Les sensations m’accablent… Il est des moments où les traits de mes amis, de mes parents, un lieu consacré par un souvenir, un arbre, un rocher, un coin de rue sont là devant mes yeux, et les cris d’un porteur d’eau de Paris me réveillent. […] Dans un ouvrage décadent, au lieu que la partie soit faite pour le tout, c’est le tout qui est fait pour la partie ; non seulement la page, comme dit Paul Bourget, devient indépendante, mais elle acquiert plus d’importance que le livre, le paragraphe que la page, la phrase que le paragraphe, et, dans la phrase même, c’est le mot qui l’emporte, qui saillit. Le mot, voilà le tyran des littérateurs de décadence : son culte remplace celui de l’idée ; au lieu du vrai, et par conséquent de la loi ou du fait, on cherche l’effet, c’est-à-dire une sensation forte révélant au lecteur une puissance chez l’auteur, n’ayant pour but que de satisfaire l’orgueil de l’un en même temps que la sensualité de l’autre.
Les œuvres idéalistes classiques tendent à être belles, elle se plaisent à la description de lieux riches et heureux, elles donnent du corps humain une image pure de lignes et de couleurs, chaste, sobre et saine ; elles montrent des âmes nobles, fort bonnes, et calmes, animées d’émotion simples et liantes d’amour tendre, de courage, de générosité, de patriotisme, de fière ambition, de juste respect des dieux, de vertus sévères, religieuses mais sans outrance modérées, mais tempérées, contenue de raison et sans disgracieux excès. […] Il décrit de préférence des lieux abrupts et sauvages ou féerique-ment riches, représente volontiers l’homme comme malade, difforme, pâle, blessé ou charmant et magnifique, l’analyse en ses passions extrêmes et déchaînées : l’amour éperdu, le remords angoissant, la mélancolie profonde, la douleur de préférence ou la joie lyrique et folle, le doue d’une noblesse ou d’une férocité d’âme également démesurées, le place en des incidents forcés où la crise des émotions se trouve grandie par leur conflit. […] Ils donnent à l’homme un corps contrefait, mal bâti et souffreteux ou bouffi de chair et truculent, un visage déplaisant, vulgaire, hâve, douloureux ; ils se complaisent dans la description des lieux sales et pauvres ou lourdement fastueux ; ils analysent les passions basses, la luxure, l’avarice, la méchanceté, la fourberie, l’humiliation, la souffrance laide ; ils conçoivent l’homme comme méchant et malheureux, c’est-à-dire encore qu’ils le représentent dans les traits corporels et moraux qu’il est mauvais que l’homme possède pour son bonheur et celui de sa race.
Il y a tout lieu d’imaginer que la nôtre secondera le zèle qui nous anime, surtout si vous voulez bien y mettre le sceau de votre approbation. […] Je veux dire qu’au lieu des pièces de Corneille, Je jouay l’Étourdy qui fut une merveille. […] Elle n’y fut pas plus tôt que la Molière envoya deux gardes pour la faire sortir de l’amphithéâtre, et se donna le plaisir d’aller lui dire elle-même que, puisqu’on la chassait de sa maison, elle pouvait bien à son tour la faire sortir d’un lieu où elle était la maîtresse. […] Plus d’unité de lieux ni de temps : des estocades et des évocations, des duels de cavaliers dans les forêts et des apparitions de spectres dans les tombeaux. […] Ce changement obligea les compagnons de Molière à chercher un autre lieu, et ils s’établirent avec permission et sur les ordres de Sa Majesté, rue Mazarine, au bout de la rue Guénégaud, toujours sous le même titre de la troupe du Roi. » 22.
