Le philosophe grec a-t-il aperçu entre la comédie et la tragédie je ne sais quelle profonde et secrète identité ? […] Leurs erreurs peuvent intéresser l’historien littéraire ; mais comment pourraient-elles ébranler l’inébranlable vérité de la théorie, et de quelle autorité m’empêcheraient-elles, moi, critique philosophe, de considérer la comédie non dans des tragédies manquées, mais dans la pureté de sa véritable essence ? […] Mais si une petite cité voisine avait choisi pour elle les institutions parfaites de la République, et que sa conduite fut restée conforme à cet idéal supérieur, quels n’auraient pas été à son aspect les sentiments de ces philosophes étrangers qui voyageaient par toute la terre pour trouver un modèle de législation ? […] Je ne lui demanderai qu’une chose, c’est de sauver la gaieté du péril qu’elle court au milieu de ces comédies chaussées du cothurne tragique, dopées d’un manteau de philosophe et coiffées d’un bonnet de colon. […] Ainsi, dans L’École des femmes, la meilleure et la plus gaie des grandes comédies de noire auteur94, Arnolphe reçoit les conseils d’un ami philosophe, un peu moins édifiant toutefois, rendons-lui cette justice, que la plupart de ses collègues du nom d’Ariste ou de Cléante.
Gassendi Le petit village de Champtercier, près de Digne, inaugure aujourd’hui un monument au philosophe Gassendi qui naquit là à la fin du seizième siècle. […] Bien peu d’écrivains d’aujourd’hui et même de philosophes qui aient une culture universitaire. […] Le philosophe même, qui ne croit pas à l’avenir et qui se sait parfaitement dans la main du destin, se sentirait mal à l’aise si sa fin, dont il ne doute pas qu’elle viendra à l’improviste, lui était marquée avec tant de certitude. […] Ainsi je viens de lire un excellent livre sur les « concepts fondamentaux de la science » du philosophe, italien malgré son nom, Federigo Enriques. Tant qu’il reste dans la science pure, ses principes sont solides, mais il a voulu aborder la psychologie et aussitôt le philosophe a déraillé, s’engageant dans une dissertation qui tend à prouver que « la thèse de la liberté de notre volonté ne contredit pas le déterminisme.
Le philosophe procède par abstractions successives, son entendement seul fonctionne. […] Le philosophe fait taire les mouvements de son cœur ; le poète les exalte. […] Êtes-vous poète, philosophe, romancier, critique ? Si vous êtes philosophe, dites : je suis philosophe. […] Mais n’allez pas prétendre enfermer à la fois en votre individu la mentalité d’un poète et celle d’un philosophe.
Parce que l’historien Rulhière est philosophe, peut-on lui refuser toute espèce de talent ?
Il range, en un passage, Klopstock parmi les vieilleries surannées ; il qualifie bien superficiellement l’illustre philosophe Hegel et Gœrres.
Les historiens qui ont vu dans Rousseau et les philosophes, ses contemporains, les précurseurs et, pour mieux dire, les préparateurs de la Révolution française ; les moralistes qui attaquent ou recommandent un livre, parce qu’il leur paraît susceptible de corrompre ou d’améliorer les mœurs ; les législateurs qui punissent les provocations au crime commises et propagées par le journal ; tous ces hommes ont reconnu implicitement la répercussion que les âmes ont sur d’autres âmes, l’espèce de suggestion qui s’opère par l’intermédiaire de la parole ou de l’écriture.
Et ma foi, la main sur la conscience, j’ai la conviction, que si le penseur philosophe n’était pas travaillé par des ambitions terrestres, il ne désavouerait pas devant le public « ses idées générales » de cabinet particulier.
Parmi les historiens et les philosophes, Xénophon, Tacite, Plutarque, Platon et Pline le jeune58 se font remarquer par quelques beaux tableaux.
Ce poème, fait pour le petit nombre, place Laprade au premier rang des philosophes en vers. […] La morale a tout à y recueillir, l’imagination n’a rien à y colorier ; les passions humaines, cette âme de l’épopée, en sont exclues ; les prédications d’un homme né dans la cabane d’un artisan et suivi de village en village par douze pauvres pêcheurs de Galilée ne sont un poème que pour les philosophes qui étudient à loisir la semence et la germination des vérités divines. […] Mais, malgré cela, nous n’aimons pas la poésie politique : c’est aux grands philosophes et aux grands orateurs d’exprimer ces vérités dans leurs livres ou dans leurs harangues ; la poésie n’y doit pas toucher, ou elle ne doit y toucher que bien rarement.
