La temperature du climat des Païs-Bas et la nature du sol, y font croître les arbres plus près l’un de l’autre, plus droits, plus hauts et mieux garnis de feüilles, que les arbres de la même espece qui viennent en Grece, en Italie et même en plusieurs provinces de la France.
Il y a droit par son sujet : la nature commune des nations ; sujet vraiment universel, dont l’idée embrasse toute science digne de ce nom.
Si une lecture attentive des Récits d’un Chasseur inspire une profonde aversion pour les droits dont disposent les seigneurs russes, ce n’est point M. […] La Pologne, ce théâtre habituel de toutes les déclamations contre les Russes, avait des droits légitimes à revendiquer de trois puissances, la Russie, l’Autriche et la Prusse. […] Toutes les fois qu’un droit ou un rêve de liberté traverse la pensée morte d’une nation démembrée et ensevelie, elle ne doit attendre la résurrection que d’elle-même. Elle a le droit de revivre comme tout ce qui a été enseveli avant la mort, mais elle n’a pas le droit de disposer des enfants, des biens et du sang de la France, pour tenter après soixante et dix ans une résurrection courte et impossible. […] Il possédait vingt-deux roubles et demi qui, ainsi que tous ses effets, seront envoyés par mes soins aux personnes de sa famille qui ont droit à cet héritage.
Elle se demandera si la raison étroite et relative de l’artiste doit avoir gain de cause sur la raison infinie, absolue, du créateur ; si c’est à l’homme à rectifier Dieu ; si une nature mutilée en sera plus belle ; si l’art a le droit de dédoubler, pour ainsi dire, l’homme, la vie, la création ; si chaque chose marchera mieux quand on lui aura ôté son muscle et son ressort ; si, enfin, c’est le moyen d’être harmonieux que d’être incomplet. […] Le type du beau reprendra bientôt son rôle et son droit, qui n’est pas d’exclure l’autre principe, mais de prévaloir sur lui. […] De quel droit cet acteur, qui s’appelle Pierre ou Jacques, prend-il le nom de Cid ? […] Elle peut oser, hasarder, créer, inventer son style : elle en a le droit. […] Que si vous voulez une tige lisse, des branches droites, des feuilles de satin, adressez-vous au pâle bouleau, au sureau creux, au saule pleureur ; mais laissez en paix le grand chêne.
Il est d’ailleurs le plaisir le plus économique, ne prenant que le temps qu’on veut bien lui consacrer, et, s’il n’est pas dérobé au travail obligé, on est en droit de dire qu’il ne coûte rien. […] Il reçoit les conseils, les avis, les leçons les plus disparates ; il lui est donné tous les exemples, et s’il n’est pas suffisamment préparé, armé, s’il n’a pas le sens droit et la volonté ferme, il sombre. […] Autant vaudrait nous dire Vous applaudissez Molière, Corneille, Hugo, Mozart, Rossini, de quel droit ? […] Le lecteur alors est en droit de se persuader que l’action qui va se dérouler est en rapport direct avec le milieu si longuement et si minutieusement analysé. […] Zola est plongé dans une telle ivresse qu’il se croit en droit d’imposer des opinions comme des arrêts, et cela solennellement.
Il est arrivé nécessairement qu’en s’opposant aux excessives apothéoses de la femme ils ont touché aux droits de l’art. […] Littéraire, car il ne s’agit même pas de supposer légitime le droit unique à la vérité absolue qu’une religion proclame. […] La force a les droits de la force ; elle les outrepasse en jetant à travers le monde des aphorismes enveloppés de vertu comme des pièges cachés sous des feuilles mortes. […] D’ailleurs, aller tout droit, comme une balle (tout droit, ou selon la trajectoire prévue), dans la droite voie de la logique, est plutôt le fait des esprits simples, — je ne dirai pas médiocres, ce qui serait bien différent. […] Il voit la question par le côté extérieur : il est plein de sympathie, mais il manque, et c’est bien son droit, de cet amour qui adore jusqu’aux défauts de sa passion et qui veut que l’être unique triomphe tout entier, même contre tout droit, toute justice et sagesse.
c’est bien là le sublime de la galanterie romanesque ; mais l’amour naturel va plus droit à son but. […] C’était l’ancien droit de la guerre, et ce droit existe encore chez quelques nations. […] Racine n’avait pas destiné cette pièce pour le Théâtre-Français ; elle lui paraissait appartenir de droit aux Italiens et à Scaramouche. […] Racine est d’un avis tout différent, et il a droit aussi, lui, d’avoir un avis sur cette matière. […] En polissant l’expression, on acquiert un droit à la pensée ; le style en vers est une création.
