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1144. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

La sirène semble lavée dans des eaux lustrales ; elle y attire l’imprudent trompé par leur transparence. […] Il s’agit de bien prouver à l’artiste que ce n’est pas un amant qui rentre, mais un importun qui se trompe.

1145. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Il vivait, cet épicurien, dans un petit monde de jouisseurs délicats, dont était Pingard, l’huissier de l’Académie, qu’on retrouvait à la vente des vins, faisant de la dégustation savante avec la petite tasse d’argent des gourmets-piqueurs de vin, et tout débordant d’indignation comique, quand l’expert se trompait d’un an, sur la date d’un cru. […] Et le murmure de la rivière, et les fanfares lointaines des trompes de chasse se rapprochant, et les poursuites aériennes des femmes, passant brusquement de la lumière dans l’ombre, et de l’ombre dans la lumière, donnent à cette partie de plaisir dans la nuit, avec cette musique de ballade, un rien de fantastique.

1146. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Il a réussi à faire un bréviaire de séduction, où les filles les moins délurées et les plus pieuses apprendront à tromper la vigilance de leurs parents, et à forcer, par les moyens les moins catholiques, les coeurs qu’elles ont choisis. […] Cette qualité est frappante dès le second morceau, intitulé Bénédiction, où l’auteur présente l’action fécondante du malheur sur la vie du Poète : il naît, et sa mère se désole d’avoir porté ce fruit sauvage, cet enfant si peu semblable aux autres et dont la destinée lui échappe ; il grandit, et sa femme le prend en dérision et en haine ; elle l’insulte, le trompe et le ruine ; mais le Poète, à travers ces misères, continue de marcher vers son idéal, et la pièce se termine par un cantique doux et grave comme un final d’Haydn : Vers le Ciel où son œil voit un trône splendide, Le Poëte serein lève ses bras pieux, Et les vastes éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l’aspect des peuples furieux : « — Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance Comme un divin remède à nos impuretés, Et comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés !

1147. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Nous pouvons nous tromper, mais du moins nous ne voulons tromper personne.

1148. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Pour une fois, véritablement, c’est se tromper !  […] je dirai à Gautier : Il y a une autre exception, et qui, celle-ci, ne s’est pas trompée : La Fontaine.

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