Admirez le poëte, mais ne donnez au philosophe qu’un crédit d’admiration. […] La vraie grandeur, celle de la vérité, manque à ce philosophe. […] Plus tard, il tâche de refaire les Confessions de Rousseau dans ses Mémoires posthumes ; mais la naïveté vraie du philosophe génevois lui manque ; elle s’évanouit à force de travail sous sa plume, et les Mémoires d’outre-tombe ne sont que la caricature des Confessions de Jean-Jacques Rousseau.
Nous pouvons croire Mme de Sévigné ; on sait ce qu’est Ninon, et pour s’asseoir entre la philosophe et la comédienne, il fallait n’être assurément ni prude ni dévot. […] Il est même un peu trop philosophe sur les malheurs publics, dans la triste année 1709 : il laisse là bien vite « la joie et la misère publiques » qui sont l’affaire du roi, pour venir à ce qui l’intéresse, à ses œuvres. […] Il mourut enfin le 13 mars 1711, assisté de son confesseur l’abbé Lenoir, chez qui il demeurait, et pourtant peut-être plus en philosophe qu’en chrétien.
On part, on cause, la conversation tombe sur les divers systèmes des philosophes ; Chapelle est pour Gassendi, Molière est pour Descartes ; et chacun d’eux, afin de ranger le moine de son parti s’écriait : n’est-il pas vrai, mon révérend père ? […] À quoi le révérend père répondait par un prudent hom hom, qui, flattant ou piquant tour à tour les deux adversaires, les animait l’un contre l’autre ; et les deux philosophes, déjà bien échauffés, bien enroués, redoublaient d’efforts pour séduire leur juge, lorsqu’il demanda qu’on le mît à terre devant le couvent des Bons-Hommes, et alla modestement prendre sa besace sous les jambes du batelier. […] Le spectateur, forcé d’écouter Alceste, pour rire ensuite avec le fagotier, sentit peu à peu tout le mérite du premier, et le philosophe moral lui parut enfin digne d’occuper la scène, sans le secours du bouffon. […] Molière, philosophe profond, a surtout donné une nouvelle force à la moralité de sa pièce, en nous faisant voir ce que l’hypocrisie est par elle-même, et ce qu’elle peut devenir, à l’aide des vices auxquels elle ne s’allie que trop souvent. […] Malheur au comédien si, dans toutes ses expressions, dans tous ses mouvements, dans tous ses gestes, il ne laisse échapper le sentiment avec autant de facilité qu’il s’échappait du cœur et de la plume de notre philosophe amoureux !
Ne sont-ce pas les idées de miséricorde divine, de Providence et d’immortalité qui planent dans un clair-obscur sur la tête du philosophe pénitent ? […] Ce n’est guère l’usage des conquérants et des victorieux de visiter les philosophes en leur tonneau ; et je soupçonne l’ami Plutarque de nous en avoir conté. […] Les mères chrétiennes eussent découvert dans son livre qu’elles doivent éviter pour leurs filles les maris philosophes ; mais la morale de l’histoire eût été aussi bien que la piété en ménage n’est pas toujours pour les maris philosophes un gage de parfait bonheur. […] C’est à peu près le philosophe le plus sensé qu’ait produit l’Allemagne. […] C’est pourquoi ils l’appellent philosophe et ignorant, deux mots synonymes.
De même qu’il n’y a point d’opinion extravagante ou absurde que n’ait soutenue quelque philosophe, de même, il n’y en a pas de scandaleuse, ou d’attentoire au génie, qui ne se puisse autoriser du nom de quelque critique. […] Pour le philosophe comme pour le prédicateur chrétien, c’est de la mort même que nous apprenons à mépriser la mort, mais aussi, par un juste retour, à ne pas estimer au-delà de ce qu’elles valent réellement les satisfactions de la vie. […] Car, vous ne penserez pas, ou vous vous tromperez, qu’un poète moins philosophe eût inventé les traits dont M. […] C’est à quoi je songeais en lisant, tout récemment encore, l’invective d’un honnête homme de philosophe contre la rhétorique, et je me demandais si le temps ne serait pas venu de plaider un peu la cause de cette illustre victime. […] Plus ces peuples étaient libres, plus il était nécessaire d’y établir par de bonnes raisons les règles des mœurs et celles de la société… Il y eut des extravagants qui prirent le nom de philosophes, mais ceux qui étaient suivis étaient ceux qui enseignaient à sacrifier l’intérêt particulier et même la vie au salut de l’État… » « Pourquoi parler des philosophes ?
