Les leçons sur la morale, les devoirs et la vertu, les hommes, la bonne foi, la jurisprudence usuelle sont d’une tout autre nature. […] On pourrait terminer ces leçons par une démonstration rigoureuse, qu’à tout prendre, il n’y a rien de mieux à faire pour son bonheur en ce monde, que d’être un homme de bien, ou par un parallèle des inconvénients du vice, ou même de ses avantages avec ceux de la vertu.
Les romains ne ressemblent plus, continuera-t-on, aux anciens romains si fameux par leurs vertus militaires et que Tacite définit, des gens ennemis de toutes ces vaines démonstrations de respect qui ne sont que des céremonies. […] Si les romains ont réellement dégeneré, ce n’est point certainement dans toutes les vertus.
Aristote part de ces mœurs héroïques, lorsqu’il veut dans sa Poétique, que le héros de la tragédie ne soit ni parfaitement bon, ni entièrement méchant, mais qu’il offre un mélange de grands vices et de grandes vertus. En effet, l’héroïsme d’une vertu parfaite est une conception qui appartient à la philosophie et non pas à la poésie.
Cette modération, Molière l’exige pareillement de la vertu. […] George Sorel sur la Violence — susciter dans les classes possédantes des vertus que la sécurité d’une fortune trop assise laissait s’endormir : vertus d’intelligence, vertus de courage et d’activité, vertus d’autorité. […] Demain, par la seule vertu du mot magique, « on en aura fini avec tout ça ». […] Autant de vertus qui répugnent à l’utopiste, plus encore au mécontent. […] Frapper la fortune acquise, c’est donc frapper ces trois vertus.
« On lui éleva un tombeau modeste, pour qu’il fût durable. » Quelle vertu, non, jamais assez contemplée par l’histoire ! […] « Ensuite, dit Tacite, on pensa aux Dieux ; on voulut bien convenir de réédifier le Capitole. » XXVII Ici, avec un art de composition qui fait contraster la plus pure vertu avec la plus infâme corruption du temps, et qui repose l’esprit lassé de tant de turpitudes, Tacite fait apparaître tout à coup dans le sénat un grand citoyen, un débris de l’antiquité dans l’infamie moderne, Helvidius Priscus ; il se complaît à retracer l’homme et le discours. […] « Choisi pour gendre par Thraséa, de toutes les vertus de son beau-père, il n’en rechercha aucune autant que l’amour de la liberté. […] LX Voyez enfin l’impatience de l’affranchi qui se propose résolument pour l’exécution et pour le prix du meurtre, et la reconnaissance de Néron, tiré par ce hardi scélérat d’embarras et d’angoisses, et qui s’écrie : « Je ne règne que d’aujourd’hui, et c’est à Anicétus que je dois l’empire. » LXI Est-ce la vertu enfin, la moralité, la flétrissure, qui manquent dans ce récit de Tacite ? […] LXII Voyez enfin l’embarras de l’explication qu’il charge Sénèque de donner par lettre au sénat, puis la bassesse des prétoriens qui le félicitent les premiers, toujours prêts à prostituer l’épée, pourvu que l’épée règne ; puis la vilité des sénateurs, qui feignent de croire à l’impossible pour avoir le prétexte de congratuler ; puis, dans un coin, la figure muette ou indignée du seul honnête homme, de Thraséa, qui sort du sénat, sachant bien à quoi il s’expose, et n’espérant rien de l’exemple pour la liberté, mais faisant seul rougir Néron, Burrhus, Sénèque, et toute l’armée, et tout le sénat, et tout le peuple, parce qu’il représente à lui tout seul plus que l’empire, l’armée, le sénat, le peuple, c’est-à-dire la conscience, la vertu, la postérité.