Il y a des vers qui n’auraient pu être écrits avant 1825 ; par exemple, quand Bérengère, suppliant une dernière fois Savoisy qui reste muet, lui dit : On répond quelque chose à cette pauvre femme !
Le droit bourgeois opprime le pauvre.
Souhaitons longue haleine à tous ces pauvres Sisyphes essoufflés, qui vont roulant et roulant sans cesse leur pierre au haut d’une butte ; Palus inamabilis undâ Alligat, et novies Styx interfusa coercet.
Elle a passé, ne songeant pas même à retourner la tête pour voir derrière elle, la pauvre philanthrope fatiguée !
Y a-t-il rien de plus naturel et de plus vulgaire que la position de Laïs quand elle eut hérité des grands biens de son Eupatride, et quand, riche, belle et courtisane, elle conviait à ses repas les hommes les plus célèbres de son temps et faisait bavarder, après boire, toutes ces pauvres sagesses, doublement enivrées ?
Montrez tout ce que vous voudrez des ruines de cette femme, et la poignée de cheveux s’il vous en reste, de ces cheveux blanchis en une nuit, et les souliers percés qu’elle traînait à la prison de ses pieds de reine, et la pauvre robe d’indienne brune et blanche, et toute rapiécée, qu’elle portait au Temple, et le mouchoir trempé par Mingault dans le sang de l’échafaud, et même la robe de linon immortelle de cette reine qui commença par le bonheur pour mieux finir par le martyre !
Montrez tout ce que vous voudrez des ruines de cette femme, et la poignée de cheveux s’il vous en reste, de ces cheveux blanchis en une nuit, et les souliers percés qu’elle traînait à la prison, de ses pieds de reine, et la pauvre robe d’indienne brune et blanche, et toute rapiécée, qu’elle portait au Temple, et le mouchoir trempé par Mingault dans le sang de l’échafaud, et même la robe de linon immortelle de cette reine qui commença par le bonheur pour mieux finir par le martyre.
Après la décapitation de d’Egmont, ce Ney de l’histoire hispano-flamande, — car Graveline et Saint-Quentin valent bien la Moscowa, — et pour qui, comme pour Ney, il y eut autant de raisons de pardonner que de condamner, Prescott rapporte toute entière cette lettre du duc d’Albe à Philippe II, que tant d’autres historiens auraient oubliée : « Votre Majesté comprendra le regret que j’ai eu de voir finir ainsi ce pauvre seigneur et de lui faire subir ce sort ; mais je n’ai pas reculé devant le devoir de servir mon souverain… Le sort de la comtesse m’inspire aussi une très grande compassion quand je la vois chargée de onze enfants dont aucun n’est assez âgé pour se suffire, et quand on pense à son rang élevé de sœur de comte palatin et à sa vie si vertueuse et si exemplaire, je ne puis que la recommander aux bonnes grâces de Votre Majesté. » Les bonnes grâces de Philippe II furent chiches.
Leur faiblesse avait fait sa force… Et je ne parle pas des pauvres Bourbons, qui n’osèrent rien contre qui avait tout osé contre eux ; je parle de l’homme qui paraissait le plus providentiellement créé pour être l’Hercule de cette Hydre et qui ne le fut point.
Il avait fondé, comme médecin, une maison des pauvres, qu’il soignait gratis, espèce de Petit manteau bleu de la science dans un temps qui produisait Vincent de Paul.
Si la nostalgie de Paris n’avait pas poussé le pauvre Galiani à jeter des lettres dans ce tombeau où les lettres arrivent , disait si mélancoliquement Madame de Staël de l’absence, il ne se serait pas endormi sous le bleu du ciel de Naples comme les lazzaroni de ses bornes, car il n’avait rien du lazzarone, cet homme d’éther et de phosphore, mais il aurait, avec cette dextre souplesse qui est le caractère de son genre de génie, rempli stoïquement les hautes fonctions économiques, financières, administratives et judiciaires auxquelles le gouvernement napolitain l’appela pour lui faire oublier sa disgrâce d’un jour.
