Talmeyr a étudié le monde criminel. […] » — Le Diable a créé le monde ? […] De là le monde où nous sommes, et la vie ! […] Tout c’ monde-là s’ fait pas d’bile. […] — Adieu, le petit monde !
— Dans la Revue des Deux Mondes du 1er janvier, nous avons un excellent article sur le parti légitimiste à Londres : voilà le vrai. — Quant à ce malheureux chiffre, j’hésite toujours : « Mettez 800, mettez 1000 ; qu’est-ce-que cela fait, une centaine de plus ou de moins, en présence d’une masse de tant de millions d’hommes ? […] — La Revue des Deux Mondes du 1er donne un très-bon et judicieux article sur les Mystères de Paris par M. […] — L'article sur le parti légitimiste de la Revue des Deux Mondes est attribué à un jeune économiste et publiciste, M.
. — Le Monde où l’on s’amuse, trois actes, en prose (1868). — Les Faux Ménages, quatre actes, en vers (1869). — Prière pour la France, poème (1871). — Hélène, trois actes, en vers (1873). — L’Autre Motif, un acte, en prose (1873) […] — Petite Pluie, un acte (1876). — L’Étincelle, un acte (1879). — L’Age Ingrat, trois actes (1879). — Le Chevalier Trumeau, un acte, en vers (1880). — Pendant le Bal, un acte, en vers (1881). — Le Monde où l’on s’ennuie, trois actes, en prose (1881). — Le Narcotique, un acte, en vers (1883). — La Poupée, recueil de vers (1884). — Discours académiques (1886). — La Souris, trois actes (1887). — Amours et haines, poésies (1888). — Émile Augier (1889). — Cabotins ! […] Évidemment, Le Monde où l’on s’ennuie ne semble pas, au premier abord, sortir de la même plume que ce recueil intitulé : Amours et haines, et pourtant, en y regardant bien, on trouvera des tournures d’esprit, une façon de voir, piquante même dans le lyrisme, qui démontrent bien que l’auteur dramatique et le poète ne font qu’un.
Depuis Raphaël, l’art et la nature se sont perfectionnez, et si Raphaël revenoit au monde avec ses talens, il feroit mieux encore qu’il ne l’a pû faire dans le temps où la destinée l’avoit placé, au lieu que Virgile ne pourroit point écrire un poëme épique en françois aussi-bien qu’il l’a écrit en latin. […] De même l’Asie orientale et l’Amerique étoient déja découvertes pour les épiciers et pour les lapidaires au temps de Raphaël ; mais ce n’est qu’après lui que ces parties du monde ont été découvertes pour les peintres, et qu’on en a rapporté les desseins des plantes, des fruits et des animaux rares qui s’y trouvent, et qui peuvent servir à l’embellissement des tableaux. […] Il faudroit connoître le monde presqu’aussi-bien que l’intelligence qui l’a créé, et qui a décidé de son arrangement, pour imaginer la perfection où la nature est capable d’arriver à la faveur d’une combinaison de hazards favorables à ses productions, et de circonstances heureuses dans leur nutrition.
C’est tout un monde que chacun porte en lui, un monde ignoré, qui naît et qui meurt en silence. […] Est-ce que le monde extérieur n’existe pas pour tous les hommes ? […] Nous nous apercevons tous que le monde extérieur existe. […] Il y a beaucoup de gens pour qui le monde extérieur n’existe pas. […] Ce sont des gens pour qui le monde extérieur n’existe pas.
L’injustice particulière dont il pâtissait le persuada que le monde allait mal. […] Pandore n’est-elle pas l’Ève païenne qui a déchaîné le mal dans le monde ? […] Il tourne le dos au vieux monde héroïque. […] Mais elle emporte les spectateurs au-delà du monde réel. […] Le monde, dit-il, n’est-il qu’un livre sans fin ni milieu ?
C’était l’image de la bonté de M. de Mareste : gaie et chaude à l’intérieur avec les heureux du monde ; sensible, et humide et compatissante au dehors avec ceux qui souffrent et qui pleurent ; aimé de tout le monde, des heureux parce qu’il partage leur gaieté, des malheureux parce qu’il pleure sur eux comme eux-mêmes. […] « Deux grands poètes dominent le monde : Homère en Grèce, l’auteur de la Bible grecque, le Moïse de l’Hellénie, la vaste et incomparable source de toute poésie. […] Mais il savait, et il s’en souvenait sans cesse, combien l’infortune pour l’homme est voisine du bonheur, et que c’est entre les calamités d’hier et celles de demain que s’achètent les intervalles de repos du monde. […] Le poème épique ne peut et ne doit naître qu’à une époque du monde où il peut être cru. C’est pourquoi nous ne pouvons en avoir et nous n’en aurons pas jusqu’à ce qu’une nouvelle foi populaire s’élève dans le monde et prédispose les poètes à de nouveaux enthousiasmes et les nations à de nouvelles croyances.
Quant à savoir si ce cheval vu existe hors de la conscience dans un monde étendu, c’est une question que l’enfant ne pose pas, puisqu’il lui manque les idées nécessaires pour la poser. […] Elle refait un autre monde dans la pensée et, par là, nous permet d’abord de comprendre, puis de modifier à notre usage les forces du monde réel. […] Quant aux métaphysiciens, poètes à leur manière, ils ont besoin d’une imagination encore plus puissante pour reconstruire le monde entier par la pensée. […] Les métaphores, les comparaisons, les hypotyposes sont des symboles, parce qu’elles transportent les lois du monde physique au monde moral. […] Mais cette infériorité de la représentation par rapport au réel crée aussi une supériorité : elle rend possible le monde des idées, qui n’est pas une pure copie du monde réel, mais un prolongement de la réalité dans la pensée, et où la réalité même prend une direction nouvelle : le monde des idées est ainsi, sous tous les rapports, un monde de forces.