Je n’ai pas dissimulé les torts et infime les petits ridicules du chevalier, et j’ai le droit, ce me semble, d’en venir maintenant à ses mérites ; ils sont très-réels, très-fins, et ce m’a été un si sensible plaisir de les découvrir que je voudrais le faire partager. […] Il ne faut point douter que l’on en puisse acquérir lorsqu’un habile homme s’en mêle. » « Ceux qui ont le cœur droit ont le sens de même, pour peu qu’ils en aient ; et prenez garde que de certaines gens qui ont tant de plis et de replis dans le cœur n’ont jamais l’esprit juste : il y a toujours quelque faux jour qui leur donne de fausses vues. » « On ne saurait avoir le goût trop délicat pour remarquer les vrais et les faux agréments, et pour ne s’y pas tromper. Ce que j’entends par là, ce n’est pas être dégoûté comme un malade, mais juger bien de tout ce qui se présente, par je ne sais quel sentiment qui va plus vite, et quelquefois plus droit que les réflexions. » « Il faut, si l’on m’en croit, aller partout où mène le génie, sans autre division ni distinction que celle du bon sens. » « Celui qui croit que le personnage qu’il joue lui sied mal ne le saurait bien jouer, et qui se défie d’avoir de la grâce ne l’a jamais bonne. » « Pour bien faire une chose, il ne suffit pas de la savoir, il faut s’y plaire, et ne s’en pas ennuyer. » « Ce qui languit ne réjouit pas, et quand on n’est touché de rien, quoiqu’on ne soit pas mort, on fait toujours semblant de l’être. » « La plupart des gens avancés en âge aiment bien à dire qu’ils ne sont plus bons à rien, pour insinuer que leur jeunesse étoit quelque chose de rare. » Cet honnête homme que le chevalier veut former, et qui est comme un idéal qui le fuit (car l’ordre de société que ce soin suppose se dérobait dès lors à chaque instant), lui fournit pourtant une inépuisable matière à des observations nobles, délices, neuves, parfois singulières et philosophiques aussi. […] Aussi la vraie honnêteté est indépendante de la fortune ; comme elle s’en passe au besoin, elle ne s’y arrête pas chez les autres ; elle n’est dépaysée nulle part : « Un honnête homme de grande vue est si peu sujet aux préventions que, si un Indien d’un rare mérite venoit à la cour de France et qu’il se pût expliquer, il ne perdroit pas auprès de lui le moindre de ses avantages ; car, sitôt que la vérité se montre, un esprit raisonnable se plaît à la reconnoître, et sans balancer. » Mais ici il devient évident que la vue du chevalier s’agrandit, qu’il est sorti de l’empire de la mode ; son savoir-vivre s’élève jusqu’à n’être qu’une forme du bene beateque vivere des sages ; son honnêteté n’est plus que la philosophie même, revêtue de tous ses charmes, et il a le droit de s’écrier : « Je ne comprends rien sous le ciel au-dessus de l’honnêteté : c’est la quintessence de toutes les vertus. » Vous êtes-vous jamais demandé quelle nuance précise il y a entre l’honnête homme et le galant homme ? […] L’agrément est plus flatteur et plus insinuant ; il va plus droit au cœur, et par des voies plus secrètes.
