Achille n’est pas seulement la force héroïque : c’est le jeune fils d’une déesse, le plus beau des Grecs, qui, outragé, pleure comme un enfant dans le sein de sa mère ; qui sur la grève solitaire chante avec la lyre en contemplant la mer immense ; qui console son ami affligé avec un accent aussi tendre et aussi ému que celui d’une jeune mère : « Pourquoi pleures-tu, Patrocle, comme une enfant qui ne sait pas encore parler, qui court après sa mère afin qu’on la prenne, la tire par sa robe, et l’arrête, et la regarde en pleurant pour être portée dans ses bras ?
La marquise de Raigecourt ne put la suivre, parce qu’elle était récemment mariée et en couche de son premier enfant. […] Quand je passais quelques jours sans la voir, elle prenait la peine de venir elle-même chez moi pour s’informer de ce qui me retenait ; elle gardait mon argent de réserve avec le sien dans son tiroir ; elle me préparait, si j’étais malade, au coin de mon feu, les tisanes commandées par le médecin ; elle écrivait à ma mère des nouvelles de mon cœur et de mon âme ; elle aurait remplacé la Providence, si la Providence s’était éclipsée pour moi ; elle prenait à mes poésies, qui n’avaient pas encore paru, un intérêt partial, passionné, que je n’y prenais pas moi-même ; elle me comparait à Racine enfant ; elle était fière de préparer aux Bourbons un poëte encore inconnu, mais qu’elle rendrait royaliste et religieux comme elle.
On ne voit pas non plus que les bourgeois, même dévots, soient détournés par leur dévotion du soin de marier richement leurs enfants : comment Orgon peut-il s’entêter à donner sa fille à cet ancien mendigot ? […] Car enfin on ne voit guère qu’un effet ordinaire de la dévotion soit de détourner les bourgeois opulents du souci de marier richement leurs enfants. » J’oubliais (volontairement ?
Observez-les à une représentation : à voir ces prétendus dieux s’abaisser au rang de bas farceurs, à les voir conduisant à l’agonie sinistre une malheureuse que son amant forçait, malade, à le chercher sous la neige, à six heures du matin, dans les cabarets de barrière, ils éprouvent une telle satisfaction d’eux-mêmes, de leur budget bien réglé, de leurs femmes bien vêtues et de leurs enfants bien casés par « l’ordre, l’économie et le travail utile », qu’ils s’attendrissent. […] La femme nouvelle, peut-être, qui, indulgente à ce grand enfant capricieux, saura aussi en faire un homme social et bannir son ignorance volontaire des formalités vitales qui permettent les songes.
Blanc eut beau se jeter à ses pieds, exprimer son désespoir, son besoin d’embrasser sa femme et ses enfants, le général parut impitoyable et donna ordre de le rembarquer et de le remmener à terre. […] Son habile médecin Malfatti a curieusement noté en lui ce mélange de maturité et d’enfance, des jugements à la La Bruyère avec des restes d’enfant et d’adolescent.
Mme de Saint-Chaumont (gouvernante des enfants d’Orléans) et moi, avons, pour y parvenir, résolu que vous auriez un chapeau de cardinal. […] C’est un enfant incapable de sentir là-dessus ce qu’elle doit, et nourrie présentement à me haïr.
On peut citer comme exemples de cette sorte d’ouvrages, des romans comme le Werther ou la Confession d’un Enfant du siècle, les peintures de Rubens ou de Delacroix, presque toute la musique. […] Il en est d’autres encore, tels que celui des écrivains mercantiles, des auteurs de contes pour les enfants, des feuilletonistes écrivant pour une classe définie de la société, des peintres et des musiciens soucieux de plaire au public plus qu’à eux-mêmes, en un mot des artistes qui emploient certains moyens ou certains effets, non pas d’instinct, mais volontairement, et dans un but étranger à l’art ; il sera facile de se tirer d’affaire pour les œuvres de cette sorte, en considérant qu’elles n’intéressent que par la personnalité qu’elles affectent de manifester et qu’il sera toujours facile de distinguer.