Aucun n’a essayé sur les lieux d’expérimenter par lui-même, pour savoir quelle était réellement la plante vénéneuse qui le constituait, afin de la caractériser et de la rapporter en Europe. […] Le sanglier fut trouvé mort à cent soixante-dix pas du lieu où il avait été frappé, et leur fournit un souper succulent. […] Si, au lieu des deux jambes, on n’en préserve qu’une de l’empoisonnement, le résultat est le même ; seulement il n’y a qu’une jambe qui se meut quand on pince l’animal, et cette jambe pousse tout le reste du corps devant elle quand on place l’animal dans l’eau. […] Si un seul des trois termes précédents vient à manquer, l’acte n’a plus lieu. […] On a appelé réflexes toutes les actions sensitives qui réagissent sur les nerfs moteurs en donnant lieu à des mouvements involontaires, parce qu’on suppose que l’impression sensitive venue de la périphérie est réfléchie dans le centre nerveux sur le nerf moteur.
Le public rit où il peut rire ; trop heureux quand il s’amuse, il ne regarde pas dans quel lieu. […] En ce temps-là, vous auriez mis un bas troué à cette jambe, toute la ville eût demandé en quel lieu donc l’enfant avait acheté ces bas brodés à jour ? […] Il faut laisser ces carcans de pierreries aux jeunes demoiselles du Vaudeville, aux ingénues du Palais-Royal et autres lieux. […] Quel patois des plus mauvais lieux ! […] C’est un nommé Moncade, un beau, d’un certain âge, qui n’a ni feu ni lieu, ni parents ; ni amis, ni état dans le monde.
Ce n’est pas ici le lieu de discuter un sophisme dangereux qui confond l’ordre surnaturel avec l’ordre naturel, d’une part, et qui, de l’autre, admet la bonne foi chez les idéologues de 89 et leurs successeurs. […] Ces réactions ne vont pas sans des réactions contraires ; mais ces résistances sont visiblement voulues, préméditées, organisées, au lieu que “l’élan vital”, pour emprunter son vocabulaire à ce même M. […] Le personnage de Flaubert qui s’écrie tout d’un coup “que la géométrie est de la blague” n’émet qu’une sottise dont il n’y a même pas lieu de sourire. […] Le roman historique sort, ici, de l’aspect des lieux. […] D’où cette différence de physionomie qui distingue ces victoires, et qui ne tient pas seulement aux particularités de lieux, d’effectifs, de saison, de commandement, de résultat.
C’est ici le lieu de remarquer que ces deux caractères manquent généralement aux ouvrages poétiques du commencement de ce siècle. […] Il est tellement né poète, qu’il n’en est pas toujours homme de bon sens, au lieu que M. de Norvins est un homme de tant de bon sens, qu’il n’en est pas toujours poète. […] C’est seulement de cette manière que j’entendrais répondre, s’il y avait lieu. […] J’aurais trouvé la concession bien plus précieuse encore, si, au lieu du nom, auquel je n’en veux nullement, on m’avait sacrifié la chose. […] La partie matérielle, les descriptions des lieux et des costumes, les images excessives obstruent et étouffent ces lueurs trop rares de vérité éternelle qui nous apparaissent isolées dans le souvenir d’une lecture lointaine.
N’ai-je pas lieu d’être fier de cette croix d’honneur ? […] On peut assez souvent préciser le moment et le lieu où une réputation s’est fondée par l’autorité d’un grand critique. […] C’est une affaire excellente pour tout le monde : pour le public, qui a vraiment du nouveau, au lieu du radotage que lui aurait servi le vieil auteur usé ; pour l’éditeur, que rassure contre les risques d’une mévente l’étiquette de la marchandise ; pour le romancier célèbre, qui n’a rien à faire, et enfin pour le spectre, qui touche de l’argent, au lieu qu’une publication entreprise sous son nom lui en aurait coûté, sans parler de la pénible lutte qu’il faut toujours soutenir pour être imprimé, pour être édité et pour obtenir des articles. […] Hallam a remarqué judicieusement qu’il y a en faveur de l’unité dramatique de lieu un argument très fort : elle est bon marché 88. […] Plus tard Voltaire réussit, après bien des efforts, à débarrasser la scène des intrus qui, empêchant le libre jeu des décorations mouvantes et changeantes, imposaient au drame l’unité de lieu, et cette nouvelle réforme matérielle rendit possible une autre grande révolution dans l’art.
