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2405. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Un véritable effet d’apothéose, avec ces jeux de lumière, cette transfiguration lumineuse des choses, cette gloire du couchant, ce ciel d’or, tout craquant d’artifices. […] On ne voit que barriques, roulées par des gardes nationaux vers leurs postes, et les bataillons qui partent pour la gloire, ne partent qu’escortés de chariots, effondrés sous les tonneaux. […] ……………………………………………………………………………………………………… Quand je repasse, à six heures, dans les Tuileries, là où fut le bronze, autour duquel s’enroulait notre gloire militaire, il y a un vide dans le ciel, et le piédestal tout plâtreux montre, à la place de ses aigles, quatre loques rouges flottantes. […] J’y trouve Pélagie, qui a eu la témérité de traverser toute la bataille, à la main un gros bouquet de roses de mon grand rosier gloire de Dijon ; aidée et protégée par les soldats, admirant cette femme s’avançant, sans peur, avec des fleurs, au milieu de la fusillade, et la faisant passer dans les environs de la Chapelle Expiatoire, par des cours percées par le génie.

2406. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

L’attitude d’une George Sand passant la culotte du sexe fort pour mieux rehausser de virilité sa coquetterie féminine, en dit long sur la Femme-auteur aux belles années du Roi Citoyen… et la Gloire elle-même qui lui réservait des statues là où tant d’autres n’eurent même pas leur buste, par ses faveurs marquait assez qu’il n’est pas de limite à ses caprices. […] Il fallut des années pour que l’on s’y accoutumât, car la Gloire durable ne s’acquiert pas tout d’un coup : c’est seulement par le lent et progressif travail de l’opinion que la statue d’un grand homme prend les proportions qu’elle doit garder dans l’avenir, alors même que les hommages officiels l’ont déjà dressée sur son socle. […] Il faut tenir compte de cette nuance : avoir conçu, en s’en créant un premier titre à la gloire, une métaphysique de l’amour qui repose toute sur l’observation désenchantée de ses exigences physiologiques ; en avoir déduit, dans une langue aussi claire qu’impérieuse, des servitudes qui s’imposent à l’humanité suivant la rigueur implacable de l’antique destinée… puis rencontrer soudain dans l’œuvre rapprochée de cinq auteurs femmes qui n’eurent guère entre elle que ce point commun, je ne dis pas seulement la confirmation, mais une manière d’hymne enthousiaste à vos plus solides croyances, n’est-ce pas là de quoi brouiller le meilleur regard, intervertir les opinions du plus robuste misogyne ?

2407. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Puis, les années s’écoulant et la mort achevant d’épurer et de consacrer les souvenirs, le quatrième de ses douze enfants à qui elle avait transmis plus particulièrement sans doute une étincelle de son imagination et de sa douce flamme, s’aperçut qu’après tout il y avait là, mêlé à de l’affection véritable, un de ces rayons immortels de l’art que le devoir permettait ou disait de dégager, que c’était un titre de noblesse domestique, même pour son père, de l’avoir emporté sur Goethe, et que de la connaissance plus intime des personnes il allait rejaillir sur les plus modestes un reflet touchant de la meilleure gloire.

2408. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il déclare dans son découragement ne plus avoir souci de la gloire ni de la postérité ; il croit avoir renoncé aux chastes Muses ; mécontent de sa condition et assujetti à la fortune, il gémit de ne plus poursuivre, dans une belle ardeur, le sourire de la docte et gracieuse Marguerite, cette patronne des poètes, et la haute faveur du Prince ou de la Cour ; et c’est précisément alors qu’il se retrouve le plus sûrement lui-même, et qu’en puisant ses vers à la source intime d’où une ambition plus haute le détournait, il nous les offre plus vrais et encore vivants après trois siècles.

2409. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Aux yeux du moraliste, cet article inscrit dans une loi paraîtra un jour bien digne d’une époque où ceux qui respectent le moins la règle des mœurs, qui sont les plus habitués à manquer aux devoirs de la famille, à préférer constamment la mauvaise compagnie à la bonne, à violer les convenances et à friser le scandale, qui semblent même les plus disposés par moments à s’en faire gloire avec fatuité, sont en même temps les plus jaloux d’être soustraits à la médisance publique et se montrent les plus offensés si la chronique les effleure.

