Samois-sur-Seine était devenu, de par Elémir Bourges, Samois-sur-Avon. […] Dans l’école en formation, Téodor Wysewski, devenu plus harmonieusement Téodor de Wyzewa, tenait rang de critique. […] C’est de cette aptitude qu’il fit preuve dans les nombreux articles qu’il donna à la Revue des Deux Mondes dont il devint un collaborateur actif et régulier. […] C’est de Daumier que relèvent peut-être principalement le peintre et le caricaturiste que devint l’élève du bon M. […] Quelles que fussent devenues sa gloire et sa célébrité, Forain ne cessa jamais d’être Forain, même sous l’habit vert de membre de l’Institut.
Que la vogue change, que la faveur se porte sur un autre genre, et les romans deviendront aussi rares que sont devenues rares les tragédies. […] Chez lui, les ardeurs sensuelles du tigre humain deviennent jeux de jeune chat. […] Est-ce parce que la société est devenue démocratique ? […] Plus la société romaine devint démocratique, plus les anciennes familles sénatoriales et consulaires fortifièrent leur influence, et plus aussi elles devinrent exclusives et tranchèrent sur le reste de la nation. […] Pour devenir volontairement criminel, il peut suffire de l’avoir été involontairement.
Il ne s’agit pas d’imitation, mais d’une assimilation merveilleuse qui devient chez elles une vraie sincérité. […] C’est nouveau en poésie, semble-t-il : la virginité, cet état négatif, devient ici source de rêves, de forces secrètes et cachées. […] Il devient son amant : elle le câline de jolies phrases et de tristesses ciselées. […] Nietzsche devient un disciple de Rousseau, et l’Inconstante est nietzschéenne. […] Gillette veut remettre l’amour à sa place, en faire un jeu sans plus d’importance que cela, et le jeu devient terrible et mortel.
La curiosité est devenue une passion fatale, irrésistible ! […] G. deviendront des archives précieuses de la vie civilisée. […] — Aussi est-il devenu théologien ! […] Tout cela deviendra livre, poésie et chant, en dépit de toutes les résistances. […] Maintenant le boulevard va devenir un prêche perpétuel.
On ne veut plus, enfin, de « lois », ce qui pourrait devenir tout à fait dangereux. […] Ce qui n’était qu’un plaisir des yeux ou de l’oreille en devient un de l’imagination, ou déjà de l’esprit. […] Personne de nous ne se soucie de ce que deviendra l’aventure. […] L’intrigue ou l’action même devenaient secondaires à ses yeux. […] Et en effet que deviendrait le drame, s’il se défendait mieux ?
Si son génie inventeur ne le mit point à l’abri des méprises, il sut du moins, comme Icare, se sauver du labyrinthe avec les ailes qu’il se fabriqua, & ses erreurs mêmes sont devenues des signaux propres à diriger ses successeurs. Ce ne fut qu’à l’aide de ses principes, que Newton se rendit capable de le redresser, à peu près comme un Athlete devenu vainqueur de son maître, après avoir reçu ses leçons.
que devient la forme devant la sensation de la lumière, et devant le sentiment intérieur ? […] Ils sont pétulants, rieurs, pourvu « qu’ils ne travaillent pas » sinon ils deviennent sombres. […] Cette question devient tout le réalisme pratique. […] Sans la sincérité des artistes que devient l’art ? […] Mais peu à peu ils formulèrent un système, le romantisme devint la puissance du jour.
La Belgique est devenue la terre d’élection de la vie citadine, de l’amour-propre urbain. […] Cassel paraît bien être resté ou devenu le centre administratif et le marché principal de la Flandre. […] Toutefois, quelques pages exceptées, Demolder devient le confrère de Watteau et de Fragonard. […] Puis les visions deviennent plus précises, sans jamais s’immobiliser toutefois. […] L’ancien désespéré entonne l’hosanna, devient le chantre délirant de l’enthousiasme.
Hokousaï eut trois filles, dont la plus jeune devint un peintre très habile. […] Dans ce dernier ouvrage Shunrô devient Goummatei. […] Cher petit moineau, qu’es-tu devenu ? […] Deux planches d’un format carré qui va devenir le format habituel des sourimonos. […] Mon seul plaisir c’est de devenir un habile artiste.
Il est devenu « de race » et sa fortune est bientôt faite. […] Émile Zola, et ce héros est un prêtre, l’abbé Pierre, devenu incrédule. […] Oh, les affaires deviennent d’un difficile par le temps qui court ! […] Quand l’Anglais s’est piqué le nez, il devient conservateur et chauvin. […] Il devenait l’errant à qui personne ne s’attache, et pour qui personne ne répond.
Comment la Peinture mythologique est-elle à son tour devenue la Peinture d’histoire ? […] Taine enfin, si la critique ne devient pas une science, elle aspire à le devenir ; et qu’en tout cas, elle cherche un supplément à ses moyens d’information dans les moyens, si je puis ainsi dire, dans les méthodes, et dans les procédés de l’histoire naturelle. […] A mesure qu’il avance en âge et qu’il grandit en popularité, si son esprit devient plus hardi, son goût, tout au rebours, devient plus timide ou même plus timoré. […] Oui, l’exemple est si bon qu’il en devient douteux. […] Entre ses mains habiles et agiles, de purement littéraire, la critique devenait véritablement historique.
