Il demandait un agrément vif et doux, une certaine joie intérieure, perpétuelle, donnant au mouvement et à la forme l’aisance et la souplesse, à l’expression la clarté, la lumière et la transparence. […] Il l’aurait aimée d’un sentiment plus vif que l’amitié, s’il y avait eu pour cette âme exquise un plus vif sentiment que celui-là. […] Cet esprit trop vif, qui ne savait pas marcher lentement, aimait à voler et à s’élever près d’elle.
Le sentiment patriotique était très vif en lui ; il souffrait douloureusement des blessures de la France et des désastres qui marquèrent la chute de l’Empire. […] Il fit plus pourtant que de l’entrevoir dans des conférences qu’il prêcha en 1834 au collège Stanislas, et où la jeunesse s’étonna d’entendre pour la première fois en chaire une parole vive et jeune comme elle, svelte et hardie, abordant par leurs noms les idées neuves, en prenant souvent la couleur et l’accent pour les serrer de plus près et pour les rattacher par leur partie saine à l’antique tradition qui en semblait toute rajeunie. […] Il fit un Mémoire pour le rétablissement en France de l’ordre des Frères prêcheurs, qu’il dédia pour premier mot « À mon pays » ; il écrivit une Vie de saint Dominique, qui serait à discuter historiquement, mais où respire et reluit l’intelligence vive du Moyen Âge. […] Le soir, on éteignait la lumière de bonne heure par économie, et le pauvre écolier devenait ce qu’il pouvait, heureux lorsque la lune favorisait par un éclat plus vif la prolongation de sa veillée.
La gronderie du père, la câlinerie de l’enfant, sa ferme volonté de ne plus lâcher prise et d’être du voyage, tous ces riens sont retracés au vif et relevés de mille grâces. […] Elle regrette ces richesses ; elle regrette, comme Fénelon, ce je ne sais quoi de court, de naïf, de hardi, de vif et de passionné, qui animait notre vieux langage et que la langue rustique a conservé par endroits. […] Là même où il y a quelque pastiche, c’est plus vif et comme de source, c’est de l’Amyot à plein courant. […] Au xviie siècle, le sentiment du pittoresque naturel est né à peine, il n’est pas détaché ni développé, et, si l’on excepte le bon et grand La Fontaine17, nous n’avons alors à admirer aucun tableau vif et parlant.
Et même, lorsque le critique a exprimé cette pensée que chacun a ou que chacun désire, une grande part des allusions, des conclusions et conséquences, une part toute vive reste encore dans l’esprit des lecteurs. […] À la veille des révolutions, quand on est en train de déclamation et de systèmes, Gil Blas semble un peu arriéré et vieilli : le lendemain des révolutions, et quand la folle ivresse est cuvée, il reparaît vif et vrai comme devant. […] Dussault n’entre presque jamais dans le vif. […] Au plus vif du jeu, il les observa toujours.
Les L’Hôpital, les de Thou, les Pithou, voilà de grands noms assurément, et dont chacun en particulier pourrait servir d’exemple pour une démonstration ; mais en français, et eu égard aux lecteurs d’aujourd’hui, nul mieux qu’Étienne Pasquier ne les représente au vif dans ses écrits, ne les développe et ne les résume commodément et avec fidélité ; il offre une vie de xvie siècle au complet, et il a exprimé cette vie dans des ouvrages encore graves et à demi familiers, dans des lettres écrites non pas en latin, mais dans le français du temps, et avec une attention visible de renseigner la postérité. […] Sa marche est souvent embarrassée et comme empêchée d’érudition ; il est moins vif et moins court-vêtu que Montaigne, et même il l’est moins que cet habile ignorant, Philippe de Commynes. […] Et comme correctif à ce que je viens de dire sur les quelques défauts de l’estimable prosateur, quelle plus jolie lettre, quelle plus vive et plus légère d’allégresse, que celle que Pasquier adresse à l’un de ses amis, lors de la naissance de son fils ! […] Il s’y retrouva vif, enjoué, ressaisi de l’amour des vers, des épigrammes latines ou françaises, et s’en égayant, comme autrefois, au milieu des lectures sévères.