En ce qui les concerne, le champ des observations est assez ample, en effet, soit qu’on s’amuse à relever les licences de leur plume à l’encontre de la logique, du bon sens et de la grammaire ; soit qu’on estime juste de dévoiler les subterfuges de signatures illusoires et de collaboration multiple au moyen desquels ils enflent démesurément leurs volumes et leurs droits d’auteurs ; soit qu’au nom d’un certain principe d’hygiène morale et d’assainissement littéraire, on proteste contre les abus d’une production sans vergogne et sans règle. […] sans se presser, sentencieusement et péremptoirement, notre personnage considère comme un devoir d’exposer dans toutes les règles à celui qui n’a plus qu’une minute à vivre les convenances du droit civil et les prescriptions juridiques applicables à son cas ! […] Des pseudo-feuilletonistes, qui ne connaissent même pas le sujet du feuilleton au bas duquel ils mettent leur signature, mais qui en tirent profit comme de leur bien propre, après avoir donné une bouchée de pain aux pauvres diables dont ils ont exploité la plume, vous passerez sans doute quelque jour aux auteurs dramatiques par procuration, à ceux qui, sans avoir écrit une seule réplique de la pièce, imposent leur nom sur l’affiche et touchent les droits d’auteur, quitte à en rendre une partie, la plus petite possible, à l’auteur véritable et une autre, plus forte, au directeur dont la complicité leur permet cette friponnerie. […] Dans la politique intérieure, même triomphe du roman-feuilleton : l’outrage et la calomnie ; d’un côté, le rédacteur, qui est la loyauté, la franchise, la nation même et l’âme de la patrie ; de l’autre, tous ceux qui ne pensent pas comme lui, les traîtres, des gens qui trament dans l’ombre les plus noirs complots, et auxquels, fussent-ils d’ailleurs les meilleurs serviteurs du pays, par tous les moyens, contre les lois, contre tout droit, il faut imposer silence. […] Mais il y en a dans tous les genres, et l’exception n’empêche pas qu’il existe dans la catégorie des feuilletonistes comme dans les plus élevées, des écrivains, sans doute modestes, des écrivains dont vous avez tout le droit de discuter les œuvres, mais qui ont la très légitime prétention de ne le céder à aucun, au point de vue de la probité littéraire et qui, s’ils n’y réussissent pas toujours, font toujours de leur mieux pour apporter leur toute petite pierre, le simple grain de mortier si vous voulez, à l’immortel édifice des Lettres Françaises.
C’est la protestation du droit vaincu contre la force écrasante, de la justice opprimée contre l’iniquité qui triomphe. […] Tu vois où conduit une langue effrénée. » Le bonhomme de dieu seul bien au fond qu’il rabâche un peu, et il l’avoue avec une naïveté débonnaire : — « Peut-être te semblé-je dire des vieilleries », — λέγειν τάδε άρχαια. — Serviable d’ailleurs, dévoué à sa manière, il se croit bien en cour, et offre à Prométhée d’arranger l’affaire avec Zeus, s’il consent à reconnaître le droit du plus fort. […] Son omnipotence fondée sur la force s’était affermie par l’oppression, il avait haï les hommes avant de les adopter ; ses mythes divinisaient les violences et les vengeances arbitraires ; les tyrannies humaines avaient pu s’autoriser de son despotisme. — Que Zeus n’abuse donc point de son droit de conquête, qu’il croisse en vertu comme la piété des hommes le fait grandir en puissance. […] Il ajuste et renouvelle sur sa bouche les traits ailés qui frappent droit sur l’esprit du peuple, et le font vibrer comme une cible émue. […] Il portait en lui, sur le droit et sur la justice, sur la discordance des dieux arbitraires et défectueux de son culte avec la sublimité de sa pensée religieuse, des idées dont le terme n’était pas venu, et il les sentait remuer confusément au fond de son âme.
Qu’il nous soit permis maintenant de peser de sang-froid, sans humeur comme sans flatterie, ces dispensateurs de la renommée, et le droit qu’ils s’arrogent ou qu’on leur accorde d’annoncer ses oracles. […] Tous les hommes, quoi qu’en dise l’imbécillité, la flatterie ou l’orgueil, sont égaux par le droit de la nature : le principe de cette égalité se trouve dans le besoin qu’ils ont les uns des autres, et dans la nécessité ou ils sont de vivre en société ; mais l’égalité naturelle est en quelque manière détruite par une inégalité de convention, qui, en distinguant les rangs, prescrit à chacun un certain ordre de devoirs extérieurs ; je dis extérieurs ; car les devoirs intérieurs et réels sont d’ailleurs parfaitement égaux pour tous, quoique d’une espèce différente. […] On pourrait comparer les journalistes dont je parle, à ces mercenaires subalternes établis pour lever les droits aux portes des grandes villes, qui visitent sévèrement le peuple, laissent passer avec respect les grands seigneurs, permettent la contrebande à leurs amis, la font très souvent eux-mêmes, et saisissent en revanche pour contrebande ce qui n’en est pas. […] Et pourquoi un homme de lettres n’aurait-il pas le même droit à l’opulence, que tant d’hommes inutiles ou nuisibles à la patrie, dont le luxe scandaleux insulte à la misère publique ! […] Les talents, le malheur et la philosophie donnent des droits à ses bontés.
