Dépouillé de ton empire, dépouillé de ta fortune, sans vêtements, sans nourriture, dévoré par la faim, par la soif, tu veux que je t’abandonne dans ce dénuement, au milieu de ce désert, et que je songe à mon propre salut ?
J’ai ajouté à l’arithmétique, à l’algèbre et à la géométrie la science, des combinaisons ou le calcul des probabilités, parce que tout se combine et que, hors des mathématiques, le reste n’est que probabilité ; que cette partie de l’enseignement estd’un usage immense dans les affaires de la vie ; qu’elle embrasse et les choses les plus graves et les choses les plus frivoles ; qu’elle s’étend à nos vues d’ambition, à nos projets de fortune et de gloire, et à nos amusements, et que les éléments n’en sont pas plus difficiles que ceux de l’arithmétique.
C’est qu’ici un sénateur fait adopter par autorité du sénat, un fils naturel qui succède au nom, aux armes, à la fortune, à tous les priviléges de la légitimité, et peut devenir doge.
Ainsi j’ai encouru la haine des hommes légers, qui ont livré sans scrupule la chaire pontificale aux amis de la fortune a et du temps.
En 1840 et 1850, il tente la fortune à Paris. […] Il commence par la confier à d’autres et met le tiers de sa fortune dans une entreprise de l’école sociétaire dirigée par Victor Considérant, puis il agit par lui-même. […] L’invention sort à chaque instant de sa route régulière pour chercher fortune à droite et à gauche et toujours, au bout d’un certain temps, elle est remise dans sa voie, chargée du butin qu’elle peut utiliser, par la tendance directrice.
Sincèrement attaché à l’idée, sinon aux hommes, de la branche aînée, mettant aussi une coquetterie de gentilhomme à se montrer plus fidèle dans le malheur que dans la fortune, il resta à l’écart, travaillant à ses Mémoires d’outre-tombe, arrangeant, surtout, son attitude de vieillard glorieux, encensé, mélancolique et dédaigneux, contemplant dans une immobilité superbe l’agitation de la vie contemporaine, et « regardant passer à ses pieds sa dernière heure. » Il vit la chute du gouvernement de Juillet qu’il n’aimait pas et l’avènement de la République qu’il n’aimait pas plus. […] Du reste, il ne s’obstina point, étant aussi incapable de persistance, que prompt et heureux à surprendre brusquement la fortune. […] A ses voyages, à ses aventures politiques, à ses élections, à ses charités qui étaient princières, il avait perdu sa fortune, qui n’avait jamais été immense, et fait des dettes. […] A son passage aux affaires et au trouble qui s’en est suivi dans sa fortune, nous avons perdu des chefs-d’œuvre. […] Ce sont des lieux communs de sentiments ou d’idées que la colère d’Achille, la soif de vengeance d’Achille, la pitié d’Achille, le respect des dieux, le respect des hôtes, le respect des suppliants, l’amour du pays, l’esprit de retour, l’idée de justice, l’esprit de prudence dans le danger, de modération dans la fortune, de patience au mal et de persévérance dans les malheurs.
En voici le sujet brièvement résumé : le docteur Jean Stival, muni depuis peu de son diplôme, ne possédant pas de fortune, s’installe dans une ville industrielle du Nord où, sur la recommandation de savants qui le protègent, il finit par obtenir la clientèle de la noblesse et de la haute bourgeoisie. […] La fortune lui échappe parce qu’il ne voulut pas mentir pour sauvegarder des intérêts politiques. […] Cette dernière qualification a fait fortune. […] Il n’est point propre à un état mais toutes les fortunes lui conviennent.
Peu de fortune de chaque côté : de l’un assez d’ambition, une mère ultra, vaine de son titre, de son fils, et l’ayant déjà promis à une parente riche, en voilà plus qu’il ne faut pour triompher d’une admiration plus vive que tendre ; de l’autre, un sentiment si pudique qu’il ne s’est jamais trahi que par une rougeur subite, dans quelques vers où la même image se reproduisait sans cesse.