Le vieil Horace s’applaudit de ce que ses enfants n’ont pas voulu qu’on les empêchât de combattre contre les trois Curiaces. […] Fussent-ils nos amis, nos femmes, nos enfants, Ne voyez que leur crime, et gardez vos serments.
Comme l’enfant naît, croît et s’élève en présence de ses parents, ainsi les idées nouvelles qui s’introduisent dans la société naissent, croissent et s’élèvent en présence des idées anciennes qui leur ont donné le jour. […] Les destinées, des enfants de la promesse ne sont point l’image seulement des destinées particulières de tel ou tel peuple ; elles sont l’image et l’histoire même du genre humain.
Qu’on rime pour l’oreille et non pour les yeux ; qu’on ait le droit d’appareiller un singulier avec un pluriel, si du moins ils rendent tous deux le même son, car on ne voit pas pourquoi enfant et triomphants ne seraient pas des rimes admissibles, lorsque enfants et faons sont des rimes certainement admises ; qu’on se moque de la césure et de l’hémistiche, mais non de l’accent tonique ; qu’on se permette certains hiatus lorsqu’ils sont une liaison plutôt qu’un heurt ; qu’on supprime enfin les difficultés inutiles de la poétique, comme on le fait ailleurs pour celles de l’orthographe, mais de même qu’on doit respecter les lois primordiales de la syntaxe française, qu’on respecte aussi les lois organiques du vers français.
Il a écrit un petit poëme, la Maison des champs, et aussi l’Enfant prodigue, espèce d’idylle biblique.
Tous ne sont pas pareils à ces bêtes odieuses et burlesques qu’on nous a montrées, et je « généralise » avec une hâte de femme ou d’enfant.
La 7me de 1661 à 1670, qui comprend depuis la nomination de madame de Montausier à la place de gouvernante de M. le dauphin et le commencement du règne des maîtresses du roi, jusqu’à la nomination de madame Scarron à la place de gouvernante des enfants naturels du roi.
Le génie de Moreau était sain et vigoureux ; il ne l’avait emprunté nulle part ; le pauvre enfant avait eu à peine le temps de lire.
, parle de deux colonnes, l’une de brique et l’autre de pierre, sur lesquelles les enfants de Seth avaient gravé les sciences humaines, afin qu’elles ne périssent point au déluge qui avait été prédit par Adam.
Moi-même il me sembloit qu’au plus grand des héros, L’œil de larmes noyé, je parlois en ces mots : « Ô des enfants d’Ilus la gloire et l’espérance !
Isolant chaque détail de la masse, allant sans discernement et sans choix d’un objet quelconque à un objet quelconque, comme l’enfant, mené par son désir innocent de prendre chaque chose et de la saisir dans sa vulgarité complète, égaré par cette manie de touche-à-tout, il enfile toutes les venelles qui se présentent à sa flânerie dans ce récit sans raison d’être, sans unité de composition et sans but !
Ainsi l’on saisissait tous les événements, tous les prétextes ; sans doute la nation heureuse sous les Antonin et les Trajan, devait s’empresser à témoigner sa reconnaissance : des enfants heureux aiment à rendre hommage à leur père.
