Ce qui parlait surtout en sa faveur, c’était sa vie, la pureté de ses mœurs, l’égalité et la tranquillité de son âme : « C’est une science divine et bien ardue, disait-il, que de savoir jouir loyalement de son être, se conduire selon le modèle commun et naturel, selon ses propres conditions, sans en chercher d’autres étranges. » Cette science pratique, à laquelle, sauf de rares et courts instants de passion, il avait toujours été disposé, il paraît qu’il l’avait tout à fait acquise en vieillissant ; l’équilibre de son humeur et de son tempérament l’y aidait ; il avait pris pour sa devise : Paix et peu, et il la justifiait par toute sa vie. […] Je ne voudrais pas pourtant l’imiter en cela, non plus qu’en ses mœurs et en sa doctrine. » Quoi qu’il en soit, Charron continuera d’offrir un problème psychologique et biographique, non entièrement résolu.
Ô mœurs ! […] Nos mœurs et votre situation sont bien loin d’exiger un tel parti ; en un mot, votre vie est très nécessaire : vous sentez combien elle est chère à une nombreuse famille, et à tous ceux qui ont l’honneur de vous approcher.
Mais les quatre chapitres qui suivent vont nous peindre successivement les mœurs des principales classes de la société, des gens de finance et de fortune, des gens de la Ville, des gens de la Cour, des Grands proprement dits et princes du sang, héros ou demi-dieux : le tout se couronnera par un chapitre, du Souverain ou de la République, avec le buste ou la statue de Louis XIV tout au bout en perspective. […] Après avoir peint dans toutes les conditions, et depuis les plus sordides jusqu’aux plus hautes, les mœurs de son temps, l’auteur en vient donc à considérer l’humanité en général ; on voit la gradation.
Tantôt c’est une beauté hardie, d’aspect superbe et sauvage, aux goûts bizarres, aux mœurs orientales, osant et se permettant tous ses caprices presque en reine du Caucase ou en dame romaine d’autrefois, et mettant en déroute à première vue nos mesquines voluptés et nos jolis vices à la mode. […] « Ce sont les mœurs, a-t-elle dit, qui font les malheurs, et non pas la vieillesse… Préparez-vous, ma fille, une vieillesse heureuse par une jeunesse innocente. » Et avec le conseil moral, la consolation religieuse vient à la suite comme une dernière auxiliaire.
A la rigueur, si tout ce que vous me décrivez était vrai, copié sur nature, je m’y intéresserais dans un autre sens, non plus à titre d’art, mais à titre de document positif, comme on s’intéresse à une relation de voyageur, à un récit authentique des mœurs japonaises. […] L’amour de la vieille Carthage, puisqu’amour il y avait, y aurait trouvé son compte : on en aurait refait l’histoire, en indiquant les lacunes, en restituant, à l’aide des fragments et du parti raisonnable qu’on en peut tirer, la religion, la politique, le caractère, les mœurs.
Il faut admirer ce que nous avons et ce qui nous manque ; il faut faire autrement que nos ancêtres et louer ce que nos ancêtres ont fait. » Et après quelques exemples saillants empruntés à l’art du Moyen-Age et à celui de la Renaissance, si originaux chacun dans son genre et si caractérisés, passant à l’art tout littéraire et spirituel du xviie siècle, il continue en ces termes : « Ouvrez maintenant un volume de Racine ou cette Princesse de Clèves, et vous y verrez la noblesse, la mesure, la délicatesse charmante, la simplicité et la perfection du style qu’une littérature naissante pouvait seule avoir, et que la vie de salon, les mœurs de Cour et les sentiments aristocratiques pouvaient seuls donner. […] « J’ai admiré souvent, et j’avoue que je ne puis encore comprendre, quelque sérieuse réflexion que je fasse, pourquoi toute la Grèce étant placée sous un même ciel, et les Grecs nourris et élevés de la même manière, il se trouve néanmoins si peu de ressemblance dans leurs mœurs. » C’est cette différence d’homme à homme dans une même nation, et jusque dans une même famille, qui est le point précis de la difficulté.
Mais cette sœur du côté gauche, un mariage royal échéant, devenait un inconvénient grave ; elle avait, si l’on en juge par les lettres de son frère à elle adressées, le ton libre et les mœurs à l’avenant ; elle était femme, pour subvenir à sa dépense, à tenir chez elle à Paris quelque brelan. […] Il s’y rencontre jusqu’au bout trop de détails curieux, qui tiennent aux mœurs, pour ne pas les relever.