Il voudrait que l’on vît siéger au parlement nos philosophes et nos grands poètes, et il écrit : « Aucune voix, dans une démocratie, n’est plus nécessaire que ces voix graves et hautes qui dominent les passions éphémères des individus au nom des aspirations éternelles de la race. […] Si Proudhon fut un philosophe, un spéculatif et un logicien, il fut aussi, ne l’oublions pas, un homme politique, un polémiste et un pamphlétaire. […] Il appartient plus à la légende qu’à l’histoire, et moins au philosophe qu’à l’artiste. […] Il convient de le dire, sans plus, ce n’est pas là le livre d’un philosophe. […] Ils ne devront point user des sèches abstractions, de l’aride et spécial dialecte des philosophes.
Comme l’a dit un philosophe américain, la religion est avant tout une méthode que les hommes suivent pour atteindre ce qui est raisonnablement hors de leur portée. […] Le progrès Un philosophe, M. […] Jules de Gaultier est aujourd’hui un des philosophes qui comptent. […] Il paraît que Lourdes a moins vieilli, on y fait encore des miracles, que des médecins et des philosophes s’amusent même à contester, ce qui est bien inutile. […] Restent les philosophes et les féministes qui, pour des motifs qui ne diffèrent pas essentiellement, voudraient qu’on respectât la liberté des femmes comme on respecte la liberté des hommes en ce qui touche les rapports des deux sexes.
Nous ne voudrions pas ranimer ici la vieille querelle des philosophes au sujet de l’innéité. […] Les philosophes distinguent entre la matière de notre connaissance et sa forme. […] Bref, la première connaissance, de nature instinctive, se formulerait dans ce que les philosophes appellent des propositions catégoriques, tandis que la seconde, de nature intellectuelle, s’exprime toujours hypothétiquement. […] Ce sont les philosophes qui se trompent quand ils transportent dans le domaine de la spéculation une méthode de penser qui est faite pour l’action. […] La connaissance instinctive qu’une espèce possède d’une autre espèce sur un certain point particulier a donc sa racine dans l’unité même de la vie, qui est, pour employer l’expression d’un philosophe ancien, un tout sympathique à lui-même.
Ce sont des philosophes anciens dans des tempéraments de Français ou de Gaulois, avec quelques façons d’être et de parler qui sentent le chrétien. […] Cela ne pouvait ramener à l’antiquité mythologique ; mais cela ramenait très bien à l’antiquité des philosophes. […] Ils se trouvaient donc juste dans les mêmes conditions que les philosophes de la Renaissance, ou les philosophes de la Renaissance se trouvaient dans les mêmes conditions qu’eux. […] Donc sont hui les plus doctes et prudents philosophes entrés au phrontistère et école des pyrrhoniens, aporétiques, sceptiques et éphectiques. […] Ils ont été timides, répond Calvin ; ils ont eu peur que les philosophes ne se moquassent d’eux.
Mais auparavant je demanderai à jeter quelques idées qui me sont venues sur ces amitiés passionnées, ou mieux sur ces amitiés dévouées et tendres qu’excitent aisément chez les femmes, depuis deux siècles environ, la plupart des auteurs célèbres, grands poètes ou éloquents philosophes. […] Quiret de Margency, ainsi appelé parce qu’il possédait le château de ce nom, ayant titre et qualité gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, était un ami de Rousseau ; il avait été du monde de d’Holbach et des philosophes, et en était sorti ; on voit que, vers la fin, il avait même passé à une dévotion extrême. […] Mme de Verdelin n’appartenait pas au monde philosophique ; elle avait des idées religieuses assez libres, assez élevées, sans étroitesse : ni philosophe, ni dévote, c’était sa devise. […] Je connais une femme, amie intime de M. de Maupertuis, qui me disait que le chagrin avait avancé ses jours. » Au lieu de la Cour et d’un roi « philosophe ou philosophant », ; prêt à accueillir indistinctement les écrivains les plus contraires, l’auteur du livre de Y Esprit ou l’auteur d’Èmile, combien elle aimerait mieux voir celui-ci chez le fermier proposé par Hume, dans la forêt voisine de Richemond, au bord de la Tamise, « dans un pays où la liberté de penser est autorisée et par les lois et par le génie de la nation !