Mais d’abord nos erreurs sont sans conséquence ; elles ne sont pas liées entre elles ; elles ne portent que sur des cas particuliers ; au lieu que si, d’aventure, M. […] Audit lieu, en mon enfance, trois pucelles suffocquèrent d’une serviette une de leurs compaignes qu’elles surprindrent en lubricité. […] S’il revient de voyage, elle s’informera de sa santé, mais ne lui demandera point en quels lieux il a été ni ce qu’il a fait. […] Mais surtout les tableaux de Manet sont, éminemment, des tableaux de peintre : au lieu que les drames de Diderot ne sont, à aucun degré, des pièces d’auteur dramatique. […] Francisque Sarcey a ajouté que la gaieté, si malaisée à définir, est, en outre, chose de moment, de lieu, de circonstance ; que ce qui nous a paru gai peut fort bien sembler funèbre aux autres ; et que ce qui nous a fait rire aujourd’hui ne nous fera peut-être plus rire demain.
Dans Le Camarade infidèle, le dialogue est l’agent dramatique essentiel, il se substitue à l’analyse, en tient lieu. […] Pourtant, en cette minute, ce lieu n’est beau que pour toi. […] Mais ce n’en est pas ici le lieu, car Remy ne saurait vraiment nous en fournir le prétexte. […] La pensée dans l’absolu — une pensée qui se dévide sans égard ni au lieu ni au temps, ni à la qualité de l’auditoire — est l’ennemie née du Dialogue où la règle consiste, non pas à partir d’une pensée, mais bien au contraire à y arriver, et comme à y arriver malgré soi. […] J’entends bien que pour Sainte-Beuve l’idée de plénitude est incluse en celle de fermeté ; mais je crois que dans le cas de Pascal il y a lieu de la faire saillir.
La description de ces lieux de délices s’accorde avec les épisodes des légendes chrétiennes. […] Il le peint comme un lieu contigu à l’Enfer, et séparé, extérieur à la terre, alors que l’Enfer est intérieur. […] La seconde est un lieu où Dieu châtie les pécheurs le temps qu’il lui plaît. […] Mieux vaut qu’un voyageur, qui a l’ambition de faire une œuvre d’art, ne compose pas son livre aux lieux mêmes où il l’a vécu. […] Il nous répond lui-même : « Il m’eût fallu parler de lieux nouveaux à peu près comme j’avais parlé des anciens.
La fin de Werther laissait en vue et livrait aux regards du public un faux Goethe au lieu du vrai, un fantôme creux et trompeur après lequel la foule allait courir, comme Turnus dans le combat s’acharne à poursuivre le fantôme d’Énée qui l’égare, tandis que le véritable héros est ailleurs et dans le lieu de l’action.
« Le roi, écrivait-il, pose pour ses portraits ; il en est au onzième ; et le peuple ne peut s’accoutumer à contempler l’abus de la faiblesse en ces mêmes lieux où, si peu de mois auparavant, il a vu régner l’abus de la force. » Le miracle du débarquement et du retour de l’île d’Elbe, survenant sur ces entrefaites, le transporta. […] Cependant, quand d’autres le raillaient là-dessus, il les reprenait avec vérité, en faisant remarquer que « le bonheur de 30,000 âmes est aussi important que celui d’un grand État. » Son économie politique, telle qu’il l’avait adoptée et qu’il la prêchait en dernier lieu, est toute particulière et le caractérise.
Encore un coup, l’honneur de Du Bellay est de susciter de pareils rapprochements et de les supporter sans trop avoir à s’en repentir : « Ce n’est pas toujours en troupes que ces oiseaux visitent nos demeures, disait le grand peintre de notre âge ; quelquefois deux beaux étrangers, aussi blancs que la neige, arrivent avec les frimas : ils descendent, au milieu des bruyères, dans un lieu découvert, et dont on ne peut approcher sans être aperçu ; après quelques heures de repos ils remontent sur les nuages. […] La différence est à la vue comme dans les noms. » Le sonnet de Du Bellay est la contrepartie du mot de Courier : il montre que la poésie, à qui sait la cueillir, est partout, et que les lieux les plus humbles, sous la vérité de l’impression, ne le cèdent en rien aux plus beaux, mais gardent d’autant mieux leur physionomie attachante.