C’est que, plus on descend dans les profondeurs de la conscience, moins on a le droit de traiter les faits psychologiques comme des choses qui se juxtaposent. […] Ainsi, quand le muscle droit externe de l’œil droit est paralysé, le malade essaie en vain de tourner l’œil du côté droit ; pourtant les objets lui paraissent fuir à droite, et puisque l’acte de volonté n’a produit aucun effet, il faut bien, disait Helmholtz 5, que l’effort même de la volonté se soit manifesté à la conscience. — Mais on n’a pas tenu compte, répond M. […] C’est ce mouvement de l’œil gauche, perçu par la conscience, qui nous donne la sensation d’effort, en même temps qu’il nous fait croire au mouvement des objets aperçus par l’œil droit.
La large face soigneusement rasée, au nez droit, à la bouche sinueuse, s’animait de deux yeux clairs, dont l’un s’abritait derrière le verre d’un monocle. […] Dans un coin, un piano droit. […] Dans la seconde, il revient sur le droit pour le poète à ne pas être tenu responsable de ses fictions. […] Si d’autres sont donc en droit, mieux que nous, d’aimer l’œuvre de Mistral, nous pouvons du moins l’admirer autant qu’eux. […] En ce temps-là, on y avait le droit d’exclusive contre un candidat.
Ceux de la caste de Naïr ont, s’ils les rencontrent sur leur chemin, le droit de les tuer. […] De lui-même, de son individualité, de son droit à la vie, à l’aisance, à la jouissance du progrès dont il était la main, il n’était jamais question. […] Il demanda pour les ouvriers le droit à la vie, le droit à la beauté, le droit au loisir, et voici en quels termes admirables il formulait son idée : « La seule richesse, c’est la vie, la vie avec toutes ses facultés d’amour, de joie et d’admiration. […] Puis, quelques secondes après : j’ai une flamme dans l’œil droit ; tout me semble couleur d’or. […] L’ouvrier achète souvent un peu cher le droit de manger, et surtout de boire.
Cette simple formule : les « Droits de l’Homme », décèle pour lui l’erreur fondamentale de la philosophie du dix-huitième siècle qui faisait de l’individu le principe premier, la cellule génératrice du corps social. […] Enfin, Florence aurait le droit de bâtir une forteresse à Camporegio où elle tiendrait garnison. […] Un observateur complètement désintéressé n’aurait pas plus d’impartialité clairvoyante pour parler d’événements dont l’ancien chancelier aurait le droit de dire le classique : Et quorum pars magna fui. […] La désertion de 1918 n’eût jamais eu lieu si le fuyard avait eu le cœur d’un souverain qui ne se reconnaît pas le droit de démissionner et d’un militaire résolu à mourir plutôt qu’à reculer. […] Son empressement à faire connaître à qui de droit les documents dont il a la garde, est légendaire parmi les érudits.
Les droits, les pouvoirs, les contraintes et les attraits de la vie féodale ont disparu. […] Par malheur, ce talent conduit parfois aux balourdises ; quand on parle bien de tout, on se croit le droit de parler de tout. […] Les écrivains ne vont pas vers une idée générale, et ils ne vont pas par le chemin le plus droit. […] Il lui faut une constitution et une religion qui le refrènent par des devoirs à observer et qui l’occupent par des droits à défendre. […] Tout ce qu’il y a de plus exquis dans le bonheur, de plus brillant dans l’art, de plus élevé dans le monde, il l’avait pris et comme par droit de naissance.
… Ils violent des droits que tu n’as pas gardés ! […] Car chacun des efforts qu’ils font contre l’amour, les élève à un degré plus haut d’héroïsme qui a droit à une somme plus grande d’amour. […] Dieu n’est qu’un nom commode pour désigner la dissociation du fait et du droit, l’écart entre le rationnel et le réel dans les événements humains. […] C’était son droit, et l’on savait du reste qu’il en avait usé. […] Sedaine se maintient dans un optimisme un peu court : évidemment, il vaudrait mieux que tous les hommes fussent droits et simples, et bienfaisants comme Van Derk.