Ici, nous n’avons guère qu’à reproduire l’admirable analyse des derniers philosophes anglais26. […] Mais, si j’analyse ma croyance, tout ce que j’y trouve, c’est que si ces événements avaient lieu, la possibilité permanente de sensation que j’appelle Calcutta subsisterait encore, et que, si j’étais transporté soudainement sur les rives de l’Hooghly, j’aurais encore les sensations qui, si je les avais maintenant, me conduiraient à affirmer que Calcutta existe ici et maintenant31. — Nous pouvons donc induire de là que les philosophes, aussi bien que les autres hommes, quand ils pensent à la matière, la conçoivent réellement comme une possibilité permanente de sensation. Mais la majorité des philosophes se figure qu’elle est quelque chose de plus ; et les autres hommes, quoique, selon moi, ils n’aient rien dans l’esprit qu’une possibilité permanente de sensations, seraient indubitablement, si on leur posait la question, de l’avis des philosophes ; et, quoique ceci s’explique suffisamment par la tendance de l’esprit à inférer une différence dans les choses d’après une différence dans les noms, je me reconnais obligé à montrer comment il est possible de croire à l’existence d’une chose transcendante autre que les possibilités de sensation, et cela sans qu’il y ait une telle chose et sans que nous la percevions actuellement.
Aujourd’hui, selon notre habitude de ne caractériser les littérateurs que par leur chef-d’œuvre, nous allons vous introduire dans le théâtre allemand par l’analyse du Faust de Goethe, drame qui contient, dans l’imagination d’un poète aussi philosophe que Voltaire, aussi mélodieux que Racine, aussi observateur que Molière, aussi mystique que Dante, tout le génie de la littérature allemande et tout le caractère du peuple allemand. […] Là il connut le philosophe allemand Herder, neuve, vaste et forte pensée dont M. […] Il se prête à tout, ne se donne à rien ; il ressemble à un de ces philosophes scythes de l’école d’Anacharsis, qui prenait un portique d’Athènes pour une habitation, et qui suivait tantôt les leçons de Platon, tantôt les ateliers de Zeuxis ou de Phidias. […] Ce tableau repose les yeux par le contraste de la douce ignorance du peuple, qui ne souffre que du travail, avec les philosophes, qui souffrent de la pensée.
Nous avons connu à Rome, en 1811, Guillaume de Humboldt, diplomate, homme d’État, philosophe curieux du beau et du bon sous toutes les formes. […] Philosophe dans la région de la pensée, homme de bien dans la région des réalités, il consacra son amour au moment peut-être où il ne l’éprouvait plus. […] XX S’il est permis de comparer la littérature et la politique, Goethe rappela à ce point de vue un homme supérieur auquel les moralistes peuvent refuser leur estime, mais auquel les historiens observateurs et philosophes ne pourraient contester l’admiration : le prince de Talleyrand. […] Les grands écrivains, les grands orateurs, les grands philosophes, les grands poètes, les grands critiques, où sont-ils ?
Excepté Cervantès, qui donna le coup de grâce à la chevalerie errante, quel philosophe a jamais corrigé l’humanité, cette patraque toujours jeune, toujours vieille, qui va toujours… heureusement pour nous et nos successeurs ! […] De tous ses projets de comédie de ce temps, je me souviens des Deux Philosophes, qu’il eût certainement repris à ses loisirs. Ces prétendus philosophes se moquaient l’un de l’autre, se querellaient sans cesse, comme des amis (disait mon frère en racontant cette pièce). « Ces philosophes, tout en méprisant les hochets de ce monde, se les disputaient sans pouvoir les obtenir, insuccès final qui les raccommodait et leur faisait maudire en commun la détestable engeance humaine !
Les noms des philosophes et des poëtes anciens hérisseront de leur orthographe gothique cette bizarre épopée. […] L’ami, si doux et si modeste dans Lorris, est devenu, dans la tête de son second père, un philosophe de la secte de Diogène. […] On le qualifiait de « très-excellent et irrépréhensible docteur en sainte divine Escriture haut philosophe, et en tous les sept arts libéraux clerc très profond. » Or, à cette époque, il s’était écoulé près d’un siècle depuis la publication du Roman de la Rose. […] Les savants, les philosophes, les théologiens, les alchimistes, les physiciens, les légistes même, trouvèrent pendant deux siècles de quoi se plaire dans le Roman de la Rose.
