La multitude des lois est, comme le remarquent les politiques, la route la plus prompte qui conduise les états à la monarchie ; aussi Auguste pour l’établir en fit un grand nombre ; et les princes qui suivirent, employèrent surtout le sénat à faire des sénatus-consultes d’intérêt privé.
C’est vous qui m’avez conduit vers la terre de Pélops, au rivage de Ténare, perdu que j’étais sur la mer de Sicile, et qui m’avez porté sur vos dos inclinés, fendant sur votre passage la plaine de Nérée, par un chemin que nulle trace ne sillonne !
C’est une philosophie solide qui, loin d’affoiblir la foi, conduit les plus sages à être aussi les plus religieux ». […] Il ajoute : Cette partie du seizième siècle fera une tache éternelle à la Sorbonne, vu comme elle se conduisit. […] On sollicita sa délivrance des prisons de Ferrare, où l’amour le conduisit deux fois. […] Il fut conduit à l’audience du pape. […] Le dépit & la vengeance ont conduit sa plume : elle verse le fiel le plus amer.
Thalie signifie la verde, agréable et gentille beauté : à savoir celle des linéaments bien conduits et des traits, desquels la verde jeunesse est coutumière de plaire. […] Mais il sut trouver le remède, et, assis sur une roche élevée, les yeux tournés vers la mer, il chantait des choses telles que celles-ci… » Vient alors la célèbre complainte où il apostrophe Galatée, l’appelant à la fois dans son langage « plus blanche que le fromage blanc, plus délicate que l’agneau, plus glorieuse que le jeune taureau, plus dure que le raisin vert. » Après une longue suite de traits plus ou moins naïfs et passionnés, ou même spirituels (car le poëte se joue par moments), l’idée du début se retrouve à la conclusion, et la pièce finit sur ce retour : « C’est ainsi que Polyphème conduisait son amour en chantant, et cela lui réussissait mieux que s’il avait donné de l’or pour se guérir. » Un poëte bucolique des âges postérieurs, né en Sicile comme Théocrite, Calpurnius, a résumé heureusement la recette du maître dans ce vers d’une de ses églogues : Cantet, amat quod quisque : levant et carmina curas. […] Suis-nous avec confiance dans la ville brillante de Nélée, où le temple de Vénus verdoie du milieu des roseaux ; car c’est de ce côté que je demande à Jupiter un bon vent qui me conduise, afin de me réjouir en voyant mon hôte Nicias et d’en être fêté en retour, — Nicias, rejeton sacré des Grâces à la voix aimable ; et toi, ô Quenouille, toute d’un ivoire savamment façonné, nous te donnerons en présent aux mains de l’épouse de Nicias.
Un légionnaire romain rencontre un jardinier qui chassait un âne devant lui : « Où conduis-tu cet âne sans qu’il soit chargé ? […] Guizot m’attendait pour me conduire chez Fauriel, qui est un ami de Benjamin (Constant). […] Alterius sic Altera poscit opem res, et conjurat amice Il ne me reste plus qu’à mentionner un livre tout récent, produit direct de l’érudition française, celui de M. de Chevallet, qui, reprenant la question au point où l’avait laissée Fallot, l’a traitée avec une méthode tout expérimentale, n’a épargné ni recherches ni comparaisons de toutes sortes, pour discerner les éléments du vieux français, élément latin, celtique, germanique, pour en établir le compte autant que possible et en fixer les proportions, pour faire l’histoire et dresser comme l’état civil des mots provenant des trois races ; et l’auteur s’y est consacré avec une telle ardeur, il s’est tellement prodigué de sa personne dans des voyages et des séjours en divers pays, partout où il espérait recueillir des vestiges utiles, qu’il s’y est à la lettre consumé : la mort l’a saisi comme Fallot à la fleur de l’âge, mais du moins après qu’il avait pu voir ce premier et considérable résultat de son effort conduit à bonne fin et couronné.
