Molière, on le voit, débuta par la pratique de la vie et des passions avant de les peindre. […] Contradiction sublime et qu’on aime dans la vie du grand poëte ! […] On trouve dans sa vie, par M. […] On peut faire jusqu’à un certain point une bonne comédie, un bon drame, en sa vie ; témoin Gresset et Piron. […] Le changement de régime, causé par cette reprise de vie conjugale, avait accru son irritation de poitrine.
Pauvre et triste temps que cette fin du xe siècle où se fait entendre à nous la voix grêle qui dit la vie et la mort de saint Léger. […] Sous la voûte tournante et constellée du ciel, par-delà laquelle résident la Trinité, la Vierge, les anges et les saints, au-dessus de l’horrible et ténébreux enfer d’on sortent incessamment les diables tentateurs, au centre du monde est la terre immobile, « où se livre le combat de la vie, où l’homme déchu mais racheté, libre de choisir entre le bien et le mal. est perpétuellement en butte aux pièges du diable, mais est soutenu, s’il sait les obtenir, par la grâce de Dieu, la protection de la Vierge et des saints8 » : lutte tragique, où la victoire assure à l’homme une éternité de joie, la défaite une éternité de supplices. « Le grand événement de la vie, dans cette conception, c’est le péché, il s’agit de l’éviter ou de l’expier. » La religion l’enseigne : mais de son enseignement, trop haut, trop spirituel pour ces rudes âmes, on ne saisit que l’extérieur, les pratiques, tout ce qui est observance matérielle, acte physique. […] Cependant, si elle ne peut encore éveiller les âmes à la vie spirituelle, à la pacifique poursuite de la perfection intérieure, la religion agit puissamment, salutairement, comme un frein. […] « Le monde d’alors est étroit, factice, conventionnel », la vie est triste, mesquine, limitée et comme emmurée de tous côtés.
Aussi peut-on dire qu’il resta Comtois toute sa vie ; au milieu de sa diction si pure et de sa limpide éloquence, il avait gardé de certains accents du pays qui marquaient par endroits, donnaient à l’originalité plus de saveur, et l’imprégnaient à la fois de bonhomie et de finesse. […] Nous disons que Nodier fut toujours le même jusqu’à la fin, toujours le Nodier des jeunes années ; nous devons faire remarquer pourtant que sa vie littéraire se peut diviser en deux parts sensiblement différentes. […] En usant alors à la hâte ce surplus des passions dont le milieu de la vie se trouve souvent comme embarrassé, il se préparait à cette indifférence du sage, à cette bienveillance finale, inaltérable, à peine aiguisée d’une légère ironie. […] Ou si la mort était ce que mon cœur envie, Quelque sommeil bien long, d’un long rêve charmé, La nuit des jours passés, le songe de la vie ! […] Il exprimait pourtant, parfois, et de son plus fin sourire, du ton d’un Sterne attendri, combien tout cela lui paraissait presque disproportionné avec une vie qui lui semblait, à lui, avoir toujours été si incomplète et si précaire.
Cela, c’est la vulgarité inévitable de la vie ; ce sont les choses, plates et nécessaires, que la dernière sotte peut écrire tout aussi bien que la première des femmes d’esprit. […] Une Vie donc de Mme de Staël, tel serait le titre sincère, le titre loyal du livre d’aujourd’hui, — souricière où ne manqueront pas de se prendre tous ceux qui voudront grignoter un peu de cette guipure, de ce splendide point d’Angleterre qu’on appelle l’esprit de Mme de Staël ! […] — de manières, d’élégance, de ton (le ton qui sert bien plus que l’esprit dans la vie et qui cache l’absence de l’esprit, quand on a le malheur de n’en pas avoir !). […] — « On ne reste jeune que pour la tristesse. — Les pressentiments sont des aperçus trop fins pour pouvoir être analysés. — L’exil est un tombeau ; seulement c’est un tombeau où la poste arrive. — La vie, pour moi, est comme un bal dont la musique a cessé. » — Et c’est là tout ! Il n’y a rien de plus dans ces misérables lettres, qui sont pour nous ce que pour elle est la vie, — un bal dont la musique et l’âme et l’émotion ont cessé !
M. de Falloux a cru bien faire de nous raconter toute cette vie qui n’avait pas besoin d’être racontée, puisqu’elle n’avait d’autre intérêt que celui de ce talent, venu tard, et qui, sous le souffle de Dieu, que Mme Swetchine a tant aimé, s’est purifié de ses prétentions de style et de pensée par lesquelles il avait commencé ! […] Elle resta toujours dans cet entre-deux de la vie ascétique et du monde, du monde encore et de la vie de la pensée. […] Hippocrate aussi est vaincu par cette souveraine ordonnance contre le plus grand mal de la vie et qui le guérit par un miracle. […] C’est encore une manière de perdre un enfant que de n’en pas avoir, et il avait fallu se résigner à ne voir jamais, dans sa vie, de berceau sur lequel on puisse sourire, ce qui équivaut pour une âme de femme à une tombe sur laquelle on doit, hélas ! […] Sa Vie et ses Œuvres. — Chez Didier.