L’enfant, le peuple, les trois quarts du genre humain ne la dépassent guère, et s’y reposent avec une sécurité illimitée. […] Ici cet enfant aux cheveux bouclés, rempli d’un naïf enthousiasme ; là ce vieillard agenouillé et les mains jointes. […] Tâchons de nous consoler d’avoir perdu Les Sept Sacrements et de n’avoir pas su disputer à l’Angleterre et à l’Allemagne tant d’autres productions du Poussin, englouties aujourd’hui dans les collections étrangères135 en allant voir au Louvre ce qui nous reste du grand artiste français, une trentaine de tableaux des différentes époques de sa vie, et qui la plupart soutiennent dignement sa renommée, le portrait de Poussin, une des Bacchanales faites pour Richelieu, Mars et Vénus, La Mort d’Adonis, L’Enlèvement des Sabines 136, Éliézer et Rebecca, Moïse sauvé des eaux, L’Enfant Jésus sur les genoux de la Vierge et saint Joseph debout 137, surtout La Manne au désert, Le Jugement de Salomon, Les Aveugles de Jéricho, La Femme adultère, Le Ravissement de saint Paul, le Diogène, Le Déluge, L’Arcadie. […] Peu de détails ; quelques cadavres flottent sur l’abîme ; une lune sinistre se montre à peine ; encore quelques instants et le genre humain ne sera plus ; la dernière mère tend inutilement son dernier enfant au dernier père qui ne peut pas le recueillir, et le serpent qui a perdu l’homme s’élance triomphant. […] Mais, par scrupule de méthode et de vraie analyse, nous détournons les yeux de l’enfant et du sauvage pour les porter sur l’être qui seul est l’objet de nos études, l’homme actuel, l’homme réel et achevé.
L’enfant le regarda à demi-touchée, à demi-moqueuse. […] Moréas aussi en est un, mais non… lui, ce serait plutôt un paon… Et puis il est resté enfant, un enfant de dix-huit ans. […] Mais l’épopée elle-même n’est que la littérature des peuples enfants. […] Agréez ce festin, enfant que j’eus de la triste femme. […] Mais ils seront légion, car la voie est large, le but haut et lointain, et c’est dans cette direction que peineront à leur tour nos enfants et les enfants de nos petits-enfants.
Et puis, ne sens-tu pas qu’un voyageur, longtemps absent et longtemps seul, retrouve avec une joie d’enfant un langage qui répond aux secrètes émotions de son cœur ? […] Vingt enfants demi-nus m’avaient suivi, chuchotaient et riaient entre eux de ma rêverie. […] Comme je cueillais une fleur sur la roche stérile et nue, un enfant me tendit une poignée d’herbe sèche, ne comprenant guère qu’on puisse compter les jours de sa vie aux pages de son album et mettre quelque chose de son cœur dans les feuilles flétries qu’il a si souvent foulées aux pieds. Et je me demandais avec moins de surprise que d’ivresse pourquoi il est ainsi des lieux qui nous rendent plus simples que les enfants. […] Siben nommé précédemment, un enfant de Metz : après avoir été ingénieur des ponts et chaussées en France, il a construit le chemin de fer de Florence à Bologne ; il est aujourd’hui à Gênes à titre de directeur des chemins de fer liguriens.
Né à Caen en 1555, le premier né de neuf enfants, fils de noble homme François Malherbe, sieur Digny, d’un conseiller au Présidial de Caen (et non au Parlement de Normandie, comme il aimait à le faire croire quand il était en Provence ; les poètes se plaisent à agrandir les choses), il se piquait de descendre de très ancienne noblesse. […] « Mon mariage a été, disait-il, une licence poétique. » Il aima sa femme, vécut avec elle en parfaite union, et en eut trois enfants auxquels il survécut, deux fils et une fille. […] Son autre fils, le dernier né de ses enfants et le seul qui atteignit à l’âge de jeunesse, fut tué en duel à vingt-six ans, par Fortia de Piles, et son père voulut le venger ; il le pleura moins comme père que comme chef de famille, chef de race. […] L’orateur-académicien qu’on reçoit est là en personne ; il parle d’un mort qu’on a connu, devant sa famille, ses enfants, ses amis, là présents ; il est loué lui-même et quelquefois critiqué finement, lui en personne, lui sur le visage duquel on aime à suivre le reflet de cet éloge direct, ou de cette fine critique qui l’effleure à bout portant. […] La princesse de Condé venait d’accoucher de deux enfants morts, à Vincennes, où elle était allée s’enfermer avec M. le prince, qui y était en prison.
