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419. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

C’est un poète et un peintre de terroir comme tous les peintres et les poètes pénétrants, la loi étant de ne bien peindre que les choses qu’on a vues, qui se sont enfoncées en nous dès l’enfance, et dans lesquelles nous avons fait boire nos premiers regards. […] Peintre et poète, il l’était déjà, on le savait, on en convenait. […] Puis, comme si ce n’était pas assez que cette fin par elles-mêmes de l’Institution et de la Race, le peintre, désespéré et désespérant, d’une Royauté qui meurt, selon lui, de deux ignominies : l’ignominie morale et l’ignominie physique des personnalités royales, n’a placé auprès de cette royauté ni un homme de génie (quoique dans son livre il y en ait un), ni un homme de foi et de dévouement (quoiqu’il y en ait plusieurs), qui ne soient ou inutiles ou ridicules dans leur effort pour la sauver.

420. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Pour plus d’éclaircissement, je prendrai un exemple dans un genre voisin et fraternel : s’il en était en ceci de la peinture comme de la poésie, si la quantité de nouveaux peintres et paysagistes qui se produisent chaque année n’arrivait pas aux yeux du public, s’ils restaient chacun avec son œuvre à l’ombre de son atelier, combien ils auraient lieu de se plaindre de cette condition ingrate, de cet isolement, de ce manque de place et de lumière au soleil ! […] les poëtes n’ont pas comme les peintres leur exposition annuelle où chaque curieux défile, où chaque critique est convié d’office et où, tant bien que mal, ils sont regardés et jugés.

421. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Il n’est donné qu’à un petit nombre de peintres d’écrire sur ces pages blanches de la vie. […] Demandez au peintre de Childe-Harold et de Chillon.

422. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

« C’est à ce mouvement qu’on dut en partie la victoire… » Maintenant, qu’il déclame tant qu’il voudra contre la guerre et s’enniaise de philosophie moderne, l’homme qui a écrit cette espèce de strophe, cette phrase presque plastique, ce tableau d’un si rapide mouvement et d’une si héroïque couleur, est, avant de se donner pour un Lavater de la main, un peintre militaire indestructible qui va se trouver partout : — il n’y a qu’un moment dans l’idéal, tout à l’heure dans la réalité. […] V Ainsi un artiste, — un peintre digne de l’histoire quand il voudra l’aborder, — voilà ce qu’est très sérieusement l’auteur de ce livre sur la main, qui, pour des gens plus graves que nous, ne serait pas sérieux.

423. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Quant au style par lequel on est peintre, par lequel on vit dans la mémoire des hommes, celui de Madame Bovary est d’un artiste littéraire qui a sa langue à lui, colorée, brillante, étincelante et d’une précision presque scientifique. […] Flaubert, — de ce peintre au poinçon, — sont si secs, qu’on en déduit sans étonnement l’aridité foncière d’un homme qui n’a plus rien à dire de vivant et d’observé après Madame Bovary, — probablement un souvenir personnel.

424. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Ainsi ce serait aux philosophes à construire l’édifice des langues, à en jeter les fondements, à en fixer les proportions et la hauteur, comme les poètes en sont, pour ainsi dire, les décorateurs et les peintres. […] J’ai vu des hommes s’indigner de ce que Montesquieu avait osé dire, et moi aussi je suis peintre .

425. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Je continue : le mari, un artiste, un peintre, vient d’apprendre la déchéance de sa femme ; il faut absolument que lui ou l’ami qui l’a trompé meure. […] — Non, dit le peintre ; pas ainsi, du moins. […] Le peintre enferma les pistolets dans leur boîte et prit quelques cartons de tir. […] On s’est beaucoup occupé du peintre qui est une de nos gloires et on n’a pas assez constaté que l’écrivain, le poète étaient à la hauteur de l’artiste. […] Ce peintre me révoltait par son dessin.

426. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Leconte de Lisle est un peintre d’animaux admirable et d’une intuition saisissante. […] Ce peintre aux yeux aigus, aux belles passions désintéressées, à la palette vibrante et chaude, semble avoir pour lui toutes les chances. […] La différence du regard des peintres s’explique ici par la différence des modèles. […] Vous comprendrez pourquoi ce type du raté se trouve reproduit avec tant de complaisance par nos peintres de mœurs. […] Quel peintre surpassa en talent plastique Léonard, ce mathématicien ?

427. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

Jules Claretie C’est un romantique d’une espèce particulière, un poète de la fantaisie et du caprice ; admirateur de Hugo et de Sterne à la fois voyageant à son gré à travers la vie, un indépendant qui court après les papillons et les libellules et qui trouvait, comme le peintre Chaplin, que le reste est dans la nature aussi bien que le bitume et l’ocre jaune.

428. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Peintres qui peuvent faire de mémoire un portrait ou une copie. — Cas d, es écoles de dessin où l’on exerce cette faculté. — Autres exemples de la résurrection volontaire des sensations visuelles. — Les sensations des autres sens ont aussi leurs images. — Images de sensations auditives. — Exemples. […] En quoi elle diffère encore de la sensation correspondante. — L’illusion qui l’accompagne est promptement rectifiée. — L’image comporte toujours une illusion plus ou moins longue— Loi de Dugald Stewart. — Exemple d’un prédicateur américain. — Témoignage d’un romancier moderne. — Cas d’un peintre anglais. — Témoignage d’un joueur d’échecs. — Observations de Goethe et de M.  […] Certains peintres, dessinateurs ou statuaires, après avoir considéré attentivement un modèle, peuvent faire son portrait de mémoire. […] Quand j’écrivais l’empoisonnement d’Emma Bovary, j’avais si bien le goût d’arsenic dans la bouche, j’étais si bien empoisonné moi-même, que je me suis donné deux indigestions coup sur coup, deux indigestions très réelles, car j’ai vomi tout mon dîner. » Un peintre anglais21, dont la célérité était merveilleuse, expliquait de même son procédé : « Lorsqu’un modèle se présentait, je le regardais attentivement pendant une demi-heure, esquissant de temps en temps ses traits sur la toile. […] Elle est la sensation elle-même, mais consécutive ou ressuscitante, et, à quelque point de vue qu’on la considère, on la voit coïncider avec la sensation. — Elle fournit aux mêmes combinaisons d’idées dérivées et supérieures : le joueur d’échecs qui joue les yeux fermés, le peintre qui copie un modèle absent, le musicien qui d’après son cahier entend une partition, portent les mêmes jugements, font les mêmes raisonnements, éprouvent les mêmes émotions que si l’échiquier, le modèle, la symphonie frappaient leurs sens.

429. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Excepté à la poésie ou à l’éloquence, arts immatériels qui n’ont besoin que d’une parole ou d’une plume, il faut un matériel à tous les arts : des blocs de marbre au statuaire, des toiles, des couleurs au peintre ; mais au musicien, il faut un monde d’exécutants. […] Il écrit des opéras et des psaumes ; il s’éprend à la fois de la mère et des deux filles d’un peintre italien établi à Dresde ; ce triple amour, quoique contenu dans les bornes de l’honnêteté, amène une explication sévère entre la mère et le père, avec le séducteur innocent. […] Et c’est ainsi qu’un vrai critique découvrirait presque toujours dans le poète, dans le musicien, dans le peintre, dans le poète, les véritables sources de l’œuvre de ces grands artistes. […] Nous comprenons très bien que le musicien, le poète, le décorateur, le chanteur, le danseur, le déclamateur dramatique, le peintre et le statuaire aient eu la pensée de s’associer en un seul groupe d’arts confondus sur la scène, afin de produire sur la multitude un prestige souverain à l’aide de tous ces prestiges réunis. Nous n’échappons pas nous-même à la toute-puissance sensuelle de ce spectacle où le poète compose et versifie, où le peintre décore, où l’architecte construit, où la danseuse enivre l’œil par la beauté, le mouvement, l’attitude ; où le déclamateur récite, où le personnage tragique ou comique rit et pleure, se passionne, tue ou meurt en chantant ; où l’orchestre enfin, semblable au chœur de la tragédie antique, accompagne et centuple toutes ces impressions du drame par ces soupirs ou par ces tonnerres d’instrumentation savants qui caressent ou qui brisent chaque fibre sonore du faisceau de nos nerfs en nous.

430. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Le dix-septième siècle, si curieux investigateur du cœur humain, et si grand peintre de l’homme, avait laissé quelque chose à dire même sur ce sujet en apparence épuisé ; il avait laissé beaucoup à dire sur la société française, sur l’homme tel que la France le fait ; il avait laissé presque tout à dire sur l’homme social, sur l’économie des sociétés humaines. […] La Bruyère écrit plus en peintre, Montesquieu plus en penseur. […] Cependant Montesquieu, moraliste et peintre de portraits, a eu un modèle. […] Les précieux et les précieuses du dix-septième siècle n’y avaient cherché qu’un tour d’esprit à imiter ; l’abbé de Lyonne y montrait à Lesage la vie humaine dont les peintures, aux beaux temps de l’Espagne, ont la solidité et le coloris des tableaux de ses grands peintres. […] Peintre des mœurs en général, Lesage ne songe pas à être autre chose.

431. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Vauvenargues peintre de caractères. — § III. […] Il n’entend pourtant pas rivaliser avec les peintres ; il critique même les images qu’ils hasardent de la Vierge, « lesquelles ressemblent, dit-il, à leurs idées, et non à elle. » Il n’eût pas dit cela des vierges de Raphaël ; car c’est d’après le même modèle, gravé au fond de leur cœur par la foi et le génie, que le prédicateur par la beauté de ses paroles, l’artiste par les grâces de son pinceau, ont su représenter l’idéal de la plus touchante des croyances catholiques. […] A la lecture, l’allusion n’atteint personne ; les esquisses n’étant plus pour nous des indiscrétions inattendues et redoutées, nous leur faisons un tort de la charité qui a retenu le crayon du peintre. […] Vauvenargues peintre de caractères. Comme peintre de mœurs et de caractères, il faut se garder de comparer Vauvenargues au modèle du genre, La Bruyère.

432. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

* * * — Louis m’a dit aujourd’hui : — Au fait, tu sais, je t’aurai peut-être des documents sur le peintre Boucher. […] La petite-fille de Boucher, femme galante… En effet, c’était un peu dans le sang du peintre des Grâces impures… * * * — Ô Jeunesse des écoles, jeunesse autrefois jeune, qui poussait de ses deux mains battantes le style à la gloire ! […] Et pour accompagner la fête, le pianiste Quidant, à l’esprit si foncièrement parisien, à l’ironie féroce, qui a baptisé Marchal « le peintre des connaissances utiles ». […] Plus de peinture ni de peintres. […] La femme du peintre qui était en relation avec la Revue des Deux Mondes, la confiait à Planche qui la remaniait avec beaucoup de travail et de soin.

433. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Et nous voilà, avec Daudet, dans la loge de Sisos essayant ses robes, en compagnie de Doucet, ce couturier, délicat et intelligent collectionneur ; dans la loge de Cerny, dévêtant son svelte, et fantaisiste costume de petit mitron ; dans la loge de Mounet, tapissée de lambeaux d’affiches en pourriture, avec un étal sur une planche de pots pour le maquillage de l’artiste, semblable à l’appareillage de couleurs d’un peintre à la colle. […] Par exemple, à propos du repas nocturne des bohémiens, au bord de la Seine, l’ouverture des Frères Zemganno, et où se trouve la description d’un saule, que je fais gris, sur une note prise d’après nature, il dit : « On sait que le vert devient noir la nuit. » N’en déplaise aux mânes de l’écrivain russe, mon frère et moi étions plus peintres que lui, témoin les très médiocres peintures et les horribles objets d’art qui l’entouraient, et j’affirme que le saule décrit par moi, était gris et pas du tout noir. […] Oui, c’est un paysagiste, un peintre de dessous de bois très remarquable, mais un peintre d’humanité, petit, manquant de la bravoure de l’observation. […] Au bout de rues, qui ont l’air de rues de faubourg de province, où l’on cherche un lupanar, une maison honnêtement bourgeoise, où se trouve toute pleine une pauvre petite salle de théâtre ; une salle à la composition curieuse, et qui n’est pas l’éternelle composition des grands théâtres : des femmes, maîtresses ou épouses de littérateurs et de peintres, des modèles, — enfin un public, que Porel baptise : un public d’atelier.

434. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

. —  En quoi il ressemble aux peintres de son pays. —  En quoi il diffère de George Sand […] I Il y a en lui un peintre, et un peintre anglais. […] Dickens a la passion et la patience des peintres de sa nation : il compte un à un les détails, il note les couleurs différentes des vieux troncs d’arbres ; il voit le tonneau fendu, les dalles verdies et cassées, les crevasses des murs humides ; il distingue les singulières odeurs qui en sortent ; il marque la grosseur des taches de mousse, il lit les noms d’écoliers inscrits sur la porte et s’appesantit sur la forme des lettres. […] Il se perdra, comme les peintres de son pays, dans l’observation minutieuse et passionnée des petites choses ; il n’aura point l’amour des belles formes et des belles couleurs. […] Il faut, pour comprendre cette complaisance du peintre et ce choix de caractères, songer à leur type physique.

435. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Ce peintre vigoureux des couches les plusboueuses de notre société, cet homme, prompt à l’attaque comme à la riposte, qui déchaîne tant de haines, est un bon bourgeois, vit tranquille et ne quitte guère son petit intérieur. […] Ce reproche-là, qu’on le garde pour les peintres de saletés à l’eau de rose, pour des talents mignards qui parent d’oripeaux les ordures du chemin, qui jettent le manteau de la poésie sur la nudité du vice ! […] Les peintres de scandale par amour du scandale trouvent des amateurs qui les achètent, mais personne qui ose élever la voix pour les défendre. […] La main chez lui, comme chez certains peintres, est extraordinaire de facture et de pâte. […] et Juvénal, le peintre hardi des débauches de la Rome impériale !

436. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

Robert de Bonnières est assez connu du public comme romancier et comme essayiste, comme peintre mordant et aigu, de la société contemporaine.

437. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre II. De l’Allégorie. »

Enfin, il est si vrai que l’allégorie physique, ou les dieux de la fable, détruisaient les charmes de la nature, que les anciens n’ont point eu de vrais peintres de paysage59, par la même raison qu’ils n’avaient point de poésie descriptive.

438. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Leurs images réelles, superposées aux architectures abstraites dont le peintre couvre la toile, sont les tremplins que l’esprit quête pour rebondir dans l’inconnu. […] Deux peintres l’ont évitée en m’écrivant des lettres très simples. […] : la deuxième lettre que je reçois d’un peintre m’arrive de Pontivy. […] Une statue, une cathédrale, un tableau, une sonate, ont aussi deux sens : l’un prosaïque, accessible à tous, (en particulier par le « sujet » de notre peintre provençal) ; l’autre, mystique, ouvert seulement aux privilégiés, d’ailleurs très nombreux qui, par l’intermédiaire magique des lignes, des couleurs, des notes, parviennent à l’expérience que nous avons dite. Il se pourrait même — insinuons-le tout bas, puisque nous parlons à un peintre — que, de ces incantations diverses, la plus puissante, la plus mystique, soit encore celle qui nous semble la plus paralysée par les abstractions qui l’encombrent, c’est-à-dire la magie verbale.

439. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Dumas devait emmener avec lui une colonie d’artistes et de gens de science : trois ou quatre peintres, un botaniste, un chirurgien, un architecte, un géologue, un intendant et des secrétaires. […] Il rendait compte de cette exposition de tableaux que les peintres français forment, tous les ans, dans les galeries du Louvre. […] C’est ce qu’avait fini par faire le peintre, qui s’était improvisé un porte-manteau de ce recoin. Le peintre était républicain. […] Méry est sans contestation une des curiosités de Paris pour un artiste ; et tel peintre achèterait fort cher la faveur d’y dessiner tout un jour.

440. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

Ce n’est pas un narrateur tel que Coppée, un psychologue comme Sully Prudhomme, comme Silvestre, un alexandrin pénétré de « modernité » ; c’est, en poésie, un peintre de genre et de paysage, encadrant ses tableaux dans les quatrains de la stance ou du sonnet.

441. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

. — Le Peintre de Salzbourg, suivi des Méditations du cloître (1803). — Les Essais d’un jeune barde (1804). — Les Tristes, ou les Mélanges, tirés de la tablette d’un suicidé (1806). — Stella ou les Proscrits (1808). — Archéologie ou Système universel et raisonné des langues (1816). — Questions de littérature légale ; plagiat, supercheries (1812). — Dictionnaire de la langue écrite (1813). — Histoire des sociétés secrètes de l’armée (1815). — Jean Sbogar (1818). — Thérèse Aubert (1819). — Adèle (1820). — Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (1820). — Smana ou les Démons de la nuit (1821). — Bertram ou le Château de Saint — Aldobrand (1821). — Trilby ou le Lutin d’Argail (1822). — Mélanges tirés d’une petite bibliothèque (1829). — Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux (1830). — La Fée aux miettes, roman imaginaire (1832). — Mademoiselle de Marsan (1832). — Souvenirs de jeunesse (1839). — La Neuvaine de la Chandeleur ; Lydie (1839). — Trésor des fèves et fleur des pois ; le Génie bonhomme ; Histoire du chien de Brisquet (1844).

442. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième cours d’études. Une classe de perspective et de dessin. » pp. 495-496

Le modèle ne me paraît nécessaire qu’à ceux des élèves qui se feront peintres ou sculpteurs par état ; mais, je le répète, point de dessin sans perspective.

443. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Les poètes pensent, les romanciers pensent, les peintres, les sculpteurs pensent, et, Dieu me pardonne, les philosophes aussi. […] par exemple, s’écrièrent-elles stupéfaites, et en chœur, voilà du nouveau… Mais les peintres peuvent bien exposer au diable si ça les amuse. […] Non, vous savez, les peintres nous agacent un peu plus que de raison. […] — Et des peintres patriotes. […] Ses amitiés étaient toutes, exclusivement, parmi les jeunes poètes et les peintres aux tendances différentes.

444. (1883) Le roman naturaliste

Sur ces entrefaites, un peintre de génie, Francis Airoles, tombe tout à coup on ne sait d’où, pour devenir en quelques jours l’amant de Juliette. […] Si vous y regardez de plus près, c’est un procédé de peintre. […] Le lecteur, involontairement, cherchera ce verbe qui manque, il l’attendra du moins, mais, tandis qu’il l’attendra, tous les traits, un à un, que le peintre a rassemblés, se graveront dans l’esprit pour y former l’impression que le peintre a voulu susciter, et la vision en durera jusqu’à ce qu’elle soit chassée par une autre. […] Ajoutons un dernier trait : ce peintre est né poète et l’est toujours demeuré. […] Le travail est le même que celui d’un peintre hollandais en présence de son sujet.

445. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

J'ai encore visité dans son atelier Overbeck, le peintre ascétique, dévot à l’art pur chrétien.

446. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Racine, ce peintre de l’amour, dans ses tragédies, sublimes à tant d’autres égards, mêle souvent aux mouvements de la passion des expressions recherchées qu’on ne peut reprocher qu’à son siècle : ce défaut ne se trouve point dans la tragédie de Phèdre ; mais les beautés empruntées des anciens, les beautés de verve poétique, en excitant le plus vif enthousiasme, ne produisent pas cet attendrissement profond qui naît de la ressemblance la plus parfaite avec les sentiments qu’on peut éprouver.

447. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schwob, Marcel (1867-1905) »

Il a fait de la dernière nuit de Cartouche à la Courtille un tableau à la manière de Jeaurat, le peintre ordinaire de Mam’selle Javotte et de Mam’selle Manon, avec je ne sais quoi d’exquis que n’a pas Jeaurat.

448. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

L’Oraison funebre du Prince de Conti sent le Rhéteur ; elle offroit cependant mille tableaux intéressans au grand Peintre.

449. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Mon petit Pierre Gavarni expliquait, ce soir, assez ingénieusement, le talent de Fromentin : un manque d’études suivies, une inexpérience curieuse du métier de la grande peinture, mais le jet sur la toile d’un milieu et d’une heure, que le peintre peuple après d’Arabes et de chevaux mal dessinés et incomplètement peints, mais qui sont au fond charmants, presque vrais, et qui vivent par l’exquise et poétique trouvaille de la nature ambiante. […] On voit par là que dans le laque, les laqueurs veulent mettre une chaleur de coloriste, et qu’en leur travail, ils se soutiennent par une véritable esquisse de peintre. […] Lundi 13 novembre Un croquis d’un bistingo de peintres, dont je n’avais pas entendu parler, quand j’ai fait Manette Salomon : la maison Schumacker du quartier Pigalle. […] Un des habitués de là, était un curieux type de bohème, le peintre X…, ramassé par le banquier Halphen, pour lui donner des leçons de peinture, puis ensuite, pour veiller à ce que, dans sa maison de banque, quelqu’un du dehors ne prît pas de l’argent, ou une traite traînant sur un bureau, et passant toute la journée, sur un pied, en fumant tous les vieux bouts de cigare, oubliés par les uns et par les autres sur les coins de cheminées.

450. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Son maître, le peintre Ghirlandaio, obtint pour lui de Laurent la permission d’aller dans ses jardins étudier les beaux vestiges d’art qui arrivaient de Grèce. […] Le sculpteur devint ainsi peintre, poëte, architecte. […] Ce fut le point culminant de l’Église romaine ; Michel-Ange et Raphaël en furent les architectes, les praticiens et les peintres.

451. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Car sur de telles choses, il faut qu’il compte avec les préjugés du public, les préventions des savants, pour lesquels il n’est que le peintre des Débardeurs. […] Tel Honoré Fragonard, le plus merveilleux improvisateur parmi les peintres. […] Thiers ou des harpistes comme Lamartine… Et les peintres donc, quelles pauvres intelligences !

452. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Peintre immortel de la passion, mais surtout peintre naïf, cette naïveté survivait sans doute chez lui aux autres traits et dominait dans sa personne.

453. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Après quoi il reprit la suite de son Traité du lavis à l’encre de Chine (Menus-Propos d’un Peintre Genevois) et en acheva une partie assez considérable et complètement inédite, dans laquelle, remuant et discutant à sa manière les plus intéressantes questions de l’esthétique, il a écrit, nous assurent de bons juges, des pages bien neuves et les plus sérieuses qui soient sorties de sa plume. Son ambition n’était pas de proposer une nouvelle théorie après toutes celles des philosophes ; c’était en peintre et pour sa satisfaction comme tel, et pour l’intelligence de son art adoré, qu’il s’appliquait depuis des années à ce genre d’écrits, y revenant chaque fois avec une force d’application nouvelle.

454. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Je crois être strictement juste en faisant ici une place à Fromentin868, ce peintre exquis de l’Algérie et de l’Orient, cet esprit inquiet, intelligent, qui comprit, sentit, conçut plus qu’il ne sut exécuter, et qui par là fut éminemment un critique. […] L’auteur dit ses surprises, ses découvertes, ses dépits, ses ravissements devant des tableaux : c’est un peintre qui saisit la facture, les procédés, et qui, dans la technique, atteint le génie des maîtres.

455. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

. — Histoire des peintres, en coll. avec Ch.  […] Je voudrais qu’ils reconnussent en lui au moins des dons peu communs de peintre à la plume, que tout au moins ils avouassent être en présence d’une merveilleuse vocation manquée.

456. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Victor Hugo fut un peintre et un rêveur. […] Souvent le peintre devenait sculpteur.

457. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Et plus loin, quand il quitte la maison maternelle pour le collège, il dira : « Je ressemblais à une statue de l’Adolescence enlevée un moment de l’abri des autels pour être offerte en modèle aux jeunes hommes. » Tout cela doit avoir été très juste, très fidèle ; il est dommage seulement que ce soit l’original lui-même qui se fasse de la sorte son propre statuaire et son propre peintre. […] Je pourrais lui répondre à mon tour que l’écrivain, pour se peindre, a besoin de plus de travail moral, de plus de réflexion et de préméditation que le peintre proprement dit, et que, du moment que le moral intervient, un autre ordre de délicatesse commence.

458. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Car il est à la fois philosophe et peintre, et il ne nous montre jamais les causes générales sans les petits faits sensibles qui les manifestent, ni les petits faits sensibles sans les causes générales qui les ont produits.

459. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

Émile Blémont excelle à décrire en poésie, ainsi qu’on faisait jadis, les tableaux de nos peintres, auxquels ses vers semblent rendre leurs mouvements et leurs couleurs ; signalons, avant de finir, une pièce charmante : « Le Volant », un élégant Watteau en quatrains.

460. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Dès lors, il est à craindre que tôt ou tard les industriels ne s’aperçoivent du marché de dupes qu’ils font en commandant une affiche à un peintre de plus de talent que de conscience, ou si l’on veut d’application, et que les imprimeurs d’odieuses affiches, genre Appell ou Lévy n’en bénéficient.

461. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 145-150

Le Peintre étoit un sot, dont l’amoureux caprice Nous peignit Cupidon un enfant sans malice, Garni d’arcs & de traits, mais nud d’acoustremens.

462. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

Un jeune peintre de vingt-deux ans, qui se montre, et se place tout de suite sur la ligne de Berghem !

463. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Votre vierge est assez belle de draperie et de caractère ; mais elle est raide, et si je connaissais mieux les anciens peintres, je vous dirais à qui vous l’avez prise.

464. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 15, des personnages de scelerats qu’on peut introduire dans les tragedies » pp. 115-119

On peut donc introduire des personnages scelerats dans un poëme, ainsi qu’on met des bourreaux dans le tableau qui répresente le martyre d’un saint : mais comme on blâmeroit le peintre qui dépeindroit aimables des hommes ausquels il fait faire une action odieuse, de même on blâmeroit le poëte qui donneroit à des personnages scelerats des qualitez capables de leur concilier la bienveillance du spectateur.

465. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Nibelle, comme inspiration et comme forme, a goûté à cette candide coupe de lait écumant dans laquelle buvait Yorick… Lorsque la visée commune est la force, soit dans l’expression des caractères ou des passions, soit dans les situations dramatiques, à une époque de corruption et de décadence où l’on a transporté dans le langage, cette forme rationnelle de la pensée, la couleur torrentielle des peintres les plus éclatants, il faut savoir bon gré à un jeune homme d’avoir, dans ses premiers récits, été sobre et simple comme s’il avait eu l’expérience, et de ne s’être adressé qu’aux saintes naïvetés du cœur pour plaire et pour intéresser.

466. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Il y a de la torture, de l’inquisition presque, dans les planches de son dernier grand peintre, et dans la morsure de ses eaux-fortes, pour ainsi dire, de la brûlure de ses autodafés. […] Un jour, on a fait demander des Tuileries, à la Bibliothèque, toutes les pièces du Collier ; un autre jour le petit prince, mené chez un peintre, l’a interrogé sur la mort de Louis XVII, au Temple. […] À la fin il s’informe des peintres de mœurs des époques antérieures. […] Moi, ça ne me va pas… Là étaient Marchal le peintre, Mme Calamatta, Alexandre Dumas fils… — Et quelle est la vie à Nohant ? […] Toutes riaient, criaient, se démenaient : une charretée de bonheurs de dix ans, et point de peintre pour rendre cela.

467. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Voulez-vous connaître la pâle esquisse que le maître peintre a fait flamboyer en la retouchant ? […] Il aima Paris, et il en fut le peintre. […] Il n’a quitté son faubourg natal que pour rendre visite à des peintres. […] C’est, je crois, le meilleur « gyp » que nous ait donné, jusqu’ici, le peintre amusé et amusant de M.  […] Rouffet, peintre excellent et retardataire, vient d’exposer au salon des Champs-Élysées.

468. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

Délicieusement conté, plutôt qu’il n’est écrit, avec toute la grâce et la gracilité d’un poète japonais qui serait un peintre délicat, ce roman atteste une fois de plus l’exclusive prédilection de Judith Gautier pour le prestigieux et immémorial Orient.

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