Tous les chemins et tous les sentiers se terminent à ces précipices, à l’exception d’un seul, mais très-étroit et très-difficile à reconnoître, qui aboutit à un pont par lequel on évite le torrent de feu et l’on arrive à un lieu de sûreté et de lumière… Il y a dans cette île un nombre infini d’hommes à qui l’on commande de marcher incessamment. […] Il y en a seulement un très-petit nombre de sages qui cherchent avec soin ce sentier, et qui, l’ayant découvert, y marchent avec grande circonspection, et, trouvant ainsi le moyen de passer le torrent, arrivent enfin à un lieu de sûreté et de repos. » L’image de Nicole n’est pas consolante ; au chapitre V du traité de la Crainte de Dieu, on peut chercher une autre scène de carnage spirituel, dans laquelle n’éclate pas moins ce qu’on a droit d’appeler le terrorisme de la Grâce : on conçoit que Diderot ait trouvé ces doctrines funestes à l’humanité, et qu’il ait voulu faire à son tour, sous image d’île et d’océan, une contre-partie au tableau de Nicole. — Il y a aussi dans Pascal une comparaison du monde avec une île déserte, et les hommes y sont également de misérables égarés.
Je dois voter l’acceptation de la loi, et c’est ainsi que je me trouve en dernier lieu au nombre des inscrits pour ; mais la vérité est que j’avais d’abord demandé la parole pour parler sur la loi : car mes réserves à son sujet sont telles, que je semblerai le plus souvent parler contre. […] Enfin on a si bien fait en dernier lieu, qu’elles s’y sont maintenues.
Pour ce qui est de l’étude du français, certes, il y a lieu de ne pas la laisser s’affaiblir ; et c’est avec peine que je vois, dans mon entourage, des jeunes gens qui ont fait des études classiques, commettre, dans la rédaction des observations des malades, des fautes d’orthographe grossières. […] Vous dites qu’en haut lieu l’on se préoccupe surtout des « racines politiques » de notre mouvement ?
D’ailleurs une lettre est si bonne en tous lieux, en province surtout ; et il y a si peu de frais à faire entre gens séparés qui s’aiment ! […] Il n’a pas composé ces portraits dans un ordre régulier, à la façon du peintre qui dessine d’abord la figure, puis le modèle, et met la couleur en dernier lieu.
Toutes ces sociétés ne seraient pas d’égale valeur et l’on pourrait en trouver les raisons, si c’en était le lieu, et essayer par là une classification des qualités morales ; mais elles peuvent toutes exister et subsister. […] Il n’est pas mauvais que nous nous en apercevions quelquefois et que nous n’ayons point trop la prétention d’ériger en dogme éternel et immortel, nos opinions et nos goûts qui sont toujours affaire de temps, de lieu, de circonstances et qui relèvent même de notre fantaisie.
Car pour la philosophie, il y a toujours avantage à reprendre les choses ab integro, et après tout le philosophe peut toujours dire : Omnia mecum porto ; au lieu que les plus beaux génies du monde ne sauraient me rendre les documents que ces collections renferment sur les littératures syriaque et arabe, deux faces très secondaires sans doute, mais enfin deux faces de l’esprit humain. […] Bien plus, les résultats généraux qui ne s’appuient pas sur la connaissance des derniers détails sont nécessairement creux et factices, au lieu que les recherches particulières, même destituées de l’esprit philosophique, peuvent être du plus grand prix, quand elles sont exactes et conduites suivant une sévère méthode.
En troisième lieu, ce fut la morale de Schopenhauer, qui devait être autrement sympathique à Wagner que l’impératif catégorique de Kant ou que le panthéisme inanimé de Hegel. […] Evenepoel que le lieu de naissance ne suffit pas à fixer la nationalité.
On voit, dans la Bible, Mésah, roi de Moab, monter sur la muraille de sa ville et y tuer son premier-né devant l’armée d’Israël, pour apaiser Chamos, le Moloch du lieu. […] Représentons-nous d’abord le lieu de la scène, qui est la Cadmée de Thèbes, une Acropole chargée de temples et d’autels comme celle d’Athènes.
