étend pas son épée et son bouclier seulement sur le pic où s’élève son autel et les quelques pieds de sable qui l’entourent !

771. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Ariston, qui prévoyait les mauvais jours, avait déposé chez un banquier des économies honorables ; le banquier a levé le pied et emporté l’argent. […] Chez nous, le souverain ne prend pas ses ministres pour ses aises, et comme chaussures à son pied. […] Laissons à Cicéron qui croyait s’y pourtraire en pied, quoiqu’il s’en défende, son orateur idéal. […] Au temps des diligences, les voyageurs mettaient pied à terre aux montées, pour se dégourdir les jambes et soulager les chenaux. […] La guerre a été imprudente, prématurée, plus chevaleresque que sensée ; soit ; injuste, je ne l’avouerai pas, eussé-je la gorge sous le pied d’un uhlan prussien.

772. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Pourtant, par un reste de scrupule, j’ai mis un sou au pied du cerisier. […] Serait-ce la reine Berthe aux grands pieds ? […] Il a beau porter un miroir dans ses cheveux crépus et secouer, avec un bruit de cailloux, sa ceinture composée de pieds de chèvre : comme il est banal ! […] Je comprends les Grecs dressant aux athlètes vainqueurs des statues en pied et nues. […] Là est son salut, et ce qui l’empêche de perdre pied.

773. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Il se retourna contre ses propres actes, et, ne pouvant supporter ses remords, il tomba aux pieds d’un prêtre et demanda au Dieu de son enfance l’absolution des erreurs de sa jeunesse : âme tendre et meurtrie, il se fit panser par cette piété charitable qui adoucit ses douleurs, corrigea ses légèretés et transforma ses repentirs en vertus. […] Trop amant pour être pieux, trop pieux pour être amant, cet apostolat d’un jeune homme auprès de la plus belle des jeunes femmes est un rôle ambigu, un pied dans la sacristie, un pied dans le boudoir, qui inquiète la piété et qui ne satisfait pas la passion. […] Tel fut Ballanche ; je l’ai beaucoup connu ; j’ai assisté, au pied de son lit, à ses dernières contemplations de l’une et de l’autre vie ; je l’ai vu vivre et je l’ai presque vu mourir dans cette petite mansarde de la rue de Sèvres d’où il pouvait voir la fenêtre en face de son amie, madame Récamier.

774. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Pour votre gouverne, sachez bien, au pied de la lettre, que ce désir a été réellement et spontanément exprimé par Thierry, sans aucune provocation de ma part… Là-dessus nous hésitions. […] Nous autres, nous étions venus dès cinq heures, les pieds dans la boue, inquiets, impatients, plus sympathiques qu’hostiles, croyant au talent de ces messieurs et prêts à applaudir, si nous trouvions leur pièce bonne. […] Jusqu’à ce jour, toute notre littérature consistait en un carnet de notes, contenant les étapes et les menus de repas d’un voyage en France de six mois à pied, le sac sur le dos, et où seulement, tout à la fin, s’étaient glissées quelques notes sur le ciel, la terre, les Mauresques de l’Algérie. […] D’Auteuil nous gagnons, à pied, le pont de Sèvres.

775. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

En historien économiste, Sismondi a tenu compte de cet acteur muet, dont les souffrances méconnues, les intérêts foulés aux pieds éclatent de temps en temps en émeutes, en jacqueries, en révolutions avortées comme celle que tentaient les communes de Paris et de France sous la direction d’Étienne Marcel. […] Ces hommes qui se provoquent et s’accusent, qui s’étreignent au pied de l’échafaud, n’ont rien des héros de Plutarque ; ils ne conservent, dans leur éloquence passionnée ou dans leur action furieuse, que tout juste ce qu’il faut de conscience et de volonté pour rester responsables devant la postérité. […] Ces hommes qui mettaient tant de temps, tant de pesanteur à discuter la déclaration des droits, à compter, peser les syllabes, dès qu’on fit appel à leur désintéressement, répondirent sans hésitation ; ils mirent l’argent sous les pieds, les droits honorifiques, qu’ils aimaient plus que l’argent. […] On l’a bien vu quand la nôtre, perdant dans les excès de la terreur le meilleur de son génie, son humanité, sa conscience du droit, son profond désintéressement national, est tombée, de violences en violences, sous les pieds d’une dictature militaire.

776. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Le duc l’engagea à coucher le tout par écrit et envoya le mémoire à son frère M. de Guise, qui le reçut ayant le pied déjà à l’étrier, et qui n’eut que le temps d’écrire au bas, après l’avoir lu : « Ces raisons sont bonnes, mais elles sont venues à tard ; il est plus périlleux de se retirer qu’il n’est de passer outre. » Le président Jeannin sent toutefois à un certain moment qu’il s’engage, lui aussi, dans une voie périlleuse ; obligé par devoir et par reconnaissance envers Henri III, il est amené par les circonstances à demeurer auprès du duc de Mayenne, même quand celui-ci est devenu le chef de la Ligue et le maître de Paris, sous le titre ambitieux et ambigu de lieutenant général de l’État royal et Couronne de France. […] Il pria le président Jeannin, comme sien ami et comme agréé de plus par le roi, de l’accompagner dans le voyage qu’il avait à faire à Paris où l’appelaient tous les siens : « Il s’y achemina dès lors, raconte le président, avec environ deux cents chevaux et mille ou douze cents hommes de pied, toujours en intention de se mettre en sûreté et à couvert par un traité ; mais ses troupes, qui étaient petites d’entrée, grossirent par les chemins. » Il apprenait en même temps que de tous côtés dans le royaume, au bruit de l’attentat de Blois, des levées et des mouvements se faisaient en sa faveur ; la pensée de soumission s’affaiblit alors et fit place, dès qu’il y eut jour, au désir naturel de la vengeance.

777. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Montluc, tout faible qu’il était, sut être sur pied et dans l’action partout où il le fallait, et, après le premier moment de surprise, l’ennemi fut repoussé. […] Ce qui est certain, c’est qu’ayant affaire à un adversaire digne de le comprendre, sans aucune stipulation directe il se vit traité par lui sur le pied qu’il avait souhaité ; le dimanche matin, 22 avril (1555), il fut reçu au sortir de la ville par le marquis de Marignan et par toute cette armée, non comme un vaincu, mais comme un héros et le plus noble des compagnons : Les trois mestres de camp des Espagnols me vinrent saluer, et tous leurs capilaines.

778. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

La critique a beau gourmander, frapper comme ici du pied et du poing, le dieu souffle où il lui plaît. […] Dans une autre pièce, il débute très heureusement ainsi : Je suis né voyageur ; je suis actif et maigre ; J’ai, comme un Bédouin, le pied sec et cambré: Mes cheveux sont crépus ainsi que ceux d’un nègre.

779. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Les hommes publics s’y montrent en pied, et, grâce à leurs mouvements, on en a vite fait le tour. […] qui sous un ciel de fête, Quand l’orgue chantait moins que mon cœur triomphant, Du pied de vos autels emmenai cette enfant, Le bouquet d’oranger au sein et sur la tête ?

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