Il fonde des associations, il parle dans les meetings, il surveille des écoles, il rend la justice, il introduit des perfectionnements ; il use de ses lectures, de ses voyages, de ses liaisons, de sa fortune et de son rang pour conduire amicalement ses voisins et ses inférieurs vers quelque œuvre qui leur profite et qui profite au public.
Mon devoir consciencieux est de lutter à mort contre les iniquités, les humiliations, les calomnies, les avanies de toute nature dont la France me déshonore et me travestit en retour de quelques erreurs peut-être, mais d’un dévouement, corps, âme et fortune, qui ne lui a pas manqué dans ses jours de crise, à elle.
Dans cette lettre, personne ne songea, en aucune façon, à glisser quelque demande, afin d’être réintégrés dans la possession de nos fortunes et d’avoir le droit de porter la pourpre.
En cinq ou six ans l’hôtelier Georges fit fortune : il eut des prés, des vergers, des maisons et des écus en abondance, car tous ces gens arrivant d’Allemagne, de Suisse, de Russie, de Pologne ou d’ailleurs ne regardaient pas à quelques poignées d’or répandues sur les grands chemins ; c’étaient tous des nobles, qui se faisaient gloire en quelque sorte de ne rien ménager.
Au temps de Rousseau, le précepteur était ce qu’il est encore aujourd’hui, un homme de mérite sans fortune, qui vit honorablement des soins qu’il donne aux enfants d’autrui.
Œsterlein a consacré sa fortune à recueillir, indistinctement, tout ce qui pouvait d’une façon ou d’une autre intéresser la biographie du maître.
On n’a pas besoin de savoir le chiffre de sa fortune pour en jouir.
« Tandis qu’avec une volonté obstinée, sans entendre les rires parfois stupides de ses critiques officiels, sans se préoccuper non plus des objections amicales, il poursuivait son labeur, quelques-unes de ses idées faisaient fortune, et d’aucuns, plus adroits, les transmuaient et déformaient à l’usage de la Bourgeoisie française ».
20 juin En montant à Gergovie dans le déroulement tournant des montagnes et des horizons, le général Bataille nous raconte son enfance, les misères de sa jeunesse et sa difficile fortune.
Et dans le fouillis des choses, la presse des objets, la confusion des formes et des couleurs, l’on entrevoit encore des photographies de l’Empereur Napoléon III, dans toutes les phases de sa bonne ou de sa mauvaise fortune ; on entrevoit les éclairs de rubis et d’émeraude de toute une collection d’oiseaux-mouches dans l’ombre d’une armoire ; on entrevoit des aquarelles drolatiques de Giraud représentant des scènes de l’intérieur de la princesse ; on entrevoit d’élégiaques têtes d’études d’Amaury Duval ; on entrevoit de vieilles gravures représentant Napoléon Ier en costume troubadouresque ; on entrevoit des mécaniques en bronze doré pour tenir horizontalement une branche, on entrevoit par l’entrebâillement des panneaux, des tiroirs, des albums, des blocs de papiers à aquarelle, des cornets de cristal hérissés de pinceaux, des tubes, des vessies, une armée de bouteilles d’encres de couleur avec leurs floquets de ruban rouge : tous les ustensiles et tous les outils de la peinture à l’huile, de l’aquarelle, du pastel, du crayonnage, — à l’état de provisions.
C’est que Bourrienne parle des choses qu’il a vues ; il a fait campagne avec Bonaparte en Egypte et en Syrie ; il a participé au coup d’Etat de Brumaire, aux transformations et à l’accaparement du Consulat ; son récit est mouvementé, curieux en détails, attachant lorsqu’il renonce à ses paperasses documentaires ; et il faut lire par exemple les chapitres consacrés à l’amiral Brugs et au désastre d’Aboukir, à la détresse de l’armée française d’Orient décimée par les maladies, les suicides, les assassinats des bédouins, abandonnée finalement par son chef dont l’ambition rêve un soir de conquérir l’Asie, et qui s’échappe pour revenir en France violenter la Fortune et se faire acclamer comme un libérateur.