2410. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

« Ainsi, lorsque le printemps, succédant aux glaces de l’hiver, rend à la terre sa brillante parure, on voit le serpent, quittant son ancienne dépouille, étaler avec joie sa robe éclatante aux yeux de l’astre du jour ; « Ainsi Landino, ce digne émule de la gloire des anciens, t’a rendu ta grâce et les doux accords de ta lyre ; tel on te vit sous les frais ombrages de Tibur faire résonner les cordes de ton luth harmonieux.

2411. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

S’inquiétant des mêmes soucis qui agitent les esprits actuels, Sainte-Beuve disait notamment : « Ne pas avoir le sentiment des Lettres, cela, chez les anciens, voulait dire ne pas avoir le sentiment de la vertu, de la gloire, de la beauté, en un mot de tout ce qu’il y a de véritablement divin sur la terre : que ce soit là encore notre symbole.

2412. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Et peut-être aussi est-il bon qu’il prenne parfois ses béquilles pour un signe de force et de gloire.

2413. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

L’esprit de la science est cette communauté intellectuelle qui rattache l’un à l’autre l’érudit et le penseur, fait à chacun d’eux sa gloire méritée et confond dans une même fin leurs rôles divers.

2414. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Je sais que jamais un vrai grand homme n’a pensé qu’il fût grand homme, et que, quand on broute sa gloire en herbe de son vivant, on ne la récolte pas en épis après sa mort.

2415. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Toujours ce héros, qui foule une brume autant que notre sol, se montrera dans un lointain que comble la vapeur des plaintes, des gloires, et de la joie émises par l’instrumentation, reculé ainsi vers des commencements.

2416. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Des fanatiques prétendent découvrir dans les drames de Richard Wagner des religions, des systèmes politiques, des philosophies, et croient augmenter sa gloire en le proclamant ; d’autres s’emparent de cette idée pour en faire la base de leurs critiques contre les œuvres, et ils nous donnent en même temps sur la psychologie de leur auteur des renseignements qui sont de pure fantaisie.

2417. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il revient des eaux en bonne santé, beaucoup plus riche de gloire et de richesse, et en fonds de quatre amies qui l’aiment, chacune d’elles comme quatre ; ce sont Μmes de Grammont, de Rancé, d’Amblimont et la comtesse de Choiseul.

2418. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je le demande, quand je remonte cette existence qui n’a plus que quelques heures, qui n’a eu de la littérature et de la recherche laborieuse de la gloire, que des mépris, des insultes, des sifflets, qui depuis cinq ans se débat dans de la souffrance quotidienne, qui se termine par cette agonie morale et physique, où partout et tout le temps, je trouve comme la poursuite d’une Fatalité assassine.

2419. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Comme nous disons grue un oiseau et une machine, les Grecs appelaient [mot en caractères grecs] l’oiseau et la « gloire »145, et, [mot en caractères grecs] notre machine vulgaire à lever les fardeaux ; les Allemands appellent l’oiseau kranich et la machine, krahn ; les Polonais disent zorav (grue), dans les deux sens ; notre chevron, petite chèvre, répond au capreolus des Latins ; les Portugais, pour chevron disent asna (ânesse) ; notre poutre 146, notre poutrelle, notre chevalet, notre poulain correspondent à equleus et le chevalet est [mot en caractères grecs] en grec moderne ; horse en anglais veut dire cheval et chevalet ; les Allemands et les Danois disent un bouc (bœck, buk), les Flamands et les Hollandais, un âne (ezel), ce qui correspond à notre bourriquet ; le Portugais a potro au sens de poulain et de chevalet.

2420. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Grâce aux Filles de mémoire, J’ai chanté des animaux ; Peut-être d’autres héros M’auraient acquis moins de gloire.

2421. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Maintenant qu’il ne peut plus avoir d’envieux, sa gloire grandira-t-elle ?