Faisons donc faire silence à tous les bruits du jour dans notre âme et reportons-nous à l’époque héroïque et pastorale du monde, dans une de ces îles, véritables Édens, de la mer sur l’Archipel, et écoutons. […] Le monde champêtre et ses ineffables charmes pour les yeux, pour les oreilles, pour l’imagination et pour le cœur, leur sont interdits ! […] De prêtre sans vocation il s’était fait patriarche, par dégoût du monde. […] C’est cette flamme qui illumine le monde extérieur des idées ; c’est cette chaleur qui couve et qui fait éclore le monde intérieur du sentiment. […] Les arts sont donc aussi vieux que le monde !
Decaisne était las de mesurer l’infranchissable distance qui sépare la main de l’artiste de la réalisation de sa pensée ; il était dégoûté d’un monde qui a pour les artistes des engouements ou des aversions, et point de jugement juste et impartial. […] Qu’il lui jette la première pierre, celui qui n’a jamais désespéré de ce triste monde, et qui n’a jamais replié son manteau pour partir avant l’heure, en emportant ailleurs son œuvre méconnue ici, et en disant à ses contemporains : « Je vous méprise, adieu ; voilà mon œuvre, jugez-moi ! […] Cette doctrine, qui ne contredit aucune de ses doctrines chrétiennes, et qui agrandit le Créateur en agrandissant son œuvre, est une vérité vieille comme le monde, et qui ressemble à une audace, tant le monde moderne semble l’avoir oubliée. […] Veut-on les lire dans leur morale, on les lira dans l’Imitation de Jésus-Christ, par Gerson ; l’Imitation, le plus sublime commentaire qui ait jamais été écrit sur un texte humain ou sur un texte divin depuis que le monde est monde. […] Mais, reniant alors le vrai beau qui m’attire, Je devrais, après l’ode, épouser la satire ; C’est la muse qu’il faut à ce monde vénal, Et l’ère des Césars attend son Juvénal.
Nous avons navigué quarante ans ensemble à travers calme et tempêtes, orages et bonaces, vents contraires, variables, alizés, pour atteindre ce même bord de ce même autre monde que nous sommes près d’atteindre tous les deux. […] Ainsi va le monde : les plus beaux jours ont toujours un lendemain, et les choses roulent comme ma roue, tantôt dans l’ornière, tantôt sur le trottoir. […] « Pourtant Napoléon du monde était le faîte, « Ses pieds éperonnés des rois pliaient la tête, « Et leur tête gardait le pli. […] « Ils ne sont pas du monde et du temps dont nous sommes. […] « Cher Lamartine, « Il y a longtemps, en 1820, mon premier bégaiement de poète adolescent fut un cri d’enthousiasme devant votre éblouissant soleil se levant sur le monde.
Elles me chargent de tous leurs vœux pour la santé du Pape, qu’il faut conserver le plus longtemps possible à la chrétienté, car, avec lui et avec vous, la paix de l’Église et la paix du monde sont assurées. […] Les laïques sont ceux qu’elle emploie soit dans le civil, dans la diplomatie, dans les finances ou dans le militaire, pour les besoins de son administration ou de sa défense ; Les ecclésiastiques sont les moines ou les prêtres de tout ordre, dont elle dispose pour tous les services dans le monde chrétien. […] On les essaye, ils s’essayent eux-mêmes, et, si la carrière ne leur convient pas, ils rentrent honorablement dans le monde, sans scandale et sans reproche ; ils ont de plus pour le Saint-Siège ces avantages, que ses affaires purement mondaines sont traitées avec les hommes du monde par des hommes du monde, et que l’Église, par eux, participant de deux natures, est sacerdotale avec ses prélats et laïque avec ses ministres. […] Partout où ces gouvernements lui montraient une vertu, il disait et il faisait dire au Pape : « C’est une partie de mon Église, et c’est ainsi que je la reçois et que je la conserve universelle. » Aussi ne peut-on, malgré tous les efforts contraires, montrer sous Pie VII la semence d’un schisme qui ait fructifié dans le monde. […] Consalvi, jeune encore, avait le délire de la musique, cette langue sans parole qui vient du ciel et qui exprime sans mots ce que l’âme rêve et ce qui est le plus inexprimable aux langues humaines ; la musique, langue des anges, quand elle avait touché son âme, y restait à jamais comme le souvenir d’un autre monde, comme une apparition à l’âme d’un sens supérieur aux sens d’ici-bas.
Bonaparte jouait la France en Saxe contre son orgueil obstiné ; il perdait le monde à Leipzig. […] Le centre du monde est partout où souffle l’esprit de Dieu. […] Cette théocratie de Bossuet est la secte de Juda, elle n’est pas l’histoire du monde. […] » Ce qui avait vaincu dans Chateaubriand, c’était le monde. […] Celui qui les pèse dans la même balance ne les comprend pas : César est un monde, Cicéron un autre : pour être juste envers tous deux, il ne faut pas les comparer.
Ma, mère était tout à fait de ce vieux monde par ses sentiments et ses souvenirs. Elle parlait admirablement le breton, connaissait tous les proverbes des marins et une foule de choses que personne au monde ne sait plus aujourd’hui. […] Seule, les yeux fixés sur son ouvrage, elle était d’un autre monde, se croyait sa femme dans la faible mesure du possible. […] Elle ne sortit pas un moment de son complet anéantissement ; elle semblait hors du monde. […] Quand il apprit que le roi était parti, il comprit mieux que jamais qu’il avait été de la fin d’un monde.
« Dès que cette mère désolée eut appris cette nouvelle, elle me prit la main, dit saint Chrysostome, me mena dans sa chambre ; et, m’ayant fait asseoir auprès d’elle sur le même lit où elle m’avait mis au monde, elle commença à pleurer, et à me parler en des termes qui me donnèrent encore plus de pitié que ses larmes. […] Sa mort, qui suivit de près les douleurs que j’avais endurées pour vous mettre au monde, vous rendit orphelin, et me laissa veuve plus tôt qu’il n’eût été utile à l’un et à l’autre. […] Tous deux ont entrepris d’ôter au genre humain Le joug sacré qu’un Dieu n’imposa pas en vain ; Et des coups que ce Dieu frappe pour les confondre, Au monde, leur disciple, ils auront à répondre. […] Tour à tour apostat de l’une et l’autre loi, Admirant l’Évangile, et réprouvant la foi, Chrétien, déiste, armé contre Genève et Rome, Il épuise à lui seul l’inconstance de l’homme, Demande une statue, implore une prison ; Et l’amour-propre enfin, égarant sa raison, Frappe ses derniers ans du plus triste délire : Il fuit le monde entier qui contre lui conspire, Il se confesse au monde, et, toujours plein de soi, Dit hautement à Dieu : Nul n’est meilleur que moi. […] Elle ne se ralentit pas même dans les guerres qu’il soutenait contre l’Europe ; car, en bâtissant trois cents citadelles, en faisant marcher quatre cent mille soldats, il faisait élever l’Observatoire, et tracer une méridienne d’un bout du royaume à l’autre, ouvrage unique dans le monde.