On apprend par le récit détaillé de cette intrigue à mieux connaître les mœurs du gouvernement sous Louis xvi, et cette douceur de civilisation qui suppléait souvent au manque de principes et de doctrines. […] Ce qui est vrai, c’est qu’il y a profit et plaisir à suivre Malouet dans ce voyage d’exploration en Guyane, dans ses visites chez les principaux colons, à les écouter, comme il fit lui-même, exposant chacun leurs observations pratiques. leurs expériences variées et concordantes sur ce sol trompeur qui rendait si vite, mais qui s’épuisait si promptement ; à le suivre encore dans ses courses à travers les forêts, à noter, chemin faisant avec lui, de curieux phénomènes d’histoire naturelle concernant les fourmis, les serpents, les singes, et en général sur les mœurs des animaux, qui, n’étant gênés par rien dans ces vastes solitudes, y forment librement des groupes et y atteignent atout le mode relatif de sociabilité dont ils sont capables.
Si un tel spectacle attache fortement l’imagination, si l’on se plaît à retrouver dans la succession de l’espace ce qui semble n’appartenir qu’à la succession des temps, il faut se résoudre à ne voir que très peu de liens sociaux, nul caractère commun parmi des hommes qui semblent si peu appartenir à la même association. » S’il né semblait puéril et bien ingénu de prendre Talleyrand par le côté littéraire, on aurait à noter encore ce qui suit immédiatement, ces deux portraits de mœurs, le Bûcheron américain, le Pêcheur américain. […] Quelles que soient les raisons qu’on ait alléguées à sa décharge, telles que sa nonchalance, sa douceur de mœurs, il n’est pas clair du tout qu’il soit innocent.
Soit qu’il fit choix d’époques encore neuves à l’étude, soit qu’il se jetât sur des pays à mœurs franches et sauvages, soit même qu’il se tînt à des cas singuliers du cœur, toujours, en tout sujet, il se retranchait, pour ainsi dire, au début ; il mettait une portion de sa vigueur à ne pas sortir du cercle tracé ; il faisait comme le soldat romain qui, à chaque halte, avant toute chose, traçait le fossé et posait le camp. […] Très-peu de gens sont allés en Corse ; les mœurs de ce pays diffèrent des nôtres autant qu’il se peut ; elles sont souvent atroces, sanglantes, et le monde n’aime guère en soi l’atroce et le sanglant.
Abandonné dans ses mœurs, perdu de fortune, n’ayant plus ni feu, ni lieu, ce fut pour lui et pour son talent une inestimable ressource que de se trouver maintenu, sous les auspices d’une femme aimable, au sein d’une société spirituelle et de bon goût, avec toutes les douceurs de l’aisance. […] C’est alors surtout qu’il se livra, pour se désennuyer, à la société du prince de Conti et de MM. de Vendôme dont on sait les mœurs, et que, sans rien perdre au fond du côté de l’esprit, il exposa aux regards de tous une vieillesse cynique et dissolue, mal déguisée sous les roses d’Anacréon.
Mais là où Regnier surtout excelle, c’est dans la connaissance de la vie, dans l’expression des mœurs et des personnages, dans la peinture des intérieurs ; ses satires sont une galerie d’admirables portraits flamands. […] Regnier résume en lui bon nombre de nos trouvères, Villon, Marot, Rabelais ; il y a dans son génie toute une partie d’épaisse gaieté et de bouffonnerie joviale, qui tient aux mœurs de ces temps, et qui ne saurait être reproduite de nos jours.
Partout, au contraire, où la nature écrase l’homme, dans le voisinage de l’océan ou dans la haute montagne, quand il se sent petit et faible en présence de la tempête ou de l’avalanche, il y a persistance en lui des paniques de l’humanité primitive ; il trahit un penchant à la tristesse rêveuse, il croit au merveilleux, il se voit entouré d’êtres surnaturels ; dans sa foi, dans ses coutumes, dans ses fêtes, dans ses légendes, il garde au passé un pieux attachement, qui est une entrave au progrès des mœurs et des idées, mais qui a aussi quelque chose de touchant et de pittoresque. […] Impressions recueillies à vol d’oiseau, notes, études, enquêtes, réflexions philosophiques, poèmes descriptifs, récits d’ascensions, de chasse, d’excursions, romans de mœurs exotiques ou cosmopolites, fantaisies à la Jules Verne, itinéraires à la Chateaubriand, pérégrinations amoureuses à la Pierre Loti, — comptez, si vous pouvez, l’infinie variété d’œuvres qui démontrent cet élargissement du domaine littéraire, et vous comprendrez sans peine combien il importe de savoir en quels points précis chaque époque fixait les limites du monde connu.
