/ 3766
2293. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Les endroits, où il y a de ma vie d’autrefois, ne me parlent plus, ne me disent plus rien de neuf aujourd’hui, — ils ne font que me faire ressouvenir. […] lui crie-t-on, ce n’est pas un acte de vertu, l’acte de dévouement qui fait donner leur vie à ces privés de gloire, à ces innommés, à ces anonymes de la mort ! […] Et en cette absence de vie humaine, les fleurs éclatantes et les coins de jardins fleuris et tout gais sous le soleil, font un contraste étrange. […] Chez Brébant, on cause de la misère noire, dans laquelle sont tombés soudainement des gens qui avaient hier l’aisance de la vie. […] Une pauvre vieille femme avait toute sa vie et toute son âme concentrées sur un fils qui, d’employé de la banque, est devenu, à l’heure présente, soldat.

2294. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Voici la vie d’Henri Regnault. […] C’est que l’artiste a su donner à ces personnages une vie intérieure. […] Cet enfant attaché au sein d’un cadavre, c’est la vie naissant de la mort. […] Si j’essayais de reproduire tous les détails que mon œil y perçoit, ma vie n’y suffirait pas. […] La vie de certains artistes est une vie d’inventeurs ; de ce qui se passe autour d’eux ils ne voient plus rien ; toutes les énergies de leur être sont tendues vers un but unique, absorbées par leur rêve.

2295. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Ils ont eu l’unanimité pendant quarante ans de leur vie, et vous les avertissez que bientôt ils vont se trouver seuls de leur avis. […] Quant à la pauvre Académie, qui se croit obligée de persécuter d’avance la tragédie nationale en prose, c’est un corps sans vie et qui ne saurait porter des coups bien dangereux. […] Je n’ai de la vie parlé à un censeur, mais je m’imagine qu’il pourrait dire pour excuser son métier : « Quand toute la France le voudrait à l’unanimité, nous ne pourrions nous refaire des hommes de 1780. […] Non, dès qu’il s’agit de cette tragédie qui tire ses effets de la peinture exacte des mouvements de l’âme et des incidents de la vie des modernes. […] Le personnage tombe à n’être plus qu’un rhéteur dont je me méfie pour peu que j’aie d’expérience de la vie, si par la poésie d’expression il cherche à ajouter à la force de ce qu’il dit.

2296. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

Élevé en Suisse où il reçut une éducation libre, rêveuse et solitaire, que n’aurait pas désavouée Rousseau, devenu plus tard le disciple et l’ami de Bonnet, qui dès l’abord s’empara, comme il le dit, de toute son âme, et depuis transporté dans les différentes contrées du nord et sous le ciel de l’Italie, il dut garder dans le commerce des hommes les habitudes intellectuelles de sa vie première, et surtout un goût décidé pour l’étude de soi-même et des autres. […] Il s’ensuit, par exemple, que l’homme du nord a nécessairement un gîte, une vie intérieure et des rapports de famille, tandis que l’homme du midi est bien partout où il y a le soleil, un arbre et un fruit.

2297. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

A douze ans, on vient à Paris, et la vie des fêtes commence. […] Ce fut là une grande époque dans sa vie., et qui décida de sa destinée.

/ 3766