Elle devient alors une opinion sur l’histoire : l’opinion d’un poète et d’un moraliste. […] La littérature a été plus « objective » qu’elle ne l’est devenue ; elle est devenue extrêmement « subjective ». […] Je voyais les Saisons, les Vertus marcher en groupes, dormir par dortoirs. » Les idées abstraites, qu’il aime, deviennent aussitôt concrètes, deviennent des images. […] Le travail devient de plus en plus rémunérateur. […] Deviendront-ils des mots ?
L’adolescent Narcisse des Joies grises, l’androgyne déchu de l’Art parjure, est devenu, cette fois, en même temps que très humble et de plus en plus charmeur, somptueux. […] Sully Prudhomme, de qui la poésie, de bonne heure, devint purement intellectuelle, M.
Les vers grecs sont admirables ; ils deviennent tour à tour le foudre de Jupiter, le trident de Neptune et le cri de Pluton. […] Un silence subit et pénible, des images vagues et fantastiques, succèdent au tumulte des premiers mouvements : on sent, après le cri de Pluton, qu’on est entré dans la région de la mort ; les expressions d’Homère se décolorent ; elles deviennent froides, muettes et sourdes, et une multitude d’S sifflantes imitent le murmure de la voix inarticulée des ombres.
» La Harpe, devenu dévot, aimait à citer les Psaumes. […] Ce dernier, ainsi que l’abbé Gerbet, est devenu son ami, et la contradiction première a cessé bientôt dans une conciliation que le Christianisme qui leur est commun rend solide et naturelle. […] Mais ce point devint presque aussitôt l’affaire secondaire. […] Coëssin, que tout cela se termina de sa part ; c’était au point d’en devenir incommode dans un autre sens. […] Ballanche, qui en ce temps-là devint un élément essentiel de sa vie.
Plus tard, il lui présenta son ami le docte Huet, qui devint aussi pour elle un conseiller littéraire. […] Quand la jeune princesse fut devenue Madame et l’ornement le plus animé de la cour, Mme de La Fayette, bien que de dix ans son aînée, garda l’ancienne familiarité avec elle, eut toujours ses entrées particulières et put passer pour sa favorite. […] Sa raison délicate devenait une dernière pudeur. […] L’ancien chevalier de la Fronde, devenu amer et goutteux, n’était pas au reste ce qu’on pourrait se figurer d’après son livre seul. […] On voit, par une lettre de Mme de Maintenon à la même, d’avril 1679, qu’elle ne pouvait souffrir les Marsillac, père et fils. — Toutes ces lettres adressées à madame de Saint-Géran sont devenues très-suspectes depuis les derniers travaux critiques sur l’édition de La Beaumelle.
Au mois de juin 1784, — si je ne me trompe, car je ne me rappelle pas très bien, — ou dans le mois d’août au plus tard, je devins prélat domestique. […] En fin de compte cependant, la vérité perça d’elle-même, et, sous le pontificat de Clément XIII, il devint auditeur du Pape, et Pie VI le nomma dataire. […] Quand il mourut, le cardinal Negroni, sans me consulter, me proposa au Pape pour le remplacer, et c’est ainsi que je devins secrétaire de la Congrégation. […] À dater de ce jour, je ne laissai jamais passer une seule soirée sans me rendre chez les Braschi, et je devins leur plus dévoué serviteur et ami. […] Mes efforts devenaient inutiles, et mon espérance s’évanouit.
Il fut vainqueur et honoré partout, mais ses ennemis en devinrent plus acharnés contre lui. […] On le retrouve à Paris en 1429, devenu simple catéchiste d’enfants dans l’église de Saint-Paul de Lyon. […] Il devint saint en s’exerçant et en vieillissant, mais ses pensées répondaient toutes et toujours à la magnanimité de son âme ; rien de ce qui était petit n’allait à ses proportions. […] Il faut vous revêtir de l’homme nouveau et devenir un autre homme. […] C’est là ce qui devrait nous occuper uniquement : combattre contre nous-mêmes, devenir chaque jour plus forts contre nous, chaque jour faire quelques progrès dans le bien.
Sa douleur, comme dans toutes les âmes émues, devient poésie sous sa plume. […] Elle chercha un asile à Stokholm auprès de ce même Bernadotte devenu prince royal de Suède. […] Elle ne fut pas un débris à cette époque, elle fut une puissance ; son salon, où se groupaient pour l’entendre tous les hommes éminents de toutes les opinions et de toutes les nations réunies par la coalition de Paris, devint la tribune du monde. […] La littérature ainsi comprise, au lieu d’être un jeu de l’esprit, devenait une sublime morale révélée par le talent ; c’était le culte du beau inséparable du bien et confondant la vérité et la gloire ; en un mot, la littérature de la conscience au lieu de la littérature de l’imagination. […] J’ai été jeune et je suis devenu vieux, et, dans cette vie incertaine, le Tout-Puissant m’a envoyé beaucoup de joie et de douleur.
