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1438. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Cinquante ans plus tard, il y en a qui vivront surtout par leur admiration pour Voltaire et parce qu’ils auront été ses premiers disciples, ses premiers lieutenants. […] Ce qui dut paraître alors à quelques-uns, et certainement à Mathieu Marais, qui vivait encore, une énormité et un blasphème, devint bientôt un jugement tout simple, qui résumait le dernier mot de l’avenir. […] Quand on vient comme moi de relire tant de pages que le temps a déjà fanées et qu’on sort de tous ces noms qui circulaient alors et qui signifiaient quelque chose, Basnage, l’abbé Le Clerc, Sorbière, Bouhier lui-même, Bayle, une tristesse vous prend, et je suis frappé de ceci : c’est qu’il n’en est pas un seul dont j’osasse conseiller aujourd’hui à mes propres lecteurs la lecture immédiate et pour un agrément mêlé d’instruction ; car tout cela est passé, bon pour les doctes et les curieux seulement, pour ceux qui n’ont rien de mieux à faire que de vivre dans les loisirs et les recherches du cabinet.

1439. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Il vit, il a toujours vécu à la fois en deçà et au delà, enjambant dans l’intervalle ces taupinières. […] Il n’a jamais vécu en effet de cette vie qui fut la nôtre, de cette atmosphère habituelle de philosophie et de révolution où plongea le siècle. […] « Ceux qui les virent ont raconté qu’une grande tristesse était dans leur cœur ; l’angoisse soulevait leur poitrine, et comme fatigués du travail de vivre, levant les yeux au ciel, ils pleuraient.

1440. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

si Perse avait vécu, s’il avait songé à critiquer les auteurs plutôt qu’à être stoïcien, comme il aurait noté, dans sa vengeance, d’un vers un peu obscur mais pressant, le critique de sa connaissance, Papirius Enisus, qui, après avoir quelque temps écouté, chez Labéon ou autre, les lectures de vers d’après Accius et Pacuvius, et s’être efforcé tant bien que mal de les célébrer, s’aperçoit un matin que toutes les places sont prises, qu’il n’aura jamais de ce côté celle qui lui est due, que cette Rome turbulente et volage veut tout à l’heure autre chose, que surtout les rhéteurs de cour, les arbitres du goût officiel, ne favorisent pas ce genre-là, et qui… ? […] Le seizième siècle, qui ne savait pas très-bien son moyen âge, a pris en poésie la queue de l’arrière-garde et l’escarmouche finale pour le gros de la bataille : nous avons tous longtemps vécu là-dessus. […] Cette villa de Sorrente, où vivent deux heureux, a des étangs paisibles où se mire leur bonheur : …………….. nulloque tumultu Stagna modesta jacent, dominique imitantia mores.

1441. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Faugère fit le voyage de Clermont, et de là se rendit à la campagne où vivait M. […] Bellaigue, heureux de voir ses richesses si bien comprises, et sentant se ranimer son étincelle, n’a pas vécu assez pour assister à l’accomplissement de l’œuvre tant désirée. […] Ce qu’on fit, en somme, ne fut pas si mal fait, puisque c’est ce qu’on admira universellement, ce que les esprits les plus éminents approuvèrent, et ce sur quoi on a vécu deux siècles.

1442. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Mémoires sur la mort de Louis XV La maladie d’un roi, d’un roi qui a une maîtresse, et une c… pour maîtresse, d’un roi dont les ministres et les courtisans n’existent que par cette maîtresse, dont les enfants sont opposés d’intérêts et d’inclination à cette maîtresse, est une trop grande époque pour un homme qui vit et qui est destiné à vivre à la Cour, pour ne pas mériter toutes ses observations. […] M. de Beauvau, d’ailleurs très-facile à vivre dans l’ordre ordinaire de la société, est ce qu’on appelle susceptible dans les choses qui tiennent à sa charge. […] Il s’était, ainsi que Mme la Dauphine et ses frères, renfermé dans son plus petit intérieur, et à son service près, qu’il voyait seulement à l’heure de son lever et de son coucher, il vivait en famille ; il voyait aussi un demi-quart d’heure, à midi et demi, les princes qui ne voyaient pas le roi.

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