Entre les contemporains de Dante, de Giotto, d’Abélard, de saint Bernard, de Wolfram d’Eschembach et ceux de Michel-Ange, du Tasse, de Cervantès, de Shakespeare, de Montaigne, la différence des mœurs et des idées est presque incalculable. En réalité, c’est le paganisme qui ressuscite, qui vient imposer aux barbares de la veille ses mœurs, sa littérature, sa conception agréable de la vie, son idéal précis et saisissable.
Ce sont les mœurs qui ont déchu, et non les récompenses. […] Pline est du petit nombre des Romains qui ont ce que Sacy appelle les mœurs, c’est-à-dire qui ont de la pudeur, de la modestie, de la décence.
Si la conduite des deux royaux époux laisse tout à désirer à l’égard l’un de l’autre et à l’égard aussi du public, reconnaissons que leur correspondance est celle d’honnêtes gens, de gens de bonne compagnie, et dont le cœur vaut mieux que les mœurs. […] Marie Stuart, qui avait beaucoup en elle de cet esprit, de cette grâce et de ces mœurs des Valois, qui n’était guère plus morale comme femme que Marguerite, et qui trempa dans des actes assurément plus énormes, eut ou parut avoir une certaine élévation de cœur qu’elle acquit ou développa dans sa longue captivité, et qui se couronna dans sa douloureuse mort.
« Je n’aime dans l’histoire que les anecdotes, et, parmi les anecdotes, je préfère celles où j’imagine trouver une peinture vraie des mœurs et des caractères à une époque donnée. » Depuis le jour où M. […] Il est curieux de lire les deux petits romans en regard l’un de l’autre, quand on s’est une fois bien rendu compte, sous la différence des mœurs et des costumes, de l’identité du sujet.
Il était père de famille et père de l’Église, prêchait les bonnes mœurs, se signait parfois comme un saint égaré dans une bande de malfaiteurs, et, malgré tout, allait dans la définition libre des choses plus loin qu’aucun de nous. […] Et il y avait des relations non encore brisées entre Rouland et les Passy, qui parlaient chaudement en notre faveur, et le samedi 19 février, le président de la 6e chambre donnait lecture, à la fin de l’audience, du jugement dont voici le texte : « En ce qui touche l’article signé Edmond et Jules de Goncourt, dans le numéro du journal Paris, du 11 décembre 1852 ; « Attendu que si les passages incriminés de l’article présentent à l’esprit des lecteurs des images évidemment licencieuses et dès lors blâmables, il résulte cependant de l’ensemble de l’article que les auteurs de la publication dont il s’agit n’ont pas eu l’intention d’outrager la morale publique et les bonnes mœurs ; « Par ces motifs : « Renvoie Alphonse Karr, Edmond et Jules de Goncourt et Lebarbier (le gérant du journal) des fins de la plainte, sans dépens. » Nous étions acquittés, mais blâmés.
Quelle est la conformité de son livre et des mœurs du temps ? […] Quelles facultés personnelles et quelles mœurs environnantes ont produit ce géant en goguette, ce métaphysicien ivre, cette cervelle dévergondée et sublime, cette prodigieuse lanterne magique où se heurte le pêle-mêle vertigineux des formes tournoyantes, où s’enchevêtre le chaos de toutes les idées et de toutes les sciences, où la sensualité secoue sa torche rouge et fumeuse, où le génie fait flamboyer tous ses éclairs ?
Leur accoutrement nous donna lieu de parler de leurs usages, & après avoir fait l’analyse de leur garde-robe, nous nous étendîmes sur leurs manieres & sur leurs mœurs. […] On nous représenta Coppenhague & Stokolm, comme des lieux de société, où les modes françoises avoient pénétré, & changé les mœurs d’une maniere étonnante, en leur donnant une nuance parisienne. […] Mais cela n’empêche pas, observa judicieusement un membre de notre petit comité, que chaque nation ne conserve le fond de son caractere & de ses mœurs. […] Cette capitale de l’univers est en quelque sorte composée de différentes provinces, pour la différence des mœurs. […] Outre que cela n’est pas dans les mœurs des français, prendroit-on la précaution de ne laisser aux prisonniers ni couteaux, ni ciseaux, ni canif, si l’on vouloit les faire périr ?