2422. (1890) Dramaturges et romanciers

Il a fait des pamphlets dramatiques qui donnaient à croire qu’il aspirait à la gloire d’un Aristophane du boulevard. […] » Alors il se produit un fait bizarre : tous ceux qui aspirent à la gloire littéraire se croient tenus de sacrifier à cette idole, sans se demander si l’idole représente bien un véritable dieu, si leur talent et la nature de leur esprit les entraînent vers elle, et en un mot s’ils ont foi en elle. […] Il était admis qu’on n’était pas un écrivain sérieux si on n’avait pas fait une tragédie, c’était le genre qui donnait le renom et la gloire. […] La littérature romantique a été (c’est sa gloire et son malheur) essentiellement une littérature d’imagination et désireuse avant tout de parler à l’imagination ; elle n’appelait la collaboration et les sympathies d’aucune autre faculté. […] Avec une vie dont le temps sera réglé mécaniquement par les exigences des fonctions, vous pourrez aspirer à la gloire d’un professeur illustre, d’un avocat, d’un prédicateur, jamais à celle d’un de ces esprits qui ont fait passer leur âme entière dans leurs écrits, d’un Montaigne par exemple.

2423. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Aussi bien, nul n’a su mieux que Loti célébrer les héros obscurs et leurs dévouements sans gloire. […] Rappelez-vous de quel air il reprochait à quelques Soularys de n’être que des gloires lyonnaises. […] Faguet exprimait cette idée, fort simple, que le temps est venu de soustraire la gloire du grand écrivain à certaines admirations compromettantes, et de le louer désormais pour ses vrais mérites et non pour la partie la plus contestable de son œuvre. « Le prince des hommes d’esprit, disait-il, est devenu le dieu des imbéciles. » Mais on ne dépossède pas les gens sans les faire crier. […] Il lui rend ses véritables titres de gloire, qui sont d’avoir fait lever toutes les idées dont la science moderne a fait des systèmes et des explications de la nature. […] Voir les idées sourdre, jaillir, abonder, s’associer, se concerter, conspirer, former des groupes et des systèmes et comme des mondes ; voir « tout céder à ses principes », « poser les principes et voir tout le reste suivre sans effort » ; et aussi n’être point esclave de ses principes, et savoir s’y soustraire, et en aborder d’autres, et dans un ordre d’idées qui n’est point celui qu’il préfère, ouvrir des voies que ce sera une gloire à ses successeurs seulement de suivre ; ce jeu agile et sûr de l’intelligence est pour lui comme une sorte de délice, une ivresse calme et subtile.

2424. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Nous sommes de ceux qui croient à la misère des oraisons et à la sublimité de la prière187. » On connaît les paroles d’adoration que Victor Hugo lui-même a prononcées dans le livre consacré à sa fille : Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire ;     Je vous porte, apaisé, Les débris de ce cœur tout plein de votre gloire,     Que vous avez brisé. […] Dumas aboutit à ce jugement, naïf à force de subtilité malveillante : « Il a aimé la liberté, parce qu’il a compris que la liberté seule pouvait lui donner la gloire telle qu’il la voulait, et qu’un simple poète ne pouvait aspirer à être au-dessus de tous que dans une société démocratique… Il a répudié la monarchie et le catholicisme, parce que, dans ces deux formes sociale et religieuse de l’Etat, il aurait toujours eu inévitablement quelqu’un au-dessus de lui. » Ainsi Hugo n’a pas d’autre raison à opposer au catholicisme que les intérêts de son orgueil personnel !

2425. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il sait bien que le drapeau d’ambulance placé au sommet du théâtre, non plus que le respect de Molière, n’arrêtera les Prussiens, et qu’ils se feront, au contraire, un plaisir cruel de détruire, s’ils le peuvent cette maison qui est l’une de nos plus vieilles et de nos plus chères gloires. […] L’Allemagne — cette Allemagne qui nous conteste aujourd’hui toutes nos gloires et voudrait les anéantir — ne se souvient plus sans doute qu’elle a longtemps vécu de Molière. […] Ce fut pour la gloire cosmopolite de notre poète une nouvelle phase, celle de la vénération. […] On poussa ma douleur et mes soupçons à bout, On me laisse tout croire, on fait gloire de tout… Et ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que ce pauvre Alceste, avec sa manie de ne croire qu’à la logique, demande à Célimène qu’elle essaie de le persuader de son innocence en usant des armes que la logique fournit. […] Les sociétaires de 1940, pénétrés d’un respect religieux pour la gloire de Labiche, se laissent persuader : ils font saillir de Célimare le bien-aimé tout ce qui s’y trouve d’observation triste.

