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504. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Seriez-vous, de charmes si divers, la Vertu et la Joie ? N’est-ce donc point même chose, la Vertu et la Joie ? […] La Vertu et la Joie ont été séparées : on a même gagé des philosophes pour découvrir entre elles des différences. […] Par quel hasard ces précieuses vertus dominent-elles dans ce drame, plus qu’en les œuvres antérieures de M. de l’Isle-Adam ? […] Or le journalisme quotidien a privé la langue française de ces deux vertus.

505. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Toute la vertu de cet âge, c’est une superstition barbare qui sert pourtant à contenir les hommes, malgré leur brutalité et leur orgueil farouche. […] Issus de Jupiter, c’est-à-dire, nés sous ses auspices, ils étaient héros par la naissance et par la vertu. […] — On élève jusqu’au ciel la sagesse législative des Lycurgue, des Solon, et des décemvirs, auxquels on rapporte la police tant célébrée des trois plus glorieuses cités, des plus signalées par la vertu civile ; et pourtant combien ne sont-elles pas inférieures en grandeur et en durée à la république de l’univers ! […] — Dans le discours de 1700, Dieu, juge de la grande cité, prononce cette sentence dans la forme des lois romaines : L’homme naîtra pour la vérité et pour la vertu, c’est-à-dire pour moi ; la raison commandera, les passions obéiront. […] L’argument est très beau : Elle a enseigné par l’exemple de sa vie la douceur et l’austérité (il soave austero) de la vertu.

506. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Elle porte sa vertu jusque dans les moindres organes ; il n’est aucun trait dans la fable inerte d’Esope qu’elle ne transforme et n’anime. […] Combattre un ennemi pour le salut de tous, Et contre un inconnu s’exposer seul aux coups, D’une simple vertu c’est l’effet ordinaire : Mille l’ont déjà fait, mille pourraient le faire. […] Vous allez trouver cette vertu moyenne tour à tour dans le récit, dans la description, dans le discours et dans l’ensemble. […] Il l’a mise du parti de son vice ; il a fini par croire aux vertus qu’il s’attribue ; l’habitude de la puissance a consacré l’habitude de l’injustice, et son hypocrisie est presque de la bonne foi. […] Ainsi convaincu de cruauté, l’homme se décerne lui-même le prix de vertu.

507. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Cet homme n’avait ni dans sa nature, ni dans son âme, ni dans son caractère, l’enthousiasme, l’énergie, la vertu publique, faits pour justifier un tel attachement. […] Sa conduite précédente ne pouvait en rien annoncer de la moralité, et souvent il parlait de la vertu comme d’un conte de vieille femme. […] Il y a un sanctuaire de l’âme où jamais son empire ne doit pénétrer ; s’il n’en était pas ainsi, que serait la vertu sur la terre ? […] « Le même jour, Napoléon frappa l’illustration et la vertu dans M. de Montmorency, la beauté dans madame Récamier, et, si j’ose le dire, en moi quelque réputation de talent. […] La religion, la liberté, l’amour, la vertu faisaient partie essentielle du génie.

508. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Vauvenargues, qui commença l’un des premiers la réhabilitation, le remarque très-bien : « L’homme, dit-il, est maintenant en disgrâce chez tous ceux qui pensent, et c’est à qui le chargera de plus de vices ; mais peut-être est-il sur le point de se relever et de se faire restituer toutes ses vertus… et bien au delà144. » Jean-Jacques s’est chargé de cet au delà ; il l’a poussé si loin, qu’on le pourrait croire épuisé. […] Ils disent qu’il est dangereux de mettre de telles pensées au jour, et qu’ayant si bien montré qu’on ne fait les bonnes actions que par de mauvais principes, la plupart du monde croira qu’il est inutile de chercher la vertu, puisqu’il est comme impossible d’en avoir si ce n’est en idée ; que c’est enfin renverser la morale, de faire voir que toutes les vertus qu’elle nous enseigne ne sont que des chimères, puisqu’elles n’ont que de mauvaises fins. […] Le moment est dur où l’on s’aperçoit clairement qu’on n’a pas fait son chemin dans le monde à cause d’une qualité ou d’une vertu. […] Chez un petit nombre, ce sont des vertus qui, dérobées un moment par la poussière du char, reparaissent.

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