Au contraire, le souci de toute femme honnête et sage doit être d’empêcher que son enjouement ne dégénère en légèreté912. » Vous voyez déjà dans ces reproches le portrait de la ménagère sensée, de l’honnête épouse anglaise, sédentaire et grave, tout occupée de son mari et de ses enfants. […] Il remarque que les pères ne doivent point être inflexibles et que souvent ils se repentent lorsqu’ils ont poussé leurs enfants au désespoir. […] L’enfant, l’artiste, le barbare, l’inspiré leur échappent ; à plus forte raison tous les personnages qui sont au-delà de l’homme : leur monde se réduit à la terre, et la terre au cabinet d’étude et au salon ; ils n’atteignent ni Dieu ni la nature, ou, s’ils y touchent, c’est pour transformer la nature en un jardin compassé et Dieu en un surveillant moral. […] Quand Addison les salue, ce qui lui arrive souvent, c’est d’un air grave, et sa révérence est toujours accompagnée d’un avertissement ; voyez ce mot sur les toilettes trop éclatantes : « Je contemplai ce petit groupe bigarré avec autant de plaisir qu’une planche de tulipes, et je me demandai d’abord si ce n’était pas une ambassade de reines indiennes ; mais, les ayant regardées de face, je me détrompai à l’instant et je vis tant de beauté dans chaque visage que je les reconnus pour anglais ; nul autre pays n’eût pu produire de telles joues, de telles lèvres et de tels yeux934. » Dans cette raillerie discrète, tempérée par une admiration presque officielle, vous apercevez la manière anglaise de traiter les femmes ; l’homme, vis-à-vis d’elles, est toujours un prédicateur laïque ; elles sont pour lui des enfants charmants ou des ménagères utiles, jamais des reines de salon ou des égales comme chez nous. […] Sir Roger donne aux enfants qui répondent bien au catéchisme une Bible pour eux et un quartier de lard pour leur mère.
Puis on pensa au Ranelagh, mais pas longtemps, car ce fut la crainte d’épouvanter les enfants et leurs nourrices : si ce monsieur allait prendre de travers les ballons égarés ! […] On me dit que nous sommes mal tombés, que c’est une série choisie pour les enfants, qu’ordinairement il y a certains tableaux attachants ou curieux. […] Un médecin, récemment, nous mettait en garde contre chiens et chats qui peuvent fort bien la transmettre, surtout aux enfants qui jouent intimement avec eux. […] Si un enfant peut attraper la tuberculose en jouant avec un chien, il peut tout aussi bien l’attraper en jouant à l’école avec un camarade ou en ne jouant pas, en s’asseyant seulement à sa place sur son banc. […] Nous cherchions cela l’autre jour et nous ne trouvions rien en dehors du chocolat et des différentes sucreries qui ne peuvent former un menu appétissant que pour les enfants gourmands.
Il n’y a que l’enfant qui vient de naître qui le soit plus que toi, car il ne fait que d’arriver. […] Ces deux enfants, l’un de seize ans, l’autre de dix-huit, sont deux héros. […] Sylvie Chaste, je n’ai point eu d’enfant jusqu’à ce jour. […] Il a, d’ailleurs, répondu d’avance à la question de Curiace, en le nommant, lui et Horace, « mes enfants », au moment même où il les envoie combattre l’un contre l’autre. […] Par cette sorte d’accouchement merveilleux, ils lui donnent des enfants plus beaux que lui, mais dans lesquels il se reconnaît.
Sandeau d’avoir su plus qu’un autre s’y soustraire, y échapper ; il l’a presque félicité d’avoir su se préserver au milieu de la contagion, et d’avoir paru dès sa jeunesse à l’épreuve du feu, comme les trois enfants dans la fournaise.
Mais alors les voies littéraires n’étaient pas préparées au génie ; les langues, celles du nord en particulier, n’étaient pas faites, ou n’étaient pas polies : il n’y avait qu’une seule langue commune à tout le monde savant, et vraiment digne de lui ; l’enfant qu’on destinait aux lettres l’apprenait en naissant, et le latin pour lui était presque la langue de sa nourrice.