J’étais un républicain improvisé, un républicain politique, un républicain conservateur de tout ce qui doit être conservé sous peine de mort dans une société, ordre, vies, religion libre, fortunes, industrie, liberté légale, respect de toutes les classes de citoyens les unes envers les autres, paix des nations entre elles dans leur indépendance réciproque et dans l’esprit de leurs traités, droit public de l’Europe.
» Mais ses amis, instruits au loin de sa ruine et de ses plaies, arrivent plutôt pour contempler ce grand débris de la fortune que pour le consoler et le relever.
dont la renommée dure encore dans ce bas monde et durera autant que ce monde lui-même ; « “L’ami de mon cœur, et non de ma fortune, est là sur la plage déserte, tellement embarrassé de trouver sa voie que l’effroi lui fait rebrousser son chemin !
Le poète, récompensé par le consul, ne fut nullement retenu alors par le royalisme qu’il manifesta depuis pour les Bourbons ; il entra hardiment par un emploi diplomatique à Rome, et ensuite dans le Valais, dans la fortune de Bonaparte.
Naudin : elle est certainement très plausible ; mais, quelle qu’en soit la fortune, elle ne peut, croyons-nous, s’appliquer légitimement à la philosophie de l’histoire.
Ce rustre qui passe, le fouet sur l’épaule, en suivant son chariot, porte peut-être en lui une âme de maître, et, s’il ne rêve encore que l’aisance ou la fortune, peut-être que ses arrière-neveux rêveront l’Empire.
Avec l’argent de ses alliés, le peuple embellit sa ville, commande à ses artistes des temples, des théâtres, des statues, des décorations, des processions, jouit tous les jours et par tous les sens de la fortune publique. […] Je n’en citerai qu’un, Éros, l’Amour, pour montrer comment le Grec, libre et pénétrant d’esprit, réunissait dans la même émotion l’adoration d’une personne divine et la divination d’une force naturelle. « Amour, dit Sophocle, invincible au combat, Amour qui t’abats sur les puissances et les fortunes, tu habites sur les joues délicates de la jeune fille ; et tu franchis la mer, et tu vas dans les cabanes rustiques, et il n’y a personne parmi les immortels ni parmi les hommes éphémères qui puisse te fuir. » Un peu plus tard, entre les mains des convives du Banquet 60, selon les diverses interprétations du nom, la nature du dieu varie.
Certes, après les premiers temps de notre fortune intellectuelle, ils furent admirables, le xviie siècle, à qui la France a dû le théâtre, et le xviiie siècle, à qui elle a dû le monde ; mais si, comme il convient dans ce travail, on envisage — c’est se restreindre à un infini ! […] Puis Guillaume de Salluste, seigneur Du Bartas, qui eut l’étrange fortune de ne pas être inutile au Tasse, d’être plus tard lu par Milton et plus tard encore admiré par Goethef, — d’une admiration qui peut-être n’était pas dépourvue de quelque ironique haine, — Du Bartas, dis-je, en qui s’exaspéra le beau feu mourant de la Pléiade, montre un je ne sais quoi qui ressemble à une ambition de génie parfois réalisée, et raconte la création du monde avec une hâblerie grandiloquente et d’un ton de lyrique et héroïque gasconnade, dont se souviendra le baron de Fœneste, même quand il écrira les Tragiques. […] Nous avons été non pas des vainqueurs, mais des vaincus, qui, faisant contre fortune bon cœur, feignirent d’être satisfaits de leur sort. […] Que la mélancolie y soit faite de l’illusion déçue et désabusée de toutes les ambitions, ou que, non sans se souvenir de l’hystérique tristesse de Byron et de la divinité égoïste de Goethe, elle soit éclose du sincère mépris des fortunes humaines, peu nous importe ; l’auguste miracle nous apparaît d’une âme qui pense et qui rêve, à l’écart, très lointainement, si haut.
