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299. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Celui qui engendre, c’est le père ; la mère reçoit ce germe, et elle le conserve, s’il plaît aux dieux. » Eschyle n’a pas inventé ce sophisme ; Anaxagore le professait avant lui ; Euripide, dans sa tragédie d’Oreste, l’a repris avec une choquante insistance. […] L’avènement de la justice symbolisé par l’Orestie. — Le Droit succède à la Terreur. — Les Dieux corrigés par l’homme. — Concordance entre la tragédie d’Eschyle et la prophétie d’Ézéchiel. […] Eschyle avait consacré ses tragédies Au Temps ; le temps a mal reçu cette fière dédicace. […] Les tragédies d’Eschyle reparaissaient par intervalles sur la scène, elles y étaient même couronnées une seconde fois. […] Les hellénistes aventureux qui se hasardent à le traduire traitent ses tragédies comme les drogmans interprètent les discours des princes orientaux, qu’ils rapportent aux ambassadeurs, expurgés de leurs métaphores et dégonflés de leurs hyperboles.

300. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Thomas Sibilet a écrit dans son Art poétique : « Si le français s’était rangé à ce que la fin de la moralité fût toujours triste et douloureuse, la moralité serait tragédie ». […] La moralité fut de plus en plus un drame pathétique, qui usurpa parfois le nom de tragédie 154 1 , et devint peut-être en quelque façon la tragi-comédie de Hardy. […] Plus heureuse pourtant que la sottie, tuée par la royauté absolue et policière, que la moralité, absorbée ou étouffée par la tragédie, que les mystères, chassés au nom de la Réforme et au nom de la Renaissance, la farce, indestructible comme le peuple, a subsisté. […] Comme l’Amour d’un serviteur envers sa maîtresse, tragédie de Jean Brelog (1571) 155.

301. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

La période antérieure est une période de confusion et d’irrégularité au milieu de laquelle émergent quelques chefs-d’œuvre, cinq ou six tragédies de Corneille et de Rotrou, les Provinciales de Pascal, et (pour nous seulement) ses Pensées. […] Surtout il a vu son temps, le temps de la Fronde, le temps des romans héroïques et des tragédies cornéliennes. […] Tandis que La Rochefoucauld dément Corneille, Retz le réalise : toute sa vie, son caractère, ses écrits, sont un commentaire perpétuel et une illustration de la tragédie cornélienne. […] Mais il marque un renversement d’influences, et le moment où la tragédie qui, jusque vers le milieu du siècle, fut sous l’action du roman, la repousse définitivement et lui renvoie au contraire la sienne.

302. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Dryden lui donna l’idée d’un drame plus violent ; Addison, par son Caton, l’instruisit à moraliser la tragédie, à y poser nettement la thèse philosophique. […] Il déploie une activité étonnante : il fait des tragédies, imprime Charles XII, entame le Siècle de Louis XIV, écrit sa lettre à un Premier Commis, publie en anglais ses Lettres philosophiques, où étaient résumées les impressions de ses trois années de séjour en Angleterre. […] » jusqu’aux grandes comédies et tragédies. […] « En vingt-quatre heures on a joué et répété 33 actes, tragédies, opéras, comédies. » Un autre régal, c’est quand Voltaire lit ce qu’il compose : des morceaux du Siècle de Louis XIV, Mérope, des épitres, des Discours sur l’homme.

303. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

8 mai On a beaucoup écrit sur la tragédie, sur la grande tragédie du grand siècle. […] Comme c’est l’interprétation parlante de la tragédie, telle qu’elle fut conçue dans le cerveau d’un Racine, déclamée, chantée, dansée par une Champmeslé, applaudie par les gens bien nés d’alors et les seigneurs sur les banquettes. En voici la pompe, la richesse, la composition solennelle, le geste accompagnant la mélopée… Oui, la tragédie respire et vit là, mieux que dans l’œuvre imprimée et morte de ses maîtres, mieux que dans les reconstitutions des critiques ; oui, là, sous ce portique ordonnancé par un Perrault, qui laisse voir sous un de ces arcs le jet d’eau d’un bassin de Latone ; là, dans ce quatuor balancé, dans cette partie carrée où la passion dramatique semble un menuet grandiose.

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