« De pensée en pensée, de colline en colline, l’amour me conduit loin de tous les sentiers frayés sans que je puisse y trouver la paix de l’âme, etc. » Aussi revint-il encore sur ses pas, cette fois comme rappelé par un attrait supérieur à sa volonté. […] Rienzi régna avec un pouvoir absolu sous le nom du pape ; les princes romains, conduits par le prince Colonna, voulurent en vain résister à sa dictature. […] Rienzi, en effet, jetait cette capitale dans sa propre démence ; quelques jours après l’assaut où les Colonne avaient péri, il conduisit son fils vers le bourbier rempli d’eau et de sang où le corps du plus jeune de ces princes gisait encore.
Cette étude nous conduira aux plus hautes théories du gouvernement des sociétés. […] Aussi le dernier de ces littérateurs politiques, de Maistre, n’a-t-il pas reculé devant cette divinisation du glaive ; un cri d’horreur lui a en vain répondu du fond de toutes les consciences, il a ses disciples qui confessent sa foi, disciples qui maudissent à bon droit les philosophes démocratiques de l’échafaud et de la Convention, mais que la même logique conduirait fatalement aux mêmes crimes si leur nature ne s’interposait entre leurs théories et leurs actes. […] « Les coercitions matérielles, dit-il dans la suite de cet entretien, les prisons, les supplices, les peines de toute espèce, les intimidations par les châtiments sont de bien faibles liens pour retenir dans le devoir les hommes que l’on ne conduit pas par la raison, la conscience, la convenance ; mais si on les forme, par l’éducation, la liberté mesurée, l’exemple, l’exercice, à la connaissance et à la pratique de la raison, de la conscience, de la convenance, si l’intelligence et l’amour de ces trois principes se développent dans leur cœur par la force naturelle que le Ciel (Dieu) a donnée à ces trois principes qui font l’homme social, tout changera de face et s’améliorera dans l’empire.
De temps en temps aussi passait l’orfraie, suivie d’un aigle à tête blanche ; et leurs mouvements gracieux, au sein des airs, emportaient ma pensée bien loin au-dessus d’eux, dans les régions du ciel les plus sereines, et me conduisaient ainsi délicieusement et en silence jusqu’au sublime auteur de toutes choses. […] Mon compagnon, qui déjà plusieurs fois avait passé dessus, s’offrit à parier qu’il me conduirait jusqu’au beau milieu, sans même que je me fusse douté de son existence. […] Tout en marchant, j’observais que le nègre me guidait vers le soleil couchant, dans une direction tout opposée à celle qui conduisait chez moi.
Car il y a ici toute une gamme : depuis la phrase du bon Kurwenal, qui toujours est fortement accentuée par une allitération identique à celle du Rheingold, et qui n’a que deux ou trois rimes, et celle de Brangaene aussi sans rimes et toujours allitérée. mais d’une façon beaucoup plus discrète, à celle du roi Marke, qui est en elle-même une gamme entière et qui nous conduit ainsi à celle de Tristan et d’Isolde, Le discours du roi Marke au second acte est particulièrement instructif ; car il exprime toute une série d’émotions et la phrase s’y plie merveilleusement. […] Mais quand cette perception est satisfaite et se repose, ce repos nous conduit inconsciemment a la compréhension (IV, 97). » Nous en sommes arrivés à ce moment dans notre étude. […] N’arrivant pas à se résoudre d’épouser le roi Marke dont elle n’est pas amoureuse, et souhaitant se venger de Tristan qui la conduisait vers son oncle, Isolde commande à sa servante Brangaene, de leur servir le breuvage mortel.