Tel est, en abrégé, ce petit roman d’amour pur, exemple du platonisme pieux qui séduisit tant d’âmes élégantes en des siècles où les mœurs étaient grossières. […] Cette faiblesse nous prive de considérations piquantes sur l’état présent des mœurs et aussi sur la nature humaine. […] De ce dédain il résulta une certaine liberté de mœurs. […] Cela n’apaisa pas le bouillonnement des mauvaises mœurs ; mais le péril qu’on y courait déconsidéra la liberté qui en faisait l’attrait. […] Un homme soupçonné de mauvaises mœurs est incontestablement plus estimé qu’un homme convaincu de mauvaises mœurs ; la possibilité d’actes très malpropres excite l’imagination d’une quantité de personnes retenues seulement par la prudence ou par la lâcheté ; mais, s’il est avéré que les actes ont été perpétrés, les désirs reculent devant une certitude trop brutale.
Mais ceux-là représentent le passé ; or c’est à la peinture des mœurs du présent que je veux m’attacher aujourd’hui. […] Le croquis de mœurs Pour le croquis de mœurs, la représentation de la vie bourgeoise et les spectacles de la mode, le moyen le plus expéditif et le moins coûteux est évidemment le meilleur. […] Là les mœurs le lui permettent. […] Tout ce qui est brusque et cassé lui déplaît, et elle le renvoie au drame ou au roman de mœurs. […] Qu’il serait curieux de raconter dans un livre impartial les sentiments, les doctrines, la vie extérieure, la vie intime, les modes et les mœurs de la jeunesse sous le règne de Louis-Philippe !
Il pensait fermement que plus on lit plus on a d’esprit ; il lisait tout, même le Cyrus ; il y apprenait sinon les mœurs des Perses, du moins celles de l’hôtel de Rambouillet ; il faisait beaucoup de cas de Balzac et fort peu de Voiture ; il croyait qu’une science dont on connaît l’histoire est une science à peu près connue ; il se vantait d’avoir lu Don Quichotte plus de vingt fois en sa vie.
Habile autant que personne à nouer et à dénouer une intrigue, spirituel et délié dans le dialogue, vrai le plus souvent, sinon profond, dans la peinture des mœurs, il sait toujours se mettre au niveau de son auditoire, et calcule avec une rare précision tous ses effets.
— de conseiller au peuple et aux bourgeois d’avoir des mœurs pures, de « maîtriser leurs appétits », d’être moins égoïstes, de moins aimer l’argent, de renoncer à ces besoins de luxe relatif et de vanité qui déterminent les ménages français à limiter par tous les moyens le nombre de leurs rejetons.
Représentons-nous, dans Platon, un homme simple, modeste, frugal, de mœurs austères, bon ami, citoyen zélé ; mais très-mauvais politique ; aimant le bien, & voulant le procurer aux hommes ; parlant toujours d’eux, & les connoissant peu ; aussi chimérique dans ses idées, que notre vertueux abbé de Saint-Pierre, ou le célèbre misanthrope Génevois.
Nous y voyons que la femme & la fille de ce bas aventurier, étoient des personnes sans mœurs.
Son but a été d’exposer sans flatterie & sans amertume ce que les écrivains les plus impartiaux ont pensé sur le génie, le caractère & les mœurs des hommes célébres dans tous les genres.
Il faut que les citoyens de tous les états puissent assister à ces réceptions et que Sa Majesté Impériale veille par ses représentants à ce que l’incapacité et le vice ne l’emportent pas sur la science et les bonnes mœurs.
Le luxe et les mauvaises mœurs qui distribuent les palais en petits réduits anéantiront les beaux-arts. à l’exception de Vernet qui a des ouvrages commandés pour plus de cent ans, le reste des grands artistes chomme.
Ainsi, supposé que nous sçachions quelque chose dans l’art de disposer le plan d’un poëme, et de donner aux personnages des moeurs décentes que les anciens ne sçussent pas, ils n’auront pas laissé de nous surpasser, s’il est vrai qu’ils aïent eu plus de génie que nous, et cela d’autant plus qu’il est certainement vrai que les langues dans lesquelles ils ont composé étoient plus propres à la poësie que les langues dans lesquelles nous composons.