Elle s’en est allée avec sa mère, la comtesse Dobronowska, une aventurière polonaise, chercher fortune en Russie. […] — Et toi, passant, que la fortune te donne tout ce qu’on souhaite en cette vie ! […] Du moins le grand capitaine espéra jusqu’au bout et ne négligea rien pour rappeler la fortune.
En somme, la poésie est un don fatal, une sorte de malédiction pour celui qui le reçoit en naissant, — une grande fortune même n’empêche pas toujours le poète d’être malheureux ; l’exemple de Byron le prouve assez. […] De noble naissance, portant un nom mélodieux comme un frémissement de lyre, d’une beauté séraphique que même vers les derniers temps de sa vie l’âge ni les souffrances n’avaient pu altérer, doué d’assez de fortune pour qu’aucune nécessité vulgaire ne le forçât aux misérables besognes du jour, il garda pure, calme, poétique, sa physionomie littéraire. […] Nul n’a porté la mauvaise fortune avec plus de grandesse et de fierté espagnole. […] Si par hasard, la fortune heurte du pied le seuil d’un artiste qui n’a bu jusque-là que dans la coupe de l’idéal, il va commander tout de suite des seaux d’argent pour frapper le vin de Champagne à l’orfèvre habile digne de comprendre toutes les fantaisies. […] Son talent était essentiellement moderne, et c’est là sa plus grande qualité : elle a vécu dans son temps, avec les idées, les passions, les amours, les erreurs et les défauts de son temps ; dramatique et non tragique, elle a suivi la fortune des novateurs, et s’en est bien trouvée.
Narr Havas, c’est le grand chef du Sud, le cavalier aux yeux de gazelle, qui épouse nos filles, boit notre champagne, accepte nos décorations, prêt d’ailleurs à passer du jour au lendemain dans le camp de nos ennemis ; Spendius, c’est l’aventurier napolitain ou espagnol, bon à toutes les besognes, ruffian ou tenancier de maisons louches, fanfaron et vantard, se poussant par tous les sales métiers, ébahi d’une fortune soudaine, qu’il gaspille et qu’il perd avec la même facilité qu’il l’a acquise. […] Il avait un peu de fortune et s’en contentait. […] Si, par fortune, elle saisit son livre de comptes, elle le dépouillera, et elle dira de quel prix ont été payés ses services, comment il s’est enrichi et ruiné, quels héritages il a laissés. […] Ce garçon qui n’a rien fait de mal, qui pâtit d’avoir été abandonné par ses morts et de n’avoir pas deviné ce que ses morts lui devaient dire, et qui, cherchant sa discipline, arrive à cette extrémité hautaine de se mettre à son rang parmi les soldats de fortune, cet aventurier qui réclame une rude contrainte, et fût-elle arbitraire, incarne tout le malheur de son temps, le désespoir et la dignité, la grande angoisse et la décision d’une jeunesse qui a pris au sérieux, qui a pris au tragique les dévastations où flânent encore et vieillissent curieusement quelques joueurs de flûte, les derniers peut-être. […] Comment lui est venu son nouveau nom, qui eut une telle fortune que l’autre disparut ?
Ce sont presque toujours des romans d’aventures : naufrages, magie, pirates, sorcières, infortunes et fortunes incroyables de jeunes personnes bien nées. […] Et roman moral, très moral, qui transporte dans le domaine de la morale cette distinction aristocratique… Mlle de Chartres — grand nom et grande fortune — a épousé, sans amour, le prince de Clèves. […] Ce n’est guère qu’à partir de 1889 — la remarque est de René Boylesve — que notre société française a commencé à changer, par suite de l’augmentation du nombre des grandes fortunes issues de cette grande industrie et de la grande finance.
