Rosny, qui sent sa puissance et sa capacité de travail, et de qui l’ambition n’est jamais pressée de dire : « C’est trop ! […] Dans cette poursuite minutieuse et rigide il suppléait, à force de travail, de sagacité et d’adresse, à ce que les méthodes de comptabilité avaient alors de compliqué et d’incomplet. […] Les principaux produits de la France consistent, dit-il, en grains, légumes, vins, pastels, huiles, cidres, sels, lins, chanvres, laines, toiles, draps, moutons, pourceaux et mulets : la vraie source des richesses pour la France, la matière naturelle du travail est là, il faut s’y tenir. […] Il était de ces esprits et de ces corps infatigables qui ne prennent de repos qu’en se chargeant de travail : Cui labor ingeminat vires, dat cura quietem, a-t-on dit de lui. […] » Il entre avec cinq ou six de ses familiers et trouve Sully au travail devant une masse de mémoires et de lettres qu’il était en train d’écrire : « Et depuis quand êtes-vous là ?
L’hiver de 1780-1781 marque le moment où Cowper se mit décidément au travail et devint auteur. […] Gardons-nous de méconnaître les qualités essentielles de celle-ci : amie de Cowper depuis seize années déjà à cette date (1781), elle avait été tous les jours la même pour les soins et la tendresse ; elle avait sacrifié sa santé en le veillant aux heures sinistres et funèbres : aux moments meilleurs, elle lui avait donné des conseils de travail pleins de justesse et de bonne direction. […] La composition et la publication de son premier recueil n’avaient fait que le mettre en train et en verve ; il sentait que ce n’était qu’en écrivant, et en écrivant des vers, qu’il pouvait échapper complètement à sa mélancolie : Il y a, disait-il vers ce temps, il y a dans la peine et le travail poétique un plaisir que le poète seul connaît : les tours et les détours, les expédients et les inventions de toute sorte auxquels a recours l’esprit, à la poursuite des termes les plus propres, mais qui se cachent et qui ne se laissent point prendre aisément ; — savoir arrêter les fugitives images qui remplissent le miroir de l’âme, les retenir, les serrer de près, et les forcer de se fixer jusqu’à ce que le crayon en ait tiré dans toutes leurs parties une ressemblance fidèle ; alors disposer ses tableaux avec un tel art que chacun soit vu dans son jour le plus propice, et qu’il brille presque autant par la place qui lui est faite, que par le travail et le talent qu’il nous a coûtés : ce sont là des occupations d’un esprit de poète, si chères, si ravissantes pour sa pensée, et de nature à le distraire si adroitement des sujets de tristesse, que, perdu dans ses propres rêveries, heureux homme ! […] Je la trouve citée aussi et traduite dans la Bibliothèque universelle de Genève, qui contient un travail bien fait sur Cowper (janvier et février 1854).
Quelque jugement qu’on porte sur l’ensemble de ce travail, il le conçut à bonne fin et le commença avec un zèle extrême : L’entreprise est délicate, écrivait-il à un de ses amis de Paris, M. de Chénevières ; il s’agit d’avoir raison sur trente-deux pièces ; aussi je consulte l’Académie toutes les postes, et je soumets toujours mon opinion à la sienne. […] Je prends donc mon parti de planter, de bâtir, de commenter Corneille, et de tâcher de l’imiter de loin, le tout pour éviter l’oisiveté. — Plus j’avance dans la carrière de la vie, disait-il encore, et plus je trouve le travail nécessaire. […] Jeunes, les gens de lettres sont éloignés du monde, dont le commerce modéré, recherché sans avilissement d’un côté, accordé sans orgueil de l’autre, servirait infiniment à les former : dans un âge plus avancé ils y sont portés, fêtés, absorbés, de manière qu’il ne leur reste plus de temps pour l’étude ou le travail. […] Cette santé même dont il se plaignait toujours, cette complexion voltairienne, de tout temps « assez, robuste pour résister au travail d’esprit le plus actif, et assez délicate pour soutenir difficilement tout autre excès », lui était un fonds précieux dont il usait à merveille, et qu’il gouvernait sous air de libéralité avec une prudente économie. […] Alphonse François, fort au-dessus par son esprit et par son goût de ce travail d’annotateur, a montré qu’il en était plus que capable dans des notes spirituelles et fines toutes les lois qu’il s’agissait de théâtre et de comédie.
La vie d’un artiste sérieux est, avant tout, dans le travail. […] Que n’essaya-t-il point à Londres dans ces longues heures dont aucune n’était perdue pour le travail ? […] Un travail et un effort continuel amenèrent avec eux le progrès : voilà tout ; mais il n’y eut pas de changement à vue, de renouvellement ou de redoublement systématique. […] Cela lui entre confusément, pour ainsi dire ; il se fait un travail de nutrition au-dedans, et à son heure l’invention se produit, laquelle n’est qu’une observation à la seconde puissance. […] Un des amateurs qui savent le mieux leur Gavarni et à l’aimable obligeance duquel je dois beaucoup pour m’avoir facilité ce travail, M.
» Lorsqu’il commença ses Messéniennes vers 1816, il était plus sérieusement employé dans un travail pour la liquidation des dettes étrangères sous M. […] Après le travail, la conversation fut aisément amenée sur le chapitre des vers, que Louis XVIII aimait, comme on sait, et dont il se piquait fort. […] En ces heureuses années, Casimir Delavigne fit le voyage d’Italie ; il s’y reposa des longs travaux par des inspirations qui tiennent davantage à la fantaisie ou à l’impression personnelle ; la plupart des ballades qui datent d’alors ne paraissent qu’aujourd’hui pour la première fois. […] Aussi point de distraction, point de partage : les fonctions publiques, les devoirs ou les honneurs politiques, tous les genres de soins et souvent les amertumes qu’ils entraînent l’eussent jeté trop loin de ses travaux chéris ; et, afin d’être mieux en mesure contre toute tentation, il s’arrangea, je crois, en vérité pour ne pas être même éligible. […] Comme s’il avait compté ses moindres instants, il venait même assez peu à vos séances, Messieurs, et ne se permettait qu’à peine de se distraire à vos libres travaux : c’est par ce seul point peut-être de l’assiduité académique que celui qui a l’honneur de lui succéder peut espérer de le remplacer sans trop de désavantage.