Il croit à la morale par elle-même, et il y croit si dru qu’il n’est pas du tout frappé comme il devrait l’être de ce grand fait qui se retourne contre sa pauvre morale, la soufflète et la convainc d’impuissance, — le contraste qui existe et n’a pas cessé d’exister à la Chine entre la moralité enflée ou sentimentale des paroles et la scélératesse des actes !
S’il est à genoux de fondation, devant un si pauvre homme que Sieyès, on ne peut plus dire sa position devant Montesquieu, et on le conçoit.
Dans cette vaste constitution, il sera juste de voir figurer un syndicat chargé de représenter chaque profession au sein de la société générale ; de surveiller officiellement l’éducation des apprentis dans le ressort de chaque groupe industriel ; de juger tous les différends des fabricants entre eux ou les différends des chefs d’ateliers avec les ouvriers, afin que le moindre oubli des lois de l’humanité de la part du premier envers le dernier soit frappé d’une réprobation générale et flétri par le stigmate du déshonneur ; de veiller à l’exécution de la loi constitutive librement consentie et à la distribution des secours accordés aux travailleurs pauvres et nécessiteux sur la caisse de la communauté, qu’alimenteront les versements pécuniaires et fixes de tous les associés ; de blâmer, de condamner à une amende quelconque, et même au besoin d’exclure de l’association, tel fabricant ou chef d’atelier qui, par une production mauvaise ou quelque autre délit commis, soit envers les ouvriers soit envers les acheteurs, compromettrait les intérêts moraux ou matériels de toute une industrie. » Certes !
II C’est le dernier siècle, surtout, — ce charmant xviiie siècle, dont la Critique historique d’aujourd’hui ose bien se vanter d’être la fille, — qui a été dur pour ce pauvre Mahomet jusqu’à la calomnie, et jusqu’à la caricature dans la calomnie !
. — Je me souviens du pauvre Maximilien.
Elle ne demande pas contre ce pauvre jeune homme, qui est mort homme, le coup de colère d’une réaction.
Avant ce poème, nous connaissions, parmi les poètes, des sceptiques, ramassés dans les plaisanteries de Voltaire et que ces plaisanteries ne persuadaient pas, comme le pauvre Alfred de Musset, par exemple, trempé aussi trop avant dans le baptême pour être perméable aux eaux de ce Styx de l’impiété qui met un calus sur les âmes !
L’une de ces histoires est celle du pauvre lieutenant Palmerino, qui est véritablement très-belle et très-touchante, très-contenue et très-émue, mais qui n’est pas l’égale de l’autre histoire, dans laquelle M.
Ses revenus étaient employés à encourager des talents pauvres, à faire des expériences utiles, à acheter des monuments rares, à récompenser des découvertes, ou à des voyages entrepris pour perfectionner des connaissances.
On se demande comment des allusions peu philosophiques, non pas même aux plaisirs de la médiocrité dorée,-mais aux excès du luxe, pouvaient se mêler à des chants accueillis dans cette société sobre et pauvre, d’où Lycurgue avait banni jusqu’aux métaux précieux.
On lui a reproché vivement d’avoir, dans cet opuscule célèbre, ridiculisé sans pitié la pauvre femme. […] Voici quelques-unes de ses paroles : « Un pauvre glorifié dans le ciel et un riche enseveli dans l’enfer, n’est-ce pus, dit saint Augustin, un partage bien surprenant, qui pourrait désespérer les riches et enfler les pauvres ? […] Il est certain qu’il n’en déduira pas d’application prochaine, et qu’il ne donnera pas au pauvre de recours ou d’action contre le riche. […] Ce pauvre Rousseau en a grand besoin, mais il est aussi bien intéressant. […] « L’ouvrage lui a paru dur, sec, plein d’humeur et pauvre d’idées.
la jurisprudence donne des richesses, des charges, des dignités ; la poésie, pauvre et mendiante, donne tout au plus une couronne de lauriers. […] Quelques maisonnettes pauvres, précédées ou entourées de petits jardins en terrasse ou en gradins, étaient disséminées çà et là sur la pente de la montagne, au-dessus de la Sorgue ; c’est le nom que prend la Fontaine de Vaucluse en sortant de la caverne. […] « Les douces paroles, les tendres regards que tu as si souvent décrits, ô pauvre âme sans repos !
