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425. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Il a cet avantage des esprits infiniment poétiques, que la poésie suit, comme une lueur, où qu’ils aillent, et qui font tomber des ciels d’or sur la teigne des pouilleux, comme le faisait Murillo… Où d’autres seraient bas, comme le sujet de leur peinture, il reste poétique et quelquefois poète. […] L’ironie, qui est une ride, au moins, et quelquefois une grimace, n’est pas faite pour ce jeune, aimable et franc visage, dans lequel la larme qui tombe des yeux est aussi vraie que le sourire qu’elle vient mouiller. […] Il y a telles pages dans Le Nabab qui emportent avec elles le fond du roman, et où, comme je l’ai signalé plus haut, le poète des Amoureuses, qui chantait à l’aurore de sa jeunesse comme le rossignol oriental épris de la rose, se retrouve, avec ces teintes de mélancolie que la vie fait tomber sur le talent, afin qu’on en ait davantage ! […] Paris, dans ce temps, c’est le sujet inépuisable et délicieux des livres qui ne tombent jamais, et c’est aussi le délicieux lieu d’exil des rois qui tombent, eux ! […] Christian II, le « roi dans l’exil » du livre de Daudet, qui tombe avec joie du trône au bal Mabille, est un Louis XV lâché et débarrassé de ces nobles chaînes de roi qui liaient encore Louis XV, et ce n’est plus, lui, qu’un Louis XV du xixe  siècle… Vous imaginez-vous ce que c’est ?

426. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Il ne travaille pas assez pour arriver à écrire des mémoires un peu longs et complets ; la plume lui tombe des mains avant la fin, et c’est dommage ; il était si capable de bien juger et de donner sur les hommes qu’il a connus de ces traits qui restent et qui fixent en peu de mots la vérité du personnage ! […] Cette commune loi qui veut que notre cœur       De son bonheur même s’ennuie,       Me fit tomber dans la langueur       Qu’apporte une insipide vie. […] Un sage a dit : « Veux-tu savoir où tu tomberas mort ? regarde de quel côté tu penches vivant. » La morale prochaine et directe de cet article sur La Fare, c’est qu’il ne faut pas se faire exprès toute sa doctrine et la porter du côté où l’on penche ; il faut qu’elle nous soit un contrepoids en effet, non un poids de plus ajouté à celui de notre tempérament, de nos sens et de nos secrètes faiblesses, comme si nous avions peur de ne pas tomber assez tôt.

427. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Vers les trois heures, la tempête fut dans toute sa force ; de longs éclairs tombaient sur le gaillard, etc. […] À huit heures, il tomba de la grêle… Le 22, vent très frais et mer houleuse. […] Le tonnerre est tombé sur le vaisseau, et notre grand mât est brisé. » Je distinguai, en effet, la vergue du grand hunier tombée sur les barres de la grande hune.

428. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Pendant qu’il lit saint Basile, le jour où il va l’achever, et quand il touche à la fin, un cri soudain se fait entendre ; il se lève et s’élance hors de son cabinet : c’est sa chère petite Élisabeth qui est tombée dans le feu. Par bonheur, par un coup de la Providence, elle y est tombée à la renverse et non la face la première, ce qui a permis de la retirer sans que le feu ait endommagé autre chose que son bonnet et sa coiffure. […] Il est très vrai que les études étaient fort tombées en France après les saturnales de la Ligue ; elles n’avaient pas moins besoin de réparation alors qu’elles n’en eurent besoin plus tard sous l’Empire au sortir des désastres de la Révolution : « Les fureurs de Mars, écrivait en ces années Casaubon à Scaliger, ont presque entièrement éteint dans les âmes le culte et l’amour des muses. […] Le second jour qu’il le vit, l’entretien tomba sur Tacite, Plutarque et Commynes : Le roi ayant dit que c’est se tromper que de faire de Tacite le maître unique de la prudence civile, l’historien politique par excellence, je m’empressai de remarquer (c’est Casaubon qui parle) qu’il n’y avait pas un an que j’avais porté le même jugement dans ma préface du Polybe ; et le docte monarque me témoigna qu’il était charmé de cette rencontre de sentiments.

429. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Un mantelet de soie bleu pâle avec des rubans ou bouillons d’un jaune éteint tombe sur une robe d’un blanc gris ; les nuances se marient jusqu’à se mêler et se confondre : une harmonie tranquille a passé sur tous les tons. […] Deux petites boucles dites repentirs lui tombent de chaque côté sur le cou, non sans coquetterie. […] — L’argent est le produit, disait-elle, de la sueur des peuples. » Elle était l’aumône même, et sa sollicitude s’étendait au-delà des misères et des besoins qui se recommandaient en Cour à divers titres et qui tombaient sous ses regards. […] Le roi était tombé malade à Metz le 8, et son mal avait pris aussitôt le plus pernicieux caractère.

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