Nos ancêtres croyaient tenir le monde. […] Henri Lavedan, Maurice Donnay, Paul Hervieu le monde a marché. […] Dans le monde, n’est-ce pas ? — Qu’entendez-vous par le monde ? […] Tant pis pour le bon renom de la France dans le monde !
Quelles qu’on en suppose la forme, l’inspiration et l’humeur, ils se réduisent toujours à être une excursion d’assez longue haleine dans le monde et dans la vie. Or, le monde qu’on n’entrevoit à cet âge que dans une confusion éblouissante, la vie qui ne s’offre aux yeux encore que comme une tour magique dont les vives arêtes étincellent, les hommes qu’on se figure alors tout bons ou tout méchants, détestables ou sublimes, comment rentrer chez soi pour les peindre, comment cheminer au dehors pour les connaître, et s’en laisser coudoyer sans les heurter ? […] Après nous l’avoir montré poëte tragique, sifflé et délaissé, il nous le fait voir examinant dévotement les sculptures extérieures de la chapelle de For-l’Évêque, dans un de ces moments de jouissance égoïste, exclusive, suprême, où l’artiste ne voit dans le monde que l’art et voit le monde dans l’art. […] je la demande, je l’implore, je la voudrais quelque part autour de moi, au-dessus de moi, sinon en ce monde, du moins par delà, sinon dans l’homme, du moins dans le ciel.
N’allez pas, à cette occasion, relire les Méditations ou les Harmonies ; car, ou vous n’y trouveriez aucun plaisir et vous me paraîtriez par là fort à plaindre, ou vous seriez à ce point repris par cette poésie toute divine, que presque rien ne vous intéresserait plus au monde, pas même les choses de Paris ni les chroniqueurs parisiens. […] Il y a, comme cela, des moments d’illumination intellectuelle, de sagesse absolue, où nous concevons tout à coup la grandeur du monde et l’inutilité ridicule de certaines manifestations de l’activité humaine. […] Ces événements négligeables se passent dans un monde excessivement restreint, dans un très petit groupe humain, et ne deviennent intéressants (quelquefois, et pas pour tout le monde) que parce que ce petit groupe s’agite sur un point imperceptible du globe qui s’appelle Paris. […] Il apporte dans cet horrible métier qui consiste à tenir le public au courant de ce qui se passe dans les salons, dans les théâtres, dans la rue, dans tous les mondes, une bonne grâce toujours égale et un sourire toujours prêt.
Il y a longtemps que personne ne songe plus à devancer l’expérience, ou à construire le monde de toutes pièces sur quelques hypothèses hâtives. […] Et ceux qui ont inventé les imaginaires ne se doutaient guère du parti qu’on en tirerait pour l’étude du monde réel ; le nom qu’ils leur ont donné le prouve suffisamment. […] Si l’on veut me permettre de poursuivre ma comparaison avec les beaux-arts, le mathématicien pur qui oublierait l’existence du monde extérieur, serait semblable à un peintre qui saurait harmonieusement combiner les couleurs et les formes, mais à qui les modèles feraient défaut. […] C’est le monde extérieur qui nous a imposé le continu, que nous avons inventé sans doute, mais qu’il nous a forcés à inventer. […] Ces analystes se sont ainsi aventurés dans des régions où règne l’abstraction la plus pure et se sont éloignés autant qu’il est possible du monde réel.
Il a un continent à mettre au monde. […] elle est la déduction logique du grand fait chaotique et génésiaque que nos pères ont vu et qui a donné un nouveau point de départ au monde. […] Ceux-là mêmes d’entre eux, il y en a, qui sont nés aristocrates, qui sont arrivés au monde dépaysés en quelque sorte dans des familles du passé, qui ont fatalement reçu une de ces éducations premières dont l’effort stupide est de contredire le progrès, et qui ont commencé la parole qu’ils avaient à dire au siècle par on ne sait quel bégaiement royaliste, ceux-là, dès lors, dès leur enfance, ils ne me démentiront pas, sentaient le monstre sublime en eux. […] Les écrivains et les poètes du dix-neuvième siècle ont cette admirable fortune de sortir d’une genèse, d’arriver après une fin de monde, d’accompagner une réapparition de lumière, d’être les organes d’un recommencement. […] Que voulez-vous de moi, ô vérité, seule majesté de ce monde ?
Si, pour lui, l’Américain est le plus grand des peuples, le peuple modèle, que tous les autres devraient imiter, c’est qu’il recherche exclusivement « la monnaie », et que toute la vie des hommes et des femmes pivote sur ce « tout-puissant écu », le seul axe du monde moral ! […] … Souffriront-ils patiemment qu’on les pose dans le monde et dans les sentiments de leurs femmes comme de simples éléments de rentes, eux si vite cabrés autrefois pour une observation de mistress Trollope ou une plaisanterie de Charles Dickens ? […] Il a suffi de prendre le contrepied de tout ce qui est admis et salué comme la vérité dans le monde, depuis qu’il existe, et le tour qu’on voulait faire a été fait. […] … Leur nouvel historienne nous fait point l’effet d’un cerveau de taille à inventer un monde ; mais on dirait pourtant qu’il a ce genre d’invention qui s’appelle hâblerie dans le vocabulaire des voyageurs. […] « Quand le colossal et terrible matérialisme romain se fut développé dans l’empire, — dit un écrivain qui n’est pas suspect, Henri Heine, — il y eut une réaction nécessaire et bienfaisante du dogme chrétien. » Et le Spiritualisme sauva le monde !