Il me sembla qu’il pouvait en résulter une tragédie très touchante et très originale, pour peu que l’auteur eût l’art d’arranger sa fable de manière à laisser le spectateur découvrir lui-même par degré les horribles tempêtes qui s’élèvent dans le cœur embrasé et tout ensemble innocent de la pauvre Myrrha, bien plus infortunée que coupable, sans qu’elle en dît la moitié, n’osant s’avouer à elle-même, loin de la confier à personne, une passion si criminelle. […] Alors commença une lutte entre ce petit nombre de pauvres gardes nationaux et ce ramas ignoble de coquins, les uns voulant nous aider à sortir, les autres nous retenir. […] Après quoi, je pliai bagage pour toujours ; et si depuis j’ai composé quelque pauvre petit sonnet, quelque chétive épigramme, ç’a été sans l’écrire ; ou si je les ai écrits, je ne les ai point gardés, je ne saurais où les retrouver, et ne les reconnais plus pour être de moi.
Cependant le pauvre oiseau avait appelé son camarade, et, par leurs clameurs réunies, ils semblaient me supplier de ne pas ravir leur trésor. […] Une nuit d’orage, pendant que les éléments se déchaînaient dans toute la fureur d’une véritable tourmente, le pauvre nègre s’échappa. […] Et pendant ce temps, leurs pauvres petits dormaient d’un profond sommeil, dans la douce paix de leur innocence !
La pauvre femme, toujours en dettes, en procès, en projets, mourra en 1762 : c’était une détraquée, brouillonne, dévote, un peu aventurière, dont la réputation n’aurait pas eu de trop grave accroc, si Jean-Jacques n’avait eu l’idée de confesser ses fautes, avec toutes celles des gens qu’il avait connus. […] Les germes qu’apercevait M. de Conzié dès 1738, se développent dans sa pauvre tête ; et une vraie folie l’envahit. […] L’essentiel est que cet idéal jamais atteint contienne assez de vérité et de vertu pour améliorer notre pauvre présent.
Il fait beau voir comme il traite les grands, les courtisans, les riches, de quel prix il entend qu’ils payent leurs privilèges, en quels termes véhéments il leur enjoint de faire l’aumône, non par caprice, ni à leurs moments, mais par devoir, mais selon leurs moyens qu’il évalue ; avec quelle audace il va les menaçant des comptes qu’ils auront à rendre à Dieu « le caissier des pauvres ! […] Ce n’est pas d’ailleurs au nom des opinions humaines que Bourdaloue condamne les riches, c’est au nom du maître commun des riches et des pauvres ; la misère de ceux-ci n’est jamais autorisée à se faire justice de l’avarice de ceux-là. […] Employant quelquefois jusqu’à six heures par jour aux confessions, et attirant à son tribunal les petits et les grands, les riches et les pauvres, dans l’égalité de la pénitence, toutes les prévarications humaines lui avaient dit leur secret.
L’une des dépositions tombe dans le silence ému de l’auditoire, celle de sa maîtresse, une pauvre et laide actrice du théâtre des Batignolles, toute maigriotte dans sa petite robe noire des répétitions, élevant pour le serment une main rouge d’engelures, et parlant avec une voix modeste et brave, et confessant tout haut son amour pour l’homme qui est entre les gendarmes, — misérable cabotine, grandie de la grandeur que les douleurs de la femme prennent sur ce théâtre tragique. […] Son voile noir relevé sous son pauvre vieux chapeau laisse voir sa face mourante, ses yeux vaguement errants sur le va-et-vient des vivants qui la croisent. […] La pauvre mère, en pleurs, raconte sa peine à ses voisins, qui emportés par un généreux mouvement, font la somme en une heure.