La pièce suivante nous a paru l’une des plus heureusement reproduites ; c’est le Tombeau du Klephte : Le soleil se couchait ; Dimas parle, il ordonne : — « Enfants, apportez l’eau pour le repas du soir.
C’est que j’étais indigné et que, comme Montaigne, « je hais cruellement la cruauté. » J’ignore si à l’heure qu’il est nos enfants de l’École polytechnique — qui, dans le fond et quoi que j’aie dit, doivent être presque tous de « gentils garçons » — ont eu l’esprit et le courage de désarmer.
Hippolyte Babou Népomucène Lemercier fut un enfant sublime.
Il y a de belles Étoiles au ciel, l’Enfant baigne dans la source la blancheur de ses pieds, les statues se découpent sur l’émeraude du Parc et le Poète chante, chante à voix hautaine et vibrante, si forte qu’elle briserait bien Syrinx et si douce ; parfois, qu’elle ferait pleurer de joie les choses.
Enfant, j’étais difficile à remuer, ne jouant jamais, porté à m’asseoir et m’acoquiner.
Une fois que le livre est publié, une fois que le sexe de l’œuvre, virile ou non, a été reconnu et proclamé, une fois que l’enfant a poussé son premier cri, il est né, le voilà, il est ainsi fait, père ni mère n’y peuvent plus rien, il appartient à l’air et au soleil, laissez-le vivre ou mourir comme il est.
La tendresse paternelle combattuë dans le pere par la raison, les agitations d’un enfant bien né, tourmenté par la crainte de déplaire à ses parens, ou de perdre sa maîtresse, donnent lieu à plusieurs incidens interessans, dont il peut résulter une morale utile.
Quintilien dit encore dans un autre endroit, que nous avons déja cité quand nous avons voulu prouver que la déclamation des anciens n’étoit pas un chant musical tel que les nôtres, qu’il faut bien qu’un enfant à qui l’on fait lire les poëtes les lise autrement qu’il ne liroit de la prose, mais qu’il ne faut pas qu’il laisse échapper sa voix comme s’il récitoit un cantique sur le théatre.
Nous ne connaissons pas de meilleure réponse que Méry à cette affirmation des jugeurs qui mettait en furie Chateaubriand, le vieux enfant colère, quand ils lui disaient qu’un poète n’est jamais capable de rien que de poésie ; car, en dehors de ses poésies écrites et de la poésie de sa nature, il n’y eut jamais, du moins dans notre époque, d’homme capable intellectuellement de plus de choses que Méry.
L’enfant qui venait au monde se trouvait ainsi apparenté aux livres de tous les côtés. […] Magnin, toujours curieux jusqu’à être subtil, se pique de distinguer entre des genres bien voisins, de reconnaître les farces qui étaient dues aux basochiens et celles qui appartenaient au répertoire des Enfants sans souci ; il est difficile, en bien des cas, d’établir la distinction et de marquer la limite. […] Il nous fait apprécier comme la perle du genre des Enfants sans souci une petite farce, une parade à un seul personnage, très spirituelles et très amusantes, le franc Archer de Bagnolet ; on en ferait encore maintenant un joli lever de rideau du Palais-Royal.
Il y avait dans cette famille comme un courant naturel de verve, de gaieté et de musique, qui allait du père aux enfants. […] On aura remarqué cette expression de tête grecque appliquée à l’enfant ; n’oublions pas que sur ces plages favorisées de la Provence étaient déposés de toute antiquité des germes apportés d’Ionie. […] Marot, dans sa jeunesse, était le meneur et l’âme de cette société des Enfants sans souci ; folle bande directement organisée pour le vaudeville et les chansons ; mais c’est à partir de 1733 qu’on peut suivre presque sans interruption la série des dîners joyeux, et qu’on possède les annales à peu près complètes de la gastronomie en belle humeur.