Quand le domaine d’une science est activement exploité, quand il n’y a pas en elle un coin qui n’ait été remué ou exploré, quand elle connaît son but et ses moyens, elle ne relève plus que d’elle-même ; elle a conquis ses droits à l’indépendance par le succès. […] Constituer la théorie des droits et des devoirs de l’homme, sans rien demander non-seulement à la religion, mais à la philosophie ; poser la morale à titre de science première, et qui ne relève que d’elle-même ; l’affranchir de la nécessité préalable d’une doctrine métaphysique dont elle ne serait que la conséquence : telle est la tâche qu’ont poursuivie quelques contemporains. […] Car au nombre des sciences qu’on appelle morales, c’est-à-dire qui ont pour objet des manifestations de la pensée et de la volonté humaines, ne place-t-on pas la science du langage, le droit, l’économie politique, qui s’interdisent le plus possible, et chaque jour davantage, toutes les discussions métaphysiques ? […] Or, à moins d’admettre l’opinion cartésienne des bêtes machines, qui n’a plus de partisan que je sache, il faut bien reconnaître que les animaux ont leurs sensations, leurs sentiments, leurs désirs, leurs plaisirs et leurs douleurs, leur caractère, tout comme nous ; qu’il y a là un ensemble de faits psychologiques qu’on n’a aucun droit de retrancher de la science.
L’une théologique, où il rapportoit les sentimens des maîtres de l’école ; & l’autre jurîdique tirée tantôt du droit canon, tantôt du droit civil. […] Les jeunes Jurisconsultes y trouveront des modèles pour tous les genres d’affaires dont ils peuvent être chargés, des points d’histoire éclaircis par une judicieuse critique, des questions de droit traitées avec grace, des procédures même débrouillées avec tant de netteté, que le lecteur oublie souvent qu’on l’entretient de chicane. […] Nourri de la lecture des anciens Orateurs, & connoissant à fond le Droit Romain & les Loix du Royaume, il parut au commencement de sa carriere armé d’une éloquence vraie, sublime & pleine de choses, mais toujours propre à la cause qu’il défendoit.
Jusqu’à ce qu’il nous soit possible de dire précisément pourquoi une telle espèce est plus nombreuse en individus que tel autre, et pourquoi une certaine forme plutôt qu’une autre peut être naturalisée en telle ou telle contrée, nous ne pouvons nous étonner avec droit de ne pouvoir nous rendre compte de l’extinction de certaines espèces ou de certains groupes. […] Comme nous avons des motifs de croire que de vastes régions du globe sont affectées à la fois par le même mouvement, il est probable que des formations exactement contemporaines ont été souvent accumulées sur de vastes espaces dans la même partie du monde, mais nous n’avons aucun droit de conclure qu’il en ait été ainsi à toutes les époques, et que de grandes régions aient toujours été affectées à la fois des mêmes mouvements. […] Cependant l’on aurait droit de contester que ces genres éteints fussent intermédiaires en caractères entre les genres vivants des trois familles qu’ils seraient ainsi venus relier entre elles ; car ils ne seraient intermédiaires entre les genres vivants que d’une façon indirecte, et seulement par un circuit long et tortueux, à travers de nombreuses formes toutes différentes. […] Tout ce que nous pouvons espérer avec quelque droit, c’est que ceux d’entre ces groupes qui, pendant le cours des périodes géologiques connues, ont subi de grandes modifications, soient rapprochées les uns des autres de quelques pas, par la découverte de quelques-uns de leurs ancêtres dans les formations les plus anciennes ; de sorte que les plus anciens membres de la série diffèrent moins les uns des autres en quelques-uns de leurs caractères que les membres existants du même groupe.
Vicq d’Azyr laisse trop voir sans doute ses intentions et ses moyens ; son art n’est pas de ceux qui se dérobent : chez lui pourtant ce qu’on est en droit d’appeler la rhétorique ne se sépare jamais de l’idée et de l’emploi même du talent. […] et pourquoi voudrait-on que la jeunesse et la vigueur de l’âme obéissent à des lois que nul n’a droit de leur dicter ?
Je sais des hommes d’étude et de lecture approfondie qui placent Fleury très haut, plus haut qu’on n’est accoutumé à le faire aujourd’hui, qui le mettent en tête du second 265 rang ; ils disent « que ce n’est sans doute qu’un écrivain estimable et du second ordre, mais que c’est un esprit de première qualité ; que ses Mœurs des israélites et des chrétiens sont un livre à peu près classique ; que son Traité du choix et de la méthode des études, dans un cadre resserré, est plein de vues originales, et très supérieur en cela à l’ouvrage plus volumineux de Rollin ; que son Histoire du droit français, son traité du Droit public de France, renferment tout ce qu’on sait de certain sur les origines féodales, et à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans certains chapitres des plus célèbres historiens modernes, qui n’y ont mis en sus que leurs systèmes et se sont bien gardés de le citer ; que Fleury est un des écrivains français qui ont le mieux connu le Moyen Âge, bien que peut être, par amour de l’Antiquité, il l’ait un peu trop déprécié ; que cet ensemble d’écrits marqués au coin du bon sens et où tout est bien distribué, bien présenté, d’un style pur et irréprochable, sans une trace de mauvais goût, sans un seul paradoxe, atteste bien aussi la supériorité de celui qui les a conçus. » Pour moi, c’est plutôt la preuve d’un esprit très sain.