Il ne rencontrait pas un enfant pauvre sans lui jeter la petite monnaie kesitha ; il était « le pied du boiteux et l’œil de l’aveugle. » C’est de cela qu’il a été précipité. […] Quoi qu’il en soit, l’avènement du bon sens est le grand fait de Cervantes ; le bon sens n’est pas une vertu ; il est l’œil de l’intérêt il eût encouragé Thémistocle et déconseillé Aristide ; Léonidas n’a pas de bon sens, Régulus n’a pas de bon sens ; mais en présence des monarchies égoïstes et féroces entraînant les pauvres peuples dans leurs guerres à elles, décimant les familles, désolant les mères, et poussant les hommes à s’entre-tuer avec tous ces grands mots : honneur militaire, gloire guerrière, obéissance à la consigne, etc., etc., c’est un admirable personnage que le bon sens survenant tout à coup et criant au genre humain : Songe à ta peau ! […] Avoir, par peur de Boileau, éteint bien vite le lumineux style de l’Étourdi, avoir, par crainte des prêtres, écrit trop peu de scènes comme le Pauvre de Don Juan, c’est là la lacune de Molière.
Ce serait un pauvre critique que celui qui se déclarerait un critique national et qui arrêterait les chefs-d’œuvre de l’intelligence étrangère à ces mesquines douanes de la pensée, en leur demandant leurs certificats d’origine. […] Alors, guerrier débile et chancelant, il dépose sa couronne pour prendre ses armes impuissantes, et succombe au pied de l’autel de Jupiter, tel qu’un bœuf vieilli qui tend à la hache de son maître un cou mince et décharné par le travail, pauvre animal devenu maintenant importun à son maître ingrat ! […] Celui-ci soupire après sa mère, qu’il n’a pas revue depuis trop longtemps ; triste, il regrette sa pauvre cabane et ses chameaux familiers.
« Et moi j’entendis fermer et sceller pour jamais, à l’étage inférieur de la tour, la seule porte par laquelle on y pénétrait, d’où je regardai au visage mes pauvres petits enfants sans révéler d’un mot mon angoisse. […] Ils sont dans ce regard effaré et énigmatique que le père attache sur ses pauvres enfants à ce bruit qui renferme cinq condamnations à une mort lente. […] C’est la veuve et ce sont les deux derniers enfants d’un pauvre carrier de marbre de ces montagnes, écrasé trois ans avant par la chute d’un des blocs qu’il détachait de la carrière.
D’une simple fantaisie comme le Visage Émerveillé, les plus beaux de ses vers s’éclipsent. » La Mère et l’Enfant, La Bonne Madeleine et la Pauvre Marie de Charles-Louis Philippe, d’un lyrisme intime si touchant, si grave, si douloureux ; Chair de M. […] Quand nous aurons cité sans ordre, Jacques et Marie Nervat auteurs de Célina Landrot (mœurs calédoniennes), Georges Ducrocq auteur de Pauvre et Douce Corée, Paul Reboux, l’évocateur de la Maison de Danses, nous reviendrons à Marius-Ary Leblond qui semblent s’être consacrés au roman colonial. […] Il leur tond leur pauvre laine chaude, il les soulève, il les couche et il les tue.