Après avoir accordé que l’hérédité agit dans les sociétés simples, ce sociologue affirme que son rôle devient nul dans les sociétés plus complexes. Mais de ce que l’hérédité devient plus difficile à déterminer dans les sociétés complexes, à cause de la richesse accrue des mentalités individuelles, il ne s’ensuit nullement qu’elle n’existe pas. […] Or, quand on passe des principes les plus généraux de la pensée aux vérités de l’ordre social, le critérium pragmatisme devient d’une extrême subjectivité. […] Poussé à un certain degré, il peut devenir destructif du lieu social. […] Chez le penseur spectaculaire, l’intelligence s’est résorbée tout entière dans le sens esthétique qui, parvenu à sa parfaite autonomie, devient indifférent au succès ou à l’insuccès des processus sociaux qui lui sont un spectacle.
Le bon Walckenaer avait eu pour Mme de Sévigné une passion jaseuse, empressée et devenue proverbiale ; mais on ne possède pas Mme de Sévigné, on ne la conquiert pas ; elle n’a jamais été entièrement qu’à sa fille, et depuis ce temps-là elle appartient à tous et n’est à personnez. […] Son ambition, si grande qu’elle fut, semblait devoir être satisfaite et au-delà, lorsqu’à dix-sept ans elle se vit mariée à Armand de Bourbon, prince de Conti, qui devint sincèrement amoureux d’elle62. […] Dans un voyage qu’il fît de Lyon à Paris en 1711, il fut conduit, le 4 juin, chez Mlle Des Houlières par un officier du duc d’Orléans, M. de Chatigny ; il interrogea ingénument la respectable demoiselle sur les relations qu’avait eues sa mère avec Boileau, sur les causes de leur inimitié, devenue publique et notoire, si bien que le satirique avait logé la Des Houlières, comme il l’appelait tout crûment, dans sa Satire des femmes. […] Ce double hommage était bien dû au duc de Nivernais, qui, membre de l’Académie française depuis 1743, avait fait partie durant cinquante ans de l’illustre compagnie, en était devenu le doyen, l’avait présidée plus souvent qu’aucun autre dans des occasions brillantes, en avait vu la ruine, et était mort avant l’entière réparation. […] Même quand les réponses eussent paru faibles dans une autre bouche, elles devenaient gracieuses et distinguées dans la sienne ; on était prévenu pour lui, et sa personne agréait toujours.
Ce n’est pourtant que depuis 89, depuis cette ère historique, où tout s’est retrempé et d’où nous datons, que le libre examen, l’exercice de la pensée, cet exercice non pas simplement intérieur, mais se produisant au dehors en des termes de discussion convenable et sérieuse, est devenu de droit commun ; il l’est devenu surtout pour les régimes qui se font honneur d’inscrire 89 dans leur acte de naissance et dans leur titre de légitimité. […] Quand un nombre suffisant d’hommes et d’esprits sont arrivés à penser sur un point donné d’une certaine manière ; quand le groupe est devenu assez nombreux, assez considérable, bon gré, mal gré, on compte avec lui, on le reconnaît, on le respecte, ne pouvant l’exterminer, ni l’écraser, ni le proscrire, comme on faisait autrefois. […] Sée, et ce qui est devenu un des chefs de l’accusation ? […] Voilà la fièvre… » Eh bien, messieurs, c’est cette théorie de la fièvre qui est devenue l’un des points d’attaque contre le professeur. […] Et il en sera toujours ainsi ; toujours il en arrivera de même à tout nouvel assaut de l’intolérance : elle a pour effet immanquable de créer et d’accroître des popularités qui deviennent des puissances.
On voit tout de suite ce que devient la liberté matérielle, morale et politique de l’individu. […] « Je veux qu’ils vivent ensemble, assis à des tables communes. « Dès qu’ils auraient en propriété des terres, des maisons, de l’argent, ils deviendraient économes et orgueilleux : de défenseurs de l’État, ils deviendraient ses ennemis et ses tyrans. […] Il va plus loin, et il interdit aux ouvriers, laboureurs ou potiers, de s’enrichir, car, dit-il, ils deviendraient oisifs ou moins bons ouvriers. […] Il montre comment un jeune homme, flatteur du peuple, finit par y devenir l’idole de la multitude et par affecter la tyrannie, troisième forme de cette rotation éternelle des gouvernements humains. […] Cet instinct d’amour, qui se satisfait d’abord providentiellement pour l’enfant par le soulagement que la mère éprouve à donner son lait, devient ensuite une habitude de tendresse maternelle qui transforme l’attrait physique en sollicitude morale, et qui attache la mère à l’enfant et l’enfant à la mère, comme la branche au bourgeon, comme le fruit à la tige.
Ce sont là, par malheur, des choses devenues publiques. […] Mais le duo parut devenir un trio, jusqu’à ce qu’il redevînt un duo par l’absence éternelle d’un des acteurs. […] Je suis seule dans ce monde, qui est devenu un désert pour moi. […] Je ne sais que devenir ; toutes les occupations me sont odieuses. […] Menacé à sa sortie de Paris par la populace, il devient sans pudeur l’ennemi le plus acharné, non de la populace, mais de la nation française.