La Chambre de 1815, qui a été l’objet de tant d’éloges et de tant de critiques, eut cela de remarquable qu’elle représentait très bien le mouvement des opinions françaises, qu’elle représentait très bien aussi cet état d’anxiété, de trouble, d’incertitude, résultat nécessaire de la lutte des mœurs et des opinions.
Ses nombreuses comédies de mœurs lui avaient rapporté un grand nombre de feux et la flanelle de l’Académie française ; c’était déjà joli !
Il est à conjecturer que la foi première persista quelques années en lui, favorisée par l’étude, par la pureté des mœurs, dans cette vie abritée : on aimerait à se persuader qu’il croyait encore, lorsqu’il s’engagea définitivement, quelques années plus tard (1787), dans les voies irrévocables du sacerdoce, auquel semblait l’obliger d’ailleurs l’enseignement théologique qui lui était confié. […] comment, dénuées de cette chaleur animatrice, pourraient-elles, au sein d’un grand peuple, se transformer en des sentiments, en des habitudes, en des mœurs, en un caractère ? […] Approchait-il davantage de la vérité, lorsque, dans son Cours d’Études historiques, il disait avec plus de réserve : « A fort peu d’exceptions près, les noms honorables dans l’histoire des lettres le sont aussi dans celles des mœurs privées et publiques ; les plus grands écrivains sont à compter au nombre des meilleurs hommes de leurs siècles ? […] On a conçu une idée plus juste du caractère et du but de l’histoire ; on a voulu qu’elle devînt un tableau des mœurs et de la destinée des nations. […] Tes vertus sont ses mœurs.
J’ignore ce qui s’est passé depuis : j’ignore de qui Grasset tient ce manuscrit odieux : mais ce que je sais, c’est que ni vous ni aucun des membres de cette république ne permettront des ouvrages si horribles, qui outragent également les mœurs, la religion et le repos des hommes. […] La centralisation s’était accomplie dans les esprits, dans les mœurs, dans les idées, dans les caractères, en même temps que dans les administrations publiques. […] Le pays lui appartenait d’avance par l’annulation des provinces, l’effacement des caractères, la centralisation des idées, le nivellement des mœurs et l’égalité des intelligences, ainsi que par l’organisation administrative et politique. […] Le titre de citoyen romain, répandu sur tous les points de l’Empire, perdait, par cette diffusion même, son antique importance, et créait des peuples nouveaux, sans liens, sans solidarité, sans rapports de mœurs et d’affection avec la mère patrie. […] Elle n’entre plus dans les mœurs publiques, et c’est le glorieux prélude du triomphe définitif, que ces persécutions, consenties d’abord par le souverain pour plaire au peuple, finissent par être arrachées à l’un et réprouvées par l’autre.
Aux primitives et brutales ardeurs de la société féodale correspond l’épopée guerrière et chrétienne, à la délicatesse de ses mœurs adoucies une poésie romanesque ou lyrique.
Mais, en fait, s’il n’y a plus de classes politiques, il y a toujours des classes ou des compartiments sociaux, et les riches et les pauvres sont peut-être plus profondément séparés aujourd’hui par les mœurs qu’ils ne l’étaient autrefois par les institutions.
Brunetière sépare le roman d’aventures du roman de mœurs, du roman à thèse et du roman psychologique. […] N’est-ce pas un roman de mœurs à la fois italiennes et françaises, mœurs galantes et dures où se plaisait l’âpre esprit d’Henry Beyle ? […] Et maintenant, sont-ce là des aventures, des mœurs, ou des caractères, ou de la psychologie ? […] Nous comprendrons comment l’homme d’État suit et guide tour à tour le développement de son pays, des mœurs aux institutions et de l’instinct à la coutume. […] Le fédéralisme est de sources diverses : besoin d’autonomie locale, jalousie du centre, peut-être mystérieux retour aux modes et aux mœurs passées.
Je ne vous écris pas, mais je cause avec vous comme je causais autrefois avec cet homme qui s’est enfoncé dans le fond d’une forêt où son cœur s’est aigri, où ses mœurs se sont perverties. […] Vous m’opposerez les mœurs du temps, et la belle confiance que tout chevalier devrait avoir dans la constance et la vertu de sa maîtresse. […] Or, certainement, il n’y a nulle comparaison sur ce point entre la sœur, à qui l’on n’a jamais fait le moindre reproche, qui est estimée, qui a des mœurs, de la vertu, de la probité, et des frères qui sont sans foi, sans loi, sans mœurs et sans principes. […] Il faut défendre ses opinions par ses mœurs ; et moins les opinions sont populaires, plus il importe que les mœurs soient irrépréhensibles. […] Conserver ses mœurs et remplir ses devoirs quels qu’ils soient, voilà son projet.