Marmontel ayant remarqué en riant que les habitantes de ce lieu étaient dangereusesc, Chamfort lui répondit : « Je ressemble à la salamandre. […] Marmontel, remarquant en riant que les habitantes de ce lieu étaient dangereuses
Un petit mauvais lieu fort bête, où s’assemble, le soir, un ramassis de messieurs, qui sont aux lettres ce que sont les courtiers de journaux au journalisme. […] Maintenant, quand je ferai une lithographie de plus ou de moins, ça ne fera pas grand-chose pour ma renommée, au lieu que s’il y avait le théorème Gavarni, — hein, ce serait gentil ?
De l’or, et puis c’est toute la magnificence des salles et des galeries ; du damas partout et à peine du velours, le tapissier en tout lieu, l’art nulle part ; et sur les murs chargés de plates allégories, peintes par des Vasari dont je ne veux pas savoir le nom, moins d’art encore qu’ailleurs… Ah ! […] Flaubert a choisi pour son roman antique, Carthage, comme le lieu de la civilisation la plus pourrie du globe, et, en six mois, il n’a fait encore, dit-il, que deux chapitres : un repas de mercenaires et un lupanar de jeunes garçons11.
», et sur un ton qui semble m’annoncer une poursuite pour dans quelques jours, une poursuite révélée à l’ambassadeur, en haut lieu. […] Mercredi 18 juillet Il y a longtemps que je ne me suis mêlé, dans un lieu public, à l’humanité parisienne.
. — Lucius se retrouve sans doute dans luts et lieu, noms donnés à un poisson appelé aussi colin. […] De même il avait constaté avec soin l’incohérence de la nomenclature populaire : « Les mêmes noms empruntés à des similitudes de couleur, à de grossières ressemblances de port ou de forme, à de prétendues propriétés identiques, s’appliquent indifféremment et dans les mêmes lieux à des plantes de familles très éloignées : l’ellébore est l’herbe d’enfer dans l’Aube, mais en Provence l’erbo d’infer, c’est le nénuphar. » (Polybiblion, 1897.)
Nous avons déjà vu que le génie est l’apparition d’une de ces formes nouvelles dans un cerveau extraordinaire, lieu de rencontre où des séries de phénomènes auparavant indépendantes viennent former des synthèses inattendues et manifester des dépendances imprévues. […] Il faut donc qu’un roman, pour être cru d’une certaine personne et, par conséquent, pour l’émouvoir, pour lui plaire, reproduise les lieux et les gens sous l’aspect qu’elle leur prête ; et le roman sera goûté non en raison de la vérité objective qu’il contient, mais en raison du nombre des gens dont il réalisera la vérité subjective, les idées, l’imagination. » (Hennequin, la Critique scientifique.)
Il n’y a donc pas lieu d’argumenter d’une prétendue impuissance de la philosophie, comme si l’on avait un critérium qui nous manque. […] C’est ici le lieu d’expliquer par quelles raisons nous prenons la liberté de nous avancer ici sur un terrain sacré, au bord duquel la philosophie spiritualiste s’est généralement arrêtée jusqu’à présent.
Quant à la parole intérieure calme, il n’y a même pas lieu d’y établir de semblables subdivisions. […] II, p. 299 et suiv. : « Les sensations de l’ouïe n’indiquent ni un objet ni un lieu spécial.