2426. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Ses hésitations, ses reprises, ses scrupules d’écrivain témoignent de sa conscience artistique ; les ratures même de son manuscrit sont à sa gloire. […] « Les masses d’instruments de cuivre, dans les grandes symphonies militaires, éveillent l’idée d’une troupe guerrière couverte d’armures étincelantes, marchant à la gloire ou à la mort17. » La harpe éveille des idées de triomphe, de gloire et de splendeur. […] Comme Alexandre Dumas il sourira en voyant ses héros se lancer si témérairement dans de folles aventures, et contre toute vraisemblance en sortir à leur gloire.

2427. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Mais ici, encore une fois, le siècle et le ciel conspiraient ensemble : on ne fit qu’enfoncer une porte tout ouverte : la seule gloire fut de l’avoir enfoncée quelques heures plus tôt.

2428. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

« Dites aux peuples étonnés que les Français ont été châtiés par leur gloire même ; dites aux hommes sans avenir que la poussière qui s’élève retombe pour être rendue à la terre des sépulcres !

2429. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

III J’avoue qu’un sentiment plus vain, un mobile profane de gloire personnelle, se mêlait dans ma pensée à ce sentiment tout moral de préparer les masses à répudier les immoralités, les iniquités, les crimes, la guerre même, qui avaient souillé le nom du peuple dans la première république.

2430. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

« Je me sens saisi devant tes œuvres, non-seulement de ce tressaillement sacré qui m’écrase d’enthousiasme devant tes immensités et tes perfections réunies, mais encore de la passion de te rendre gloire dans tes ouvrages, comme un insecte qui, ayant vu la trace du pied d’un géant imprimée sur le sable, s’arrête épouvanté d’admiration, la mesure, l’adore et la baise, comme une mesure de la grandeur de l’Être inconnu, — avant de la décrire pour lui et pour les autres.

2431. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Bourget, se font gloire l’un et l’autre d’être ses disciples, fils ennemis d’un même père !

2432. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Depuis que le maître est couché pour les siècles sous sa pierre de Wahnfried, la place immense qu’il tenait parmi nous apparaît davantage ; sa gloire monte comme un soleil, éblouissante et féconde, et l’oiseau mystérieux dont Siegfried entendit la voix dans la forêt chante incessamment au-dessus des lauriers de sa tombe.

2433. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Bonne d’ailleurs, aimable, facile, prodigue de son cœur comme de sa fortune : une de ces créatures de luxe qui sont faites, comme les lis de l’Écriture, pour ne filer ni travailler, et être toujours plus magnifiquement vêtues que la reine de Saha dans sa gloire.

2434. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

On déplore leur manque d’entrain, de gaieté, de jeunesse, et cela amène à constater la tristesse de toute la jeune génération contemporaine, et je dis que c’est tout simple : que la jeunesse ne peut être que triste, dans un pays sans gloire, et où la vie est très chère.

2435. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

On la voit rarement s’écarter de sa route ; Elle a peu de replis dans son cours mesuré ; Ce n’est pas un ruisseau qui s’épande en un pré, C’est la fille d’Amphitrite, C’est elle dont le mérite, Le nom, la gloire et les bords Sont dignes de ces provinces Qu’entre tous leurs plus grands trésors Ont toujours placées nos princes.

2436. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Il ne l’a pas voulu, et il le paiera de la gloire qui l’attendait et qu’il aurait touchée.

2437. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Grâce à cette méthode, Athènes florissait alors par la culture de tous les arts qui font la gloire du génie humain, par la poésie, l’éloquence et l’histoire, par la musique et les arts du dessin.

2438. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Forcé de mentir dans les feuilles, ce qu’il rêve et ce qu’il met au-dessus de tout, c’est la joie et la gloire de dire publiquement la vérité : telle la bonne courtisane, forcée d’être impure, met d’autant plus haut la pureté. […] …………………………………………………………………… Vieux souvenirs de gloire et d’héroïsme, à l’aide ! […] La harangue est solide, toute boulonnée de fortes antithèses, à la Corneille ; et je vous en citerai quelques vers, pour mon plaisir : Compare nos destins, ô mon père ; confronte Ta gloire imméritée et mon injuste honte. […] Pauvre ancienne patrie, jetée bas d’un seul coup, épuisée de gloire ! […] Et je dois vous parler aussi de la douce petite aveugle Marguerite de Berghen, mystique amoureuse de Napoléon, qui le voit des yeux de l’âme, qui l’adore dans sa grandeur, jouit de sa gloire et languit de son déclin.

