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322. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

La théorie de l’abstraction et de la substitution se retrouve déjà chez Hobbes. […] Mais, en réalité, on n’a pu lui faire tenir le langage qu’on lui a prêté qu’en faussant les principes sur lesquels il repose. jamais, je crois, Taine, n’eût accepté de regarder la morale comme la simple conclusion d’un syllogisme dont telle ou telle théorie psychologique ou philosophique aurait fourni les prémisses.

323. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Une théorie fameuse veut qu’en présence de toute œuvre de la nature ou des hommes on se rende compte d’abord du « moment » où elle apparaît. […] Parce que la littérature a été souvent mal inspirée par des théories scientifiques mal comprises, est-ce à dire qu’elle doive tenir la science pour ennemie ? […] Parmi les écrivains les plus réfléchis de l’heure présente, les uns ne font, suivant la belle expression de M. de Vogüé, que creuser dans le sillon que Taine a ouvert ; d’autres, qui se séparent de lui et s’écartent de plus en plus de quelques-unes de ses théories, ont, pour en diverger ensuite, pris dans ces théories mêmes leur point de départ. […] Néanmoins, on voit aisément la filiation entre quelques-unes de ses idées et les théories dont s’est le plus bruyamment recommandé le naturalisme. […] » Théorie commode, sur laquelle l’auteur est maintes fois revenu, et qu’ont reprise après lui tous ceux qui y trouvaient leur profit.

324. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Mais c’est qu’en effet, pour rencontrer la vérité, c’est le contre-pied de leur théorie qu’il fallait prendre. […] Je ne sais même s’il serait exagéré de dire qu’il avait ses théories, quoiqu’il ait, lui centième, protesté contre les théories en littérature. […] Il se défie des grandes spéculations et des théories dont il ne voit pas l’application prochaine. […] La théorie de « l’évolution des genres ». […] Mais, depuis tantôt trente ans, à la théorie de la fixité des espèces s’est substituée celle de leur variabilité.

325. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

C’est le cas, par exemple, pour les écrits qui traitent des sciences concrètes et sont appelés à tracer des descriptions du monde extérieur ou bien pour ceux qui exposent quelque vaste théorie. […] Diderot, encyclopédie vivante, est le précurseur à la fois du drame romantique et de la théorie de l’évolution. […] Il à été scientifique par la méthode qu’il a dû suivre pour approcher de ce but : accumulation de notes et de documents, réduction au minimum de la part laissée à l’imagination, remplacement de l’intrigue, habilement nouée et dénouée, par « une tranche de vie » donnée telle quelle, analyse patiente pour entasser les faits, théories savantes servant de fil conducteur pour les ordonner. […] Les grandes généralisations d’un Darwin, d’un Spencer, l’effort pour enfanter une théorie nouvelle qui explique l’univers, cette doctrine de l’évolution qui nous fait assister à la formation et à la transformation incessante des continents, des plantes, des animaux, de l’homme, qui s’applique au développement des sociétés comme à celui de la faune ou de la flore terrestres, tout cela a reculé notre horizon et en même temps nous a fourni un moyen de nous orienter dans la forêt touffue des détails. […] On verrait, par exemple, comment les théories microbiennes d’un Pasteur, ses recherches sur les infiniment petits des corps ont pour pendant les fines études des romanciers analystes, les subtiles anatomies morales d’un Bourget coupant, comme on l’a dit, un cheveu en quatre, ses tentatives pour pousser ses délicates dissections jusqu’au plus menu détail, son talent à saisir et à rendre visibles les infiniment petits du cœur humain ; on verrait comment cette prédominance de l’esprit d’analyse se marque, dans l’érudition du temps, par des discussions acharnées sur un point ou une virgule, par une foule de travaux minutieux dont les auteurs fouillent à la loupe avec une patience infatigable quelque coin exigu du passé.

326. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Aujourd’hui, cela montre combien ces théories étaient diffusées, expliquées, et comment la base du national-socialisme était déjà bien installée. Cet article est impossible à lire aujourd’hui si ce n’est pour l’histoire des idées et pour étudier la diffusion de ce type de théories en France. […] Il faudrait étudier le lien entre ces théories du sang pur et les écrivains de la revue, ce qui serait un sujet en soi. […] Toute la théorie viserait selon l’auteur à démontrer que les Français sont des aryens comme les Allemands et à les réconcilier. La théorie raciale vient au secours des luttes entre la France et l’Allemagne en allant nous chercher une même origine aryenne !

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