sans doute, si l’on voulait s’en donner la peine, on pourrait relever dans les comédies d’Aristophane, de Plaute et de Térence, de Shakespeare et de Caldéron, de Molière, d’Holberg et de Louis Tieck, un assez grand nombre de traits, d’expressions, de gestes, comiques pour toutes les époques et pour toutes les nations. […] Uranie répond qu’à la vérité ces mots ne sont pas du tout plaisants en eux-mêmes, mais qu’ils le deviennent par réflexion à Arnolphe, et que l’auteur ne les a pas donnés, comme des traits d’esprit, mais comme des traits de caractère. […] Caractère moral de la critique D’où vient celle grâce morale répandue sur les traits et sur toute la personne d’Uranie ?
L’homme est dans ses œuvres, sans doute, mais il est aussi dans ses traits : la nature moule le visage sur l’âme. Prenons la figure de Goethe à cette époque fugitive où la fleur de la jeunesse éclate encore sur les traits, mais où le fruit de la pensée ou du sentiment commence à se former et à s’entrevoir sous cette jeunesse qui s’effeuille. […] … « Sors maintenant de ton antique étui, coupe limpide, coupe de cristal si longtemps oubliée ; tu brillais jadis aux fêtes des aïeux, et, lorsque tu passais de main en main, les fronts soucieux se déridaient ; c’était le devoir du convive de célébrer en vers la beauté et de te vider d’un seul trait. […] Rien dans ma vie ne m’a enfoncé le trait plus avant que le repoussant visage de cet homme.
Un sourire semble animer les traits obscurs de son visage : sa chevelure de brouillard flotte sur les vents, il se penche sur sa lance aérienne. […] L’étendard de Morven, déployé dans les airs, marche devant lui : son épaisse chevelure semble lutter avec les traits farouches de la guerre. […] Ton bras lançait la foudre, ton épée était un trait de feu, ta stature s’élevait comme un rocher sur la plaine, tes yeux étincelaient comme une fournaise ardente, et ta voix, dans les combats, était plus forte que le bruit de la tempête ; les guerriers tombaient sous ton épée, comme les chardons volent sous la baguette d’un enfant. […] le trait s’égare, et va percer Connal.
Victor Hugo125, qui est un voyant du monde visible et invisible, se représente le carillon des cités flamandes sous les traits d’une danseuse espagnole qui descend à petits pas du haut d’un beffroi et qui égrène sur la route les notes cristallines dont est plein son tablier d’argent. […] On dit volontiers, en argot d’atelier, que les personnages d’un romancier sont « faits de chic », s’ils trahissent plus de fantaisie que d’observation ; ou bien qu’ils sont solidement campés, peints en pleine pâte, bien dessinés ou gravés en relief s’ils présentent des traits nettement marqués. […] Chacun sait que l’exaltation de la sensibilité est un des traits saillants du xviiie siècle en sa seconde moitié. […] Diderot faisait de Greuze cet éloge inquiétant : « Le choix de ses sujets marque de la sensibilité et de bonnes mœurs » ; le Mauvais Fils puni lui semble un excellent tableau-leçon ; dans l’Accordée du village, il relève un détail qui lui plaît, et il s’écrie : « Voilà un petit trait de poésie tout à fait ingénieux !
La modestie de Filiger expose bien peu : une Face de trait très beau ; pour son talent amusement puéril, et l’enluminure à l’infinie minutie d’une eau-forte de Seguin, saupoudrée de nervures d’or comme se ramifient (comme, pour cela seulement) les mousses arborescentes enchâssées dans de voilants de Groux. — Elle étonne par la perfection de ses tons rares — mais j’aime mieux les lignes nues des arbres, mers ou cimetières de Seguin, et que Filiger envoie de lui seul, figure ou paysage. […] La coiffe et la guimpe tombent dans le triangle d’une tente autour des joues et du cou de sablier de sa Bretonne, dont les traits fins de sanguine matelassent de l’ombre gravure. […] Aux eaux glauques se mirent translucides des baigneuses, nymphes premières d’Hogarth chevauché par Munthe, si l’on peut comparer à d’autres un qui ABSTRAIT — en si peu de traits sur les murs de Balthazar. […] Déjà nous avons vu chez Le Barc de Boutteville aussi le profil d’adolescent, mystique et sensuel de son sang brun — la pure figuré au trait, et l’eau-forte de Seguin frondaison enluminée et translucide de nervures d’or. — Et des triptyques, des anges et des trinités plus belles et que l’on cèle.