Il n’entend point du tout que cette vieille d’esprit et de monde, cette expérimentée de la vie, cette âme de salon qui n’est jamais sortie de son salon avant de s’en aller en Pologne, pour faire un pèlerinage à Stanislas-Auguste, puisse, par impossible, avoir été amoureuse comme sa contemporaine, cette folle octogénaire de Madame Du Deffand, qui, elle, positivement l’était, quoique M. de Mouy, dans une de ses notes, en ait fait la Sévigné de l’athéisme et de l’insensibilité… Madame Geoffrin, qu’il rapetisse pour qu’on ne soit pas tenté d’en faire la paire avec Madame Du Deffand, qu’il trouve compliquée, était, dit-il, « seulement une femme de beaucoup d’esprit, une bourgeoise aimant la société des gens de lettres et des grands seigneurs, — (rien de plus que cela ?) […] … Toutes deux, inégalement nées, étaient cependant des femmes du même monde, et du plus grand. […] Il n’y a jamais de ridicule dans une passion quand elle est vraie, et je pense même comme Madame de Staël, c’est que le ridicule ici est un mot inventé par le monde pour dégoûter des sentiments exaltés les âmes qui valent mieux que lui. […] Le monde est ainsi fait qu’à ses yeux un poète, par exemple, ne peut jamais être un homme d’État, — et Chateaubriand, en son temps, s’est assez plaint de cette sottise, — et qu’une femme raisonnable aussi, parce qu’elle est une femme raisonnable, ne peut pas avoir l’âme vive et tendre. Seulement, le monde n’est qu’un gros butor, très pédant, malgré son apparente légèreté, et il faut le laisser à sa logique de gros butor et à ses classifications d’imbécile.
C’est son inclinaison vers le terre-à-terre de toutes choses qui nous emporte en bas, hors du monde des choses saintes et divines, et que le devoir d’un prêtre de la religion surnaturelle de Jésus-Christ n’est pas, je crois, de précipiter. […] Taine et de tous les philosophes du quart-d’heure, pour lesquels il n’y a plus dans le monde, sous une face ou sous une autre, que de l’humanité à étudier, rien de plus ! […] Il y est, poussant dans cette pente les intelligences restées chrétiennes et faisant razzia d’elles, que manqueraient les livres des philosophes, s’ils étaient seuls, et les y poussant au profit du plus terrible entraînement qui ait jamais menacé le monde chrétien ! […] Et il faut bien le dire, il l’a recherchée, et elle est encore, à cette heure, l’écueil contre lequel vient de se heurter, dans sa maturité réfléchie et qui devrait être plus détachée des opinions du monde et de sa sotte estime, le même homme qui, dans sa jeunesse, y heurta, hélas ! […] le journaliste de L’Ère nouvelle que l’on croyait enfin détourné du monde auquel, disait-on, il ne voulait plus même parler de cette voix dont le souvenir devenait plus grand dans le silence, est ressorti de son cloître, une fois de plus, pour devenir un candidat d’Académie, et vient de payer sa bienvenue dans la compagnie où il est entré entre deux philosophes, avec ce livre de Sainte Marie-Madeleine, sacrifice aux idées les plus malsaines d’une époque qui aime tant ses maladies !
Combien cet-état du monde dura-t-il ? […] Une chose si grande que tout l’avenir du monde y est compris. […] N’est-il pas évident que de pareilles études, de pareils souvenirs, qui le transportaient dans un monde si différent du monde barbare, et même du monde chrétien, devaient déposer dans son esprit une foule de pensées étrangères à son siècle, et faisaient de lui un homme autre que ses contemporains ? […] Que chacun se regarde dans le jeune roi anglais, qui du monde était le plus vaillant des preux. […] L’état du monde rendait inévitable cette guerre.
Survient notre ancienne connaissance Vautrin, devenu, de par lui-même, abbé espagnol, et nous avons la contrefaçon de l’histoire du Comte de Sainte-Hélène : le digne Vautrin qui a pris pour Lucien la plus belle passion du monde, enlève Esther, et en quelques mois, lui improvise au Couvent du Sacré-Cœur l’éducation d’une femme du monde et les principes austères et les vertus sublimes d’une héroïne. […] Mais toute la finesse d’observation possible, toute la philosophie, toute la raison du monde ne sauraient suffire à produire une bonne nouvelle. […] Il en faut pour tout le monde, et la terre produit assez de roses, de myrtes et de petits pois pour que tout le monde en ait sa suffisance. […] Nous ne doutons pas qu’elle ne trouve chez nous autant de lecteurs, qu’en a trouvé au-delà du Rhin, sa sœur aînée l’édition allemande dont on a toutes les peines du monde à se procurer un exemplaire. […] Voilà les exigences de l’autre monde !
« Le monde entier s’ouvrait devant eux. […] Bourdaloue suppliait le chef de son ordre de lui permettre de se retirer du monde. […] Aucun oracle ne l’avait annoncé au monde ; aucun prodige n’éclata sur son berceau. […] Pénétrez dans ces forêts américaines aussi vieilles que le monde, etc., etc. […] Sertorius lutta dans les champs ibériens contre l’oppresseur du monde et de sa patrie.
En définitive, depuis que le monde est monde, quelle doctrine fut assez prudente pour ne se compromettre jamais ? […] Les idées gouvernent le monde ; mais il arrive que ces impératrices du monde deviennent folles. […] S’aperçoit-elle aussi que sa poésie, courant et se multipliant par le monde, s’était bornée au monde ? […] Dans tout ce qui fut inventé depuis que le monde est monde, je vois des trouvailles individuelles. […] Le monde va finir !
Car le meilleur support d’une forme plastique, c’est encore l’observation passionnée du monde réel. […] Continuons cette revue et suivons le roman de la tendresse et des nerfs, du monde des artistes dans le monde des bourgeois. […] Peut-être, ce genre d’aliénation mentale, s’il leur avait plu de le choisir, eût-il été plus caractéristique du monde qu’ils voulaient décrire ; et ainsi l’histoire de Charles Demailly n’aurait pas l’air de faire double emploi avec celle de Coriolis. […] Elle le fait dans les meilleures intentions du monde, par religion du nom paternel, surtout pour rendre impossible le honteux mariage de son frère. […] Il ne faut pas, quand on juge un roman, même de ceux qui reposent sur l’observation du monde réel, pousser trop loin la superstition de la vraisemblance psychologique.