Et pour la plupart ils vivaient là dans de délicieux loisirs ; on passait la journée tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et, soit groupé autour d’une bouteille de bon vin, soit étendu aux bords du lac, on discutait religion, philosophie, l’avenir de l’humanité, la science, l’art, les racines des mots… Il y avait Mommsen, le célèbre historien, professeur aujourd’hui à Berlin ; les physiologistes Ludwig et Koëchly ; le philosophe Moleschott, un chef reconnu des matérialistes scientifiques ; les poetes Herwegh et Keller ; l’architecte Semper ; le peintre Kietz ; le savant philologue Ettmüllerbb. […] Or, en ce temps, l’Allemagne, après tant d’années d’ignorance, apprenait qu’elle possédait un grand philosophe de plus. […] Wagner (1879) écrit ceci : « Aux sages se découvrit le secret du monde, qui consiste en un pénible mouvement de déchirement. » La Douleur est donc la base de l’existence humaine d’après ces deux philosophes. […] Il reçut le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1902.Jacob Moleschott est un philosophe et un physiologiste néerlandais, né à Bois-le-Duc en 1822 et mort à Rome en 1893.
Il a été à Athènes ; il a hanté les philosophes ; il a étudié la Grèce et deviné l’Inde. […] On trouve dans les Apocryphes des traces d’un étrange itinéraire antique recommandé, selon les uns, aux philosophes par Empédocle, le magicien d’Agrigente, et, selon les autres, aux rabbis par ce grand-prêtre Éléazar qui correspondait avec Ptolémée Philadelphe. […] Quel philosophe que ce visionnaire ! […] Quelquefois même les philosophes aident étourdiment à cet abaissement en mettant dans les doctrines le matérialisme qui est dans les consciences.
Nous l’avons longtemps confondu, dans notre ignorance, avec ces orateurs et avec ces écrivains ecclésiastiques des siècles barbares, qu’on a, selon nous, élevés bien au-dessus de leur stature, dans ces derniers temps, en les comparant aux poètes, aux orateurs, aux historiens, aux philosophes d’Athènes et de Rome. […] Quant à nous, nous n’hésitons pas à reconnaître dans ce précurseur des philosophes et des politiques modernes un esprit digne de converser d’avance et de loin avec Machiavel, avec Bacon, avec Montesquieu, avec Jean-Jacques Rousseau, esprit assez fécond et assez vaste pour porter de la même gestation un monde divin et un monde humain dans ses flancs, comme deux jumeaux de sa pensée. […] Les ouvrages laissés par ce philosophe, sans repos et sans limites, formèrent les bibliothèques des monastères et des universités du temps. […] Si l’homme, d’après les philosophes, est un abrégé de l’univers, il ne se montre jamais si puissant que lorsqu’il maîtrise cet univers intérieur, ce tumulte orageux de sentiments et de pensées qu’il porte en lui.
Mais qu’un philosophe pousse l’outrecuidance jusqu’à traiter de « folle du logis » l’imaginationt, l’esclavage où d’autres prétendront la réduire n’aura pas été impunément imposé. […] L’assimilation du progrès matériel à la culture allemande peut paraître assez opportuniste quand tant de discours de haine ont été répandus contre l’Allemagne, ses philosophes et ses musiciens. […] Hermann von Keyserling (1880-1946) philosophe allemand considéré comme un irrationaliste est né en Lituanie. Il fut botaniste à ses débuts (d’où la comparaison avec les sciences naturelles) ; après son voyage de 1911-1912, il écrivit Journal de voyage d’un philosophe autour du monde, volume publié après la guerre (traduit en 1927).
Et il cite à quelques pages de la lettre du général Bonaparte à Villetard, dans laquelle il est dit des bavards et des fous, à qui il n’en coûte rien de rêver la république universelle : « Je voudrais que ces messieurs vinssent faire une campagne d’hiver. » Traversant avec Bonpland les forêts de l’Amérique centrale et rencontrant dans une mission écartée un curé théologien qui se mit à les entretenir avec enthousiasme du libre arbitre, de la prédestination, et de ces questions abstruses chères à certains philosophes, Alexandre de Humboldt, en sa relation, ajoute : « Lorsqu’on a traversé les forêts dans la saison des pluies, on se sent peu de goût pour ce genre de spéculations. » Faire une campagne d’hiver, ou traverser les forêts vierges dans la saison des pluies, double recette pour se guérir ou de la fausse politique ou de la vaine métaphysique ; c’est la même pensée de bon sens rendue sous une image différente, et je me suis plu souvent à rapprocher les deux mots. […] Daru, qui fait partie de ses écrits inédits, montre d’ailleurs qu’en politique il était des moins sujets aux illusions, qu’il plaçait la difficulté là où elle est en réalité, et qu’après tout il eût été médiocrement étonné de ce qui s’est vu depuis : Les peuples veulent être puissants, libres, tranquilles : ils demandent au philosophe de leur tracer un écrit qui leur garantisse tous ces droits.