. — Cependant, le 28 juin 1857, Wagner écrit à Liszt qu’il a définitivement abandonné son projet de continuer et de finir le Ring. « J’ai conduit mon jeune Siegfried dans la solitude de la forêt ; je l’ai laissé là sous le tilleul… peut-être ce sommeil lui fera-t-il du bien ; quant à son réveil je ne puis rien prévoir… tout dépend de dispositions d’esprit indépendantes de ma volonté. […] Noufflard, Richard Wagner d’après lui-même, promettait d’être fort intéressant ; malheureusement ce livre en est resté à son premier volume, qui ne nous conduit que jusqu’en 1849. […] Où donc le succès de Lohengrin aurait-il pu conduire ?
En conséquence de cette idée, l’abbé De Pons définit le poëme épique « un tissu ingénieux des événemens & des motifs qui conduisent à l’action que le poëte s’est proposé de célébrer ». […] Toutes les loix, tous les préceptes qu’ils établirent sur l’épopée, sont quelquefois plus capables d’égarer que de conduire. […] On rit beaucoup aux dépens de ce dernier, qui, plein de honte & de rage d’avoir été trompé, se vengea contre Muret, en lui reprochant, dans un distique*, ses mœurs & le bucher où des accusations horribles pensèrent le conduire à Toulouse.
Son ciseau conduit par l’ignorance ou la passion vacille et se porte tantôt trop en dedans, tantôt trop en dehors. […] Ils ont vu que la même cause qui les produisait, les fortifiait, les conduisait à la perfection, finissait par les dégrader, les abâtardir et les détruire ; et ils se sont divisés en différents partis ! […] Ce n’est pas moi qui ai marché, c’est vous qui m’avez conduit ; et s’il y a un peu de bonne logique dans ce qui précède, il s’ensuit, comme je le disais au commencement, qu’il y a deux sortes de luxe : l’un qui naît de la richesse et de l’aisance générale, l’autre de l’ostentation et de la misère, et que le premier est aussi sûrement favorable à la naissance et au progrès des beaux-arts, que le second leur est nuisible… et là-dessus rentrons dans le salon, et revenons à nos Belle, à nos Bellengé et à nos Voiriot.
L’esthétique mal définie qu’ils avaient empruntée à la science les a conduits en quelque sorte à se contredire eux-mêmes. […] Ils diront adieu à la vieille utopie sentimentale de fraternité universelle, pour laquelle nous avons gâché tout un siècle de notre histoire ; et si chacun d’eux garde au fond de son cœur les cultes de ses pères, ils ne reconnaîtront d’autres divinités pour la Patrie que la Force qui fonde les empires et la Raison qui la conduit ! […] C’est là qu’il faut conduire les plus découragés de tes enfants pour qu’ils reprennent confiance en ton génie.
Il ne peut pas empêcher que ce chemin ne conduise à un point déterminé. […] C’est pourtant la doctrine à laquelle il a conduit tous ses élèves. […] Cette première tentative l’eût conduit à une seconde, et, je n’en doute pas, il eût créé un type nouveau de fiction, comme il a créé depuis un type nouveau d’histoire. […] Des jeunes gens, en habit zinzolin, une houlette aux doigts, conduisent, vers une barque dorée, des jeunes femmes en robes couleur de ce ciel, jaunes à reflets roses, roses à reflets bleus. […] Chateaubriand parlait du Torse antique, du Laocoon, puis de l’Apollon du Belvédère, et une comparaison suivait entre l’art grec et l’art romain, qui le conduisait à une éloquente opposition entre l’Italie et l’Attique.
C’est ainsi qu’un père qui ne s’est pas bien conduit, devient immédiatement pour ses enfants un boulet de bagne. […] Elle conduit droit à la condamnation de l’originalité et des qualités rares. […] Le courant impétueux passe, et je me jette au milieu, je m’abandonne à lui, Certain qu’il doit me conduire où va le siècle. […] Une légende s’est formée sur la façon magnifique dont il s’est conduit au théâtre-Déjazet. […] Ce garçon aime mieux sa mère, parce que son père se conduit mal.
