Anatole France me fit, dans le Temps du 5 août dernier, une réponse du plus haut intérêt, mais où je ne trouvai pas la solution des problèmes littéraires que je lui soumettais, Ces problèmes eux-mêmes, il se défendait d’en être passionné ; avec un peu d’ironie — d’ailleurs d’excellent ton — il me traitait d’esthète : Vous êtes esthète et vous voulez bien me croire esthète. […] Je rencontrais tantôt cette phrase dans la vie d’un des Pères de la Thébaïde : « Il lisait les Écritures pour y trouver des allégories. » Il faut aux disciples de M. […] Nous lui devons de la reconnaissance et le louer même pour les défauts qui constituent, si je puis ainsi dire, ses qualités, — cette étroitesse sans quoi nous n’aurions pas l’unité de ses efforts, cette grossièreté au-delà de laquelle il a parfois trouvé la grandeur.
Ceux qui voulaient s’instruire et puiser aux sources ou simplement se tenir au courant, éprouvaient mille difficultés ; les nouveaux poètes rédigeaient bien des journaux et des revues, mais ils ignoraient l’art de les répandre ; il fallait, pour les trouver, exécuter de pénibles traversées et gagner le lointain Odéon. […] Les nuances les plus subtiles de tout un monde nouveau, ondoyant et divers, s’y trouvaient reflétées. […] Ce fut sans doute l’accueil de ces réunions qui lui inspira l’idée d’un conte qu’il ne trouva jamais loisir d’écrire, mais qu’il me confiait ainsi : « Deux grandes dames sortent de la messe chargées de bijoux.
Chez beaucoup de races, il ne dépassa point la croyance aux sorciers sous la forme grossière où nous la trouvons encore dans certaines parties de l’Océanie. […] C’était l’œuvre d’hommes pénétrés d’un haut idéal de la vie présente et croyant avoir trouvé les meilleurs moyens pour le réaliser. […] Ce mélange confus de claires vues et de songes, cette alternative de déceptions et d’espérances, ces aspirations, sans cesse refoulées par une odieuse réalité, trouvèrent enfin leur interprète dans l’homme incomparable auquel la conscience universelle a décerné le titre de Fils de Dieu, et cela avec justice, puisqu’il a fait faire à la religion un pas auquel nul autre ne peut et probablement ne pourra jamais être comparé.
On en trouve des exemples innombrables dans les perceptions acquises de la vue. […] On la trouve dans Hume. […] Mais si l’esprit est réduit aussi à une collection d’états de conscience sans substance aucune, on ne trouve plus rien de solide où l’on puisse se prendre, ni en nous, ni hors de nous liant, du moins, voyait dans notre idée de la substance une certaine façon propre à l’esprit humain de lier et d’agréger les phénomènes : il ne niait point d’ailleurs l’existence possible d’un substratum, d’un noumène inaccessible, sorte d’étoffe mystérieuse sur laquelle se dessinent les phénomènes ; mais ici le phénoménisme est absolu.
Il rappelle le précepte du Vinci : « Observer les taches des murailles, la cendre du foyer, les nuages, les fanges, et autres choses de cette espèce pour y trouver invenzioni mirabilissime et infinite cose. » Et voyez comme naïvement et lâchement il se traduit la leçon célèbre : « Le maître savait bien que le hasard — comme l’a démontré jadis l’éponge d’Apelles — est toujours l’ami de l’artiste ingénieux. […] Mais, parodiste des sentiments romantiques, Flaubert écrit une langue romantique, de sorte que l’avenir ne trouvera rien de plus comique chez lui que sa propre grandiloquence. […] Il trouve raisonnable qu’elle le quitte pour aller vivre avec Jude.