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252. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Vive le penseur olympien qui, poursuivant en toute chose la vérité critique, n’a pas besoin de se faire rêveur pour échapper à la platitude de la vie bourgeoise, ni de se faire bourgeois pour éviter le ridicule des rêveurs. […] Des générations jeunes et vives et parfois des races nouvelles viennent sans cesse lui donner de la sève, et d’ailleurs ce mal, par sa nature même, ne saurait durer plus de quelques années comme mal social. […] Plût à Dieu que toutes les âmes vives et pures fussent convaincues que la question de l’avenir de l’humanité est tout entière une question de doctrine et de croyance, et que la philosophie seule, c’est-à-dire la recherche rationnelle, est compétente pour la résoudre ! […] Une vive originalité ? […] Je verrais un mouvement populaire du plus odieux caractère, une vraie jacquerie, l’égoïsme disant à l’égoïsme : « La bourse ou la vie », que je m’écrierais : « Vive l’humanité !

253. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Une d’elles est régente ; une autre est presque reine de Paris insurgé ; une autre entre de vive force dans Orléans. […] Il faudrait se demander si le désir de gagner une élite féminine très remuante n’a pas contribué à donner leur allure vive et cavalière aux Provinciales de Pascal, qui font pour la théologie ce que les. écrits de Descartes avaient fait pour la philosophie, je veux dire qui la sécularisent, la mettent à la portée des profanes, la font pénétrer dans les causeries et les discussions du monde. […] Mais dans leurs emportements les plus vifs les fils gardent encore une certaine humilité ; ils se laissent menacer du bâton ; ils observent certaines formules consacrées. […] Mais une fois que Rousseau, dans l’Emile et dans ses Confessions, a su tantôt montrer l’épanouissement progressif de cette fleur délicate qui s’appelle un enfant, tantôt rajeunir ces souvenirs du premier âge qui gardent pour la plupart d’entre nous la fraîcheur d’une matinée de printemps, c’est à qui s’avisera de regarder et de saisir sur le vif les joies et les douleurs naïves, les drames, les méfaits, les prouesses, les mille et une expériences de la vie enfantine. […] Je ne sais point si la ’tendresse maternelle a été plus vive de nos jours qu’autrefois ; je suis tenté de le croire, bien qu’elle ait été de tout temps passionnée  ; mais, à coup sûr, l’art d’être père et grand-père n’a jamais été poussé plus loin qu’aujourd’hui, si cet art consiste à satisfaire les désirs et les caprices de la gent enfantine ; et, comme il est aisé de le voir, cette exaltation d’un sentiment naturel a leu aussitôt son contrecoup dans les œuvres de nos écrivains.

254. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Pour nous, à mesure que nous lisions les pages les plus heureuses de l’auteur genevois, il nous semblait retrouver, au sortir d’une vie étouffée, quelque chose de l’air vif et frais des montagnes ; une douce et saine saveur nous revenait au goût, en jouissant des fruits d’un talent naturel que n’ont atteint ni l’industrie ni la vanité. […] Aussi anciens que mes premiers, que mes plus informes essais ; car ce qui les distingue de tous les autres, c’est d’être aussi vifs au premier jour qu’au dernier, de s’étendre peu, mais de ne pas décroître. […] En lisant ces pages pittoresques et vives, où la lumière se joue, on ne peut s’empêcher de partager les espérances de l’auteur, lorsque, vers la fin, en vue de l’avenir de l’art dans ces contrées où il n’eut point de passé, on l’entend qui s’écrie : « Toutefois, Suisse, ma belle, ma chère patrie, les temps sont venus peut-être ! […] L’auteur de Jules pratique à la Jean-Jacques et à moins de frais la nature et la foule ; il y recueille, chemin faisant, une quantité de petits tableaux, qu’il nous rend au vif et qui ont la transparence d’un Teniers ou d’un Ostade. […] Serait-ce jamais le cas au mot de Cicéron du fond de sa Cilicie : Urbem, urbem, mi Rufe, cole, et in istâ luce vive ?

255. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Le jeune créole, à peine hors des bancs, trahit son caractère vif, enthousiaste et mobile ; il songea d’abord, assure-t-on, à prendre l’habit religieux chez les Pères de la Trappe, et il finit par entrer dans un régiment. […] Il serait vraiment fâcheux pour nous que ce qui a paru une nuance si délicate et en même temps si vive aux contemporains de Parny nous échappât presque tout entier, et qu’en le refeuilletant après tant d’années, nous eussions perdu le don de discerner en quoi il a pu obtenir auprès des gens de goût ce succès d’abord universel, en quoi aussi sans doute il a cessé, à certains égards, de le mériter. […] Ce fut alors seulement qu’il distribua ses pièces avec gradation et selon l’ordre où elles se présentent aujourd’hui : dans le premier livre, la jouissance pure et simple ; dans le second, une fausse alarme d’infidélité ; dans le troisième, le bonheur ressaisi, d’autant plus vif et plus doux ; dans le quatrième, l’infidélité trop réelle et le désespoir amer qu’elle entraîne. […] Cinquante années n’étaient pas encore écoulées que lorsqu’on prononçait simplement le nom d’Éléonore, on ne se souvenait plus de celle de Parny, on ne songeait qu’à la seule et unique Éléonore, à celle de Ferrare et du Tasse : il n’y a que l’idéal qui vive à jamais et qui demeure. Si touchés que les contemporains aient pu être des grâces vives et naturelles de Parny, et de ses traits de passion, il ne faudrait pas croire que certains défauts essentiels leur aient entièrement échappé.

256. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

ce fut à Athènes, en 1865, que j’éprouvai pour la première fois un vif sentiment de retour en arrière, un effet comme celui d’une brise fraîche, pénétrante, venant de très loin. […] Son imagination, son entrain, sa sensualité vive, firent de lui, dans son milieu, une apparition à part. […] Ma mère ne me racontait jamais cette scène sans la plus vive émotion. […] Très tôt, le goût des jeunes filles fut vif en moi. […] Je n’abandonnai nullement mon goût pour l’idéal ; je l’ai plus vif que jamais, je l’aurai toujours.

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