Molé, alors président du Conseil des ministres, qui aimait et estimait fort M. de Tocqueville, le porta ou avait dessein de le porter comme candidat du gouvernement ; dès que M. de Tocqueville le sut, il s’empressa de repousser toute attache officielle, revendiquant non pas le droit d’attaquer le pouvoir, mais celui de ne l’appuyer que librement, dans la mesure de ses convictions. […] Ces esprits faits, quand ils s’y mettent, ont sur les livres des jugements droits et justes, et qui ne sentent en rien le métier.
J’ai pris moi-même la part qui me revient de ces allusions timidement désobligeantes, et j’y ai acquis (ce que je ne recherche ni ne fuis jamais) le droit de dire, même à un confrère, la vérité. […] (J’ai exercé, en écrivant cet article, un droit de critique : M. de Laprade avait, le premier, appelé la riposte par des attaques sourdes.
Il a raconté ce moment décisif de sa vie d’une manière touchante, et que nul n’a droit de ne pas croire sincère. […] Veuillot, qui a eu le courage plébéien d’être un Saint-Simon en plein vent et à pleinepoitrine, à la barbe de l’ennemi, a droit de dire son fait au duc et pair.
Mais ce député, Cassanyes, homme droit et sensé, contraria peu Dagobert, qu’il se plaisait à appeler mon général, supporta ses humeurs et ses paroles parfois un peu vertes, et lui voua une amitié respectueuse qui ne se démentit jamais. […] Comme on aime le guerrier intrépide, intelligent, resté droit et pur !
Ceux qui admiraient son art et sa force sentaient pourtant quelques-uns de ses défauts, cette description trop continue, cette tension perpétuelle qui faisait que chaque objet venait saillir au premier plan et tirer le regard ; on aurait voulu aussi que, sans renoncer à aucune hardiesse, à aucun droit de l’artiste sincère, il purgeât son œuvre prochaine de tout soupçon d’érotisme et de combinaison trop maligne en ce genre : l’artiste a bien des droits, y compris celui même des nudités ; mais il est besoin qu’un certain sérieux, la passion, la franchise de l’intention et la force du vrai l’absolvent et l’autorisent.
Pour la littérature ancienne et latine particulièrement, une traduction en vers, faite avec soin et élégance, était jugée une conquête définitive, une œuvre considérable et de toute une vie, qui, menée à bonne fin et imprimée, conduisait tout droit son homme à l’Académie française. […] Mais dans tout ce récit où se complaît cette nature paterne si sincère et si naïve, ne sentez-vous pas la veine de bonhomie, d’indulgence et d’humanité, propre au poète qui avait le droit de dire : Homo sum ?
Il suivait droit sa ligne. […] On a le droit de s’en étonner bien plus, aujourd’hui qu’on a lu, dans la Correspondance de Napoléon, la lettre confidentielle suivante, adressée par l’Empereur au ministre de la Police générale, Fouché : « Schœnbrunn, 5 septembre 1809.
Si elles s’appellent Marie, il leur revient de droit avec un bouquet de fleurs blanches. […] On remonterait ainsi tout droit aux Alexandrins.
Au milieu de l’ensemble si magnifique et si harmonieux de l’œuvre de Racine, Bérénice a droit de compter pour beaucoup. […] Racine a eu droit de rappeler en sa préface que la véritable invention consiste à faire quelque chose de rien ; ici ce rien, c’est tout simplement le cœur humain, dont il a traduit les moindres mouvements et développé les alternatives inépuisables.
A partir d’elle on a commencé à posséder comme un droit ce qui n’était guère auparavant qu’une audace et une usurpation. […] que cela lui donnait bien le droit de dire, comme plus tard, et revenue des orages, elle l’écrivait dans une lettre à M. de Silly : « N’en déplaise à Mme de…, qui traite l’amour si méthodiquement, chacun y est pour soi, et le fait à sa guise.