Il y a les fables qui sont des contes, et quoique je vous en aie parlé trop brièvement à mon gré, je n’en reparlerai pas aujourd’hui ; — il y a les fables que j’appellerai zoologiques, en vous demandant pardon du pédantisme du terme, c’est-à-dire qu’il y a des fables où figurent des animaux et seulement des animaux il y a, en troisième lieu, les fables que j’appellerai d’un mot encore plus pédantesque, mais il n’y en a pas d’autre, ce me semble, les fables naturistes, c’est-à-dire les fables où l’anecdote n’est qu’un prétexte à une description ou à une narration de la nature, les fables où le fond du petit poème est un aspect ou plusieurs aspects successifs de la nature ; — enfin, il y a des fables qui ne sont plus du tout des fables et qui ne sont que des discours philosophiques ou moraux ; le mot discours peut vous paraître un peu trop fort, un peu trop solennel, encore que La Fontaine l’ait employé lui-même, je dirai : il y a des fables qui sont des causeries philosophiques et morales et qui ne sont presque pas autre chose. […] Le passage est très curieux : « N’est-ce pas traiter indignement la raison que de la mettre en parallèle avec l’intelligence des animaux, puisqu’on en donne la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement augmentent sans cesse chez nous, au lieu que l’instinct demeure toujours dans un état égal.
Quand, au lieu du rayon de Fontenoy, Louis XV aurait eu de la gloire, à périr par elle, comme Napoléon, dans une hémorragie sublime, ces torrents d’un noble sang versé par le glaive n’auraient pas guéri du mal de ses mœurs la famille de ces rois très-chrétiens dont la conduite avait été païenne, hélas ! […] Capefigue dans sa préface : les calomnies des pamphlétaires, un mot qui est une faute de français de l’horrible Fouquier, mais qui n’est pas une faute de justesse, et en dernier lieu l’échafaud.
Au moment même où l’on applaudit une reprise d’Hernani ou de Ruy Blas au lendemain d’une reprise d’Andromaque, de Zaïre ou de Phèdre, nos jeunes poètes ne songent pas plus à refaire d’autres Ruy Blas ou d’autres Hernani qu’ils ne songent à refaire Zaïre, ou Phèdre, ou Andromaque, en se conformant aux rigoureuses unités de temps et de lieu. […] On leur montre des filles de trottoir, des mauvais lieux, des ouvriers ignobles et des souteneurs.
Vous n’avez plus ici ni Delphes, ni Olympie, ni cette tradition des lieux, ces temples, cette terre sacrée qui ravissait le poëte et lui donnait l’enthousiasme, en même temps que la lyre. […] N’en devait-il pas sortir quelque chose de ces belles maximes de la sagesse divine ou de ces chants sublimes du prophète, de ces images lamentables ou de ces prophéties triomphantes, dont Israël dispersé nourrissait en tous lieux la foi de ses enfants ?
Il était seulement indécis sur le choix du lieu où il insérerait cet article, ne pouvant, pour des raisons que l’on comprendra en le lisant, le destiner au Temps.
et n’est-il pas à craindre encore, s’il veut rester isolé, sur une lisière à part, et choisir des lieux peu fréquentés pour s’y épandre et s’y contenir, qu’il ne s’amoncèle en lacs obscurs, sacrés, silencieux, où nul n’ira s’abreuver ?
« Car je n’ignore pas, dit-il, quelle est l’influence exercée par la nature du pays et les faits antécédents sur les constitutions politiques, et je regarderais comme un grand malheur pour le genre humain que la liberté dût en tous lieux se produire sous les mêmes traits. » Un de ses premiers chapitres porte sur ce qu’il appelle le point de départ, sur l’origine même des divers États américains et l’esprit infusé en eux dès le commencement.
On a donc moins à espérer de retrouver beaucoup d’ouvrages inédits des maîtres de ces époques ; cependant, il y a lieu de rechercher si l’on ne découvrirait pas quelques fragments de professeurs célèbres, tels par exemple qu’Occam, qui a enseigné à Paris, et qui, ayant été mal avec l’autorité ecclésiastique, n’a pas eu le bonheur de la plupart des autres maîtres, dont leurs ordres ont recueilli avec soin les ouvrages.
Il faut éviter ici la confusion, l’entortillement, les digressions, ne point remonter trop haut, ni descendre trop bas ; ne rien omettre qui ait rapport à la cause ; enfin tout ce que j’ai dit pour la brièveté trouve aussi son application ici… La vraisemblance consiste à donner au récit tous les caractères de la réalité ; à observer la dignité des personnages ; à montrer les causes des événements ; à faire voir qu’on a eu le moyen, l’occasion, le temps, de faire ce qu’on a fait ; que le lieu aussi convenait à l’exécution de la chose ; que cette chose même n’a rien qui choque le caractère de ceux qui l’ont faite, ou la nature humaine ou l’opinion des auditeurs.
