Ce sont les narrateurs expressifs et incisifs entre tous, Montluc et Brantôme, c’est la fantaisie ailée et vagabonde de Montaigne, abeille de Platon, guêpe d’Aristophane ; c’est la sérieuse et sévère éloquence de Calvin, c’est la grâce aimable de saint François de Sales, c’est auparavant la voix de la liberté jetant ses premiers accents sur les lèvres de la Boétie, dans cette ville de Bordeaux qui redira en d’autres termes cette protestation immortelle quand elle ne représentera plus la Guyenne, mais la Gironde ! […] Rappelez-vous cette scène immortelle du drame shakespearien où Juliette dit à Roméo : « C’est le rossignol et non l’alouette dont la voix frappe ton oreille. » Et Roméo de répondre : « Non, ce n’est pas le rossignol, mais l’alouette, messagère du matin. » Et nous aussi, parlons comme Roméo. Ce que nous entendons dans les voix confuses de la Patrie qui se relève ce n’est pas le rossignol, oiseau des deuils et des mélancolies, c’est l’alouette, symbole ailé, mélodieux témoin de la résurrection et de l’espérance.
La voix de nos Troubadours et de nos Trouvères a été étouffée par les chants de l’Aonie. […] Lorsque le Labarum parut dans le ciel, n’entendit-on pas une voix qui sortait du Capitole, et qui disait : Les dieux s’en vont ? […] Maintenant, une autre voix retentit dans le monde littéraire : Les images des dieux s’en vont.
Ainsi, sous ce règne d’Auguste, si favorable aux arts, dit-on, dans cette heureuse maturité de l’idiome et du génie romain secondée par la paix de l’empire, chez ce peuple où se réfléchit alors le génie de la Grèce, parmi des conditions tout à la fois d’affinité naturelle et d’imitation, la poésie lyrique, cette belle parure du théâtre d’Athènes et des fêtes d’Olympie, cette voix antique de la religion et de la patrie, n’eut qu’un seul interprète, plus ingénieux que grand, plus ami du plaisir que de la vertu, de la fortune que de la gloire. […] L’extinction du sentiment moral dans la foule, la peur et l’égoïsme, voilà le secret de l’apothéose d’Octave par la voix de Virgile et d’Horace et jusqu’au milieu de l’exil d’Ovide. […] De qui la folâtre image de la voix redira-t-elle le nom, sur les hauteurs ombragées d’Hélicon, ou sur le Pinde, ou sur le frais Hémus ?
Crescentini, le Farinelli de l’Empire, la belle madame Grassini, y faisaient entendre leurs voix exceptionnelles et déployaient leur merveilleuse méthode. […] C’était d’abord comme une sorte de légende de la caricature puis l’artiste réunissant plusieurs types en a formé des scènes d’un comique irrésistible où il imitait la voix des différents acteurs. […] Les chiens de l’intérieur répondent au vacarme, de leur voix plus grêle, avec une persistance rageuse, et bientôt le battant entr’ouvert de la porte laisse apercevoir le facteur du télégraphe, encadré par la nuit. […] Cette voix angélique, qui semble venir des profondeurs du ciel, sait prendre, quand il le faut, l’accent mâle de l’homme. […] La mystérieuse voix du sang, qui se tait pendant des générations entières ou ne murmure que des syllabes confuses, parle de loin en loin un langage plus net et plus intelligible.
Car la cloche est la voix du dimanche. […] puis des voix : “Le cochon est égorgé !” […] La voix de Malasvon, obstinée, rauque d’effort : “Ah ! […] Sa voix et son geste ont changé. […] Certes ma voix est bien peu de chose ; mais, si faible qu’elle soit, qui sait si elle n’éveillera pas une voix plus puissante ?