Les aventures de l’héroïne Nelly, la fille du détective Horn, servent surtout de prétexte à l’auteur pour grouper ses croquis de mœurs londoniennes. […] C’est le pays où la vie de société est le plus développée où les mœurs atteignent à la plus insipide douceur. […] Au temps de la Renaissance italienne il n’y a ni gouvernement, ni police, pas de lois et pas de mœurs, ni régularité, ni sécurité. […] On prétend que l’état violent des mœurs est une condition favorable pour le développement des arts ; on cite un exemple qui est celui de la Renaissance italienne. […] Mais on néglige de nous montrer l’exacte relation qui relierait le brigandage de ses mœurs avec la perfection de ses œuvres.
Je lisais le premier ouvrage de Tourgueneff : les Chasseurs russes, et je faisais durer autant que possible le plaisir, en posant souvent le volume sur mes genoux et en m’enivrant des mœurs naïves et des charmantes images dont chacune de ces nouvelles était un recueil délicieux. […] La force se révèle dans l’acte, l’originalité dans les mœurs, la sensibilité dans le pathétique. […] VIII Le principal mérite de ces Essais russes de Tourgueneff est de nous faire connaître, classe par classe, homme par homme, les mœurs encore peu connues de l’immense population de l’empire. […] Tel est l’ensemble des mœurs russes peintes à fresque par Tourgueneff. […] Parcourons-le et citons-le à grandes pages, le roman de mœurs ne peut pas se comprendre ou s’admirer autrement.
On y voit chaque nation avec son caractère propre, ses révolutions, ses accroissements, sa ruine ; les grands hommes qui ont été les instruments de ces changements, prophètes, législateurs, conquérants ; les mœurs, si incroyablement variées selon les climats, les lieux, les temps ; toutes les guerres, toutes les paix, dont il est resté des monuments ; les constitutions, presque aussi diverses que les mœurs ; les législations, les arts ; toutes les origines et toutes les chutes. […] Une victoire des quiétistes eût été à la fois un dommage pour la langue et un péril pour les mœurs. […] Mme de Maintenon, qui d’abord avait goûté Mme Guyon à cause de son esprit et de la pureté de ses mœurs, la sacrifia non pas, comme on l’a dit, aux ombrages de Louis XIV, qui ne sut l’affaire que fort tard, mais à ses propres scrupules religieux, éveillés et commandés par ceux de Bossuet. […] Si l’habit d’archevêque jetait un léger ridicule sur ce dévouement chevaleresque, nul habit n’eût justifié une autre conduite envers une femme de mœurs d’ailleurs irréprochables. […] Bossuet, né à Dijon, ayant été informé de ces scandales par ses parents et ses amis, et de tout ce que les mœurs y avaient perdu, n’avait pas si tort de dire des subtilités mystiques qui avaient engendré le quiétisme, « qu’il y allait de toute la religion. » (*) Le Parlement de Bourgogne, par M. de la Cuisine.
Poésie, philosophie, peinture, moeurs, tout y conduit. […] S’il a écrit un chapitre d’histoire naturelle, c’est au moyen d’un traité de moeurs ; il ne pouvait en employer un autre, et l’on va voir qu’il n’y en a pas de meilleur. […] Aussi ses moeurs sont-elles jalouses et violentes ; il est « incivil, peu galant, turbulent, toujours en noise avec les autres. » Quand la perdrix est mise dans la basse-cour, « malgré le sexe et l’hospitalité », il a peu de respect « pour la dame étrangère. » Il est orgueilleux, brutal, « fort souvent en furie, et la pauvrette reçoit d’horribles coups de bec. »125 S’il donne aux poules les grains et les vermisseaux qu’il déterre, c’est qu’il est leur maître.
Nous traduisons nous-même, en nous aidant pour le sens et pour les mœurs de la traduction de M. […] Les mœurs pastorales du berger-prophète y sont retracées avec une naïveté terrible dans l’image des courroies avec lesquelles le laboureur lie ses bœufs, et du joug rejeté au loin par le cou des taureaux. […] XX Et comme chaque trait des mœurs pastorales ou sacerdotales lui fournit une image ou simple, ou neuve, ou douce, ou forte, ou inattendue !