La cour des rois lui apparaît comme un lieu où les gens ont de beaux habits 139.
L’Éducation sentimentale, a dit Flaubert, désignant sous ce titre, un groupe de phénomènes où sa vision d’artiste s’est exercée dans un champ volontairement restreint ; c’est, par un raccourci de cette formule, l’éducation qu’il faut dire, si l’on veut fixer le lieu, où d’une façon générale, l’homme est le plus en danger de prendre de lui-même, des ressources et de l’emploi de son énergie une fausse conception.
Je vois le soleil se lever, se coucher, se relever plus d’une fois avant que j’aie pu vous réconcilier avec une pensée qui valoit à peine quelques momens. » Le grand argument de La Mothe, en faveur de son opinion, étoit que la prose peut dire tout ce que disent les vers ; au lieu que les vers ne sçauroient dire tout ce que dit la prose ; qu’elle comporte, aussi bien que la poësie, l’enthousiasme, l’invention, les images, les figures hardies, la pompe de l’expression.
Remarquons seulement ce vers : on tient toujours du lieu dont on vient… Si La Fontaine a voulu dire : on se ressent toujours de ses premières habitudes, c’est-à-dire, de son éducation ; cette maxime peut se soutenir et n’a rien de blâmable ; mais s’il a voulu dire : on se ressent toujours de son origine, il a débité une maxime fausse en elle-même et dangereuse ; il est en contradiction avec lui-même, et il faut le renvoyer à sa fable de César et de Laridon.
Bréal approuve seulement Mme Dacier de « voir partout dans l’Iliade des nobles et des princes », au lieu des « types grossiers et barbares » qu’on affecte d’y voir aujourd’hui.
La magistrature de la pensée, toujours modifiée selon les temps et les lieux, a pu, sans doute être quelquefois une arme dangereuse entre les mains de ceux qui furent chargés de l’exercer parmi les peuples.
Il va aux écoles, aux assemblées, aux conférences, aux thermopoles, qui étaient des cafés (sans café) et des lieux publics ; il va partout, enfin, où l’histoire des Universités, des Instituts et des enseignements officiels n’a jamais mis un pied, qu’elle respecte trop pour l’y risquer… Et de tout ce qu’il regarde et recueille, en mille citations étonnantes et en mille anecdotes inouïes, ce qui se dégage uniquement, c’est ce honteux et misérable résultat que ce monde de l’antiquité, traité de sublime, a péri moins par l’épée des Barbares que par les phrases et sous les phrases de la plus bavarde des civilisations.
Il est en Allemagne, son lieu de naissance et son territoire, où ses livres se multiplient avec la plus dévorante rapidité.
Les annotations qu’il a choisies indiquent suffisamment cette tendance fixe de sa pensée : « Ce livre — est-il dit dans le prospectus très simple et très intelligent qui serait la préface naturelle de son ouvrage — n’est pas seulement le travail d’un auteur isolé, mais l’œuvre de tous les grands hommes qui ont brillé dans la société chrétienne depuis les temps apostoliques jusqu’à nos jours, qui semblent s’être levés de toutes les parties du monde et, malgré la distance des temps et des lieux, s’être réunis, comme dans un concile auguste, pour nous montrer comment nous devons concevoir Jésus-Christ et interpréter son Évangile.
Avant qu’une génération soit écoulée, peut-être on n’en parlera pas plus que de ce Rétif de La Bretonne, par exemple, qui fut aussi un grand producteur, qui fut aussi le Diderot du peuple et des mauvais lieux et l’annonciateur à sa manière du Socialisme contemporain.
Ses parents l’avaient destiné à l’art de sculpteur, et il eut cela de commun avec Socrate ; mais celui-ci travailla quelque temps, et fit même trois Grâces qui furent longtemps célèbres, et parce qu’elles étaient vêtues et parce qu’elles étaient de Socrate : au lieu que Lucien demeura peu en apprentissage.