Toutes les vertus des anciens étaient fondées sur l’amour de la patrie ; les femmes exercent leurs qualités d’une manière indépendante. La pitié pour la faiblesse, la sympathie pour le malheur, une élévation d’âme, sans autre but que la jouissance même de cette élévation, sont beaucoup plus dans leur nature que les vertus politiques. […] Il ne faut point comparer les vertus des modernes avec celles des anciens, comme hommes publics ; ce n’est que dans les pays libres qu’il existe de généreux rapports et de constants devoirs entre les citoyens et la patrie. […] Chez les anciens peuples du Nord, des leçons de prudence et d’habileté, des maximes qui commandaient un empire surnaturel sur sa propre douleur, étaient placées parmi les préceptes de la vertu. […] Ainsi marchait le siècle vers la conquête de la liberté ; car ce sont les vertus qui la présagent.
Sa vertu ! Sa vertu ! […] Non, non, cela ne se peut ; et si vous le croyez, c’est que vous ignorez l’effet de la vertu sur les beaux-arts. […] Vous avez attaché des peines aux crimes ; attachez des récompenses à la vertu ; et ne redoutez pour la durée de vos empires, que le laps des tems. […] Astuce, mauvaise foi, nulle grande vertu, nul héroïsme, une foule de petits vices, enfans de l’esprit économique et de la vie contentieuse.
Discours sur les prix de vertu Avant été nommé directeur, c’est-à-dire président de l’Académie française, pour le second trimestre de l’année 1865, je me suis vu chargé du Rapport public sur les prix de vertu ; de là le discours que je reproduis ici : Lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française du 3 août 1865. […] L’idée de force, inhérente au sens antique de vertu, avait peu à peu disparu ; la sensibilité prédominait et couvrait tout. […] La religion, loin de s’en alarmer ou de s’en étonner comme d’un empiétement et d’une concurrence, s’y est associée ; l’extrême humilité des vertus chrétiennes a consenti à se laisser dévoiler et divulguer dans l’intérêt de tous. […] Aujourd’hui rien n’est mieux compris., plus incontestablement accepté, reconnu plus convenable et plus utile que le récit que fait annuellement l’Académie des actes de vertu, et les récompenses, si modérées d’ailleurs, qu’elle y attache. […] Noble historien de la Grande Armée, témoin véridique de nos grandeurs et de nos héroïques désastres, vous avez mérité aussi que l’on dise de vous que vous êtes le juge d’instruction modèle dans cet ordre pacifique des vertus.
De l’importance de la littérature dans ses rapports avec la vertu La parfaite vertu est le beau idéal du monde intellectuel. […] Étudier l’art d’émouvoir les hommes, c’est approfondir les secrets de la vertu. […] La vertu devient alors une impulsion involontaire, un mouvement qui passe dans le sang, et vous entraîne irrésistiblement comme les passions les plus impérieuses. […] La vertu est à la fois une affection de l’âme, et une vérité démontrée ; il faut la sentir ou la comprendre. […] L’esprit humain ne pouvant jamais connaître l’avenir avec certitude, la vertu doit être sa divination.
Ne se seroit-il pas au moins réservé le mérite de ses travaux & celui de ses vertus ? […] Non : les ames religieuses sont seules capables d’offrir le tableau de ces vertus réunies. […] Où a-t-on donc puisé l'idée des vertus, la regle des sentimens, le principe des devoirs, le noble & utile usage de toutes nos facultés ? […] De plus, compte-t-on pour rien la satisfaction que donne la vertu à ceux qui ont eu le courage de la pratiquer ? […] Elles n'ont produit que l'égoïsme, & l'égoïsme est le poison des vertus sociales ; il étouffe même les sentimens paternels.