Or, on sait à quelles profondeurs tombent les choses dans ces mœurs anglaises qui semblent les garder toujours. […] Y a-t-il donc beaucoup d’années que Bulwer, détourné de la voie de ses premiers romans, écrivait son livre au daguerréotype : De l’Angleterre et des Anglais, et n’y sentait-on pas l’influence de ce dandysme autochtone à la Grande-Bretagne qui vient de tout un ensemble de mœurs et d’institutions, et que les favoris du Prince du Dandysme, le prince de Galles, purent bien nommer, mais ne créèrent pas ? […] Ils donnèrent à ce qui n’était d’abord qu’une affectation, un faux pli dans les mœurs de la classe élevée, les proportions d’une monstruosité.
Pour aller droit à la réformation des mœurs, il commençait toujours par établir sur des principes bien liés et bien déduits une proposition morale, et après, de peur que l’auditeur ne se fît point l’application de ces principes, il la faisait lui-même par un détail merveilleux où la vie des hommes était peinte au naturel. […] En traçant si curieusement ce qu’il nomme un détail de mœurs, si Bourdaloue n’avait pas en vue Pascal dans Les Provinciales, et s’il ne le traduit pas trait pour trait à sa manière devant ses auditeurs, dont plusieurs durent être à la fois choqués et transportés, et ne purent s’empêcher d’admirer tout en protestant, il n’y a pas un seul portrait chez Saint-Simon ni chez La Bruyère.
Bernier le sait volontiers paresseux, obstiné dans ce qu’il a appris dans sa jeunesse, ne se renouvelant pas, et penchant par ses mœurs à se donner un appui dans certaines doctrines. […] Chapelle, en cette rencontre, est l’original que Boileau a imité, comme il a imité en tant d’autres endroits Horace et les anciens. — Il est dommage cependant que le tout se termine par cette histoire désagréable et indécente de d’Assoucy, sur laquelle l’auteur revient encore plus loin et insiste avant de finir ; ici Boileau retrouverait toute sa supériorité de bon goût et de bonnes mœurs.
S’ils ont examiné les sociétés, ils verront que les lois n’ont pu prévoir et statuer que sur des choses positives ; elles peuvent être l’effroi des criminels et le frein des crimes, mais les préjugés sont le seul frein des mœurs. Et les gouvernements sont également fondés sur les mœurs et sur les lois ; détruisez les uns ou les autres, et vous renverserez l’édifice… L’emploi de l’esprit aux dépens de l’ordre public est une des plus grandes scélératesses, parce que de sa nature elle est ou la plus impunissable ou la plus impunie ; et de toutes la plus dangereuse, parce que le mal qu’elle produit s’étend et se promulgue par la peine même infligée au coupable, et des siècles après lui.
Ducis, avec qui il avait quelque parenté de talent et d’origine, a dit dans un portrait qu’il a donné de lui : « Il aimait passionnément Molière, Montaigne et Shakespeare ; il y trouvait ce fonds immense de naturel, de raison, de force, de grâce, de variété, de profondeur et de naïveté qui caractérise ces grands hommes ; aussi, était-il né avec un sens exquis et une âme excellente : c’était tout naturellement qu’il voyait juste, comme c’était tout bonnement qu’il était bon. » On est sous Louis XVI, aux premières et belles années, sous un jeune roi plein de mœurs et de bon sens. […] Le Roy, lieutenant des chasses du parc de Versailles, observateur philosophe des mœurs des animaux sur lesquels il a écrit des Lettres que tous nos psychologistes devraient avoir lues71, s’était donc chargé de trouver l’ermitage où s’abriterait Deleyre avec sa famille, et il en avait découvert un à souhait.
Soulié nous a exposé brièvement, dans son Introduction, comment il parvint à trouver cette première pièce quelconque (un titre de propriété), laquelle le renvoya à d’autres, à des actes passés à Paris, et comment, de contrat en contrat, de testament en testament, de fil en aiguille, il en vint à reconquérir péniblement, mais avec une joie indicible, quelques faits précis et certains sur l’état de maison, la famille, les obligations de théâtre, les dettes, et les mœurs domestiques du grand poète chef de troupe. […] La province était alors infiniment variée d’aspects, de costumes, de types et de mœurs.