Même dans la production du beau, la tendance à l’Absolu conduit à l’exclusion, à l’uniformité, à l’immobilisme. […] On y verrait, entre autres, que ce pauvre Gérard de Nerval a été conduit à une mort tragique par le réalisme. […] J’ai lu avec délices, comme tout le monde, la Mare au Diable, la Petite Fadette, François le Champi, André, Valentine, etc., et c’est toujours avec un nouveau bonheur que je me suis laissé conduire par l’auteur au travers les plaines mélancoliques de la Vallée-Noire. […] Acceptons courageusement le bien et le mal de notre condition, en subordonnant les satisfactions de notre amour-propre à telles de notre conscience, résignons-nous en un mot à n’être que des hommes, des hommes de notre temps, et nous entreverrons bientôt clairement la voie qui peut conduire l’art moderne à sa régénération. […] Est-ce donc là que vous voulez nous conduire ?
Il a beau souffrir, il ne regrette point l’emploi qu’il a fait de ses derniers mois : non, ce n’est pas un mauvais génie qui l’a conduit à ce bal où il a fait la connaissance de Lotte : « Non, c’était un bon génie, s’écrie-t-il, je n’aurais pas voulu passer mes jours à Wetzlar autrement que je ne l’ai fait ; et pourtant les dieux ne m’accordent plus de tels jours, ils savent me punir et me Tantaliser. » A Francfort, où il est revenu vivre près de sa famille, il a dans sa chambre la silhouette de Lotte attachée avec des épingles au mur ; il lui dit le bonsoir en se couchant, et le matin, il prend plus volontiers ces épingles-là que d’autres pour s’habiller. […] Voilà pour l’auteur. — Mais les lecteurs, au contraire (je parle des premiers lecteurs, de ceux de 1774), qui trouvent dans le prodigieux petit livre tous leurs sentiments, jusque-là confus, exprimés au vif et en traits de feu, s’y prennent, ne s’en détachent plus, passent, sans s’en apercevoir, du Werther-Goethe au Werther-Jérusalem, et sont ainsi conduits, par cette contagion du talent et de l’exemple, à l’idée du suicide.
Quand je songe que, dans l’âge voisin de la vieillesse et de ses infirmités, me voilà seul sur la terre, comme un célibataire débauché ou un homme personnel qui n’a vu que lui dans la nature ; que le sein sur lequel je m’appuie doucement, pour y chercher la consolation, est le sein d’une bonne mère de soixante-quinze ans ; que les objets qui devaient vivre avec moi et auprès de moi m’ont précédé si jeunes dans le tombeau ; quand je parcours tout cet espace qu’on appelle la vie, et que j’embrasse d’un coup d’œil cette longue chaîne de besoins, de désirs, de craintes, de peines, d’erreurs, de passions, de troubles et de misères de toute sorte, je rends grâces à Dieu de n’avoir plus à sortir du port où il m’a conduit ; je le remercie de la tendre mère qu’il me laisse, et des amis qu’il m’a donnés, et surtout de pouvoir descendre dans mon cœur, sans le trouver méchant et corrompu. […] On nous a d’abord conduits à Mme Ducis, qui nous a reçus avec beaucoup d’honnêteté, et nous a introduits dans son salon.
Ayant à conduire mon personnage au séminaire, je m’adressai à l’abbé Lacordaire pour qu’il voulût bien me donner des renseignements. Il m’offrit de me conduire lui-même au séminaire d’Issy ; et en effet, un mercredi d’été, il vint me prendre, chez ma mère rue Montparnasse, en compagnie de son frère (actuellement professeur à l’université de Liège), et nous nous acheminâmes à travers la plaine de Montrouge jusqu’à Issy.
Le reste de la troupe était occupe à conduire le troupeau de bœufs qui semblaient se révolter d’être faits prisonniers, tandis que les hommes qui se trouvaient dans le même cas marchaient tristement la tête baissée, comme attendant et se préparant au coup qui devait bientôt la faire rouler dans la poussière. […] Que serions-nous, vous et moi, si, dès nos premières années, nous n’avions marché dans l’unique voie qui nous a conduits à la grande réputation dont nous jouissons ?
