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526. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Notice sur M. G. Duplessis. » pp. 516-517

Lorsqu’en parcourant les manuscrits ou les vieux livres, il découvrait quelque pièce curieuse, inconnue ou très rare, et qu’il jugeait de quelque intérêt pour ses confrères les amateurs, il la faisait imprimer ou réimprimer à quelques exemplaires, et quelquefois dans les mêmes caractères gothiques que l’ancienne édition ; il faisait précéder la réimpression d’une petite notice, où il ne disait que l’essentiel, où il ne criait jamais à la découverte, et qu’il ne signait que de ses simples initiales (G.  […] Potier quelques amateurs de vieux livres, et où l’on cause d’un Elzévir ou d’un Vérard, d’un classique ou d’un conteur, ceux-là ont pu vérifier chaque jour l’étendue de ses connaissances, la certitude de ses informations, sa politesse discrète, affectueuse et communicative.

527. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

Enfant, tes jeux sont doux à mon cœur paternel, Mon chant intérieur monte vers l’Éternel     Quand j’entends tes pas dans les salles, A cette heure où le jour s’éteint mystérieux ; Lorsque le vieux château, décrépit glorieux,     Nous cache ses tours colossales. […] J’ai la vieille Bretagne avec ses bruits si beaux, Ses maisons du Seigneur, au milieu des tombeaux,     Comme des mères de familles Assises au milieu de leurs enfants aimés, Au soir d’un de ces jours où les cieux allumés     Ont chauffé le fer des faucilles.

528. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Lebrun, dans Marie Stuart, était bien d’avoir, le premier, sous la Restauration, détendu les vieux ressorts tragiques, mais dans une mesure qui dut être surtout sensible alors. […] Je ne veux pas reparaître comme Sully sous Louis XIII. » Ainsi répliqua brusquement le vieux et excellent philosophe-philologue de son ton le plus grondeur. […] Le vieux Mercier, si peu glorieux qu’il fût, ne pouvait point pardonner à Lemercier-Népomucène. […] Lebrun, où il rendait un hommage à Delille, lui valut une visite du vieux poëte, ce qui était alors une gloire. […] Une des moins mauvaises était encore l’Écossaise du vieux poëte Montchrétien, de l’école de Garnier.

529. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Dans ce même palais de Suse, un poète aurait pu montrer les nobles vierges des Panathénées, marchant derrière la vieille reine, en habits d’esclaves, le parasol ou le chasse-mouches à la main. […] c’est à cette insulte que le vieux roi attribue la catastrophe de son fils. […] Et toi, vieille et chère mère, retourne au palais, choisis pour ton fils de heaux vêtements, et va ensuite au-devant de lui. […] L’autorité du mort s’ajoute à la majesté du vieux roi. […] » — C’est la Confession publique de l’Église primitive, anticipée dans une cour de la vieille Asie.

530. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Eh bien, c’est ce Bixiou que l’auteur des Lettres de mon moulin a peint vieux, décrépit, aveugle, méprisé de sa femme, idiot de sa fille… et cherchez le pastel du doux Chérubin littéraire dans cette peinture ! […] Avant qu’il ne fût publié, ce livre de Jack (même par un k) avait exhalé une odeur d’ouvrier inquiétante pour ceux qui veulent que le talent ne déroge pas… Daudet ne semblait pas littérairement conformé pour mettre son pied, qui est fin et cambré, dans les vieilles savates d’Eugène Sue. […] Il n’est point aujourd’hui, comme le dit la vieille expression proverbiale, le borgne du royaume des aveugles. […] … Chose heureuse, d’ailleurs, et d’importance, en cette époque où la littérature, vieille et décadente, a la prétention d’être moderne par rage d’être décrépite, cette question d’histoire, qui pouvait porter dans ses entrailles la fortune d’un romancier, est une question moderne, pour le coup ! […] Elle est moderne pour ce vieux roman perclus et vautré dans le bain de boue qu’on lui fait prendre, et qui ne le guérira pas de ses ankylosés, et c’est pour ses veines épuisées un sang nouveau à lui transfuser ; mais il faudrait une opération de génie.

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