Jouffroy Il y a une génération qui, née tout à la fin du dernier siècle, encore enfant ou trop jeune sous l’Empire, s’est émancipée et a pris la robe virile au milieu des orages de 1814 et 1815. […] Elle a écouté et elle a compris… Et déjà ces enfants ont dépassé leurs pères et senti le vide de leurs doctrines. […] Sa haute taille, ses manières simples et franches, une sorte de rudesse âpre qu’il n’avait pas dépouillée, tout en lui accusait ce type vierge d’un enfant des montagnes, et qui était fier d’en être ; ses camarades lui donnèrent le sobriquet de Sicambre.
Je touche à peine à ma pleine maturité ; j’ai vu de mes yeux d’enfant la première république sans la comprendre et sans me souvenir d’autre chose que des sanglots qu’elle faisait retentir dans les familles décimées par les prisons ou les échafauds ; j’ai vu l’empire sans entendre autre chose que les pas des armées allant se faire mitrailler sur tous les champs de bataille de l’Europe, et les chants de victoire mêlés au deuil de toutes ces familles du peuple qui payaient ces victoires du sang prodigué de leurs enfants ; j’ai vu l’Europe armée venir deux fois, sur les traces de nos armées envahissantes, envahir à son tour notre capitale ; j’ai vu les Bourbons rentrer avec la paix humiliante mais nécessaire à Paris et y retrouver la guerre des partis contre eux au lieu de la guerre étrangère éteinte sous leurs pas ; j’ai vu Louis XVIII tenter la réconciliation générale, dans le contrat de sa charte entre la monarchie et la liberté ; je l’ai vu manœuvrer avec longanimité et sagesse au milieu de ces tempêtes de parlement et d’élection qui ne lui pardonnaient qu’à la condition de mourir ; j’ai vu Charles X, pourchassé par la meute des partis parlementaires, ne trouver de refuge que dans un coup d’État désespéré qui fut à la fois sa faute et sa punition. […] Je le répète, mes traditions de famille m’avaient fait une seconde nature de mon attachement à la royauté séculaire de la France, aux vertus si mal récompensées de l’honnête Louis XVI, aux malheurs de sa race, à la haute et sage modération de Louis XVIII, ce roi conciliateur de la royauté et de la liberté par la charte, même au caractère chevaleresque de Charles X, tombé dans une faute, mais laissant après lui un enfant de la couronne innocent par son âge du coup d’État qui lui avait enlevé sa patrie.
Depuis cinquante ans, nous assistons à une sorte de revanche de la bataille de Muret, en ce sens que les seuls princes que puisse s’offrir une république, parlementaires retentissants ou ministres relativement durables, ont été très fréquemment des enfants du Midi… Et des poètes des mêmes régions, plus nombreux parce que démocratiques, se sont tout naturellement développés à leur ombre, comme d’autres jadis dans le rayonnement royal… Mais je m’arrête. […] On y parle aux Foules en plein air, grâce aux organes puissants dont la Nature a généreusement gratifié ses enfants. […] Nous traduisons : Un maître joueur de flûte fut Berbiguier, de Caderousse, à qui Napoléon Ier fit présent d’une flûte cerclée d’or : On dit qu’étant enfant il avait appris son art, le long des roseraies du Rhône, en imitant sur son sifflet ou son flageolet de roseau, le chant des rossignols et des fauvettes.
Ses lettres, le plus aimable et peut-être le plus original de ses ouvrages, ont révélé dans ce penseur absolu, dans ce logicien inexorable, un père presque plus père que les plus tendres ; car tout ce que ceux-ci ont d’entrailles pour l’enfant qui vit sous leur toit, tout près de leur cœur, de Maistre l’avait pour une fille née le jour même où il quittait son pays, et dont il cherchait « à se représenter la figure », entrevue et devinée par le cœur dans les tristesses de l’exil, et embellie par l’orgueil paternel. […] Dans le recueil des chansons de Béranger, nos enfants ne liront pas celles que nous avons le plus chantées, parce que nous les chantions sous l’influence des mêmes préventions qui les lui avaient inspirées. […] Le laboureur dans son sillon, le vendangeur dans sa vigne, le marin sur l’Océan, le soldat devant l’ennemi, paraissent tour à tour, en des cadres appropriés aux portraits, non avec des perfections romanesques, mais avec les mœurs simples et fortes que fait le travail, et que transmettent les pères aux enfants, dans les familles encore nombreuses, grâce à Dieu, qui sont comme le sel de la terre française.