La physionomie et le ton du poème ont changé complètement ; et, tandis que nous l’avons vu presque en entier se dérouler sur le mode le plus lugubre, voici qu’il se termine par une invocation à la jeunesse et à la vie, une sorte d’ode anacréontique à la beauté et au plaisir : Prenez-moi dans vos bras, doux rêves du poète ; Entre vos seins polis posez ma pauvre tête, Et bercez-moi longtemps. […] « Le pauvre Gautier, — le pauvre Théo ! […] Et dans les Poèmes en prose il reprendra la peinture du même sentiment avec une épouvantable énergie, comme dans la pièce intitulée : Assommons les pauvres 146, où il déclare s’être amusé à rouer de coups de poing et de coups de canne un misérable mendiant qui lui demandait l’aumône. […] À l’heure de sa vie où il se trouvait alors, pauvre, inconnu, découragé, indéterminé dans son but, cette désespérante constatation de la vanité de toutes choses, cette recherche continue et savamment raisonnée du néant lui apparaissaient comme un sombre refuge à sa douleur ; la tristesse de l’ascète oriental correspondait çà la sienne ; il goûta un plaisir amer à s’en pénétrer tout entier, et travailla ainsi à aigrir encore dans son âme le mal intérieur qui l’envahissait déjà. […] De même, on peut regretter que, chez Alfred de Vigny, la puissance subtile de la pensée philosophique n’ait été accompagnée que d’une prosodie un peu facile, pauvre et fluide.
Il fut en effet dévoué dès sa première jeunesse à l’instruction publique ; renfermé dans l’exercice de ses fonctions, il vécut pauvre, obscur, mais libre et indépendant, loin du monde et de toute espèce d’intrigue, sans faire la cour à personne, sans solliciter de faveur, de récompense, de pension. […] Il pousse la barbarie jusqu’à reprocher à cette pauvre femme de ne pas mourir. […] Voici un autre principe du même philosophe, qui ne me paraît pas plus juste : « Un vivant, dit d’Alembert, qui critique un mort en possession de l’estime publique, doit avoir raison et demie pour parler, et se taire quand il n’a que raison : voyez comme on a reçu les pauvres gens qui ont relevé les sottises d’Homère ; ils avaient pourtant au moins raison et demie, ces pauvres diables-là ! […] Ce Gilbert était un pauvre poète, d’une fécondité malheureuse ; quoique protestant, il fut en France le résident de la fameuse Christine, reine de Suède, qui sacrifia un trône à l’Église romaine : ce choix d’un protestant est honorable pour tous les deux. […] Des princes tels que Pélée et Télèphe doivent être peu intéressants quand ils se lamentent comme des enfants et des femmes, parce qu’ils sont pauvres et bannis : les larmes dégradent leur rang et leur caractère.
Gare à moi, pourtant, pauvre habitant du pays des contrefaçons, que ces lignes, qui après tout cependant ne sont guère que la sténographie de ce qui m’a été conté par mon compatriote, l’auteur d’un acte de vaudeville, ne tombent sous les yeux de M. […] Souvestre par son beau roman de Riche et Pauvre, duquel il a tiré un drame joué depuis quelques jours avec succès au théâtre de la Porte Saint-Martin. […] vous venez de me rendre le plus grand service, moi, pauvre fille, vous me faites une réputation ; je vous devrai mon avenir…… et je ne sais comment vous remercier…… M. […] Je dois ajouter pourtant qu’on m’a dit toute sorte de bien de son caractère, et que pour être un écrivain ridicule, de peu de moyens et d’une pauvre imagination, ce n’est pas moins un homme estimable et fort incapable de nuire sciemment à qui que ce soit ; si non à lui-même par ses écrits. […] Maintenant jugez de l’effroi de la pauvre jeune fille : le commissaire de police était son père !
Je suis fort heureux pour mon pauvre et spirituel Dumont (de Genève) que le poëte ne l’ait pas pris à partie ; il l’aurait, je le crains, assez pulvérisé. […] Nous ne prendrons pas partie pour les anecdotes de ce pauvre Étienne Dumont, qui, avec tant de circonspection et d’honnêteté, a essayé malencontreusement de remettre à leur place quelques simples grains sur le visage presque auguste de Mirabeau.
