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28. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Il en est ainsi de tous les problèmes politiques dans lesquels la vertu est intéressée. […] Tout doit être soumis, en dernier ressort, à la vertu ; et quoique la vertu soit susceptible d’une démonstration fondée sur le calcul de l’utilité, ce n’est pas assez de ce calcul pour lui servir de base. […] Les règles de la prudence (et la vertu, fondée seulement sur l’intérêt, n’est plus qu’une haute prudence), les règles de la prudence les plus reconnues, souffrent une multitude d’exceptions ; pourquoi la vertu, considérée comme le calcul de l’intérêt personnel, n’en aurait-elle point ? […] Ce n’est qu’en soumettant la raison à la vertu. Sans la vertu, rien ne peut subsister : rien ne peut réussir contre elle.

29. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. […] Or, c’est ici le grand avantage de notre culte sur les cultes de l’antiquité : la religion chrétienne est un vent céleste qui enfle les voiles de la vertu et multiplie les orages de la conscience autour du vice. […] Chez les anciens, par exemple, l’humilité passait pour bassesse, et l’orgueil pour grandeur ; chez les chrétiens, au contraire, l’orgueil est le premier des vices, et l’humilité une des premières vertus. […] pourquoi avons-nous donné d’autres proportions à la valeur, et transformé un mouvement brutal en une vertu ? C’est par le mélange de la vertu chrétienne, directement opposée à ce mouvement, l’humilité.

30. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Se venger est plus facile ; il en coûte moins pour surpasser la méchanceté que pour égaler la bienfaisance et la vertu. […] Et si elle ne sait pas ce que c’est que le souverain bien (la vertu), comment serait-elle la vertu ? […] Cependant il rend bientôt à Épicure son véritable caractère, en prouvant que la vertu (et par exemple l’amitié) est la véritable volupté. […] C’est la vertu instinctive du caractère. […] Avez-vous une plus haute philosophie morale, une plus saine raison, une plus solide vertu, un plus beau style ?

31. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Je prise infiniment moins les connaissances acquises, que les vertus ; et infiniment plus l’étendue de l’esprit, que les connaissances acquises. […] On a de la vertu, de la probité, des connaissances, du génie, même du goût, et l’on ne plaît pas. […] Surtout gardez-vous de lui prêcher toutes les vertus, et de lui vouloir trop de talents. Lui prêcher toutes les vertus, serait une tâche trop forte pour vous et pour lui. Tenez-vous-en à la véracité ; rendez-le vrai, mais vrai sans réserve ; et comptez que cette seule vertu amènera avec elle le goût de toutes les autres.

32. (1910) Rousseau contre Molière

Rousseau attribue la haine qu’Alceste a pour les hommes à la vertu, la vertu à la noblesse d’âme, et de cette noblesse d’âme il estime que toutes les perfections doivent sortir. […] Il fait Alceste vertueux par vertu et noble et courageux. […] Que de choses sont venues peu à peu s’ajouter à la misanthropie pour en faire une vertu, plusieurs vertus, toutes les vertus ! […] ciel, que de vertus vous me faites haïr !  […] Or il est bien certain que Molière n’aime pas la vertu déclamatoire et il paraît certain qu’il ne croit pas que la vertu soit nécessaire aux hommes.

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