2439. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Outre qu’il est assez puéril de croire à l’immortalité, puisque les temps approchent où la mémoire des hommes, surchargée du prodigieux chiffre des livres, fera banqueroute à la gloire, c’est une duperie de ne pas avoir le courage de son plaisir intellectuel. […] Mais ce groupe est celui de quelques intelligences très distinguées : poètes de demain, romanciers déjà en train de rêver la gloire, essayistes à venir. […] Quelques hommes supérieurs en ont donné d’illustres exemples, mais la souplesse même dont ils ont fait preuve a empreint leur gloire d’un je ne sais quoi de trouble et d’inquiétant. […] Nous nous disions que la belle Maryx, qui fut l’amie de Gautier et de Baudelaire, avait posé au peintre sa Gloire distribuant des couronnes. […] Mais n’en est-il pas ainsi de ces milliers d’éloges anonymes qui vont du public à l’écrivain, et qui se résument dans l’applaudissement passager de la vogue, ou l’acclamation durable de la gloire ?

2440. (1927) André Gide pp. 8-126

Étant homme de lettres, malgré tout et quoi qu’il en ait, il n’a pu complètement résister au désir de l’impression ; mais il se replie et rentre dans la retraite, avec délices ; il est l’homme du volume introuvable ; au fond, il regrette vraisemblablement la faiblesse qui l’a empêché de rester tout à fait inédit, et il appartient à la famille des Amiel, des Marie Bashkirstsef, des Maurice et des Eugénie de Guérin, de tous ces auteurs clandestins, grands rédacteurs de mémoires et de confessions, que l’horreur de la foule et la passion de la solitude contemplative réservent pour les gloires posthumes. […] Point de « dialogues rapportés, dont le réaliste souvent se fait gloire », et qu’il faut laisser au phonographe, comme au cinéma « les événements extérieurs, les accidents, les traumatismes ».

2441. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Les Français d’aujourd’hui reconnaissent, à leur honneur, que les farces de Molière rehaussent sa gloire bien loin de l’avilir ; ils mesurent toute la profondeur du Festin de Pierre, et ce n’est pas seulement la fameuse scène du pauvre qui leur imprime une sorte de respect pour le génie de son auteur ; cette statue qui marche et qui parle, ces flammes de l’enfer qui engloutissent un débauché, plaisent à leur imagination romantique. […] Quelques exemples Madame, sans m’enfler de gloire, Du détail de notre victoire Je puis parler très savamment.

2442. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il semblait se regarder comme un être d’espèce supérieure, dispensé des égards, ayant droit aux hommages, ne tenant compte ni du sexe, ni du rang, ni de la gloire, occupé à protéger et à détruire, distribuant les faveurs, les blessures et les pardons. […] Il est dépourvu du sens de la gloire et de la honte, comme quelques hommes sont dépourvus du sens de l’odorat ; c’est pourquoi une bonne réputation est pour lui aussi peu de chose qu’un parfum précieux serait pour eux.

2443. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Le poète, l’écrivain, l’artiste se trouvent par là comme voués à une fatale, perpétuelle, et violente émulation de gloire. […] Quelques mots sur les Arts Poétiques de Pierre Fabri, 1521 ; [L’Art de pleine rhétorique] de Gracien du Pont, 1539 ; et de Thomas Sibilet, 1548. — Que, pour comprendre la Défense, il faut la rapporter à l’intention de réagir contre l’école de Marot ; — et que l’on voit alors que ce que les auteurs en ont voulu, ç’a été : 1º Le Renouvellement des thèmes d’inspiration ; — et en effet, depuis deux cents ans, même dans Marot, la poésie n’était que de la « chronique rimée » ; — tandis qu’il s’agit maintenant de chanter le passé, la nature, la gloire et l’amour. — Mais pour y réussir, il faut avant tout se débarrasser de la contrainte qu’exerce sur la liberté du poète la tyrannie des genres à forme fixe ; et de là : — 2º Le Renouvellement des genres ; — qui seront ceux de l’antiquité : poème épique, ode, satire, comédie, tragédie, etc. — On fait pourtant grâce au sonnet en faveur de Pétrarque. — Et pour enfin remplir ces formes d’un contenu qui soit digne de leur beauté, il faut : 3º Réformer la Langue : — en en faisant une œuvre d’art. — Théories linguistiques de la Défense. — Combien elles diffèrent de celles des « Grécaniseurs »‘et « Latiniseurs » dont s’était moqué Rabelais dans son Pantagruel. — Insignifiance des innovations métriques de la Pléiade. — Les innovations rythmiques seront l’œuvre personnelle du génie de Ronsard.