Ayant un soir, en effet, poussé Santeul de vin de Champagne, il trouva plaisant de verser sa tabatière de tabac d’Espagne dans un grand verre de vin et le lui offrit à boire ; le pauvre Théodas si naïf, si ingénu, si bon convive et plein de verve et de bons mots, mourut dans d’affreux vomissements140. […] Ce serait plutôt Boursault que Boyer ; car je me rappelle que Segrais a dit à propos des épigrammes de Boileau contre Boyer : « Le pauvre M.
Enfermée d’abord dans le réservoir aristocratique, la doctrine a filtré par tous les interstices comme une eau glissante, et se répand insensiblement dans tout l’étage inférieur Déjà en 1727, Barbier, qui est un bourgeois de l’ancienne roche et ne connaît guère que de nom la philosophie et les philosophes, écrit dans son journal : « On retranche à cent pauvres familles des rentes viagères qui les faisaient subsister, acquises avec des effets dont le roi était débiteur et dont le fonds est éteint ; on donne cinquante-six mille livres de pension à des gens qui ont été dans les grands postes où ils ont amassé des biens considérables, toujours aux dépens du peuple, et cela pour se reposer et ne rien faire578 » Une à une, les idées de réforme pénètrent dans son cabinet d’avocat consultant ; il a suffi de la conversation pour les propager, et le gros sens commun n’a pas besoin de philosophie pour les admettre. « La taxe des impositions sur les biens, dit-il en 1750, doit être proportionnelle et répartie également sur tous les sujets du roi et membres de l’État, à proportion des biens que chacun possède réellement dans le royaume ; en Angleterre, les terres de la noblesse, du clergé et du Tiers-état payent également sans distinction ; rien n’est plus juste. » — Dans les dix années qui suivent, le flot grossit ; on parle en mal du gouvernement dans les cafés, aux promenades, et la police n’ose arrêter les frondeurs, « parce qu’il faudrait arrêter tout le monde ». […] Et, pour achever de rendre cette noblesse respectable, elle se recrute et se régénère par l’adoption de ces hommes qui ont accru leur fortune en dépouillant la cabane du pauvre hors d’état de payer ses impositions596. » — « Pourquoi le Tiers, dit Siéyès, ne renverrait-il pas dans les forêts de la Franconie toutes ces familles qui conservent la folle prétention d’être issues de la race des conquérants et de succéder à des droits de conquête597 ?
Comme c’est un ministre et qu’il doit être mieux renseigné que les pauvres taquineurs d’idées, gratteurs et barbouilleurs de paperasses, nous devons le croire sur parole. […] Les idiomes étrangers envahissent terriblement notre pauvre français, et, quand je dis les idiomes, je devrais dire les argots… celui des courses, par exemple.
Le maître du chien n’a ni âge, ni condition, ni fortune : le faible est pour le chien le seul puissant de ce monde ; le vieillard lui est un enfant aux fraîches couleurs, le pauvre lui est roi. […] Après une maladie, ne s’avise-t-il pas d’offrir le produit d’une édition au prêtre qui l’avait assisté, pour être distribué en aumônes aux pauvres ?
N’est-elle pas victime, la pauvre femme, de sa curiosité d’Ève, de ses instincts d’élégance, de ses aspirations continuelles à des sphères plus élevées, de la vulgarité immorale et niaise de son mari, de la stupidité du prêtre à qui elle demande secours contre ses mauvais penchants ? […] Certes, malgré le peu d’intérêt qu’inspire Bovary, l’adultère est hideux dans la maison de ce pauvre homme, et M.
l’ironie des bonnes et des mauvaises fortunes de la vie… Puis, dans ce restaurant, où, en face de moi, a été si souvent assis mon frère, la chaise vide de l’autre côté de ma table me fait penser à lui, et une grande tristesse me prend, en songeant, que le pauvre enfant n’a eu que le crucifiement de la vie des lettres. […] Est-ce que la pauvre fille, la dernière des personnes qui me soit sérieusement attachée, est-ce que je vais la perdre, et rester tout seul, tout seul sur la terre, sans une affection, sans un dévouement.