L’idée que Didier se fait de Marion devient Marion même. […] Je ne sais trop ce qu’est devenue la musique de la chanson. […] Ce qui n’était qu’une cloche de plomb devient entre ses mains un timbre d’acier. […] Hugo était devenu un symbole, un principe, une affirmation, l’affirmation de l’idéalisme et de l’art libre. […] Quand les ouvrages mis en honneur s’intitulaient : Les Burgraves, l’Homme qui rit ou la Légende des siècles, c’était au mieux ; mais cela devenait néfaste quand, par la force d’habitude, on exaltait le feuilleton des Misérables ou les tartines politiques des Châtiments.
Ils devinrent le type de ma vie, et je n’eus d’autre rêve que d’être, comme eux, professeur au collège de Tréguier, pauvre, exempt de souci matériel, estimé, respecté comme eux. […] Les idées religieuses du peuple n’avaient pas été atteintes ; les congrégations se reformaient : les religieuses des anciens ordres, devenues maîtresses d’école, donnaient aux femmes la même éducation qu’autrefois. […] Certains défauts que j’ai fussent devenus des qualités. […] Le séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet, situé à côté de l’église de ce nom, entre la rue Saint-Victor et la rue de Pontoise, était devenu, depuis la Révolution, le petit séminaire du diocèse de Paris. […] Là, est une des supériorités que présentent les établissements ecclésiastiques sur ceux de l’État ; le régime y est, très libéral, car personne n’a droit d’y être ; la coercition y devient tout de suite la séparation.
Parsifal, devenu roi du Gral, a deux fils de la reine Conduiramour : le prêtre Jean et Lohengrin. […] » lui, ce reine thor, est devenu le durch mittleid wissend. […] Elle devint en 1846 La Belgique musicale, artistique et littéraire. […] Fin 1886, les collaborateurs furent de plus en plus nombreux et l’hebdomadaire devint un périodique international (Revue internationale de la musique et des théâtres, vers 1905). […] Maurice Kufferath devint directeur de la Monnaie en 1900.
Alcibiade, réfugié en Perse, ne devint pas plus aisément Satrape accompli. […] Il lui donna les mois dont il pouvait disposer, et il devint son plus cher amant. […] Plus tard Adonis se fond dans Bacchus devenu presque aussi féminin que lui : on ne les discerne guère plus l’un de l’autre : même langueur et même air de mort. […] Presque androgyne autrefois, il devient incube et succube. […] Les Satyres à pieds de chèvre et à queue de singe jettent bas leurs masques de Génies agrestes, et deviennent des diables fétides.
cette reproduction de l’état moral d’une société éteinte est devenue souvent, sous la plume de nos critiques, une œuvre digne à son tour des regards de la postérité. […] L’histoire littéraire est devenue une chronique amusante. […] Forcée d’être claire pour les autres, l’idée deviendra plus juste en elle-même ; et, d’autre part, la clarté aura plus de valeur quand elle passera au service d’une pensée élevée. […] S’il s’y trouve quelque œuvre de génie, elle surnagera d’elle-même : la voix publique deviendra pressante ; elle réveillera le somnolent critique. […] Faisons du bruit au milieu du bruit et la foule deviendra attentive.
Ce qui était invisible devint visible. Ce qui était connu par quelques-uns le devint par tous. […] Or, dans le développement de l’esprit dada on trouve à l’origine une utilisation adroite de valeurs spirituelles jadis combattues, mais devenues à la mode. […] L’idée s’incrustant de devenir le premier c’est une folie de surenchère qui se manifeste. […] L’homme était devenu, au contraire, l’œuvre divine destinée à un voyage délicieux sur la terre.
Sa sœur, devenue veuve, l’avait rejoint, et leur existence à tous deux était tolérable. […] On a, depuis, brodé sur cette époque de la jeunesse de Désaugiers, car il a eu et il a sa légende, comme il convient à un type jovial et populaire ; on a inventé mainte anecdote sur lui non moins que sur Rabelais, non moins que sur La Fontaine, et il est devenu matière à vaudevilles à son tour. […] C’est par de telles explosions de verve, populaires en naissant, que Désaugiers est devenu si vite un type national de gaieté et comme le patron à perpétuité de tous les dîners chantants ; il n’en est aucun désormais où sa réjouissante mémoire ne préside. […] Désaugiers devait voir la Restauration avec faveur ; s’il avait chanté l’Empire, comme c’était d’usage et de rigueur alors, il était prédisposé par nature à devenir bourbonien ; il aimait les jouissances sociales, les bienfaits de la paix, et la race de Henri IV prêtait de tout point à ses refrains favoris. […] Cette maladie devint bientôt un événement pour tous, et sa mort fut un deuil public, car il avait été la joie de beaucoup.