Il accordait à l’Académie française la gloire un peu exagérée d’avoir la première institué la discussion littéraire dans ces termes philosophiques, et d’avoir conclu de l’admiration mal fondée que l’on avait eue pour les vieux philosophes, qu’il fallait examiner de plus près celle que l’on avait encore pour les anciens poètes : « L’ouverture de cette dispute, disait-il un peu magnifiquement, a achevé de rendre à l’esprit humain toute sa dignité, en l’affranchissant aussi sur les belles-lettres du joug ridicule de la prévention. » C’était par là que Terrasson croyait qu’il nous appartenait de devenir littérairement supérieurs aux Latins, lesquels, supérieurs de fait aux Grecs, n’avaient jamais osé en secouer le joug. […] À cette date de 1715, il célébrait déjà dans les Français une nation philosophe, une nation chez qui l’illusion pouvait prendre, mais durait moins que chez tout autre peuple : « La philosophie fait, pour ainsi dire, l’esprit général répandu dans l’air, auquel tout le monde participe sans même s’en apercevoir. » S’il avait écrit cinquante ans plus tard, l’abbé Terrasson n’eût pas dit autrement.
Il est un autre ordre de savants aussi positifs et plus philosophes (Cuvier le premier), qui semblent au contraire avoir vu chez Buffon tout ce qui est digne d’être loué, avoir fait la part des progrès réels que lui doit la science, du genre de création qu’il y a porté, des divisions capitales qu’il a entrevues. […] quelques lignes écrites par Goethe peu de mois avant que s’éteignît cette lumière de l’Allemagne, et, dans la patrie même de Buffon, quelques pages de mon père, tels étaient encore, il y a quelques années, les seuls hommages dignes de lui que la science eût rendus au naturaliste et au philosophe.
Ici, dans le Génie du christianisme, il reparaissait tout autre ; bien que les couleurs brillantes et poétiques donnassent le ton général, et qu’il s’attachât à émouvoir ou à charmer plutôt qu’à réfuter, il prenait l’offensive sur bien des points : il s’agissait, au fond, de retourner le ridicule dont on avait fait assez longtemps usage contre les seuls chrétiens ; le moment était venu de le rendre aux philosophes. […] Sans doute il y avait des contradictions dans l’Essai, et ces contradictions pouvaient être une porte entrouverte pour que l’auteur remontât par là jusqu’à la lumière, comme cela est arrivé ; sans doute il se séparait, jusque dans son incrédulité, des encyclopédistes et des philosophes proprement dits, jaloux d’établir leur domination sur les esprits, puisqu’il leur disait : Vous renversez la religion de votre pays, vous plongez le peuple dans l’impiété, et vous ne proposez aucun autre palladium de la morale.
Montaigne (il le nomme en chaire) a beau dire, il a beau tenir en échec la foi, rabaisser la nature humaine, et la comparer aux bêtes en lui donnant souvent le dessous : Mais dites-moi, subtil philosophe, qui vous riez si finement de l’homme qui s’imagine être quelque chose, compterez-vous encore pour rien de connaître Dieu ? […] Il est l’Apôtre sans art d’une sagesse cachée, d’une sagesse incompréhensible, qui choque et qui scandalise, et il n’y mettra ni fard ni artifice : Il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs ; et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine.
On eut le Henri IV à la Collé, du moins le plus gai de tous, — le Henri IV à la Legouvé, et précédemment à la Bernardin de Saint-Pierre, une sorte de Henri dans le genre de Stanislas le philosophe bienfaisant. […] Le grand Frédéric, lui, était un roi essentiellement écrivain ; et quand il écrivait en prose, sauf les germanismes inévitables, c’était un écrivain ferme, sensé, vraiment philosophe, plein de résultats justes et de vues d’expérience, et doué aussi par endroits d’une imagination assez haute et assez frappante.