Pour l’enfant, cette distinction est d’abord impossible. […] L’enfant répète toujours le même mot ou le même geste ; de même pour les êtres inorganiques, qui persévèrent dans le même mouvement ou dans la même figure. […] « Un enfant tombe d’un mur, dit Abercrombie ; revenu à lui, il sent que sa tête est blessée, mais ne soupçonne pas comment il a reçu la blessure.
certes, il faut que nous soyons de bien bons enfants en littérature, si nous sommes en politique de mauvais garçons ; il faut que nos besoins d’originalité ne soient pas bien grands, à nous autres éreintés de l’époque actuelle, pour que nous soyons si aisément satisfaits de la répétition des mêmes idées, des mêmes sentiments, du même langage et presque des mêmes mots, des mêmes tableaux et de la même manière de peindre, et que nous en jouissions avec autant de pâmoison de plaisir et de furie d’enthousiasme que si tout cela était inconnu, inattendu, virginal, et tombé, pour la première fois, du ciel ou du génie d’un homme. […] Il était énormément jeune quand il eut son premier succès, qui fut énorme, et quand madame de Staël, appuyant une main inspirée sur son énorme front, le sacra : l’Enfant du Génie ! […] Raisonnement aussi bête que celui-là qui exigerait que l’enfant devenu homme rentrât dans le ventre de sa mère… et pourtant raisonnement toujours d’un effet certain sur les bourgeois, et même sur des bourgeois qui se croient chrétiens !
Les peuples grossiers procèdent à peu près comme les enfants. Si vous avez parfois étudié le langage des enfants, comme s’y plaisait Rousseau, vous avez pu observer que leurs barbarismes sont logiques. […] Un enfant ne manque pas de dire, par sa logique naturelle : Irai-je-t’y ? […] Les peuples barbares procédaient comme cet enfant ; ils altéraient, ils suppléaient, ils raccommodaient la langue latine par des ressources à peu près semblables. […] Quand un enfant avait le bonheur de naître fils de gentilhomme, et que cet enfant était vif, allègre, on le tirait à sept ans des mains des femmes ; il n’avait guère autre chose à faire que de courir et de s’exercer au saut et à la lutte.
Dire que nos ouvrages sont nos enfants, à nous surtout qui n’en avons point d’autres, c’est à peine une métaphore. […] Les prix scolaires sont la juste récompense du travail et un moyen habile de l’encourager ; mais je ne fonderais pas de grandes espérances sur l’avenir d’un enfant qui, sans porter le moindre intérêt aux études elles-mêmes, n’aurait de goût que pour les couronnes en papier peint et les volumes dorés. […] Les pauvres enfants, qui, d’instinct, sentent bien que leur professeur s’est instruit par la lecture des commentaires beaucoup plus que par celle des textes, suivent notre exemple, non notre conseil, et ils ont joliment raison. […] Or, n’y a-t-il pas eu des époques où la marée montante de l’irréligion était si invinciblement dans la force des choses et dans la logique de l’histoire que toute tentative pour résister au flot aurait été semblable à la naïve folie d’un enfant luttant contre le flux de la mer ? […] Personne pourtant ne s’est jamais avisé de dire que ce grand favori de notre âge soit né trop tôt ; car il est aussi, avec évidence, l’enfant de son propre siècle.