Cette particule de terre a été du fumier, elle devient un trône, et, qui plus est, un roi. […] Les Analecta de Brunck, qui avaient paru en 1776, et qui contiennent toute la fleur grecque en ce qu’elle a d’exquis, de simple, même de mignard ou de sauvage, devinrent la lecture la plus habituelle d’André ; c’était son livre de chevet et son bréviaire. […] Ceci n’est qu’une conjecture, mais que semble confirmer et justifier le canevas suivant qui n’est autre que le sujet de Nina, transporté en Grèce, et où se retrouve jusqu’à l’écho des rimes de la romance : « La jeune fille qu’on appelait la Belle de Scio… Son amant mourut… elle devint folle… Elle courait les montagnes (la peindre d’une manière antique). — (J’en pourrai, un jour, faire un tableau, un quadro)… et, longtemps après elle, on chantait cette chanson faite par elle dans sa folie : Ne reviendra-t-il pas ? […] si tu ne viens pas seule ici, chaque aurore, Rêver au peu de jours où j’ai vécu pour toi, Voir cette ombre qui t’aime et parler avec moi, D’Élysée à mon cœur la paix devient amère, Et la terre à mes os ne sera plus légère. […] C’est un point à fixer (prenez-y garde), et qui devient presque douteux à l’égard d’André, comme s’il était véritablement un ancien.
Il y a telle élection, celle de Tulle, où il prélève 56 1/2 pour 100 du produit ; il n’en reste à l’autre que 43 1/2 ; par suite « une multitude de domaines y sont abandonnés » Et ne croyez pas qu’avec le temps la charge devienne moins pesante, ou que dans les autres provinces le cultivateur soit mieux traité. […] Mais ces sortes de frais sont d’habitude, et ils y comptent, au lieu qu’ils craignent, s’ils devenaient plus exacts, d’être plus chargés l’année d’ensuite. » En effet, le receveur, qui paye ses garnisaires un franc par jour, les fait payer deux francs et gagne la différence. […] C’est pourquoi le payeur exact devient négligent à son tour, et laisse instrumenter même lorsqu’il a son argent dans son coffre682 ». […] On nous faisait bien espérer que cela finirait, mais tous les ans cela devenait plus fort. […] Les campagnes sont devenues désertes et personne ne veut plus conduire la charrue.
Des annales ne sont pas de l’histoire : pour qu’elle mérite ce nom, il lui faut une conscience ; car elle devient plus tard celle du genre humain. […] La cour était devenue exigeante, la nation hostile. […] « C’est pour cela que la révolution qu’a faite l’Assemblée constituante est devenue une date de l’esprit humain, et non pas seulement un événement de l’histoire d’un peuple. […] Le peuple devient foule, et se porte sans ordre au danger. […] La volonté publique devient le gouvernement.
Ma mort serait un chagrin momentané pour quelques-uns, un bien pour d’autres, et pour moi le plus grand des biens… Que deviendrai-je ? […] De ce jour, Chateaubriand cessa d’être un ennemi complaisant de l’empire, mais il devint le coryphée de la Restauration. […] Il devint un homme de manœuvres ambitieuses, inconséquent ou sans prudence ; puis enfin ministre des affaires étrangères. […] Il devint, sinon le chef, du moins la voix effrénée d’une opposition sans mission et sans prudence. […] L’Abbaye-au-Bois, séjour de madame Récamier, devint deux fois par jour le salon de M. de Chateaubriand : le matin, en tête-à-tête ; le soir, avec un petit nombre d’amis du grand homme.
Tous les délaissés deviennent ses pupilles. […] Mais déjà, vers le temps de la Révolution, ils étaient devenus rares. […] Le prêtre devient pour elles un frère sûr, qui a dépouillé à cause d’elles son sexe et ses joies. […] L’amour chez elle devint culte, adoration pure, exaltation. […] Le manoir était devenu une sorte de tombeau, d’où l’on n’entendait sortir aucun signe de vie.
Bientôt, s’épandent les nuances ; les émotions deviennent plus subtiles ; à chaque moment correspondent des joies, des douleurs spéciales. […] Une musique nouvelle deviendra nécessaire, écrite, non jouée, suggérant l’émotion sans l’intermédiaire de sons entendus, la suggérant ainsi meilleure et plus intime. […] Puis tels artistes créèrent des émotions qui devinrent incompréhensible aux masses : toujours, tandis que la musique s’affinait, décroissant le nombre des esprits pouvant recréer ces émotions supérieures. […] Chez les Grecs, les émotions devinrent plus multiples et subtiles. […] Au dix-huitième siècle, les émotions n’avaient point cessé être naïves et simples t elles étaient devenues plus spirituelles.
