/ 3617
549. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Avant lui, il est vrai, il s’était rencontré des écrivains dont le sens honnête et droit s’était soulevé d’indignation devant les crimes révolutionnaires, et qui n’avaient point partagé l’idolâtrie, maintenant si commune, pour son principe et ses excès. […] Telle est, ramassée en quelques mots, cette Histoire des Causes de la Révolution qui vient l’éclairer par en-dessous, qui nous la montre sous le vrai jour de ses événements intérieurs, et non à la lumière trompeuse et rétrospective des nôtres. […] Quand Cassagnac écrira une Histoire de la monarchie française, c’est-à-dire des trois ordres, avec son esprit incisif et si audacieux à prendre le vrai où qu’il soit, je ne doute pas de la réponse qu’il saura faire à cette question. […] Le Catholicisme, en posant la liberté de l’homme, — et, chose qui devrait faire réfléchir les partisans de la liberté politique, il n’y a que le Catholicisme qui sache poser philosophiquement cette liberté, — donne la seule vraie philosophie de l’Histoire. […] Ils ont répété ce mot, inventé par les sots pour empêcher les gens spirituels d’être neufs et vrais.

550. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Il reste dans la conjugaison des traces de l’usage du moyen âge : le latin nous donne sa proposition infinitive, qu’on trouve, il est vrai, déjà acclimatée dans Commynes et dans Marot, mais qui devient alors tout à fait commune : il nous donne aussi toutes les constructions du relatif, soit éloigné de son antécédent, soit dépendant d’un participe ou d’un infinitif, et non d’un mode personnel du verbe. […] Par l’inversion notamment, une réaction de l’ordre analytique vers l’ordre synthétique se fait contre le vrai génie et le certain avenir de la langue. […] C’est le cri général : Henri Estienne protestait contre le débordement de l’italianisme, au nom du « pur et simple » français : il est vrai que le latinisme ni l’hellénisme ne l’effrayaient. […] On se demande où est le vrai français ?

551. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Il n’y a qu’une base à la vie heureuse, c’est la recherche du bien et du vrai. […] Jouffroy adressait aux élèves du lycée Charlemagne ces sévères paroles : « C’est notre rôle à nous, à qui l’expérience a révélé la vraie vérité sur les choses de ce monde, de vous la dire. […] Soyez assurés que la meilleure part est celle de l’honnête homme, et que c’est lui, après tout, qui est le vrai sage. […] Mais il y a une chose sûre, c’est que, dans tous les états sociaux que vous pourrez traverser, il y aura du bien à faire, du vrai à chercher, une patrie à servir et à aimer.

552. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Il est vrai qu’à cette immense rêverie mystico-germanique, éclose du frai philosophique de Hegel dans le cerveau spongieux de la jeune Allemagne, Proudhon donne l’accent net et mordant d’une bouche gauloise ; mais cet accent, qui vibrait avec plus d’éclat et de force dans les Confessions d’un Révolutionnaire, et qui ne s’est ni rajeuni ni creusé, on le connaît comme les idées du livre, que naguère il exprimait mieux. […] Voilà la vraie gloire de style qui lui restera, et dont se souviendra la Critique quand le mépris aura chassé de l’attention des hommes les chimères qu’il nous donne comme les réalités de l’avenir. […] Proudhon, nous l’avons dit, croit ou feint de croire à la ruine de ce que l’histoire du monde appelle la politique, et à laquelle il substitue un ordre économique, impossible, il est vrai, à concevoir avec l’état actuel de la tête humaine. […] Ce n’est point une thèse de parti qu’il a soutenue, son esprit vise plus haut que cela ; mais il n’en est pas moins vrai qu’il a mis une grande force aux mains de son parti en établissant un pareil système.

553. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

C’étoit un grand personnage, quoi que ses envieux en aient voulu dire : il ne savoit pourtant pas toutes les finesses de la poésie ; mais Mme de La Fayette les entendoit bien. » La personne qui préférait à tout et sentait ainsi les poëtes était à la fois celle-là même qui se montrait vraie par excellence, comme M. de La Rochefoucauld plus tard le lui dit, employant pour la première fois cette expression qui est restée : esprit poétique, esprit vrai, son mérite comme son charme est dans cette alliance. […] » Il est vrai qu’après tout, le genre de Zayde ne diffère pas si notablement de celui des Nouvelles de Segrais, qu’on n’ait pu dans le temps prendre le change. […] Je ne sais si la comparaison vous offense, mais quand elle vous offenseroit dans la bouche d’un autre, elle est une grande louange dans la mienne si tout ce qu’on dit est vrai. […] Mme de La Fayette mourante était celle encore dont Mme Scarron, écrivant à Mme de Chantelou sur sa présentation à Mme de Montespan, avait dit en 1666 : « Mme de Thianges me présenta à sa sœur… Je peignis ma misère… sans me ravaler ;… enfin Mme de La Fayette auroit été contente du vrai de mes expressions et de la brièveté de mon récit. » En fait de société aimable et polie, unissant le sérieux et le vrai à la grâce, si j’avais été de M. […] Vous qui vous estimiez vraie entre toutes, et que le monde flattait d’être telle, vous ne l’étiez pas ; vous ne l’étiez qu’à demi et qu’à faux : votre sagesse sans Dieu était pur bon goût ! 

/ 3617