André Gide André Gide J’ai porté tout mon bien en moi comme les femmes de l’Orient pâle sur elles leur complète fortune. […] J’ai porté tout mon bien en moi, comme les femmes de l’Orient pâle sur elles leur complète fortune.
Mais ce sont là de bien rares fortunes ; et quoique Aristote en ait eu encore une autre presque aussi belle dans l’Histoire des animaux, il serait excessif d’attendre toujours, même de lui, des œuvres aussi achevées.
Ceux-là ne m’accordent pas volontiers la fortune et la position honorable que j’ai su acquérir par mon talent.
. — Je cherchai à ramener la conversation sur Napoléon, en disant : « Je crois cependant que c’est surtout quand Napoléon était jeune, et tant que sa force croissait, qu’il a joui de cette perpétuelle illumination intérieure : alors une protection divine semblait veiller sur lui, à son côté restait fidèlement la fortune ; mais plus tard, cette illumination intérieure, son bonheur, son étoile, tout paraît l’avoir délaissé.
Je me hâte d’ajouter que Virgile mérite cette étrange fortune, et que jamais erreur ne fut plus intelligente que celle dont bénéficie un tel poète.
Quelle n’a pas été la fortune, par exemple, des aventures de Jack Sheppard (le Cartouche anglais), dont on a fait ici les Chevaliers du Brouillard !
La bourrasque qu’essuye César sur la mer, dans le foible Esquif qui le portoit lui & sa fortune, est, sous le pinceau de Lucain, la plus horrible tempête dont on ait l’idée.
Son bâtard Edmond, qui a tous les dons de la nature, qui a même l’amour de son père et de son frère le légitime ; Edmond, qui est beau, spirituel, vaillant, aimé au premier regard de ces deux tigresses, Goneril et Régane ; Edmond, qui a toutes les fortunes, qui commande l’armée, donne des batailles et les gagne, est un Iago bien plus diabolique que le Iago de Venise, le petit enseigne qui se mord d’envie le poing dans un coin… Il n’a qu’un défaut : la bâtardise, mais cela suffit pour lui fausser l’âme, et c’est à la lueur sinistre de l’âme de ce bâtard auquel son père, aveuglé comme Lear, a sacrifié son fils légitime, pur et noble comme sa naissance, que nous voyons se dérouler cette tragédie aveuglée de la Paternité, plus effroyable que celle d’Œdipe, le grand aveugle grec, et où le Roi Lear a pour pendant dans le malheur mérité de sa vie, et pour vis-à-vis, Glocester !
Seulement, dans l’évolution générale de la vie, les tendances ainsi créées par voie de dichotomie se développent le plus souvent dans des espèces distinctes ; elles vont, chacune de son côté, chercher fortune dans le monde ; la matérialité qu’elles se sont donnée les empêche de venir se ressouder pour ramener en plus fort, en plus complexe, en plus évolué, la tendance originelle.
Le père trouva cela tout naturel : « Julia, ce fut le nom qu’un souvenir d’amour donna à notre fille. » Maria-Anna fut bonne au poète, fidèle à toutes ses fortunes, plus tendrement fidèle encore à sa chute, à ses revers et à sa pauvreté qu’à sa gloire… Mais il faut bien que j’arrive enfin aux poésies de Lamartine. […] » Puis, quand il a tracé sa route sur la dune Et de ses compagnons présagé la fortune, Voyant dans sa pensée un rivage surgir, Il descend sur le pont où l’équipage roule, Met la main au cordage et lutte avec la houle.
