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1501. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Mme de Staël persista, et une ou deux personnes qui revenaient du théâtre se joignant à elle, M. de Chastellux finit par se rabattre à dire : « Que voulez-vous ? […] Le colloque suivant s’engagea à peu près dans ces termes : — « Mais je suis M. de Vigny, monsieur. » — « Je n’ai pas l’honneur de vous connaître. » — « M. votre neveu a dû vous parler de moi. » — « Il ne m’a rien dit. » — « Je me présente pour l’Académie ; je suis l’auteur de plusieurs ouvrages dramatiques représentés… » — « Monsieur, je ne vais jamais au théâtre. » — « Mais j’ai fait plusieurs ouvrages qui ont eu quelque succès et que vous avez pu lire. » — « Je ne lis plus, monsieur, je relis. » — On était en hiver, la pièce n’était pas chauffée. « Je sentais que je m’enrhumais », me disait M. 

1502. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Le personnage régnant aujourd’hui n’est plus l’homme de salon, dont la place est assise et la fortune faite, élégant et insouciant, qui n’a d’autre emploi que de s’amuser et de plaire ; qui aime à causer, qui est galant, qui passe sa vie en conversations avec des femmes parées, parmi des devoirs de société et les plaisirs du monde ; c’est l’homme en habit noir, qui travaille seul dans sa chambre ou court en fiacre pour se faire des amis et des protecteurs ; souvent envieux, déclassé par nature, quelquefois résigné, jamais satisfait, mais fécond en inventions, prodigue de sa peine, et qui trouve l’image de ses souillures et de sa force dans le théâtre de Victor Hugo et dans le roman de Balzac1136. […] Le théâtre changea ses costumes et ses décors de convention pour les costumes et les décors vrais.

1503. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Les sens n’ont plus de rôle à jouer dans ce drame qui a les deux plus grands royaumes de la terre pour théâtre, et pour spectateurs le monde entier. […] Il la prédisait du fond de l’Indoustan, à quelques mille lieues du théâtre des événements, et plus de trois ans avant que lord Palmerston eût fait entendre, dans le parlement anglais, ces paroles mémorables : « Les relations qui unissent la France et l’Angleterre deviennent de jour en jour plus amicales.

1504. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Jamais cet avis ne leur fut plus nécessaire ; nos livres se remplissent insensiblement d’un idiome tout à fait ridicule ; plusieurs pièces de théâtre modernes, jouées avec succès, ne seront pas entendues dans vingt années, parce qu’on s’y est trop assujetti au jargon de notre temps, qui deviendra bientôt suranné et sera remplacé par un autre. […] L’action fait plus que d’animer le discours, elle peut même inspirer l’orateur, surtout dans les occasions où il s’agit de traiter sur-le-champ, et sur un grand théâtre, de grands intérêts, comme autrefois à Athènes et à Rome, et quelquefois aujourd’hui en Angleterre.

1505. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

De là cette faiblesse ou cette impuissance de la pensée spéculative, de la vraie poésie, du théâtre original, et de tous les genres qui réclament la grande curiosité libre, ou la grande imagination désintéressée.

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