L’inactivité surchauffait son tempérament ardent, « il lui semblait que la vie redoublait au fond de son cœur, qu’il aurait la puissance de créer des mondes ». […] Le cœur gonflé de désirs inassouvis, il habitait un monde vide pour lui ; pauvre et privé de plaisirs, il les épuisait par l’imagination ; il se désabusait de tout avant d’avoir usé de rien. […] « Ma mère m’avait conçue dans le malheur, raconte la bâtarde de la Louisiane ; elle me mit au monde avec de grands déchirements d’entrailles, on désespéra de ma vie. […] Sainte-Beuve fait erreur, le monde de René était découvert avant Senancour et Chateaubriand, mais l’honneur de le marquer de son sceau revient à Chateaubriand ; il sut se servit de la langue, des images et des passions du jour, et personnifier ce monde sentimental et idéal que les contemporains portaient dans leur cœur et dans leur tête. […] Les hommes de ce temps se montaient la tête et tendaient leurs forces afin de sortir de leur situation, afin de s’élancer par-delà le monde tangible pour épuiser l’ardeur et la passion de mouvement qui bouillonnaient dans leurs crânes.
Les questions de cérémonial et de salut militaire ne sauraient être oubliées : « En arrivant ici (au camp de Lamsheim), Monseigneur vit toute l’infanterie en bataille sous une ligne à quatre de hauteur… M. de La Feuillée, lieutenant général, qui était demeuré ici pour commander l’infanterie, salua Monseigneur de l’épée, à cheval. » Monseigneur, toutefois, dans cette campagne, s’il ne fait rien d’extraordinaire, ne manque à rien d’essentiel : il remplit les devoirs de son métier, il fait manœuvrer son monde. […] Tout son monde de Versailles est là, même Racine, le gentilhomme ordinaire, qui prend ses notes pour l’histoire dont il est chargé et qu’il n’écrira pas ; on a de lui une lettre intéressante à Boileau, aussi exacte et circonstanciée que peut l’être la relation de Dangeau lui-même. L’accident principal du siège est l’attaque d’un ouvrage à cornes qui défend la place : « Samedi 31 avril. — Vauban a dit au roi que, s’il était pressé de prendre Mons, on pouvait dès aujourd’hui se rendre maître de l’ouvrage à cornes ; mais que, puisque rien ne pressait, il valait mieux encore attendre un jour ou deux, et lui sauver du monde. » Ce n’est pas le monde qu’on sauve, c’est du monde qu’on veut sauver à Louis XIV. […] Assez d’autres chercheront dans le journal de Dangeau tel ou tel fait particulier ; très peu de monde aura la patience de le lire d’un bout à l’autre comme on lit un livre.
Roger jeune, aimable, élégant et gracieux, un peu faible, a été distingué et aimé par Fanny, qui, en femme du monde habile et aussi expérimentée que tendre, a pris sur elle toutes les difficultés de la situation et ne lui en veut laisser que les douceurs. […] Un poète de l’ordre spiritualiste et mystique, et qui avait la clef du monde intérieur, s’est plu à dire : « Chez moi, toutes choses plutôt ressenties que senties », donnant à entendre que la sensation ne lui revenait qu’épurée dans le miroir de la réflexion et du souvenir. […] Le psychologue est resté en chemin, et, parti du dedans, il n’a pas rejoint le monde du dehors, ce qui est le domaine propre et le règne de nos cinq sens de nature. […] Mais se détachant soudain du groupe des joueurs derrière lequel jusqu’alors il s’était tenu debout, mon rival s’avança vers nous d’un air affable, et le plus naturellement du monde, nous demanda de quoi nous parlions. […] Mais ce qui est bien certain, c’est que ce livre ne fait pas d’indifférents, qu’il prend son monde et le remue.
parce qu’un homme de bon esprit, étudiant les sciences, méditant sur les faits naturels, sur les lois qui les régissent, sur les origines mystérieuses et les transformations qui s’y opèrent, ne peut arriver à concevoir l’idée de Création proprement dite, et qu’il accepte plus volontiers l’idée d’une succession continue, avant comme après, pendant un temps infini, — cet homme qui, en raison de cette conception qui lui paraît la plus probable, ne peut avoir les mêmes idées que vous sur la Genèse et l’origine du monde ; — vous qui n’avez nulle idée des sciences proprement dites ni de leurs méthodes, ni de leurs résultats, ni de leur progrès continuel et croissant, vous l’insulterez pour ce fait seul, — lui qui est d’ailleurs un savant de mérite, un honnête homme, un sage ! […] Le Quirinal et le Vatican ne semblent alors être pour vous, en effet, que des positions plus commodes, du haut desquelles vous canonnez et balayez à plaisir le pauvre monde. […] Croyez qu’il n’y a point de Dieu ; mais il y a un journaliste, un gamin… car enfin je ne suis qu’un gamin… « Au fait, je ne sais pas jusqu’à quel point je vaux mieux qu’eux… Je fais un métier de bourreau, et je ne suis pas absolument sûr de le faire par conscience… Ils ont leurs passions, j’ai les miennes ; ils cherchent leurs plaisirs, et moi, en les tourmentant, je cherche le mien… » Voilà des aveux. — La fin du roman me déplaît et déplaira, je crois, à bien du monde ; le parti pris s’y faitsentir. […] Est-il possible, en insistant avec vigueur, amertumeet satire (si surtout on en a le goût et le talent, si laverve vous pousse, si les doigts vous démangent sanscesse, si l’on porte jusque dans l’Univers beaucoup de son tempérament de Chignac), — est-il possible, dis-je, en arrangeant, ainsi son monde, de ne pas produire uneffet tout contraire à celui qu’on prétend chercher, dene pas instituer un combat à outrance, de ne pas rendre bientôt odieuses et la personne même de l’attaquant etjusqu’aux doctrines ? […] est-ce chrétien au sens où le monde l’entend ?
