Quoi qu’en disent les esprits détracteurs & chagrins, j’aime donc beaucoup mieux vivre aujourd’hui que d’avoir vécu il y a trois ou quatre siécles. […] La Melpomène Françoise, qui jusqu’ici a vécu d’imitations, offre quelques portraits ; mais rarement un tableau animé par la foule des caractères qui appartiennent au sujet. […] Figurez-vous Bâcon, Descartes, Newton, Galilée, ayant quelques milliers d’années à vivre & à penser. […] Il est né pour les ténèbres, & il ne peut vivre avec lui même. […] Telle est la pensée féconde de Montesquieu, revétue de cette expression si heureuse : En tout endroit où deux personnes peuvent vivre commodément, il se fait un mariage.
Nous vivons dans un siècle d’angoisse et d’incertitude, de trouble et de fièvre, de lutte et d’effort. […] Il a vécu, il vivra ! […] Nous vivons si bien dans un milieu de lutte et de guerre spirituelle, qu’il faut, à tout prix, se dresser à cette escrime de la parole écrite, — fût-ce aux dépens de ceux qu’on aime. […] Dans le déshabillé de l’intimité, il n’est pas de plus folle créature, avec moins de sans-gêne et de souci de tout ce qui n’est pas le bonheur de vivre. — C’est un rire exhilarant, une gaieté pyrique qui s’enivre du bruit des pétards qu’elle vous bombarde aux oreilles. […] Rêver et mourir, telle semblait être la pensée de cette littérature malsaine ; vivre en agissant, c’est-à-dire en combattant, telle doit être la devise de la nôtre.
Scribe y songe : la haute muse comique, qui à la vue des excès du vaudeville est blessée au cœur et nous boude avec raison, a tendu la main à l’auteur de la Camaraderie, et le protégerait de préférence à beaucoup d’autres, si, au lieu d’éparpiller ses forces, il s’appliquait à les réunir ; s’il livrait plus souvent de véritables combats, au lieu d’escarmouches sans fin ; s’il donnait à son observation plus d’étendue et de profondeur, et s’il ne dédaignait pas aussi ouvertement cette puissance ombrageuse qui ne se laisse captiver que par de continuels sacrifices, mais qui seule aussi peut faire vivre l’écrivain : c’est du style que je veux parler.
Elle amoindrit la confiance en soi, la « joie de vivre », même la vertu, dans une plus grande proportion qu’elle ne diminue les forces.
C’est un meurtre, oui, toujours ; mais ne semble-t-il pas plus excusable en somme que tel meurtre lâchement « passionnel », avec guet-apens, sang versé, agonie de la victime, victime adulte, qui peut laisser après soi des êtres chers et qui vivaient d’elle : toutes choses qui n’empêcheront point le Code d’absoudre publiquement l’assassin ?