Elle s’en doute bien elle-même, et voudrait que Voltaire vint donner à sa petite société un dernier tour, un dernier poli de civilisation en faisant « un pèlerinage à Notre-Dame de Bareith. » Il promet toujours et ne vient jamais : « Vous me faites éprouver le sort de Tantale : soyez donc archi-germain dans vos résolutions, et procurez-moi le plaisir de vous revoir. » On a joué chez elle le Mahomet : « Les acteurs se sont surpassés, et vous avez eu la gloire d’émouvoir nos cœurs franconiens. » Elle demande décidément au poète philosophe de « la conduire dans le chemin de la vérité » ; et en attendant, elle lui fait des objections, mais des objections dans un sens plus avancé, plus radical. […] Je n’ai besoin ni d’honneurs ni de biens, et, comme lui, je ne songe qu’à vivre en évêque philosophe.
En un mot, il n’a pas de convictions proprement dites comme tel ou tel philosophe, il n’a que des croyances. […] On a dit de M. de Tracy le philosophe : « M. de Tracy était humilié de croire, il voulait savoir. » C’est le contraire pour Lamennais : il méprisait qui ne croyait pas.
Tantôt c’est une beauté non moins éblouissante, mais d’une ambition plus variée, qui sait unir les plaisirs à la politique, le jeu des cabinets et des cours aux intrigues d’éclat, qui mène de front la galanterie et les affaires, et, sur le pied déjà de souveraine, attire à soi les plus graves philosophes politiques ou impose le respect aux plus grandes dames de Paris : qui les a rencontrés une seule fois ne saurait jamais les oublier, ces deux yeux d’une clarté d’enfer et qui faisaient lumière dans la nuit. […] En général les fautes d’impression abondent dans ces volumes ; les noms propres y sont particulièrement maltraités : pour Baader, le philosophe mystique ; le docteur Butigny pour Butini, de Genève ; M.
Je ne prétends pas dénigrer Louis XV, ni ajouter au mal qu’on a dit de lui ; j’ai lu bien des Portraits de ce roi : je n’en connais point de plus juste que celui qu’a tracé un homme qui l’aimait assez et qui le voyait tous les jours, Le Roy, lieutenant des chasses de Versailles ; on peut s’y fier : c’est un philosophe qui parle et qui, pendant de longues années de service, n’a cessé devoir de près son objet. […] Son caractère moral en résulta et se forma en conséquence : l’observateur philosophe qui avait chevauché pendant tant d’années à ses côtés, en a démêlé et nous en fait suivre à merveille tous les tours, les déguisements et les replis : « Cet homme, toujours subjugué, était toujours tourmenté parla crainte de l’être ; cette disposition influa constamment sur la conduite qu’il eut avec ses ministres.
Marc-Aurèle couronne ce siècle unique dans l’histoire par sa sagesse et par ses vertus : il est le plus philosophe et le plus humain de tous ceux qui ont jamais régné. […] Martha, dans un volume où il a rassemblé plusieurs philosophes et poètes de l’Empire romain59, lui a consacré tout un chapitre sous ce titre : l’Examen de conscience d’un Empereur.
Je suis loin de croire, à l’exemple de quelques éloquents philosophes ou orateurs, que dans une grande âme tout est grand ; il y a souvent bien du mélange : mais je dis en même temps qu’il y a dans toute organisation de génie une résultante totale qui se dégage et à laquelle il faut s’attacher. […] Après l’avoir lu, on était tout préparé à aborder la Correspondance, cette grande source directe qui continue et continuera longtemps de se dérouler, claire, nette, rigide, incorruptible, vrai fleuve du Styx pour la plume de bronze qui viendra s’y tremper, pour l’historien concentré et philosophe, le Mommsen futur.
Et, par exemple, il n’était pas pour l’affranchissement des noirs, à l’exemple des philosophes, et en même temps il demandait assez d’adoucissements à cet odieux état de l’esclavage pour paraître aux yeux des colons un ami des noirs, un négrophile : il ne contentait personne. […] En même temps qu’il souffle en souriant sur les utopies du baron de Bessner, il réduit les théories des philosophes de cabinet à leur valeur.