A une foule peuvent être offerts seulement les grosses émotions d’une foule : l’orchestre, jusque le jour où il deviendra vraiment invisible (où il sera lu en un livre) est à dire, uniquement, les grandes passions collectives, les blocs d’émotions généraux. […] Sa naïve langue nous est devenus incompréhensible ; mais peu gardèrent un si admirable souci de l’expression rigoureuse, Après lui Rameau, artiste bien moindre, acquit au vocabulaire musical des significations un peu rapides, tôt perdues. […] Issue de la démocratie, elle est devenue la musique préférée de nos démocraties. […] En 1877, lorsque Richard Wagner vint ici pour le « Wagner Festival », ses admirateurs, devenus nombreux, donnèrent un grand banquet en son honneur « à Cannon Street hôtel », choisissant le 22 mai, anniversaire de sa naissance pour le fêter. […] Henrietta Constance Smithson, dite Harriet Smithson, née en 1800 et morte en 1854, est une actrice irlandaise, connue surtout pour avoir inspiré à Hector Berlioz sa Symphonie fantastique avant de devenir sa première épouse.
Nous nous souvenons que nous avons, pas bien longtemps auparavant, assisté à ces évocations grandioses, à ces fantasmagories formidables, affaiblies maintenant, pâlies, devenues fantômes dans le jour lumineux de l’énergique souvenir que nous en avions gardé. […] C’est cette imagination, devenue funeste, qui lui fait, à toute page, entasser les mots sur les mots et sur les idées que ces mots étouffent. […] Le Nestor était devenu visible dans l’Achille… Mais être Nestor, c’est encore une belle chose, et il aurait été plus respectueux de s’en taire que de dire qu’il ne l’était pas ! […] … Si on me défiait, je pourrais multiplier des citations pareilles, — qui montreraient ce que devient Hugo quand il se livre à ses visions par trop cornues, et combien ce visionarisme dont on lui a fait un mérite poétique décompose son regard, sa pensée et sa langue. […] Raisonnement aussi bête que celui-là qui exigerait que l’enfant devenu homme rentrât dans le ventre de sa mère… et pourtant raisonnement toujours d’un effet certain sur les bourgeois, et même sur des bourgeois qui se croient chrétiens !
Lassay, dans ses velléités d’ambition, mélangées de paresse, me semble avoir été de ces hommes de l’ordre et de la portée de Bernis, avec qui il a cela de commun encore d’être devenu de plus en plus aimable en vieillissant. […] Redemandant cette même faveur d’être aide de camp du roi pour la campagne qui suivit celle de Namur, et qui fut la dernière que fit Louis XIV, Lassay savait bien qu’il allait au cœur de Mme de Maintenon lorsqu’il insistait sur la prudence et qu’il disait bien plus en courtisan qu’en soldat : Si je ne regardais que mon intérêt particulier, par toutes sortes de raisons je souhaiterais ardemment qu’il (le roi) allât commander ses armées, mais je crois qu’il n’y a pas de bon Français qui doive souhaiter qu’il y aille : quand je songe à Namur, je tremble encore ; sans compter les autres périls, le roi passait tous les jours au milieu des bois qui pouvaient être pleins de petits partis ennemis ; on n’oserait seulement porter sa pensée à ce qui pouvait arriver : que serait devenu l’État, et que serions-nous devenus ? […] » Très initié malgré tout, et nonobstant les ennuis, dans ce monde de Chantilly et de Saint-Maur, devenu coûte que coûte allié des princes du sang et appartenant dorénavant du côté gauche à la maison de Condé, Lassay passait sa vie dans la familiarité du plus grand monde ; s’il essuyait quelquefois la chanson et la satire, il les rendait bien. […] Je veux enfin secouer leur joug, il m’est insupportable ; quand on vient à un certain âge, le commerce familier avec eux ne convient plus : on n’a pas assez de facilité dans l’humeur, et même assez de santé pour être toujours complaisant ; le respect dû à leur naissance, quelque soin qu’ils prennent à l’adoucir, attire une sorte de contrainte dont on ne peut plus s’accommoder ; les commodités de la vie et les bonnes chaises deviennent nécessaires : on est moins propre à leurs plaisirs, et moins sensible aux divertissements qui les entourent ordinairement. […] Les cabales de leurs petites cours et de leurs domestiques qui s’imaginent qu’on leur veut ôter des choses qui leur paraissent grandes, parce qu’elles le sont à leur égard, et dont cependant de certaines gens n’ont aucune envie ; les mauvais offices qu’ils tâchent à vous rendre dans cette vue ; l’insolence de leurs valets avec lesquels il ne faut jamais se commettre et dont il est bien plus sage de souffrir, tout devient insupportable ; on est même honteux de se trouver au milieu de choses si petites ; on veut jouir de l’indépendance et de la liberté dont le désir augmente en vieillissant, et qu’un honnête homme ne peut plus sacrifier avec honneur qu’au service de sa patrie : encore faut-il qu’elle ait besoin de lui.
Je ne dirai pas qu’on ait observé cette loi dans les deux intéressants volumes qu’on nous donne, et j’ajouterai même qu’ils ne sont devenus tout à fait intéressants que parce qu’on ne l’a pas trop rigoureusement suivie. […] Ce recueil fait par lui ou sous ses yeux, et selon son esprit, n’eût pu être ce qu’il est devenu aujourd’hui. […] Il aspirait à devenir leur disciple ou leur émule en France. […] Lui, il était devenu incapable de soutenir même une discussion, une contradiction directe, et à l’Institut, un jour qu’il y lisait un mémoire, il fut désarçonné… par qui ? […] Du moment que la réflexion devenait nécessaire, qu’il fallait que la vrille, pour percer la veine du bois, appuyât un peu fort ; du moment qu’il rencontrait un nœud, une difficulté, ce n’était plus son fait ; il se détournait.