À Paris, Sismondi fut conduit par M. […] À Digne, la municipalité, peu favorable, eut peur et se conduisit bien.
À la ville, les gentilshommes ne portent plus l’épée ; ils ont quitté les broderies, les galons, et se promènent en frac uni, ou courent dans un cabriolet qu’ils conduisent eux-mêmes569. « La simplicité des coutumes anglaises » et les usages du Tiers leur ont paru plus commodes pour la vie privée. […] Le Tiers, à lui seul et par lui-même, est « une nation complète », à qui ne manque aucun organe, qui n’a besoin d’aucune aide pour subsister ou se conduire, et qui recouvrera la santé lorsqu’il aura secoué les parasites incrustés dans sa peau.
Il la conduisait au Luxembourg, dans l’allée la moins fréquentée, et tous les dimanches à la messe, toujours à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, parce que c’était fort loin. […] Les aspirations de mille passagers sur le vaisseau social ne conduiront pas le navire au port ; il faut qu’un seul monte sur le pont et presse l’auteur pour donner la route.
Combien de fois la barque errante Berça sur l’onde transparente Deux couples par l’Amour conduits, Tandis qu’une déesse amie Jetait sur la vague endormie Le voile parfumé des nuits ! […] Était-ce à cette lutte armée d’un dictateur contre un autre que M. de Chateaubriand voulait conduire son pays ?
Car c’est dans les femmes que la faiblesse naturelle paraîtra le plus visiblement : ce sont elles qui sont par excellence des êtres d’instinct, de volonté faible ou nulle, de raison ployable, et réduite au rôle de servante du sentiment qu’elle fournit de sophismes ; ce sont elles que toujours et partout l’affection conduit, jamais l’idée. […] La raison n’a pas assez de place dans leur vie ; et l’instinct naturel, primitif, les conduit.
Leur curiosité les a conduits à reprendre ces libertés condamnées. […] Leur curiosité les a conduits à reprendre ces libertés condamnées.
Au lieu du sombre docteur de Genève, qui pousse des générations de sectaires vers la mort, dont son orgueil croit avoir le secret, et par-delà laquelle il a marqué la destinée de chacun ; qui ne permet à personne de s’attarder et de prendre haleine dans ce rapide et douloureux voyage vers l’autre vie ; je vois un pasteur aimable qui conduit doucement son troupeau au dernier terme. […] Il le voulait également éloigné de deux dispositions alors générales, par l’effet des guerres de religion, le relâchement né de l’idée que Dieu ne fait pas attention aux hommes, et le désespoir où conduit l’idée qu’il veille sur nous pour nous punir, et que la piété est impossible.
On peut rêver qu’une de ces évolutions arrive à dominer, organiser le monde, le spiritualiser, ce qui est un autre mot pour la même chose, et selon la loi d’évanescence, le conduire au non-être. […] C’est pourquoi l’esprit sera conduit par l’ironie à quelque tolérance.
Et l’on assista à ce spectacle unique : un train de plaisir organisé pour conduire les Berlinois au spectacle à Schwerin ! […] Edouard Rod, partant de ce principe de Wagner que « chaque art tend à une extension indéfinie de sa puissance, que cette tendance le conduit finalement à sa limite, et que cette limite il ne saurait la franchir sans tomber dans l’incompréhensible, le bizarre et l’absurde » accuse une école poétique contemporaine d’avoir voulu confondre des arts différents : mais la question serait si les poètes de cette école ont franchi ou seulement atteint la limite de leur art, ou, pour mieux dire, quelle est, justement, cette limite de leur art.