Ce malheureux enfant n’aurait jamais pu se résigner à la vie, le pain ne lui eût-il pas manqué, et il se sérail enveloppé, pour y mourir, dans son orgueil solitaire. […] Le lord-maire et les jeunes seigneurs en frac écarlate ont paru bien bons enfants de s’occuper de ce sauvage maniaque et de le venir relancer avec cette persistance. […] Quelle douce charité féminine elle déployait envers ce grand enfant de génie mutiné contre le sort ! […] Soumet était un des coryphées de l’école naissante : mais il fut bientôt remplacé, et la douce et tremblante clarté de son étoile fut obscurcie par le soleil levant de Victor Hugo, que Chateaubriand venait de baptiser enfant de génie. […] Lazare décrit les souffrances des misérables sur qui roule le poids de la civilisation, les plaintes de l’homme et de l’enfant pris dans les engrenages des machines, et les gémissements de la nature troublée par le travail des pionniers du progrès.
Ce manteau de Janin semble avoir eu sur le bon abbé tout l’effet merveilleux du manteau d’Élie sur Élisée ; et c’est depuis ce moment que M. de Lamennais s’est laissé aller de plus en plus au poète au lieu du prêtre, à l’artiste, au bon enfant, au camarade de Liszt et de George Sand. […] Pour apaiser un peu cette soif d’avoir toujours prédit juste en politique, il devrait avoir derrière lui, comme l’antique Gracchus, son joueur de flûte qui lui chanterait à mi-voix son hymne du duc de Bordeaux, qu’il a tant oublié : Il est né l’enfant du miracle ! […] Tout enfant, Guizot était de même. […] Ce libertin de Voltaire a remarqué que faire des idées pour celui qui pense, c’est un peu un plaisir pareil à celui de faire des enfants. […] — Lorsqu’il arrivait à de Vigny de parler de la grande fortune de sa famille ruinée par la Révolution, sa mère l’interrompait en lui disant : « Mais, Alfred, tu oublies qu’avant la Révolution nous n’avions rien. » — De Vigny a demandé à l’empereur à Compiègne, devant témoins, d’être le professeur qui apprendrait à lire au prince impérial, alors tout enfant.
Ils se vouent avec une ardeur plus sainte au grand acte des noces, et les émotions qu’ils ressentent alors enrichissent de germes d’or l’enfant futur qui devra naître de leurs baisers. […] Francis Jammes vient de faire paraître un volume de vers, De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir, et c’est une excellente occasion pour nous, de juger la valeur réelle de cet enfant chéri des muses symbolistes, que M. de Régnier salue avec déférence (ce qui ne signifie pas grand-chose), et que M. […] Les beaux flancs d’Ève fructifieront ; ce sont eux qui donneront naissance à « l’enfant futur », radieux comme un printemps. […] Georges Rodenbach et Camille Lemonnier prononcent également et avec une égale anxiété ces mots : l’enfant futur, une nouvelle race. […] D’où naîtra-t-il l’enfant divin, l’homme nouveau, d’où sortiront les futures races ?
Bornons-nous donc à enregistrer le point sur lequel tout le monde est d’accord, à savoir que le petit enfant comprend immédiatement des choses que l’animal ne comprendra jamais, et qu’en ce sens l’intelligence, comme l’instinct, est une fonction héréditaire, partant innée. […] L’enfant qui vient de naître ne connaît ni des objets déterminés ni une propriété déterminée d’aucun objet ; mais, le jour où l’on appliquera devant lui une propriété à un objet, une épithète à un substantif, il comprendra tout de suite ce que cela veut dire. […] On l’observe chez le petit enfant, du jour où il commence à parler. […] On raconte qu’un enfant employé à ce travail, et fort ennuyé d’avoir à le faire, eut l’idée de relier les manivelles des robinets, par des cordons, au balancier de la machine. […] Maintenant, un observateur qui eût comparé la structure de cette seconde machine à celle de la première, sans s’occuper des deux enfants chargés de la surveillance, n’eût trouvé entre elles qu’une légère différence de complication.