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380. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Descartes, Bayle, Pascal, Molière, La Bruyère, Bossuet, les philosophes anglais qui appartiennent aussi à la même époque de l’histoire des lettres, ne permettent d’établir aucune parité entre le siècle de Louis XIV et celui d’Auguste, pour les progrès de l’esprit humain.

381. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Et puis surtout les œuvres de ses amis lui rendaient la tâche difficile : après Racine et La Bruyère, après Bossuet, après La Fontaine et Molière, après Pascal et Corneille, comment soutenir l’infériorité des modernes ?

382. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Nous verrons qu’il fut, avec Ménage, des plus empressés à applaudir aux Précieuses ridicules de Molière.

383. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Le mariage de Julie de Rambouillet avec le duc de Montausier est un fait de si peu d’importance historique, qu’il ne mériterait pas qu’on en recherchât les circonstances, s’il ne concourait d’abord à marquer l’époque où la société de l’hôtel Rambouillet commença à se dissoudre, et ensuite à faire tomber les applications que nos biographes modernes lui ont faites, des traits lancés par Molière en 1650 contre Les Précieuses ridicules.

384. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Quand il fit la tragédie de Théagène, sur laquelle il consulta Molière, & celle des Frères ennemis, dont ce comique lui donna le sujet, il portoit encore l’habit ecclésiastique.

385. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Il y a dans une pièce de Molière un horrible pédant en us, que l’on finit par mettre en fuite en lui pendant une sonnette aux oreilles… Taine a mérité cette sonnette-là !

386. (1864) Études sur Shakespeare

Ce n’est point, en effet, la comédie de Molière ; ce n’est pas non plus celle d’Aristophane ou des Latins. […] Qu’Aristophane attaque, avec la plus fantastique liberté d’imagination, les vices ou les folies des Athéniens ; que Molière retrace les travers de la crédulité, de l’avarice, de la jalousie, de la pédanterie, de la frivolité des cours, de la vanité des bourgeois, et même ceux de la vertu ; peu importe la diversité des sujets sur lesquels se sont exercés les deux poëtes ; peu importe que l’un ait livré au théâtre la vie publique et le peuple entier, tandis que l’autre y a porté les incidents de la vie privée, l’intérieur des familles et les ridicules des caractères individuels : cette différence de la matière comique provient de la différence des siècles, des lieux, des civilisations, mais pour Aristophane comme pour Molière, les réalités sont toujours le fond du tableau ; les mœurs et les idées de leur temps, les vices et les travers de leurs concitoyens, la nature et la vie de l’homme enfin, c’est toujours là ce qui provoque et alimente leur verve poétique. […] Alors naquit chez nous la vraie, la grande comédie, telle que l’a conçue Molière ; et comme il était dans nos mœurs, aussi bien que dans les règles, d’en former un genre spécial, comme en s’adaptant aux préceptes de l’antiquité, elle ne cessa point de puiser, dans le monde et dans les faits qui l’entouraient, ses sujets et ses couleurs, elle s’éleva soudain à une hauteur, à une perfection que n’ont connues, selon moi, nul autre temps et nul autre pays. […] Sans doute ce n’est point là la comédie telle que nous la concevons et que nous l’a faite Molière ; mais quel autre que Shakespeare eût répandu, sur cette comédie frivole et bizarre, de si riches trésors ? […] Mais rien n’indique d’ailleurs que Shakespeare ait obtenu, d’Élizabeth et à sa cour, des marques de distinction supérieures ou même égales à l’accueil que recevait de Louis XIV Molière, comme lui comédien et poëte ; ainsi que Molière, Shakespeare, si l’on en excepte son intimité avec lord Southampton, chercha surtout ses relations habituelles parmi les gens de lettres dont il avait probablement contribué à relever la condition sociale.

387. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

un La Fontaine ou un Molière même avaient leur philosophie. […] » ou si Molière savait par expérience, autant qu’homme du monde, « les désordres des mauvais ménages et les chagrins des maris jaloux » ! […] Coras se joue enfin par la troupe de Molière, après que celle de M.  […] Non, sans doute, puisque Molière et Boileau se sont assez moqués des femmes savantes. […] Ce qui, du temps de Molière, était encore chez une femme une espèce de ridicule est devenu maintenant une élégance ; — nous dirions, de nos jours, un sport.

388. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade savait le grec comme je viens de le définir, et à ce titre (n’en déplaise au grand Molière), il méritait sinon les baisers des belles, du moins tous les respects et le plus humble coup de chapeau des profanes ou demi-profanes. […] Il semble qu’un homme d’autant d’esprit et qui savait Son Molière autant que son Lanoue, aurait dû être guéri à jamais de cette mascarade.

389. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Pascal à part, on ne trouverait, en effet, dans ce grand siècle de Louis XIV, que trois hommes d’un goût tout à fait libre et indépendant, comme nous l’entendons, Bossuet, Molière et La Fontaine. […] On voit en lui du premier coup d’œil un esprit supérieur, au-dessus de tous les préjugés de la société et des opinions humaines, autant que Molière pouvait l’être, mais à la fois un esprit inquiet, ardent, mélancolique, sans cesse aux prises avec lui-même, passionnément en quête de la vérité et du bonheur ; et alors l’idéalisant un peu, ou plutôt en faisant un type, comme on dit, un miroir anticipé de notre âge, on le présente comme le héros et la victime dans la lutte du scepticisme et de la foi, celle-ci triomphant provisoirement en lui, de même que le scepticisme, un siècle plus tard, l’eût emporté.

390. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Que Molière en fasse les Précieuses ridicules, rien de mieux : mais d’en faire Ruy Blas, d’espérer sur cette donnée de haute fantaisie élever une action sérieusement attendrissante et tragique, c’est vraiment manquer de sens commun. […] Depuis la fin du xviiie  siècle, la comédie se traîne : la gaieté de Beaumarchais est perdue, la profondeur de Molière se retrouve encore moins.

391. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Il est évident qu’il n’y a rien de mieux dans Juvénal ni dans Sénèque, ni même dans Corneille, Bossuet ou Molière ; et cela, chez Hugo, est continuel. […] Ainsi, on a fait pour Victor Hugo ce qu’on ne fait ni pour Corneille, ni pour Racine, ni pour Molière.

392. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

On dit qu’à l’exemple de Molière, il consultait souvent sa vieille nourrice, et qu’il s’appliquait à ne se servir que de mots familiers à tous ses compatriotes, gentilshommes ou paysans. […] Pourtant il y a partout des personnes aussi ingénieuses que la prude de Molière pour apercevoir dans un livre bien des intentions scandaleuses que l’auteur lui-même n’a pas eues.

393. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Ainsi, dans ces dernières années, Boileau s’est presque vu chasser du Parnasse, pour n’avoir pas réuni en lui l’invention d’Homère et de Shakspeare, le génie comique de Molière et la sensibilité de Virgile. […] Dans Molière, dans La Fontaine, dans Lesage, c’est une moitié charmante et immortelle de la littérature.

394. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Le rire sonore et franc de la gaieté de Molière alterne, dans ce drame romanesque, avec la passion lyrique de la poésie moderne ; il rajeunit de sa jeunesse les types et les costumes du vieux théâtre. […] Ils affectent peut-être un peu trop les idiotismes et les tournures de Molière, et, comme ils sont mêlés, dans ce drame qui se souvient aussi de la Marion Delorme de Victor Hugo, aux rythmes et aux formules de la poésie moderne, il en résulte parfois de singulières dissonances.

395. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

C’est ainsi que Homais offre, sur une scène beaucoup plus vaste, un spectacle analogue à celui que Molière inventa avec son bourgeois gentilhomme. […] C’est ainsi que la chirurgie et la médecine ont leurs dévots qui ne relèvent pas seulement de Molière, mais qui pourraient souvent prendre place en un martyrologe d’un nouveau genre.

396. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Ce ne peut pas être Molière. Il joue un personnage de bouffon dans ce poème, et Molière n’a jamais eu, aux yeux de n’importe lequel de ses trois amis, le caractère d’un bouffon.

397. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Molière prend dans Plaute, dans Térence, dans les Italiens, aux vivants comme aux morts : tout ce qui a été dit de comique est son bien.

398. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Molière au moins le pensait, quand il disait de La Fontaine à Boileau : « le bonhomme ira plus loin que nous tous ».

399. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

On a reproché à Lessing — et ici l’allemand revenait trop dans cette nature si peu allemande — de n’avoir pas eu assez profond le sentiment de Molière et de lui avoir (ô triple allemand, de cette fois !)

400. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Oui, à en croire cette déclaration, onctueusement superbe, où le Père suprême, qui n’est plus vêtu de bleu, mais de noir, parle doux, comme l’huissier de Molière : Il est vêtu de noir et parle d’un ton doux, à en croire cette déclaration, l’Église saint-simonienne existerait.

401. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

On lui préfère ce grand génie sombre qui s’appelle Molière ou ce valet qui se moque de ses maîtres et que l’on appelle Beaumarchais !

402. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Brunetière, dans sa mauvaise humeur, ajoute que Racine et Molière ont été parfois superficiels à cause des salons et des femmes, parce qu’ils ont voulu plaire. […] C’est ce que Boileau a fait au xviie  siècle, et Molière après lui, quand ils ont diffamé les précieuses, dépossédé les Ménage et les Chapelain de l’admiration dont ils étaient entourés ». C’est donc Molière que Brunetière, à la manière de Gorenflot, baptise critique, et la victoire de Molière sur Chapelain, c’est une victoire de la critique sur un ennemi de la critique. […] En tout cas rien ne s’accorde moins avec le pancriticisme de Brunetière que le xviie  siècle et surtout que la grande génération classique, celle de Molière, La Fontaine, Boileau et Racine. […] Corneille, Racine et Molière, Stendhal et Balzac ont peint des caractères humains.

403. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

En même temps règne Molière, miraculeusement exceptionnel. […] C’est la prodigieuse faculté de Molière, de concentrer dans un personnage toutes les généralités que son caractère évoque, sans que sa particularité, vraisemblable, fréquente, étroite s’il le faut, nous en paraisse singularisée ou élargie. […] Une autre grandeur concilie à Molière l’admiration enthousiaste et sympathique aussi de ceux-là mêmes que l’exagération des paradoxes d’écoles détourna de lui ; cette grandeur, c’est la bonté. […] Lorsque, en des heures de rêverie, on s’imagine que l’on aurait pu vivre avec ceux que l’on admire, c’est surtout de Molière qu’on voudrait avoir été le compagnon. […] Le poète Pierre Corneille, — si l’on prend le nom de poète, comme il convient ici, dans son sens exclusif, — fut plus grand que Racine, bien que Racine ait eu tant de charme et d’intimité poignante ; fut plus grand que Molière, bien que Molière en ses œuvres vastes et généreuses ait parlé une langue si extraordinairement adéquate au vouloir de sa pensée ; mais Corneille, lyrique et épique, écrivit pour le théâtre, tandis que Racine, tragique, et Molière, comique, furent le théâtre lui-même ; et il n’y eut, au xviie  siècle, ni ode ni épopée.

404. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

La Fontaine a voulu peindre tout au long ce portrait de l’hypocrite, et les grands moralistes du temps, Molière et La Bruyère, se rencontrent là-dessus avec lui. […] Il ne s’agit jamais « que de happer le malade. » Un métier, selon le mot de Molière, est un moyen de traire les hommes. […] Marivaux trouvait Molière gros et grossier, bon pour le peuple, et prétendait suivre dans les recoins secrets du coeur des sentiments plus déliés et plus intimes. […] Molière, Précieuses ridicules.

405. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Molière, moraliste, Soc. positiviste, 1899, n-12. — Scène lyrique en l’honneur d’Auguste Comte. —  La liberté ou le Rêve d’Éraste. — Aventure flamande de sœur Godeliève (tirages à part de la Revue) (Ancienne Revue des Revues), 1900-1004. — Poussier des Mottes, 1 acte et 2 tableaux (Théâtre Cluny, 1905). […] Dearly, Rozenberg, 1905), en collaboration avec André de Fouquières. — Une Nuit, en collaboration avec André de Fouquières (Théâtre Molière 1905), Sansot et Cie, 1906, in-18. — J.  […] Molière, 1906, in-18. […] Girard, in-16, Soleil, 1900. 1900. — L’Âme des Choses, 1 acte en vers (Théâtre des Poètes, 1903) (non publié). — L’Amour vole, 1 acte en vers joué au Théâtre Victor Hugo, Librairie Molière, 1904, in-18. — La Souillure, roman, Émile Petit, 1905, in-18 — Les Voiles blanches, poésies, Soc. du Mercure de France, 1905, in-18.

406. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Après cela remettez-vous à Corneille et à Molière.

407. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Rostand, d’ailleurs, ne semble pas très bien savoir à quelle époque vécut Cyrano : Cyrano, mort en 1655, a toujours ignoré, sans doute, l’emprunt que, dans les Fourberies de Scapin, jouées en 1671, Molière fit au Pédant joué ; et il est peu probable qu’il ait dédaigné d’être Dans les petits papiers du Mercure François, fondé en 1672.

408. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Racine, Molière, Boileau, avaient assisté aux orages de la Fronde.

409. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Elle a gagné principalement, lorsqu’on n’a plus eu les grands écrivains du siècle de Louis XIV, Racine, Boileau, la Fontaine, Molière, la Bruyère, ces génies immortels que le sçavant Huet se félicitoit d’avoir connus, comme Ovide se fait gloire, dans une élégie, d’avoir vu Horace, Virgile, Tibulle, Properce & Gallus.

410. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Il y jouait la Faculté de Médecine en corps, après avoir joué les Médecins en particulier dans plusieurs autres, où il a trouvé moyen de les placer ; ce qui a fait dire que les Médecins étaient pour Molière, ce que le vieux Poète était pour Térence.

411. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

… Après Desforges, Gorgy, Dorvigny, la Moreney, Plancher-Valcour, Baculard d’Arnaud, Grimod de la Reynière, Cubières, Olympe de Gouges, le chevalier de la Molière, le chevalier de Mouhy, quel indigent, quel pauvre honteux ou effronté de la littérature du xviiie  siècle, un curieux bienfaisant qui donne l’obole d’une biographie à des ombres peut-il évoquer ?

412. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

» Et l’historien en question ajoute, textuellement : « Si des ecclésiastiques ont régi tant d’États militaires, c’est qu’ils étaient plus expérimentés, plus véritablement propres aux affaires, que des généraux et des courtisans. » Raison qui rappelle le mot des médecins de Molière : L’opium fait dormir parce qu’il a une vertu dormitive , et qui fait sourire venant d’un homme d’autant d’esprit que Voltaire ; car c’est Voltaire qui est cet historien !

413. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

C’est à Paris, en effet, que cet Italien, naturalisé Français par un langage aussi étonnant pour un étranger que celui d’Hamilton (dans les Mémoires de Gramont), publia son fameux livre dialogué sur les blés, que Voltaire appela du Platon égayé par Molière, et qui fricassa les économistes balourds de ce temps dans la poêle à frire de la plaisanterie, chauffée avec cette verve qui faisait penser Catherine II au Vésuve, quand elle lisait Galiani !

414. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Bayle, le sceptique, avait été moins injuste, et Voltaire, plus tard, superficiel et détraqué, avait, dans son Essai sur les Mœurs, relevé son bonnet, tombé dans la titubante ivresse de la haine… Du reste, encore une chose à remarquer de la part de ces philosophes, qui ont été bien heureux que Molière eût inventé Tartufe pour avoir une injure à jeter à toute l’humanité religieuse !

415. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

On peut y reconnaître la dernière lie de cet esprit gaulois, déjà entaché de grossièreté vulgaire dans son plus beau temps, de cet esprit sensé et ironique qui s’étend, croit-il, à la pratique de la vie, et dont Molière fut la coupe pleine et Béranger la dernière gouttelette, car La Fontaine eut beau être Gaulois, il aima l’idéal, le divin bonhomme, et plus que Louis Tieck, il a du bleu autour de la pensée.

416. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

On aurait cru en le voyant qu’on avait changé d’époque et qu’on était introduit dans la société d’un de ces deux ou trois hommes naturellement immortels, dont Louis XIV était le centre, et qui se trouvaient chez lui comme chez eux, à son niveau, quoique sans s’élever ou sans s’abaisser du leur : — La Bruyère, — Boileau, — La Rochefoucauld, — Racine, — et surtout Molière ; — il portait son génie si simplement qu’il ne le sentait pas. […] Vivre à ma fantaisie, travailler selon mon goût et à ma guise, ne rien faire de sérieux, m’endormir sur l’avenir que je me fais beau, penser à vous en vous sachant heureuses, avoir pour maîtresse la Julie de Rousseau, La Fontaine et Molière pour amis, Racine pour maître, le cimetière du Père Lachaise pour promenade ! […] Quant à la comédie, Molière, que je veux suivre, est un maître désespérant ; il faut des jours sur des jours pour arriver à quelque chose de bien en ce genre, et c’est toujours le temps qui me manque.

417. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Railler l’idéal, ce serait là le défaut de Cervantes ; mais ce défaut n’est qu’apparent ; regardez bien ; ce sourire a une larme ; en réalité, Cervantes est pour don Quichotte comme Molière est pour Alceste. […] Si Molière avait « cela », il serait l’égal de Shakespeare. […] Avoir, par peur de Boileau, éteint bien vite le lumineux style de l’Étourdi, avoir, par crainte des prêtres, écrit trop peu de scènes comme le Pauvre de Don Juan, c’est là la lacune de Molière.

418. (1923) Au service de la déesse

Non, Molière n’aurait pas répondu au Roi comme fit le Père Bourdaloue. […] Et il y a de rudes censeurs pour vilipender les écrivains comme Veuillot vilipende Molière. […] Veuillot reproche à Molière de n’avoir pas déconseillé au Roi les pratiques de galanterie. […] Une tragédie de Corneille ou de Racine, une comédie de Molière, se passent de toutes anecdotes explicatives et garderaient leur clarté, leur signification, leur valeur, si même nous n’avions aucun renseignement sur la personne do Corneille, ou de Racine, ou de Molière. […] Je voudrais que le romancier consentît que la règle, disait Molière et disait Racine, est de plaire.

419. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Pour ne noter que ce conseil de rechercher les rimes éloignées et rares qui « sentent si fort leur grand poète », on reconnaît là un précepte fait tout exprès pour Molière, dont le bonheur en ce genre faisait dire à Boileau, succombant quelquefois sous les difficultés du grand art de Malherbe Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime.

420. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il a un prix à l’Académie pour une épître en vers, fade et facile, Épître d’un père à son fils sur la naissance d’un petit-fils (1764) ; il remporte un autre prix à l’Académie pour l’Éloge de Molière (1769). […] Que Molière, dans une comédie, fasse dire cela à l’un de ses personnages, c’est en situation et l’on en peut rire.

421. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Pour Molière, nous savons évidemment, défalcation faite de beaucoup d’exagérations que l’on s’est permises à son égard, pour ce qui est de ses passions amoureuses, nous savons qu’il a souffert beaucoup et profondément des passions de l’amour. […] Vous le connaissez du reste en partie, parce que vous avez été entendre le Molière de M. 

422. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Homère, Sophocle, Platon, Térence et Virgile, avant Shakspeare, Racine et Molière, passent aux yeux de beaucoup pour avoir su faire un emploi assez intelligent du « document humain ». […] J’accorde que les romanciers nous ont plus d’une fois fatigué avec leurs marquises et leurs comtesses ; il en est que la qualité entête tout simples bourgeois qu’ils soient nés, et qui, comme tel personnage de Molière « ne parlent jamais que duc, prince ou princesse ».

423. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Sa plus grande dissimulation en causant était de ne pas dire tout ce qu’elle pensait et ce qu’elle savait, mais elle ne s’abaissait jamais au mensonge ; elle aimait par goût la vérité, et « à s’approcher d’elle le plus qu’elle pouvait toujours. » Sa littérature nous est connue ; elle nous a dit elle-même ses lectures ; elle était devenue plus difficile avec les années : « Elle aimait (c’est le prince de Ligne qui parle) les romans de Le Sage, Molière et Corneille. — “Racine n’est pas mon homme, disait-elle, excepté dans Mithridate.”

424. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

demande Molière.

425. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Chez Molière, dans le Tartufe, dans Don Juan, dans le Misanthrope, le ton s’élèvera parfois, et la comédie semblera verser dans le tragique.

426. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Socrate et Molière ne font qu’effleurer la peau.

427. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Il n’aura plus toute la saveur de son génie, de ce génie si profondément gaulois qui allait commencer cette belle lignée où l’on trouve Rabelais par en haut, Marot plus bas, Régnier, qui remonte pour arriver à La Fontaine et à Molière ; Boileau de quelques degrés au-dessous ; puis Voltaire, puis Béranger, qui l’aplatit, ce génie, et qui l’embourgeoise, mais dans lequel, pourtant, on peut le reconnaître encore !

428. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Un homme de génie peut traiter le même sujet qu’a immortalisé Molière. » Idée hardie très moderne, sur laquelle Fréron est revenu cent fois.

429. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Il s’y montre l’irrévérent Hugo pour Molière à propos des femmes, le Hugo Trissotin quand il s’agit de sauver les Bélise et les.

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