Il a longtemps attendu un dessinateur digne de lui et à la hauteur de ses rêves ; car il ne s’agissait pas seulement de montrer les choses telles qu’elles étaient, mais de les faire entrevoir aussi parfois telles qu’il les voyait en idée et qu’il se les figurait dans son monde de visions. […] Il y eut des Cervantes parmi ceux qui reconquirent Séville sur les Maures, et aussi parmi les conquérants du Nouveau Monde. […] Il désigna dans ses sollicitations jusqu’à quatre places à sa convenance parmi celles qui vaquaient dans le Nouveau Monde, ce qui eût fait de lui, s’il eût réussi, un payeur de la marine, ou un receveur général, ou un gouverneur de district, ou même un corrégidor. […] Cromwell, qui voulut, également y aller un jour, ne partit point pour l’Amérique ; Cervantes non plus : l’Angleterre aurait perdu à l’un, — le monde entier à l’autre. […] Des êtres nouveaux, des créatures dont on n’avait pas l’idée et qui n’existaient pas la veille, entraient en possession de la vie et allaient courir le monde pour ne plus jamais mourir.
Leurs travaux de fourmis et de termites modifient à la longue, chez les êtres les plus intelligents de notre espèce, la vision du monde et de l’histoire. […] L’avenir n’est que ténèbres et épouvante : toutes les fois que j’essaye de me figurer ce que sera le monde dans cent ans, dans mille ans, je sors de ce rêve avec un malaise horrible, une rage de ne pas savoir, un désespoir d’être né si tôt, une terreur devant l’inconnu. […] Le savant, l’érudit, qui contribue à cette connaissance totale en se gardant des interprétations hâtives et incomplètes qui en retarderaient le progrès est donc l’homme du monde qui se conforme le mieux à la pensée divine. […] Elle aura plus tard des accents plus souples, plus nuancés, plus délicats ; elle n’en aura jamais de plus pleins et de plus justes, ni qui se fassent entendre de plus loin… Ainsi ce prêtre austère de l’érudition a le cœur le plus sensible du monde. […] — Les hommes de la première moitié de ce siècle croyaient à une mission providentielle de la France dans le monde, comme les hommes du temps des croisades.
Peut-être marche-t-on à la découverte d’un monde nouveau ; peut-être aussi les laborieuses investigations auxquelles on se livre n’amèneront-elles d’autre résultat que de savoir qu’il n’y a rien à en tirer. […] Les premiers navigateurs qui découvrirent l’Amérique étaient loin de soupçonner les formes exactes et les relations véritables des parties de ce nouveau monde. […] En résumé, il y a deux manières d’agir sur le monde, ou par sa force individuelle, ou par le corps dont on fait partie, par l’ensemble où l’on a sa place. […] Ces pauvres femmes, séparées, eussent été vulgaires et n’eussent fait presque aucune figure dans l’humanité ; réunies, elles représentent avec énergie un de ses éléments les plus essentiels du monde, la douce, timide et pensive piété. […] Mais nous aurons travaillé à avancer la manière d’envisager les choses, nous aurons conduit l’avenir à n’avoir pas besoin de nous lire, nous aurons avancé le jour où la connaissance égalera le monde et où, le sujet et l’objet étant identifiés, le Dieu sera complet.
Ne semble-t-il pas alors que jamais écrivain ne fut placé dans une position plus heureuse, sous le rapport de l’indépendance, puisque je ne tiens mes opinions ni des hommes, ni des choses, ni de ma position dans le monde, ni d’un sentiment personnel et intéressé qui me fasse aimer ou craindre les circonstances actuelles, chérir ou redouter les souvenirs anciens ? […] Il n’y a pas, en apparence, moyen de réconcilier les opinions diverses qui se partagent le monde, parce que la différence essentielle et fondamentale commence, ainsi que nous essaierons de l’établir, à la source même de la pensée, Tâchons donc de remonter jusque-là, et peut-être serons-nous plus disposés à nous entendre. […] Une idée acquise est une vraie conquête ; et, une fois entrée dans le monde, cette idée ne peut plus y périr. […] Jeté au milieu du monde civilisé, dans un moment de trouble, il voulut se créer un monde barbare, pour régner plus à son aise. […] réunissons-nous du moins dans la noble et touchante confraternité du malheur ; car elles nous ont été aussi enlevées à leur tour, ces dépouilles opimes du monde, ces brillants trophées de la gloire que nous avions achetés par tant de travaux, par tant de sang et tant de larmes.
Sous la forme de l’empire romain, l’Italie avait dominé le monde, lui avait imposé la paix romaine. […] Avec la vie nationale enfin constituée, ce caractère va certainement se modifier et, si j’en crois certains symptômes, il étonnera le monde. […] , I. 6), et il crée une œuvre sans égale au monde : l’ascension de la conscience des ténèbres à la lumière. […] Pour reconstituer le monde antique, en réintégrer le principe dans la civilisation moderne, il ne fallait pas un érudit, il fallait un artiste, un poète, une âme aimante angoissée par le présent. […] L’histoire littéraire nous en donne une éclatante confirmation : au lieu d’une période de lente élaboration (dramatique), Pétrarque s’élance d’un bond dans un monde nouveau.
Il a trouvé pour le monde philosophique cette synthèse qui résume tout, la cause, le moyen, l’effet. […] Le despotisme est une servitude pour tout le monde, même pour celui qui l’exerce. […] Lorsque nos sens s’ouvrent sur le monde extérieur, une révélation de ce monde se produit dans notre esprit, l’opération intellectuelle de la perception s’accomplit ; c’est elle qui nous donne la connaissance du monde extérieur […] Il n’y a que deux puissances dans le monde, le sabre et l’esprit. […] Tableau du monde intellectuel au début de la restauration.
Triste assujettissement de l’homme au monde extérieur ! […] Comment, dans ce monde poétique où il va les puiser, l’esprit léger de la comédie est-il son premier guide ? […] Dans notre monde moderne, toutes choses ont porté un autre caractère. […] Ainsi fut fait le monde ; ainsi Shakespeare a conçu la tragédie. […] Il n’a plus qu’un but au monde, c’est de constater le crime qui a tué son père et de le punir.