Cette lettre, qui a si fort compromis Saint-Évremond en son temps et brisé sa carrière, n’aura pas, je le crains, gain de cause auprès de la postérité, qui enregistre avec une sorte de révérence les faits accomplis : nous sommes devenus grands admirateurs de la politique extérieure de Mazarin. […] Mais surtout le plaisir de la conversation lui paraît augmenter avec les années et devenir supérieur même à celui de la lecture : il en indique les conditions, il en mesure les agréments et les degrés ; il le différencie selon les sexes. […] Ce mot de vaste devient un prétexte à des portraits de Pyrrhus, d’Alexandre, de Catilina, de César, de Richelieu, de Charles-Quint. […] Et quant au talent, à l’esprit, il ne pourrait non plus résister à devenir un auteur proprement dit et traité comme tel, à être membre d’une Académie. […] De simples plaisanteries de société y sont devenues matière à incrimination ; la relation avec la duchesse de Mazarin y est tout à fait travestie et défigurée.
La critique d’un écrivain sous notre plume court toujours risque de devenir une légère dissection anatomique, et, à l’égard des vivants de notre connaissance, quand ce n’est pas avec un extrême plaisir que nous abordons le portrait, c’est certainement à regret que nous nous y mettons. […] Evidemment, il n’y avait pas à songer, après 1830, à devenir ou à continuer d’être le critique du romantisme poétique. […] L’auteur devient plus sévère à mesure qu’il avance, et plus dégoûté dans son blâme. […] Grâce à lui, ce caractère si profond, si creusé, si énergique, si généreux au travers de ses arrière-pensées, et dans ses complications mêmes si précis, est devenu un peu plus qu’auparavant un problème pour ceux qui ne l’ont pas connu ; il est devenu matière à récrimination, et, qui pis est, à amplification. […] Mais que serait devenue la caricature ?
Dans la seule province de Normandie, je trouve des séditions en 1725, en 1737, en 1739, en 1752, en 1764, 1765, 1766, 1767, 1768619, et toujours au sujet du pain. « Des hameaux entiers, écrit le Parlement, manquant des choses les plus nécessaires à la vie, étaient obligés, par le besoin, de se réduire aux aliments des bêtes… Encore deux jours et Rouen se trouvait sans provisions, sans grains et sans pain. » Aussi la dernière émeute est terrible, et, cette fois encore, la populace, maîtresse de la ville pendant trois jours, pille tous les greniers publics, tous les magasins des communautés Jusqu’à la fin et au-delà, en 1770 à Reims, en 1775 à Dijon, Versailles, Saint-Germain, Pontoise et Paris, en 1782 à Poitiers, en 1785 à Aix en Provence, en 1788 et 1789 à Paris et dans toute la France, vous verrez des explosions semblables620 Sans doute, sous Louis XVI, le gouvernement s’adoucit, les intendants sont humains, l’administration s’améliore, la taille devient moins inégale, la corvée s’allège en se transformant, bref la misère est moindre. […] La Sologne, jadis florissante633, est devenue un marécage et une forêt ; cent ans plus tôt, elle produisait trois fois autant de grains ; les deux tiers de ses moulins ont disparu ; il n’y a plus vestige de ses vignobles ; « les bruyères ont pris la place des raisins ». […] Le paysan est trop pauvre pour devenir entrepreneur de culture ; il n’a point de capital agricole640. « Le propriétaire qui veut faire valoir sa terre ne trouve pour la cultiver que des malheureux qui n’ont que leurs bras ; il est obligé de faire à ses frais toutes les avances de la culture, bestiaux, instruments et semences, d’avancer même à ce métayer de quoi le nourrir jusqu’à la première récolte. » — « À Vatan, par exemple, dans le Berry, presque tous les ans les métayers empruntent du pain au propriétaire, afin de pouvoir attendre la moisson. » — « Il est très rare d’en trouver qui ne s’endettent pas envers leur maître d’au moins cent livres par an. » Plusieurs fois, celui-ci leur propose de leur laisser toute la récolte, à condition qu’ils ne lui demanderont rien de toute l’année ; « ces misérables » ont refusé ; livrés à eux seuls, ils ne seraient pas sûrs de vivre En Limousin et en Angoumois, leur pauvreté est telle641, « qu’ils n’ont pas, déduction faite des charges qu’ils supportent, plus de vingt-cinq à trente livres à dépenser par an et par personne, je ne dis pas en argent, mais en comptant tout ce qu’ils consomment en nature sur ce qu’ils ont récolté. […] Comment le paysan devient propriétaire. — Il n’en est pas plus à l’aise […] Plus il acquiert et produit, plus ses charges deviennent lourdes.
