Le trait qui honore davantage la mémoire du Président Cousin, est le don qu’il fit de sa Bibliotheque à celle de S.
Si l'on fait attention que de son temps les premiers principes du goût étoient ignorés & la langue encore informe, on aura plus d'indulgence pour les incorrections, les rudesses, les mauvaises plaisanteries qu'on trouve dans ses Satires, & on lui saura gré de la vigueur qu'il a mise dans ses tableaux, des saillies agréables qui ont échappé à sa plume, de l'heureuse naïveté avec laquelle il a attaqué le vice & poursuivi les vicieux : plusieurs de ses Vers peuvent encore passer pour originaux, & il a plusieurs traits qui n'ont point vieilli.
Quand il trouve quelques traits de ressemblance entre des Héros de différens pays, il les saisit avec justesse, les rapproche avec désintéressement, & les développe avec des réflexions morales, non moins utiles qu'intéressantes.
Si on considere cependant que le goût n'étoit pas encore formé lorsqu'elle écrivoit ; que tel de ses Romans annonce lui seul plus d'esprit, d'imagination, & de connoissances, que le très-grand nombre de ceux dont on a inondé le Public depuis quelques années ; qu'on trouve dans Clelie & dans Artamene des traits d'une délicatesse & d'une supériorité qui feroient honneur à nos plus sensibles Ecrivains : on conviendra que les défauts ne doivent pas rendre aveugle sur les bonnes qualités.
On doit cependant rendre justice à Vadé ; quelques-uns de ses Opéra bouffons, un grand nombre de ses Chansons, sur-tout ses Vaudevilles, fourmillent de traits de naïveté, de finesse, de gaieté, & ont par-dessus tout une tournure qui peut plaire à l’esprit, dans des momens de délassement.