Le monde qu’il parcourt n’a plus assez d’originaux, qui soient dignes de son application et de son étude. […] Heureuse foule ; pour ton demi petit écu tu vas voir expirer, devant toi, le plus grand poète du monde ! […] « Je n’ai point de bien, dit-elle à Lycaste, et vous n’en avez point aussi, or vous savez qu’avec cela on passe mal le temps au monde. […] Seulement, il a sur Alceste cet avantage, il sait vivre avec les hommes, il sait comme on parle aux femmes du grand monde, et comment on juge les vers de ses amis de la cour. […] Philinte sait, aussi bien qu’Alceste, que tous ceux qui, dans le monde, vous disent : mon ami !
Il la reçu le plus gracieusement du monde, avec respect et compliments, et en vint à la question. […] Tout ce monde grouille, en secouant des castagnettes et des banderoles, le coup d’œil est pittoresque. […] Le Symbole est vieux comme le monde, et de qui se réclament-ils ? […] Deux choses l’intéressent au monde, deux choses à l’exclusion de toutes autres : ses vers et lui, lui et ses vers. […] Notre aîné, nous l’admirions pour le présent et la certitude que nous avions de son génie nouvellement porteur d’un monde.
Taine ajoutait que le monde moral étudié ainsi “lentement, sûrement, par les mêmes méthodes que le monde physique, se transformerait à nos yeux comme le monde physique s’est transformé…”. […] Du monde de l’impression, il est monté dans celui de la réflexion. […] Le monde physico-chimique, par exemple, explique le monde biologique, lequel explique à son tour le monde psychologique et moral. […] Votre méthode, dans cet enseignement, procédait de votre vue générale du monde. […] C’est l’exemple projetant sa lumière à la fois dans le monde moral, et dans le monde politique.
Il faut bien savoir que le fond de toutes ces discussions, qui passionnent si fort et si soudainement une Chambre et un monde qui la veille paraissaient indifférents, n’est en rien ce dont on se soucie ; la question est tout entière une question de ministère. […] — Le spectacle de ces manœuvres parlementaires, de ces luttes qui n’ont aucune grande inspiration et ne méritent pas d’autre nom que celui d’intrigue, donne un à-propos tout particulier au travail que M. de Viel-Castel vient de publier dans la Revue des Deux Mondes du 1er mars sur lord Chatham. […] Aimé Martin a débuté dans le monde littéraire il y a plus de trente ans par les Lettres à Sophie sur la mythologie, la chimie ; c’était le genre de Demoustier appliqué aux sciences.
Lisez, par exemple, cette peinture du pécheur mourant : « Enfin, au milieu de ses tristes efforts, ses yeux se fixent, ses traits changent, son visage se défigure, sa bouche livide s’entrouvre d’elle-même, tout son esprit frémit ; et, par ce dernier effort, son âme s’arrache avec regret de ce corps de boue, et se trouve seule au pied du tribunal redoutable193. » À ce tableau de l’homme impie dans la mort, joignez celui des choses du monde dans le néant. « Regardez le monde tel que vous l’avez vu dans vos premières années, et tel que vous le voyez aujourd’hui ; une nouvelle cour a succédé à celle que vos premiers ans ont vue ; de nouveaux personnages sont montés sur la scène, les grands rôles sont remplis par de nouveaux acteurs : ce sont de nouveaux événements, de nouvelles intrigues, de nouvelles passions, de nouveaux héros, dans la vertu comme dans le vice, qui sont le sujet des louanges, des dérisions, des censures publiques. […] Convenez de leurs maximes, et l’univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; et les lois les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres lois que la force, plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité, plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance, plus d’autres dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux : tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place. » Que l’on compare Cicéron à Massillon, Bossuet à Démosthène, et l’on trouvera toujours entre leur éloquence les différences que nous avons indiquées ; dans les orateurs chrétiens, un ordre d’idées plus général, une connaissance du cœur humain plus profonde, une chaîne de raisonnements plus claire, enfin une éloquence religieuse et triste, ignorée de l’antiquité.
Ces maîtres désabusent le monde méthodiquement des préventions que leurs prédecesseurs y avoient semées. Le monde remarque encore de lui-même, que ceux qui lui avoient promis quelque chose de meilleur que l’ouvrage dont le mérite a été contesté, ne lui ont pas tenu parole. […] Parmi les opera sans nombre qui se sont faits depuis lui, il n’y a que Thetis et Pelée, Iphigénie, les fêtes vénitiennes et l’Europe galante, que le monde mette à côté des bons opera de cet aimable poëte.
Les livres que voici (livres de high life, s’il en fut jamais), quoique à l’adresse, par leur sujet et par le titre, d’un public d’élite et de choix, étendront, nous n’en doutons pas, une renommée qui avait commencé déjà, mais comme le jour commence, — en n’atteignant que les points les plus élevés de l’horizon, Jusqu’ici connu seulement des hommes de pensée et d’art, qui savaient ce qu’il en cachait et ce qu’il en faisait voir sous les formes gracieuses de l’homme du monde, Eugène Chapus ne s’était pas révélé au public véritable, à ce public qui, comme le Dauphin de la fable, porte parfois bien des singes sur son dos en croyant porter des hommes, mais qui est, en définitive, le soutien et le véhicule des talents sincères. […] les grandes Chasses et le Turf, les deux choses que Chapus sait si bien et qui passionnent tant sa pensée, disparaîtraient de ce monde que les deux livres qui en traitent ne s’en liraient pas moins avec avidité et avec plaisir, parce qu’ils sont émus, colorés, vivants ! […] Il est aussi artiste que le serait un homme exclusivement voué aux lettres, et de plus il est homme du monde.
Baudelaire a réussi à se faire passer dans le monde des lettres pour un poète de génie. […] Mais la plupart des personnages de Diane de Lys ne sont-ils pas empruntés au meilleur monde ? […] Barbara devrait bien le tirer une bonne fois sur ce monde hybride et malpropre où il lui plaît d’encanailler son lecteur. […] Ajoutez à cela que mademoiselle Grange a une écriture… la plus belle du monde ! […] .Pour rien au monde, M.