L’homme a laissé les Sept tirant au sort les portes où chacun d’eux conduira sa troupe : — « Choisis donc les meilleurs guerriers, dit-il au jeune roi, et place les promptement aux avenues de la ville. » C’est alors que le Chœur des femmes entonne sa longue plainte par des litanies de dieux protecteurs appelés à l’aide : Arès d’abord, patron de la guerre : — « Antique enfant de cette terre, regarde cette ville que tu as tant aimée autrefois. » — Puis Zeus « Père » universel ». […] » — Deux figures sont incrustées sur son bouclier nouvellement forgé ; un Guerrier d’or qu’une Femme majestueuse conduit par la main ; et cette femme dit par son inscription : « Je suis la justice, je ramenerai cet homme, je lui rendrai sa ville, et il commandera dans la demeure de son père ».
Il faut s’attendre qu’un peuple qui ne connut pas d’abord le mérite du Misanthrope et d’Athalie, et qui applaudit à tant de monstrueuses farces, sera toujours un peuple ignorant et faible, qui a besoin d’être conduit par le petit nombre des hommes éclairés. […] Ne sachant pas conduire ses passions, il s’y était livré, en se flattant de les étouffer : « J’ai détruit mes passions à peu près comme un homme violent tue son cheval, ne pouvant le gouverner. » On nous dit de cette figure, d’abord si charmante, que le plaisir l’altéra étrangement et que l’humeur finit par la rendre hideuse.
Nous avons dîné à une table sur la place, et nous avions devant nous le soleil couchant, la Seine, les grands arbres du parc, le coteau de Bellevue où Charles Edmond est heureux dans sa maison, et où je n’ose plus le conduire. […] Pour aller au cimetière, nous prenons le chemin qui nous a conduits si souvent chez la princesse, puis nous passons par des parties de boulevards extérieurs, où nous avons tant de fois vagué pour Germinie Lacerteux et Manette Salomon… Des arbres étêtés à la porte d’un cabaret, me rappellent une comparaison qui est dans un de nos livres… Puis je tombe dans une espèce de somnolence, dont je suis tiré par la secousse d’un tournant raide, le tournant du cimetière.
Le Malade imaginaire est complètement un imbécile, sans une ombre de goût et d’esprit, en dehors de sa maladie ; le Bourgeois gentilhomme, autre victime : on ne lui laisse pas même assez de bon sens pour se conduire, au-delà de sa passion d’être et de paraître. — Tout ou rien, voilà la comédie ; ou la honte absolue, ou la gloire sans tache ! […] J’enrage de voir de ces gens qui se conduisent en ridicules, malgré leur qualité ; de ces gens qui décident toujours et parlent hardiment de toutes choses, sans s’y connaître ; qui dans une comédie se récrieront aux méchants endroits et ne branleront pas à ceux qui sont bons… Eh !
Racine ne pouvant, comme Euripide, présenter aux spectateurs Hippolyte déchiré, couvert de sang, brisé par sa chute, et dans les convulsions de la douleur et de l’agonie, a été forcé de faire raconter sa mort ; et cette nécessité l’a conduit à blesser, dans le récit de cet événement terrible, et la vraisemblance et la nature, par une profusion de détails poétiques, sur lesquels un ami ne peut s’étendre, et qu’un père ne peut écouter. […] Il ne peut conduire à des actions coupables, il ne peut descendre au crime, ni même à la ruse, car il démentirait sa nature, et cesserait d’être lui.
En résumé donc, à côté du corps qui est confiné au moment présent dans le temps et limité à la place qu’il occupe dans l’espace, qui se conduit en automate et réagit mécaniquement aux influences extérieures, nous saisissons quelque chose qui s’étend beaucoup plus loin que le corps dans l’espace et qui dure à travers le temps, quelque chose qui demande ou impose au corps des mouvements non plus automatiques et prévus, mais imprévisibles et libres : cette chose, qui déborde le corps de tous côtés et qui crée des actes en se créant à nouveau elle-même, c’est le « moi », c’est l’« âme », c’est l’esprit — l’esprit étant précisément une force qui peut tirer d’elle-même plus qu’elle ne contient, rendre plus qu’elle ne reçoit, donner plus qu’elle n’a. […] Je rappelais, au début de cette conférence, comment l’étude des maladies du langage a conduit à localiser dans telles ou telles circonvolutions du cerveau telles ou telles formes de la mémoire verbale.