Nous rendrons hommage à ces nobles esprits qui consacrent leur vie et leur fortune à agrandir les voies de l’art, à élever sa mission ; mais nous serons sans pitié pour les faux talents comme pour les fausses gloires. — Nous irons du plus petit au plus grand, des noms les plus obscurs aux noms les plus rayonnants, apportant partout la même hardiesse et la même indépendance et, convaincu que la voix d’un honnête homme disant une chose juste a toujours droit à l’attention, nous rappellerons à la dignité de leur gloire ceux, parmi les plus illustres, qui défigurent leurs propres chefs-d’œuvre et battent monnaie avec les rognures de leur génie. — Enfin, partout et toujours, nous aurons la justice pour muse et pour conseillère. […] Philoxène Boyer a eu du génie pendant six mois, c’est-à-dire tout le temps qu’a duré une fortune qu’il a servie à ses admirateurs temporaires avec l’insouciante prodigalité d’une généreuse nature d’artiste ; aujourd’hui, l’auteur du poème dialogué de Sapho n’est plus même compté parmi les poètes de la génération nouvelle.
Bourget, cette sollicitation à écrire lui est venue de sa curiosité des choses de la vie intérieure Nous sommes assez instruits des manifestations extérieures de l’activité humaine : c’est ce jeu des intérêts et des ambitions, cette poursuite de la fortune, ce souci de la profession, tout ce qui compose la vie sociale et ou nous n’engageons que la partie la plus grossière de nous-mêmes. […] Il est maintenant un désenchanté, « un enfant du siècle sans élégie, un nihiliste à bonnes fortunes et sans déclamation ». […] » Le mot fit fortune à la manière d’un mot de boulevard ou d’un refrain de café-concert.
Ils ont pris pour une vocation ce qui n’était pour eux aussi que la seule carrière possible et, faute d’avoir assez de fortune pour demeurer dilettanti ; ils se sont improvisés écrivains comme on s’établit épicier. […] La sœur de René ne proposa pas à Chateaubriand un mariage d’amour ; elle ne songea qu’à « lui assurer par cette union l’indépendance de sa fortune ». […] Il nous le montre comme « un homme à bonnes fortunes ayant la fatuité de ne pas vieillir » ; il lui reproche d’avoir cherché des maîtresses à soixante-quatre ans ; il nous le peint en cheveux blancs, sortant le soir, canne à la main et fleur à la boutonnière, pour aller en soirée cueillir des succès faciles. […] La fortune et les relations de madame de Duras, qui menait à Paris une existence princière, furent très profitables à Chateaubriand.
Et peut-être, la clientèle me venant, aurais-je fait fortune à ce métier : car je comprenais vraiment à vue d’œil, et pouvais traduire sans embarras les passages les plus difficiles. […] Le prince ainsi amené au jour de l’existence parisienne sera pauvre : soit qu’il arrive sans fortune, ou que, dès les premiers jours, il dissipe, dans sa fatale ignorance des choses nouvelles, les pécules apportés. […] Il avait plutôt, malgré ses poses, le fond d’âme d’un petit bourgeois vaniteux et lâche ; il le tenait en droite ligne de son grand-père paternel, tailleur et aubergiste, et qui fit fortune à ces deux métiers.
Je n’y vois rien de vrai que la physionomie des Suisses ; ce sont les seuls philosophes de la Cour ; avec leur hallebarde sur l’épaule, leur grosse moustache et leur air tranquille, on dirait qu’ils regardent tous ces affamés de fortune comme des gens qui courent après ce qu’eux, pauvres Suisses qu’ils sont, ont attrapé dès longtemps.
Ce favori de la fortune, vous l’avez nommé : c’est Molière.
Une chaîne ininterrompue rattache Paul et Virginie à Atala et Chactas, d’une part ; de l’autre, à Salammbô, à la Fortune des Rougon (épisode de Miette et Silvère) ; enfin aux romans récents, qui resteront, de Pierre Loti.
Ainsi s’expliquent les locutions bien connues : la voix de la raison, la voix du cœur, la voix du sang, la voix des passions ; chez nos tragiques, tout mobile est une voix ; ils disent : la voix de la nature, la voix de la fortune, la voix des bienfaits.
« Le poète ne sera plus lui-même la matière unique de ses chants ; il ne nous fatiguera plus du récit de ses bonnes fortunes ou du souvenir de ses débauches ; il ne sera plus Byron, ni Musset, ni Don Juan.