Si la guerre s’était déclarée, je me sauvais ignoré du monde entier, excepté de lui ; je m’engageais dans sa compagnie, et ne voulais devoir ma fortune qu’à des actions de valeur. […] Même après les avantages, on laisse souvent l’ennemi se retirer en bon ordre : « Il aurait été difficile de l’entamer, dit-il d’une de ces premières marches prussiennes dont il est témoin ; à la vérité nous n’étions pas entamants. » À une première affaire où il s’agit d’occuper une crête de hauteur, il y arrive avec son monde en même temps que l’ennemi : « Nous eûmes un moment de flux et de reflux comme au parterre de l’Opéra. » Cette image lui vient tout naturellement comme à une fête. […] Celui que Mme Du Deffand et Grimm faisaient d’abord quelque difficulté d’admettre comme de la pure race des esprits français, l’était si naturellement devenu, qu’écrivant en 1807 de Tœplitz à son compatriote le prince d’Arenberg, l’ancien ami de Mirabeau, et lui parlant de M. de Talleyrand, qui venait d’arriver : « Jugez, disait-il, de son plaisir d’être reçu par moi, car il n’y a plus de Français au monde que lui, et vous et moi, qui ne le sommes pas. » Et il disait vrai en parlant ainsi. […] Vous remarquerez que, pour l’achever et la couronner, il a cru essentiel de mêler à son idée de l’homme aimable un sentiment d’humanité, d’affection, et presque de détachement sincère au milieu du succès : c’est qu’il sait bien que l’écueil de ce qu’on appelle ordinairement l’amabilité dans le monde et de l’usage exclusif de l’esprit, c’est la sécheresse et la personnalité. […] Un tableau sans figures ressemble à la fin du monde. » Pourtant le prince de Ligne, dans les dernières années de sa vie passées à son Refuge sur le Leopoldsberg près de Vienne, paraîtra en être venu à admirer plus véritablement la nature pour elle-même.
Dans un des voyages qu’elle fit de Cirey en Lorraine, elle n’eut pas de peine à le distinguer dans ce joli et gracieux monde, et elle écrivait de Commercy à d’Argental, qui était alors à Plombières (30 juillet 1748) : Je ne puis me refuser de vous envoyer des vers d’un homme de notre société (Saint-Lambert) que vous connaissez déjà par l’Épître à Chloé ; je suis persuadée qu’ils vous plairont. […] Durant cette dernière moitié de sa vie, il passait la belle saison dans la vallée de Montmorency, à Eaubonne, à Sannois, et ses hivers à Paris dans le monde des Beauvau, tant qu’ils vécurent, et de leur fille la princesse de Poix. […] Le poème, dans sa nouveauté, eut beaucoup de succès ; il ne faudrait point croire cependant que presque toutes les objections que nous faisons aujourd’hui en essayant de le relire, ne furent point faites alors : il est rare que dans chaque temps la vérité ne se dise pas ; elle est souvent étouffée par le bruit du monde et de la vogue, mais il suffit pour l’entendre de s’approcher de ceux qui la savent, et qui la disent en causant ou en s’écrivant. […] Homme du monde accompli, il était réservé à l’extérieur : « Il avait pour tout ce qui lui était indifférent une politesse froide qu’on pouvait quelquefois confondre avec le dédain. » Cette circonspection tenait sans doute à plusieurs causes : il avait vécu dans une petite cour et dans un grand monde où sa fortune ne répondait point à sa condition ; il avait de la dignité et une délicatesse susceptible qu’il ne voulait pas exposer aux blessures. […] Passez donc sans retard à des scènes plus actives, rassemblez les vérités éparses que glane l’étude ; mêlez-vous au monde, mais à ce qu’il a de plus sage ; ne donnez plus tout votre cœur à une idole, votre cœur ne lui appartient pas, il ne vous appartient pas à vous-même… Il décrit aussi, et pour l’avoir trop cruellement éprouvée, la manie maladive et la mélancolie funeste se cachant dans la solitude et y méritant toutes les tendres sympathies de la pitié ; puis les délices d’une convalescence où l’on jouit avec attendrissement de chaque beauté de la nature comme à un réveil du monde.
Tout ce qu’il dit de Mme de Staël, de M. de Chateaubriand, du comte de Maistre, de M. de Lamennais et du monde de l’Avenir, de Victor Hugo et de son salon avant et après 1830, des Saint-Simoniens et de leur monde, etc., etc., mérite peu qu’on s’y arrête. […] Delécluze dont le bruit transpira peu à peu dans le monde lettré, furent bientôt très suivies, très animées ; jamais une femme n’y parut ; mais, en fait d’hommes, de jeunes hommes, ce qu’il y avait de plus distingué alors par l’esprit, par les prémices du talent, y venait, et la conversation y était souvent charmante ou du moins très amusante. […] » — et Charles Magnin, esprit doux, fin, progressif, écouteur ingénieux, plume excellente ; et le baron de Mareste, homme du monde très-spirituel, comme il en faut entre les gens de lettres pour les dédoubler, pour les espacer un peu ; un de ces amateurs qui de bonne heure ont vu le spectacle dans une bonne stalle, témoin assidu, bien informé, et qui, lui aussi, a dû écrire ; — tous ceux-là, et bien d’autres encore, y étaient, et dans cette espèce de galetas plafonné bruissaient comme abeilles en ruche et faisaient tourbillon. […] Il comptait bien d’ailleurs, l’épicurien et le raffiné, ne parler que pour une élite ; il a lâché son mot dans une lettre à Thomas Moore ; il n’écrit, dit-il, que pour un petit nombre d’élus, « happy few très-fâché que le reste de la canaille humaine (c’est son mot) lise ses rêveries. » Depuis Siéyès et l’avénement de la démocratie, pensait-il encore, il n’y a plus que l’aristocratie littéraire qui ose aimer les phrases simples et les pensées naturelles : il entendait bien rester de cette aristocratie ; et il narguait le reste du monde qui se prend au bombast, au bouffi et au fardé en tout genre. […] Étienne raille Ballanche, mais sait-il bien, à son tour, ce qu’on se disait alors de lui, ce qu’on se répétait à l’oreille dans ce petit, monde romain de Mme Récamier ?