Mais c’est notre droit de critique d’interroger ceux qui le suivent et se réclament de lui, qu’il encourage et protège, pour juger ce que valent ses théories, pour montrer ce qu’elles préconisent, d’où elles partent, où elles conduisent. […] On n’a point été conduit par une pensée philanthropique et populaire.
Il ne faudrait pas être détourné dans ces sortes de recherches par le caractère anonyme des manuscrits, car des indications intrinsèques ou indirectes peuvent conduire à déterminer sûrement l’auteur.
En bornant l’étendue des idées, on n’a pu ramener la simplicité des premiers âges ; il en est seulement résulté que moins d’esprit a conduit à moins de délicatesse, à moins de respect pour l’estime publique, à moins de moyens de supporter la solitude.
Si le conte est fait d’une manière trop prolixe, si le conteur emploie trop de paroles, et s’arrête à peindre trop de détails, l’esprit de l’auditeur devine la chute vers laquelle on le conduit trop lentement ; il n’y a plus de rire, parce qu’il n’y a plus d’imprévu.
Marthe et Marie vinrent au-devant de Jésus, et, sans le laisser entrer dans Béthanie, le conduisirent à la grotte.
« Considérez comme il la conduit avec les yeux.
Darius, passant par la Pœonie, avait été saisi, comme d’une apparition, par la rencontre d’une jeune femme qui, portant gracieusement un vase sur son front, conduisait un cheval à l’abreuvoir, et filait en même temps sa quenouille.
Toujours l’opinion a fini par gouverner ; mais autrefois elle avait une puissance lente et séculaire, à présent elle est rapide et presque instantanée : elle se forme quelquefois comme un orage ; et le pilote qui conduit le navire a souvent à peine le temps d’observer à l’horizon le point noir qui doit enfanter la tempête.
C’est un de ces sujets, longtemps obscurs, qu’on n’avait pas aperçu d’abord en se promenant sous les voûtes muettes de l’Histoire, et qu’on découvre comme une porte basse à la sinistre physionomie, comme la première marche d’un monstrueux escalier qui va nous conduire à quelque chose d’épouvantable et d’inconnu !
Il peut même en être le dernier martyr ; mais son livre nous a conduits à cette conclusion suprême que, certes !
Jules Girard qui va nous conduire, et dont (remarquez-le bien, je vous prie) nous ne nions nullement le flambeau.
Il ne s’est pas demandé si cette manière de traiter l’histoire ne conduisait pas aux nomenclatures et aux sécheresses des statistiques, et si l’ennui ne naîtrait pas de tous ces noms propres qu’il tire pour la première fois de leur oubli et de leur silence, et qui ne sont, après tout, que ceux de beaucoup de comparses dans ce drame éparpillé de l’exil.
En écrivant sur la nature humaine, il s’entretenait cette main inutile qu’il ne put allonger jamais sur les hommes pour les discipliner ou pour les conduire.
Habitués, depuis des siècles, à promener de porte en porte notre individualité littéraire, nous avions pris pour nous conduire cette accorte femme, madame de Staël, et nous nous tenions à la porte du pays de Lessing et de Schiller, lui demandant la charité d’une littérature et d’une philosophie.
Les prêtres vraiment prêtres n’ont ni nos manières de juger, ni nos manières de sentir la vie ; ils ne se laissent pas conduire par l’influence de nos misérables sentimentalités, et d’ailleurs peut-il y avoir une solitude pour qui fait descendre son Dieu tous les matins dans sa poitrine ?