Il est quelques génies qui ont le droit de se croire utiles à leurs semblables, mais combien peu d’êtres peuvent se flatter de quelque chose de plus glorieux que d’assurer à soi seul la félicité d’un autre : des moralistes sévères craignent les égarements d’une telle passion. […] Il n’est pas vrai du tout, que dans la moralité du cœur humain, un lien ne confirme pas un penchant ; il n’est pas vrai, qu’il n’existe pas plusieurs époques dans le cours d’un attachement, où la moralité ne resserre pas les nœuds qu’un écart de l’imagination pouvait relâcher ; les liens indissolubles s’opposent au libre attrait du cœur : mais un complet degré d’indépendance rend presque impossible une tendresse durable ; il faut des souvenirs pour ébranler le cœur, et il n’y a point de souvenirs profonds, si l’on ne croit pas aux droits du passé sur l’avenir, si quelque idée de reconnaissance n’est pas la base immuable du goût qui se renouvelle : il y a des intervalles dans tout ce qui appartient à l’imagination, et si la moralité ne les remplit pas, dans l’un de ces intervalles passagers, on se séparera pour toujours.
Enfin, il se faisait lui, le tard-venu, il se faisait du droit du génie le cher du mouvement romantique par la Préface de Cromwell (1827). […] C’est une œuvre de combat, venue après la défaite : œuvre d’un esprit vigoureux et pénétrant, mais systématique, partial, fermé à tout ce que son parti pris ne l’autorise à comprendre, juge délicat des œuvres qu’il se reconnaît le droit d’admirer.
Toute âme un peu douce, un peu tendre, un peu soucieuse de l’équité, un peu pitoyable à ce peuple dont on n’a guère le droit d’exciter les appétits quand on n’a rien à lui donner, sera effrayée et scandalisée de l’œuvre de M. […] Il a gardé, dans la société contemporaine, quelque chose de la fière allure de ces aventuriers d’autrefois qui, vivant dans des sociétés moins munies de police et de gendarmes, payaient de beaucoup de courage le droit de faire à leur guise et de n’être point jugés tout haut.
Les noms de Plotin et de Platon auront droit à une inscription sur l’édifice composite. […] Il ne voit guère qu’une recommandation à faire à l’artiste : « Il faut obéir à son génie. » Et il dit à tous : « On n’agit décemment qu’en conformité avec sa propre nature ; les gens qui veulent agir ou ne pas agir d’après les ordres d’une morale extérieure à leur vérité personnelle finissent, Dieu aidant, dans les compromis les plus saugrenus. » Décidément cet homme ne respecte rien : morale extérieure, lois, science aux prétentions « législatives », il raille toutes les beautés rectilignes qui émeuvent les braves gens de la « règle » et du « droit chemin ».
Notre langue n’a rien à perdre pour se sentir plus arrêtée dans ses contours, plus dégagée dans ses allures, plus ferme dans sa marche, en allant droit devant elle, comme vers un but, à l’expression définitive de la pensée, sans s’attarder en mille détours comme la langue allemande, embarrassée d’incises, d’inversions et de toute sorte d’ambages. […] « Soyons modestes chacun pour nous ; ne le soyons pas, nous n’en avons pas le droit, pour notre nation ; ne faisons pas bon marché d’une possession qui n’a d’égale nulle part.
Serrer sa pensée autour des faits, qui est le grand mérite de l’historien, n’était pas possible à cette femme dont le moi a des pieds d’éléphant, qui se fourrent partout et qui écrasent tout… D’ailleurs l’Italie des Italiens n’était pas qu’un livre d’histoire ; c’était aussi un voyage où l’auteur avait le droit de parler de soi, et vous pensez si elle allait s’en servir, de ce droit, parfois insupportable !
Je n’en ai pas moins le droit de rattacher les deux poètes à la ville de leurs pères, à la cité de Dante. […] Avec Rome capitale, l’Italie est entrée enfin dans sa voie normale, dans son droit.
Delacroix insiste uniquement sur les lectures de Stendhal-et c’est son droit, c’est surtout la coutume des historiens de la philosophie de voir leur sujet sous l’angle un peu spécial des dérivations d’idées issues de lectures. […] Ils partaient, oublieux, vers cette lueur éthérée et azurée qu’entrevoit sous les paupières closes, le regard dilaté par l’amour… etc. » Le rythme de l’étreinte corporelle n’est que présage dans l’amour total, mais l’amour lui-même n’est que présage pour cette région plus vaste du rythme universel, il n’est lui-même que l’un des couples de Watteau, le plus près, levé droit, de l’étang azuré ; les autres s’approchent, faits à son image et qui épousent son mouvement, et il existe un certain degré de musique, point étranger à l’Embarquement, où l’on sent à la fois et que l’amour n’est plus rien et que rien n’est plus qui ne soit l’amour.
Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ? […] Cette liaison intime, cette rapidité qui fait une partie de l’éloquence, ne peut naître que d’une âme ardente et sensible, et fortement affectée de l’objet qu’elle veut peindre ; mais il faut savoir quels sont les objets qui ont le droit d’affecter l’âme, et jusqu’où elle doit l’être.
Par l’extension illimitée du droit de suffrage et la substitution des tribus aux centuries, il avait, sur la trace de Marius et de César, noyé la liberté sous le nombre, abaissé le patriciat après l’avoir proscrit, et substitué au vœu libre des citoyens les clameurs serviles de la foule. […] Ce progrès en mal d’une génération sur l’autre, cette enchère de perversité dans les âges qui devaient suivre, de César à Auguste et d’Auguste au dernier des Césars, n’était-ce pas l’horoscope de l’empire et la fatalité de cette puissance sans droit et sans barrière ?
Grâce à Montesquieu, les femmes, à leur toilette, ont cru pour la première fois comprendre le langage du droit ; et, dans les salons comme à la cour, où il avait plus d’un ami, la « jurisprudence universelle » est devenue, grâce à lui, un sujet de conversation. […] et n’aurons-nous pas quelque droit de conclure qu’il a peut-être le premier « nommé » l’idée de progrès, mais, et avant lui, ce sont bien ses maîtres qui l’ont répandue dans le monde ? […] C’est ainsi qu’après avoir émancipé l’individu de la tyrannie de la communauté, et substitué la sensibilité dans les droits de l’intelligence même, Rousseau achève son œuvre en posant ce principe qu’on exprimera désormais l’homme en fonction de la nature. […] Jamais émotion ne fut plus légitime, si jamais erreur judiciaire ne fut plus déplorable. « D’un bout de l’Europe à l’autre », c’est le cas de le dire, le scandale en retombe sur la magistrature entière, et voici que tout le système du droit criminel de France en est remis en question. […] Toute son œuvre, en tant qu’une pensée s’y manifeste ou essaie de s’y faire jour au travers de son verbiage, n’est qu’un développement ou une amplification de la Lettre sur la Providence ; et toute son œuvre, en tant qu’il y revendique les droits du sentiment, n’est qu’une introduction ou une préparation au Génie du christianisme.
Saint-Marc Girardin, vers la fin de son discours, avait assez délicatement touché cette situation en disant : « Et pardonnez-moi, messieurs, si le souvenir de nos jeunes princes50me ramène naturellement vers ces écoles d’où ils sont sortis, vers ces lieux où j’ai mes plus doux devoirs, où il m’est donné de vivre avec les jeunes gens, et d’observer l’avenir de la patrie à travers le leur ; là aussi je vois la jeunesse toujours favorable aux bons sentiments et aux nobles pensées, toujours aisément émue quand on lui parle des saintes obligations de la famille ou de la gloire de la France ; bienveillante, j’ai droit de le croire, pour ceux qui l’instruisent, pour ceux même qui l’avertissent.
Louis XVIII exilé y apparaît confit dans la conscience béate de son droit divin, y puisant quelques sentiments de dignité sans doute, mais surtout un contentement superbe qui était fait pour affliger les gens sensés de son parti.
Nous avons assez critiqué, j’espère, pour avoir aussi le droit de louer.
Stanislas Cavalier, après ce premier essai qui est comme un voyage de curiosité et une visite émue dans le monde de poésie, c’est de choisir, s’il se peut, quelque endroit non occupé, ne fût-ce qu’aux rebords des chemins, de le marquer pour sien, et de le féconder assez pour avoir le droit de dire : Ceci est à moi !
Pour qu’en montant les Champs-Élysées nous puissions, d’un certain endroit, voir les Invalides à l’horizon… Mais on ne les verra guère, puisqu’en traversant l’avenue nouvelle on sera surtout préoccupé de ne pas se faire écraser par les voitures… Puis, c’est une bêtise de croire que deux avenues se coupant à angle droit ajoutent à la beauté l’une de l’autre.
Comment l’opinion publique contestera-t-elle à un tel roi le droit d’avoir une maîtresse, quand il y a peu de femmes qui ne désirassent de l’être ?
Nul n’a le droit de le proclamer s’il n’est prêt, pour conserver sa dignité et sa spontanéité, à tous les renoncements économiques.