De même que, pour le mathématicien, notre monde est pauvre en combinaisons de lignes et de nombres, et que les dimensions de notre espace ne sont qu’une réalisation partielle de possibilités infinies ; de même que, pour le chimiste, les équivalents qui se combinent dans la nature ne sont que des cas des mariages innombrables entre les éléments des choses, ainsi, pour le vrai poète, tel caractère qu’il saisit sur le vif, tel individu qu’il observe n’est pas un but, mais un moyen, — un moyen de deviner les combinaisons indéfinies que peut tenter la nature. […] Nous sommes faits de la même étoffe que les rêves, et notre pauvre petite vie est environnée de sommeil.
Toutes les idées de ce pauvre historien, qui se lèche les lèvres à la porte de ses descriptions, toutes ses idées sur l’art, le ton et la politique du xviiie siècle sont dominées par cette irrésistible envie de souper, et cela seul explique tout ce livre, d’une si naïve indulgence, où le cynisme a des douceurs de pastel, et le regret de ne pas souper, de si drôles de larmes… Impayable spectacle que l’impudeur qui veut être décente, sans renoncer à ses petits profits d’impudeur ! […] Quand il a dit que Richelieu, le régent et ses filles, Mme de Prie, Mme de Pompadour, Mme Du Barry, tout le monde enfin de ce temps calomnié et… infortuné, sont les pauvres petites victimes des Mémoires d’alors, il se repose dans le bonheur et l’ingénuité de sa découverte et il n’a rien à dire de plus !
c’est toujours la réponse que nous avons faite qui revient : c’est qu’il a l’amour, de bas en haut, du roturier pour la grande dame, ce pauvre bourgeois endiablé ! […] Elle restera souillée, et la pauvre Héro ne se noiera que dans… sa cruche !
Renan, et il a de si longues portées, que ce pourrait être une charmante et sublime malice contre le pauvre Christianisme humilié, que de lui montrer et de lui opposer un prince païen qui valait bien, certes ! […] Pauvre esprit qui ne s’entend pas lui-même !
Quoique ignorant comme un carpillon des choses de l’Église, Octave Feuillet, ce jeune homme pauvre… en théologie, a eu l’extrême bonté de recommander le catholicisme aux petites dames dont il est le favori et pour lesquelles il fait de petites comédies, et de l’excuser, et de l’arranger, et de l’attifer, ce vieux colosse de catholicisme, de manière à le faire recevoir sur le pied d’une chose de très bonne compagnie dans les plus élégants salons du xixe siècle… Or, voilà ce que George Sand, cette prêcheuse de la Libre Pensée, qui ne veut pas, elle ! […] mais non pas complètement vicieux non plus, du moins de ce vice radical qui avait passé comme une chose à peindre dans l’esprit de Feuillet, dont les pinceaux, accoutumés aux choses honnêtes, n’ont pas pu, les pauvres petits !
Zola nous rendrait bien grand service à tous en voulant bien mettre une fois les points sur les i pour les pauvres d’esprit qui en ont besoin. […] Ce qui m’intéresse c’est de savoir si la pauvre Esmeralda va être la victime de sa haine.
Combien pauvres et aveugles tu nous laisses ici-bas ! […] La Fontaine eût-il mieux dit que ces vers du poête orgueilleux trébuché de si haut : Quand le bœuf est, au soir, du labeur deslié, Il met près de son joug le travail oublié, Et dort sans aucun soin, jusqu’à tant que l’aurore Le réveille, au malin, pour travailler encore ; Mais nous, pauvres chétifs, soit de jour, soit de nuit, Tousjours quelque tristesse épineuse nous suit.
C’est aux pauvres humains qu’il en veut.