» Je ne propose pas ce raisonnement comme modèle aux philosophes et politiques, aux gens du monde, aux littérateurs et artistes ; mais je le trouvais tout naturel et facile dans l’esprit d’un catholique croyant comme l’était l’abbé de La Mennais. […] M. de La Mennais, en raisonnant ici comme le public, comme les philosophes et comme le sens commun, en se faisant lui-même juge du moment décisif pour l’humanité, est devenu semblable à presque tous, à part la supériorité du génie.
Il y a des temps décisifs dans la vie des individus, où leur constitution physique ou morale subit de graves changements et se fonde comme derechef, où l’on refait bail, pour ainsi dire, sur un certain pied et à de certaines conditions avec ses idées, avec ses moyens ; il y a, enfin, des années critiques, climatériques, comme disaient les anciens médecins, palingénésiques, comme disent de modernes philosophes. […] C’est ce qu’on peut dire aussi de plusieurs éminents historiens ou philosophes, M.
Même quand le sensualisme a détrôné le cartésianisme, la logique idéale et l’analyse mathématique continuent de régner : tous ces philosophes qui donnaient tout aux sens et en dérivaient tout, furent les « plus intellectuels » des hommes. […] Ce n’est pas de lui à coup sûr que relèvent ni la poésie coquette et fardée de Bernis et de Gentil-Bernard, issus de Benserade et de Mme Deshoulières, qui étaient eux-mêmes les héritiers de Voiture — ni tous ces descriptifs acharnés à inventorier toute la nature, vrais continuateurs des faux épiques que Boileau poursuit, et qui pourraient s’appliquer une bonne part des leçons qu’il adresse à ceux-ci — ni ces faiseurs d’odes philosophiques et de dissertations découpées en strophes, qui n’ont même pas le « beau désordre » dont parlait l’Art poétique — ni même les satiriques auteurs de comédies pincées, ou les philosophes prêchant leurs vagues tragédies — ni évidemment les inventeurs de tragédies en prose, de drames bourgeois et de comédies larmoyantes, qui dénaturent ou confondent les genres — ni enfin les anglomanes, qui, se détournant des anciens, vont chercher des modèles en Angleterre comme leurs grands-pères en Espagne ou en Italie.
Un grand nombre de traductions d’ouvrages étrangers sont devenues matières de lecture courante : avec le naturaliste Darwin, l’Angleterre nous a fourni ses philosophes, Stuart Mill, Herbert Spencer, Alexandre Bain922. […] Fustel de Coulanges est un philosophe, ou plutôt un homme de science : ce qu’il poursuit, c’est la réduction du réel à des lois ; tous ses travaux sont des généralisations.
Même au temps de Buffon, les Portugais ne reconnaissaient pas un homme dans le nègre, et plus d’un philosophe était de leur avis. […] L’Histoire naturelle des animaux n’a pas de plus belles pages que celles où Buffon, philosophe du dix-huitième siècle, mais non encyclopédiste, apporte sa part à l’œuvre de réforme.
Le second, partant de son hardi principe que « tout est bien sortant des mains de l’auteur des choses », défendit la théorie optimiste dans une longue lettre qu’il adressa au philosophe de Ferney. […] Elle contribua pour sa large part à la floraison poétique de la Renaissance, aux spéculations élargies des philosophes, à l’essor plus hardi de l’esprit humain.
Commynes, dans ses Mémoires, n’est pas seulement un narrateur, c’est un philosophe politique, embrassant, comme Machiavel et comme Montesquieu, l’étendue des temps, les formes diverses de gouvernements, leurs principes et les conséquences éloignées qui en découlent. […] Commynes justifie tout à fait pour moi le mot de Vauvenargues : « Les vrais politiques connaissent mieux les hommes que ceux qui font métier de philosophie : je veux dire qu’ils sont plus vrais philosophes. » Mais, pour cela, il faut que ce soient de vrais politiques en effet, et il en est peu qui justifient ce titre à l’égal de Commynes.
Je deviens de jour en jour philosophe, et, pourvu que j’aie le plaisir de vous retrouver et de vous décharger mon cœur, je ne compte pour rien tout le reste. […] La Bruyère, logé chez les Condé, usait de cet abri pour observer de là en moraliste et en philosophe.
En laissant de côté la physique et les explications particulières, en ne s’attachant qu’à ce que j’appelle les idées, il est aisé de reconnaître dans Pline un philosophe, un esprit supérieur à la plupart des choses qu’il va enregistrer. […] De plus conciliants philosophes, des esprits plus largement contemplateurs, ont prétendu « qu’il n’y a point de contradictions dans la nature ».