Les mystères Les pièces sacrées de l’âge précédent, représentations, jeux, miracles, deviennent au xve siècle des mystères. […] Il était devenu nécessaire de marquer extérieurement le respect et la foi qu’on donnait aux Écritures et à la religion. […] Ces moralités sérieuses devinrent surtout fréquentes quand l’arrêt de 1548 obligea les Confrères de la Passion et autres acteurs ordinaires de pièces sacrées à renouveler leur répertoire. La moralité fut de plus en plus un drame pathétique, qui usurpa parfois le nom de tragédie 154 1 , et devint peut-être en quelque façon la tragi-comédie de Hardy. […] Ce trio devient un quatuor par le valet niais ou rusé, doublure du mari ou de la femme.
Il y a même un caractère qui est devenu une nouvelle en forme et développée : c’est l’histoire d’Émire, petit roman psychologique où La Bruyère étudie un jeu complexe de sentiments, qui évoluent et se transforment ; on y voit la vie mobile d’une âme, et non plus l’état fixe d’une âme. […] Qu’on détende cette forme, qu’elle devienne l’expression aisée du mouvement naturel de l’esprit, et l’on aura les petites phrases coulantes et coupantes de Voltaire. […] Il écrit au moment où l’esprit français vient d’acquérir la domination sur le monde civilisé, où la langue française devient universelle : on le sent, à la préoccupation qu’il a de rendre notre langue plus accessible aux étrangers par la simplification de la grammaire. […] Avec la Lettre à l’Académie, la relativité du goût devient secrètement le principe de la critique. […] L’éducation du duc de Bourgogne et les lettres de direction de Fénelon nous dénoncent un second trait de cette nature, qui n’est à vrai dire qu’une transformation du premier : l’amour-propre devient esprit de domination.
Fabre met communément dans leur bouche les formules de la phraséologie religieuse, auxquelles s’ajoutent, dès que la situation devient dramatique, toutes celles de la rhétorique profane. […] Mais il a pour doyen son ancien condisciple, l’abbé Clochard, qui est devenu son ennemi depuis que l’abbé Célestin, dans un concours ouvert par la Société archéologique, a emporté le prix sur son envieux confrère. […] Mais, dans les âmes où il règne seul, l’orgueil sacerdotal peut devenir formidable et démesuré. […] Il est bien d’un prêtre, en tout cas, ce revirement soudain de l’abbé Tigrane qui, à peine devenu évêque, s’apaise, se fait onctueux, demande pardon et oublie. […] Sans doute il était trop ivre de la beauté de la terre pour devenir le ministre d’une religion qui sépare si absolument Dieu du monde visible.
Ayant fait de son existence une orgie qui lui devient insipide, il va boire, pour en finir, le poison dans une dernière coupe, lorsque l’amour d’une jeune captive rallume son cœur éteint et le fait renaître à la vie. […] Sous l’Empire, l’ennui de la vie en devient l’horreur. […] Le taedium vitae de Tacite devient, au moyen âge, l’acedia, et ravage les cloîtres, à la façon d’une épidémie. […] Le bourgeois Mucarade est devenu le seigneur Monteprade, et ce changement de nom peint d’un mot, sa transformation. […] Clorinde, devenue Madame Monteprade, serait atteinte, elle aussi peut-être, de la nostalgie du vice qui dévore Olympe ; peut-être regretterait-elle les tréteaux de Madrid et les algarades de la vie errante.
Exilé, en 1771, à la suite de remontrances mémorables, il reparut à la tête de sa compagnie au début du règne de Louis XVI, et devint ministre de ce vertueux prince en 1775, dans ce premier ministère réformateur dont Turgot faisait partie. […] » — « Les choses deviennent plus graves ; je vais à mon poste ; le roi pourrait avoir besoin de moi. » J’ai voulu citer ce mot pour montrer qu’il y eut préméditation ou du moins prévision dans son dévouement. […] La société a eu peur, et, depuis qu’elle se rassoit, elle n’est pas devenue très raisonnable sur cet article de la presse. Les écrivains eux-mêmes sont devenus de plus en plus exigeants. […] Il remarquait encore, en parlant de Louis XVI, « que cette extrême sensibilité, si aimable, si désirable dans la vie privée et dans des temps tranquilles, devenait souvent, dans un temps de révolution, plus fatale à un roi que certains vices ».
Mais aussitôt il devient nécessaire que chacun obéisse à la plus forte : il est également impossible d’imaginer une autre solution ou de prétendre que la force la plus faible l’emporte. […] À vrai dire, dans cette hypothèse qui distingue d’une façon absolue le bien de l’agréable, il semble que la plupart des hommes souhaiteront que l’inclination vers le plaisir soit chez eux la plus forte et l’emporte sur l’autre : le sentiment du devoir risquera de devenir à leurs yeux le mauvais principe. […] Sitôt qu’un de ces gouvernements de fait est fondé, l’illusion de la personne est à son profit un instrument de règne ; il devient le moi, et le moi, c’est au regard des instincts du corps humain ce qu’est, au regard des hommes, la divinité, une force intellectuelle à laquelle il est juste et raisonnable de se soumettre. […] Ce qui lui avait été indifférent lui devient un malaise. […] Plus tard avec Kant, cette science soupçonneuse devient la science pure de la connaissance.