2444. (1903) Le problème de l’avenir latin

On sait de quelle gloire, en pays germanique, s’auréola le front d’Hermann, le « Guerrier », le « Germain » par excellence, pour avoir repoussé à jamais la civilisation antique. Cette gloire, qui en méconnaîtrait la signification ? […] Les Romains leur rendirent ce service ; nos ancêtres, à proprement parler, ne devinrent des hommes qu’en cessant de s’appartenir… Les anciens mettaient leur gloire à se dire autochtones, nés de la terre qu’ils habitaient ; ils croyaient que cet esprit natif indigène était le trésor inaliénable de chaque race. […] Gloire à nous !

2445. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Et tout, même la couleur noire, Semblait fourbi, clair, irisé ; Le liquide enchâssait sa gloire. […] Enfin, nous avons, pour noyer Le vertige dans le délire, Nous, prêtre orgueilleux de la Lyre, Dont la gloire est de déployer L’ivresse des choses funèbres, Bu sans soif et mangé sans faim ! […] Portant comme une gloire ou un deuil l’incapacité de toute technique, Amiel était prédisposé à écrire dans le Journal le type même du livre passif, du livre sans technique de livre, et qui convertit cette défaillance en une beauté, cette pauvreté extérieure en une richesse intérieure. […] Il sent que son journal est d’une nature différente de ses autres écrits. « L’auteur de l’Africa ne tenait pas à ses petits sonnets amoureux, et ce sont ces petits sonnets qui ont fait sa gloire. » Peu de temps avant sa mort, il se demande si ce n’était pas sa vocation, d’écrire un Journal intime, de dialoguer avec son moi, « comme un pommier porte des pommes », de prouver par son exemple le mal de la vie intérieure exclusive, le mal des qualités féminines chez un homme, le mal de la timidité.

2446. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Déjà même, du bord de ce doux nid, gloire et douceur maternelle, une jeune voix bien sonore lui répond.

2447. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Et puis on n’existe pas impunément à côté d’une grande littérature qui a sa gloire : je crois entrevoir du Properce à travers les flammes amoureuses de Paul le Silentiaire.

2448. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Le mathématicien d’Alembert publie de petits traités sur l’élocution ; le naturaliste Buffon prononce un discours sur le style ; le légiste Montesquieu compose un essai sur le goût ; le psychologue Condillac écrit un volume sur l’art d’écrire  En ceci consiste leur plus grande gloire ; la philosophie leur doit son entrée dans le monde.

2449. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Adenet, Jean Bodel, Jendeus de Brie, Bertrand de Bar-sur-Aube ne veulent pas perdre le bénéfice de leur travail ; s’ils tiennent au profit, ils aiment aussi la gloire, dont la recherche est un des symptômes caractéristiques de l’individualisme : cela seul nous avertirait que les temps épiques sont passés.

2450. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Et l’orgue exprime la monotonie, le doute et la simplesse (sic) ; la harpe, la sérénité ; le violon, la passion et la prière ; la trompette, la gloire et l’ovation ; la flûte, l’ingénuité et le sourire.

2451. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Sa gloire est d’avoir formé en M. 

2452. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Alors ne fut du désir, de l’aspiration, des joies et du malheur d’amour aucune fin ; monde, puissance, gloire, splendeur, honneur, chevalerie, fidélité, amitié, tout, comme un insubstantiel rêve, en poussière s’éparpilla ; seule une chose vivante encore, — le désir, le désir, l’inapaisable, l’éternellement réenfantée aspiration, le languissement et la soif ; une unique rédemption, — mourir, finir, se perdre, ne plus se réveiller !

2453. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Ce fut une grande gloire pour les précieuses du second ordre que la suprématie romancière dont fut alors investie mademoiselle de Scudéry.

2454. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Et puis, quand tout ce monde est sorti et qu’elle se retrouve seule avec l’amant, pour la gloire duquel elle vient d’endurer ce martyre, alors ce sont des ardeurs, des humilités, des tendresses !

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